mardi 31 décembre 2013

"Le salut hitlérien inversé"

30 décembre 2013

Voilà le titre en gros caractères que je découvre aujourd'hui en ouvrant le très sérieux quotidien berlinois Der Tagesspiegel. Sur Internet, ce titre donne : Antisemitisme | "Quenelle" - Le salut hitlérien inversé de l'attaquant Nicolas Anelka. - La photo AFP est la même qui circule dans tous les tubes cybernétiques ;




Je vous traduis également le chapeau de l'article pour vous préciser la réception qui est faite outre-Rhin à ce théâtre de l'absurde politico-médiatique made in France :

La star de foot français Nicolas Anelka déclenche une vague d'indignation avec sa "quenelle“. Ce salut passe pour une sorte de signe de reconnaissance secret pour antisémites et extrémistes de droite.

samedi 28 décembre 2013

Incitation à la haine suffira...

Leurs méthodes, à regarder ces vidéos virales, sont terribles : ils se placent sur un pied d'égalité avec les plus hauts dignitaires de la République, les tutoient, les menacent. Sous un autre régime, l'un ou l'autre aurait déjà pris une balle perdue...

Ils en appellent à la liberté d'expression qu'ils ont, par leurs conduites mêmes, déjà mise à mal...

Je ne savais pas qu'un délire d'interprétation pouvait prendre de telles proportions : ils se sont emparés du réseau à un degré encore jamais atteint par les meilleurs trafiquants d'opinion aka spin doctors...

Leur credo est un pragmatisme radical où seul l'effet compte, quels que soient les discours qui se tiennent de part et d'autre de la rampe. Et leur arme ressemble à du papier tue-mouches posé un peu partout sur la toile, où le badaud se colle comme l'insecte sur un luminaire par une nuit d'été : il suffit de prendre leur délire pour de l'argent comptant, il suffit de croire qu'une quelconque vérité se cache sous leurs hallucinations verbales, leurs verbalisations hallucinées, et l'effet escompté se produit !

Un peu comme si une armée de trolls - virtuelle par définition - se levait pour conquérir le réel de l'autre côté du miroir...

jeudi 26 décembre 2013

Et si les femmes étaient vraiment l'avenir de l'Homme ?

Josephine.Witt.jpg
Josephine Witt, étudiante en philosophie à Hambourg


 

D'abord la question rhétorique habituelle : Comment les femmes se comportent-elles aux postes de dirigeants ? Et la réponse rituelle : Regardez donc Mesdames Thatcher, Merkel...


Pour bétonner le tout, cette enquête réputée scientifique, promue en mars 2013 par le très sérieux quotidien Le Monde :


Il n'y a pas de différence majeure entre les dirigeants hommes et femmes. Leurs traits de personnalité et leur style de leadership sont les mêmes. Le sexe n'est pas une variable pertinente. Telle est la conclusion d'une recherche effectuée en compilant les résultats de 25 enquêtes européennes et américaines sur les qualités attribuées à quelque 20 000 cadres dirigeants, 12 593 hommes et 7 016 femmes, complétés par une étude strictement française ("L'impact du genre sur les traits de personnalité des leaders et les effets sur leur style de leadership", thèse de doctorat).


Imparable, cette logique universitaire positiviste : vous lâchez une femme dans un univers patriarcal rodé depuis des dizaines de milliers d'années et vous voyez ce qui se passe. - Oui, comment faut-il donc être pour accéder à un poste de dirigeant ou de dirigeante dans le monde actuel ? - Du pareil au même, il faut ressembler au modèle unisexe préfabriqué dans les écoles spécialisées.


mardi 24 décembre 2013

Mr. Snowden est encore en vie

Quand j'ai entendu Peter Johnson jr. déclarer sur Fox News que Snowden était un lâche ("coward"), je me suis dit...


Et quand j'ai entendu dire qu'il était un traitre...


On l'a même traité de voleur parce qu'il a obtenu ses informations en piratant les  collègues...


Vous imaginez bien que les services occidentaux ne lui pardonneront jamais cet affront, qu'ils seront à ses trousses n'importe où dans le monde jusqu'à la fin de sa vie. Et ne croyez pas Edward Snowden assez stupide pour ne pas avoir pleinement conscience du risque qu'il allait encourir. Alors votre accusation de lâche, Mr Johnson, je suppose que vous savez où je pense que vous pouvez vous la mettre ! - En effet, il en faut pour résister à la pression des services, à la perspective qu'on peut vous abattre n'importe où, sans que les enquêteurs ne puissent jamais confondre les véritables assassins...


vendredi 20 décembre 2013

Europe 2014

Calendrier de élections européennes de mai 2014

























JOURPAYS
jeu 22
Pays-Bas, Royaume-Uni
ven 23
Irlande, République tchèque (1er jour)
sam 24
Chypre, France (Outre-mer, en partie), Italie (1er jour), Lettonie, Malte, République tchèque (2e jour), Slovaquie
dim 25
Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Italie (2e jour), Lituanie, Luxembourg, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède, Slovénie

Ce calendrier décalé en dit long sur le sérieux de l'affaire, quand on veille avec tant d'ardeur à ce que les résultats des élections nationales ne soient pas publiés avant la fermeture des derniers bureaux de vote. L'organisation du référendum de 2005 semble avoir fait jurisprudence : on persiste à ne pas faire voter les citoyens européens le même jour. - Et puis, si le résultat n'est pas satisfaisant, il semble toujours possible de l'annuler, par exemple en ratifiant un traité refusé par la majorité de citoyens d'un pays membre. - Non, cette affaire n'est pas sérieuse !


D'ailleurs, pour cette élection, les politiques nationales vont une nouvelle fois perturber les résultats d'un scrutin dont l'enjeu n'est pourtant pas de "sanctionner" la politique menée dans les différents pays, mais de travailler à la mise en oeuvre d'une politique commune qui pour l'heure brille par son absence. Mais, à cet effet, il faudrait que les partis en lice annoncent clairement la couleur en choisissant l'une des trois options suivantes  :


1.  - L'Europe, on n'en veut pas !
2. - L'Europe est très bien comme elle est !
3. - L'Europe politique et sociale doit être construite !


Or, une fois encore, il n'y aura aucune campagne électorale commune. On s'y perdra dans les noms des candidats, les promesses, les hypocrisies, la poudre aux yeux, et les trois options mentionnées ne seront même pas sur la table.


Il faut ajouter que le nationalisme sera probablement de mise partout : on s'adressera encore aux Français, Allemands, Polonais... jamais aux Européens ! - Et les politiciens nationaux continueront de se faire mousser au lieu de travailler à leur propre recyclage ! - Voilà pour la séquence pessimiste. L'optimiste prendra-t-il la parole au prochain numéro ? - Vu l'intérêt du sujet, je parie que le suspense reste tout de même soutenable...

samedi 7 décembre 2013

Allemagne dernière


14 décembre 2013 (14:30) (*)

On se dirige vers une grande coalition en Allemagne. Le SPD ayant soumis sa participation au vote de ses adhérents, il semble qu'une large majorité approuve le contrat avec la CDU/CSU. - Et, une demi-heure plus tard, c'est déjà confirmé : 76% des camarades ont voté pour le tandem Gabriel-Merkel, comme le rapporte Der Spiegel. - J'espère seulement qu'en France, on va arrêter de se regarder le nombril, car il reste encore des ponts à construire sur le Rhin ! - Et pour la leçon de journalisme, écoutez bien ceux qui vont vous servir la nouvelle entre la poire et le fromage : ce sont les mêmes qui, le sourire jusqu'aux oreilles, vous ont annoncé le "triomphe d'Angela Merkel".

jeudi 21 novembre 2013

Dernières Négociations

~ 18 novembre 2013~

Dans la nuit, l'hebdomadaire d'information Focus nous apprend que la CDU accepte le salaire minimum de 8€50 réclamé par le SPD, mais... cette mesure n'entrerait en vigueur qu'en 2016 ! Je cite (et traduis) : "Il faut donner suffisamment de temps aux entreprises pour s'adapter. De plus l'Union exige qu'une commission d'employeurs et de salariés puisse définir des exceptions pour certaines branches et régions."

C'est ce qui s'appelle négocier ! Le SPD proposait un salaire minimum global concernant toutes les branches et toutes les régions. S'il y a des exceptions, ce n'est plus un salaire minimum. Et 2016, c'est loin ! Nous serons alors pratiquement en campagne pour l'élection du Bundestag 2017. Si la courbe du chômage remonte après l'application de la mesure, la CDU pourra dire : Vous voyez où ça nous mène, les exigences du SPD ! - Et le tour sera joué...

mardi 19 novembre 2013

En écoutant le match...

Commentaires stressés. 2e mi-temps. J'imagine le pognon en jeu : to go or not to go Brazil ! - Un vrai suspense. Le président Hollande serre les poings dans ses poches. Si la France est qualifiée, l'ambiance au pays sera meilleure. Le commentateur pense au ticket d'avion et à la plage de Rio. Ipanema 2014. Et les hommes d'affaires dans les tribunes mangent le bout de leur cigare. Les sponsors. Même à TF1 qui retransmet le match, emballé de pub, ça s'est rivé à l'écran : Think rights ! - On n'a même plus besoin de voir les vingt deux manchots qui chassent la balle sur le green, suivis par 70, 80 mille fans dans l'arène et les millions d'adeptes du sport canapé fidèles au poste et à la bière.


62:21 - Ribéry, Ribéry... dans la surface... Les compteurs sont toujours à zéro : 0:2 en Ukraine, 2:0 au Stade de France. Et une petite demi-heure à jouer. Un peu de musique pour détendre l'atmosphère.


samedi 16 novembre 2013

Droit moral

Je soumets à la discussion la conception suivante du « droit moral » d'un auteur : Nul ne devrait avoir le droit de déposséder un auteur - à quelque niveau qu'il se situe – de son œuvre – quelle qu'elle soit – pour lui faire dire ce qu'elle ne dit pas, pour l'utiliser à des fins pour lesquelles elle n'a pas été créée.


Il y a des exemples extrêmes comme ceux que l'on trouve dans cette publicité :

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=1CNu922b5Pg] 

jeudi 14 novembre 2013

Nationalistes de tous les pays, unissez-vous !

C'est un peu le sens de la rencontre - hautement médiatique mais encore peu médiatisée - entre l'autoproclamée Reine de France, Marine Le Pen (FN), et le selfmade Roi d'Orange, le néerlandais Geert Wilders (PVV) : faire alliance contre le "monstre" de Bruxelles. - But de l'opération : lancer la campagne des Européennes (22/25 mai 2014) à droite toute.


Ils ne resteront pas seuls. Et ils auront le vent en poupe. Nombre de "votes contestataires", qui auront pour effet de retarder la construction d'une Europe politique, se porteront sur eux. Cependant, la question ne se pose qu'avec plus de force : Peut-on encore être nationaliste ?


mercredi 13 novembre 2013

J'ai gagné les élections, sortez-moi de là !

Le centenaire de Willy (1) et le congrès du parti approchant, le SPD se souvient qu'il porte à gauche. Sans salaire minimum (2), la catastrophe Schröder continuerait de hanter les consciences des camarades, et de générer des flips et des flops électoraux. Mais vous n'avez peut-être pas suivi tous les épisodes de la série « J'ai gagné les élections, sortez-moi de là » : depuis le 22 septembre, date du « triomphe d'Angela Merkel », ça négocie dur au pays de la bière et de la viande en sauce. Pendant un temps, des petits futés brandissaient un ticket noir-vert (CDU/Les Verts) rapidement suivi d'un claquage de porte dans les règles. Et l'univers impitoyable du commentaire politique se résigna séance tenante à un remake de la Grande Coalition, CDU-SPD, troisième du genre. Celle que tout le monde attend.


Or, ces jours-ci, comme titre la presse allemande, le SPD menace de quitter la table des négociations. Le parti avait déjà surpris avec la décision de soumettre à un vote de ses adhérents et militants une participation au gouvernement Merkel. A présent, il ne s'interdit plus des négociations avec le parti de gauche (Die Linke). Aux prochaines élections, s'empresse-t-on d'ajouter (3). Si les Verts s'y mettaient aussi, on finirait peut-être par s'apercevoir qu'au Bundestag une majorité rouge-rouge-verte est déjà constituée depuis le 22 septembre 2013,  Mais, pour paraphraser un célèbre attaquant de la Bundesliga : La politique a des raisons que la raison ignore...


vendredi 8 novembre 2013

Asyle pour Snowden !

[5/11/2013] Un groupe de personnalités publiques allemandes - aussi diverses que le réalisateur Volker Schlöndorff, la féministe Alice Schwarzer, le président de la Bundesliga Reinhard Rauball, le chanteur populaire Udo Lindenberg, le journaliste Ulrich Wickert, l'acteur Jan Josef Liefers, le politicien Heiner Geissler (CDU), l'écrivain Daniel Kehlmann, le sociologue Hans Magnus Enzensberger et bien d'autres - exige que la RFA accorde l'asyle politique à Edward Snowden, toujours coincé en Russie, qui s'est déclaré prêt à apporter son aide dans l'affaire des écoutes du portable de la chancelière Merkel par les services nord-américains.


Cette semaine, en publiant un "Manifeste pour la Vérité" signé Snowden, l'hebdomadaire d'information Der Spiegel titre sur ce mouvement d'opinion qui semble prendre de l'ampleur outre-Rhin :


snowden
[english]
"Qui énonce la vérité ne commet pas de crime."
(Edward Snowden)


jeudi 7 novembre 2013

Europe

T'es Allemand ou Français ? - Une question à cent balles... dans la peau, il fut un temps ! - Alors on pourrait se prendre à regretter l'époque de Charlemagne, dont une succession prudente eût peut-être évité 1618, 1870, 1914, 1940 et j'en oublie.


T'es Basque ou Breton ? Écossais ou Gallois ?  - Voilà une question plus intéressante, à quoi le Belge Flamand Wallon Arno répondrait misschien :



[youtube http://www.youtube.com/watch?v=4BQfRj38VbI?feature=oembed]


samedi 26 octobre 2013

Pendant que nous discutons...

Un enfant meurt de faim toutes les 6 secondes dans le monde. Cela représente plus de 5 millions d'enfants morts chaque année (estimation FAO / 2012-2013).

L'économiste et sociologue suisse Jean Ziegler à l'ONU en 2008...



Et, malgré l'amélioration des chiffres, le problème reste entier
(Jean Ziegler interviewé en
2013 sur Radio-Canada).

Nota. - Une campagne semble actuellement en cours contre cet homme, amorcée avant - et pour empêcher (sans succès) - sa réélection au Conseil des droits de l'homme de l'ONU ce 27 septembre 2013. - Je ne saurais la référer ici et elle ne m'intéresse que très peu au regard des faits rapportés ci-dessus et depuis longtemps par cet intellectuel révolté, des faits qu'il serait difficile de mettre en doute. Mais une fois n'est pas coutume : quand le message dérange, on discrédite le messager !

Terribles personnalisations : faudra-t-il que nos quatre vérités nous soient assénées par des machines pour que nous cessions de les contester?

Pour moi, le véritable responsable de la faim et de la misère dans le monde est le terrorisme économique, qui consiste dans ce cas précis, comme le dit Ziegler, à spéculer sur les aliments de base comme le riz, le mais ou le blé. Lorsque j'ai appris l'existence de cette spéculation effrénée, au moment où les prix commençaient à flamber, j'ai été profondément choqué - peut-être ai-je trop d'imagination, mais je ne supporterais pas de voir un seul enfant mourir sous mes yeux - et je l'ai été lorsque les banquiers, après avoir failli plonger le monde dans un chaos sans nom, recommençaient exactement la même roulette russe comme si, après le coup d'essai de 2008, il fallait transformer l'apocalypse. - Mais je m'arrête là ! Si nous pouvions oublier un instant les étiquettes politiques, j'aimerais sincèrement connaître votre position sur ces problèmes : Les commentaires sont bien sûr ouverts !

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Nota (27/10/13). - On m'excusera de ne pas réagir aux commentaires ci-dessous, ma position étant esquissée au-dessus et sera peut-être développée ultérieurement. - Il faut écouter Ziegler à l'ONU en 2008 pour comprendre ce qui se passe à Lampedusa et ailleurs. Dans les années 1970, comme l'avait documenté Jacques Champreux dans son film Bako, l'autre rive (1979), de jeunes adultes allaient chercher à s'employer en Europe pour ensuite aider financièrement leur village. Aujourd'hui, ce sont des familles entières qui s'embarquent sur de méchants rafiots pour gagner "l'autre rive". A ma connaissance, le rapprochement entre la spéculation boursière sur les aliments de base et l'afflux massif de réfugiés de la faim sur les côtes européennes n'a pas été fait sur ce site. S'est-on même demandé pourquoi autant d'enfants se voient actuellement embarqués dans un voyage aussi périlleux ? - Les commentaires seront fermés lundi soir. Merci de votre compréhension.

Nota (28/10/13). - [Commentaires fermés à 18:00] Brève conclusion : Sous mon débriefing de l'hystérie FN, il n'y a eu aucun commentaire. Ici, quelqu'un s'est amusé à plomber l'ambiance d'office. Je ne lui en veux pas particulièrement. Ce qui importe, c'est qu'on s'est amusé à délirer dans le plus pur style franco-français sur le drame de Lampedusa, sans même rechercher les causes les plus flagrantes de ce drame. - On va chercher, comme notre intervenant, des problèmes de culpabilisation, ou je ne sais quoi, j'avoue que je n'ai pas bien compris son problème car, à partir d'un certain moment, il arrive que l'envie vient à vous manquer. Peu importe. - Cette simple remarque montre déjà comment très rapidement on parvient à s'éloigner des objets ou des thèmes de réflexion pour tomber dans les questions personnelles, si prisées de nos jours, avec l'effet d'occulter ce dont il s'agissait au départ de la réflexion. - Désireux de sauver les apparences d'un congé normal, je vous salue bien bas !

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Commentaires

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VOUS AVEZ RAISON SK! Le marche des matières premières aux USA est hélas un casino de spéculations effrénées .....

Écrit par : olivier | 26 octobre 2013

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La financiarisation de l'économie, je dirais (Et pas que les Etats-Unis, en conséquence).
Ce que vous désignez par "terrorisme économique" est un système multiséculaire: le capitalisme. La spéculation étant dopée et surmultipliée par la rapidité des achats/vente via internet et le transfert "en temps réel" des capitaux
Les Etats et firmes qui achètent des terres arables dans divers pays en cessation d'alimentation sont ceux et celles des pays du N., de la Russie, de la Chine et des émergents. La course à la terre pour le productivisme d'une part, la spéculation sur les prix entre producteurs, d'autre part, et la sauvegarde des "producteurs intérieurs" (et encore...), voilà le schéma.

"Et puis après? est-ce que tu t'imagines qu'on peut gouverner innocemment?" (JP Sartre)

Écrit par : talweg | 26 octobre 2013

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ah oui, et , sans rien pouvoir changer à ces terribles réalités, j'ai quand même au moins modifié depuis des années mon écosystème personnel; le fait d'être étranger ici a accentué ma tendance à changer de vie car ça a favorisé des rencontres que je n'aurais pas eues, autrement.
(Sobriété volontaire, aucun travail autre qu'en cdd (rien qui engage) et solidarité avec ceux qui m'entourent afin d'éviter des échanges qui nous échapperaient et nous rendraient complices de ce système. Mais je sais (après des années idéalistes)que ça ne va rien changer au cynisme global. Je vous dis ça parce que selon moi, tant qu'on ne change pas soi-même sa manière d'être au monde, on ne fait rien, on prend sa part (=on participe), ce qui est déjà trop.)

So long.

Écrit par : talweg | 26 octobre 2013

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SK,

L'essentiel demeure hélas là, la spéculation financière sur les denrées de base essentielles à la planète : le riz, le blé, le maïs.
Ce sont en priorité les populations les plus pauvres et les plus désarmées qui font les frais de ce capitalisme financier mondial débridé.

Si le simple fait de pointer ce gravissime problème n'est plus interprété qu'avec les lunettes de l'idéologie, - idéologie de gauche bien entendu (anti-capitaliste pour raison idéologiquement uniquement (re) bien entendu) -, il y aurait de quoi désespérer, non plus seulement Billancourt, mais toute étude économique un peu rigoureuse...et par exemple, des "Economistes atterrés" qui ne sont plus alors que d'affreux staliniens recyclés, ou - à peine plus "soft" désormais dans une certaine doxa qui en est tout à fait revenue des idéaux de gauche -, des "altermondialistes" !

Mais, ouf, ce n'est pas cette petite blogosphère (ni l'un ou l'autre de ses pseudo leaders) qui font et défont le réel à tenter de transformer pour un meilleur (des autres).

Merci à Jean Ziegler de poursuivre son travail, et à vous, SK, d'exister sur cette blogosphère !

Écrit par : plumeplume | 28 octobre 2013

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vendredi 18 octobre 2013

Retour sur la montée du Front

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A ce stade de l'histoire (6 octobre 2013), la France entière s'émeut, alertée par les fils d'actualité, les articles de presse, les réseaux sociaux et tout le tuttim. - Réagissant à l'avalanche de papiers froissés dans un pin-pon généralisé, je me sens moi-même interpelé [ici]. - Mais que s'est-il donc passé ? Sur 20.728 personnes appelées à voter, 13.815 se sont abstenues, ce qui montre déjà l'intérêt colossal suscité par cette élection au pays de l'olive et du grillon. Et sur les suffrages exprimés - 6913 ! - le Mr Nobody qui une semaine plus tard sourira jusqu'au front devant toutes les caméras de France et de Navarre en recueille... 2718 ! - Bien sûr, s'empresse-t-on de comptabiliser, il faut y ajouter ceux qui se portent sur le "dissident" FN (qui n'a simplement pas voulu céder sa place à l'autre), soit 612 voix, ce qui donne le score formidable de 3330 voix, un peu moins de la moitié des suffrages exprimés, mais seulement 16% des inscrits. Les statisticiens, fétichistes des chiffres, vont dire qu'il ne faut pas calculer comme ça. Moi, je leur réponds que si j'étais frontiste, je serais allé voter, maniaque ! - Fin du premier acte.


mercredi 9 octobre 2013

La Montée du Front

En 2002, le système électoral français a connu son point de rupture, et Jacques Chirac a été élu à la manière d'un président de république bananière. Avec 82% des voix.

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Depuis, on se méfie. Alors qu'il suffirait de changer ce système électoral qui accorde un pouvoir immense à un seul homme sans aucune soupape de sécurité, aucun fusible démocratique. Du coup, pendant cinq ans, le pays est impuissant. Et, à un niveau simplement psychologique, tout sentiment d'impuissance risque de se décompenser en délire de toute-puissance, comme on peut le constater à l'occasion chez le troll lambda, le blogueur haineux ou le frontiste de base.


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samedi 5 octobre 2013

Point d'interrogation

Je ne sais pas si cela vous arrive : Se remettre soi-même en question, interroger ses certitudes. Se dire au besoin : Mais qui est ce personnage que j'incarne ? D'où m'est-il venu ? Pourquoi faut-il que je joue toujours le même rôle ?


Heureux acteurs : Ils changent de peau à loisir ! Et, lorsqu'ils sont très demandés, ils choisissent leurs rôles ! Et, lorsqu'ils sont très bons, ils choisissent des rôles très différents.


Par rapport à eux, nous ne sommes que de pauvres emplois.


Rilke écrit [je traduis] :


L’ai-je déjà dit ? J’apprends à voir - oui, je commence. Ça fonctionne encore mal. Mais je compte bien utiliser mon temps.
Et
je n’ai, par exemple, jamais pris conscience du nombre de visages qui existent. Il y a un grand nombre de gens, mais bien plus de visages encore, car chacun en possède plusieurs. Voilà des gens qui portent un visage des années durant ; il s’use bien sûr, il se salit, il se casse au creux des rides, il s’élargit comme un gant que l’on a porté au cours d'un voyage. Ce sont des gens simples, économes ; ils n’en changent pas, ils ne le font même pas nettoyer. Il fait l’affaire, assurent-ils, et qui peut leur prouver le contraire ? Comme ils ont plusieurs visages, la question se pose cependant : que font-ils des autres ? Ils les conservent. Leurs enfants doivent les porter. Mais il arrive également que leurs chiens sortent avec eux. Et pourquoi pas ? Un visage est un visage.
D’autres gens enfilent leurs visages incroyablement vite, l’un après l’autre, et ils les usent. D’abord, il leur semble qu’ils les possèdent pour toujours, mais ils ont à peine quarante ans qu'ils en sont déjà au dernier. Bien entendu, cela ne va pas sans un certain tragique. Ils ne sont pas habitués à ménager les visages ; leur dernier est cuit en huit jours, il a des trous, en de nombreux endroits il est fin comme du papier, et peu à peu le support se révèle, le non-visage, et ils se promènent avec ça.


Rainer Maria Rilke : Les Carnets de Malte Laurids Brigge (1910)

jeudi 3 octobre 2013

Aux crabes et aux langoustines

Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné
Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné
Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné


Heureusement qu'il y a le copié-collé pour les punitions.


Le crabe, on le sait, marche à reculons. Et la langoustine est un plat de luxe. Les deux se retrouvent souvent dans le même panier. Voilà pour le titre. Le reste aussi sera hermétique.


Hermétique, c'est quand t'arrives pas à ouvrir ton huître, eh loufiat !


Le type à côté de moi est bourré comme un coing. Il en a marre. Et il le dit :


- J'en ai marre !


Je ne lui demande pas pourquoi. Il en a marre. D'ailleurs, il explique :


- C'est la merde !


Je le regarde. Il est plutôt bien habillé. Un peu démodé, peut-être. Rasé de près. Abonné chez le coiffeur. Mais quelle haleine fétide :


- C'est la merde !


Je regarde le panneau d'affichage. Mon train a une heure de retard. Celui du type semble parti depuis longtemps. A présent, il lève des yeux vitreux sur moi :


- Vous ne trouvez pas, Monsieur ?


Je fais mine de ne pas entendre. Moi aussi, j'en ai marre. De ces gens qui n'ont rien fait de leur vie. Rien fait pour changer les choses qu'ils déplorent. J'en ai marre de leur trouver des excuses. Avant, je discutais avec eux. J'essayais de comprendre. J'étais sans doute moi-même une de ces larves. Aujourd'hui, je change de trottoir.


dimanche 29 septembre 2013

Remplissage

La Nature a horreur du vide, comme le veut l'adage bien connu.

Prenez un espace de libre expression comme celui-ci.

Appliquez la formule en substituant au mot Nature le mot Communication (Parole, Toile, Télévision).

Et vous avez le problème du remplissage, de l'occupation de l'espace par une parole vide, une communication pour la communication qui ne dit plus rien d'autre que : J'occupe le terrain ! Je suis visible !

Objection possible : la question de la légitimité d'un tel transfert de concepts. J'avais dans une note précédente transféré le concept thermodynamique d'entropie au champ des sciences de l'information. J'ai vu à cette occasion qu'on ne m'avait pas attendu. D'ailleurs, Edgar Morin est un précurseur en la matière avec sa définition de l'Homme comme néguentrope.


La question est donc celle-ci : peut-on appliquer un adage qui décrit plutôt bien un procédé de la Nature, et surtout de la Vie, à savoir la tendance à remplir des espaces inoccupés, au champ civilisationnel de la communication, et donc aux différents usages de la parole ?

Si tel est le cas, le remplissage deviendrait un phénomène compulsif touchant à la "nature humaine", qui se retrouverait d'ailleurs, tel un effet miroir, dans un autre champ : celui de l'occupation de territoires, sous la forme du "territorialisme" de l'être humain.

mardi 24 septembre 2013

Bundestag 2013 (3) | L'amer triomphe

A l'heure où j’écris (24/9), le problème (déjà signalé) reste entier :

Le parti qui soutient Mme Merkel au Bundestag - la fraction CDU/CSU - est minoritaire, à quelques sièges près certes, mais cela ne change rien à la galère !

En revanche, la coalition rouge-rouge-verte - SPD/Les Verts/Die Linke - est majoritaire même si une telle alliance semble difficile voire impossible à mettre en oeuvre.

Pourtant le chef du SPD - Sigmar Gabriel - vient de la mettre sur la table des négociations comme une solution de repli.

Ce serait d'ailleurs la seule façon de faire élire un chancelier SPD pour la législature qui s'annonce. Et ça, Mme Merkel en est parfaitement consciente, comme elle sait qu'un accord rouge-rouge-vert peut être trouvé ultérieurement, n'importe quand, ce qui entraînerait sa destitution immédiate. Sa position est donc bien plus fragile que ce qui a été annoncé dans le monde entier avec son triomphe "historique".

Dès lors, quelles options la chancelière sortante a-t-elle pour conserver le pouvoir ?

- Une Grande Coalition CDU/SPD

- Une coalition avec les Verts.

- Un gouvernement minoritaire.


dimanche 22 septembre 2013

Bundestag 2013 (2) | A voté

Premières estimations (ARD) à la fermeture des bureaux de vote (22/9 - 18:00)



A la vue de ces premiers chiffres, la CDU peut obtenir la majorité absolue (300 sièges sur 598 - à 18:00, elle en comptait 297, à 19:00 on parle déjà de 302 sièges). Son partenaire de coalition libéral (FDP) risque de ne pas entrer au parlement (moins de 5%).




Et voilà des estimations déjà plus précises données vers 21:00. Les libéraux du FDP risquent fort d'être exclus du Bundestag. On note également que "L'Alternative pour l'Allemagne" (AfD) - ce nouveau parti qui prône la sortie de l'euro - connaît un franc succès, sans pour autant dépasser la barre des 5%, condition sine qua non pour siéger au parlement. Quant à la CDU de Mme Merkel, elle totaliserait actuellement 298 sièges sur les 300 nécessaires pour disposer de la majorité absolue.


mardi 17 septembre 2013

Bundestag 2013 (1) | Comme un malaise ?

Une question d'actualité s'impose : s'il n'y a eu quasiment aucun débat électoral in Deutschland, que dit-on en France de cette élection du Bundestag, dimanche prochain ? Tout le monde avance certes des clichés sur l'Allemagne de Merkel et l'on ne manque pas, unanimement, de prédire sa réélection, mais peu de gens sont informés sur la vie réelle dans le pays, même la plupart des correspondants sur place font le minimum syndical : lire la presse et aller dans les endroits réputés branchés pour se faire une opinion. C'est comme ça qu'on formate celle des autres. Àux élections régionales de Bavière de ce dimanche, la CSU de Horst Seehofer, allié de la CDU de Mme Merkel, vient de remporter la majorité absolue des sièges au Landtag avec 47,7% des suffrages. On annonce cela comme une grande victoire et une preuve supplémentaire du succès attendu dimanche prochain. Or, la CSU a baissé par rapport à 2008 et elle est loin des 60% atteints naguère. D'ailleurs on oublie un peu vite les succès de la coalition SPD/Les Verts dans d'autres élections régionales récentes. Et avec quelque 3%, la FDP, partenaire libéral de la CDU/CSU au niveau national, n'a même pas réussi à entrer au parlement de Bavière.



Ceci étant, la récente interview du candidat SPD par le quotidien centre-gauche Süddeutsche Zeitung a contribué à discréditer un peu plus Peer Steinbrück, qui n'avait pas besoin de ça dans l'univers impitoyable de la personnalisation politique au détriment des idées et des programmes. Il s'agissait d'une interview ("Ne dites rien, maintenant") où l'on ne pouvait répondre que par gestes. La question était : "Peer les Pannes, Peer les Problèmes, Peerlusconi - question sobriquets sympas, vous n'avez pas de soucis à vous faire, non?". - Et la réponse de l'interviewé (ci-dessous) de s'étaler illico à la Une du journal avec le succès que l'on sait :


lundi 16 septembre 2013

Aux fascistes larvés

Les fascistes, il y en a de tous bords, dans toutes les directions du vent : ce sont souvent des gens sympathiques, des gens ordinaires, des gens bien de chez nous.


- Mais nous, c'est qui ? Chez nous c'est où ?


C'est un petit bonhomme avec une méchante valise qui pose la question. Ses traits sont tirés, son costume défraîchi. Puis, d'un étui antique, il sort un violon et commence à jouer...


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Qu'est-ce qu'un fasciste ? - L'Europe en a connu de toutes sortes : des petits, des grands, des jeunes, des vieux, des travailleurs, des oisifs, des riches, des pauvres. Il y en a eu dans tous les pays d'Europe, parfois un peu moins, parfois beaucoup plus.


- Mais dis, Monsieur, c'est quoi, un fasciste ?


C'est l'enfant qui insiste puisqu'il ne comprend pas ce mot.


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Un fasciste, c'est un homme bien rangé, même si la réciproque n'est pas obligatoirement vraie. Il éduque ses enfants dans la foi et la morale, sa femme est toujours de son avis, il respecte l'autorité et la voie hiérarchique. Un fasciste passe beaucoup de temps dans les bureaux où il veille à ce que tout soit normal, à ce que rien ne sorte de l'ordinaire. Il veut que tout soit bien rangé, que chaque chose soit à sa place. Et le soir, il rejoint ses camarades à l'auberge, où une table lui est toujours réservée : il y parle politique, évoque la grandeur de la Nation, fustige ses ennemis, les civilisations inférieures, les apatrides, la vermine. Car, dit-il souvent, la patrie est en danger, et il donnerait surement son sang pour elle, si le devoir ne l'appelait pas à son poste dans l'administration pour veiller à ce que tout soit normal, à ce que rien ne sorte de l'ordinaire. Et puisqu'il faut bien quelqu'un pour tout organiser.


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mercredi 4 septembre 2013

Quelques mots sur la guerre

 "La guerre est la simple poursuite de la politique avec d'autres moyens"
„Der Krieg ist eine bloße Fortsetzung der Politik mit anderen Mitteln“
(Carl von Clausewitz, 1780-1831, in: Vom Kriege - De la guerre)


Je me souviens du 19 janvier 1991. Il faisait froid à Paris, mais ça commençait à chauffer ailleurs. Ce fut le début de l'une des premières guerres retransmises en continu sur une chaîne d'information, dont les images étaient reprises par toutes les télévisions du monde. Je crois même que la création des autres chaînes d'information continue a été largement inspirée par le "succès" de ces images-là [**]
. On offrait ce qu'on appelait du "terrain" à des "couch potatoes", comme disent les Américains. Images embedded garanties night vision !

Quand on parle de la guerre, on parle peu des producteurs d'armes. En revanche, on cause géopolitique, un verre de cognac à la main et un cigare au coin du bec : le champ de bataille et les causeries de salon !


vendredi 30 août 2013

Une seconde !



Si vous restiez 80 ans devant cette animation, vous la verriez flasher 2.522.880.000 fois - et si le temps de vie à peu près moyen d'un individu sous nos latitudes (au-dessus du seuil de pauvreté) est donc de quelque 2,5 milliards de secondes, passez vite à autre chose ! - A cette occasion, une personne de ma connaissance se serait empressée de renchérir : Tu dois serrer ta vie !

Oui, l'irréversibilité du temps : l'impossibilité de revenir en arrière, de défaire nos erreurs, de rajeunir lorsque nous vieillissons, de lutter contre la mort inéluctable. Nous sommes des êtres temporaires, impermanents. Et pourtant nous nous comportons souvent comme si nous étions immortels, comme si nous étions là pour toujours, comme si nous pouvions encore faire toutes ces choses importantes que nous nous sommes promis de faire avant de...

Non, un jour, bientôt, plus vite que nous ne pensons, nous ne serons plus là, et quelque temps après notre disparition, plus personne ne saura que nous avons un jour existé, jeté un regard très personnel sur ce monde, que nous avons aimé, détesté, souffert, et que par moments nous avons été heureux, plus personne ne le saura puisque nos amis, nos proches aussi ne seront plus là.

Est-ce possible de vivre avec ce sentiment, cette idée d'impermanence ? Est-ce possible d'agir à chaque fois comme si cet acte particulier était le dernier, le seul, le plus important ? Et si c'était possible, le monde ne s'en trouverait-il pas radicalement changé ? - Il serait peut-être temps de se poser la question !


mardi 20 août 2013

Election Blues

Dans un mois (le 22 septembre 2013), les citoyens allemands élisent le nouveau Bundestag. Selon les sondages, l'actuelle chancelière chrétienne-démocrate Merkel ("Angie") va repasser les doigts dans le nez. Autant dire que le déplacement jusqu'à l'isoloir devrait prendre, aux yeux de l'électeur moyen, l'allure d'une corvée parfaitement inutile...


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Mme Merkel passera ou bien avec le concours des libéraux du FDP, si ceux-ci - en nette perte de vitesse - franchissent la barre des 5% nécessaires pour entrer au parlement et si une coalition CDU/FDP obtient à nouveau la majorité des voix, ou bien - avec une plus grande probabilité - dans le cadre d'une "grande coalition" avec les sociaux-démocrates du SPD qui fourniront alors le vice-chancelier, en principe le candidat Peer Steinbrück.


Ce qui pose un réel problème pour la démocratie, c'est que ces élections allemandes semblent jouées d'avance, non seulement pour les sondeurs, mais pour tous les commentateurs et sans doute également pour l'électorat de base, de telle sorte que, si les affiches électorales fleurissent un peu partout avec de splendides têtes à claques et des slogans à coucher dehors, il n'y pas pour autant de véritable campagne, de vrais débats électoraux où les thèmes importants pour les uns et les autres soient mis sur la table...


L'Allemagne contemporaine qui se veut - sans doute à juste titre - une "démocratie exemplaire" illustre involontairement une évolution tendant à niveler les différences traditionnelles entre la "droite" et la "gauche", en excluant par ailleurs tout courant politique qualifié d'extrémiste, condamnant donc par avance toute alternative politique, toute véritable alternance au sein du système établi...



lundi 10 juin 2013

Reality Show

Depuis quelque temps, je croise les billets d'humeur d'un certain Harald Martenstein, chroniqueur de son état dans le très berlinois Tagesspiegel. Jusqu'à présent, rien de bien extraordinaire, "le minimum syndical", comme on dit...






Mais dans l'édition du dimanche (3 juin 2013), je lis une sorte d'apologie pour la télé privée, particulièrement horrifiante en Allemagne, assortie de quelques manchettes à la télé publique, plutôt bonne au contraire, et je me dis (comme d'ailleurs le chapeau de l'article) : Il est devenu fou, Martenstein ?


Il chante les louanges d'un concept allemand de téléréalité qui fait des audiences record (jusqu'à 2 millions de scotchés) en fin d'après-midi (17h-19h), bien évidemment entrecoupé d'une myriade d'invites à la consommation, qui est particulièrement outrancière dans ce pays : "Mieten, kaufen, wohnen" (littéralement : "Louer, acheter, habiter"). - Cette émission, qui scotche donc également l'homme de lettres Harald Martenstein, met aux prises des agents immobiliers et des clients, locataires ou acheteurs potentiels, autour d'un bien immobilier, appartement ou villa. Or, quand on connait le marché délirant de l'immobilier, ce genre de boniments peut paraître surréaliste. D'ailleurs, l'auteur concède que les situations ne sont pas très "réalistes" : c'est en effet l'agent qui est aux petits soins avec le client, alors que dans la vraie vie une cinquantaine de candidats se bousculent sur le pas de porte pendant les visites, ce qui rappelle étrangement le marché de l'emploi.


vendredi 7 juin 2013

France Télécom

Suicides à France Télécom : un document accablant

Selon un document interne de 2006, les dirigeants de l’époque voulaient bien supprimer des dizaines de milliers d’emplois. Ce qui alourdirait les charges pesant contre l’ex-PDG.

Ouverte en 2010, l’instruction judiciaire dans le dossier des suicides de France Télécom, menée au pôle de santé publique du parquet de Paris, touche à sa fin. Entre 2008 et 2010, 57 salariés de l’entreprise s’étaient donné la mort (une vague de suicides auxquels s’ajouteraient, selon les syndicats, 34 autres en 2007). - Les syndicats avaient porté plainte, estimant que les salariés y avaient été poussés en raison de pressions systématiques dont l’objectif (non avoué) aurait été de faire partir 22000 personnes sans recourir à un plan social. Un rapport de l’inspection du travail, accompagné de l’audit d’un cabinet d’études mandaté par les syndicats, avait soutenu cette thèse. [La suite c/o Le Parisien]


Cette terrible histoire témoigne de la brutalité d'un marché de l'emploi qui procède, ici, à la fois de la privatisation des biens publics et d'une "crise" dont on peut affirmer qu'elle est, sinon cousue de toutes pièces, du moins savamment entretenue puisqu'elle fête actuellement sa "quarantaine" (1973-2013), un anniversaire que personne, mais vraiment personne, ne prend la peine de rappeler. (SK)

samedi 2 mars 2013

[Aparté] Autocritique d'un Scribouillard


NOTRE monde est au bord de l’implosion, et nous – au lieu d’aller à l’essentiel – nous perdons dans les détails, empêtrés dans les clivages entre bien et mal-pensants – honnis soyons-nous ! - alors qu’il s’agirait déjà de commencer à penser…

Nous sommes là dans nos petites mansardes, ou nos belles demeures, à jouer les critiques et les apprentis-sorciers, sans même avoir vérifié les informations qui nous font jaser. Et, d’ailleurs comment pourrions-nous identifier la désinformation qui nous a été taillée sur mesure par les services compétents ?

Car la question est celle-ci : Quand commencerons-nous – nous ici, et eux un étage plus haut ou ailleurs – à sortir de cette Histoire sanglante ? Et d’abord à cesser de mimer avec des mots qui ne nous appartiennent pas le bruit des mitraillettes qui résonnent parfois jusque dans nos têtes ? Oui, quand commencerons-nous – essence de la réflexion selon Gaston – à comprendre que nous n’avions rien compris ?

Mais non, nous préférons épiloguer, entre deux talkshows, sur Marcelle, Dominique et les autres, au gré d’une actualité manipulée où – naïfs, car croyant au hasard et à la spontanéité des « événements » - nous guettons le futile et le scandale, le privé et le bizarre, qui nous permette d’ajouter notre grain de sel pour accroître - grains de sable que nous sommes – l’insignifiance et le bruit qui saturent les réseaux.


Photo @ skarlet

dimanche 24 février 2013

[Ex-RDA] Gysi et la Stasi

Juriste de formation et ancien avocat de célèbres dissidents de RDA comme Rudolf Bahro et Robert Havemann, Gregor Gysi vient d'être nommé pour conduire la fraction berlinoise de Die Linke, ce parti qui regroupe l'extrême gauche et les ex-communistes de l'Allemagne de l'Est, en vue de l'élection fédérale du 22 septembre 2013.

Cette nomination est problématique car l'homme fait depuis longtemps l'objet d'investigations quant à sa possible collaboration "inofficielle" avec le redoutable Ministère pour la Sûreté d'Etat (Ministerium für Staatssicherheit ou Stasi) de l'ex-RDA sous les noms de code "Gregor" et "Notar", comme le documente la vidéo en langue allemande ci-dessous. En effet, dans les dossiers de la Stasi, on retrouve sous ces pseudonymes différents rapports sur les dissidents Bahro et Havemann ou Thomas Klingenmann (né Erwin), tous clients de l'avocat Gysi, qui fut à l'époque membre du parti communiste officiel, le SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands), issu de l'unification forcée en 1946 entre les partis socialiste et communiste allemands dans la zone d'occupation soviétique. Or, le politicien a toujours nié cette collaboration et en particulier déclaré sous serment qu'il n'avait jamais rapporté à la Stasi les entretiens confidentiels qu'il avait eus avec ses clients. C'est d'ailleurs cette déclaration sous serment qui est aujourd'hui contestée dans le cadre d'une nouvelle procédure diligentée par le procureur de Hambourg impliquant un major de la Stasi, accusé d'avoir "couvert" Gysi...

Ce sont moins les éventuelles activités de Gregor Gysi comme "collaborateur inofficiel" (IM - Inoffizieller Mitarbeiter) de la police politique qui sont ici en cause que le refus de reconnaître son implication dans l'appareil répressif et surtout le possible mensonge face à l'institution judiciaire. En effet, vu sa fonction d'avocat de dissidents sous haute surveillance, l'ex-membre du SED a obligatoirement croisé la route des officiers de la Stasi. S'il les a renseignés, il ne leur aura sans doute pas livré beaucoup de scoops puisque tout était sous contrôle (et sous écoute). Son rôle fut bien davantage celui d'un "go-between", d'un négociateur qui, sans être à même de faire acquitter ses clients, pouvait leur éviter une condamnation lourde, voire la peine de mort toujours possible dans un système totalitaire, qu'elle soit d'ailleurs exécutée par un bourreau officiel ou un tueur inofficiel. De plus, il pouvait veiller à ce que leurs conditions de détention soient supportables, et c'est d'ailleurs ce que confirme le fils de Robert Havemann, Florian, qui soutient Gysi en disant dans une interview de 2008 que l'avocat avait toujours agi dans le sens de son père.

Or, dans une campagne électorale où l'on fait feu de tout bois, Die Linke - l'équivalent du Front de Gauche en France - risque d'être déstabilisée par la suspicion qui pèse sur Gregor Gysi et le feuilleton médiatico-judiciaire qui n'est pas près de s'arrêter. Paradoxalement, l'actuelle majorité aurait plutôt intérêt à renforcer ce parti, qui refuse toute alliance nationale avec les autres formations de gauche, afin d'affaiblir la coalition SPD / Les Verts. Et cette dernière doit à tout prix prendre des voix à Die Linke (et au Parti des Pirates) si elle veut conquérir la majorité en septembre. Donc ...



Die Akte Gysi (Le dossier Gysi), un documentaire de Hans-Jürgen Börner et Silke König (2011)

vendredi 22 février 2013

[Aparté] About DSK

Depuis longtemps, l'opinion se doutait que cet homme était un sex-addict : la chose éclata au grand jour avec l'affaire du Sofitel en 2011. Il a donc dû renoncer au poste de "l'homme le plus influent du monde" et accessoirement à sa position de favori pour la magistrature suprême en France.

L'homme a des compétences certaines qui lui ont permis entre autres d'occuper des postes ministériels et de conduire le FMI. On ne sait d'ailleurs toujours pas qui a organisé la mise en scène - car il pourrait bien s'agir d'une mise en scène - à l'hôtel newyorkais. On préfére épiloguer sur sa sexualité débridée, c'est-à-dire déplacer l'affaire sur le plan privé, anecdotique. Un bon fait divers à épisodes qui, s'il ne mange pas de pain, fait les choux gras des médias.

Or, s'il est une "bête de sexe" sautant sur "tout ce qui bouge", DSK était également un homme politique et un économiste de tout premier plan. Personne, ou presque, n'en doute. Les psychiatres parleraient ici d'une personnalité clivée, dont le "côté obscur" continue actuellement d'être utilisé - sans vraie compétence en la matière - par les médias et les médiatiques pour y greffer toutes sortes de discours, tantôt à la limite du délire, tantôt enfreints d'une bien-pensance en acier trempé, avec le résultat de passer sous silence la question principale de cette affaire : Qui a donc "dégommé" Dominique Strauss-Kahn ?

Certains commentateurs franco-français ont commencé par incriminer le camp du président sortant, soucieux d'éliminer un concurrent caracolant en tête des sondages. Et comme le Sofitel est un établissement français, et comme un SMS aurait été envoyé immédiatement après les faits à l'UMP...

Cela permet d'oublier ou de minimiser l'action de DSK à la tête du FMI, et notamment sa gestion des problèmes économiques de l'Europe : car cette politique n'avait pas l'heur de plaire à tout le monde, loin s'en faut, d'autant que le directeur général du Fonds Monétaire International n'avait pas complètement abandonné ses convictions de social-démocrate.

Et voilà qu'une autre femme prend la plume. La troisième déjà ? On loue ses talents littéraires, son anticonformisme, si on ne crie pas au scandale. Et, s'ils existent, les possibles metteurs en scène du Sofitel se réjouissent de l'aveuglante lumière des spotlights médiatiques puisqu'elle génère cette ombre dont ils ont tant besoin pour préserver leur anonymat.

jeudi 21 février 2013

[Désinformation] Promesses et bienfaits des super-riches


Mercredi

La fondation The Giving Pledge (Promesse de Dons) initiée par Bill Gates et Warren Buffett annonce qu'elle vient d'être rejointe par l'Allemand Hasso Plattner, co-fondateur de la société de logiciels SAP, qui promet de léguer au moins la moitié de sa fortune estimée à 5,4 milliards d'euros, comme titre le Spiegel. Le site web de la fondation précise que : La Promesse de Dons est un engagement des industriels et familles les plus fortunés du monde pour consacrer la majeure partie de leur fortune à la philanthropie (The Giving Pledge is a commitment by the world's wealthiest individuals and families to dedicate the majority of their wealth to philanthropy).

C'est donc très bien. En principe. Car si Bill Gates s'occupe de la lutte contre le VIH et de l'assistance aux jeunes mères dans ce qui, autrefois, s'appellait le Tiers-Monde, le concept reste cependant pour le moins flou et peut faire penser à ces belles et bonnes intentions qui président aux dîners de charité organisés par et pour les possédants - The Rich and The Beautiful - dont la véritable motivation est la "bonne conscience" des uns et des autres face aux injustices économiques et à la pauvreté planétaire.

Car le problème est bien celui-ci, résumé dans le titre d'une chanson de Ry Cooder : The Very Thing That Makes You Rich Makes Me Poor. En effet, dans nos systèmes économiques, toute richesse génère de la pauvreté. Si la fondation de MM. Gates et Buffett ou la Taxe Tobin sont un petit pas vers la prise de conscience, la plus grande partie du chemin reste à parcourir. Or, bientôt, il risque d'être trop tard car - les riches le savent - quand la pauvreté et l'injustice deviennent vraiment insupportables, les gens se soulèvent et le système s'effondre. Cependant, la faillite des révolutions humaines, ou leur incapacité à instaurer un système équitable et non répressif, ne sont pas de bonne augure...

Jeudi

Un article du Tagesspiegel nous apprend aujourd'hui que Hasso Plattner dément l'information diffusée hier et qu'il "se sent exploité par Bill Gates". Il faut savoir que le co-fondateur de SAP subventionne déjà à hauteur de plusieurs centaines de millions un institut de recherche sur le développement de logiciels à l'Université de Potsdam près de Berlin, où il enseigne également. Et qu'il continue de s'occuper de son entreprise de logiciels, dont il perdrait le contrôle si la moitié de sa fortune était pour ainsi dire "hypothéquée" par la promesse de don à la fondation Gates-Buffett.

Ce ne serait d'ailleurs pas le première fois que Bill Gates solliciterait ce programmeur émérite de 69 ans, qu'il fréquente aussi parce que tous deux sont collectionneurs d'oeuvres d'art ("modernité classique"). Et Hasso Plattner avait toujours refusé. A Bill Gates de s'expliquer, conclut l'article.

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Il faut souligner la facilité, l'insouciance avec laquelle nous - le sérieux hebdomadaire Der Spiegel et al. d'abord, des blogs comme celui-ci ensuite - reprenons certaines "informations" qui ne sont en fait que des rumeurs ou tout simplement des erreurs. En ajoutant du bruit à la gigantesque machine d'information globalisée, n'augmentons-nous pas ainsi la quantité de désinformation déjà énorme, peut-être majoritaire ?

Et, surtout, les réflexions, les dialogues - aussi pertinents soient-ils - que nous menons à partir de ces fausses informations ne perdent-ils pas toute crédibilité ? Car si on se trompe sur l'information, comment peut-on prétendre à la vérité du commentaire ?

Vendredi

L'article de la Süddeutsche Zeitung de ce jour soulève un problème important : L'une des raisons présidant aux dons des riches est - à côté de la "bonne conscience" évoquée plus haut -  l'influence qu'ils veulent exercer sur la société. Or, précise le journal, ils n'ont pour cela aucune légitimité démocratique. Et, surtout, il y a une différence entre quelqu'un qui reçoit un don finançant sa scolarité - l'une des activités charitables de Bill Gates - et quelqu'un qui peut bénéficier d'une scolarité libre et gratuite comme d'un droit fondamental : c'est la différence entre un assisté, qui doit lever les yeux plein de gratitude vers son généreux bienfaiteur, et un citoyen autonome qui ne doit le respect qu'au principe d'égalité d'une république démocratique.

Un raisonnement similaire peut également s'appliquer aux différentes "assistances" prodiguées aux malades et aux "nécessiteux" des pays pauvres. Car les pays riches sont directement ou indirectement responsables de cette situation de misère dans le reste - la majeure partie - du monde : nos richesses au prix de leur pauvreté.