samedi 26 octobre 2013

Pendant que nous discutons...

Un enfant meurt de faim toutes les 6 secondes dans le monde. Cela représente plus de 5 millions d'enfants morts chaque année (estimation FAO / 2012-2013).

L'économiste et sociologue suisse Jean Ziegler à l'ONU en 2008...



Et, malgré l'amélioration des chiffres, le problème reste entier
(Jean Ziegler interviewé en
2013 sur Radio-Canada).

Nota. - Une campagne semble actuellement en cours contre cet homme, amorcée avant - et pour empêcher (sans succès) - sa réélection au Conseil des droits de l'homme de l'ONU ce 27 septembre 2013. - Je ne saurais la référer ici et elle ne m'intéresse que très peu au regard des faits rapportés ci-dessus et depuis longtemps par cet intellectuel révolté, des faits qu'il serait difficile de mettre en doute. Mais une fois n'est pas coutume : quand le message dérange, on discrédite le messager !

Terribles personnalisations : faudra-t-il que nos quatre vérités nous soient assénées par des machines pour que nous cessions de les contester?

Pour moi, le véritable responsable de la faim et de la misère dans le monde est le terrorisme économique, qui consiste dans ce cas précis, comme le dit Ziegler, à spéculer sur les aliments de base comme le riz, le mais ou le blé. Lorsque j'ai appris l'existence de cette spéculation effrénée, au moment où les prix commençaient à flamber, j'ai été profondément choqué - peut-être ai-je trop d'imagination, mais je ne supporterais pas de voir un seul enfant mourir sous mes yeux - et je l'ai été lorsque les banquiers, après avoir failli plonger le monde dans un chaos sans nom, recommençaient exactement la même roulette russe comme si, après le coup d'essai de 2008, il fallait transformer l'apocalypse. - Mais je m'arrête là ! Si nous pouvions oublier un instant les étiquettes politiques, j'aimerais sincèrement connaître votre position sur ces problèmes : Les commentaires sont bien sûr ouverts !

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Nota (27/10/13). - On m'excusera de ne pas réagir aux commentaires ci-dessous, ma position étant esquissée au-dessus et sera peut-être développée ultérieurement. - Il faut écouter Ziegler à l'ONU en 2008 pour comprendre ce qui se passe à Lampedusa et ailleurs. Dans les années 1970, comme l'avait documenté Jacques Champreux dans son film Bako, l'autre rive (1979), de jeunes adultes allaient chercher à s'employer en Europe pour ensuite aider financièrement leur village. Aujourd'hui, ce sont des familles entières qui s'embarquent sur de méchants rafiots pour gagner "l'autre rive". A ma connaissance, le rapprochement entre la spéculation boursière sur les aliments de base et l'afflux massif de réfugiés de la faim sur les côtes européennes n'a pas été fait sur ce site. S'est-on même demandé pourquoi autant d'enfants se voient actuellement embarqués dans un voyage aussi périlleux ? - Les commentaires seront fermés lundi soir. Merci de votre compréhension.

Nota (28/10/13). - [Commentaires fermés à 18:00] Brève conclusion : Sous mon débriefing de l'hystérie FN, il n'y a eu aucun commentaire. Ici, quelqu'un s'est amusé à plomber l'ambiance d'office. Je ne lui en veux pas particulièrement. Ce qui importe, c'est qu'on s'est amusé à délirer dans le plus pur style franco-français sur le drame de Lampedusa, sans même rechercher les causes les plus flagrantes de ce drame. - On va chercher, comme notre intervenant, des problèmes de culpabilisation, ou je ne sais quoi, j'avoue que je n'ai pas bien compris son problème car, à partir d'un certain moment, il arrive que l'envie vient à vous manquer. Peu importe. - Cette simple remarque montre déjà comment très rapidement on parvient à s'éloigner des objets ou des thèmes de réflexion pour tomber dans les questions personnelles, si prisées de nos jours, avec l'effet d'occulter ce dont il s'agissait au départ de la réflexion. - Désireux de sauver les apparences d'un congé normal, je vous salue bien bas !

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Commentaires

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VOUS AVEZ RAISON SK! Le marche des matières premières aux USA est hélas un casino de spéculations effrénées .....

Écrit par : olivier | 26 octobre 2013

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La financiarisation de l'économie, je dirais (Et pas que les Etats-Unis, en conséquence).
Ce que vous désignez par "terrorisme économique" est un système multiséculaire: le capitalisme. La spéculation étant dopée et surmultipliée par la rapidité des achats/vente via internet et le transfert "en temps réel" des capitaux
Les Etats et firmes qui achètent des terres arables dans divers pays en cessation d'alimentation sont ceux et celles des pays du N., de la Russie, de la Chine et des émergents. La course à la terre pour le productivisme d'une part, la spéculation sur les prix entre producteurs, d'autre part, et la sauvegarde des "producteurs intérieurs" (et encore...), voilà le schéma.

"Et puis après? est-ce que tu t'imagines qu'on peut gouverner innocemment?" (JP Sartre)

Écrit par : talweg | 26 octobre 2013

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ah oui, et , sans rien pouvoir changer à ces terribles réalités, j'ai quand même au moins modifié depuis des années mon écosystème personnel; le fait d'être étranger ici a accentué ma tendance à changer de vie car ça a favorisé des rencontres que je n'aurais pas eues, autrement.
(Sobriété volontaire, aucun travail autre qu'en cdd (rien qui engage) et solidarité avec ceux qui m'entourent afin d'éviter des échanges qui nous échapperaient et nous rendraient complices de ce système. Mais je sais (après des années idéalistes)que ça ne va rien changer au cynisme global. Je vous dis ça parce que selon moi, tant qu'on ne change pas soi-même sa manière d'être au monde, on ne fait rien, on prend sa part (=on participe), ce qui est déjà trop.)

So long.

Écrit par : talweg | 26 octobre 2013

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SK,

L'essentiel demeure hélas là, la spéculation financière sur les denrées de base essentielles à la planète : le riz, le blé, le maïs.
Ce sont en priorité les populations les plus pauvres et les plus désarmées qui font les frais de ce capitalisme financier mondial débridé.

Si le simple fait de pointer ce gravissime problème n'est plus interprété qu'avec les lunettes de l'idéologie, - idéologie de gauche bien entendu (anti-capitaliste pour raison idéologiquement uniquement (re) bien entendu) -, il y aurait de quoi désespérer, non plus seulement Billancourt, mais toute étude économique un peu rigoureuse...et par exemple, des "Economistes atterrés" qui ne sont plus alors que d'affreux staliniens recyclés, ou - à peine plus "soft" désormais dans une certaine doxa qui en est tout à fait revenue des idéaux de gauche -, des "altermondialistes" !

Mais, ouf, ce n'est pas cette petite blogosphère (ni l'un ou l'autre de ses pseudo leaders) qui font et défont le réel à tenter de transformer pour un meilleur (des autres).

Merci à Jean Ziegler de poursuivre son travail, et à vous, SK, d'exister sur cette blogosphère !

Écrit par : plumeplume | 28 octobre 2013

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vendredi 18 octobre 2013

Retour sur la montée du Front

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A ce stade de l'histoire (6 octobre 2013), la France entière s'émeut, alertée par les fils d'actualité, les articles de presse, les réseaux sociaux et tout le tuttim. - Réagissant à l'avalanche de papiers froissés dans un pin-pon généralisé, je me sens moi-même interpelé [ici]. - Mais que s'est-il donc passé ? Sur 20.728 personnes appelées à voter, 13.815 se sont abstenues, ce qui montre déjà l'intérêt colossal suscité par cette élection au pays de l'olive et du grillon. Et sur les suffrages exprimés - 6913 ! - le Mr Nobody qui une semaine plus tard sourira jusqu'au front devant toutes les caméras de France et de Navarre en recueille... 2718 ! - Bien sûr, s'empresse-t-on de comptabiliser, il faut y ajouter ceux qui se portent sur le "dissident" FN (qui n'a simplement pas voulu céder sa place à l'autre), soit 612 voix, ce qui donne le score formidable de 3330 voix, un peu moins de la moitié des suffrages exprimés, mais seulement 16% des inscrits. Les statisticiens, fétichistes des chiffres, vont dire qu'il ne faut pas calculer comme ça. Moi, je leur réponds que si j'étais frontiste, je serais allé voter, maniaque ! - Fin du premier acte.


mercredi 9 octobre 2013

La Montée du Front

En 2002, le système électoral français a connu son point de rupture, et Jacques Chirac a été élu à la manière d'un président de république bananière. Avec 82% des voix.

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Depuis, on se méfie. Alors qu'il suffirait de changer ce système électoral qui accorde un pouvoir immense à un seul homme sans aucune soupape de sécurité, aucun fusible démocratique. Du coup, pendant cinq ans, le pays est impuissant. Et, à un niveau simplement psychologique, tout sentiment d'impuissance risque de se décompenser en délire de toute-puissance, comme on peut le constater à l'occasion chez le troll lambda, le blogueur haineux ou le frontiste de base.


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samedi 5 octobre 2013

Point d'interrogation

Je ne sais pas si cela vous arrive : Se remettre soi-même en question, interroger ses certitudes. Se dire au besoin : Mais qui est ce personnage que j'incarne ? D'où m'est-il venu ? Pourquoi faut-il que je joue toujours le même rôle ?


Heureux acteurs : Ils changent de peau à loisir ! Et, lorsqu'ils sont très demandés, ils choisissent leurs rôles ! Et, lorsqu'ils sont très bons, ils choisissent des rôles très différents.


Par rapport à eux, nous ne sommes que de pauvres emplois.


Rilke écrit [je traduis] :


L’ai-je déjà dit ? J’apprends à voir - oui, je commence. Ça fonctionne encore mal. Mais je compte bien utiliser mon temps.
Et
je n’ai, par exemple, jamais pris conscience du nombre de visages qui existent. Il y a un grand nombre de gens, mais bien plus de visages encore, car chacun en possède plusieurs. Voilà des gens qui portent un visage des années durant ; il s’use bien sûr, il se salit, il se casse au creux des rides, il s’élargit comme un gant que l’on a porté au cours d'un voyage. Ce sont des gens simples, économes ; ils n’en changent pas, ils ne le font même pas nettoyer. Il fait l’affaire, assurent-ils, et qui peut leur prouver le contraire ? Comme ils ont plusieurs visages, la question se pose cependant : que font-ils des autres ? Ils les conservent. Leurs enfants doivent les porter. Mais il arrive également que leurs chiens sortent avec eux. Et pourquoi pas ? Un visage est un visage.
D’autres gens enfilent leurs visages incroyablement vite, l’un après l’autre, et ils les usent. D’abord, il leur semble qu’ils les possèdent pour toujours, mais ils ont à peine quarante ans qu'ils en sont déjà au dernier. Bien entendu, cela ne va pas sans un certain tragique. Ils ne sont pas habitués à ménager les visages ; leur dernier est cuit en huit jours, il a des trous, en de nombreux endroits il est fin comme du papier, et peu à peu le support se révèle, le non-visage, et ils se promènent avec ça.


Rainer Maria Rilke : Les Carnets de Malte Laurids Brigge (1910)

jeudi 3 octobre 2013

Aux crabes et aux langoustines

Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné
Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné
Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné


Heureusement qu'il y a le copié-collé pour les punitions.


Le crabe, on le sait, marche à reculons. Et la langoustine est un plat de luxe. Les deux se retrouvent souvent dans le même panier. Voilà pour le titre. Le reste aussi sera hermétique.


Hermétique, c'est quand t'arrives pas à ouvrir ton huître, eh loufiat !


Le type à côté de moi est bourré comme un coing. Il en a marre. Et il le dit :


- J'en ai marre !


Je ne lui demande pas pourquoi. Il en a marre. D'ailleurs, il explique :


- C'est la merde !


Je le regarde. Il est plutôt bien habillé. Un peu démodé, peut-être. Rasé de près. Abonné chez le coiffeur. Mais quelle haleine fétide :


- C'est la merde !


Je regarde le panneau d'affichage. Mon train a une heure de retard. Celui du type semble parti depuis longtemps. A présent, il lève des yeux vitreux sur moi :


- Vous ne trouvez pas, Monsieur ?


Je fais mine de ne pas entendre. Moi aussi, j'en ai marre. De ces gens qui n'ont rien fait de leur vie. Rien fait pour changer les choses qu'ils déplorent. J'en ai marre de leur trouver des excuses. Avant, je discutais avec eux. J'essayais de comprendre. J'étais sans doute moi-même une de ces larves. Aujourd'hui, je change de trottoir.