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dimanche 6 mai 2012

Résultats de la Présidentielle 2012 en France

Il faut attendre 20h pour le dire en France : Le 6 mai 2012, François Hollande (PS) a été élu président de la République Française. - Les résultats détaillés suivront dans un instant.

Et voici une première dépêche AFP (via Le Soir, 18h53, publiée ici à 20h précises, conformément à la législation française) :   
Le socialiste François Hollande a été élu dimanche président de la République, recueillant entre 52 et 53,3% des suffrages au second tour de la présidentielle, d'après les estimations de quatre instituts de sondages. - Selon les instituts CSA, TNS Sofres et Ipsos, le candidat PS a obtenu 52% des voix contre 48% à son rival UMP, le président sortant Nicolas Sarkozy. Les estimations de Harris Interactive variaient entre 52,7 et 53,3% en faveur du candidat socialiste.
Un peu après 19h, France 2 communique le chiffre de la participation : 79,90% prévu par Ipsos (82% pour CSA, selon Le Monde). Au second tour de la Présidentielle 2007, 83,97% des inscrits étaient allés voter. Selon le ministère de l'Intérieur, la participation était de 71,96% ce 6 mai 2012 à 17 heures (contre 70,59% le 22 avril à la même heure).

A 19h34, le Live du Monde ne laisse plus beaucoup de place au suspense :
TULLE : Un à deux milliers de partisans de François Hollande sont réunis sur la place de la cathédrale à Tulle dans l'attente du discours de leur favori, dont ils anticipent la victoire. - "François, président !" et "On a gagné ! On a gagné !", lançaient quelques militants massés devant l'estrade montée pour l'occasion où doit s'exprimer le député de Corrèze après l'annonce des résultats à 20 heures. - Les partisans du socialiste avaient commencé à se regrouper en fin d'après-midi à Tulle, ville dont François Hollande a longtemps été maire, pour fêter la victoire espérée de leur favori. François Hollande devait les rejoindre pour une courte allocution avant de rejoindre l'aéroport de Brive, pour s'envoler vers Paris et rejoindre la Bastille, le lieu où il espère fêter, avec ses amis socialistes et ses partisans, sa victoire.

A 20h précises, Le Monde et France 2 donnent François Hollande gagnant avec 51,9% des voix (estimation Ipsos). Le visage du nouveau Président de la République Française apparaît sur l'écran de la chaîne publique.

Peu après, le président sortant fait ses adieux à la Mutualité de Paris.



Une heure plus tard, le nouveau président prononce son premier discours à Tulle.



21h15 - Courrier international poste (via Le Monde) : 
VU DE RUSSIE - Joint par Courrier international, Andreï Gratchev, politologue russe, en France depuis vingt ans, ancien porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev et correspondant pour différents médias russes : "C'est un commentaire autant personnel que politique que j'ai envie de faire, car en 1981 je me trouvais rue de Solferino lors de la victoire de François Mitterrand. Certes la situation, la France, l'Europe et le monde sont différents. Les Français ont choisi l'espoir, l'espoir du changement, qui se traduira par un président plus digne et plus en harmonie avec la société française pour aborder les prochaines épreuves liées à la crise. Nicolas Sarkozy a été victime de la crise, mais aussi de son propre manque de constance et de concentration. Il fut un gestionnaire plus qu'un porteur de projet. Il en a payé le prix. C'est plus contre lui que pour François Hollande que les Français ont voté."

21h40 - Le Monde donne une nouvelle estimation Ipsos affinée : François Hollande à 51,7%, Nicolas Sarkozy à 48,3 %.

22h10 - Le Monde résume l'intervention de Lionel Jospin sur le plateau de France 2 à propos du nouveau président : "Quand je l'ai appelé auprès de moi en 1995, il n'était pas un de mes proches, mais j'étais saisi par son talent. Et de 1995 à 1997, nous avons découvert que nous aboutissions souvent aux mêmes conclusions politiques. En 1997, il était donc pour moi le meilleur pour diriger le Parti socialiste. Et il était ensuite totalement associé au gouvernement." Et sur la victoire de la gauche : "Non ce n'est pas une revanche, mais un accomplissement. (...) Le score serré ce soir me fait penser que cette élection est plus normale que la victoire de Mitterrand en 1981. Mais la situation et le contexte sont également plus exceptionnels. Sans doute François Hollande est-il plus conscient de la crise qui s'abat sur l'Europe. Et je pense qu'avec les thèmes que le président sortant a, dans sa campagne, essayé de faire surgir des tréfonds de l'opinion française, les Français se sont dit : il vaut mieux François Hollande, plus simple, plus normal, et une politique plus équilibrée." - Les qualités de François Hollande : "c'est une très vive intelligence, quelqu'un qui n'est pas tourné vers lui. C'est un calme. Un très bon économiste. Et un homme qui saura rassembler, et qui ne concentrera pas tous les pouvoirs dans ses mains, au risque de l'impuissance." Quant à ses défauts : "un président de la République qui vient d'arriver n'a pas de défauts."

22h40 - Après avoir annoncé 51,1%, France 2 remonte le score de François Hollande à 51,26%. Puis on s'accorde à nouveau sur 51,7%.

Vers 23h, l'AFP (via Le Point) attribue 51,56% au nouveau président. Et l'agence précise : La participation s'établirait autour de 81%, selon les instituts de sondages, taux inférieur au second tour de la présidentielle de 2007 (83,9%) mais supérieur à celui du premier tour de 2012 (79,5%).

Après dépouillement, le chiffre officiel de 51,67% met tout le monde d'accord. On le compare aux 51,76% de François Mitterrand en 1981. Demain, la France se lèvera du pied gauche.


Enfin, à minuit passé de vingt minutes, François Hollande arrive à la Bastille :



Le lendemain, lundi 7 mai 2012 vers 11h, le ministère de l'Intérieur annonce le chiffre définitif : 51,62% (18.000.438 voix) pour François Hollande et par conséquent 48,38% (16.869.371 voix) pour Nicolas Sarkozy. Soit 34.869.809 suffrages exprimés et une différence de 1.137.067 voix en faveur du président élu. Sur un électorat potentiel de 46.073.165 personnes, 2.147.173 électeurs ont voté blanc ou nul (4,66% des inscrits, 5,8% des votants), tandis que 9.056.183 inscrits se sont abstenus (19,66% contre 20,7% au premier tour et 16,03 % au second tour de la Présidentielle 2007).

jeudi 3 mai 2012

[Débat] Le débriefing de Hollande (3 mai 2012)

François Hollande (PS) répond aux questions de Patrick Cohen (France-Inter - 3 mai 2012)


François Hollande répond aux auditeurs de France-Inter.

[Vidéo] Hollande-Sarkozy : Le Débat (2 mai 2012)

François Hollande (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP) se sont rencontrés ce 2 mai 2012 pour le traditionnel débat de l'entre-deux-tours modéré par Laurence Ferrari (TF1) et David Pujadas (France 2).

1 - OUVERTURE

2 - MILIEU DE PARTIE

3 - FIN DE PARTIE

dimanche 29 avril 2012

Hollande à Bercy (29 avril 2012)


Discours de François Hollande au meeting de Paris-Bercy (29 avril 2012)

samedi 28 avril 2012

La lettre de M. Bayrou et les réponses de MM. Hollande et Sarkozy

La lettre de François Bayrou 

  [adressée mercredi 25 avril 2012 aux candidats du second tour de l'élection présidentielle]

"Vous participez au second tour de l’élection présidentielle. Il me paraît normal de vous rappeler ce qui a été essentiel pour les plus de trois millions d’électeurs qui m’ont apporté leur suffrage au premier tour.

Le premier élément crucial pour eux et pour moi aura été la vérité sur la situation du pays, la prise en compte de la réalité des faits.

Je ne crois nullement que la crise financière soit derrière nous. Je pense au contraire que la crise est devant nous, et qu’elle sera très dure. Je pense que les déficits, commerciaux et budgétaires, qui s’accumulent pour notre pays menacent à court terme notre modèle social et que la multiplication des promesses non financées aggravera encore ce risque.

Et parce que nous allons vivre ces moments difficiles, l’attitude personnelle des gouvernants comptera beaucoup. C’est une question de valeurs, personnelles autant que politiques. Depuis des années, c’est la violence des attitudes et des mots, la guerre d’un camp contre l’autre, la complaisance à l’égard des extrêmes qui caractérisent notre pays. Le refus de la violence perpétuelle dans la vie politique, les valeurs de respect des sensibilités différentes, la reconnaissance du pluralisme, la recherche de l’équilibre, sont la condition nécessaire à l’esprit d’unité nationale dont nous aurons besoin face à la crise.

C’est ainsi, et seulement ainsi, par la vérité et l’unité que la France pourra regarder en face les conditions de son redressement. Et d’abord de son redressement financier. Or la recherche de l’équilibre des finances publiques n’est obtenue dans vos deux projets que par l’affichage d’une croissance impossible à court terme. Je vous demande instamment de réfléchir à ce péril et d’envisager des mesures crédibles pour l’écarter s’il est encore temps.

Pour moi, la décision constitutionnelle, inscrite dans le traité européen, de renoncer pour l’avenir aux facilités du déficit, du moins en période de croissance, la « règle d’or », doit s’imposer à tous les pays qui ont l’euro en partage. Non pas pour faire plaisir aux « marchés », ou à « Bruxelles », mais parce que c’est le seul moyen d’éviter pour la France et les Français, particulièrement pour les plus fragiles, la catastrophe sociale qui s’annonce.

La France s’est construite depuis la guerre autour du modèle social né du Conseil National de la Résistance. Nous y tenons, non pas comme à une tradition, mais comme à notre principale aspiration nationale. Nous le regardons non pas comme notre passé, mais comme notre avenir. Nous savons qu’il devra se réformer, mais dans la justice et la solidarité. Or c’est dans le concret de la vie de tous les jours que justice et solidarité risquent d’être menacées.

La sauvegarde de notre modèle social et de services publics impose de restaurer et de développer fortement notre appareil de production. La France est, Grande-Bretagne exceptée, le seul des grands pays européens qui connaisse l’effondrement de son commerce extérieur. Ce n’est pas viable. Pourtant, nous avons d’immenses marges de progression, et donc de création d’emplois durables, de ressources pour les familles.

C’est là que va se gagner ou se perdre le combat de notre avenir national, en particulier dans la recherche de stratégies nationales de production, filière par filière. Une évolution de la démocratie sociale dans l’entreprise est aussi un élément crucial de ce redressement. La représentation des salariés, avec droit de vote, au conseil d’administration des grandes entreprises, sera un signe déterminant en ce sens.

La crise de l’éducation en France est un enjeu du même ordre. La situation de l’école, notamment à l’école primaire et au collège, ne peut être acceptée. Des centaines de milliers d’enfants voient leur avenir barré faute de se voir garantir les acquis nécessaires, maîtrise de l’écrit, du chiffre, de la langue. Faute de consacrer à ces fondamentaux le temps scolaire indispensable, les inégalités sociales se perpétuent et s’aggravent dans cet échec. Ce combat national oblige à un nouveau contrat entre l’école et la nation, qui touchera à la question des pratiques, de l’organisation, du développement de l'alternance et de l’apprentissage, aussi bien que des moyens.

La moralisation de la vie publique, le changement des pratiques du monde politique représentent une attente des citoyens dont vous ne pouvez ignorer la gravité. L’interdiction du cumul des mandats pour les députés, la diminution du nombre des parlementaires, le renforcement de la parité hommes femmes, le changement de loi électorale pour assurer la représentation des grands courants d’opinion, en tout cas de ceux qui atteignent 5 % des suffrages, à l’Assemblée nationale, au sens le plus large la garantie du pluralisme, la consécration de l’indépendance de la justice, le renforcement de l’indépendance des médias, l’assainissement du financement de la vie politique, la lutte contre la corruption et la prise illégale d’intérêts, tout cela est urgent. Les deux partis que vous représentez ont souvent pris des engagements, mais jamais ils ne sont allés plus loin. Je crois que cette moralisation est vitale pour que la confiance revienne entre citoyens et élus. Seule la voie référendaire permettra de les imposer à un monde politique qui n’a guère envie de voir changer les règles d’un jeu qui lui convient.

L’Europe a été durement attaquée pendant cette campagne. On lui a fait porter tour à tour la responsabilité de l’immigration et celle de l’absence de croissance. Je veux vous dire que pour nous, il est impossible d’envisager notre avenir national sans projet européen. L’Europe n’est pas seulement notre horizon : le jour où elle existera vraiment, elle sera notre seule arme politique et économique efficace dans la tourmente mondiale. L’Europe souffre aujourd’hui d’absence de gouvernance, de transparence et de lisibilité. Ce n’est pas avec moins d’Europe que la France s’en sortira ! C’est avec une Europe plus forte, plus solidaire, plus lisible, donc plus communautaire. Dans cette perspective, les renforcements de la zone euro, comme de l'espace Schengen, sont une étape prioritaire.

Des millions de Français partagent ces valeurs et ces préoccupations. Ils seront, je n’en doute pas, attentifs aux orientations qui seront les vôtres sur ces questions durant la campagne du deuxième tour.

Je vous prie de croire à l’assurance de mes sentiments cordiaux."

mardi 24 avril 2012

[Note] L'entre-deux-tours

Très récemment, N. Sarkozy a fait savoir qu'il souhaiterait trois débats de second tour. Or, F. Hollande n'en acceptera qu'un seul (sans doute le 2 mai 2012), comme c'est d'ailleurs la coutume sous le régime présidentiel de la 5e République. Sans doute le président sortant accorde-t-il un caractère décisif à cet exercice médiatique, ou plutôt : puisqu'un effet déterminant de ces rituels duels télévisés sur la décision finale des électeurs n'a pu être détecté par les analystes, N. Sarkozy espère peut-être inverser une tendance qui lui est actuellement défavorable avec une triple couche de personnalisation médiatique.

Et voilà autre chose : au nom du "vrai travail", le président sortant en appelle bien intempestivement à un "grand rassemblement" le 1er mai, n'en déplaise aux nationalistes rassemblés autour de la statue de Jeanne d'Arc et aux syndicalistes qui défilent traditionnellement pour la Fête du Travail. - Le vrai travail ? Écoutons l'orateur de Saint-Cyr (Indre-et-Loire, lundi 23 avril 2012) :
Alors, on me dit : Mais qu’est-ce que c’est le vrai travail ? Je vais vous expliquer ce que c’est que le vrai travail. C’est celui qui a construit toute sa vie sans demander rien à personne. Il s’est levé très tôt le matin, couché très tard le soir, qui ne demande aucune félicitation, aucune décoration, rien. C’est celui qui a commencé tout en bas, qui s’est hissé le plus haut possible et qui se dit je veux que mes enfants puissent vivre mieux que moi et commencer plus haut que moi. Le vrai travail, c’est celui qui se dit, oh, je n’ai pas un gros patrimoine, mais le patrimoine que j’ai, j’y tiens, parce qu’il représente tellement de sueurs, tellement de milliers, de milliers d’heures de mon travail, tellement de peines, tellement de sacrifices, tellement de souffrances ! Ce patrimoine-là, on ne me le volera pas parce que c’est le mien ! C’est celui de ma famille ! J’ai trimé pour ce patrimoine-là et je n’ai pas l’intention de m’excuser d’avoir construit cette vie ! C’est ça le vrai travail ! - Le vrai travail, c’est celui qui dit, toute ma vie, j’ai travaillé, j’ai payé mes cotisations, j’ai payé mes impôts, je n’ai pas fraudé, au moment de mourir, je veux laisser tout ce que j’ai construit à mes enfants, sans que l’Etat vienne se servir en mes lieu et place ! Le vrai travail, c’est celui de cet homme ou de cette femme qui a sacrifié tant de fois ses week-ends, tant de fois ses vacances, simplement parce qu’il avait un souci, simplement parce qu’il voulait faire le mieux possible ce qu’il avait à faire. Le vrai travail, c’est celui qui a mis un genou à terre, qui a connu des problèmes, qui a connu l’échec et qui, quand on a connu des problèmes et connu l’échec, s’est dit, c’est d’abord moi qui vais m’en sortir, je vais m’en sortir par mon effort, par mon mérite. Parce qu’au fond, ma souffrance, j’ai trop de fierté pour l’étaler devant les autres. Le vrai travail, c’est celui qui est exposé à la concurrence, c’est celui qui, s’il ne va pas à son travail, il n’aura rien, s’il ne se donne pas du mal, il n’aura rien, s’il n’y va pas lui-même, il n’aura rien. C’est celui qui connaît la crise, parce que quand il y a la crise, il est pénalisé, par le chômage partiel, par le carnet de commandes qui diminue. Le vrai travail, c’est celui qui, malheureusement, n’est pas protégé de toutes les crises, de toutes les difficultés. J’ai envie que cette France qui travaille se rassemble à Paris le 1er mai et j’ai envie de lui parler de notre conception du travail !

samedi 7 avril 2012

[Note] Hollande - Sarkozy : Fragments d'un double discours

Je viens d'écouter le discours de François Hollande tenu à Mont-de-Marsan le 29 mars 2012 et celui de Nicolas Sarkozy prononcé à Caen le 6 avril 2012. Le choix de ces adresses publiques - mises en ligne ici-même à titre d'information - est un peu le fruit du hasard : si les exercices oratoires de N. Sarkozy sont nombreux sur son site de campagne, ceux de F. Hollande sont plus rares ; j'ai donc choisi le plus actuel de l'un (6 avril - 70'56") et le plus récent de l'autre qui ait une durée quelque peu comparable (29 mars - temps réel 52'40").

Avec une diffusion apparemment inégale des différents discours tenus par les deux candidats, le premier point de cette petite analyse comparative concerne la production de ces deux documents de campagne. La vidéo de Caen a été tournée avec une multitude de caméras, un grand nombre dirigées sur le public : gros plans sur la jeunesse sarkozyste et le public enthousiaste, plans larges sur les drapeaux agités dans la salle. Montage dans les règles de l'art, bande son impeccable. - Toute différente la vidéo de Mont-de-Marsan : plan fixe sur l'orateur, sous-titrage et traduction simultanée en langage des sourds. Aucun montage apparent, bande son légèrement saturée ...

Les vidéos montrent clairement que le show est du côté de N. Sarkozy qui met en œuvre une campagne à grand spectacle, dont le coût énorme avec, par exemple, l'envoi de plusieurs millions d'exemplaires de sa Lettre aux Français de 35 pages, peut faire réfléchir dans le cadre des procédures en cours. La production plus modeste de F. Hollande, qui renonce aux effets cinématographiques, comporte cependant un plus avec les traductrices en langue des signes et le sous-titrage en direct. Il veut être entendu : parfois à la limite de l'extinction, sa voix rauque qui scande un discours combattif contraste avec le registre de N. Sarkozy qui alterne le ton léger de la causerie mondaine et la gravité apparemment réclamée par la crise.

Comme l'exige le genre, la forme du discours est résolument polémique, les deux candidats utilisant ici avec prédilection l'ironie portant sur les déclarations et les propositions de l'autre, qui est donc implicitement désigné comme le principal rival : ainsi, par procuration, on assiste à une sorte de dialogue - ou, au choix, de non-dialogue - entre les deux politiciens. F. Hollande a ici l'avantage de pouvoir se référer au bilan du quinquennat écoulé, alors que N. Sarkozy l'utilise au contraire pour faire valoir son expérience de la fonction présidentielle, dont il retient les points qu'il juge positifs.

dimanche 1 avril 2012

Mélenchon - Hollande : L'état de la Gauche

Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon écrit samedi, 31 mars 2012, à l'entrée Face à l’artillerie lourde (caractères gras ajoutés) :
Vous avez noté, bien-sûr, comment depuis quelques semaines, les intentions de vote pour le Front de Gauche relevées par les sondages sont à la hausse. Cette fois-ci cela correspond à ce que nous observons de toute part dans le pays avec nos propres instruments de mesure. La marche sur la Bastille et sa première réplique à Lille en attestent. Je n’en dis pas davantage. Cette situation déchaîne contre moi un ouragan de tirs tendus. Les arquebusiers les plus divers du Front National aux Verts en passant bien-sûr par les socialistes et l’UMP sont montés au feu. Je vois bien que cela énerve ! J’en dis le fond des raisons.
Après des développements sur le malaise dans les lycées professionnels et un paragraphe sur l'association pour le "droit de mourir dans la dignité", le politicien semble en venir à ce fond :
Inutile, je suppose, de dire de nouveau combien le traitement médiatique de la campagne dans la presse écrite peut être décevant. Je parle de la presse écrite car c’est d’elle dont on attend recul et arguments par rapport à l’instantané du média audiovisuel. En réalité, à l’heure actuelle, l’audiovisuel est beaucoup plus factuel qu’une bonne partie de l’écrit. Je n’en juge pas en général mais au cas particulier qui me concerne. Pour l’humour de situation je veux souligner un événement d’un genre nouveau. Il s’agit du traitement du meeting de Lille. A peine avions nous donné le chiffre de la participation que la journaliste du Figaro « tweetait » de tous côtés des persiflages. Du journalisme pro actif en quelque sorte ! Aussitôt les deux autres faces de l’Everest médiatique parisien firent écho. Car la confraternité est plus importante que les faits. C’est donc une première qui a eu lieu. Elle ridiculise les fabricants de faits. Car cette fois-ci la police a… compté. Il y a donc trois chiffres. Celui des organisateurs : 23.000. Celui de la police, reproduit par toute la presse locale : 20.000. Et le chiffre du journal « Le Monde » : 10.000 ! Ah les braves gens. Et, bien sûr, objectivité oblige, le « reportage » avance le chiffre des « organisateurs » pour mieux souligner l’absurde exagération. Manque de chance pour ce type de manipulation, le chiffre de la police (un ramassis de bolcheviks à la solde du Front de Gauche ?) souligne au contraire que nous n’exagérons pas. Mais cet amusant ridicule nous instruit. Il nous rappelle combien le nombre des participants est un enjeu politique. Je ne parle pas de ce qu’en dit la presse parisienne. Cela n’a pas d’impact sur notre trajectoire comme on le voit à notre succès après qu’elle a tant fait pour nous nuire ! Je parle de la perception qu’en ont ceux qui en reçoivent le choc. Car il s’agit d’un choc. Le sentiment de la force décuple la force. La perception du rapport de force fait partie du rapport de force. Et c’est bien pourquoi on reconnaît nos ennemis à cette crispation qui les conduit à nier les faits jusqu’au ridicule !
Un peu plus bas, l'intention d'y venir est clairement annoncée :
Car le fond de l’affaire est le suivant. Tant que Le Pen est troisième, la chanson du vote utile peut être passée en boucle. L’univers politique des quinze dernières années continue à ronronner avec ses rentes de situation et ses positionnements convenus ! Dès qu’elle n’y est plus, le verrouillage des deux premières places saute. Et les suivants de la file sont mis au pied du mur tout aussi fortement ! Dans cette manœuvre, la première bénéficiaire, madame Le Pen, prend toute sa place et vocifère avec le reste de la meute. Et alors apparaît l’incroyable. Il est frappant de constater que les arguments de madame Le Pen et de nombre de mes détracteurs sont les mêmes. Notamment lorsqu’ils utilisent le registre grossier d’un anticommunisme nostalgique de la guerre froide. Chavez, Cuba, le Dalaï Lama sont ainsi régulièrement convoqués à la barre des témoins de mes turpitudes, sans oublier Pierre Lambert et mes trois ans de trotskisme actif il y a quarante ans de cela ! Cécile Duflot y ajoute de touchante remarque sur mon âge avec les mots de l’élégance qui la caractérise.
Pour ceux qui resteraient sur leur faim, le politicien mène ensuite une attaque frontale contre le Parti Socialiste et son candidat François Hollande, après s'être étonné que sa montée dans les sondages ne s'accompagne jamais d'une baisse de son rival à gauche, ce qu'il interprète comme une "propagande manœuvrière" :
Au PS c’est la confusion face à ma candidature. Car notre percée effondre le beau plan stratégique de départ. Que faire, se demande-t-on dans le bureau du tout puissant Manuel Valls qui dirige tout ? Car pour celui-là, nous sommes un danger. Du coup, depuis quarante-huit heures, faute d’idées ou de programme à défendre c’est une suite ininterrompue d’agressions pleine de postures pontifiantes qui se succèdent. Plusieurs caciques me conseillent de « réserver les coups à Sarkozy ». Mais eux-mêmes font exactement le contraire avec moi dans des termes d’une violence incroyable. A vrai dire, pire que cela ne fut jamais aux heures les plus difficiles à gauche au cours des vingt dernières années. D’où vient cette perte de sang froid ? En voici la raison. Hollande ne peut rompre l’ambivalence de sa stratégie politique. Il comptait que nous serions quantité négligeable, obligés de voter sans discuter.
Or, comme le précise Jean-Luc Mélenchon un peu plus bas, contrairement à ce qui a été affirmé par Jérôme Cahuzac sur Public Sénat (le 27 mars) :  "il n'y a aucune négociation et aucun accord ni avec Hollande ni avec le Parti Socialiste. Cahuzac ment donc avec aplomb". Suivent des polémiques contre - ou lancées par - trois autres responsables socialistes, Gérard Collomb, Michel Sapin et "notre cher Arnaud Montebourg".

COMMENTAIRE

Les écrits restent. Avec Internet, on peut ajouter : les paroles aussi. Il est maintenant possible de déterrer tout et n'importe quoi pour faire argument. Y compris l'entrée du blog, qui vient d'être citée, quand son auteur l'aura déjà oubliée. Ou même effacée. - Dans ce contexte, certains ignorent peut-être encore - ou bien oublient un peu vite - que Jean-Luc Mélenchon a mené une carrière de trente ans au Parti Socialiste [wiki] :
Militant socialiste à partir de 1977, il est successivement élu conseiller municipal de Massy (1983), conseiller général de l'Essonne (1985) puis sénateur du même département en 1986, 1995 et 2004, enfin député européen en 2009 dans la circonscription Sud-Ouest. Il est ministre de l'Enseignement professionnel de 2000 à 2002, dans le gouvernement de cohabitation de Lionel Jospin. - Il fait partie de l'aile gauche du Parti socialiste jusqu'au congrès de Reims, en novembre 2008, date à laquelle il quitte ce parti pour fonder le Parti de gauche (PG).
Il n'y a pas à commenter ici la structure et le style de cet article : contrairement à beaucoup d'autres, Jean-Luc Mélenchon écrit lui même son blog, les articles sont souvent longs et les sujets présentés pêle-mêle, comme ils viennent à l'esprit dans cette écriture à chaud qui a, comme la plupart des autres productions du genre, un évident caractère polémique. On le comprend.  Car le politicien est en plein combat, et ce depuis un certain temps déjà - sa candidature ayant été annoncée en janvier 2011 - avant que sa campagne ne devienne cette réussite populaire qu'elle est certainement.

Or, au cours de ces élections - insistons sur le pluriel -, le premier tour des présidentielles sera suivi, non seulement d'un second, mais de législatives, où le Front de Gauche, pour avoir des députés, doit compter sur les désistements des candidats du PS.

Jean-Luc Mélenchon (né en 1951) était jeune militant socialiste en mai 1981, quand la victoire du Programme Commun respirait par moments l'espérance de mai 1968. - La France est décidément un pays de révolutionnaires romantiques, ce qui n'a rien de déshonorant. Mais il se trouve que le même romantisme des révolutionnaires allemands a pu, non seulement contribuer à la victoire du totalitarisme par absence d'accords électoraux, en novembre 1932, entre les sociaux-démocrates du SPD et les communistes révolutionnaires du KPD, mais encore conduire à d'étranges "grandes coalitions" gouvernementales entre SPD et la droite chrétienne-démocrate de la CDU, faute d'entente fédérale entre le SPD et Die Linke ("La Gauche"), l'équivalent du Front de Gauche en Allemagne. Toutefois, quelques alliances régionales couronnées de succès et la victoire commune à la mairie (au Sénat) de Berlin et dans le Brandebourg ont pu faire grande impression sur notre auteur, si je me souviens bien de son voyage dans la capitale allemande, relaté en termes dithyrambiques sur son blog. Or, depuis les élections de novembre 2011, cette alliance a vécu, et la ville est désormais régie par une ("grande") coalition CDU-SPD.

Alors, pour donner du poids à la "gauche de la gauche", son nouveau leader, s'il n'est pas présent au second tour, devrait appeler à voter Hollande et passer des accords avec les sociaux-démocrates dans la foulée. Car, en cas de réélection de l'actuel Président, les législatives, un mois plus tard, seront sans doute remportées encore une fois par la "majorité présidentielle", d'autant que la poursuite probable des polémiques à gauche, où chacun mettra la défaite présidentielle sur le compte de l'autre, desservira à la fois les candidats du Front de Gauche et du PS.

 En effet, avec le régime présidentiel en vigueur de ce côté du Rhin, la gauche ne peut même pas espérer une grande coalition. Mais en cas de victoire sur le fil du rasoir, l'actuel Président nommera très certainement un nouveau "gouvernement d'ouverture".

samedi 31 mars 2012

L'effet Flamby

En recherchant le surnom dont est affublé le candidat socialiste, je suis tombé sur une entrée de Wikipédia intitulée Effet Flamby :
L’effet Flamby est un phénomène internet qui se manifeste par l’augmentation considérable de la diffusion d’information ou de documents faisant l’objet d’une tentative de retrait ou de censure contenu dans un site mondialement connu notamment par la création de sites miroirs.
Il semble que l'origine du sobriquet serait plutôt à chercher du côté d'Arnaud Montebourg (PS) qui, en 2003, aurait déclaré : "Hollande, c'est Flamby". - Avec son sens de la formule déplacée, cet avocat de métier, qui vient encore d'associer ce matin Jean-Luc Mélenchon et Georges Marchais, après avoir marié la semaine dernière Angela Merkel et Bismarck, aime visiblement - cas de le dire - mettre les pieds dans le plat. A propos de Ségolène Royal qui, pendant la campagne 2007 partageait encore la vie de François Hollande, il avait affirmé : "Son seul défaut est son compagnon". On connait la suite.

Le problème avec ce genre de sorties, c'est qu'elles restent, à l'image des sobriquets qui sont réputés tenaces. Et la réduction extrême qui les caractérise efface, comme un effet pervers, tout le reste. A cela s'ajoute la réception, que l'émissaire du message est loin de pouvoir contrôler. Car la guignolisation de la vie politique, quelles que soient d'ailleurs ses intentions, a pour effet de dépolitiser les débats et donc de favoriser le status quo. C'est là le véritable "effet Flanby".

lundi 26 mars 2012

Sarkozy - Hollande : "Dialogue off"

Relevé hier sur le site du Parisien, cet échange par procuration entre les deux "principaux candidats" fait craindre le pire pour un éventuel "débat du second tour" entre les deux hommes. Éric Hacquemand écrit :
L'affrontement entre Nicolas Sarkozy et François Hollande monte dans les tours. En marge d'une rencontre organisée ce dimanche matin avec des élus corses à Bastia (Haute-Corse), le candidat socialiste à la présidentielle a estimé que Nicolas Sarkozy était « un chicaneur de cour de récré ». « Lui, c'est un chicaneur de cour de récré, confie Hollande. Tu me cherches, tu me trouves. Or il faut éviter la cour de récré. » Une façon de ne pas rester sur la défensive alors que le président sortant multiplie les critiques et railleries.

Dans des confidences faites à un journaliste du Monde et parues ce week-end, Nicolas Sarkozy a ainsi qualifié le socialiste de « nul ». «
Je vais gagner et je vais même te dire pourquoi, estime en « off » Sarkozy. Il n'est pas bon et ça commence à se voir. Hollande est nul ! Il est nul, tu comprends ? Royal, on peut dire ce qu'on veut, mais elle avait du charisme. Bien sûr tu gardes ça pour toi... ».
Une nouvelle étape dans la personnalisation du débat politique qui, dans ce petit "dialogue à distance", régresse à son niveau le plus infantile, confondant la cour de l’Élysée avec une cour de récré.