Dans un régime démocratique, il semble qu'il y ait un seuil quantifiable - un certain pourcentage de gens pauvres, chômeurs ou exclus - au-delà duquel il n'est plus possible de garantir, de maintenir la paix sociale. Selon le ministère du Travail de la République de Weimar, 6.127.000 Allemands sont au chômage à la mi-février 1932 : soit un "actif" sur trois ! - En juillet de la même année, le NSDAP - pour mémoire : une organisation fasciste et criminelle - atteint son plus haut score à des élections parlementaires libres : 37,1% (contre 33,1% en novembre 1932).
Le recensement de 1925 ayant dénombré 62.411.000 habitants en Allemagne, on ne compte encore que 1,5 millions de chômeurs deux ans plus tard (en 1927). Et, lors des élections du Reichstag de 1928, le NSDAP réalise un score plutôt dérisoire - et peut-être surprenant pour les non-spécialistes - avec seulement 2,6% des suffrages exprimés (contre 29,8% au SPD) !
Mais alors : qu'est-ce qui a bien pu se produire en quatre ans, entre mai 1928 et juillet 1932, pour que le NSDAP passe de 2,6% à 37,1% (1) ?
Une communauté nationale est par principe composée de groupes hétérogènes, aux origines diverses et aux intérêts divergents, comme ceux des ouvriers et des patrons par exemple, "prolétaires" et "bourgeois" dans le jargon de l'époque. Et, lorsque l'on considère les pays de langue allemande des années 1900 à 1930, on ne peut que remarquer la diversité des mouvements artistiques et intellectuels : nul besoin de faire un inventaire des noms, mais on peut affirmer qu'il s'agissait d'une culture extrêmement riche, "absolument moderne", selon le vœu du poète, que ce soit dans les domaines de la littérature, du cinéma, de la peinture ou des sciences, toutes disciplines confondues. - Inconcevable à l'époque qu'une telle polyphonie culturelle puisse, du jour au lendemain, être extirpée de la conscience collective d'une nation (2).
Le recensement de 1925 ayant dénombré 62.411.000 habitants en Allemagne, on ne compte encore que 1,5 millions de chômeurs deux ans plus tard (en 1927). Et, lors des élections du Reichstag de 1928, le NSDAP réalise un score plutôt dérisoire - et peut-être surprenant pour les non-spécialistes - avec seulement 2,6% des suffrages exprimés (contre 29,8% au SPD) !
Mais alors : qu'est-ce qui a bien pu se produire en quatre ans, entre mai 1928 et juillet 1932, pour que le NSDAP passe de 2,6% à 37,1% (1) ?
Une communauté nationale est par principe composée de groupes hétérogènes, aux origines diverses et aux intérêts divergents, comme ceux des ouvriers et des patrons par exemple, "prolétaires" et "bourgeois" dans le jargon de l'époque. Et, lorsque l'on considère les pays de langue allemande des années 1900 à 1930, on ne peut que remarquer la diversité des mouvements artistiques et intellectuels : nul besoin de faire un inventaire des noms, mais on peut affirmer qu'il s'agissait d'une culture extrêmement riche, "absolument moderne", selon le vœu du poète, que ce soit dans les domaines de la littérature, du cinéma, de la peinture ou des sciences, toutes disciplines confondues. - Inconcevable à l'époque qu'une telle polyphonie culturelle puisse, du jour au lendemain, être extirpée de la conscience collective d'une nation (2).