~ note commencée le dimanche 10, actualisée les lundi 11 et mardi 12 avril 2011 ~
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AJDABIYA. - L'AFP [ici] et Reuters [là] rapportent que les combats se déroulent actuellement dans cette ville stratégique, dernière place forte avant Benghazi. Et, contrairement aux annonces sans doute prématurées, faites hier par Al Manara Media, la ville pétrolière de Brega semble bien aux mains des loyalistes. Voici ce qu'écrit l'Agence France Presse : De fortes explosions ont de nouveau secoué dimanche la ville d'Ajdabiya (...), au centre de violents combats depuis samedi entre forces fidèles à Mouammar Kadhafi et rebelles ... Plusieurs pick-up des insurgés armés de mitrailleuses et de lance-roquettes se dirigeaient dimanche matin en direction de la ville, qu'ils avaient dû fuir la veille ... "Il y a des bombardements intenses en provenance de l'ouest" d'Ajdabiya depuis des positions loyalistes, a témoigné un habitant, Hafeth Zwai, joint au téléphone par l'AFP. ... - Samedi, les rebelles avaient tenté de s'approcher du site pétrolier de Brega, à 80 km à l'ouest d'Ajdabiya, avant d'être repoussés par une offensive de l'armée loyaliste. Les soldats pro-Kadhafi ont progressé jusqu'à l'ouest de la ville, obligeant les rebelles à se replier à l'est de cette ville, nœud routier desservant Benghazi au nord et Tobrouk à l'est. - De son côté, l'agence Reuters rapporte ceci : "Selon les rebelles, les forces de Kadhafi ont tué au moins quatre insurgés au cours de la deuxième journée de combats pour la ville d'Ajdabiyah. - 'J'ai vu les quatre ce matin. Ils avaient la gorge tranchée et des blessures par balle sur la poitrine, et ils ont été abandonnés sur la route. Leur voiture était également criblée de balles', a constaté un rebelle, Mohammed Saad, à un checkpoint à la sortie Est d'Ajdabiya. - ... Un autre rebelle, Muftah, dit : 'Les forces de Kadhafi sont à l'intérieur d'Ajdabiyah dans des Land Cruiser couleur sable and nous savons qu'il y a également des snipers de Kadhafi habillés en civil dans la ville.' - Près de l'entrée Est d'Ajdabiya, un reporter de Reuters a entendu des fusillades et les impacts de l'artillerie, et il a vu des colonnes de fumée noire, suggérant que les forces de Kadhafi avancent vers le centre-ville. - Les rebelles, pour la plupart sans entraînement, ont essayé de se réorganiser et de se rééquiper, mais ils étaient incapables de conserver du terrain face aux forces solidement armés de Kadhafi dans la lutte pour Brega, la semaine dernière."
SORTIE DE CRISE. - Au cours d'une interview à paraître dans le Spiegel, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, déclare qu'il n'y a "pas de solution militaire à ce conflit" [ici]. Il adopte donc la position d'une partie de l'état-major américain, exprimée auparavant. Avec les informations confidentielles et la connaissance du terrain dont l'OTAN et les USA disposent, il ne devrait pas s'agir d'un jugement hâtif. Mais pourquoi s'empresser de le rendre public ? - Lorsque les États-Unis ont émis cet avis "éclairé" par la bouche de Carter Ham, chef du U.S. Africa Command, ils "levaient déjà le pied" en Libye. Avec sa déclaration, M. Rasmussen prévient-il que l'OTAN pourrait en faire autant ? - Sans doute pas, car la conséquence immédiate serait la "victoire militaire" de l'armée loyaliste et le bain de sang promis, qui avait conduit le Conseil de Sécurité de l'ONU à adopter la résolution 1973. - Devant le manque d'équipement, l'absence de stratégie et l'inexpérience de l'insurrection, c'est surtout la couverture aérienne de l'OTAN qui empêche une "solution militaire" de ce "conflit". Dès lors, que faut-il faire ? La zone de non-vol ne peut pas être maintenue indéfiniment. Et, sur le front économique, tout le monde appelle de ses vœux la reprise rapide de l'exploitation du pétrole libyen : Back to business as usual ! - Or, il me semble qu'il n'y a pas non plus de solution négociée à la "crise" libyenne. L'insurrection n'accepte un cessez-le-feu que si les loyalistes se retirent des villes qu'ils "occupent". Lesquelles ? Misrata bien sûr, les environs de Zintan sans doute, Brega et Ajdabiya assurément. Et l'opposition de Benghazi ne veut entamer des négociations sur l'avenir politique du pays que si le colonel Kadhafi et tout son clan quittent la scène. Le régime a déjà refusé les conditions du cessez-le-feu et les dirigeants ne sont pas près de renoncer au pouvoir. - Reste donc, comme je l'ai écrit précédemment, la partition du pays sous la forme d'une sécession de la Cyrénaïque, qui laisserait cependant orphelines les villes de Misrata et Zintan, toujours ardemment disputées ...
YEFREN. - Avec Zintan, Nalout et Kalaa, la ville appartient à la région des montagnes de l'Ouest, proche de la Tunisie. Reuters a pu s'entretenir avec des réfugiés de cette zone de combats et rapporte leurs témoignages [ici] : " 'Les pilonnages... visent des maisons d'habitation, des hôpitaux, des écoles', dit Mohammed de Kalaa, qui a passé la frontière tunisienne à Dehiba avec quelque 500 autres Libyens des montagnes de l'Ouest. 'Personne ne s'intéresse à cette région, qui souffre en silence', a-t-il confié à Reuters, samedi soir. - Hedi Ben Ayed ... originaire de la même ville, a dit : 'Figurez-vous qu'il n'y a plus de vie, là-bas. Les forces de Kadhafi ont utilisé du pétrole pour incendier les puits d'eau potable pour que nous ayons soif ... Croyez-moi, ses troupes ont même abattu les moutons. Vous ne devriez pas m'interroger sur le nombre des morts', a-t-il ajouté. Les dernières victimes, ce sont tous les membres d'une même famille, tués vendredi par des bombardements au hasard.' ... - ... Saïd Amrawi a dit que la menace de viol l'a fait quitter sa maison à Nalout. 'Pour être franc, il n'y a pas de bombardements à Nalout, mais j'ai peur que ma femme et mes filles se fassent violer'." - En effet, les troupes loyalistes ont fait passer le message dans la région qu'ils n'hésiteraient pas à commettre de telles exactions, parmi d'autres. - Un habitant de Yefren lance un appel au secours : "Nous ne voulons pas d'une intervention directe de l'OTAN, mais elle est nécessaire, sinon il ne restera plus personne à Yefren." - Aucune nouvelle de Zintan, dans cette dépêche de Reuters.
OTAN. - La déclaration du lieutenant-général Charles Bouchard, commandant de l'Opération Protecteur Unifié [ici]. : "La situation à Ajdabiya, et à Misrata en particulier, est désespérante pour ces Libyens qui sont pilonnés brutalement par le régime. Pour aider à protéger ces civils, nous continuons à frapper durement ces forces, avec 11 chars détruits aujourd'hui à l'approche d'Ajdabiya, et 14 chars détruits plus tôt ce matin dans les faubourgs de Misrata".
SYRIE. - L'AFP (via Le Figaro) rapporte ce soir [ici] : Les forces de sécurité ont ouvert le feu aujourd'hui à Banias, dans le nord-ouest de la Syrie, faisant au moins trois morts, ont indiqué des témoins, alors que la tension reste forte dans le pays deux jours après des manifestations qui ont fait 26 morts à Deraa, dans le sud. - Des "tirs nourris de forces de sécurité visent depuis environ deux heures le quartier sunnite de Ras al-Nabee, où se trouve la mosquée d'Al-Rahman", centre de la contestation, ont déclaré dimanche après-midi deux témoins, précisant que les tirs provenaient du quartier d'Al-Qouz... - "Il y a au moins trois morts et douze blessés", ont indiqué à l'AFP les témoins qui ont précisé les noms des morts. "C'est un véritable massacre, il y a des snipers qui tirent pour tuer", a dit l'un d'eux.
FEUILLE DE ROUTE. - Avant de se rendre demain à Benghazi, une délégation de l'Union Africaine conduite par le président sud-africain, Jacob Zuma, est arrivée ce dimanche à Tripoli dans le but de soumettre sa feuille de route pour une "sortie de crise" au colonel K., qui l'aurait acceptée. Anita McNaught d'Al Jazeera nous en donne les points essentiels :
1. Cessez-le-feu et protection des civils.
2. Aide humanitare pour les Libyens et les ouvriers étrangers, notamment africains.
3. Dialogue entre les deux camps.
4. Période transitionnelle ferme.
5. Des reformes politiques "en rapport avec les aspirations du peuple libyen".
SORTIE DE CRISE. - Au cours d'une interview à paraître dans le Spiegel, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, déclare qu'il n'y a "pas de solution militaire à ce conflit" [ici]. Il adopte donc la position d'une partie de l'état-major américain, exprimée auparavant. Avec les informations confidentielles et la connaissance du terrain dont l'OTAN et les USA disposent, il ne devrait pas s'agir d'un jugement hâtif. Mais pourquoi s'empresser de le rendre public ? - Lorsque les États-Unis ont émis cet avis "éclairé" par la bouche de Carter Ham, chef du U.S. Africa Command, ils "levaient déjà le pied" en Libye. Avec sa déclaration, M. Rasmussen prévient-il que l'OTAN pourrait en faire autant ? - Sans doute pas, car la conséquence immédiate serait la "victoire militaire" de l'armée loyaliste et le bain de sang promis, qui avait conduit le Conseil de Sécurité de l'ONU à adopter la résolution 1973. - Devant le manque d'équipement, l'absence de stratégie et l'inexpérience de l'insurrection, c'est surtout la couverture aérienne de l'OTAN qui empêche une "solution militaire" de ce "conflit". Dès lors, que faut-il faire ? La zone de non-vol ne peut pas être maintenue indéfiniment. Et, sur le front économique, tout le monde appelle de ses vœux la reprise rapide de l'exploitation du pétrole libyen : Back to business as usual ! - Or, il me semble qu'il n'y a pas non plus de solution négociée à la "crise" libyenne. L'insurrection n'accepte un cessez-le-feu que si les loyalistes se retirent des villes qu'ils "occupent". Lesquelles ? Misrata bien sûr, les environs de Zintan sans doute, Brega et Ajdabiya assurément. Et l'opposition de Benghazi ne veut entamer des négociations sur l'avenir politique du pays que si le colonel Kadhafi et tout son clan quittent la scène. Le régime a déjà refusé les conditions du cessez-le-feu et les dirigeants ne sont pas près de renoncer au pouvoir. - Reste donc, comme je l'ai écrit précédemment, la partition du pays sous la forme d'une sécession de la Cyrénaïque, qui laisserait cependant orphelines les villes de Misrata et Zintan, toujours ardemment disputées ...
YEFREN. - Avec Zintan, Nalout et Kalaa, la ville appartient à la région des montagnes de l'Ouest, proche de la Tunisie. Reuters a pu s'entretenir avec des réfugiés de cette zone de combats et rapporte leurs témoignages [ici] : " 'Les pilonnages... visent des maisons d'habitation, des hôpitaux, des écoles', dit Mohammed de Kalaa, qui a passé la frontière tunisienne à Dehiba avec quelque 500 autres Libyens des montagnes de l'Ouest. 'Personne ne s'intéresse à cette région, qui souffre en silence', a-t-il confié à Reuters, samedi soir. - Hedi Ben Ayed ... originaire de la même ville, a dit : 'Figurez-vous qu'il n'y a plus de vie, là-bas. Les forces de Kadhafi ont utilisé du pétrole pour incendier les puits d'eau potable pour que nous ayons soif ... Croyez-moi, ses troupes ont même abattu les moutons. Vous ne devriez pas m'interroger sur le nombre des morts', a-t-il ajouté. Les dernières victimes, ce sont tous les membres d'une même famille, tués vendredi par des bombardements au hasard.' ... - ... Saïd Amrawi a dit que la menace de viol l'a fait quitter sa maison à Nalout. 'Pour être franc, il n'y a pas de bombardements à Nalout, mais j'ai peur que ma femme et mes filles se fassent violer'." - En effet, les troupes loyalistes ont fait passer le message dans la région qu'ils n'hésiteraient pas à commettre de telles exactions, parmi d'autres. - Un habitant de Yefren lance un appel au secours : "Nous ne voulons pas d'une intervention directe de l'OTAN, mais elle est nécessaire, sinon il ne restera plus personne à Yefren." - Aucune nouvelle de Zintan, dans cette dépêche de Reuters.
OTAN. - La déclaration du lieutenant-général Charles Bouchard, commandant de l'Opération Protecteur Unifié [ici]. : "La situation à Ajdabiya, et à Misrata en particulier, est désespérante pour ces Libyens qui sont pilonnés brutalement par le régime. Pour aider à protéger ces civils, nous continuons à frapper durement ces forces, avec 11 chars détruits aujourd'hui à l'approche d'Ajdabiya, et 14 chars détruits plus tôt ce matin dans les faubourgs de Misrata".
SYRIE. - L'AFP (via Le Figaro) rapporte ce soir [ici] : Les forces de sécurité ont ouvert le feu aujourd'hui à Banias, dans le nord-ouest de la Syrie, faisant au moins trois morts, ont indiqué des témoins, alors que la tension reste forte dans le pays deux jours après des manifestations qui ont fait 26 morts à Deraa, dans le sud. - Des "tirs nourris de forces de sécurité visent depuis environ deux heures le quartier sunnite de Ras al-Nabee, où se trouve la mosquée d'Al-Rahman", centre de la contestation, ont déclaré dimanche après-midi deux témoins, précisant que les tirs provenaient du quartier d'Al-Qouz... - "Il y a au moins trois morts et douze blessés", ont indiqué à l'AFP les témoins qui ont précisé les noms des morts. "C'est un véritable massacre, il y a des snipers qui tirent pour tuer", a dit l'un d'eux.
FEUILLE DE ROUTE. - Avant de se rendre demain à Benghazi, une délégation de l'Union Africaine conduite par le président sud-africain, Jacob Zuma, est arrivée ce dimanche à Tripoli dans le but de soumettre sa feuille de route pour une "sortie de crise" au colonel K., qui l'aurait acceptée. Anita McNaught d'Al Jazeera nous en donne les points essentiels :
1. Cessez-le-feu et protection des civils.
2. Aide humanitare pour les Libyens et les ouvriers étrangers, notamment africains.
3. Dialogue entre les deux camps.
4. Période transitionnelle ferme.
5. Des reformes politiques "en rapport avec les aspirations du peuple libyen".
Sur la route du désert, entre Ajdabiya et Brega (photo : reuters via al jazeera)