jeudi 11 décembre 2014

Je veux garder mon Allemagne de Mme Merkel


Jean-Luc Mélenchon, photo : dpa, choisie par Bild (lien ci-dessous)


« Maul zu, Frau Merkel ! Frankreich ist frei ». - Dans un allemand correct, mais un peu vieillot et rudimentaire, Jean-Luc Mélenchon interpelle la chancelière qui vient à nouveau d'être plébiscitée à la tête de son parti, la Christlich-Demokratische Union (CDU). - Et le politicien démissionnaire du Parti de gauche d'ajouter : « Occupez-vous de vos pauvres et de vos équipements en ruines ! »


Si le quotidien Les Échos considère que « La presse allemande en ligne reprend largement le message de l’homme politique de gauche qui a appelé la Chancelière allemande à "la fermer" vis-à-vis de la France », l'impact sur l'opinion d'outre-Rhin n'est guère plus important que la récente élection d'un ministre-président du Parti de gauche en Thuringe l'est en France. Il est étonnant, par exemple, que l'hebdomadaire du centre gauche Der Spiegel reprend pratiquement le même texte que le quotidien populiste Bild : on en conclut qu'il s'agit de la même dépêche d'agence (isa/AFP) que les rédacteurs de ces deux publications aux antipodes n'ont pas pris la peine de développer.


lundi 8 décembre 2014

Un ministre-président du Parti de Gauche en Allemagne ?

~ UNE CHRONIQUE ~
(16 octobre - 6 décembre 2014)



La spécialité de Thuringe :
viande en sauce, chou rouge cuit et boulette de pommes de terre


~ 16 octobre 2014 ~


Aux dernières nouvelles (Der Spiegel), le Land - officiellement : "l'État libre" - de Thuringe pourrait être gouverné par un ministre-président d'extrême-gauche dans le cadre d'une coalition "rouge-rouge-verte" (Die Linke/SPD/Les Verts). Ce serait une première en Allemagne fédérale. - "Historique", s'exclame-t-on déjà. Mais ce ne sont plus vraiment les mêmes qui avaient abusé de cette formule pour célébrer le "triomphe de Mme Merkel" aux dernières élections fédérales en septembre 2013.


La nouvelle peut paraître anodine, surtout en France où les références politiques d'outre-Rhin se limitent souvent à "Berlin" et "Merkel". Or, il faut tout de même dire ceci : si Bodo Ramelow (Die Linke) accède au poste de ministre-président en Thuringe, la coalition qui le soutient n'aura certes qu'un seul siège d'avance, mais - et c'est un mais de taille - l'actuel Bundestag présente exactement la même composition : une coalition rouge-rouge-verte y serait également majoritaire (avec 320 sur 631 sièges) ! - Si, donc, ce partenariat se passe bien en Thuringe, cela pourrait avoir un effet sur les élections fédérales de 2017 (1).


Ce vendredi, les trois partis se réunissent pour une dernière "consultation", mais le Spiegel affirme que l'on se dirige bien vers un accord de coalition et un gouvernement dirigé par Bodo Ramelow, dont la formation politique dépasse de loin le score de ses deux partenaires (2). Si une telle coalition était ensuite envisagée au niveau fédéral et que les trois alliés se rapprochent au Bundestag, Angela Merkel serait dans une position très inconfortable. Bien qu'un tel cas de figure extrême soit plutôt improbable avant l'échéance de 2017, la marge de manœuvre pour mener une politique ultra-libérale en Allemagne se rétrécit sensiblement, ce que l'introduction d'un salaire minimum dès janvier 2015 confirme déjà.


~ 17 octobre 2014 ~