dimanche 10 décembre 2017

Johnny d'O

Je prends le train en retard. Johnny d'O est mort. Les nécros sont faites, les hommages rendus, les larmes séchées. Le week-end se termine...

Je me souviendrai de Johnny d'O comme d'un personnage hautement médiatique : il était ce bon client qui fédérait les audiences, assurait le spectacle, savait le fin mot...

Johnny d'O était un phénomène transgénérationnel, omniprésent, sur tous les écrans, terrains et scènes, entre le mots, entre les lignes, et sous le fard d'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit...

Johnny d'O était devenu immortel bien avant de mourir : grâce à lui, nous avons nous aussi été délivrés de notre condition de mortels, nous aussi trouvé refuge sous la Coupole, nous aussi gravi le mont Olympia...

Et pourtant c'était un gars bien de chez nous, Johnny d'O, un peu bourge, un peu prolo, un peu sélect, un peu populo : un savant mélange où tout le monde se retrouvait, où il y avait à boire et à manger, à lire et à chanter...

Mais qu'allons-nous devenir désormais ? Qui nous donnera nos variétés quotidiennes ? Qui, tel un grand frère renommé, nous divertira de notre petite histoire anonyme ?

Certes, pour être le nouveau Johnny d'O, ça se bouscule déjà au portillon : il y a les vieux briscards et les jeunes loups, les prétendants au trône qui cherchent eux aussi à reconcilier une nation déchirée, à réunir la foule des petites gens et les grands de ce monde ; mais savent-ils que pour être immortel, il faut que l'artiste soit mort bien avant de recevoir les hommages présidentiels aux Invalides et de défiler sur les Champs-Élysées dans un cercueil doré ?