dimanche 30 mars 2014

Bravo !

Ce soir, le site du Monde fait le point :


... Non seulement le Front national bat son record de villes gagnées, mais le parti d'extrême droite a aussi gagné une mairie de secteur à Marseille. Stéphane Ravier a en effet remporté la mairie du 7e secteur. Avec 150.000 habitants, cela fait de M. Ravier l'élu FN avec le plus d'administrés. [...] Le parti d'extrême droite fait donc beaucoup mieux qu'en 1995, année faste pour les lepénistes où trois villes étaient tombées dans son escarcelle. A l'issue du second tour, le parti d'extrême droite parvient à gagner, pour l'heure, sept villes sous sa bannière – Fréjus, Le Luc et Cogolin dans le Var ; Beaucaire (Gard) ; Le Pontet (Vaucluse) ; Villers-Cotterêts (Aisne) ; Hayange (Moselle) et une autre où il soutenait le candidat, Robert Ménard, à Béziers (Hérault). A ces villes, il faut rajouter Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), conquise par Steeve Briois lors du premier tour. On le voit avec ces résultats : le parti de Marine Le Pen a gagné dans ses zones de forces du Sud-Est. - Par ailleurs, à Camaret-sur-Aigues (Vaucluse) le candidat Ligue du Sud (extrême droite) a remporté l'élection. Jacques Bompard, président de ce parti, avait été élu dès le premier tour à Orange (Vaucluse), sa femme Marie-Claude Bompard avait, elle, emporté Bollène (Vaucluse).


On commence déjà à chercher - et certains à trouver illico - des "responsables" pour l'essor de l'extrême droite en France. Si Henri Guaino (UMP) a eu la bonne idée de rappeler ce soir sur le plateau de France 2 que le bilan négatif de son mentor Sarkozy était en grande partie dû à la "crise" (économique et financière à l'échelle mondiale), est-ce qu'il peut également se permettre d'appliquer cette analyse au bilan tout aussi négatif des deux premières années du gouvernement Hollande ? - Il semble qu'il ait l'intelligence de le faire, même si son naturel de polémiste et de rhétoricien émérite revient sans cesse au galop.


vendredi 28 mars 2014

Surtout, ne protestons pas !

Je m'interroge sérieusement sur cette façon de critiquer les gens qui protestent contre le risque de prise en main de villes par le Front National, parti d'extrême droite.


 

protest1


 

À propos d'Olivier Py, auteur dramatique et metteur en scène de renommée internationale, récemment promu directeur du Festival de théâtre d'Avignon, et de ses deux solutions – présenter sa démission ou bien délocaliser le Festival, si la ville est dirigée par un maire frontiste – Michel Guerrin écrit ce 28 mars dans le journal Le Monde sous le titre « Olivier Py se trompe » :


 


Le réflexe Py est typique d'une incompréhension abyssale entre une partie des élites culturelles et l'opinion. Si le FN arrive, je pars, dit-il. Alors que, au contraire, ce scénario devrait l'obliger à rester. Sa mission, puisqu'il est porté par l'argent public, est en effet de jouer de son talent pour sensibiliser ceux qui ne pensent pas comme lui. Et de ne pas abandonner les quelque 70% qui n'ont pas voté FN, quand bien même ils habitent dans la mauvaise ville.


 


J'ai lu par ailleurs chez des collègues scribaillons qu'Olivier Py était un « bobo » - de gauche bien sûr : pléonasme, s'empressent-ils de préciser. - Petit rappel : « bobo » contracte l'appellation « bourgeois bohème ». Ce sont des gens réputés « bien-pensants » qui n'ont pas de gros soucis matériels, et qui souvent n'en fichent pas un rame, vu que les parents, dont ils sont les heureux héritiers, sont « pétés de thunes », comme le veut la bienveillante expression. - Bien sûr, des gens qui n'ont jamais bossé de leur vie, qui donnent des leçons de morale à la terre entière et qui attendent à Saint-Germain que le vieux casque : il n'y en a pas qui portent à droite !



samedi 8 mars 2014

Le délire de l'origine

origine


Voici une petite anecdote qui m'a été transmise par un correspondant généalogiste, amené à faire des recherches sur une famille juive de Prusse orientale, un territoire actuellement situé en Pologne. Une histoire mouvementée que celle de la ville de Poznań (Posen) où différentes communautés vivaient ensemble dans une relative harmonie ou bien se combattaient violemment en fonction de la direction du vent. L'époque recherchée se situe avant la reprise en mains du territoire par les nationalistes polonais vers 1918 ou encore les exactions commises par les nazis allemands lors de la Seconde guerre mondiale. - Il se trouve que notre généalogiste connaissait ce nom de famille qui avait été porté au 17e Siècle par un Chrétien jouissant d'une certaine réputation, ce dont il ne manqua pas d'informer son client. La première réaction de celui-ci se voulait ferme et définitive : « Puisqu'il est chrétien, nous ne le considérons pas comme notre ancêtre. » N'en démordant pas, notre généalogiste évoqua la possibilité d'une conversion au Judaïsme effectuée par l'un des descendants. Apparemment bien informée, la fille du client prit le relais en affirmant que de telles conversions ne pouvaient pas exister puisque le Judaïsme n'est pas une religion prosélyte. Or le généalogiste, stimulé par une telle « impossibilité », commença à chercher des preuves qu'il finit par trouver : au milieu du 18e Siècle, un descendant s'était en effet converti à l'occasion de son mariage avec une jeune fille de religion juive. L'établissement de la filiation ultérieure n'étant plus qu'une formalité, mon correspondant s'empressa de soumettre, documents à l'appui, l'arbre généalogique « judéo-chrétien » à son client. Si ses honoraires tout à fait concurrentiels ont bien été versés, il n'a jamais réussi à obtenir une autre forme de retour...



lundi 3 mars 2014

Oscars 2014

J'écoute et je regarde par intermittence : tout cela n'a plus rien à voir - cas de le dire - avec le cinéma, c'est de l'autocélébration à l'état pur qui, en outre, atteint les cîmes du kitsch. La présentatrice au ton qui se veut provoquant et drôle a autant de points commun avec un provocateur et un humoriste qu'un bichon avec un loup des steppes. Et ça parle d'amour quand ça célèbre la violence, de famille et d'amitié quand les relations sont réduites à des échanges hystériques entre éternels adolescents...


Bien sûr, l'industrie hollywoodienne a produit des chefs d'oeuvre, mais elle n'a jamais perdu de vue ses objectifs résolument commerciaux, la promotion d'une société basée sur la consommation et l'exploitation : comme le mythe du selfmademan américain, qui réduit aux rôles de seconds couteaux et à l'anonymat tous ceux qu'il aura fallu écraser dans cette marche forcenée vers le sommets...


Et puis tout le monde va si bien, est si beau, sait si bien jouer la corde sensible puisque - nous l'entendons claironner par tous ces "artistes" qui ressemblent autant à un créateur qu'un chat d'appartement au tigre du Bengale - c'est l'émotion qui compte : nous le constatons sur les affiches publicitaires, l'ingurgitons avec les tubes sirupeux dégoulinant de nos transistors et les mélodrames sans fin crachés par nos tubes...


En fait, c'est tout ce mensonge qui m'insupporte, et je pense aux monstuosités soigneusement passées sous silence dans ces incessants appels au rire, à l'amusement, au divertissement, sans oublier de presser de temps à autre la glande lacrymale, parce que ma pauvre maman, si elle était encore de ce monde... PUB !


Et voilà que la formidable Cate Blanchett, fraîchement oscarisée pour son rôle principal dans Blue Jasmine de Woody Allen, vient contredire tout ça : on sent qu'elle est vraiment là pour le Septième Art, même la musique en boîte n'arrive pas à mortifier son bref passage sur scène ni Matthew McConaughey, consacré "meilleur acteur dans un rôle principal" (Dallas Buyers Club), qui lui succède et ne parle que de lui, puis de son papa qui, s'il était encore de ce monde... CUT !


 

And the winner is (*) :


[youtube http://www.youtube.com/watch?v=0uGjQCg4TlY&w=560&h=315]


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(*) D'autres Oscars ont été décernés à :
- Mr Hublot
, court métrage de Laurent Witz (France)
- 20 feet from Stardom, documentaire de Morgan Neville (USA)
- La grande Bellezza, film italien de Paolo Sorrentino
- Gravity, réalisation du Mexicain Alfonso Cuarón
- Her, scénario de Spike Jonze (USA)


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Commentaires


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Bonjour SK
Votre post (bien écrit) est sans appel... mais ce qui compte, c'est effectivement "the winner"... et qu'une Kate Blanchett ait pu retenir votre attention.


La mort d'Alain Resnais fait que je me suis souvenu de vous et de quelques échanges.

Ici, le tonnerre gronde depuis deux bonnes heures, nous essuyons des chutes de grêle. Le vent s'est calmé mais nous savons que la fin de journée sera de nouveau rude. Et que dire de celles et ceux qui le vivent sur le littoral lui-même ?

Écrit par : caquedrole | 03 mars 2014

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Oui, l'époque des ciné-clubs... Truffaut, Godard, Chabrol et les autres ont commencé leur carrière à la Cinémathèque... Nous sommes aujourd'hui submergés par les images, qui n'ont donc plus le même statut, la même valeur, même si quelques cinéastes réussissent encore à fabriquer des petits et grands chefs d'oeuvre... D'une certaine manière, ils sont contraints de se battre contre la vulgarisation, la banalisation du visuel... mais aussi contre toutes ces histoires qui nous sont racontées au quotidien par les "storyteller" et scénaristes professionnels...

Et dire que tout aurait commencé par des peintures rupestres!

J'espère que ça s'est calmé chez vous. Il paraît que le soleil revient toujours après la pluie...

Tiens, en parlant de chef d'oeuvre, voilà du lourd comme disent les jeunes > youtube.com/watch?v=_6s1BGAkKgQ

Écrit par : sk | 04 mars 2014

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Parfaitement d'accord avec vous sk..Cate Blanchett, par son intelligente beauté et le professionalisme
de ses réponses a survolé le lot habituel des banalités à 3 $..une comédienne de théâtre, ça se sent tout de suite..pour le reste je mettrais ce morceau en guise de synthèse (encore que ce fut une superbe performance de Sergio Mendès en 77 - j'ai encore le vieux 33t/pm vinyle)


youtu.be/POb_V796904

Écrit par : hubert41 | 05 mars 2014

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Kitsch Up, Mr. Hub !


Écrit par : sk | 05 mars 2014

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Merci pour le lien film de Tati , on ne s'en lasse pas , la qualité et la sobriété dans le rire , je dis ça car j'ai vu "Bienvenue chez les chtis" l'autre soir

Écrit par : kulturam | 05 mars 2014

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Trés méconnu, Playtime : personnellement, je lui trouve un côté surréaliste-dadaiste... sans parler du "slapstick", bien sûr : comme les films de Chaplin et Keaton, aucune date de péremption (avis aux jeunes) !

Écrit par : sk | 05 mars 2014

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vous avez marqué sur la fiche "traducteur professionnel"...
d 'anglais , d 'espagnol , d allemand ( je crois) , d italien , de russe ?
DE TOUS LES 5 ?!
votre article sur "oscars" est pertinent ( et j aime cate blanchett!)


Écrit par : olivier | 05 mars 2014

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Je traduis de l'allemand vers le français et inversement puisque je parle les deux langues à un niveau maternel ou natif, comme on dit dans le métier. Je n'ai pas non plus trop de problèmes pour traduire des textes anglais (américains) vers mes deux langues de travail...

Je peux travailler dans un grand nombre de domaines, mais je refuse systématiquement tout ce qui est juridique...

Bien à vous

Écrit par : sk | 05 mars 2014

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musique qui a inspiré WA pour Blue Jasmine , une merveille qui date de 1938


youtube.com/watch?v=PvzmBA91P3c

Écrit par : kulturam | 05 mars 2014

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