dimanche 22 juillet 2018

L'apprenti sorcier


L’homme est imprévisible : il décrète une fin de non-recevoir, puis l’annule ; décide, puis révoque sa décision. L’homme est nerveux, arrogant, égocentrique : le président élu de la première puissance économique et militaire du monde n’a de toute évidence pas été briefé sur les prérequis du job. Or, il se pourrait que certains responsables n’aient pas jugé que ce soit utile : avec un énergumène pareil, ils pensaient plus facilement arriver à leurs fins. Car ceux qui croient encore au côté improvisé de cette présidence devraient rapidement revoir leurs copies. – Dans le reste du monde, les autocrates en fonction ou en herbe sont ravis : voilà quelqu’un qui déstabilise l’Occident et en particulier l’indolente Europe, voilà quelqu’un qui met de gros coups de pied dans la fourmilière, et c’est vrai que ça se met à grouiller dans tous les sens. On le sait bien : la stagnation, ce n’est pas bon pour les affaires. Il faut de l’action, ou plutôt : donner l’impression que ça bouge !

Il semble que désormais, notre monde puisse être déstabilisé par un message de 140 ou 280 signes, expédié par un potentat médiatique sur le réseau planétaire. Si tel est le cas, il n’y a plus qu’un petit pas pour que l’ordre mondial bascule dans le chaos. – Voici donc un pragmatisme aux conséquences imprévisibles, qui résiste à toute analyse : le paradoxe d’un « arbitraire intentionnel » visant le déséquilibre, la perturbation, le désordre. Alors l’idée s’impose qu’une stratégie se cache derrière cette incohérence fondamentale. Par crainte du chaos, on se prend en effet à défendre un ordre hypocrite, basé sur l’exploitation, l’inégalité, la destruction. Et le tour est joué.

mardi 17 juillet 2018

[Billet d'humeur] Le gêne de la connerie



Les absents ont toujours tort. C’est bien connu. Et ceux qui parlent de connerie la mettent en général sur le dos des autres. Or, en pratiquant l'introspection, on s’aperçoit bien vite qu'on dispose soi-même de réserves plus ou moins importantes en la matière. Du moins lorsqu'on est honnête. Ce qui n’est pas toujours le cas. Notamment à un niveau « sérieux » de connerie.

Dans ce contexte, la découverte récente d'une parenté inattendue peut donner à penser : Quand l’homme soi-disant « moderne » passa du Nord-Est de l'Afrique au Moyen-Orient et en Europe pour ensuite coloniser toute la planète, il croisa Néandertal et depuis peu nous savons que le sexe agrémentait ces rencontres. Car il est désormais établi que l’homme présumé « moderne » possède des gênes de Néandertal (Svante Pääbo, Université de Leipzig).

dimanche 8 juillet 2018

Note sur le Mondial 2018

Je n'ai pas vu la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde de Football 2018...


...ni ce doigt d'honneur que Robbie Williams, venu pousser la chansonnette ce 14 juin au stade Loujniki de Moscou, adresse à la caméra et donc aux centaines de millions de fans devant leurs écrans (un milliard de téléspectateurs estimés pour la finale du Mondial 2014). - Message incertain, du style "quand je montre ma gueule, les imbéciles regardent le doigt".

Mais j'ai suivi le match d'ouverture Russie - Arabie Saoudite (5:0) et ce geste apparemment désolé que Vladimir Poutine adresse - à deux reprises : après le premier et le deuxième but russe - au Prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane...


... et je ne peux m'empêcher d'imaginer cette réponse du tac au tac, tout aussi "bon prince"  :
- Pas de problème, mon frère, nous on est là pour encaisser !

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Le spectacle mondial de l'affrontement fraternel des nations sportives est donc reparti, alors que les batailles - militaires, économiques, politiques - incendient la planète : un mois de divertissement, de détournement, de communication à propos du "plus bel inessentiel du monde" (qui traduit la définition allemande du foot : die schönste Nebensache der Welt) - éphémère donc... pour oublier l'essentiel...