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samedi 22 octobre 2011

La mort du Colonel K.

Les images sont tout aussi "difficiles", selon le mot des présentateurs de télévision, que celles de la pendaison - "en loucedé" - de Saddam Hussein. Il est facile de tuer un homme, aussi intouchable qu'il ait pu être à ses heures de gloire : un homme est fait de chair et de sang. Le voici donc étendu, inerte, couvert de sang, torse nu, et la foule se presse afin de poser pour la photo "souvenir" ... 42 ans de "règne" en vert et contre tous ... Déboulonné grâce aux "frappes" de l'Otan. Car, s'ils étaient courageux, téméraires, casse-cou, les "rebelles" libyens n'auraient eu aucune chance contre l'armée régulière, les mercenaires, les brigades spéciales du colonel K.

Mort le 20 octobre 2011 à Syrte, à 18 km seulement du lieu de sa naissance (Qasr Abou Hadi, le 19 juin 1942), le colonel K. aurait dû être jugé. Par les Libyens eux-mêmes. Dans le cadre d'une procédure équitable qui aurait établi les faits et gestes de la dictature kadhafiste durant plus de quatre décennies. Ce procès sera donc conduit par les historiens de Libye, les générations futures, sans haine et sans crainte. Car, pour l'heure, il est bien trop tôt. Ou bien trop tard ...

samedi 16 avril 2011

[Libye 2011] Vers une guerre civile sans fin ? (2)


~ note commencée le mercredi 13, actualisée les jeudi 14, vendredi 15 et samedi 16 avril 2011 ~

Flux d'actualité [Guardian] [Al Jazeera] [libyafeb17] [Almanara Media]

DIPLOMATIE. - Rencontre des ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact" sur la Libye ce mercredi à Doha en présence de représentants du Conseil libyen de Transition (CNT). - Mousssa Koussa, l'ancien diplomate et espion en chef de Libye réfugié à Londres, qui a été autorisé à se rendre lui aussi au Qatar - "c'est un homme libre", a déclaré William Hague - ne participera pas directement à la réunion, mais mènera, semble-t-il, des discussions "en coulisses". - L'intérêt de la rencontre n'est pas très clair puisque le CNT refuse toute négociation avec le régime libyen tant que le clan Kadhafi reste au pouvoir. Et celui-ci n'a apparemment aucune intention de le quitter. De même, un cessez-le-feu n'est acceptable pour le CNT que si le régime retire ses troupes des villes occupées, et notamment de Misrata, ce que Tripoli a déjà refusé de faire.

MISRATA. - De nouvelles images en provenance de la ville martyre, tournées par une équipe de la chaîne britannique ITV, qui a rejoint Misrata par la mer [ici]. Au début du sujet, une carte montre le partage de la ville en deux zones. Une plan détaillé avec des légendes en anglais a été mis en ligne par libyafeb17 [ici]. Le reportage diffusé le 11 avril se conclut par un bombardement d'une aire de jeux, où l'un de enfants touchés ne survivra pas à ses blessures : ces images sont difficiles à supporter ...


INFORMATIONS. -  Aucune d'elles n'est neutre : Le mouvement de jeunesse libyen (libyafeb17), AlManara et beaucoup de comptes Twitter militent pour la cause révolutionnaire, le Conseil de Benghazi "enjolive" souvent les informations au profit des combattants comme les médias de Tripoli les "déforment" en faveur du régime. Al Jazeera est basée au Qatar, qui joue un rôle important dans le soutien économique, logistique et militaire de l'insurrection, et la plupart des médias occidentaux ont clairement pris parti pour l'intervention de la Coalition internationale. - Nous retrouvons donc cette constellation binaire, qui a pu frapper les esprits lors de l'attaque de l'Irak en 2003 : C'est un conflit entre les "axes" du bien et du mal. - Mais cette "vision du monde" ne prend pas en compte les zones d'ombre, cette fameuse "nuit où tous les chats sont gris". Elle ne prend pas en considération la "dialectique" entre le bien et le mal qui traverse et hante les individus. Car chaque homme, pour autant qu'il est "humain", a des arrière-pensées qui touchent parfois aux "instincts" les plus "vils", dissimulés sous un masque de bonté où le sourire s'est figé. - A l'image de cet homme balloté entre ses instincts et son intelligence, les informations parlent le double langage du désir et de la raison : Moi, "l'informateur", je livre l'analyse rationnelle d'une situation dont par ailleurs, entre les lignes, je désire la "fin heureuse" que "tout le monde" espère. Plus encore qu'en Libye, cette attitude s'est illustrée en Côte d'Ivoire, où des fraudes électorales et des massacres ont été commis des deux côtés, et où une plus grande "objectivité", que les journalistes aiment à revendiquer, eût été souhaitable ...

GROUPE DE CONTACT. - Voici le communiqué final, résumé en fin d'après-midi par Al Jazeera. Les participants ont convenu des points suivants :

- Une solution politique est le seul moyen de garantir une paix durable en Libye ; le groupe réaffirme son engagement fort pour la souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale et l'unité nationale de la Libye.
- La présence prolongée de Kadhafi serait un obstacle à toute résolution de la crise.
- Il est nécessaire de surveiller toute menace potentielle émanant d' "éléments extrémistes" qui pourraient chercher à profiter de la situation en Libye.
- Il est à noter que le régime de Kadhafi s'affaiblit à mesure que ses membres le quittent.
- Il faut soutenir les efforts de l'ONU pour aider le peuple libyen à développer un programme de transition politique, un processus constitutionnel et électoral.
- Il s'agit de continuer à fournir de l'assistance à l'opposition, y compris des aides matérielles et humanitaires.
- Un  mécanisme financier [fonds] temporaire pourra permettre à la communauté internationale de subvenir aux besoins financiers et structurels à court terme en Libye.
- 3,6 millions de personnes pourraient avoir besoin d'assistance humanitaire.

MOUSTAFA ABDEL JALIL. - Le président du Conseil national de transition (CNT) a publié une courte tribune dans Le Monde, datée du 12 avril et intitulée La liberté a besoin de temps [ici]. En voici un extrait significatif : ... Nous ne demandons pas que l'on fasse la guerre en notre lieu et place. Nous ne demandons pas à des soldats étrangers de venir contenir l'ennemi. Nous n'attendons pas que les amis de la Libye libèrent notre pays pour nous. Nous demandons que l'on nous accorde le temps et les moyens de constituer une force qui tiendra en respect les mercenaires et les prétoriens du dictateur puis libérera nos villes. - La communauté internationale, sauf à se déjuger, doit continuer à nous venir en aide, pas seulement grâce aux avions mais aussi sous forme d'équipements et d'armements. Qu'on nous octroie les moyens de nous libérer, et nous étonnerons le monde : Kadhafi n'est fort que de notre jeunesse et de notre faiblesse de départ ; c'est un tigre de papier ; attendez, et vous verrez. ...

CHAMPS DE BATAILLE. - Ce soir, le quotidien français fait le point sur la situation militaire [ici] : Si les forces rebelles ont repris la ville d'Ajdabiya, ... les unités pro-Kadhafi y maintiennent leur pression par des tirs d'artillerie sporadiques. - Les deux camps se disputent toujours la route qui relie Ajdabiya au port pétrolier de Brega, qui est encore occupé en grande partie par les troupes de Kadhafi. - Deux grosses explosions ont retenti mercredi à Tripoli. Des habitants ont affirmé avoir entendu des avions survolant la capitale avant les explosions. ... - A Misrata, ... la situation est toujours critique pour les 300.000 habitants, assiégés et bombardés depuis sept semaines. L'UE envisageait l'ouverture d'un couloir humanitaire maritime sous protection militaire pour aider la population, mais les ministres européens des Affaires étrangères ne sont pas parvenus à s'entendre mardi sur les grandes lignes d'une telle opération. - D'intenses bombardements ont visé lundi les abords de la ville de Nalout, dans l'ouest, provoquant un exode important de populations vers le poste-frontière tunisien de Dehiba. - Zintan, .... toujours assiégée, continue de résister.

lundi 21 mars 2011

[Libye 2011] La guerre de Tripoli n'aura pas lieu


~ note commencée le 20, actualisée le 21 mars 2011 ~

Flux d'actualité : [Al Jazeera] [Le Monde] [Guardian] [Spiegel] [France 24]

Même si le mot continue d'être évité, nous sommes bien en guerre avec la Libye depuis samedi après-midi, 19 mars 2011. - Les attaques aériennes de la Coalition internationale sur les bases kadhafistes ont cessé vers 1:30 du matin. - 110 missiles ont déjà été envoyés sur une vingtaine de cibles différentes (non précisées).

Sur le plan diplomatique, la Chine s'est jointe à ceux qui, comme la Russie, "regrettent" l'intervention militaire. L'Union Africaine demande, quant à elle, la "cessation immédiate" des hostilités. Alors que la Turquie fait un volte-face spectaculaire en proposant son aide pour imposer la zone de non-vol en Libye, l'Algérie défend une position quelque peu ambiguë avec ce communiqué résumé cette nuit par Le Monde : L'Algérie a déclaré "prendre acte" de l'adoption de la résolution 1973, et "partager pleinement l'objectif de cessation immédiate des violences fratricides" en Libye. - "Partie prenante aux efforts de la Ligue des États arabes et de l'Union africaine, l'Algérie apportera sa contribution à tout effort de règlement visant à favoriser une réponse aux aspirations du peuple libyen frère dans le cadre du respect de sa souveraineté et de son unité et de la préservation de l'intégrité territoriale de son pays".- "L'Algérie, selon le document, réaffirme, à cet égard, qu'il revient au peuple libyen de décider par la voie du dialogue national de son devenir" et "se tient, dans ces moments difficiles, aux côtés du peuple libyen frère et continuera à lui témoigner sa solidarité".

Dans la nuit, Le Monde relaye également ce communiqué officiel : "La Libye demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU après l'agression franco-américano-britannique contre la Libye, un Etat indépendant et membre des Nations unies", a indiqué le ministère des Affaires étrangères de la Libye dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche. - Les frappes militaires occidentales ont "visé plusieurs régions de l'ouest du pays, faisant des victimes parmi les civils et des dégâts dans des installations civiles, dont des routes, aéroports et hôpitaux", selon le ministère. - Le régime considère désormais comme "nulle la résolution 1973 instaurant une zone d'exclusion aérienne" et qu'il a par conséquent "le droit d'utiliser son aviation civile et militaire pour se défendre après que la France ait violé la zone d'exclusion aérienne", toujours selon ce texte.

Ce matin le Spiegel titre : Opération Aube de l'Odyssée - Guerre sans stratégie

[09:30] L'agence de presse italienne Ansa vient d'indiquer que l'équipage d'un navire italien était retenu à Tripoli par des hommes armés. Il s'agit d'un remorqueur de haute-mer italien, son équipage est composé de huit Italiens, deux Indiens et un Ukrainien, selon Ansa. (via Le Monde)

[09:45] Selon des journalistes de l'AFP présents sur place, les bombardements menés par la coalition internationale contre les objectifs militaires du colonel Mouammar Kadhafi ont cessé ce matin dans Tripoli et Benghazi. (in Le Monde)

[10:00] Un journaliste de Reuters annonce que des véhicules de rebelles équipés de mitrailleuses retournent actuellement vers Ajdabiya, à 160 kilomètres au sud de Benghazi. - Plusieurs dizaines de véhicules militaires calcinés jonchaient ce matin la route stratégique reliant Benghazi et Ajdabiya, dans l'est de la Libye, à la suite de frappes occidentales, a constaté un journaliste de Reuters sur place. - Au moins cinq cadavres se trouvaient à proximité. - Certains de ces véhicules étaient tellement endommagés qu'il était difficile d'en déterminer le type. Certaines carcasses avaient l'apparence de camions équipés de lance-roquettes multiples. - "Un char a été si violemment touché que la tourelle s'est détachée", a déclaré Mohamed Abbas, de Reuters. "Un porte-char, un char et un véhicule de transport de troupes sont encore fumants." - "C'est la France tout ça (...) Aujourd'hui, nous sommes venus et nous avons constaté que la route était libre", a dit un combattant rebelle, Tahir Sassi. - D'autres rebelles ont dit que ces carcasses de véhicules étaient aussi le fruit de combats au sol entre les forces de Mouammar Kadhafi et les insurgés. (via Le Monde)

samedi 19 mars 2011

[Libye 2011] ✈ Une zone d'exclusion aérienne dans le ciel de Libye ✈


~ note commencée le 18, actualisée le 19 mars 2011 ~  
(derniers développements à la fin de l'article)

Flux d'actualité : [Al Jazeera] [France 24] [Le Monde] [Guardian] [Spiegel]

[00:00] Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté voici 25 minutes à New York. Avec 10 voix pour et 5 abstentions (Chine, Russie, Allemagne, Inde, Brésil),  la résolution n°1973 imposant une zone d'exclusion aérienne sur le territoire libyen et d'autres mesures nécessaires pour protéger la population civile, à l'exception d'une intervention terrestre,  vient donc d'être adoptée. [PDF anglais] [version française]

Selon un certain nombre de déclarations, la zone de non-vol pourrait être en place dans quelques heures. On devine que les militaires sont en état d'alerte maximale. Il s'agit maintenant de s'accorder, de mettre au point les derniers ajustements qui ne seront certainement pas criés sur les toits.

On peut craindre que le colonel K. prenne en otage les journalistes "invités" à Tripoli. Mais aussi qu'il prenne des mesures de rétorsion extrêmes, dont lui seul a le secret. Il a menacé de transformer la Libye en nouveau Vietnam. La situation afghane n'est pas non plus pour rassurer sur l'issue de cette confrontation, qui peut sembler "jouée d'avance". Or, aucune guerre ne l'est. Et il s'agit bien d'une déclaration de guerre (certes implicite) que les Nations Unies viennent de lancer au colonel K.

Une autre possibilité, déjà évoquée il y a quelque temps, est l'élimination pure et simple du colonel K. par son entourage. A l'image de l'empereur Néron, démis par le Sénat romain et poussé au suicide. Ce fut alors une opération de "salut public". Aujourd'hui, il suffirait de mettre le colonel aux arrêts et d'attendre la suite. Un possible massacre serait évité, et l'honneur des militaires libyens sauf.

[00:45] Une conférence de presse tenue par le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khalid Kaim, vient de s'achever : Après avoir pris connaissance de la résolution de l'ONU, le régime semble disposé à collaborer avec les instances internationales pour "venir en aide" à la population civile et se dit prêt à réagir "positivement" à la décision prise par le Conseil de Sécurité. Ce n'est pas  vraiment le même son de cloche que tout à l'heure (voir, au bas de la page, l'intervention du colonel K.). - L'AFP résume d'autres propos du vice-ministre : la Libye est prête pour un cessez-le-feu contre l'insurrection, mais demande de discuter auparavant des détails de sa mise en œuvre. Il  [le vice-ministre] juge que la résolution de l'ONU menace l'unité du pays et constitue un "appel aux Libyens à s'entretuer".

[01:10] En bras de chemise, la foule exaltée dans le dos, Tony Birtley d'Al Jazeera est à bout de souffle dans la liesse  nocturne de Benghazi. Probablement est-il lui aussi content d'avoir échappé au coup de force annoncé, et désormais impossible. Personne ne le blâmera. Mais on peut s'inquiéter pour Anita McNaught, à présent à l'antenne sur la chaîne qatarie, en direct de Tripoli, où une escalade est toujours possible. - Au même moment, le Wall Street Journal, cité par libyafeb17, annonce que l'Égypte, qui a pourtant déclaré qu'elle ne participerait pas à une opération militaire, est en train de fournir en armes légères (fusils d'assaut, munitions) les combattants de l'insurrection.

 "Visage du front libyen" (al jazeera)

jeudi 17 mars 2011

[Libye 2011] Kadhafi avance sur Benghazi


~ note commencée le 14, actualisée les 15, 16 et 17 mars 2011 ~

 (image : al jazeera)

~  lundi 14 mars 2011 ~
Fils d'actualité : [Al Jazeera] [Le Monde]

Ce matin, les flux d'information et les live blogs restent focalisés sur le Japon aux prises avec une possible catastrophe nucléaire après le tremblement de terre et le tsunami de vendredi, qui risquent à présent d'entraîner une récession économique.

Si les insurgés déclarent avoir repris ce matin la ville de Brega, dont ils avaient été chassés dimanche par les troupes kadhafistes, celles-ci auraient bombardé Ajdabiya, située plus à l'Est, qui est un point stratégique pour la conquête de Benghazi. En effet, la route côtière mène ensuite à cette deuxième ville du pays, tenue par les insurgés, et une autoroute conduit également à Tobruk, dont la prise permettrait aux forces loyalistes d'encercler le fief de l'insurrection. Voici la carte routière de l'Est libyen [original] :


Il était également question, ces derniers jours, de forces kadhafistes "dormantes", prêtes à s'activer dans les villes encore contrôlées par les insurgés. - Tout semble maintenant indiquer que les forces loyalistes s'acheminent vers une victoire, tout au moins provisoire, si tant est que les puissances internationales continuent d'hésiter pour mettre en place une zone d'exclusion aérienne. Mais même sans son aviation, le colonel K. dispose de forces terrestres supérieures, et il lui reste également l'option (déjà utilisée) d'un pilonnage des villes insurgées depuis ses navires de guerre. Un débarquement de troupes par cette voie est également envisageable.

Le combat autour de Benghazi risque de faire un grand nombre de victimes, puisque 700.000 personnes vivent dans cette ville. Si les populations civiles étaient exposées massivement aux opérations militaires, une intervention internationale pourrait cependant venir à leur secours et empêcher par la même occasion la défaite complète de l'insurrection ...

À midi, Al Jazeera annonce que Khalifa Belqasim Haftar, ancien commandant de l'armée libyenne, notamment dans la guerre contre le Tchad, serait rentré au pays pour soutenir l'insurrection. - De son côté la TV publique de Libye envoie un message aux déserteurs : ils seront "pardonnés" s'ils se rendent. - Et Le Monde relaye l'information de Reuters : Les forces de Kadhafi attaquent en ce moment même la ville de Zouahara, dans l'ouest du pays ...

[14:45] Le quotidien revient sur la situation à Zouahara. Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont attaqué lundi cette ville contrôlée par la rébellion et située à 120 km à l'ouest de Tripoli. - "Il y a des poches de résistance à Zouara. Les forces armées vont purger la ville", a indiqué à l'AFP une source proche des autorités libyennes sous couvert de l'anonymat. - Cette source a minimisé les combats. "Il y a quelques éléments saboteurs qui résistent. Mais rien de grave", a-t-elle ajouté, sans élaborer. - Une source de l'opposition a indiqué de son côté qu'"un bataillon de Sabratha (70 km à l'ouest de Tripoli) composé notamment d'une dizaine de chars et des 4x4 équipées de mitraillettes est en train d'attaquer la ville du côté de l'ouest".

Dans l'après-midi, les attaques aériennes sur des "positions rebelles" aux environs d'Ajdabiyha sont confirmées par Reuters.

Sur le front diplomatique, David Cameron et le Premier ministre, puis le président turcs se sont exprimés, l'un pour, les deux autres contre une intervention en Libye. Ce soir, on attend des précisions sur les réunions entre les ministres des Affaires étrangères du G-8 et les entretiens de Catherine Ashton avec des envoyés du Conseil libyen de transition ...

[19:30] Reuters relaye une information donnée par un habitant de Zouara (ou Zouahara) : les combats auraient pris fin et la ville serait maintenant sous contrôle kadhafiste.

[20:00] Les journaux télévisés et les reportages des chaînes d'information continue sont en grande partie consacrés au Japon où le risque d'une catastrophe nucléaire existe toujours. - La Libye paraît abandonnée de tous ...

On ne saura rien du G8 ce soir : conférence de presse après la réunion de demain matin. - Toutes les connections avec la Libye sont interrompues cette nuit ....

mercredi 9 mars 2011

[Libye 2011] Le massacre du printemps

[page précédente[page suivante]

~ page commencée le dimanche 6, actualisée les 7, 8 et 9 mars 2011 ~

 (image : al jazeera)

~ dimanche 6 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

Quelques titres à la mi-journée : La crainte d'une longue guerre civile augmente (Reuters) - Les troupes de Kadhafi contre-attaquent (Spiegel) - Coups de feu à Tripoli et rumeurs de positions rebelles reprises par les forces de Kadhafi (Guardian) - La France "salue la création du Conseil national libyen" (L'Express)

Les nouvelles en provenance de Libye font clairement apparaître ce que la presse nomme une "contre-offensive" du régime : après le siège et l'attaque de Zaouia, des combats violents se déroulent à Misrata et un raid aérien a été mené sur Ras Lanouf. De nouveaux affrontements ont lieu dans la petite localité de Ben Jaouad sur la route de Syrte et des avions de combat font feu sur les insurgés qui se dirigent vers l'Ouest. 

Pendant ce temps, le colonel K. poursuit sa campagne de propagande "en exclusivité mondiale" dans le JDD (accroche du journal) où il continue de rabâcher ses poncifs : Al Qaida, drogues hallucinogènes, pas de fortune ni de pouvoir personnels, aucune exaction contre la population civile etc.

Une question légitime : Quelle sera l'issue de la Révolution libyenne du 17 Février ? - Les réponses possibles varient de jour en  jour. Hier, la percée des insurgés était porteuse d'espoir. Aujourd'hui, la contre-offensive du régime est foudroyante. - Les Occidentaux interviendront-ils ? Le blocus maritime commence déjà à se mettre en place. Le bouclage de l'espace aérien serait l'affaire de quelques jours. - Mais ce serait une opération commandée par l'Otan, non par l'ONU, en raison du probable véto de la Russie. - Aujourd'hui plus qu'hier, une chose paraît acquise : sauf surprise, le colonel K. n'abandonnera pas le pouvoir sans la défaite complète de ses forces. Comme l'opposition non plus ne lâchera rien, cela signifie : une bataille "terrestre" acharnée avec d'énormes "pertes civiles". Mais aussi matérielles : la reconstruction du pays pourrait prendre des années. Et cette lutte fratricide sèmerait l'inimité, l'injustice, la vengeance parmi la population. La question n'est donc pas tant de savoir si l'insurrection finira par l'emporter, mais à quel prix ? - L'analyse du New York Times d'hier va dans le sens d'une "longue guerre" civile. C'est, hélas, une possibilité ...

Ce soir, la situation est résumée comme ceci par le live blog du Monde : La contre-offensive de Kadhafi semble être un semi-échec sur le terrain : la principale bataille, celle pour Misrata, a tourné à l'avantage des insurgés. L'autre ville d'importance que les troupes de Kadhafi ont essayée de reprendre ce week-end, Zaouïa, résiste également. Les rebelles ont en revanche été stoppés dans leur progression vers l'ouest, et ont même dû abandonner le bourg de Ben Jawad.

Le Conseil national temporaire a[urait] installé un fil Twitter @LibyanTNC - [actualisation 7-03-2011, 21:45] Selon  (Libyan Youth Movement) : "Nous avons parlé à un membre du Conseil libyen, ils ont dit qu'ils n'ont pas de compte Twitter et aucune intention d'en créer un" (We have spoken to a member of the Libyan council, they said they do not have a twitter account and no plans to create one). - À surveiller ...

Voici un reportage de France 24 tourné le 4 mars du côté de Brega, au cœur du combat : 



samedi 5 mars 2011

[Libye 2011] Bombes et grands discours

[page précédente] [page suivante]
 
~ page commencée le 2, actualisée les 3, 4 et 5 mars 2011 ~

[Traduction] Muhammad min Libya : Préservons la révolution populaire libyenne

 (image : spiegel -. reuters)

~ mercredi 2 mars 2011 ~ 

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

Trois nouveaux faits (ou informations) marquent la journée :

- Le régime contre-attaque : des villes sont bombardées, on reconquiert ou tente d'investir quelques places fortes, des opposants et Libyens de l'Est sont arrêtés à Tripoli.

-  Pendant ce temps, le colonel K. tient un discours fleuve (~2h30) à l'occasion du 34e anniversaire de la Jamahiriya (1977). Il dit quelque chose qui est sans doute vrai : toute intervention de l'Otan ou de l'Onu occasionnerait un massacre, une situation comparable au Vietnam ou à l'Afghanistan. De leur côté, les USA  redoutent que la Libye s'enfonce "dans le chaos" pour devenir une "Somalie géante" (AFP) .

- Enfin, le chiffre énorme de 6000 morts depuis le 17 février est maintenant avancé (par la Ligue libyenne des droits de l'Homme).

Ce soir, France 24 donne d'autres chiffres : Plus de 180.000 personnes ont quitté la Libye, a déclaré Melissa Fleming, porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU. Elle précise que 77 320 personnes ont franchi la frontière libyo-égyptienne, parmi lesquelles une grande majorité d'Égyptiens. Un nombre similaire de réfugiés aurait quitté le pays pour la Tunisie ; un passage devant lequel 30.000 personnes seraient toujours retenues. (Source AP)


Voici quelques extraits conséquents du discours, de la "performance" du colonel K., dans sa langue natale avec un voice-over anglais, devant un parterre de caciques acquis à sa cause, ponctuée de manifestations d'une claque excitée et d'ambienceurs déchaînés, assaisonnée de quelques commentaires de la BBC. - On reconnaîtra également des correspondants étrangers dans l'assistance. - C'est une playlist de 5 vidéos.


Je ne peux pas m'empêcher de penser au 40e anniversaire de la RDA, le 7 octobre 1989. Les célébrations furent menées en grande pompe, les manifestations réprimées durement, le régime mettait en scène sa dernière apparition sur la scène de l'Histoire. Un mois plus tard, le 9 novembre au soir, les postes frontières de Berlin ont laissé passer le peuple de l'Est. La nuit la plus folle que la ville n'ait vécue. Et le régime de la Stasi disparut tel un mauvais rêve, comme les assassins de la SS et de la GeStaPo ont disparu du jour au lendemain, le 8 mai 1945, du paysage allemand en ruines. - C'est pourquoi je reste raisonnablement optimiste, convaincu que, vingt ans plus tard, la Guerre Froide est en train de s'achever, enfin, au Sud de la Méditerranée. L'Histoire a ceci de particulier que l'on ne peut pas revenir en arrière. Si l'on rate sa marche, on se fait broyer ! Voilà pourquoi je reste raisonnablement optimiste, et que je ne vois dans se discours, assorti de bombardements, qu'une posture anachronique (et chancelante) d''un vieux révolutionnaire qui a raté sa marche !

Berlin-Est, 7-10-1989. Parade militaire en présence de M. Gorbatchev !

~ jeudi 3 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [Der Spiegel]

Contre-offensive du régime et résistance des rebelles à Brega et Aldabiya (reportage d'Al Jazeera publié aujourd'hui, commentaires en anglais)



À propos de ces attaques sur la résistance libyenne, Le Monde rapporte ce matin :  De nouvelles frappes aériennes ont visé jeudi la ville de Brega, dans l'est de la Libye, selon un témoin, cité par Reuters. La ville a fait l'objet d'une lutte violente mercredi entre les rebelles et les forces fidèles à Mouammar Kadhafi mais semble être restée sous contrôlé insurgé. Elle abrite l'un des deux grands terminaux pétroliers du pays.  - Et : Armés de lance-roquettes et de missiles antichars et antiaériens, les opposants libyens se préparent à de nouvelles offensives pour défendre la ville d'Ajdabiya, située à 160 km au sud de Benghazi, qui abrite une base militaire et un dépôt d'armes, indique Reuters. Les insurgés montrent plus d'enthousiasme que d'expérience dans leur utilisation des armes mais sont déterminés à tenir la ville, affirme l'agence. Les partisans de Kadhafi ont bombardé la ville mercredi tandis que des forces terrestres ont attaqué en vain Brega, à 75 km à l'ouest.

Sur le plan diplomatique, Hugo Chavez, le président du Vénézuela, autre grand pays producteur de pétrole, a proposé une médiation entre le régime libyen et les opposants, qui a été acceptée par colonel K et la Ligue Arabe. Mais la répression massive des manifestations pacifiques par un régime dictatorial et suranné a contraint l'opposition libyenne à la résistance armée pour obtenir la chute du tyran et de son clan. Dès lors, toute offre de négociation se heurte à un rejet massif dans l'Est libyen. Et la France, par la voix du nouvel arrivant au Quai d'Orsay, Alain Juppé, a également rejeté cette proposition : "Toute médiation permettant au colonel Kadhafi de se succéder à lui-même n'est évidemment pas la bienvenue" (Le Monde). - Ce soir,  le président Obama abonde dans ce sens : "La violence doit cesser. Kadhafi a perdu la légitimité de gouverner, il doit partir." (Al Jazeera)

L'interdiction de survol du territoire libyen est toujours une "option" en discussion : Se joignant à son homologue britannique David Cameron, Alain Juppé... vient d'affirmer que la France et la Grande-Bretagne étaient prêtes à agir pour planifier une zone d'exclusion aérienne si la force était utilisée contre les civils (Le Monde). - Si la sécurisation du ciel de Libye par l'aviation occidentale est largement approuvée par la population, l'idée d'une intervention terrestre est tout aussi massivement rejetée. L'article du blogueur Muhammad min Libya, qui est à Tripoli, explique pourquoi.

mardi 1 mars 2011

[Lybie 2011] Le "délire" de Kadhafi


[Traduction] Muhammad min Libya : Préservons la révolution populaire libyenne 

~  mardi 1er mars 2011 ~

Fils d'actualité de la journée [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel] 

As-salâm ’aleïkoum | السلام .عليكم

Voici les premières nouvelles de la matinée .

- Dans le Guardian on apprend que les forces du régime "ont lancé des contre-offensives sur les territoires contrôlés par l'opposition. Des jets de l'armée ont bombardé Ajdabiya, à 160 km au Sud de Benghazi, et des témoins ont dit à l'AP que, dans la nuit, des troupes pro-Kadhafi accompagnés de chars ont essayé de reprendre Zaouia" (50 km à l'Ouest de la capitale) "sans y parvenir." [une dépêche d'AP parle d'un affrontement de six heures !] - "Al-Arabiya rapporte que des forces loyales au leader libyen se positionnent près de la frontière tunisienne." - Le quotidien britannique rappelle également que les États-Unis ont déployé leur flotte près des côtes libyennes tandis que le Premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron, étudie l'option d'une zone d'exclusion aérienne dans le ciel de Libye.

- Le live blog du Monde fait état des "derniers soutiens de Kadhafi" :  Au Conseil de sécurité des Nations unies, le Brésil et la Colombie ont voté les sanctions contre la Libye, adoptées à l’unanimité. La plupart des pays d’Amérique latine ont condamné la répression des troupes du colonel Mouammar Kadhafi. Trois exceptions : Cuba, Venezuela et Nicaragua. - Comme possibles "refuges", on peut également penser à deux ou trois pays africains, et notamment au Zimbabwe. - Le journal cite également le président vénézuélien Hugo Chavez qui a fait part lundi [28-02-2011] de son souhait de créer une médiation internationale pour résoudre la crise en Libye et [qui] a accusé les États-Unis et ses alliés de l'OTAN de vouloir utiliser la force. 

- Pour ce qui est des "points de chute", le live ticker du Spiegel rapporte ceci :  "Le chef d'État Kadhafi et sa famille préparent peut-être une fuite en Biélorussie ; c'est ce que semblent indiquer, selon le Sipri, l'Institut de recherche sur la Paix de Stockholm, au moins deux atterrissages de l'avion privé de Kadhafi sur un aéroport biélorusse au cours de la dernière semaine. Le chef d'État biélorusse, Alexander Loukachenko, passe pour être le dernier dictateur européen. Il est également prouvé [toujours selon le Sipri] que son pays a livré 40 tonnes d'armes à la Libye ces dernières semaines. Comme moyen de payement, Kadhafi a sans doute acheminé des diamants en Biélorussie avec son jet privé."   

Et voici un extrait plus conséquent (toujours en anglais) de l'interview du colonel K., datant d'hier :


[10:10] Dans l'Ouest de la Libye, des témoins rapportent le rassemblement de soldats fidèles au régime : les résidents craignent une attaque sur la ville de Nalout [ou Nalut] à environ 60 kilomètres de la frontière tunisienne. Le secteur serait déjà sous le contrôle des opposants. (in Spiegel)


[10:25] Le situation est inquiétante à Zaouia. Les forces du régime, qui l'encerclent, bloquent le ravitaillement du centre-ville aux mains de l'opposition (in Guardian). - Depuis hier, le colonel K. cherche donc par tous les moyens (négociations, bombardements, actions de commando, coups de force, asphyxie) à regagner du terrain. Sans succès pour l'instant. ...

[11:10] Le Monde rapporte un "déploiement de force des partisans de Kadhafi" : L'armée libyenne renforce sa présence à Dehiba, poste-frontière avec la Tunisie, dans l'ouest de la Libye. Des véhicules militaires et des soldats armés de kalachnikovs se sont déployés à ce poste-frontière, qu'ils ont orné de drapeaux verts de la Libye. Lundi, il n'y avait aucune présence militaire à Dehiba, situé à une soixantaine de kilomètres de Nalout. L'armée libyenne a aussi déployé des renforts à Nalout pour ne pas voir la ville tomber aux mains des insurgés qui acculent le régime de Mouammar Kadhafi dans l'ouest du pays.

lundi 28 février 2011

[Lybie 2011] Tripoli, le camp retranché du colonel Kadhafi


~ Lundi 28 février 2011 ~

As-salâm ’aleïkoum | السلام .عليكم

Fils d'actualité de la journée [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

Le quotidien algérien El Watan (colonne de droite) résume la situation comme ceci : Au 14e jour d'un mouvement de révolte sans précédent, l'opposition libyenne, forte du contrôle de l'est et de plusieurs villes de l'ouest, se prépare à marcher sur Tripoli où le colonel Mouammar Kadhafi, sourd à la pression internationale, continue de minimiser l'insurrection sanglante qui ébranle son régime.

Ce matin, deux des points "chauds" sont :

- Misrata (ou Misuratah, ~200km à l'Est de Tripoli) : La ville côtière est aux mains de l'opposition, mais les forces loyales à Kadhafi occupent encore une (petite) partie de la base aérienne. L'autre partie, qui comprend les dépôts de munition, est contrôlée par les opposants qui ont abattu un avion [ou un hélicoptère de combat] tirant sur la station radio de la ville et capturé son équipage. Les combats autour de la base militaire se poursuivent depuis hier soir (in Guardian).

- Zaouia (ou Az Zawiyah, ~50km à l'Ouest de Tripoli) : Le centre-ville est tenu par l'opposition, mais les forces loyalistes l'encerclent. Les habitants du centre craignaient ce matin un coup de force "imminent". (in Guardian)

Par ailleurs, L'ONU redoute une catastrophe humanitaire, étant donné le grand nombre de personnes qui fuient le pays sans toujours savoir où aller. Hier soir, un politicien suisse raisonnait comme ceci  (en substance) : Il n'est pas possible d'accorder l'asile "économique" en Suisse, et l'asile politique n'est pas requis puisque les dictatures de ces pays ont été démantelées. Donc, les frontières doivent rester fermées (sur la TSR). Or l'ONU a justement demandé d'ouvrir les frontières pour venir en aide aux réfugiés ...


[12:00] Un correspondant d'Al Jazeera à Genève où se tient une réunion du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en présence de Hillary Clinton : "Le problème n'est plus si mais quand Kadhafi va partir." - Certains de la fin prochaine du régime libyen, les responsables internationaux pensent déjà à "l'après-Kadhafi" et ils évoquent un procès pour crimes contre l'humanité à cause de la répression sanglante des manifestations pacifiques (en particulier à Benghazi) .- À ce jour, on parle de mille voire de deux mille morts en Libye depuis le 17 février ("Jour de colère") !

[12:35] 30 secondes chrono pour expédier la situation libyenne dans le journal de France 3 ! Seule information : Une dizaine de médecins français partent pour Benghazi aujourd'hui. - Al Jazeera précise que deux avions transportant des médecins, des infirmiers, des médicaments et du matériel médical doivent quitter la France dans "quelques heures", selon une déclaration de François Fillon.

[12:45]  Le Monde évoque la situation alimentaire à Tripoli : Selon l'agence AP, le prix de produits alimentaires flambe à Tripoli, de longues files se forment devant les boulangeries. Un témoin cité par l'agence indique que le prix du riz a augmenté de 500 %, pour atteindre 40 dollars pour un sac de 5 kilos. 

[13:00] Le journal de France 2 ouvre sur... les chutes de neige dans les Pyrénées Orientales ! Dans la foulée, un reportage sur le prix de l'essence qui grimpe à cause "de l'instabilité dans plusieurs pays arabes" ! Et "une femme de 57 ans plongée dans le coma... sans doute à cause du Mediator" ! Ensuite, comme prévu, on parle du remaniement ministériel en France et de l'allocution du président, hier soir ... Le Premier ministre déclare : La décision que nous avons prise [de révoquer la ministre des Affaires étrangères] n'est pas "morale" mais "politique" (Mme Alliot-Marie n'ayant pas "commis de faute").- Puis ce sont les "flux migratoires" qui inquiètent l'Europe.

[13:15] On parle enfin de la Libye où les "forces de l'opposition s'apprêtent à marcher sur Tripoli." "Reportages" à Benghazi  et à Tripoli. Tout est bouclé en 3 minutes, aucune information nouvelle ne filtre. - À suivre la nouvelle édition du guide Michelin, le carnaval de Venise et la cérémonie des Oscars. Bonne nuit, les petits !

[13:22] Misrata : Les combats ont lieu à l'arme lourde, affirme un médecin cité par la BBC (12:15), qui parle de l'utilisation de canons antiaériens contre les manifestants. (Le Monde)

[14:00] Le Spiegel écrit que l'Europe cherche à établir le contact avec l'opposition libyenne, comme l'affirme Catherine Ashton (chef de la diplomatie européenne), "disposée" à la collaboration, notamment avec le Conseil de transition qui s'est formé dans l'Est du pays ce weekend.

[14:10]  Le Monde rapporte que  : Les sanctions adoptées par l'UE comprennent un embargo sur les armes contre la Libye, ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le colonel Mouammar Kadhafi et 25 de ses proches. L'UE est ainsi allée au-delà des sanctions décidées samedi à l'ONU. 

[14:30] Conférence de presse à Bordeaux du nouveau ministre français des Affaires étrangères,  Alain Juppé, qui prendra ses fonctions officiellement demain vers midi. Après Bernard Kouchner (mai 2007 - nov. 2010) et Michèle Alliot-Marie (mi-nov. 2010 - fin fév. 2010), le maire de Bordeaux (qui entend d'ailleurs le rester) est le troisième locataire du Quai d'Orsay en moins de quatre mois ! - Quant aux déclarations du nouveau diplomate en chef, qui avait refusé ce poste en novembre 2010, elles sont en harmonie avec ses fonctions : Hormis son soutien affirmé à la candidature du président sortant en 2012,  il a pratiqué (avec un certain brio) l'art de ne rien dire ! - Pendant ce temps, Le Monde confirme l'information donnée précédemment : Lors d'un point-presse à la mi-journée, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Bernard Valero, a confirmé que deux avions d'aide humanitaire partiraient "de Paris en fin d'après-midi à destination de Benghazi". "Ces avions transporteront des médecins, des infirmiers, des logisticiens et cinq tonnes de matériel de soin et de médicaments", a-t-il précisé.

dimanche 27 février 2011

[Libye 2011] L'étau se resserre

 
 ~ Page commencée le samedi 26, actualisée le dimanche 27 février 2011 ~

[00:00] Les fils d'actualité sont suspendus dans la nuit. Et la télévision débite son ronron en fond sonore. Ou rediffuse ses journaux sur la dernière prestation du colonel K. La TV suisse annonce qu'il n'aurait détruit que la moitié de ses stocks de gaz moutarde, utilisé dès la Première guerre mondiale (1914-18) et employé par Saddam Hussein dans la guerre de l'Irak contre l'Iran (1980-88). Mais l'expert suisse doute que le colonel K. puisse encore l'utiliser. Or, le ministre de la Justice démissionnaire vient d'affirmer que Kadhafi n'hésiterait pas à l'employer s'il était acculé. Et puis il y a la menace d'ouvrir les dépôts d'armes aux supporters du régime... Lorsqu'il est question des sanctions possibles contre la Libye, il apparaît que l'arrêt des livraisons d'armes n'empêche pas que celles-ci restent présentes sur le territoire en quantités suffisantes pour permettre un massacre de grande envergure (Journal de la Schweizer Fernsehen, 10vor10, rediffusé actuellement sur la chaîne 3sat)

Dans la journée, on a appris que des milliers de personnes sont descendues vendredi [25-02-2011] dans les rues de nombreuses villes d'Irak, de Mossoul à Bassorah, à l'occasion d'une "journée de la colère". Au moins 11 personnes ont été tuées, dont neuf lorsque les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des manifestants dans le nord du pays. - Ces manifestations sont les plus importantes et les plus violentes en Irak depuis qu'un vent de révolte balaie le monde arabe. Elles traduisent la colère de nombreux Irakiens contre la corruption, le chômage et des services publics médiocres (in Nouvel Observateur avec AP) - Il y a eu trois morts et 15 blessés à Hawija, à 240 km au nord de Bagdad. Cinq manifestants ont été tués et 15 blessés à Mossoul (360 km au nord-ouest de Bagdad) Au Kurdistan irakien, une personne a été tuée et 25 autres blessées. Dans la province d'Anbar (proche de Bagdad), deux manifestants ont été tués par balles et 14 autres blessés. A Bagdad, Bassora et Kerbala, les manifestants ont été épargnés.

Une nouvelle marche a également été organisée en Algérie, où l'état d'urgence vient d'être officiellement levé. El Watan commente : Malgré la levée de l’état d’urgence, Alger reste hermétiquement fermée à toute manifestation publique. Les autorités ont mobilisé une armada de policiers pour empêcher la marche de la CNCD. En effet, la participation à cette troisième marche semble avoir été encore moindre (ou plus empêchée) qu'à la manifestation de samedi dernier.


[Nota] À cette place, j'avais écrit (improvisé) une "digression historique" dans la nuit, que j'ai supprimée en attendant une version plus aboutie...

As-salâm ’aleïkoum | السلام .عليكم

 Les fils d'actualité de la journée [Guardian] [Al Jazeera] [Le Monde] [France 24]

Quelques titres du jour : Sanctions renforcées contre la Libye tandis que Kadhafi se terre (Guardian) - Les opposants libyens progressent sur le terrain (Le Point) - Kadhafi commence à armer ses supporters (Sky News)

[13:00] Le Nouvel Observateur publie cette note (avec AP) : Le régime de Moammar Kadhafi arme ses partisans civils pour établir des points de contrôle et réprimer toute contestation, selon les témoignages d'habitants de Tripoli. - Le soulèvement populaire qui touche la Libye constitue le plus grand défi auquel est confronté Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. Le dirigeant libyen a maintenu son contrôle dans la capitale en ayant recours à la violence contre les protestataires, mais les insurgés se sont emparés d'environ la moitié du littoral libyen. - Les forces pro-Kadhafi ont ouvert le feu sur des manifestants après la prière du vendredi. Le numéro un libyen a déclaré à ses partisans qu'il "ouvrirait les dépôts d'armes pour que tous les Libyens (...) soient armés". - Des habitants de Tripoli, joints samedi par téléphone depuis Le Caire, ont fait état sous couvert d'anonymat de camions patrouillant les rues avec à leur bord des civils soutenant le régime.

De son côté, Saif al-Islam Kadhafi, qui a invité (et encadré) des journalistes occidentaux à Tripoli, dit dans une conférence de presse à l'hôtel Rixos al Nas [extrait en anglais] que l'histoire des mercenaires, des bombardements de civils, des centaines ou des milliers de victimes est une "grosse blague" (big joke). Il affirme par ailleurs qu'Al Qaida est derrière les révoltes et qu'il suffit d'aller voir la déclaration de l'organisation terroriste, diffusée hier sur Internet, selon lui (Telegraph). - Il faut rappeler une autre déclaration du propagandiste en chef, qui disait hier vouloir entamer des "négociations" avec l'opposition.

[13:15] Et cette nouvelle surprenante : Selon la chaîne iranienne Press TV, le plus jeune fils de Kadhafi, Saif al Arab, a rejoint les manifestants à Benghazi [http://www.presstv.ir/detail/166900.html] (Le Monde)

[14:00] L'avis éclairé de Silvio Berlusconi fait le tour des rédactions du monde :  "J'ai eu des nouvelles fraîches il y a quelques minutes et il apparaît effectivement que Kadhafi ne contrôle plus la situation en Libye", a dit le président du conseil italien lors d'un meeting politique à Rome. (in L'Express)

vendredi 25 février 2011

[Libye 2011] Black-out & Overkill

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~ Page commencée le mercredi 23, actualisée le jeudi 24 et vendredi 25 février 2011 ~ 

Voici les rares informations qui ont filtré dans la matinée : "Seules les villes de Tripoli et de Syrte seraient encore aux mains des partisans de Kadhafi", rapporte un correspondant du Spiegel, qui se base sur les affirmations de réfugiés tunisiens et égyptiens. "Mais il y a des déclarations contradictoires,  un patron de restaurant de Zouara [à 60 km de la frontière tunisienne] nous a dit qu'à l'Ouest de Tripoli, tout le monde était encore pour Kadhafi."

Dans une conversation téléphonique avec la chaîne Al-Arabiya, le ministre libyen de l'Intérieur [démissionnaire] Abdel Fattah Younes évoque un possible destin de Mouammar Kadhafi : Le "Guide de la Révolution" préfèrerait le suicide à l'exil. "Le régime de Kadhafi est fini", ajoute le général-major (in Spiegel).

Comme beaucoup d'autres médias, Le Monde annonce que : L'est de la Libye est sous contrôle des insurgés. Les grandes villes de Tobrouk, Ajdabiya et Benghazi, dans la province du Cyrénaïque, retiennent leur souffle en attendant la répression promise par Mouammar Kadhafi. Selon un armateur, tous les ports et terminaux du pays sont fermés.

D'autres nouvelles du Guardian : "Il y a eu des tirs nourris à Tripoli ce matin, lorsque des forces loyales à Mouammar Kadhafi ont ouvert le feu dans les rues. C'est la conséquence de l'appel de Kadhafi à ses supporters de se soulever contre les rebelles" (hier). "Le ministre italien des Affaires étrangères a dit que, selon lui, mille personnes environ auraient trouvé la mort jusqu'ici." - "Les protestataires auraient, selon certaines sources, pris le contrôle de Misurata – si c'est vrai, ce serait la première ville dans l'Ouest du pays à tomber aux mains des manifestants, dont la base de sympathisants se trouve en majeure partie à l'Est. Reuters rapporte que les petites villes à l'Est seraient calmes avec peu de signes de présence policière et militaire ou de tension." - "Les protestataires soutenus par des unités de l'armée ralliées à leur cause revendiquent le contrôle de presque toute la moitié est de la côte méditerranéenne de Libye, longue de 1.600 kilomètres."

Le Monde publie ce témoignage à la fois optimiste et inquiétant :  Mouammar Kadhafi est "pire" que l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein, affirme le représentant démissionnaire de la Libye auprès de la Ligue arabe. "Je crois que c'est une question de quelques jours, pas plus. Malheureusement, je pense en même temps que ça coûtera cher à la Libye et aux Libyens, car cet homme est capable de tout", a affirmé Abdel Moneim al-Honi dans une interview au quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al Hayat. "Je pense que des massacres horribles se produiront", a-t-il ajouté, écartant l'éventualité d'une guerre civile dans le pays. Selon cet ex-membre du Conseil du commandement de la révolution libyenne, le colonel Kadhafi a tranché : "soit il tue, soit il est tué". - Et celui-ci : Un médecin français cité par Libération et qui vient de fuir Benghazi affirme que la répression dans cette ville a fait "plus de 2000 morts" la semaine dernière. Puis ce récit de l'envoyée spéciale du journal, qui vient d'arriver dans le pays :  Tout le long de la route côtière qui conduit à Tobrouk, à une centaine de kilomètres à l’ouest de la frontière, la sécurité est désormais assurée par des civils en armes, revêtus de tenues disparates prises aux militaires. Les journalistes étrangers sont pris en charge par des taxis qui refusent le moindre dédommagement. Les forces de l’ordre officielles ont disparu, y compris des sites de bataille de la Deuxième Guerre mondiale réputés dangereux compte tenu des munitions que l’on peut encore y trouver. - Les symboles du régime ont été systématiquement détruits. Les portraits du colonel Kadhafi ont été piétinés ou affublés de moustaches ou de bandeaux de pirate. Des monuments à la gloire du Livre vert, bible de la révolution libyenne, ont été détruits au marteau. Tous les drapeaux officiels libyens, un rectangle uni de couleur verte, ont été remplacés par des oriflammes comportant trois bandes horizontales, rouge, noir et vert : le drapeau de l’indépendance de 1951.

Terrible contraste : D'un côté, l'image d'un pays libéré d'où les journalistes occidentaux envoient maintenant leurs reportages, et de l'autre l'absence totale d'informations, le noir et le flou, à part les récits de rapatriés et les vidéos invérifiables sur YouTube. On peut y ajouter les tweets par téléphone avec le nouveau système mis en place lorsque l'Internet égyptien a été coupé. Sur le "terrain", où la TV d'État diffuse encore les images d'une Libye heureuse sous le règne (désormais anachronique) du colonel K., le black-out est bien plus important qu'en Égypte, puisqu'aucun média n'est plus accessible : Rien ne rentre, rien ne sort (ou presque) ! Ce que l'on redoute à présent, c'est un nouveau coup de force, plus brutal et violent que les précédents, un véritable overkill de la population : un carnage, tandis que nous sommes, pour ainsi dire, calfeutrés dans notre impuissance !

[15:45] Martin Chulov du Guardian est le premier journaliste étranger à entrer dans Benghazi : "La deuxième ville de Libye paraît irrémédiablement hors du contrôle de Mouammar Kadhafi, avec l'armée locale qui défie son régime et des drapeaux de l'ère monarchique qui flottent sur les bâtiments gouvernementaux." Et le correspondant apporte cette précision : "Il est clairement avéré, maintenant, que le régime de Kadhafi a utilisé des mercenaires étrangers pour essayer de supprimer la rébellion (...)  Un officier de l'armée de l'air, le  major Rajib Faytouni, dit qu'il a été le témoin de l'arrivée de quelque 4.000 mercenaires sur des avions de transport lybiens, chaque machine transportant 300 hommes en armes, sur une période de trois jours à partir du 14 février. Il ajoute: "Voilà pourquoi nous nous sommes opposés au gouvernement. Pour ça et parce que l'ordre a été donné d'utiliser des avions pour attaquer les gens." - Un (autre) geste héroïque rapporté par France 24  : Un avion militaire libyen s'est écrasé aux environs de Benghazi après le saut en parachute de son équipage qui a refusé d'exécuter l'ordre de bombarder la deuxième ville du pays, rapporte le journal libyen Kourina [Qurina] sur la foi d'une source militaire.

[16:30] Sur le fil du Monde : "Al-Qaïda a établi un émirat à Derna [capitale historique de la province de Cyrénaïque], dirigé par Abdelkarim Al-Hasadi, un ancien détenu de Guantanamo", a déclaré le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, affirmant qu'Al-Qaïda envisageait un scénario "à la taliban" en Libye. Il a précisé qu'Abdelkarim Al-Hasadi avait un "adjoint" établi à Al-Baïda, "membre aussi d'Al-Qaïda et qui s'appelle Kheirallah Barâassi". "Maintenant, ils disposent d'une radio FM et commencent à imposer la Burqa", a-t-il affirmé, ajoutant que ces islamistes avaient "exécuté des personnes parce qu'elles refusaient de coopérer". - Puis cette actualisation : Le journaliste de NBC Richard Engel est justement à Derna. Il indique sur Twitter que les manifestations s'y poursuivent. - Réaction sur Twitter rapportée par France 24 : AliTweel, un internaute qui tweete depuis Tripoli : Le ministère des Affaires étrangères libyen a affirme qu'Al Qaida aurait instauré un émirat dans l'Est du pays. Mes amis à Derna et Benghazi ont démenti et rigolé !! [message repris également par Le Monde un peu plus tard]


[16:45] Correspondance d'Associated Press : Des miliciens loyaux à Kadhafi ont déferlé dans la ville aujourd'hui, "les coups de feu retentissant dans les airs". L'armée s'est également déployée massivement dans la ville de Sabratha, à l'ouest de la capitale, pour tenter de faire battre en retraite les manifestants, qui se sont emparés des bâtiments des forces de sécurité et du gouvernement, selon un site d'information proche du gouvernement. Le discours de Kadhafi semble avoir mobilisé un grand nombre de partisans et de miliciens qui ont empêché la tenue de manifestations de masse dans la capitale mardi soir et mercredi. Au cours de la nuit, des coups de feu ont été entendus, selon une femme qui vit près du centre ville (de Tripoli). .- "Les mercenaires sont partout avec leurs armes. Impossible d'ouvrir la moindre porte ou fenêtre. Les tireurs embusqués traquent les gens", raconte-t-elle. "Nous sommes en état de siège, à la merci d'un homme qui n'est pas un (vrai) musulman." - Dans la journée de mercredi, d'autres coups de feu ont été entendus près de la résidence de Kadhafi, mais dans de nombreux endroits de la ville, qui compte 2 millions d'habitants, les gens se risquaient à sortir faire leurs courses, selon des témoins.  - Le gouvernements a envoyé des SMS pressant les gens de retourner au travail, tentant de montrer que les choses reprenaient leur cours normal. Les habitants parlaient sous couvert d'anonymat par peur des représailles. - A la frontière égyptienne, les gardes ont fui, et les chefs tribaux ont formé des comités locaux pour les remplacer. - Un comité de défense organisé par des habitants de la région gardait même l'une des bases anti-aérienne, autrefois top secrète, de Kadhafi à proximité de Tobrouk. (in Le Monde)

[17:00] À Benghazi, les tweets de Martin Chulov du Guardian : Les soins intensifs de Benghazi sont toujours pleines de victimes du coup de force du gouvernement ce week-end. - Une importante base militaire à Benghazi. Une boucherie. Des centaines sont morts ici. La base détruite. Le sang toujours dans les rues. - La maison de Kadhafi à Benghazi a été mise à sac par les pillards. Les hashtags sur Twitter sont #feb17 et  #libya

[17:10] Al Jazeera et Le Monde signalent que "la fille de Kadhafi serait dans un avion qui cherche à atterrir à Malte."

[18:00] Al Jazeera raconte qu'après des tergiversations, où le pilote a fini par révéler l'identité de la passagère,  le refus d'atterrir a été décrété, et l'avion est reparti pour Tripoli

[18:15] Le Monde rapporte : Un tweet du journaliste Nicholas Kristof, du New York Times, qui dit avoir reçu des informations sur la chute de Tajura, à une quinzaine de kilomètres de Tripoli. "Le drapeau rebelle flotte sur la ville", écrit-il. 

[18:30] France 24 nous dit : Outre Benghazi, les villes de Syrte, Tobrouk à l'est du pays et Misrata, Khoms, Tarhounah, Zenten, al-Zawiya, Zouara, proches de la capitale, sont aux mains des insurgés. 

[18:50] Selon BBC, il y aurait des indices selon lesquels des partisans du régime de Kadhafi  contrôlent  des axes routiers importants menant à la frontière libyo.tunisienne et à la capitale. Des habitants de  Tripoli disent que les milices de Kadhafi tirent au hasard dans les rues. D'après un témoignage, les rues seraient désertes et les blessés ne pourraient rejoindre les hôpitaux par crainte d'être abattus. (in Spiegel)  

[20:00] Dans un tweet Nicholas Kristof, du New York Times, décrit Tripoli comme une "ville fantôme"  avec des magasins fermés et très peu de trafic. (in Le Monde) - Une heure plus tôt (20:00 heure locale), Al Jazeera a cité une source du quartier de Janzour à Tripoli-Est  ayant vu des hommes en civil avec des épées à la main. Elle a dit que sa famille a barricadé sa  porte d'entrée avec des canapés et du mobilier pour tenter de les empêcher de rentrer. La source rapporte des "grands boums à proximité" et pense que ce sont des portes enfoncées dans d'autres maisons. - Une autre source en banlieue de Tripoli a vu nombre de tanks et de voitures remplis de supporters de Kadhafi brandissant des fusils dans le quartier de Tajura qui se dirigeaient vers le centre-ville. - Le Spiegel rapporte ceci : "De la Chine au Canada, beaucoup de pays travaillent sous haute pression pour rapatrier leurs ressortissants, qui parlent à leur retour d'une situation comparable à la guerre. Une enseignante britannique signale par exemple de "20 explosions au moins", des avions ne cessant de tourner au-dessus de Tripoli. "C'est terrible. Aux abords de l'aéroport des milliers de personnes attendent", dit un autre témoin."  Le journal parle également d'un bâtiment allemand transportant des hélicoptères en route pour la Libye, dans le but de rapatrier les ressortissants fédéraux sans passer par l'aéroport de Tripoli.

mardi 22 février 2011

[Libye 2011] Benghazi en émoi, Tripoli s'enflamme


 [page commencée le dimanche 20, actualisée le lundi 21 et le mardi 22 février 2011]

La Libye, qui fait toujours l'objet d'un black-out médiatique orchestré par le régime, les organisations humanitaires dénombrent à présent plus de deux cents morts depuis le début des soulèvements, en particulier dans les villes côtières de Benghazi et d'Al Bayda, au Nord-Est du pays.

Ce dimanche 20 février 2011, le site du Point publie un compte-rendu de l'agence Reuters : Des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Benghazi, deuxième ville de Libye, pour porter en terre les manifestants tués par les forces de sécurité, ont rapporté des témoins. - Les violences de la nuit de samedi à dimanche ont porté à 173 le nombre de personnes tuées en quatre jours d'affrontements, centrés sur Benghazi et les villes avoisinantes, selon un bilan établi par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), dont le siège est à New York. - "Cent mille manifestants se rendent actuellement au cimetière pour les obsèques de dizaines de martyrs. Nous craignons un nouveau massacre car la route menant au cimetière est proche des casernes des forces de sécurité", a dit à Reuters un habitant de la capitale de la Cyrénaïque. "Nous ne céderons pas tant que le régime ne sera pas tombé. Nous appelons les Nations unies à intervenir tout de suite pour arrêter ce massacre", a dit cet homme. - Un autre témoin a indiqué à Reuters que des centaines de milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, s'étaient réunies pour prier devant 60 corps, exposés près d'un tribunal du nord de Benghazi, qui compte 700.000 habitants. - "Un massacre a été commis ici hier soir", a déclaré dimanche à Reuters un habitant qui a requis l'anonymat. Les forces de sécurité ont eu recours à des armes lourdes et, a-t-il ajouté, "nombre de soldats et de policiers sont passés dans le camp des manifestants". - Des comptes-rendus contradictoires de la situation ont été donnés par des témoins, mais il semble que les rues de Benghazi soient sous le contrôle des manifestants et que les forces de sécurité se soient retranchées dans un complexe appelé le "Centre de commandement", d'où elles ont tiré sur la foule. - Un chef de tribu qui a requis l'anonymat a lui aussi laissé entendre que les forces de sécurité étaient confinées dans ce centre de commandement. "Il n'y a plus aucune présence des autorités dans la ville, les forces de sécurité sont retranchées dans leurs casernes et la ville est dans un état de mutinerie civile", a-t-il dit à Reuters. - D'après un témoin italien présent à Benghazi, cité par l'agence de presse italienne Ansa, la situation "est complètement hors de contrôle". - "Tous les bâtiments gouvernementaux et institutionnels et une banque ont été incendiés et des voyous saccagent et détruisent tout. Il n'y a personne dans les rues, pas même la police", a raconté cet Italien. - Selon le quotidien britannique The Independent, deux cents personnes auraient trouvé la mort à Benghazi, ville traditionnellement frondeuse, lors de la répression du mouvement de contestation. - Les autorités libyennes n'ont publié aucun bilan et n'ont fait officiellement aucune déclaration sur les troubles.

Le site du Nouvel Observateur publie une dépêche de l'AP Les forces de sécurité libyennes ont ouvert à nouveau le feu dimanche sur des personnes assistant à des funérailles dans la ville de Benghazi, située dans l'est de la Libye, au lendemain d'une journée déjà marquée par une sanglante répression. - Un homme, atteint d'une balle dans la jambe, a raconté que des personnes transportaient dans un cimetière des cercueils de manifestants tués ces derniers jours quand ils sont passés devant des bâtiments de l'armée, dans la deuxième plus grande ville de Libye. Selon cet homme, les forces de sécurité ont tiré en l'air, avant d'ouvrir le feu sur la foule. - D'après un médecin d'un hôpital de Benghazi, au moins une personne a été tuée et 14 autres blessées, dont cinq grièvement.
De nouveaux témoignages des villes de Benghazi et d'Ajdabiya (à 160km au Sud de la première) arrivent sur le site de L'Express ce soir : "Les militaires tuent les gens sans pitié, raconte une jeune femme alors qu'on entend les fusils mitrailleurs vider leurs chargeurs au loin. Il n'y a plus de place pour les morts dans les réfrigérateurs. Hier (samedi), il y en avait près de 300 morts. Plus de 200 n'ont pas encore été enterrés. "Plus personne n'est en sécurité. Ils sont en train de tirer sur les gens. Ils tirent des missiles sur les ambulances, ce sont des gens sans pitié. On a vraiment besoin d'aide", dit-elle encore. - Qui sont ces "bandits de Kadhafi" qui sèment la terreur dans l'est du pays? Des témoins rapportaient dimanche matin sur France Info que ceux qui tiraient seraient des mercenaires. Ils les décrivent comme "africains" portant des "casquettes jaunes".  - La situation est d'autant plus tendue qu'on murmure que certaines villes seraient désormais contrôlées par les opposants. Selon Euronews, la ville d'Ajdabiya serait, elle, aux mains des anti-Kadhafi, du moins temporairement. "Les manifestants ont formé des groupes qui dirigent maintenant la ville, raconte un habitant par téléphone. Nous appelons les Nations Unies et tous ceux qui ont une conscience à secourir Ajdabiyah. Les autorités ont envoyé des troupes pour reprendre le contrôle de la ville. Nous les attendons sur la place des martyrs. Tout le monde ici est prêt à défendre la ville contre ces mercenaires.