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dimanche 22 juillet 2018

L'apprenti sorcier


L’homme est imprévisible : il décrète une fin de non-recevoir, puis l’annule ; décide, puis révoque sa décision. L’homme est nerveux, arrogant, égocentrique : le président élu de la première puissance économique et militaire du monde n’a de toute évidence pas été briefé sur les prérequis du job. Or, il se pourrait que certains responsables n’aient pas jugé que ce soit utile : avec un énergumène pareil, ils pensaient plus facilement arriver à leurs fins. Car ceux qui croient encore au côté improvisé de cette présidence devraient rapidement revoir leurs copies. – Dans le reste du monde, les autocrates en fonction ou en herbe sont ravis : voilà quelqu’un qui déstabilise l’Occident et en particulier l’indolente Europe, voilà quelqu’un qui met de gros coups de pied dans la fourmilière, et c’est vrai que ça se met à grouiller dans tous les sens. On le sait bien : la stagnation, ce n’est pas bon pour les affaires. Il faut de l’action, ou plutôt : donner l’impression que ça bouge !

Il semble que désormais, notre monde puisse être déstabilisé par un message de 140 ou 280 signes, expédié par un potentat médiatique sur le réseau planétaire. Si tel est le cas, il n’y a plus qu’un petit pas pour que l’ordre mondial bascule dans le chaos. – Voici donc un pragmatisme aux conséquences imprévisibles, qui résiste à toute analyse : le paradoxe d’un « arbitraire intentionnel » visant le déséquilibre, la perturbation, le désordre. Alors l’idée s’impose qu’une stratégie se cache derrière cette incohérence fondamentale. Par crainte du chaos, on se prend en effet à défendre un ordre hypocrite, basé sur l’exploitation, l’inégalité, la destruction. Et le tour est joué.

vendredi 25 mai 2018

Nous sommes cernés !

Après l’avènement de Donald Trump outre-atlantique et le très probable "Brexit" à l'Ouest, l'évolution vers des régimes autoritaires en Pologne et en Hongrie, ainsi que l'état de suspension délétère en Tchéquie à l'Est, sans oublier la situation difficile, virtuellement explosive en Ukraine, deux nouveaux gouvernements potentiellement "eurosceptiques" et certainement "populistes" se mettent en place au Centre et au Sud-Est de l'Union :
  • En Autriche, la coalition entre les conservateurs de l'ÖVP (Österreichische Volkspartei) de Sebastian Kurz (actuel chancelier) et les populistes du FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs) de Heinz-Christian Strache (dirigé naguère par Jörg Haider) en décembre 2017.
  • En Italie, le "contrat" entre deux mouvements populistes a priori incompatibles, la Lega Nord réputée d'extrême-droite et le Movimento 5 Stelle (M5S), parti "anti-système" fondé par l'humoriste Beppo Grillo en 2009 qui vient d'imposer Giuseppe Conte à la tête du gouvernement italien (ce 23 mai 2018 > Le Monde) (*)
À cela, il faut ajouter les situations que l'on pourrait qualifier de "pat politique" des deux côtés du Rhin :
  • Lors de l'élection présidentielle française, la débâcle de la droite et de la gauche dites "parlementaires" au premier tour (23 avril 2017) a conduit à une situation comparable à la "catastrophe de 2002" avec la présence de Marine Le Pen au second tour (7 mai 2017). Deux éléments nouveaux cependant : D'une part la candidate du Front National a pu - malgré un désastreux débat télévisé de l'entre-deux-tours - sensiblement augmenter son score du premier tour (7.678.491 voix, soit 21,30 % des suffrages exprimés) en passant à 33,90 % (10,638.475 voix), un "exploit" que son père n'avait pas réussi face à Jacques Chirac en 2002 (17,79 % au second contre 16,86 % au premier tour). - D'autre part, on note la présence d'un "homme nouveau", qui avait certes occupé une fonction ministérielle sous la présidence de François Hollande, mais qui ne "représentait" aucun courant politique traditionnel ou "établi", et dont la candidature, puis l'accession au second tour, étaient déjà l'expression d'une désorientation considérable de l'électorat français après le désistement du Président Hollande et l'éclatement du Parti Socialiste, qui est également dû à la montée de l'extrême-gauche de Jean-Luc Mélenchon, et après les déboires de François Fillon, candidat des "Républicains" (Ex-UMP), qui a contribué à l'effondrement de ce parti de la droite parlementaire, si bien établi en France depuis la constitution de la 5e République en 1958.
  • L'élection du Bundestag allemand (24 septembre 2017) a également donné lieu à une situation inédite. La Grande Coalition sortante ("Große Koalition", "GroKo") entre les sociaux-démocrates (SPD) de Sigmar Gabriel et l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel avait clairement régressé (le SPD passant de 193 sièges en 2013 à 153 en 2017 et l'Union de 311 à 246 sièges, la "GroKo" ne réunissant donc plus que 53,4% des voix contre 67,2% en 2013). De plus, l'AfD (Alternative für Deutschland), parti populiste de droite voire d'extrême-droite, fait une entrée fracassante au parlement allemand avec 94 sièges sur 709 (soit 13,3%). Sous la conduite éphémère de Martin Schulz, le SPD refuse une nouvelle "GroKo" après l'échec de septembre 2017, et une coalition entre Les Verts, les Libéraux du FDP (qui fait également son retour au Bundestag) et la CDU est discutée pendant de longs mois pour finalement être mise en échec par la "sortie" de Christian Lindner (FDP). Dans la foulée, le Président fédéral Frank-Walter Steinmeier lance un appel aux chefs de parti afin d'éviter de nouvelles élections ; Martin Schulz abandonne alors la direction du SPD, et un nouveau contrat de "Grande Coalition" est négocié puis voté par la base du SPD et de la CDU / CSU (le "parti frère" de la CDU en Bavière). Après une période de "pat politique", l'Allemagne fédérale retrouve donc un gouvernement le 14 mars 2018 - soit tout de même presque 6 mois après l'élection du Bundestag ! - avec la réélection peu enthousiasmante d'Angela Merkel au poste de Chancelière fédérale (364 voix favorables sur 688 exprimées).