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lundi 7 septembre 2015

Social-démocratie (une mise au point)

En plein débat « droite-gauche », qui tend à se vider de son sens et être privé de tout rapport à la réalité par des discours extrémistes de plus en plus nombreux et fanatiques, il me paraît utile de rappeler quelques fondamentaux.



Il s'agit de comprendre que la social-démocratie est à la fois indispensable dans le système qui l'a vu naître le libéralisme, l'économie libérale, le « capitalisme » et impensable ou absurde en dehors de ce même système.

Le  capitalisme moderne a mis longtemps avant de prendre sa forme industrielle au 19e Siècle et donner naissance aux mouvements de contestation qui s'appelaient alors « socialistes » ou « communistes », dont l'objectif était de mettre fin au système d'exploitation « de l'homme par l'homme ». Quelques rappels peuvent illustrer sinon légitimer ces motivations (1) :

En 1832, les quatre personnes d'une famille ouvrière gagnent en tout avec les quatre salaires à peu près 760 francs. Les quatre salaires sont différents. Pour 300 jours de travail, le père ramène 450 francs au foyer. La femme, elle, travaille 200 jours pour une paie annuelle de 180 francs. Quant aux deux enfants, ils ne sont à l'usine que 80 jours [par an] pour un salaire de 65 francs chacun. Mais les salaires varient selon les régions. Le budget familial est divisé en fonction des besoins les plus pressants. Dans ces conditions, il est très difficile d'économiser car il n'y a jamais trop d'argent. Le salaire journalier pour quinze heures de travail se monte à deux francs pour un homme, à un franc pour une femme. Les deux enfants sont payés de 30 à 40 centimes selon leur âge.

Si quinze heures de travail quotidien (en 1832) sont déjà à la limite du supportable, les salaires versés ne peuvent se comprendre que sur la base du coût de la vie à cette même époque (2) : 

dimanche 16 novembre 2014

Il est interdit d'interdire

Un pied de nez à ceux qui prenaient cette célèbre formule au pied de la lettre : elle a bien été lancée par un éminent contestataire, mais si l'humoriste Jean Yanne l'avait créée au cours de l'un de ses dimanches radiophoniques du printemps 1968, il ne ressemblait pas vraiment à la caricature du sorbonnard qui prenait la pose sur les barricades du Quartier Latin.

Bien sûr, la formule n'a pu atteindre un tel degré de popularité qu'avec sa réception enthousiaste : écrite sur les murs ou scandée dans les défilés, elle a fait le tour du monde, portée par le vent de révolte qui animait les mouvements de jeunesse en cette fin des années 1960.

Ce n'est donc pas son caractère paradoxal qui permettra de démontrer l'incohérence des revendications d'alors. Car, même sans connaître son auteur ou la parodie à l'origine de la formule, ceux qui l'utilisaient – et notamment les étudiants – ne pouvaient pas ne pas voir la contradiction logique qu'elle recelait, illustrée par ce Crétois légendaire qui affirmait que tous les Crétois sont des menteurs.

« Il est interdit d'interdire » figure une histoire sans fin puisque la formule implique avec la même logique paradoxale qu'il est « interdit d'interdire d'interdire ». C'est l'histoire sans fin d'une jeunesse qui ne cesse de rappeler aux anciens en bravant leurs interdits que chacun doit faire ses propres expériences avant de comprendre qu'il n'avait rien compris.

samedi 27 septembre 2014

Brèves considérations sur la situation présente




Avec le 11 septembre 2001 le terrorisme s'est globalisé, en ce sens qu'il est apparu en direct et simultanément sur tous les écrans du monde, donnant à voir une action qui dépassait de loin toutes celles qui, jusqu'alors, pouvaient être qualifiées de « spectaculaires ».


Les initiateurs des attentats new-yorkais connaissaient parfaitement le fonctionnement des chaînes d'infos en continu : dix-huit minutes, la durée séparant les deux impacts, suffiraient aux télévisions pour braquer leurs caméras sur la Tour Nord et saisir « en direct » l'instant où le second avion percuterait la Tour Sud.


Ce qui se passe à présent est « différent » : si la prétention à la mondialisation de la terreur est intacte, ces exécutions de personnes innocentes sont destinées à être visionnées non seulement « en différé » mais également et surtout en cachette. On a certes tendance à penser que peu de gens vont s'infliger ce « spectacle », qui n'est pas repris par les canaux habituels : or, caché quelque part dans les souterrains de la Toile, il est néanmoins disponible à tout moment pour être « consommé » par les « amateurs » ou les apprentis de l'horreur. Et, devenu « viral », il résistera à toute tentative de retrait.


C'est ce dernier point qui est véritablement « nouveau » : tant qu'Internet existera, personne ne pourra rien y effacer définitivement, toutes les informations, tous les écrits, tous les documents audio-visuels y circuleront virtuellement jusqu'au bout de notre aventure cybernétique (1). Ainsi, ces vidéos continueront indéfiniment de tourner en boucle et, surtout, de représenter une sorte de « défi » pour les monstruosités à venir, qui voudront paraître plus « spectaculaires » encore que les précédentes. Il faut ajouter que ces documents de la terreur, frappés d'interdit, vont immanquablement attirer le très jeune public, qui est pour ainsi dire préparé - et maintenu dans un état constant de déréalisation - par l'industrie du divertissement (2).


***


samedi 12 juillet 2014

Mea Culpa






Je plaide coupable : pendant un mois, j'ai fatigué mes bienveillants lecteurs avec des notes sur le football, car une fois lancé j'ai ressenti le besoin de continuer moi aussi jusqu'en finale, stimulé par la beauté de certains matchs et la grande classe d'équipes comme les Black Stars et les Fennecs, Los Ticos et El Tricolor, les Diables Rouges et Oranje (0).

Mais je réclame également des circonstances atténuantes, car tout était parti d'une réflexion sur ce sport et sa "popularité". Or, il est évident qu'une analyse pertinente, et a fortiori une charge critique, réclament une connaissance intime de l'objet d'investigation : ainsi, je ne puis me satisfaire d'idées généralistes comme la "pourriture par le fric" ou la "commercialisation à outrance", qui s'appliquent un peu à tous les domaines constitutifs de nos sociétés ultramodernes.

Il s'agit donc d'abord de considérer les spécificités du football qui, avant de devenir l'actuel divertissement planétaire, a connu une grande popularité en Europe, en Amérique Latine et en Afrique, au plus tard depuis la première Coupe du Monde initiée par Jules Rimet en 1930.

Par ailleurs, il apparaît que le football simule une bataille, ce qu'il partage certes avec d'autres sports d'équipe (1), mais il importe cependant d'observer la manière dont l'affrontement est conduit : en principe sans toucher l'adversaire (2), en exécutant certains mouvements d'acrobate, voire de danse, qui constituent un moment très individuel, quasi artistique, au sein d'un jeu collectif relevant à la fois d'un ballet improvisé et d'une stratégie concertée.

Mais cela n'explique pas encore la popularité de ce sport, qui ne concernait d'abord que certaines régions du globe, ce mot de "popularité" étant ici à prendre au sens premier : en effet, il y avait - et il y a sans doute toujours - un véritable culte du football dans les milieux ouvriers et urbains, notamment en Angleterre, sa terre de naissance, où les générations partageaient ses histoires, mythes et légendes, tandis que les classes supérieures pratiquaient le cricket ou le polo. Car, comme le formule dès 1831 un élève de la très noble institution anglaise d'Eton dans ses mémoires :

« I cannot consider the game of football as being gentlemany; after all, the Yorkshire common people play it » (3). - Traduction proposée par Wikipédia : « Je ne peux pas considérer le football comme un sport de gentlemen ; après tout, le petit peuple du Yorkshire y joue. »

Un autre aspect est la simplicité des règles et l'absence d'accessoires : il suffit d'avoir un ballon, ou un objet de substitution, et quelques poteaux pour marquer les buts. C'est sans doute le plus puissant moteur de "popularisation" : tout le monde peut jouer au foot, et ce dans les endroits les plus improbables. - Chez les gamins, le côté acrobatique, le jonglage, le "beau geste" priment évidemment sur le jeu collectif, plus fondamental, auquel ils doivent s'astreindre en intégrant un club.

samedi 8 mars 2014

Le délire de l'origine

origine


Voici une petite anecdote qui m'a été transmise par un correspondant généalogiste, amené à faire des recherches sur une famille juive de Prusse orientale, un territoire actuellement situé en Pologne. Une histoire mouvementée que celle de la ville de Poznań (Posen) où différentes communautés vivaient ensemble dans une relative harmonie ou bien se combattaient violemment en fonction de la direction du vent. L'époque recherchée se situe avant la reprise en mains du territoire par les nationalistes polonais vers 1918 ou encore les exactions commises par les nazis allemands lors de la Seconde guerre mondiale. - Il se trouve que notre généalogiste connaissait ce nom de famille qui avait été porté au 17e Siècle par un Chrétien jouissant d'une certaine réputation, ce dont il ne manqua pas d'informer son client. La première réaction de celui-ci se voulait ferme et définitive : « Puisqu'il est chrétien, nous ne le considérons pas comme notre ancêtre. » N'en démordant pas, notre généalogiste évoqua la possibilité d'une conversion au Judaïsme effectuée par l'un des descendants. Apparemment bien informée, la fille du client prit le relais en affirmant que de telles conversions ne pouvaient pas exister puisque le Judaïsme n'est pas une religion prosélyte. Or le généalogiste, stimulé par une telle « impossibilité », commença à chercher des preuves qu'il finit par trouver : au milieu du 18e Siècle, un descendant s'était en effet converti à l'occasion de son mariage avec une jeune fille de religion juive. L'établissement de la filiation ultérieure n'étant plus qu'une formalité, mon correspondant s'empressa de soumettre, documents à l'appui, l'arbre généalogique « judéo-chrétien » à son client. Si ses honoraires tout à fait concurrentiels ont bien été versés, il n'a jamais réussi à obtenir une autre forme de retour...



samedi 11 janvier 2014

Trois néologismes fin-de-siècle

Le mot « antisémitisme » (*) - néologisme sans doute forgé par le journaliste allemand Wilhelm Marr en 1879 - exprime une hostilité envers le seul peuple juif, et non envers les peuples sémitiques en général, ce qui atteste déjà de son inconsistance sur le plan sémantique et plus avant de son caractère arbitraire, pragmatique et opportuniste (**).



On pose de nos jours une équivalence implicite entre le peuple juif et l'État d’Israël. Il faut pourtant rappeler que le premier existe depuis plusieurs millénaires alors que le second n'a été fondé qu'en 1948. Ce n'est pas exactement la même échelle de temps. Ainsi, du point de vue des
expériences historiques et des attitudes existentielles, il paraît difficile d'identifier ces deux univers : Diaspora ancestrale et création d'un État moderne.



Mais surtout, en parlant du peuple juif, on pense désigner un ensemble homogène : or, à côté de la distinction traditionnelle entre Ashkénazes (« Allemands ») et Séfarades (« Espagnols »), nous rencontrons des gens très divers, allant de ces personnes profondément religieuses et traditionalistes, à l'image de celles qui habitaient naguère les Städtle d'Europe orientale, aux athéistes modernes des grandes villes occidentales. En effet, la Diaspora s'est répandue aux quatre coins du globe, pour parfois s'assimiler, parfois garder sa tradition religieuse, parfois se regrouper en communautés, parfois s'en écarter résolument.


mardi 31 décembre 2013

"Le salut hitlérien inversé"

30 décembre 2013

Voilà le titre en gros caractères que je découvre aujourd'hui en ouvrant le très sérieux quotidien berlinois Der Tagesspiegel. Sur Internet, ce titre donne : Antisemitisme | "Quenelle" - Le salut hitlérien inversé de l'attaquant Nicolas Anelka. - La photo AFP est la même qui circule dans tous les tubes cybernétiques ;




Je vous traduis également le chapeau de l'article pour vous préciser la réception qui est faite outre-Rhin à ce théâtre de l'absurde politico-médiatique made in France :

La star de foot français Nicolas Anelka déclenche une vague d'indignation avec sa "quenelle“. Ce salut passe pour une sorte de signe de reconnaissance secret pour antisémites et extrémistes de droite.

samedi 28 décembre 2013

Incitation à la haine suffira...

Leurs méthodes, à regarder ces vidéos virales, sont terribles : ils se placent sur un pied d'égalité avec les plus hauts dignitaires de la République, les tutoient, les menacent. Sous un autre régime, l'un ou l'autre aurait déjà pris une balle perdue...

Ils en appellent à la liberté d'expression qu'ils ont, par leurs conduites mêmes, déjà mise à mal...

Je ne savais pas qu'un délire d'interprétation pouvait prendre de telles proportions : ils se sont emparés du réseau à un degré encore jamais atteint par les meilleurs trafiquants d'opinion aka spin doctors...

Leur credo est un pragmatisme radical où seul l'effet compte, quels que soient les discours qui se tiennent de part et d'autre de la rampe. Et leur arme ressemble à du papier tue-mouches posé un peu partout sur la toile, où le badaud se colle comme l'insecte sur un luminaire par une nuit d'été : il suffit de prendre leur délire pour de l'argent comptant, il suffit de croire qu'une quelconque vérité se cache sous leurs hallucinations verbales, leurs verbalisations hallucinées, et l'effet escompté se produit !

Un peu comme si une armée de trolls - virtuelle par définition - se levait pour conquérir le réel de l'autre côté du miroir...

jeudi 26 décembre 2013

Et si les femmes étaient vraiment l'avenir de l'Homme ?

Josephine.Witt.jpg
Josephine Witt, étudiante en philosophie à Hambourg


 

D'abord la question rhétorique habituelle : Comment les femmes se comportent-elles aux postes de dirigeants ? Et la réponse rituelle : Regardez donc Mesdames Thatcher, Merkel...


Pour bétonner le tout, cette enquête réputée scientifique, promue en mars 2013 par le très sérieux quotidien Le Monde :


Il n'y a pas de différence majeure entre les dirigeants hommes et femmes. Leurs traits de personnalité et leur style de leadership sont les mêmes. Le sexe n'est pas une variable pertinente. Telle est la conclusion d'une recherche effectuée en compilant les résultats de 25 enquêtes européennes et américaines sur les qualités attribuées à quelque 20 000 cadres dirigeants, 12 593 hommes et 7 016 femmes, complétés par une étude strictement française ("L'impact du genre sur les traits de personnalité des leaders et les effets sur leur style de leadership", thèse de doctorat).


Imparable, cette logique universitaire positiviste : vous lâchez une femme dans un univers patriarcal rodé depuis des dizaines de milliers d'années et vous voyez ce qui se passe. - Oui, comment faut-il donc être pour accéder à un poste de dirigeant ou de dirigeante dans le monde actuel ? - Du pareil au même, il faut ressembler au modèle unisexe préfabriqué dans les écoles spécialisées.


mardi 24 décembre 2013

Mr. Snowden est encore en vie

Quand j'ai entendu Peter Johnson jr. déclarer sur Fox News que Snowden était un lâche ("coward"), je me suis dit...


Et quand j'ai entendu dire qu'il était un traitre...


On l'a même traité de voleur parce qu'il a obtenu ses informations en piratant les  collègues...


Vous imaginez bien que les services occidentaux ne lui pardonneront jamais cet affront, qu'ils seront à ses trousses n'importe où dans le monde jusqu'à la fin de sa vie. Et ne croyez pas Edward Snowden assez stupide pour ne pas avoir pleinement conscience du risque qu'il allait encourir. Alors votre accusation de lâche, Mr Johnson, je suppose que vous savez où je pense que vous pouvez vous la mettre ! - En effet, il en faut pour résister à la pression des services, à la perspective qu'on peut vous abattre n'importe où, sans que les enquêteurs ne puissent jamais confondre les véritables assassins...


jeudi 3 octobre 2013

Aux crabes et aux langoustines

Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné
Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné
Je ne perturberai pas la classe avec des polémiques stériles quand la maîtresse a le dos tourné


Heureusement qu'il y a le copié-collé pour les punitions.


Le crabe, on le sait, marche à reculons. Et la langoustine est un plat de luxe. Les deux se retrouvent souvent dans le même panier. Voilà pour le titre. Le reste aussi sera hermétique.


Hermétique, c'est quand t'arrives pas à ouvrir ton huître, eh loufiat !


Le type à côté de moi est bourré comme un coing. Il en a marre. Et il le dit :


- J'en ai marre !


Je ne lui demande pas pourquoi. Il en a marre. D'ailleurs, il explique :


- C'est la merde !


Je le regarde. Il est plutôt bien habillé. Un peu démodé, peut-être. Rasé de près. Abonné chez le coiffeur. Mais quelle haleine fétide :


- C'est la merde !


Je regarde le panneau d'affichage. Mon train a une heure de retard. Celui du type semble parti depuis longtemps. A présent, il lève des yeux vitreux sur moi :


- Vous ne trouvez pas, Monsieur ?


Je fais mine de ne pas entendre. Moi aussi, j'en ai marre. De ces gens qui n'ont rien fait de leur vie. Rien fait pour changer les choses qu'ils déplorent. J'en ai marre de leur trouver des excuses. Avant, je discutais avec eux. J'essayais de comprendre. J'étais sans doute moi-même une de ces larves. Aujourd'hui, je change de trottoir.


lundi 16 septembre 2013

Aux fascistes larvés

Les fascistes, il y en a de tous bords, dans toutes les directions du vent : ce sont souvent des gens sympathiques, des gens ordinaires, des gens bien de chez nous.


- Mais nous, c'est qui ? Chez nous c'est où ?


C'est un petit bonhomme avec une méchante valise qui pose la question. Ses traits sont tirés, son costume défraîchi. Puis, d'un étui antique, il sort un violon et commence à jouer...


fascistes1

Qu'est-ce qu'un fasciste ? - L'Europe en a connu de toutes sortes : des petits, des grands, des jeunes, des vieux, des travailleurs, des oisifs, des riches, des pauvres. Il y en a eu dans tous les pays d'Europe, parfois un peu moins, parfois beaucoup plus.


- Mais dis, Monsieur, c'est quoi, un fasciste ?


C'est l'enfant qui insiste puisqu'il ne comprend pas ce mot.


fascistes2


Un fasciste, c'est un homme bien rangé, même si la réciproque n'est pas obligatoirement vraie. Il éduque ses enfants dans la foi et la morale, sa femme est toujours de son avis, il respecte l'autorité et la voie hiérarchique. Un fasciste passe beaucoup de temps dans les bureaux où il veille à ce que tout soit normal, à ce que rien ne sorte de l'ordinaire. Il veut que tout soit bien rangé, que chaque chose soit à sa place. Et le soir, il rejoint ses camarades à l'auberge, où une table lui est toujours réservée : il y parle politique, évoque la grandeur de la Nation, fustige ses ennemis, les civilisations inférieures, les apatrides, la vermine. Car, dit-il souvent, la patrie est en danger, et il donnerait surement son sang pour elle, si le devoir ne l'appelait pas à son poste dans l'administration pour veiller à ce que tout soit normal, à ce que rien ne sorte de l'ordinaire. Et puisqu'il faut bien quelqu'un pour tout organiser.


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mercredi 4 septembre 2013

Quelques mots sur la guerre

 "La guerre est la simple poursuite de la politique avec d'autres moyens"
„Der Krieg ist eine bloße Fortsetzung der Politik mit anderen Mitteln“
(Carl von Clausewitz, 1780-1831, in: Vom Kriege - De la guerre)


Je me souviens du 19 janvier 1991. Il faisait froid à Paris, mais ça commençait à chauffer ailleurs. Ce fut le début de l'une des premières guerres retransmises en continu sur une chaîne d'information, dont les images étaient reprises par toutes les télévisions du monde. Je crois même que la création des autres chaînes d'information continue a été largement inspirée par le "succès" de ces images-là [**]
. On offrait ce qu'on appelait du "terrain" à des "couch potatoes", comme disent les Américains. Images embedded garanties night vision !

Quand on parle de la guerre, on parle peu des producteurs d'armes. En revanche, on cause géopolitique, un verre de cognac à la main et un cigare au coin du bec : le champ de bataille et les causeries de salon !