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lundi 28 août 2017

Danger de guerre

 PENSÉES EN VRAC

Il ne faut pas être un expert des affaires militaires pour comprendre que l'achat d'armement inclut la possibilité de s'en servir en cas de conflit armé. Ce que, soit dit en passant, les fabricants et vendeurs d'armes ne sont pas non plus censés ignorer.

Cette vérité aussi triviale que fatale énoncée, qu'en est-il de l'armement nucléaire ?

Après le largage des deux bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945, les bons prophètes se voulaient rassurants : cette funeste action aurait réveillé les consciences et considérablement réduit le risque d'un conflit atomique entre les deux superpuissances qui allaient s'affronter pendant plus de quarante ans dans le cadre pétrifié de la "guerre froide".

Les historiens des temps futurs analyseront la suite : l'effondrement du bloc de l'Est, l’émergence économique de la Chine, autre grande puissance nucléaire, ou celle des pays producteurs d'énergies fossiles, les crises financières ou les grandes migrations des populations frappées par la misère et les conflits interminables.

Lors du démembrement de l'Union Soviétique, les experts se sont déjà demandé si les armes nucléaires stockées dans les anciens pays membres désormais indépendants ne risquaient pas de se retrouver aux mains des terroristes. Mais l'équilibre entre les puissances détenant la bombe ne semblait pas menacé. - Les choses ont changé avec les joutes verbales actuellement échangées entre le nouveau président américain et le junior dictator de Corée du Nord. Les deux autres géants atomiques - Chine et Russie - semblent pour l'instant vouloir se retenir. Mais cela aussi peut changer ...


***


L'immense capacité de nuisance de l'être humain risque à nouveau de devenir ingérable. Ce qui tient aussi à l'absence d'une haute autorité internationale de contrôle qui aurait les moyens d'intervenir dans des situations "explosives" comme celles que Donald Trump et Kim Jong-un imposent actuellement à la planète. L'ONU a certes le mérite d'exister, mais dans la plupart des conflits récents - dits "conventionnels" avec un prodigieux cynisme involontaire - cette institution a montré son impuissance à mener des actions de pacification, empêcher les escalades et mettre fin aux guerres qui ont engendré et engendrent encore des catastrophes de grande ampleur.

On sait pourtant - et les militaires sont les premiers à le dire - que les guerres n'ont jamais rien résolu. Elles déplacent les frontières et les pouvoirs, redistribuent les zones d'influence et les richesses, mais ne résolvent aucun problème majeur de façon durable : les destructions se poursuivent de plus belle, les haines ancestrales semblent vouloir se perpétuer au-delà de toute argumentation raisonnable, les progrès de l'humanité sont invariablement flanqués de régressions dans des sphères "primitives" que l'on croyait à jamais dépassées par les mouvements "éclectiques" de l'histoire moderne.

Or, il n'en est rien et ce sont les mouvements guerriers - fondées sur une agressivité que l'on doit probablement appeler "génétique" ou "phylogénétique", une barbarie irrationnelle venant sans cesse s'immiscer dans les essais de civilisation humaine - qui témoignent de cette régression apparemment inexpugnable ...


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Sans transition : j'ai entendu ces jours-ci la procureure (ou sa porte-parole) en charge du procès actuellement mené contre le jeune homme, réputé d'extrême-droite, qui a vendu l'arme à un autre jeune homme, réputé de même et responsable, lui, de l'assassinat en masse de neuf jeunes gens à Munich en juillet 2016. Elle disait à propos du vendeur, qui risque une lourde peine pour commerce illégal d'armes apparemment aggravé par une inculpation pour "homicide involontaire", que l'on peut partir du principe que toute arme vendue va servir. À tuer par exemple, ce qu'elle n'a pas explicitement dit mais fortement sous-entendu. - Cette histoire m'a fait penser à l'industrie de l'armement qui a un intérêt tout à fait commercial à ce que les armes servent, afin de pouvoir en vendre d'autres. Sans parler de l'obsolescence toujours plus rapide... Et je me suis demandé s'il n'y avait pas là aussi matière à inculpation, manière d'échanger un peu les sempiternels problèmes éthiques des belles âmes contre un bon procès pour homicide involontaire en masse. Mais la procureure qui devrait l'instruire attend encore la constitution d'un collectif dont elle défendrait les intérêts. Si elle possède déjà un tribunal (La Haye) et une instance supranationale (l'ONU), en principe dévoués à la cause humanitaire, ces institutions auront vite fait de se déclarer incompétentes devant l'ampleur d'une telle affaire.

Sans transition encore : l'autre jour, en repensant au film M le maudit (Fritz Lang, 1931), où l'organisation des voleurs menée par un chef impitoyable (Gustaf Gründgens) finit par coincer et juger le tueur en série (Peter Lorre) dont les agissements étaient mauvais pour les affaires des malfrats gênés par les descentes de police et les razzias, je me suis dit qu'il suffirait de demander les services des différentes mafias pour éradiquer à coup sûr les tueries en masse et en série du terrorisme international. Mais l'ami à qui je faisais part de cette idée saugrenue a rétorqué que ce genre d'agissements n'étaient pas compatibles avec l’État de droit. Ce qui n'est sans doute pas faux.


***

À propos de "terrorisme" : dans son numéro de la semaine (35/2017), l'hebdomadaire d'information Der Spiegel revient sur l'"Automne Allemand", dont on commémore actuellement le quarantenaire et qui s'est soldé - après l'enlèvement de Hanns-Martin Schleyer, patron des patrons allemand, par la "Fraction Armée Rouge" (RAF) et le détournement de l'avion de ligne "Landshut" ralliant Palma à Francfort par un commando palestinien (PLFP), qui fut ensuite neutralisé par la troupe d'élite allemande du GSG 9 à Mogadiscio - par le suicide collectif des leaders historiques de la RAF, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe dans leur prison de Stuttgart-Stammheim, suivi en guise de "représailles" par l'assassinat de Schleyer, retrouvé mort dans un coffre de voiture en Alsace (1). - Quarante ans plus tard, le monde occidental est de plus belle en proie aux actions terroristes, conduites cette fois par le groupe auto-proclamé "État Islamique" (IS). Comme un grand nombre d'observateurs, les rédacteurs du Spiegel ne voient pas vraiment de lien entre les deux "guerres". Or, la cible est la même : le monde libéral, démocratique, capitaliste. Et la RAF comme l'IS ont été ou sont soutenus par de puissants groupes d'intérêt, et ce n'est pas un hasard que cette première cesse définitivement ses activités peu après la chute du mur de Berlin rendu possible par l'effondrement de l'Union soviétique (2). Quasi simultanément, on assiste à la fondation du groupe terroriste Al-Qaïda : une idéologie anti-occidentale remplace l'autre et le fonctionnement sectaire est le même. En effet, dans le numéro cité du Spiegel, l'interview de l'ancien membre de la RAF, Peter-Jürgen Boock qui a participé à l'enlèvement meurtrier de Schleyer au cours duquel quatre policiers ont été tués, est éloquent sur ce point : arrogance, folie des grandeurs, endoctrinement, absence de pensée critique etc. Comme pour Al-Qaïda, ces qualificatifs restent pertinents pour l'IS, son successeur incontestable. - Il ne fait plus de doute que l'effondrement du bloc de l'Est a laissé un vide idéologique considérable : en conséquence, tout mouvement de contestation résolument "anti-capitaliste" devient orphelin, puisque non seulement les soutiens financiers mais également l'image ou le modèle de ce que l'on appelait à l'Est le "socialisme réellement existant" ont disparu.- Il y aurait ici beaucoup à dire, mais la question est ailleurs : après les catastrophes et traumatismes majeurs des deux guerres mondiales, que l'on a tendance à oublier dans ce contexte, notre "monde occidental" n'utilise-t-il pas cette "nouvelle guerre" dite "non conventionnelle" pour parfaire un système de surveillance planétaire dont la tendance totalitaire n'est que trop évidente ? L'opportunité et le prétexte viennent à point nommé pour la mise en place d'un tel système orwellien grâce notamment à la prolifération des "nouvelles technologies" où l'homme contemporain est appelé à surveiller son prochain comme soi-même ! Cette critique a d'ailleurs été adressée dès la fin des années 1960 aux mouvements terroristes d'extrême-gauche, puisqu'ils ont contribué au renforcement de l'État policier qu'ils prétendaient combattre.


[en cours]

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(1) L'action réussie du GSG 9, puis le suicide collectif des chefs de la RAF et enfin l'assassinat de Schleyer se sont tous trois produits le 18 octobre 1977 (Ulrike Meinhof ayant été retrouvée pendue le 9 mai 1976 dans sa cellule du même quartier de haute sécurité de Stuttgart-Stammheim). -  L’Allemagne en automne (Deutschland im Herbst) est le titre d'un film à épisodes, qui thématise cette "nuit sanglante" de Stammheim, ses antécédents et ses conséquences immédiates, à partir des différentes perspectives des contributeurs, dont l'écrivain Heinrich Böll, les réalisateurs Rainer Werner Fassbinder, Edgar Reitz, Alexander Kluge, Volker Schlöndorff et bien d'autres. Le film, tantôt documentaire tantôt scénarisé, est sorti en mars 1978. - Voici la version originale :


(sous-titres portugais [Brésil] en cliquant sur cc en bas à droite après la mise en route de la vidéo)

(2) Entre 1980 et 1982, dix membres de la RAF se sont réfugiés en RDA. On suppose ou on sait qu'avant et après ces dates, d'autres soutiens ont été apportés aux terroristes allemands : l'aéroport de Schönefeld à Berlin-Est était à leur disposition pour rejoindre le Liban ou l'Irak, tout comme certains renseignements très utiles et confidentiels de la police politique (Stasi) et des services secrets est-allemands, à quoi l'on peut ajouter des fausses pièces d'identité, des logements provisoires et des subsides matériels. - On suppose ou on sait aussi que l'IS dispose d'un soutien matériel et logistique similaire dans certaines monarchies ou émirats du Golfe, mais sans doute aussi dans deux ou trois pays d'Asie. La question est de savoir quels sont les intérêts réels de ces puissants soutiens : sont-ils économiques, idéologiques, géopolitiques... ? - Dans ce contexte, on pourrait se demander pourquoi la Turquie d'Erdoğan cherche aujourd'hui à exercer une telle influence sur l'Occident, notamment par l'intermédiaire de ses ressortissants résidant en Europe et surtout en Allemagne, mais aussi en jouant sur la bombe à retardement de la "crise des migrants" qui met en péril la "construction européenne" et qui est en partie à l'origine du vote britannique en faveur du "leave". Par ailleurs, la situation irako-syrienne semble insoluble : avec les factions qui s'affrontent - sunnites et chiites, Russes et Américains, partisans de Bachar al Assad et anciens de Saddam Hussein, Kurdes et Turcs, Iraniens et Saoudiens etc. - la guerre qui y est menée ressemble de plus en plus à la guerre de Trente Ans (1618/48) qui a mis l'Europe centrale à feu et à sang. À l'époque déjà, la majorité des victimes était constituée de civils, notamment de ruraux. Et si les différends confessionnels entre protestants et catholiques avaient déjà joué un rôle important dans cette longue guerre meurtrière, les véritables motifs des puissances impliquées sont - comme aujourd'hui ! - à chercher ailleurs ...

mercredi 20 juillet 2016

Un certain 14 juillet

Le montage est consternant. Le matin, on transmet en direct le « traditionnel » défilé où l’une des plus importantes armées du monde, puisqu’elle dispose de l’arme atomique et qu’elle est soutenue par une industrie de l’armement hors pair, fait la démonstration de sa puissance. Par habitude ou par patriotisme, les Français sont rivés à l’écran, profitant de leur jour de congé ou se sentant moins seuls dans leur désœuvrement forcé. La grande communion nationale est suivie de la tout aussi traditionnelle interview du Président de la République dans ce monument hérité des temps monarchiques et impériaux qu’est le palais de l’Élysée. Malgré la grande impopularité qui lui est attestée semaine après semaine par des sondeurs compulsifs, François Hollande cherche à rassurer et fait, comme on dit si bien, contre mauvaise fortune bon cœur. Pour le président, l’élection de mai 2017 est encore loin quand, pour ses nombreux adversaires, elle s’approche au pas de charge. Ce qui est le cas de le dire.

Les formalités expédiées, la France peut passer aux choses sérieuses. L’arrivée au Mont Ventoux est attendue avec impatience, les caravanes sont de sortie, les boissons au frais. Puis la montagne du Vaucluse fait honneur à son nom : le vent au sommet est trop violent, l’arrivée est déplacée six kilomètres plus bas, les bookmakers revoient leurs cotes. Et près de la flamme rouge le maillot jaune se retrouve sans vélo, continue à pied : du jamais vu, « complètement surréaliste », à en croire les commentateurs.

Puis voici venir le temps de l’apéro, les uns sont en vacances, les autres font le pont, le fameux pont du 14 Juillet que l’on aime tant emprunter. Une bonne boustifaille, et c’est parti pour la fête, les bals, le feu d’artifice…

Peu avant 22 heures 45, aux abords de la promenade des Anglais à Nice, un tueur en masse s’apprête à démarrer son 19 tonnes frigorifique. Le feu d’artifice vient de se terminer, parents et enfants, jeunes et vieux sont encore sous l'emprise du spectacle, les enfants sont contents de veiller tard, rient et courent, les amoureux s’enlacent. Le bruissement régulier des vagues de la Méditerranée apaise les mouvements de la foule…

Soudain, la terreur fait irruption, imprévue, monstrueuse, impitoyable. Le camion frigorifique vient d’emprunter le vaste trottoir noir de monde, écrasant tout sur son passage, sans discernement, zigzaguant entre Niçois et touristes, riches et pauvres, enfants et amoureux. Quelles ont été les pensées, les sensations de l’homme au volant qui, s’il avait été normalement constitué, aurait dû s’arrêter net, réalisant subitement l’infaisabilité, la perversité, la folie de son entreprise ? Or, il continue son parcours de tueur en masse sur quelque deux kilomètres écrasant près de trois cents personnes, dont plus de quatre-vingts meurent.

L’homme est abattu dans la cabine de conduite par les balles des policiers, la promenade des Anglais est jonchée de linceuls, les médias ont commencé leurs reportages en direct, qui dureront toute la nuit sans apporter beaucoup d’informations concrètes, à l’exception du nombre de victimes et du mode opératoire. Après avoir, dans un premier temps, présenté le tueur en masse – un Tunisien de trente-et-un ans résidant à Nice depuis ses vingt ans – comme un homme adepte de la boisson et des conquêtes féminines, puis comme un dépressif et un mari violent, il est enfin supposé s’être « radicalisé très rapidement ». La revendication de l’attentat par le soi-disant « État Islamique », qui intervient deux jours plus tard, semble confirmer cette supposition.

Cette « radicalisation express » – son utilisation par les médias et les politiques – pourrait faire sourire si la situation et les faits n’étaient pas aussi graves. Or, une chose n’a pas été approfondie : l’homme était d’abord et avant toute radicalisation – qui, de toute évidence, ne fonctionnait chez lui que comme rationalisation de son action monstrueuse – un tueur en masse. Ainsi, le lieu qu’il a choisi n’est pas sans importance. Il pouvait bien sûr espérer y tuer le plus grand nombre de personnes. Mais cela n’empêche pas qu’il ait pu percevoir ce front de mer luxueux aux hôtels prestigieux fréquentés par les grands de ce monde comme un univers haï parce que pour lui à jamais inaccessible, un univers contre lequel il s’est vengé.

Dans notre meilleur des mondes, promu vingt-quatre heures sur vingt-quatre par les écrans publicitaires qui entrecoupent les interminables directs et les images vides des chaînes d’information privées, il n’y a plus de différence de classes. L’évoquer dans un contexte comme celui-ci relèverait presque de l’infamie. De même, il ne faut plus parler de la longue tradition discriminatoire des immigrés en France pour motiver des actes terribles comme celui-ci. Mais il y a une autre constante dans les « explications » politico-médiatiques de ces actions qui devrait choquer tout analyste sérieux : elles sont invariablement présentées sous forme « mono-causale ». Dès lors, si le tueur en masse est un islamiste radical, tout est dit, ce n’est pas la peine d’aller chercher plus loin, les causes de sa « radicalisation » sont exclues de l'analyse. Or, même si l’on a coutume de présenter ces tueurs en masse comme des espèces de machines ou de robots sans émotions, le moteur principal qui leur permet d’exécuter jusqu’aux actes les plus horribles et injustes est une accumulation de haines multiples et donc un énorme potentiel agressif, qui semble avoir tout particulièrement entraîné le tueur en masse de Nice. L’autre phénomène dont il faudrait enfin prendre en considération les conséquences funestes, c’est la désorientation générale que l'on constate dans nos sociétés dès les petites classes des institutions scolaires. Quoi de mieux qu’un kit idéologique pour combler cet abîme ? À ce qu’il semble, il est livré prêt pour utilisation immédiate !

 SK, 20 juillet 2016


Voir aussi > MUNICH (23 juillet 2016)

mardi 17 novembre 2015

Deutschland vs. Niederlage !

I


J'écoute les infos du soir sur l'annulation du match Allemagne / Pays-Bas à Hanovre. Conférence de presse attendue du ministre de l'intérieur De Mazière. Un commentateur meuble. « Les journalistes commencent à entrer dans la salle ». C'est une information capitale. Je suis content de la connaître. Un autre envoyé spécial raconte l'évacuation du stade : schnell et bien ordonnée. Le public évidement surpris : « C'était soudain ? demande un journaliste. - Oui soudain ! » répond un ancien sous son bonnet de laine. Son calme rassure l'Allemagne rivée au poste. L'émission se termine sur un lapsus entre Niederlande (Pays-Bas) et Niederlage (défaite), lâché d'un air catastrophé par la présentatrice qui reprend en conclusion (et en attendant la conférence de presse) le titre principal du flash : l'annulation du match Deutschland vs. Niederlage ! - Ben ouais, c'est vrai qu'elle n'a cessée de se battre contre la défaite, l'Allemagne. Mais ce soir, heureusement, c'est annulé ! 

 
 II


Conf de presse en direct. De Maizière fait une longue introduction sur l'importance symbolique du match. La difficile et douloureuse décision de l'annuler. Aucune information concrète sur la véritable raison de cette mesure. Dans le doute. Pour la sécurité. Etc. - Boris Pistorius, premier flic de Basse-Saxe, insiste. Remerciements aux forces de sécurité. Puis la formule qui tue : « La situation est ce qu'elle est. » - Enfin un manager de foot parle des fans de foot, qui se faisaient une joie, de la solidarité avec Paris, rappelle que « notre équipe » subit ce genre de situation pour la deuxième fois en quatre jours. - La foule des journalistes, dont nous avons tout à l'heure suivi en direct l'entrée dans la salle de presse, n'aura droit qu'à quelques rares questions. Thomas de Maizière justifie sa volonté de ne pas donner d'informations concrètes. Action en cours. Mise en danger de la source. Panique de la population. Mais pour l'heure, ajoute son homologue bas-saxon, aucun explosif n'a été trouvé, aucune arrestation n'a été effectuée. Le direct finit sur cette info, et je ne peux m'empêcher de penser que ça sent un peu le bide, tout de même.

SUITE AU PROCHAIN NUMÉRO


dimanche 15 novembre 2015

Paris, nuit du 13 au 14 novembre 2015

Après avoir suivi une grande partie de la nuit la boucle médiatique sur les attentats terroristes du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, je me retrouve vidé, sans aucune émotion, au petit matin : étrange vacuité pour laquelle je n'ai d'autre explication que le matraquage, la surenchère, l'instrumentalisation, servis en continu aux consommateurs moyens que nous sommes, à chaque fois qu'un drame de cette envergure se produit sous nos latitudes. Tandis que, du côté obscur, les massacres se poursuivent inlassablement. Et que dans cette ombre générée par nos spotlights aveuglants, la souffrance demeure : invisible, muette, atroce.

En effet, nous sommes en guerre. D'ailleurs on a l'impression que l'humanité n'a jamais cessé de l'être, qu'elle trouve toujours de nouveaux modes d'affrontement, de plus en plus sophistiqués, imprévisibles, déshumanisés. Or, nous n'avons peut-être pas encore pris la mesure de cette guerre-ci, et en particulier des déséquilibres économiques qui lui servent de catalyseur. Par une loi de compensation, qui semble entièrement nous échapper, cette abondance de marchandises, caractérisant encore et toujours nos modes de vie, crée une misère, une pauvreté indicibles ailleurs, là où nous ne voyons et n'entendons rien. Ailleurs et toujours plus près de nous.

Nous, qui tenons aujourd'hui le rôle de victimes, continuons de profiter d'une aisance relative, générée en particulier par nos industries, dont celle de l'armement. Pourtant, nous sommes encore à nous étonner que les armes que nous fabriquons et vendons aux quatre coins du globe, puissent à l'occasion se retourner contre nous. Et les politiciens pacifistes, qui nous servent de voyageurs de commerce, de fustiger la barbarie de ceux qui ont l'outrecuidance de s'en servir sur le sol même des fabricants.

samedi 16 mai 2015

Le prix du 11 janvier


Une du n° 1177 (mercredi 7 janvier 2015)

À l'époque, j'avais qualifié les manifestations du 11 janvier 2015 de "courte trêve" tout en précisant ceci :
La formule "Je suis Charlie" n'est que le fruit du hasard, née comme ce genre de cris de désarroi et de guerre naissent : quelqu'un la dit, un autre la répète et ça finit par faire boule de neige. Le mot d'ordre n'a aucune importance en tant que tel : c'est son effet, le ralliement des gens autour d'une protestation et d'un deuil collectif qui compte.

Nonobstant, les analystes amateurs et professionnels les plus en vue n'ont cessé de décortiquer la formule pour mettre à jour toute la contradiction qu'elle pouvait receler et, partant, la nature contradictoire de ceux qui s'en réclamaient. - Aujourd'hui, quatre mois plus tard, le bouquin critique d'Emmanuel Todd paraît (*), cependant que deux "affaires" semblent sérieusement entamer l'image de Charlie Hebdo [ici] :

- la mise à pied ou le licenciement de la journaliste Zineb El Rhazoui pour des raisons encore inconnues, une faute grave selon le courrier de la direction qu'elle dit avoir reçu, tout en s'étonnant de cette "méthode bureaucratique" ;
- la bataille autour de la répartition des 30 millions d'euros d'aides et de dons recueillis par le journal satirique après les assassinats du 7 janvier.

Du pain bénit pour tous ceux qui, décidément, ne supportent pas les vagues de solidarité, les mouvements spontanés, par-delà toute "instrumentalisation". Et il y a de plus en plus de cyniques : la mention des différentes "chapelles" serait fastidieuse et "stigmatiserait" inutilement les unes et les autres, qui se voient déjà exposées au feu nourri de puissants adversaires, réels ou imaginaires, mais animés de ce même cynisme, aussi indécrottable que contagieux.

Dans ce contexte, la présence des chefs d'États à la manifestation parisienne du 11 janvier n'était évidemment ni désintéressée ni spontanée, bien au contraire : elle fut le résultat d'un savant calcul politico-diplomatique et faillit discréditer - cynisme oblige ! - une insondable marée humaine, faisant planer l'ombre d'une arrière-pensée théologico-politique sur quatre millions de boîtes crâniennes qui n'avaient absolument rien demandé.


samedi 27 septembre 2014

Brèves considérations sur la situation présente




Avec le 11 septembre 2001 le terrorisme s'est globalisé, en ce sens qu'il est apparu en direct et simultanément sur tous les écrans du monde, donnant à voir une action qui dépassait de loin toutes celles qui, jusqu'alors, pouvaient être qualifiées de « spectaculaires ».


Les initiateurs des attentats new-yorkais connaissaient parfaitement le fonctionnement des chaînes d'infos en continu : dix-huit minutes, la durée séparant les deux impacts, suffiraient aux télévisions pour braquer leurs caméras sur la Tour Nord et saisir « en direct » l'instant où le second avion percuterait la Tour Sud.


Ce qui se passe à présent est « différent » : si la prétention à la mondialisation de la terreur est intacte, ces exécutions de personnes innocentes sont destinées à être visionnées non seulement « en différé » mais également et surtout en cachette. On a certes tendance à penser que peu de gens vont s'infliger ce « spectacle », qui n'est pas repris par les canaux habituels : or, caché quelque part dans les souterrains de la Toile, il est néanmoins disponible à tout moment pour être « consommé » par les « amateurs » ou les apprentis de l'horreur. Et, devenu « viral », il résistera à toute tentative de retrait.


C'est ce dernier point qui est véritablement « nouveau » : tant qu'Internet existera, personne ne pourra rien y effacer définitivement, toutes les informations, tous les écrits, tous les documents audio-visuels y circuleront virtuellement jusqu'au bout de notre aventure cybernétique (1). Ainsi, ces vidéos continueront indéfiniment de tourner en boucle et, surtout, de représenter une sorte de « défi » pour les monstruosités à venir, qui voudront paraître plus « spectaculaires » encore que les précédentes. Il faut ajouter que ces documents de la terreur, frappés d'interdit, vont immanquablement attirer le très jeune public, qui est pour ainsi dire préparé - et maintenu dans un état constant de déréalisation - par l'industrie du divertissement (2).


***


lundi 15 septembre 2014

Le voyeurisme de l'extrême

Lorsque nous sommes assis dans une salle de théâtre ou de cinéma, ou encore devant la télévision, nous occupons la place du « voyeur », assistant à un spectacle sans possibilité ni obligation d'intervenir. Or, au théâtre, et dans le cas des œuvres dites de « fiction » au cinéma et à la télévision, nous savons que nous ne voyons et n'entendons rien de « réel » au sens strict, puisqu'il s'agit d'une illusion produite par le jeu des acteurs, l'art des techniciens du spectacle, accessoiristes, maquilleurs, décorateurs, et plus récemment des concepteurs d'« effets spéciaux ».

Le metteur en scène Andrzej Żuławski avait réalisé un film – dans les années 1980 je crois, mais je n'ai pas pu en retrouver le titre – qui relate un épisode où une femme est l'otage de criminels produisant et vendant des « snuff movies », c'est-à-dire des films où la victime est vraiment assassinée : je me souviens avoir été énormément impressionné par cette séquence qui, tout en relevant de la fiction, est inspirée de faits réels. – J'ai ensuite eu vent d'un véritable snuff movie autour de l'affaire dite des « maniaques de Dniepropetrovsk », une ville ukrainienne où deux garçons de 19 ans ont commis 21 assassinats barbares entre le 25 juin et le 16 juillet 2007 : non contents d'exécuter leurs victimes, aléatoirement choisies, avec une brutalité extrême, ils ont filmé certains de leurs actes, comme la torture et l'assassinat d'un homme de 48 ans, Sergueï Yatzenko, dont la « vidéo virale » a circulé – et circule très certainement toujours – sur Internet sous le titre de « 3 Guys 1 Hammer » (« 3 gars 1 marteau »).

mercredi 4 septembre 2013

Quelques mots sur la guerre

 "La guerre est la simple poursuite de la politique avec d'autres moyens"
„Der Krieg ist eine bloße Fortsetzung der Politik mit anderen Mitteln“
(Carl von Clausewitz, 1780-1831, in: Vom Kriege - De la guerre)


Je me souviens du 19 janvier 1991. Il faisait froid à Paris, mais ça commençait à chauffer ailleurs. Ce fut le début de l'une des premières guerres retransmises en continu sur une chaîne d'information, dont les images étaient reprises par toutes les télévisions du monde. Je crois même que la création des autres chaînes d'information continue a été largement inspirée par le "succès" de ces images-là [**]
. On offrait ce qu'on appelait du "terrain" à des "couch potatoes", comme disent les Américains. Images embedded garanties night vision !

Quand on parle de la guerre, on parle peu des producteurs d'armes. En revanche, on cause géopolitique, un verre de cognac à la main et un cigare au coin du bec : le champ de bataille et les causeries de salon !


vendredi 23 mars 2012

Débriefing

 NB. - Cet article conclut celui d'hier : Dénouement (22 mars 2012)

"Une atmosphère chaude pour un début de printemps", rappelle le météorologue de Radio France. Finis les directs hypnotiques, place à la réflexion. Que s'est-il donc passé ?

J'imagine une pile de vieux journaux où sont consignés tous ces événements qui ont fait la Une à travers le temps. Plus personne ne les lit. A la campagne, on s'en sert pour allumer le feu. Le poissonnier les utilise pour envelopper sa marchandise. 

A peine ses "feux" éteints, "l'actualité" est frappée d'une prodigieuse obsolescence. Cela ne tient pas seulement à la lassitude que l'on peut éprouver après un matraquage dans les règles de l'art, mais aussi - pardon ! - à toutes les conneries que l'on peut entendre dans "le feu de l'action". Ainsi, les commentateurs - experts, journalistes, politiciens - ont intérêt à ce que le public oublie rapidement les plus consternants de leurs propos.

Je pense à une affaire qui a récemment bouleversé l'Allemagne. Entre 2000 et 2006, un commando de trois personnes - deux hommes et une femme nés entre 1973 et 1977 - ont abattu neuf commerçants, huit Turcs et un Grec, en utilisant toujours la même arme (Česká CZ 83, calibre 7,65 mm Browning). Les victimes de cette série d'assassinats étaient un fleuriste, un tailleur, deux marchands de légumes, deux restaurateurs rapides (kébabs), les tenanciers d'un Internet-café, d'une boutique de clefs-minute et d'un kiosque. Il fallait attendre novembre 2011 - soit plus de cinq ans après la dernière exécution - pour que le suicide des deux hommes et l'arrestation de la femme lève le voile sur le mystère de ces meurtres en série : il s'agissait d'une "cellule national-socialiste" ("Nationalsozialistischer Untergrund") basée à Iéna puis à Zwickau, deux villes de Thuringe en Allemagne centrale (ex-RDA).

Dans le contexte de la tuerie de Toulouse et Montauban, plusieurs raisons me poussent à mentionner cette affaire, dont les détails et l'énorme résonance médiatique n'ont pas vraiment franchi le Rhin. La première tient à la formidable méprise des enquêteurs et des médias allemands. Un temps, on affubla ces assassinats "mystérieux" du nom affligeant de "Meurtres au Kébab" ("Döner-Morde"), en spéculant qu'il s'agissait de règlements de comptes entre commerçants ou d'exécutions mafieuses liées à des problèmes de territoire. C'est ce qui aura permis aux trois assassins d'opérer en toute impunité, puis de disparaître pendant cinq ans sans être inquiétés le moins du monde.

A Toulouse, c'est l'exact contraire : l'amok, la "tuerie en masse" d'un homme isolé a été transformée en opération terroriste, et d'ailleurs la "revendication" par certains "inspecteurs des travaux finis" ne s'est pas faite attendre. Le vrai problème - et le point commun entre deux affaires aussi différentes - réside dans un formidable mélange des genres qui ne peut que déboussoler les enquêteurs. Car la question se pose en effet : S'agit-il de "crimes de droit commun" ou d'"attentats terroristes" réclamant des investigations d'une toute autre nature ?

jeudi 22 mars 2012

Dénouement

NB. - Cette note prolonge celle d'hier : Épilogues écarlates (21 mars 2012)

ÉLÉMENTS

Sur son fil d'actualité [ici, à 11:09], La Dépêche du Midi annonce le décès de l'homme qui se terre dans son appartement depuis hier, 3 heures du matin, cerné par "250 policiers". Un peu plus tard, l'affirmation est remplacée par un conditionnel plus prudent : "Selon une source policière, le RAID aurait retrouvé Mehra mort"

Sur France-Info [11:25] on entend un "échange (de tirs) très violent", des voix, une suite de détonations, et le commentaire ininterrompu de la journaliste qui se trouve à "quelques dizaines de mètres" de l'immeuble.

Sur son fil, La Dépêche le répète :  Des sources policières indiquent que le suspect serait mort [11:34]. Deux minutes plus tard, le journal précise : Mehra aurait cherché à se faire tuer par les hom[m]es du RAID [11:36]. Puis c'est officiel : L'Elysée confirme la mort de Mohamed Merah...  [11:42] Le circonstances sont précisées : Selon Béatrice Blondeau, journaliste de LCI, Mohamed Merah est mort à l'extérieur de son appartement, une kalachnikov à la main [11:48] Et on passe aux chiffres : 300 cartouches tirées pendant l'assaut [11:52].

A midi pile, Claude Guéant apparaît sur le lieux pour le débriefing devant les micros des journalistes en faction. Le ministre de l'Intérieur parle d'une "extrême violence", l'homme s'étant terré dans la salle de bains dont il était brusquement sorti en tirant des "rafales", lorsque le RAID inspectait son appartement, pour ensuite "sauter par la fenêtre, une arme à la main, en continuant à tirer" : il a été "retrouvé mort au sol".


mercredi 21 mars 2012

Epilogues écarlates

NB. Cette note conclut les articles Faits divers (19 mars 2012) et Suspension (20 mars 2012)

Ce matin, le candidat Sarkozy - soudain redevenu président - en appelle - visiblement ému - à "l'unité de la Nation" sans - bien sûr - que son omniprésence médiatique ne soit décomptée de son temps de parole. Je le disais déjà : un coup de maître !

Dans la foulée, les commentaires des journalistes de France 24 sont édifiants : on rappelle son goût immodéré pour les affaires de ce genre, déjà évoquées ici, comme la prise d'otages de Neuilly (1993) ou la "tuerie de Nanterre" (2002) et les médiatisations ad nauseam qui forcément les accompagnent.

Pendant ce temps, un pauvre type, devenu par je ne sais quels mécanismes un monstre, se terre dans son logement toulousain cerné par les "forces spéciales" avec la promesse de se rendre dans l'après-midi, vu que, pour lui, les carottes sont définitivement cuites : après avoir exécuté froidement des soldats et des enfants, "l'homme au scooter" s'est mis à blesser des policiers pour retarder son arrestation.

On est donc passé au mode "en direct", particulièrement affectionné des médias : caméras sur les lieux, images vides d'une rue quelconque, envoyés spéciaux, paroles creuses, défilé d'experts et de commentateurs, "séquences émotion", spéculations et prises de position. En effet : ad nauseam !

Hier déjà, à l'aéroport de Roissy, lors du départ des cercueils en direction de Jérusalem, Nicolas Sarkozy laissait paraître une grande émotion : on aurait dit qu'il retenait ses larmes. Feints ou réels, il y a un problème avec ces états d'âme qui résonnent jusque dans la scansion du discours, un problème de mesure.

Dans cette période électorale, le maître-mot - avec la fameuse "union nationale" - est l'instrumentalisation des événements, quelle que soit d'ailleurs leur nature. Or, celui-ci est de taille. La simple consigne "présidentielle" de ne pas l'instrumentaliser est déjà une instrumentalisation. Je m'explique : "instrumentaliser" un événement revient à l'utiliser pour promouvoir une perspective partisane. La perspective de Nicolas Sarkozy est celle d'un président de la République qui entend le rester. Quoi de mieux qu'un événement comme celui-ci pour faire valoir cette perspective dans un simulacre d'"union nationale" ?

mardi 20 mars 2012

[Billet] Suspension

NB : Ce billet d'humeur fait suite à l'article "Faits divers" (19 mars 2012)

page Facebook de Nicolas Sarkozy ce 20 mars 2012

La campagne est donc suspendue jusqu'aux funérailles des militaires et des victimes civiles, prévues demain, 21 mars, en France et en Israël, une décision prise plus ou moins d'autorité par le candidat Nicolas Sarkozy - qui reprend les rênes de président pour l'occasion - et suivie sans moufter par tous les prétendants. Tous ?

Ce matin sur France-Inter, le sondeur Brice Teinturier (IFOP) concède que les faits divers, comme ceux qui se sont produits et ont été médiatisés à outrance jusqu'à la veille du scrutin de 2002, peuvent exercer une influence sur les "intentions de vote". Une petite précision cependant : en 2002, il ne s'agissait plus d'intentions mais bien de votes réels qui ont qualifié Jean-Marie Le Pen, champion de l'insécurité, pour le second tour de la Présidentielle avec le résultat de plomber le processus démocratique.

M. Teinturier précise également quelque chose dont on pouvait se douter mais qui, venant d'un expert comme lui, tenu à la neutralité, devrait donner à penser : des événements comme l'assassinat des militaires et des enfants entre le 11 et le 19 mars 2012 ont pour effet de maintenir le status quo, ou en termes politiques : de conforter le "pouvoir sortant".

lundi 19 mars 2012

Faits divers

Après l'assassinat d'un militaire à Toulouse, le 11 mars 2012, et de deux autres à Montauban quatre jours plus tard 45 km plus au Nord, une attaque contre une école juive a été perpétrée à Toulouse, dans le quartier de Jolimont, ce lundi matin 19 mars. Le quotidien régional La Dépêche précise [ici] : "Il y aurait au moins trois morts, un professeur de religion et ses deux enfants. Le tueur serait muni de deux armes, dont une de même calibre que celle utilisée pour les parachutistes de Montauban." - Selon des témoins, il s'agirait à nouveau d'un "homme à scooter". La Dépêche : "Le tueur aurait fui sur un scooter noir. Ce qui pourrait suggérer qu'il y ait un lien avec l'auteur des deux fusillades contre les militaires à Toulouse et Montauban. Un important dispositif de recherche a été mis en place pour retrouver le tireur. Plusieurs hélicoptères quadrillent la région nord et est de Toulouse."

En période électorale, le problème avec ce type de "faits divers" - une appellation qui ne veut aucunement minimiser leur gravité - c'est la sur-réaction des politiques et le malaxage de l'opinion publique par les médias. Je cite un passage de mon Carnet de campagne 2007 :
...en 2002, (...) c’était une sordide série de faits divers, montés en épingle par tous les médias français peu avant le scrutin, qui remit à la Une le “problème de l’insécurité”, le cheval de bataille de Jean-Marie Le Pen, présent contre toute attente au second tour avec pour effet de mettre hors course Lionel Jospin, le principal rival du Président Chirac, qui aurait peut-être triomphé cette année-là.
Il s'agissait de trois "faits divers" qui se sont produits entre le 8 mars et le 18 avril 2002, soit trois jours avant le premier tour de la présidentielle. Je les présente dans ma note sur l'instrumentalisation politique des faits divers. La médiatisation à outrance de cette série d'agressions (en particulier de l'affaire "Papy Voise" à la veille du scrutin) montre l'influence néfaste que peuvent exercer des événements ponctuels, sans véritable lien avec le débat politique de fond et rabâchés en boucle, sur le choix final des électeurs. Si l'on pouvait démontrer que la catastrophe de 2002 a été le fruit de la campagne médiatique portant sur ces trois faits divers, il faudrait conclure que la démocratie peut être mise à mal par ce genre de procédés. Pour mémoire voici les résultats des présidentielles de 2002 :