samedi 12 juillet 2014

Mea Culpa






Je plaide coupable : pendant un mois, j'ai fatigué mes bienveillants lecteurs avec des notes sur le football, car une fois lancé j'ai ressenti le besoin de continuer moi aussi jusqu'en finale, stimulé par la beauté de certains matchs et la grande classe d'équipes comme les Black Stars et les Fennecs, Los Ticos et El Tricolor, les Diables Rouges et Oranje (0).

Mais je réclame également des circonstances atténuantes, car tout était parti d'une réflexion sur ce sport et sa "popularité". Or, il est évident qu'une analyse pertinente, et a fortiori une charge critique, réclament une connaissance intime de l'objet d'investigation : ainsi, je ne puis me satisfaire d'idées généralistes comme la "pourriture par le fric" ou la "commercialisation à outrance", qui s'appliquent un peu à tous les domaines constitutifs de nos sociétés ultramodernes.

Il s'agit donc d'abord de considérer les spécificités du football qui, avant de devenir l'actuel divertissement planétaire, a connu une grande popularité en Europe, en Amérique Latine et en Afrique, au plus tard depuis la première Coupe du Monde initiée par Jules Rimet en 1930.

Par ailleurs, il apparaît que le football simule une bataille, ce qu'il partage certes avec d'autres sports d'équipe (1), mais il importe cependant d'observer la manière dont l'affrontement est conduit : en principe sans toucher l'adversaire (2), en exécutant certains mouvements d'acrobate, voire de danse, qui constituent un moment très individuel, quasi artistique, au sein d'un jeu collectif relevant à la fois d'un ballet improvisé et d'une stratégie concertée.

Mais cela n'explique pas encore la popularité de ce sport, qui ne concernait d'abord que certaines régions du globe, ce mot de "popularité" étant ici à prendre au sens premier : en effet, il y avait - et il y a sans doute toujours - un véritable culte du football dans les milieux ouvriers et urbains, notamment en Angleterre, sa terre de naissance, où les générations partageaient ses histoires, mythes et légendes, tandis que les classes supérieures pratiquaient le cricket ou le polo. Car, comme le formule dès 1831 un élève de la très noble institution anglaise d'Eton dans ses mémoires :

« I cannot consider the game of football as being gentlemany; after all, the Yorkshire common people play it » (3). - Traduction proposée par Wikipédia : « Je ne peux pas considérer le football comme un sport de gentlemen ; après tout, le petit peuple du Yorkshire y joue. »

Un autre aspect est la simplicité des règles et l'absence d'accessoires : il suffit d'avoir un ballon, ou un objet de substitution, et quelques poteaux pour marquer les buts. C'est sans doute le plus puissant moteur de "popularisation" : tout le monde peut jouer au foot, et ce dans les endroits les plus improbables. - Chez les gamins, le côté acrobatique, le jonglage, le "beau geste" priment évidemment sur le jeu collectif, plus fondamental, auquel ils doivent s'astreindre en intégrant un club.

lundi 7 juillet 2014

Assez (encore) !

ASSEZ

[une ébauche]

Assez de ces trois monothéismes qui se disputent la grâce d'un seul Dieu.

Le dernier fait d'armes est ce « calife » qui veut prendre la place du calife, laissée vacante depuis des lustres : la seule chose qui est « révélatrice » dans cette démarche, c'est de vouloir ranimer un monde archaïque, fondé sur l'oppression et l'étroitesse d'esprit.

On ne peut pas inverser le sens du temps.

Assez de cette logique binaire qui divise le monde en « fidèles » et « mécréants ».

Dites-leur que vous ne croyez pas à leur légende divine, et vous vous retrouvez dans le « camp » des athéistes : cette détermination négative qui ne vous donne droit à aucune « position » puisqu'elle vous exclut de la sphère de l'Être.

Il y a d'autres voies pour communier avec l'immensité de l'Univers.

Assez de cette recherche de pouvoir qui se dissimule sous les robes sacrées.

Ce sont des hommes, tous autant qu'ils sont : n'importe quel philosophe digne de ce nom saurait démonter leur rhétorique, leur morale, leur dialectique, car leur légitimité transcendantale est usurpée et repose sur des sophismes.

Le véritable sage n'arbore aucun signe distinctif.

Assez de l'alliance théologico-politique qui, telle une épidémie inextinguible, ne cesse de ravager la planète.

Nous savons que les nouvelles églises sont les banques et que l'on y vénère l'argent : toute autre forme de culte ne vient, à l'époque dans laquelle nous sommes tenus d'exister, que travestir de façon particulièrement hypocrite sa propre adhésion à cet universel résolument « moderne ».

Or, les mortels que nous sommes ne peuvent emporter dans la tombe que quelques babioles insignifiantes.