lundi 28 février 2011

[Lybie 2011] Tripoli, le camp retranché du colonel Kadhafi


~ Lundi 28 février 2011 ~

As-salâm ’aleïkoum | السلام .عليكم

Fils d'actualité de la journée [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

Le quotidien algérien El Watan (colonne de droite) résume la situation comme ceci : Au 14e jour d'un mouvement de révolte sans précédent, l'opposition libyenne, forte du contrôle de l'est et de plusieurs villes de l'ouest, se prépare à marcher sur Tripoli où le colonel Mouammar Kadhafi, sourd à la pression internationale, continue de minimiser l'insurrection sanglante qui ébranle son régime.

Ce matin, deux des points "chauds" sont :

- Misrata (ou Misuratah, ~200km à l'Est de Tripoli) : La ville côtière est aux mains de l'opposition, mais les forces loyales à Kadhafi occupent encore une (petite) partie de la base aérienne. L'autre partie, qui comprend les dépôts de munition, est contrôlée par les opposants qui ont abattu un avion [ou un hélicoptère de combat] tirant sur la station radio de la ville et capturé son équipage. Les combats autour de la base militaire se poursuivent depuis hier soir (in Guardian).

- Zaouia (ou Az Zawiyah, ~50km à l'Ouest de Tripoli) : Le centre-ville est tenu par l'opposition, mais les forces loyalistes l'encerclent. Les habitants du centre craignaient ce matin un coup de force "imminent". (in Guardian)

Par ailleurs, L'ONU redoute une catastrophe humanitaire, étant donné le grand nombre de personnes qui fuient le pays sans toujours savoir où aller. Hier soir, un politicien suisse raisonnait comme ceci  (en substance) : Il n'est pas possible d'accorder l'asile "économique" en Suisse, et l'asile politique n'est pas requis puisque les dictatures de ces pays ont été démantelées. Donc, les frontières doivent rester fermées (sur la TSR). Or l'ONU a justement demandé d'ouvrir les frontières pour venir en aide aux réfugiés ...


[12:00] Un correspondant d'Al Jazeera à Genève où se tient une réunion du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en présence de Hillary Clinton : "Le problème n'est plus si mais quand Kadhafi va partir." - Certains de la fin prochaine du régime libyen, les responsables internationaux pensent déjà à "l'après-Kadhafi" et ils évoquent un procès pour crimes contre l'humanité à cause de la répression sanglante des manifestations pacifiques (en particulier à Benghazi) .- À ce jour, on parle de mille voire de deux mille morts en Libye depuis le 17 février ("Jour de colère") !

[12:35] 30 secondes chrono pour expédier la situation libyenne dans le journal de France 3 ! Seule information : Une dizaine de médecins français partent pour Benghazi aujourd'hui. - Al Jazeera précise que deux avions transportant des médecins, des infirmiers, des médicaments et du matériel médical doivent quitter la France dans "quelques heures", selon une déclaration de François Fillon.

[12:45]  Le Monde évoque la situation alimentaire à Tripoli : Selon l'agence AP, le prix de produits alimentaires flambe à Tripoli, de longues files se forment devant les boulangeries. Un témoin cité par l'agence indique que le prix du riz a augmenté de 500 %, pour atteindre 40 dollars pour un sac de 5 kilos. 

[13:00] Le journal de France 2 ouvre sur... les chutes de neige dans les Pyrénées Orientales ! Dans la foulée, un reportage sur le prix de l'essence qui grimpe à cause "de l'instabilité dans plusieurs pays arabes" ! Et "une femme de 57 ans plongée dans le coma... sans doute à cause du Mediator" ! Ensuite, comme prévu, on parle du remaniement ministériel en France et de l'allocution du président, hier soir ... Le Premier ministre déclare : La décision que nous avons prise [de révoquer la ministre des Affaires étrangères] n'est pas "morale" mais "politique" (Mme Alliot-Marie n'ayant pas "commis de faute").- Puis ce sont les "flux migratoires" qui inquiètent l'Europe.

[13:15] On parle enfin de la Libye où les "forces de l'opposition s'apprêtent à marcher sur Tripoli." "Reportages" à Benghazi  et à Tripoli. Tout est bouclé en 3 minutes, aucune information nouvelle ne filtre. - À suivre la nouvelle édition du guide Michelin, le carnaval de Venise et la cérémonie des Oscars. Bonne nuit, les petits !

[13:22] Misrata : Les combats ont lieu à l'arme lourde, affirme un médecin cité par la BBC (12:15), qui parle de l'utilisation de canons antiaériens contre les manifestants. (Le Monde)

[14:00] Le Spiegel écrit que l'Europe cherche à établir le contact avec l'opposition libyenne, comme l'affirme Catherine Ashton (chef de la diplomatie européenne), "disposée" à la collaboration, notamment avec le Conseil de transition qui s'est formé dans l'Est du pays ce weekend.

[14:10]  Le Monde rapporte que  : Les sanctions adoptées par l'UE comprennent un embargo sur les armes contre la Libye, ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le colonel Mouammar Kadhafi et 25 de ses proches. L'UE est ainsi allée au-delà des sanctions décidées samedi à l'ONU. 

[14:30] Conférence de presse à Bordeaux du nouveau ministre français des Affaires étrangères,  Alain Juppé, qui prendra ses fonctions officiellement demain vers midi. Après Bernard Kouchner (mai 2007 - nov. 2010) et Michèle Alliot-Marie (mi-nov. 2010 - fin fév. 2010), le maire de Bordeaux (qui entend d'ailleurs le rester) est le troisième locataire du Quai d'Orsay en moins de quatre mois ! - Quant aux déclarations du nouveau diplomate en chef, qui avait refusé ce poste en novembre 2010, elles sont en harmonie avec ses fonctions : Hormis son soutien affirmé à la candidature du président sortant en 2012,  il a pratiqué (avec un certain brio) l'art de ne rien dire ! - Pendant ce temps, Le Monde confirme l'information donnée précédemment : Lors d'un point-presse à la mi-journée, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Bernard Valero, a confirmé que deux avions d'aide humanitaire partiraient "de Paris en fin d'après-midi à destination de Benghazi". "Ces avions transporteront des médecins, des infirmiers, des logisticiens et cinq tonnes de matériel de soin et de médicaments", a-t-il précisé.

dimanche 27 février 2011

Good-Bye MAM

Je voulais écrire un petite note humoristique sur cette affaire (étrangère). Mais aucune blague ne me vient. Une drôle d'histoire qui ne prête pas vraiment à sourire. - Alors qu'on attend l'allocution du président, ce soir à 20h, France 2 annonce ce matin (et dès hier soir) : Selon plusieurs sources, Michèle Alliot-Marie serait remplacée comme chef de la diplomatie française par l'actuel ministre de la Défense, Alain Juppé. Pourtant le président avait "soutenu" MAM dans la tourmente. Comme il avait soutenu Éric Woerth, "remanié" ensuite. C'est certainement une preuve de "double langage" ou - le moins qu'on puisse dire - d'un "décalage" entre le discours et et l'action. - Il faut rappeler que la diplomatie française a été ensuite mise à mal par la sortie malheureuse de Boris Boillon, ambassadeur fraîchement nommé en Tunisie, pris (deux fois) en flagrant délit de mépris et de goujaterie, alors que l'on serait en droit d'attendre un peu de finesse et de bienveillance chez un représentant de la France dans ce pays bouleversé, notamment en regard de la réception houleuse, par le peuple tunisien, des propositions d'assistance sécuritaire faites au régime de Ben Ali, qui sont - n'en doutons pas - la véritable raison du départ de Mme Alliot-Marie. - Ainsi, pour rétablir complètement l'image de la France en Tunisie, M. Boillon devrait lui aussi être congédié. - Soyons L'Oréal : La Tunisie le vaut bien !

En attendant l'intervention du président, voici un petit interlude...



À 16 heures, on apprend la démission du Premier ministre tunisien, Mohammed Ghannouchi, après les violences qui ont encore fait trois morts hier. - Au même moment, Le Parisien, qui vient d'installer un fil d'actualité  (sur le remaniement, pas sur la Tunisie !),  précise : Alain Juppé va, comme attendu, succéder à Michèle Alliot-Marie au Quai d’Orsay. - Mais la ministre gaulliste se faisait sérieusement tirer l’oreille pour démissionner! «Elle ne se sera pas laissée faire», explique un ministre, admiratif de sa «pugnacité». Sauf coup de théâtre, c’est Gérard Longuet qui va remplacer Alain Juppé à la Défense. Le président du groupe UMP au Sénat et ancien ministre de l’Industrie d’Edouard Balladur ferait ainsi son grand retour au gouvernement, lui qui n’a plus occupé de fauteuil ministériel depuis 1994. - Le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant va, sauf rebondissement, prendre les commandes du ministère de l’Intérieur. Un honneur pour cet homme de confiance du président, ancien préfet de carrière, qui en a toujours rêvé. Il pourrait être remplacé au Palais par Xavier Musca, actuel secrétaire général adjoint et conseiller économique du président en charge du G20. - Pour conclure : si ce scénario se confirme (la réponse est attendue en fin d’après-midi), Brice Hortefeux quittera le gouvernement pour devenir conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Un rôle éminemment politique, quasiment celui de directeur de campagne avant l’heure. A l’UMP, certains y voient en effet le signe que le président veut commencer à préparer la campagne présidentielle en rapatriant à ses côtés son «ami de trente-quatre ans». 

L'Express continue d'entretenir le suspense :  Rentrée du Koweït dimanche au petit matin, la ministre [MAM] a résisté jusqu'au bout, assurant samedi encore être "100% mobilisée" à son poste et se moquer des "rumeurs parisiennes". Contrairement à ce qu'avait anticipé un de ses collègues, la ministre n'avait toujours pas présenté sa démission dimanche après-midi, ni rencontré le président.

Voici donc encore un peu de musique pour patienter ...


[18:11] Voilà, L'Express nous délivre de ce suspense (insoutenable) : MAM a présenté sa démission. Alain Juppé la remplace et laisse la Défense à Gérard Longuet. Brice Hortefeux quitte, lui, le ministère de l'Intérieur, qui échoie à un autre très proche de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant. - Tout est dit en deux petites phrases et cinq ou six noms propres, mais le président va nous en parler de vive voix dans deux heures. Comme quoi, de gros bouleversements à l'étranger nécessitent parfois de petits ajustements à l'intérieur. 

[20:02] Journal de France 2. Le président parle longuement des événements "historiques" qui ont lieu dans le monde arabe, puis de l'Union pour la Méditerranée, et il confirme enfin le remaniement annoncé (6'55", enregistrées vers 18h, précise Marie Drucker).  - Puis c'est le retour sur la "fin de carrière" de Mme Alliot-Marie aux Affaires étrangères. Et le portrait d'Alain Juppé, le "fort en thème". Ensuite, la correspondante de la chaîne publique au Quai d'Orsay précise que "la passation de pouvoir pourrait avoir lieu mardi matin." Elle s'est procuré la lettre de démission de MAM, qui invoque une "cabale", fait preuve d'une certaine "amertume", mais n'exprime aucun "regret". - Et c'est la présentation de Claude Guéant, désormais ancien secrétaire général de l'Élysée. -  Pour finir, on commente et on discute. Invité : Laurent Fabius, qui aimerait remanier Nicolas Sarkozy lui-même, "mais ça c'est l'élection présidentielle".

Voici 2'37" (sur 6'55") de cette allocution "radiotélévisée", où le Président annonce et justifie le remaniement ministériel (vu la situation internationale) :

[vidéo supprimée sur le serveur distant]


Encore un peu de musique, donc !



[Libye 2011] L'étau se resserre

 
 ~ Page commencée le samedi 26, actualisée le dimanche 27 février 2011 ~

[00:00] Les fils d'actualité sont suspendus dans la nuit. Et la télévision débite son ronron en fond sonore. Ou rediffuse ses journaux sur la dernière prestation du colonel K. La TV suisse annonce qu'il n'aurait détruit que la moitié de ses stocks de gaz moutarde, utilisé dès la Première guerre mondiale (1914-18) et employé par Saddam Hussein dans la guerre de l'Irak contre l'Iran (1980-88). Mais l'expert suisse doute que le colonel K. puisse encore l'utiliser. Or, le ministre de la Justice démissionnaire vient d'affirmer que Kadhafi n'hésiterait pas à l'employer s'il était acculé. Et puis il y a la menace d'ouvrir les dépôts d'armes aux supporters du régime... Lorsqu'il est question des sanctions possibles contre la Libye, il apparaît que l'arrêt des livraisons d'armes n'empêche pas que celles-ci restent présentes sur le territoire en quantités suffisantes pour permettre un massacre de grande envergure (Journal de la Schweizer Fernsehen, 10vor10, rediffusé actuellement sur la chaîne 3sat)

Dans la journée, on a appris que des milliers de personnes sont descendues vendredi [25-02-2011] dans les rues de nombreuses villes d'Irak, de Mossoul à Bassorah, à l'occasion d'une "journée de la colère". Au moins 11 personnes ont été tuées, dont neuf lorsque les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des manifestants dans le nord du pays. - Ces manifestations sont les plus importantes et les plus violentes en Irak depuis qu'un vent de révolte balaie le monde arabe. Elles traduisent la colère de nombreux Irakiens contre la corruption, le chômage et des services publics médiocres (in Nouvel Observateur avec AP) - Il y a eu trois morts et 15 blessés à Hawija, à 240 km au nord de Bagdad. Cinq manifestants ont été tués et 15 blessés à Mossoul (360 km au nord-ouest de Bagdad) Au Kurdistan irakien, une personne a été tuée et 25 autres blessées. Dans la province d'Anbar (proche de Bagdad), deux manifestants ont été tués par balles et 14 autres blessés. A Bagdad, Bassora et Kerbala, les manifestants ont été épargnés.

Une nouvelle marche a également été organisée en Algérie, où l'état d'urgence vient d'être officiellement levé. El Watan commente : Malgré la levée de l’état d’urgence, Alger reste hermétiquement fermée à toute manifestation publique. Les autorités ont mobilisé une armada de policiers pour empêcher la marche de la CNCD. En effet, la participation à cette troisième marche semble avoir été encore moindre (ou plus empêchée) qu'à la manifestation de samedi dernier.


[Nota] À cette place, j'avais écrit (improvisé) une "digression historique" dans la nuit, que j'ai supprimée en attendant une version plus aboutie...

As-salâm ’aleïkoum | السلام .عليكم

 Les fils d'actualité de la journée [Guardian] [Al Jazeera] [Le Monde] [France 24]

Quelques titres du jour : Sanctions renforcées contre la Libye tandis que Kadhafi se terre (Guardian) - Les opposants libyens progressent sur le terrain (Le Point) - Kadhafi commence à armer ses supporters (Sky News)

[13:00] Le Nouvel Observateur publie cette note (avec AP) : Le régime de Moammar Kadhafi arme ses partisans civils pour établir des points de contrôle et réprimer toute contestation, selon les témoignages d'habitants de Tripoli. - Le soulèvement populaire qui touche la Libye constitue le plus grand défi auquel est confronté Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. Le dirigeant libyen a maintenu son contrôle dans la capitale en ayant recours à la violence contre les protestataires, mais les insurgés se sont emparés d'environ la moitié du littoral libyen. - Les forces pro-Kadhafi ont ouvert le feu sur des manifestants après la prière du vendredi. Le numéro un libyen a déclaré à ses partisans qu'il "ouvrirait les dépôts d'armes pour que tous les Libyens (...) soient armés". - Des habitants de Tripoli, joints samedi par téléphone depuis Le Caire, ont fait état sous couvert d'anonymat de camions patrouillant les rues avec à leur bord des civils soutenant le régime.

De son côté, Saif al-Islam Kadhafi, qui a invité (et encadré) des journalistes occidentaux à Tripoli, dit dans une conférence de presse à l'hôtel Rixos al Nas [extrait en anglais] que l'histoire des mercenaires, des bombardements de civils, des centaines ou des milliers de victimes est une "grosse blague" (big joke). Il affirme par ailleurs qu'Al Qaida est derrière les révoltes et qu'il suffit d'aller voir la déclaration de l'organisation terroriste, diffusée hier sur Internet, selon lui (Telegraph). - Il faut rappeler une autre déclaration du propagandiste en chef, qui disait hier vouloir entamer des "négociations" avec l'opposition.

[13:15] Et cette nouvelle surprenante : Selon la chaîne iranienne Press TV, le plus jeune fils de Kadhafi, Saif al Arab, a rejoint les manifestants à Benghazi [http://www.presstv.ir/detail/166900.html] (Le Monde)

[14:00] L'avis éclairé de Silvio Berlusconi fait le tour des rédactions du monde :  "J'ai eu des nouvelles fraîches il y a quelques minutes et il apparaît effectivement que Kadhafi ne contrôle plus la situation en Libye", a dit le président du conseil italien lors d'un meeting politique à Rome. (in L'Express)

vendredi 25 février 2011

[Libye 2011] Black-out & Overkill

 [page suivante]
[page précédente] 

~ Page commencée le mercredi 23, actualisée le jeudi 24 et vendredi 25 février 2011 ~ 

Voici les rares informations qui ont filtré dans la matinée : "Seules les villes de Tripoli et de Syrte seraient encore aux mains des partisans de Kadhafi", rapporte un correspondant du Spiegel, qui se base sur les affirmations de réfugiés tunisiens et égyptiens. "Mais il y a des déclarations contradictoires,  un patron de restaurant de Zouara [à 60 km de la frontière tunisienne] nous a dit qu'à l'Ouest de Tripoli, tout le monde était encore pour Kadhafi."

Dans une conversation téléphonique avec la chaîne Al-Arabiya, le ministre libyen de l'Intérieur [démissionnaire] Abdel Fattah Younes évoque un possible destin de Mouammar Kadhafi : Le "Guide de la Révolution" préfèrerait le suicide à l'exil. "Le régime de Kadhafi est fini", ajoute le général-major (in Spiegel).

Comme beaucoup d'autres médias, Le Monde annonce que : L'est de la Libye est sous contrôle des insurgés. Les grandes villes de Tobrouk, Ajdabiya et Benghazi, dans la province du Cyrénaïque, retiennent leur souffle en attendant la répression promise par Mouammar Kadhafi. Selon un armateur, tous les ports et terminaux du pays sont fermés.

D'autres nouvelles du Guardian : "Il y a eu des tirs nourris à Tripoli ce matin, lorsque des forces loyales à Mouammar Kadhafi ont ouvert le feu dans les rues. C'est la conséquence de l'appel de Kadhafi à ses supporters de se soulever contre les rebelles" (hier). "Le ministre italien des Affaires étrangères a dit que, selon lui, mille personnes environ auraient trouvé la mort jusqu'ici." - "Les protestataires auraient, selon certaines sources, pris le contrôle de Misurata – si c'est vrai, ce serait la première ville dans l'Ouest du pays à tomber aux mains des manifestants, dont la base de sympathisants se trouve en majeure partie à l'Est. Reuters rapporte que les petites villes à l'Est seraient calmes avec peu de signes de présence policière et militaire ou de tension." - "Les protestataires soutenus par des unités de l'armée ralliées à leur cause revendiquent le contrôle de presque toute la moitié est de la côte méditerranéenne de Libye, longue de 1.600 kilomètres."

Le Monde publie ce témoignage à la fois optimiste et inquiétant :  Mouammar Kadhafi est "pire" que l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein, affirme le représentant démissionnaire de la Libye auprès de la Ligue arabe. "Je crois que c'est une question de quelques jours, pas plus. Malheureusement, je pense en même temps que ça coûtera cher à la Libye et aux Libyens, car cet homme est capable de tout", a affirmé Abdel Moneim al-Honi dans une interview au quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al Hayat. "Je pense que des massacres horribles se produiront", a-t-il ajouté, écartant l'éventualité d'une guerre civile dans le pays. Selon cet ex-membre du Conseil du commandement de la révolution libyenne, le colonel Kadhafi a tranché : "soit il tue, soit il est tué". - Et celui-ci : Un médecin français cité par Libération et qui vient de fuir Benghazi affirme que la répression dans cette ville a fait "plus de 2000 morts" la semaine dernière. Puis ce récit de l'envoyée spéciale du journal, qui vient d'arriver dans le pays :  Tout le long de la route côtière qui conduit à Tobrouk, à une centaine de kilomètres à l’ouest de la frontière, la sécurité est désormais assurée par des civils en armes, revêtus de tenues disparates prises aux militaires. Les journalistes étrangers sont pris en charge par des taxis qui refusent le moindre dédommagement. Les forces de l’ordre officielles ont disparu, y compris des sites de bataille de la Deuxième Guerre mondiale réputés dangereux compte tenu des munitions que l’on peut encore y trouver. - Les symboles du régime ont été systématiquement détruits. Les portraits du colonel Kadhafi ont été piétinés ou affublés de moustaches ou de bandeaux de pirate. Des monuments à la gloire du Livre vert, bible de la révolution libyenne, ont été détruits au marteau. Tous les drapeaux officiels libyens, un rectangle uni de couleur verte, ont été remplacés par des oriflammes comportant trois bandes horizontales, rouge, noir et vert : le drapeau de l’indépendance de 1951.

Terrible contraste : D'un côté, l'image d'un pays libéré d'où les journalistes occidentaux envoient maintenant leurs reportages, et de l'autre l'absence totale d'informations, le noir et le flou, à part les récits de rapatriés et les vidéos invérifiables sur YouTube. On peut y ajouter les tweets par téléphone avec le nouveau système mis en place lorsque l'Internet égyptien a été coupé. Sur le "terrain", où la TV d'État diffuse encore les images d'une Libye heureuse sous le règne (désormais anachronique) du colonel K., le black-out est bien plus important qu'en Égypte, puisqu'aucun média n'est plus accessible : Rien ne rentre, rien ne sort (ou presque) ! Ce que l'on redoute à présent, c'est un nouveau coup de force, plus brutal et violent que les précédents, un véritable overkill de la population : un carnage, tandis que nous sommes, pour ainsi dire, calfeutrés dans notre impuissance !

[15:45] Martin Chulov du Guardian est le premier journaliste étranger à entrer dans Benghazi : "La deuxième ville de Libye paraît irrémédiablement hors du contrôle de Mouammar Kadhafi, avec l'armée locale qui défie son régime et des drapeaux de l'ère monarchique qui flottent sur les bâtiments gouvernementaux." Et le correspondant apporte cette précision : "Il est clairement avéré, maintenant, que le régime de Kadhafi a utilisé des mercenaires étrangers pour essayer de supprimer la rébellion (...)  Un officier de l'armée de l'air, le  major Rajib Faytouni, dit qu'il a été le témoin de l'arrivée de quelque 4.000 mercenaires sur des avions de transport lybiens, chaque machine transportant 300 hommes en armes, sur une période de trois jours à partir du 14 février. Il ajoute: "Voilà pourquoi nous nous sommes opposés au gouvernement. Pour ça et parce que l'ordre a été donné d'utiliser des avions pour attaquer les gens." - Un (autre) geste héroïque rapporté par France 24  : Un avion militaire libyen s'est écrasé aux environs de Benghazi après le saut en parachute de son équipage qui a refusé d'exécuter l'ordre de bombarder la deuxième ville du pays, rapporte le journal libyen Kourina [Qurina] sur la foi d'une source militaire.

[16:30] Sur le fil du Monde : "Al-Qaïda a établi un émirat à Derna [capitale historique de la province de Cyrénaïque], dirigé par Abdelkarim Al-Hasadi, un ancien détenu de Guantanamo", a déclaré le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, affirmant qu'Al-Qaïda envisageait un scénario "à la taliban" en Libye. Il a précisé qu'Abdelkarim Al-Hasadi avait un "adjoint" établi à Al-Baïda, "membre aussi d'Al-Qaïda et qui s'appelle Kheirallah Barâassi". "Maintenant, ils disposent d'une radio FM et commencent à imposer la Burqa", a-t-il affirmé, ajoutant que ces islamistes avaient "exécuté des personnes parce qu'elles refusaient de coopérer". - Puis cette actualisation : Le journaliste de NBC Richard Engel est justement à Derna. Il indique sur Twitter que les manifestations s'y poursuivent. - Réaction sur Twitter rapportée par France 24 : AliTweel, un internaute qui tweete depuis Tripoli : Le ministère des Affaires étrangères libyen a affirme qu'Al Qaida aurait instauré un émirat dans l'Est du pays. Mes amis à Derna et Benghazi ont démenti et rigolé !! [message repris également par Le Monde un peu plus tard]


[16:45] Correspondance d'Associated Press : Des miliciens loyaux à Kadhafi ont déferlé dans la ville aujourd'hui, "les coups de feu retentissant dans les airs". L'armée s'est également déployée massivement dans la ville de Sabratha, à l'ouest de la capitale, pour tenter de faire battre en retraite les manifestants, qui se sont emparés des bâtiments des forces de sécurité et du gouvernement, selon un site d'information proche du gouvernement. Le discours de Kadhafi semble avoir mobilisé un grand nombre de partisans et de miliciens qui ont empêché la tenue de manifestations de masse dans la capitale mardi soir et mercredi. Au cours de la nuit, des coups de feu ont été entendus, selon une femme qui vit près du centre ville (de Tripoli). .- "Les mercenaires sont partout avec leurs armes. Impossible d'ouvrir la moindre porte ou fenêtre. Les tireurs embusqués traquent les gens", raconte-t-elle. "Nous sommes en état de siège, à la merci d'un homme qui n'est pas un (vrai) musulman." - Dans la journée de mercredi, d'autres coups de feu ont été entendus près de la résidence de Kadhafi, mais dans de nombreux endroits de la ville, qui compte 2 millions d'habitants, les gens se risquaient à sortir faire leurs courses, selon des témoins.  - Le gouvernements a envoyé des SMS pressant les gens de retourner au travail, tentant de montrer que les choses reprenaient leur cours normal. Les habitants parlaient sous couvert d'anonymat par peur des représailles. - A la frontière égyptienne, les gardes ont fui, et les chefs tribaux ont formé des comités locaux pour les remplacer. - Un comité de défense organisé par des habitants de la région gardait même l'une des bases anti-aérienne, autrefois top secrète, de Kadhafi à proximité de Tobrouk. (in Le Monde)

[17:00] À Benghazi, les tweets de Martin Chulov du Guardian : Les soins intensifs de Benghazi sont toujours pleines de victimes du coup de force du gouvernement ce week-end. - Une importante base militaire à Benghazi. Une boucherie. Des centaines sont morts ici. La base détruite. Le sang toujours dans les rues. - La maison de Kadhafi à Benghazi a été mise à sac par les pillards. Les hashtags sur Twitter sont #feb17 et  #libya

[17:10] Al Jazeera et Le Monde signalent que "la fille de Kadhafi serait dans un avion qui cherche à atterrir à Malte."

[18:00] Al Jazeera raconte qu'après des tergiversations, où le pilote a fini par révéler l'identité de la passagère,  le refus d'atterrir a été décrété, et l'avion est reparti pour Tripoli

[18:15] Le Monde rapporte : Un tweet du journaliste Nicholas Kristof, du New York Times, qui dit avoir reçu des informations sur la chute de Tajura, à une quinzaine de kilomètres de Tripoli. "Le drapeau rebelle flotte sur la ville", écrit-il. 

[18:30] France 24 nous dit : Outre Benghazi, les villes de Syrte, Tobrouk à l'est du pays et Misrata, Khoms, Tarhounah, Zenten, al-Zawiya, Zouara, proches de la capitale, sont aux mains des insurgés. 

[18:50] Selon BBC, il y aurait des indices selon lesquels des partisans du régime de Kadhafi  contrôlent  des axes routiers importants menant à la frontière libyo.tunisienne et à la capitale. Des habitants de  Tripoli disent que les milices de Kadhafi tirent au hasard dans les rues. D'après un témoignage, les rues seraient désertes et les blessés ne pourraient rejoindre les hôpitaux par crainte d'être abattus. (in Spiegel)  

[20:00] Dans un tweet Nicholas Kristof, du New York Times, décrit Tripoli comme une "ville fantôme"  avec des magasins fermés et très peu de trafic. (in Le Monde) - Une heure plus tôt (20:00 heure locale), Al Jazeera a cité une source du quartier de Janzour à Tripoli-Est  ayant vu des hommes en civil avec des épées à la main. Elle a dit que sa famille a barricadé sa  porte d'entrée avec des canapés et du mobilier pour tenter de les empêcher de rentrer. La source rapporte des "grands boums à proximité" et pense que ce sont des portes enfoncées dans d'autres maisons. - Une autre source en banlieue de Tripoli a vu nombre de tanks et de voitures remplis de supporters de Kadhafi brandissant des fusils dans le quartier de Tajura qui se dirigeaient vers le centre-ville. - Le Spiegel rapporte ceci : "De la Chine au Canada, beaucoup de pays travaillent sous haute pression pour rapatrier leurs ressortissants, qui parlent à leur retour d'une situation comparable à la guerre. Une enseignante britannique signale par exemple de "20 explosions au moins", des avions ne cessant de tourner au-dessus de Tripoli. "C'est terrible. Aux abords de l'aéroport des milliers de personnes attendent", dit un autre témoin."  Le journal parle également d'un bâtiment allemand transportant des hélicoptères en route pour la Libye, dans le but de rapatrier les ressortissants fédéraux sans passer par l'aéroport de Tripoli.

mardi 22 février 2011

[Libye 2011] Benghazi en émoi, Tripoli s'enflamme


 [page commencée le dimanche 20, actualisée le lundi 21 et le mardi 22 février 2011]

La Libye, qui fait toujours l'objet d'un black-out médiatique orchestré par le régime, les organisations humanitaires dénombrent à présent plus de deux cents morts depuis le début des soulèvements, en particulier dans les villes côtières de Benghazi et d'Al Bayda, au Nord-Est du pays.

Ce dimanche 20 février 2011, le site du Point publie un compte-rendu de l'agence Reuters : Des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Benghazi, deuxième ville de Libye, pour porter en terre les manifestants tués par les forces de sécurité, ont rapporté des témoins. - Les violences de la nuit de samedi à dimanche ont porté à 173 le nombre de personnes tuées en quatre jours d'affrontements, centrés sur Benghazi et les villes avoisinantes, selon un bilan établi par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), dont le siège est à New York. - "Cent mille manifestants se rendent actuellement au cimetière pour les obsèques de dizaines de martyrs. Nous craignons un nouveau massacre car la route menant au cimetière est proche des casernes des forces de sécurité", a dit à Reuters un habitant de la capitale de la Cyrénaïque. "Nous ne céderons pas tant que le régime ne sera pas tombé. Nous appelons les Nations unies à intervenir tout de suite pour arrêter ce massacre", a dit cet homme. - Un autre témoin a indiqué à Reuters que des centaines de milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, s'étaient réunies pour prier devant 60 corps, exposés près d'un tribunal du nord de Benghazi, qui compte 700.000 habitants. - "Un massacre a été commis ici hier soir", a déclaré dimanche à Reuters un habitant qui a requis l'anonymat. Les forces de sécurité ont eu recours à des armes lourdes et, a-t-il ajouté, "nombre de soldats et de policiers sont passés dans le camp des manifestants". - Des comptes-rendus contradictoires de la situation ont été donnés par des témoins, mais il semble que les rues de Benghazi soient sous le contrôle des manifestants et que les forces de sécurité se soient retranchées dans un complexe appelé le "Centre de commandement", d'où elles ont tiré sur la foule. - Un chef de tribu qui a requis l'anonymat a lui aussi laissé entendre que les forces de sécurité étaient confinées dans ce centre de commandement. "Il n'y a plus aucune présence des autorités dans la ville, les forces de sécurité sont retranchées dans leurs casernes et la ville est dans un état de mutinerie civile", a-t-il dit à Reuters. - D'après un témoin italien présent à Benghazi, cité par l'agence de presse italienne Ansa, la situation "est complètement hors de contrôle". - "Tous les bâtiments gouvernementaux et institutionnels et une banque ont été incendiés et des voyous saccagent et détruisent tout. Il n'y a personne dans les rues, pas même la police", a raconté cet Italien. - Selon le quotidien britannique The Independent, deux cents personnes auraient trouvé la mort à Benghazi, ville traditionnellement frondeuse, lors de la répression du mouvement de contestation. - Les autorités libyennes n'ont publié aucun bilan et n'ont fait officiellement aucune déclaration sur les troubles.

Le site du Nouvel Observateur publie une dépêche de l'AP Les forces de sécurité libyennes ont ouvert à nouveau le feu dimanche sur des personnes assistant à des funérailles dans la ville de Benghazi, située dans l'est de la Libye, au lendemain d'une journée déjà marquée par une sanglante répression. - Un homme, atteint d'une balle dans la jambe, a raconté que des personnes transportaient dans un cimetière des cercueils de manifestants tués ces derniers jours quand ils sont passés devant des bâtiments de l'armée, dans la deuxième plus grande ville de Libye. Selon cet homme, les forces de sécurité ont tiré en l'air, avant d'ouvrir le feu sur la foule. - D'après un médecin d'un hôpital de Benghazi, au moins une personne a été tuée et 14 autres blessées, dont cinq grièvement.
De nouveaux témoignages des villes de Benghazi et d'Ajdabiya (à 160km au Sud de la première) arrivent sur le site de L'Express ce soir : "Les militaires tuent les gens sans pitié, raconte une jeune femme alors qu'on entend les fusils mitrailleurs vider leurs chargeurs au loin. Il n'y a plus de place pour les morts dans les réfrigérateurs. Hier (samedi), il y en avait près de 300 morts. Plus de 200 n'ont pas encore été enterrés. "Plus personne n'est en sécurité. Ils sont en train de tirer sur les gens. Ils tirent des missiles sur les ambulances, ce sont des gens sans pitié. On a vraiment besoin d'aide", dit-elle encore. - Qui sont ces "bandits de Kadhafi" qui sèment la terreur dans l'est du pays? Des témoins rapportaient dimanche matin sur France Info que ceux qui tiraient seraient des mercenaires. Ils les décrivent comme "africains" portant des "casquettes jaunes".  - La situation est d'autant plus tendue qu'on murmure que certaines villes seraient désormais contrôlées par les opposants. Selon Euronews, la ville d'Ajdabiya serait, elle, aux mains des anti-Kadhafi, du moins temporairement. "Les manifestants ont formé des groupes qui dirigent maintenant la ville, raconte un habitant par téléphone. Nous appelons les Nations Unies et tous ceux qui ont une conscience à secourir Ajdabiyah. Les autorités ont envoyé des troupes pour reprendre le contrôle de la ville. Nous les attendons sur la place des martyrs. Tout le monde ici est prêt à défendre la ville contre ces mercenaires.    

samedi 19 février 2011

[Algérie, Libye, Yémen] Étouffement et répression

Avec le Nigeria,  l'Algérie et la Libye sont les plus grands producteurs de pétrole d'Afrique (loin devant l'Égypte, qui précède encore le Yémen, et le Soudan). Contrairement à la Tunisie et l'Égypte (ou le Maroc), ces pays ne vivent pas du tourisme. Ils n'ont donc pas à soigner leur image aux yeux des vacanciers occidentaux, venus chercher le calme, le "luxe", la "volupté".  Et la manne pétrolière leur permet d'entretenir (et de surpayer) des "forces de l'ordre" impressionnantes au vrai sens du terme, mais aussi de "contenir" le peuple en intervenant sur les prix des produits de première nécessité pour prévenir des émeutes de la misère. Ce sont là les deux  (principales) raisons qui semblent à première vue interdire dans ces deux pays une révolution démocratique et sociale sur le modèle égyptien et tunisien.

ALGÉRIE

Après "l'empêchement" des deux dernières marches du 22 janvier et du 12 février 2011, les choses ne s'annoncent pas sous les meilleurs auspices pour ce nouveau rassemblement à l'appel de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie (CNCD). Le quotidien El Watan précise que : Les autorités, ont encore une fois déployé un dispositif policier impressionnant dès les premières heures de cette matinée du samedi 19 février sur toutes les rues de la capitale du pays, Alger. - Les gares ferroviaires ont, une nouvelle fois, été fermées et aucun train n'a quitté les quais. Les barrages routiers ont été multipliés notamment sur l'autoroute qui relie Tizi-Ouzou, Boumerdes et Béjaia à Alger. Certains policiers n'ont même pas hésité à refouler des citoyens dont le seul tort est d'être originaire de Kabylie !  - Les Dernières Nouvelles d'Algérie (DNA) ont également mis en ligne un fil d'actualité.


[10:35] La police fonce sur les marcheurs et réprime les manifestants. Les coups de matraque n'épargnent personne. Les premiers blessés sont enregistrés. - Les manifestants improvisent une marche dans l'autre sens, vers Belcourt. (El Watan)

[11:00] La marche à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie prévue à 11 heures est pour l'heure empêchée par un impressionnant dispositif de sécurité. Sans doute encore plus important que celui déployé à Alger samedi 12 février. - Munis de matraques et de boucliers, les policiers dispersent la foule en usant, cette-fois ci, de brutalités. (DNA) - Rachid Malaoui, du SNAPAP a été blessé et évacué vers l'hôpital Mustapha. Les premières arrestations sont effectués par la police. - Des jeunes adolescents sont placés sur les trottoirs avec des portraits de Bouteflika, pour provoquer les manifestants. des provocations qui risquent de déraper à tout moment. (El Watan)

[11:30] Le face à face, policiers manifestants continuent à Belouizdad [ex-Belcourt], Alger. Environ 300 marcheurs sont encerclés par des centaines de policiers au niveau des arcades du boulevard Belouizdad, un peu plus loin que le ministère de la Jeunesse. Toute tentative des marcheurs de rejoindre la place du 1er mai est réprimée brutalement. - Affrontements directs entre les manifestants et les jeunes "pro Bouteflika", mobilisés pour provoquer les marcheurs. - De l'autre coté, des jeunes venus de Belcourt scandant "Ouyahia Serak" [(Le Premier ministre) Ouyahia (est un) voleur] rejoignent la marche. (El Watan) - La Place du 1er mai est littéralement envahie par des policiers en uniforme en en civil. La circulation est maintenant coupée. Les policiers repoussent les groupes de manifestants vers les ruelles menant au quartier de Belcourt. On redoute que cette tactique ne vise à livrer les manifestants à des nervis du quartier et pousser à l'affrontement. - Le président du RCD, Said Sadi, en voyage en France [il était l'invité, hier, de l'émission La semaine critique sur France 2], n'est pas encore arrivé à la Place du 1er mai. Sur place, des rumeurs laissent croire que Sadi aurait perdu son passeport en France, information démentie par le chargé de communication du RCD. - La technique mise au point par les responsables de la police pour casser la marche de la Coordination est celle-ci  : dés qu'un groupe de manifestants se forme, des policiers ainsi que des pro-Bouteflika sont envoyés en renfort pour les chahuter, les étouffer. - Les petits groupes de nervis, certains munis de couteux, scandent "Echaab YOurid Et Zetla batel" (le peuple veut la drogue gratis ). Des manifestants se demandent pourquoi ceux que le régime a rendu milliardaires ne viennent pas défendre le président au lieu de charger de cette besogne de jeunes désœuvrés d'Alger (DNA).

[11:40] Le nombre de manifestants a sensiblement augmenté avec l'arrivée de dizaines de jeunes de Belcourt au cris de "Belcourt Echouhada" (Belcourt martyr). Ils sont plus d'un millier à manifester devant des policiers chargés de bloquer toutes les issues vers la place du 1er Mai. (El Watan)

[12:00] Des policiers brutalisent des manifestants devant le siège de l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens), non loin de la Place du 1er mai, a constaté un journaliste de DNA. "J'ai vu des policiers isoler un groupe de manifestants avant de les rouer de coup avec des matraques et des coups de pieds. Devant moi, deux jeunes sont roués de coup, dont un se trouvait par terre", témoigne notre journaliste. (DNA) - La police encercle des groupes de manifestants et les redirigent en dehors de la place du 1er mai. Un groupe a été orienté vers la maison de la presse, sous escorte policière. Ils sont menés vers les ateliers de l'ETUSA. (El Watan)

[12:30] La manifestation de la CNCD est quasiment terminée. Les marcheurs rassemblés sur le boulevard Belouizdad se sont dispersés et la situiation est redevenue normale à la place du 1er Mai. La police occupe toutes les ruelles autour de la place du 1er Mai. L'hélicoptère de la police continue à tournoyer dans le ciel d'Alger. - Un groupe d'islamistes a tenté de se rassembler à la station de bus de l'ETUSA, mais ils sont rapidement encerclés par la police qui les disperse.  - Au niveau des arcades du boulevard Belouizdad, des escarmouches sont signalées de temps en temps entre marcheurs et policiers ou entre marcheurs et les jeunes "pro-Bouteflika". (El Watan)

[12:40] Des jeunes de Belcourt tentent de se rassembler à la station de bus, mais ils sont vite pris en tenaille par les policiers, qui les dispersent. (El Watan)

[12:50] Le député du RCD, Besbas Tahar, a été violemment agressé par des policiers. "Il a reçu des coups de matraques au visage et au thorax, confie à DNA son collègue Mohcine Bellabes. Il a perdu connaissance et à l'heure où je vous parle nous n'avons pas pu l'évacuer vers l'hôpital parce que l'ambulance est bloquée Place du 1er Mai." (DNA) - Le journal donne ensuite un bref résumé des événements : Un dispositif policier impressionnant a été mis en place autour de la Place du 1er Mai et dans Alger. Des organisateurs de la marche pour le changement et la démocratie évoquent le chiffre de 40 000 policiers. - Les manifestants qui entendaient marcher de la Place du 1er Mai vers la Place des Martyrs sont bloqués par un cordon sécuritaire. - Contrairement à la marche du samedi 12 février, les autorités ont donné des consignes aux policiers : éviter les arrestations brutales qui risquent de nuire à l'image du régime sur le plan international. - Des petits groupes formés de jeunes du quartier de Belcourt chahutent les manifestants en brandissant un portrait de Bouteflika. 

[13:00] Le député du RCD, Tahar Besabess, agressé par des policiers, n’a pas encore repris connaissance plus de 40 minutes après avoir reçu des coups à la tête et au thorax. Évacué au service des urgences de l’hôpital Mustapha Bacha, le député est encore allongé sur un brancard en attendant d’être pris en charge par un neurologue. - Le groupe de jeunes pro-Bouteflika ont fini par rejoindre le cortège des manifestants contre le régime massés sur la rue qui mène vers Belcourt, a constaté un journaliste de DNA sur place. Alors qu'au début de la matinée, ils chahutaient le rassemblement contre le régime, ils ont décidé de rallier le mouvement de contestation en scandant "Ouyahia Seraq" (Ouyahia, le Premier ministre, voleur). (DNA)

[13:15] Âgé de 82 ans, Ali Yahia Abdenour est le président d’honneur de la CNCD. Malmené par des policiers, blessé à la main, l’avocat et militant des droits de l’homme a fait une déclaration aux journalistes présents à la Place du 1er Mai et appelle les Algériens au soulèvement : « On veut le changement du système mais pas un changement dans le système. Nous sommes des citoyens qui veulent libérer la liberté. Personne ne peut arrêter l’accélération de l’histoire. Personne ne peut empêcher la rue de se révolter. On demande aux Algériens de se soulever...» (DNA)

[13:40] Le député RCD Tahar Besbes a été tabassé par la Police et se trouve actuellement aux urgences de l'hôpital Mustapha Bacha. Selon le RCD, Tahar Besbes aurait eu un traumatisme crânien, suite à une chute provoquée par des coups portés par des policiers. En tombant, sa tête a heurté le bord du trottoir. Il est actuellement dans un état jugé assez grave à Mustapha. (El Watan)

[14:10] Échanges de propos vifs entre un député du RCD et le principal de la police chargé de réprimer la manifestation à la place du 1er mai, à Alger. - Le député : "D'où avez vous ramené ces 40 000 policiers pour nous réprimer?" - Le responsable de la police : "Et vous, d'où avez-vous ramené tout ce peuple?" (DNA)

[14:30] Une équipe de journalistes de la chaîne française M6 qui a filmé l'agression ainsi que l'évacuation à l'hôpital du député Tahar Besbas a été prise à partie par des agents de la sécurité de l'hopital décidés à leurs confisquer leur matériel dans l'enceinte de l'hôpital. - Les journalistes ont réussi à échapper à leur emprise et à sauvegarder l'enregistrement. (DNA)

[15:15] Une centaine de personnes continuent de manifester contre le pouvoir sur l'avenue Belouizded, prés de la Place du 1er Mai à Alger. La police tente de les disperser (DNA).


[15:25] Le député du RCD, Tahar Besbess, violemment agressé par des policiers, a retrouvé ses esprits et se porte légèrement mieux, a appris DNA de son entourage. Admis l'hôpital Mustapha Bacha, M. Besbas a été ausculté par un neurochirurgien avant d'être transféré au service de traumatologie. Ces faits sont ensuite niés par les officiels : La direction de la protection civile d'Alger a affirmé aujourd'hui que le député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbas, n'avait « absolument rien ». Il s'est inscrit en faux contre le témoignage notamment d'un médecin qui l'a vu à l'hôpital blessé et brièvement plongé dans le coma. - Cette version "officielle" est á son tour contestée par un médecin réanimateur présent sur place, le Dr Rafik Hassan. (DNA)

Voici encore le témoignage de Bourbakeur Denguini (RCD)  mis en ligne le lendemain (20-02-2011) par Euronews :



Et, en fin d'après-midi, le résumé officiel de la journée tombe :  L'intervention des services de police pour procéder à la dispersion d'un attroupement de manifestants, samedi au niveau de la place du 1er-Mai et de la rue Mohamed-Belouizdad, s'est déroulée « sans incident », a indiqué un communiqué de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). - Le communiqué évoque la présence de pas plus que « 150 manifestants qui ont tenté de braver la mesure d'interdiction d'une manifestation ». - Au cours de cette opération, les policiers « ont agi dans le strict respect des lois en procédant à l'évacuation de la voie publique, sans avoir recours à l'emploi des moyens conventionnels utilisés en pareille circonstance (gaz lacrymogène, bâtons, etc....) ». - L'intervention « s'est déroulée sans incident et a permis l'évacuation de l'espace public indûment occupé afin de faciliter la circulation des personnes et des véhicules et de prévenir tout acte susceptible de porter atteinte à l'ordre et à la sécurité publics », a ajouté le communiqué. (DNA)
 
[19:55] M6 vient de diffuser son sujet algérois. Sur les images, on voit tout de même un grand nombre der participants à la manifestation : certains disent que des jeunes ont été payés 200 dinars (2 euros) pour s'infiltrer, provoquer, insulter les protestataires pacifiques. On voit également des contre-manifestants brandir des posters du président Bouteflika. Le reporter conclut en se faisant, à ce qu'il semble, le porte-parole de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie : De nouvelles marches seront organisées tous les samedis jusqu'à la chute du régime.

LIBYE

Ce matin le site de LCI titre : Silence, on réprime. - Coupure de l'image et du son : internet bloqué, signal brouillé pour les télévisions satellitaires comme Al Jazira, la Libye continue à nier la révolte qui a gagné l'est du pays, où les protestataires font face aux forces spéciales loyales à Kadhafi. Les troubles ont fait des dizaines de morts. Et la chaîne d'information du groupe TF1 précise : Les informations sont parcellaires et sortent difficilement de Libye ; et les seules images sont celles postées sur internet par des opposants ayant filmé la répression. Ce que l'on sait est que le bilan des émeutes est de plusieurs dizaines de morts, les affrontements touchant surtout l'Est du pays, et notamment Benghazi. Mais pour couper un peu plus les manifestants du reste du monde, la Libye a bloqué tout accès à l'internet ; cette fermeture des vannes du web - et donc de l'accès aux images de la répression - a été annoncée tôt samedi par une société spécialisée dans la surveillance du trafic internet et basée aux Etats-Unis, Arbor Networks. La chaîne de télévision qatarie Al-Jariza a aussi annoncé vendredi que son signal était brouillé. - L'ONG internationale Human Rights Watch [listé dans la colonne de droite], basée à New York, a fait état samedi d'au moins 84 morts ces dernières 72 heures quand Amnesty International [également listé dans la colonne de droite] parle de 46 tués par balles par les forces de sécurité. Selon Amnesty, qui cite des sources hospitalières à Benghazi, les blessures les plus couramment constatées sont des tirs de balle dans la tête, la poitrine et le cou. "Cette hausse alarmante du bilan et la nature des blessures des victimes suggèrent clairement que les forces de sécurité autorisent l'usage de la force contre des manifestants désarmés réclamant un changement politique", note l'ONG. Toute nouvelle procession funéraire pourrait donner lieu à de nouveaux rassemblements de manifestants, enhardis par les soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte qui ont eu raison des dirigeants au pouvoir depuis plusieurs décennies. "Les forces spéciales qui sont loyales à Kadhafi se battent toujours désespérément pour prendre le contrôle et pour gagner du terrain et les gens se battent contre elles rue après rue", a raconté un habitant de Benghazi, la deuxième ville du pays, à la BBC. Selon lui, l'électricité est coupée dans plusieurs parties de la ville et des véhicules militaires stationnent devant le palais de justice. Plus d'un millier de prisonniers se sont par ailleurs évadés vendredi après une mutinerie dans une prison de la ville, selon le journal Quryna, proche du réformateur Seif Al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi, et 150 auraient ensuite été arrêtés.  - Mais les troubles ne se limitent pas à Benghazi, qui avait déjà connu il y a quelques années une répression féroce. Selon le journal libyen Oéa, également proche de Seif Al-Islam, deux policiers qui tentaient de disperser une manifestation à Al-Baïda, à 200 km de Benghazi, ont été capturés par des manifestants avant d'être pendus. En revanche à Tripoli, la capitale, ce sont des partisans du régime qui sont descendus vendredi dans la rue, sillonnant la ville en voiture, brandissant des portraits du colonel Kadhafi et des drapeaux. 

Dans l'après-midi, le site du Point rapporte ceci : Samedi [à Benghazi], après les obsèques de plusieurs victimes, une foule de manifestants s'est retrouvée face à face avec les forces de l'ordre, qui ont tiré en l'air pour la disperser, a déclaré à Reuters un habitant de cette ville située à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli. - "Les manifestants ont voulu attaquer les forces de sécurité mais quand ils ont entendu les tirs de semonce, ils se sont enfuis", a-t-il ajouté. - Un dignitaire religieux de Benghazi, Abellah al Warfali, a déclaré à la chaîne de télévision Al Djazira avoir la liste de seize victimes inhumées ce samedi, la plupart touchées par balles à la tête et à la poitrine. - "J'ai vu de mes propres yeux un blindé écraser une voiture dans laquelle se trouvaient deux personnes", a-t-il dit. "Ces gens-là ne faisaient de mal à personne."

Ce soir, Al Jazeera rapporte que les forces de sécurité libyennes ont ouvert le feu lors de funérailles à Benghazi, tuant au moins15 personnes...Les victimes de ce samedi défilaient en mémoire de protestataires qui ont été tuées lors des manifestations anti-gouvernementales de la semaine dernière, selon les dires de témoins... Un médecin de la ville a déclaré à Al Jazeera que l'hôpital Al Jalah où il travaille a reçu 15 corps et a soigné un grand nombre de personnes après les coups de feu sur les marches funéraires. Il ajoute que l'hôpital a compté 44 morts sur trois jours et que l'établissement éprouve du mal à soigner tous les blessés. "Ce n'est pas un hôpital très bien équipé et les blessés arrivaient par vagues. Rien que des blessures très sérieuses, comprenant la tête, la poitrine et l'abdomen. Des blessures par balles en provenance de fusils à haute vélocité. Tous sont des civils âgés entre 13 et 35 ans, pas de blessés de la police ou de l'armée" dit-il, en précisant que les blessures ne pouvaient être faites par personne d'autre que les forces de sécurité : "On a tiré pour tuer." - Selon d'autres informations de la chaîne qatarie, les émeutes, après s'être concentrées à l'Est du pays (Benghazi, Al Bayda et Tobruk), commencent également.à toucher l'Ouest.de la Libye.(sans précisions). Selon l'observateur humanitaire Mohamed Abdulmalek (Libya Watch), si Tripoli n'est pas pour l'instant touchée (en raison de fortes présences des forces de l'ordre), "il ne fait aucun doute que l'Est et l'Ouest vont s'unir" [dans la capitale].


YÉMEN

Le Nouvel Observateur publie cette dépêche d'AP : La police a ouvert le feu samedi (19-02-2011) contre les manifestants qui défilaient, par milliers, dans les rues de la capitale Sanaa pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh. Selon un responsable médical qui a requis l'anonymat, un homme a été tué d'une balle dans le cou et cinq autres ont été blessés. - Les manifestants avaient défilé de l'Université au ministère de la Justice, en scandant "le peuple veut la chute du régime". Des policiers des unités anti-émeutes, appuyés par des éléments en civil, ont ensuite attaqué les manifestants. - A Aden, des habitants ont déclaré que les forces de sécurité, après 10 jours de manifestations, ont déserté les rues de la ville portuaire. Des groupes d'hommes ont attaqué, pillé et brûlé des bâtiments officiels, sans intervention de la police ou de l'armée, selon des témoins.

Voici une vidéo d'Euronews, mise en ligne hier, qui résume la situation dans le pays :


Ce soir, le site du Nouvel Observateur donne ces informations (avec l'AP) : Au dixième jour de manifestations au Yémen, la police a ouvert le feu samedi pour disperser des protestataires qui défilaient, par milliers, dans les rues de la capitale Sanaa pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Un protestataire a été tué et cinq autres blessés, selon une source médicale. [...] Selon un responsable médical, qui a requis l'anonymat, un homme est mort après avoir reçu une balle dans la nuque. - Au total, sept personnes ont été tuées dans le pays depuis le début des manifestations. [...]  Parallèlement, des habitants de la ville portuaire d'Aden, où des émeutes ont fait au moins quatre morts, ont affirmé que des militaires, circulant dans des véhicules blindés, avaient été déployés dans les principales rues, à l'entrée de certains quartiers, et devant des bâtiments stratégiques comme le bureau du gouverneur. - Beaucoup de policiers ont toutefois déserté les rues de la ville portuaire, apparemment pour éviter des confrontations avec des manifestants toujo
Publier le message
urs rassemblés dans certains endroits. - Le vice-président Abd Rabou Mansour a rencontré des dirigeants de la municipalité et a décidé de boucler la ville pendant douze heures, jusqu'à 6h dimanche matin, pour empêcher des gens vivant à l'extérieur d'Aden de se joindre aux manifestations, selon un responsable de la sécurité. - Un peu plus tôt, des groupes d'hommes avaient attaqué, pillé et brûlé des bâtiments officiels, sans intervention de la police ou de l'armée, selon des témoins. (AP)


Et BAHREÏN

Au moins une nouvelle, aujourd'hui, qui ne soit pas tragique : Après le départ des militaires et les offres de dialogue du Prince héritier, des milliers de manifestants en liesse, criant victoire, ont réinvesti le rond-point de la Perle, la place centrale de Manama.

vendredi 18 février 2011

[Libye, Yémen, Bahreïn] La logique des affrontements

Deux nouvelles d'abord : Selon une déclaration du Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis dix-neuf ans (1992) en Algérie, devrait intervenir à la fin de ce mois de février 2011. - On apprend également que le président tunisien déchu  Ben Ali aurait subi une attaque et se trouverait dans le coma à l'hôpital de Djeddah (Arabie Saoudite). Mais cette information doit encore être confirmée [elle l'est à présent].

LIBYE

Ce jeudi 17 février 2011, une "Journée de la colère" est annoncée en Libye (en particulier sur Facebook). Le Nouvel Observateur rapporte (avec AP) : La Libye semble à son tour gagnée par le vent de contestation arabe. Tôt mercredi matin, la deuxième ville du pays, Benghazi, a été le théâtre de heurts entre les forces de sécurité et plusieurs centaines de manifestants dénonçant le régime de Mouammar Kadhafi. [...] A Zentan, dans le sud du pays (120km au sud de Tripoli), des centaines de personnes ont défilé dans les rues et incendié le siège des forces de sécurité ainsi qu'un commissariat, selon des témoins cités par Fatih al-Warfali. Ils ont ensuite installé un campement au cœur de la ville en scandant "le peuple veut le renversement du régime".

Selon Al Jazeera, "au moins deux personnes ont été tuées au cours d'affrontements entre les forces de sécurité libyennes et des manifestants dans la ville de Bayda, à l'Est de Benghazi [...] Les noms des victimes sont Khaled El Naji Khanfar et Ahmad Shoushaniya." [live blog]

Il semble - pour l'instant [16:00, heure locale] - que la Journée de la colère n'a pas (encore) démarré, alors que les médias occidentaux l'ont annoncée avec de gros titres, qui se font actuellement plus discrets [à 15:12 , BFM annonce encore une "journée cruciale en Libye"]. - En effet, cette journée a été lancée sur Facebook. Mais comme nous l'apprend Le Monde, si le pays est "très adepte de la téléphonie mobile", le "taux de pénétration" de l'Internet fixe  n'est que "de 5,5%" [lien sur les statistiques africaines]. De plus, les accès publics (Internet cafés) sont très surveillés. Citant l'Open Net Initiative, le journal écrit que "le filtrage d'Internet est sélectif, concentré sur les quelques sites Web d'opposition politique". - Les hashtags sur Twitter sont #benghazi, #17feb, #libya, #dayofanger.

Sur le live blog d'Al Jazeera, on apprend que "14 manifestants au moins ont été tués dans des affrontements avec des groupes pro-gouvernementaux depuis mercredi" (source : AP). - L'AFP rapporte que six personnes ont été tuées dans des heurts entre protestataires et forces de sécurité dans la ville côtière de Benghazi (source : sites Web d'opposition). - "Abdullah, un témoin à Benghazi, a déclaré à Al Jazeera qu'il a vu six protestataires non armés tués par les balles de la police. Il a également affirmé que le gouvernement a relâché 30 prisonniers, qui ont été payés et armés pour combattre les gens dans la rue."

Ce soir le journal d'Arte précise qu'aucun journaliste occidental n'est présent sur le territoire libyen : black-out ! On apprend également que le colonel Kadhafi a libéré une centaine d'islamistes emprisonnés, et qu'il a fait baisser le prix des produits de première nécessité. Comme l'Algérie, la Libye peut compter sur ses grandes richesses pétrolières pour contrôler les prix.

Le lendemain (vendredi, 18-02-2011), le bilan de cette Journée de la colère donné par Al Jazeera est lourd : au moins 24 personnes ont été tuées ! (source : Human Rights Watch). - Selon Hassan El Amin, de Libya Al Mostaqbal, il y aurait eu 75 morts et des centaines de blessés au cours des récentes violences contre les protestataires libyens ! - Voici une vidéo postée ce vendredi par Euronews :


[Actualisation] Informations contradictoires ce soir (18-02-2011) dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit, qui s'appuie sur un compte-rendu du quotidien britannique The Guardian : Les protestataires auraient pris le contrôle de plusieurs localités dans l'Est libyen, dont Al Bayda, la troisième ville du pays, que l'armée aurait évacuée. Al Jazeera, par contre, rapporte que les militaires auraient repris le combat.  Selon l'agence Reuters, les manifestants auraient reçu l'aide de la police locale. Dans cette ville d'Al Bayda, des témoins rapportent la mort d'au moins 30 protestataires depuis hier (jeudi 17-02-2011). - Sans me souvenir du lieu, j'ai également entendu aujourd'hui que deux policiers se seraient faits lyncher par la foule [le lieu est Al Bayda] ! - Aux dernières nouvelles données par Al Jazeera [lien sur le live blog ci-dessus], 20.000 personnes camperaient aux abords d'un tribunal de Benghazi, où une station de radio a été incendiée. La vidéo ci-dessous y montre(rait) la foule après la prière du vendredi :



Suite : [19 février 2011]

YÉMEN

Le Point résume la situation au Yémen :  De violents heurts ont opposé, mercredi, [16-02-2011] des manifestants contre le régime et des policiers dans le sud du Yémen, faisant deux morts, au moment où des centaines de protestataires ont été dispersés à coups de gourdin dans la capitale Sanaa par des partisans du président Ali Abdallah Saleh. La journée a été sanglante à Aden, la principale ville du Sud. Deux manifestants y ont été tués et deux blessés lors d'affrontements entre les forces de sécurité et des centaines de manifestants réclamant le départ de Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans dans ce pays pauvre et instable de la péninsule arabique et un allié-clé de Washington dans sa lutte contre al-Qaida. [...] Entre-temps à Sanaa, des centaines d'étudiants ont tenté, pour la quatrième journée consécutive, de marcher sur le palais présidentiel sur la place Sabiine, avant d'être sauvagement pourchassés par des partisans d'Ali Abdallah Saleh, armés de gourdins, de poignards et de pierres. Ces derniers se sont acharnés sur les étudiants dès qu'ils sont sortis de l'université en scandant "Le peuple veut faire la chute du régime", selon un correspondant de l'AFP sur place. Les manifestants ont riposté en lançant des pierres sur leurs agresseurs, qui les ont ensuite poursuivis jusque sur le campus, où la police a tiré des coups de feu en l'air pour disperser les deux camps. Au moins dix étudiants ont été blessés, selon le chef de l'Union des étudiants de l'université, Radwan Massoud.

De nouveaux affrontements sont signalés à Sanaa et à Aden (source : BFM). - Voici le résumé de RFI : De violents heurts ont éclaté jeudi 17 février 2011 à Sanaa et à Aden lors de manifestations contre le régime du président Ali Abdallah Saleh faisant au moins un mort dans la capitale, et au moins quatre morts à Aden. A Sanaa, la capitale, au 7e jour de la contestation estudiantine contre le président quelque 2 000 manifestants ont été attaqués dès leur sortie du campus de l'Université par des partisans du parti présidentiel. La tension restait vive dans la soirée où des tirs ont été entendus dans plusieurs quartiers.


Contrairement à la Libye, le Yémen est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique avec un PIB de 2.500 dollars par habitant (contre 14.200 $ / hab. en Libye !). Le pouvoir n'a pas le recours à la manne pétrolière pour apaiser la misère des gens.


[actualisation] Le Point résume la situation ce vendredi soir (18-02-2011) : Des accrochages ont opposé vendredi au Yémen les forces de sécurité à des foules de manifestants qui exigeaient dans plusieurs villes la fin du régime du président Ali Abdallah Saleh. - Quatre personnes au moins ont été tuées et des dizaines d'autres blessées. - Selon la chaîne de télévision panarabe Al Djazira, trois protestataires ont été tués et des dizaines d'autres blessés au cours d'une fusillade à Aden, dans le sud du pays, où l'opposition à Saleh est très forte. - Des milliers de contestataires se sont rassemblés dans divers quartiers d'Aden après la mort de six personnes en début de semaine. Ils scandaient des slogans hostiles au président tels que "Ecoute, Ali, les gens veulent que tu partes". - Le dirigeant yéménite, âgé de 68 ans et installé au pouvoir depuis 32 ans, a promis de ne pas se représenter à l'expiration de son mandat actuel, en 2013, et de ne pas chercher non plus à transmettre le pouvoir à son fils. - Des dizaines de milliers d'opposants se sont aussi rassemblés dans la ville de Taïz, à 200 km au sud de la capitale, Sanaa. Un homme y a été tué et sept autres personnes ont été blessées par une grenade lancée d'une voiture contre un rassemblement de l'opposition, ont rapporté des témoins. - "A bas le dictateur, à bas l'oppression", scandaient les manifestants massés depuis des jours sur la place Hourria (Liberté), à l'exemple de ceux qui sont restés deux semaines sur la place Tahrir du Caire avant d'obtenir le départ du président Hosni Moubarak.

On signale également des émeutes dans la ville de Djibiouti (source : TV5)

BAHREÏN

L'Express fait le point sur les événements à Bahreïn :  Un millier de manifestants chiites s'inspirant des soulèvements en Tunisie et en Égypte se sont réunis mercredi dans le centre de Manama, la capitale de Bahreïn, pour rendre un dernier hommage à l'un des leurs mort lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Fadel Matrouk a été tué mardi dans des incidents qui ont marqué les funérailles d'une précédente victime des troubles, un jeune homme de 22 ans tué lundi. [...]  Plusieurs milliers de manifestants ont passé la nuit dans un campement improvisé sur la place de la Perle, dont ils tentent de faire le symbole de leur mouvement à l'image de la place Tahrir au Caire. La police s'est tenue à distance. - Dans une allocution télévisée, le roi Hamad ben Isa al Khalifa a présenté mardi ses condoléances aux familles des deux victimes - "deux de nos fils précieux", a-t-il dit - et promis qu'une commission ferait le jour sur les circonstances de leur décès. - Les États-Unis ont exprimé leur vive inquiétude face aux violences qui secouent ce petit royaume du Golfe, où est basée la Cinquième Flotte de l'US Navy. Le Bahreïn est aussi un important centre bancaire dans la région. - "Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et à s'abstenir de toute violence", a dit le porte-parole du département d'Etat, P.J. Crowley. [...]  Vendredi, tentant d'éviter une radicalisation du mouvement le roi avait annoncé le versement d'une allocation de 1.000 dinars (2.000 euros environ) à chaque famille. - Au contraire des pétromonarchies du Golfe, Bahreïn, dont la moitié des 1,3 million d'habitants est composée d'expatriés, n'a pas des ressources financières illimitées. - De grandes manifestations dans cette île-État du Golfe pourraient avoir un effet d'entraînement sur la communauté chiite d'Arabie saoudite voisine, elle aussi marginalisée, jugent des analystes.

 Manama, ce mercredi soir (image : al jazeera)


Dans la nuit de mercredi à jeudi, ces manifestants qui campaient pacifiquement sur la place de la Perle (Pearl roundabout) à Manama ont été attaqués sans sommation par les forces de police à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc [vers 3:30, heure locale](*). Deux protestataires au moins ont été tués (l'un avait 23 ans, l'autre 55 ans), et il y a eu de nombreux blessés. (source : Al Jazeera) - Le hashtag sur Twitter est #bahrain - Aux dernières nouvelles, il y aurait une centaine de blessés au moins après ces brutalités policières.

Le Point résume la situation ce matin (avec l'AFP) : Deux manifestants bahreïnis sont décédés jeudi matin des suites de leurs blessures, portant à quatre morts le bilan de l'assaut durant la nuit des forces de sécurité contre les protestataires à Manama, selon l'opposition. Les forces antiémeute ont dispersé dans la nuit de mercredi à jeudi des manifestants qui campaient dans le centre de Manama pour réclamer des réformes, faisant deux morts, selon un premier bilan. "Hussein Zaid, blessé à la poitrine par une balle à fragmentation, est décédé ce matin à l'hôpital", a déclaré à l'AFP Ali al-Aswad, un député du mouvement chiite al-Wefaq. Il a également fait état du décès d'Issa Abdel Hassan, 60 ans, "touché à la tête". Selon lui, 95 personnes ont été blessées, dont "quatre ou cinq grièvement".

Selon Al Jazeera, le ministre de la Santé aurait démissionné en guise de protestation contre l'assaut policier, mais son ministère a démenti la nouvelle. - Une série de véhicules blindés se dirigent vers le centre de Manama où les grands axes sont bloqués par les forces de sécurité. [live blog]

[Actualisation] Ce vendredi soir, les forces de l'ordre ont a nouveau tiré sur les manifestants à Manama après la tombée de la nuit, faisant au moins 66 blessés selon Al Jazeera.



(*) heure française +2

Éric Raoult : Premier sur la nécro de Ben Ali !


Ce matin, sur l'antenne d'Europe 1, le député UMP de Seine-Saint-Denis, Éric Raoult est prems sur la nécro du président tunisien déchu Ben Ali, qui se trouve actuellement dans le coma à Djeddah (Arabie saoudite) après une attaque cérébrale : "Il ne faut pas oublier que Ben Ali, c’était un progressiste" [...] C’était quelqu’un qui avait accueilli Yasser Arafat sur son territoire, qui protégeait les Juifs de Tunisie, qui avait une vision du tiers-monde qui plaisait à la droite et à la gauche [...] Certes, il est devenu nationaliste. Mais il y a eu dans ce pays l’ordre et la sécurité, alors qu’il y avait des attentats au Maroc et une guerre civile en Algérie [...] Dans le Coran, il y a le pardon. J’espère que l’histoire fera un bilan contrasté de son action. Il y a eu le dirigeant et le militant. C’était un homme qui aimait son pays. [...] Il y a aussi des Tunisiens qui se rappellent qu’il a fait du bien à son pays." - À ce propos, beaucoup d'autres semblent avoir un immense trou de mémoire !

jeudi 17 février 2011

[Brève] "Calamity MAM"

Une de Libération (17-02-2011)

Depuis sa proposition d'assistance sécuritaire au régime Ben Ali, la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, était dans le collimateur des médias et de l'opposition. Puis on a appris qu'elle a passé ses vacances en Tunisie aux frais du riche Aziz Miled, un proche du clan Ben Ali, à la fin de l'année (2010). Aujourd'hui, c'est le Canard Enchaîné qui révèle qu'au cours du même voyage, les parents de "MAM" ont racheté les parts d'une société immobilière au même Aziz Miled. Pour couronner le tout, le site Mediapart rapporte que la ministre a bien appelé le président Ben Ali durant ces vacances, alors qu'elle affirmait, début février (2011), n'avoir eu «aucun contact privilégié» avec l'ex-chef de l'État tunisien. - Après le flop mexicain autour de l'affaire Florence Cassez, on peut dire que la diplomatie française a du plomb dans l'aile, d'autant que le président Sarkozy vient d'assurer la ministre dans la tourmente de son "soutien". - Et, comme si ce n'était pas assez, le nouvel ambassadeur en Tunisie, son excellence Boris Boillon, vient de rajouter sa couche de goujaterie !

mercredi 16 février 2011

[Note] Un mot sur les élections françaises

En considérant l'accélération de l'Histoire, qui a bouleversé en si peu de temps la Tunisie et l'Égypte,  notre échéance présidentielle de 2012 peut paraître bien lointaine. Et, comparées à la résonance mondiale du "Printemps arabe", ces élections certainement importantes pour les citoyens français revêtent un caractère éminemment provincial et totalement anecdotique à l'échelle globale qui est, bon gré mal gré, la nôtre. Mais surtout, si ces nations délivrées des régimes autocratiques réclament la démocratie et un scrutin "libre et équitable" (équitable remplacé par transparent dans la bouche de M. Fillon), quelle est notre propre pratique en la matière ? Libres, elles le sont certainement, ces élections, puisque tout citoyen français âgé d'au moins 18 ans au jour du scrutin, inscrit sur les listes électorales et jouissant de ses droits civiques, est admis à voter dans l'anonymat de l'isoloir. De même, tout électeur français âgé d'au moins 23 ans, réunissant 500 parrainages d'élus, peut se porter candidat à la présidence de la République. Mais ces élections sont-elles équitables ? - Il y a d'abord le rôle joué par les médias et les instituts de sondage, qui ont un grand impact sur l'opinion publique. Nous en avons discuté ailleurs et nous continuerons de le faire : si ce blog a une raison d'être, c'est d'en démonter au possible certains mécanismes - notamment l'anticipation virtuelle des élections et le formatage de l'opinion publique, par exemple avec la mise en exergue des faits divers - qui confinent parfois à la démagogie. - Il y a ensuite le mode de scrutin : majoritaire à deux tours, il ne permet en principe que l'expression des deux grands courants politiques, la "droite" et la "gauche" parlementaires (republicans et democrats aux USA). Mais, contrairement aux États-Unis où un Barack Obama peut surgir pour ainsi dire du néant, les candidats français sont comme vient encore de le dire M. Bayrou des "vieux loups" de la politique ("il faut des années pour construire un homme politique capable d'exercer des fonctions de cet ordre"). 

François Mitterrand s'est présenté en 1965 (44,80%) et en 1974 (49,19%), pour être finalement élu en 1981 (51,76%) et réélu en 1988 (54,02%). Il aura été présent pendant plus d'un demi-siècle sur la scène politique française, d'abord comme secrétaire d'État (dès 1944), puis comme ministre (dès 1950) et enfin comme président de la République (1981-1995). - La carrière de son grand contradicteur Jacques Chirac est similaire : secrétaire d'État dès 1968, ministre dès 1971, puis Premier ministre (1974-76 ; 1986-88). Le maire de Paris (1977-1995) s'est également présenté deux fois à la présidence de la République, en 1981 (18% au premier tour) puis en 1988 (45,98%), avant d'y être élu en 1995 (52,64%) et réélu en 2002 (82,21%) ! Ce sont tout de même presque quarante ans passés sur les plus hautes marches politiques, dont douze à l'Élysée. - L'ascension du président actuel a certes été plus rapide, mais on ne peut pas dire qu'il ait "surgi de nulle part" puisqu'il a été ministre dès 1993 et qu'il était encore ministre de l'Intérieur jusqu'au 26 mars 2007, avant d'être élu président le 6 mai de la même année (53,06%). - Difficile de parler, dans ce cas précis, d'équité : en effet, c'est le ministère de l'Intérieur qui est non seulement chargé d'organiser les élections, mais qui dispose également d'un grand nombre de renseignements sur les candidats, les intentions de vote des citoyens et les divers courants politiques. Dès lors, un homme qui dirige ce ministère jusqu'au 26 mars a tous les atouts en main pour concourir à une élection dont le premier tour a lieu moins d'un mois plus tard (21 avril).

mardi 15 février 2011

Les manifestations au Proche et Moyen-Orient

Le journal britannique Guardian continue de publier un fil d'actualité sur les soulèvements et les manifestations au Proche et Moyen-Orient (Middle-East) : [february 13] [february 14] [february 15] [february 16] - Une note de l'AFP d'hier (14-02-2011) nous apprend que Des manifestations ont eu lieu au Yémen, en Iran, à Bahreïn et en Irak. - Au Yémen, plusieurs personnes ont été blessées lors de la mobilisation. - Dans la capitale Sanaa, des milliers d'étudiants et d'avocats ont scandé "Après Moubarak, Ali", en référence au président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. - Les protestataires ont tenté de marcher sur la place Tahrir (Libération) --qui porte le même nom que celle du Caire-- mais les forces de sécurité ont installé des barbelés pour les en empêcher. - Des centaines de partisans du Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir) ont alors attaqué les manifestants à coups de bâton et de pierres, selon un correspondant de l'AFP. [...] A Taëz, au sud de la capitale, plusieurs milliers de personnes ont également réclamé un changement de régime, et huit personnes ont été blessées lorsque la police a dispersé cette manifestation, selon des témoins. - En Iran, une personne a été tuée et plusieurs ont été blessées par des tirs lundi à Téhéran lors de la première manifestation anti-gouvernementale organisée depuis un an par l'opposition réformatrice.[...]  Des incidents ont éclaté en plusieurs endroits de Téhéran entre des milliers de manifestants et les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. - "Plusieurs centaines de personnes" auraient été arrêtées, selon le site kaleme.com de M. Moussavi, qui cite des "témoignages non confirmés". - A Bahreïn, malgré l'interdiction, quelques centaines de personnes ont manifesté dans plusieurs villages chiites, où des heurts ont fait au moins un blessé, selon le ministère de l'Intérieur et des témoins. [...] En Irak, la manifestation se voulait romantique, à l'occasion de la Saint-Valentin: quelques centaines de jeunes se sont rassemblées, avec des roses et des ballons rouges, dans le centre de Bagdad, pour exprimer "l'amour de leur pays" et critiquer la cupidité des dirigeants. - Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a affirmé que les demandes des manifestants étaient "légitimes" et qu'il fallait que les ministres agissent pour les satisfaire. - Des appels à manifester jeudi contre la corruption et le népotisme en Libye ont par ailleurs été lancés depuis quelques semaines sur Facebook. - En Algérie, où une marche de l'opposition, interdite, s'était heurtée le 12 février à un dispositif de sécurité très renforcé, une nouvelle manifestation est prévue samedi prochain.

Le Monde apporte ces précisions sur l'Iran : Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, et les députés de la majorité conservatrice ont lancé, mardi 15 février, de violentes attaques contre les chefs de l'opposition au lendemain de manifestations qui ont fait, selon un nouveau bilan communiqué par un parlementaire [le député Kazem Jalali], deux morts et neuf blessés. Les députés ont crié "mort à l'Amérique !", "mort à Israël !", mais aussi "mort à Moussavi, Karoubi et Khatami !" (l'ancien président réformateur) lors de la session parlementaire.

Libération donne ces informations sur Bahreïn : Deux manifestants chiites ont été tués à Bahreïn dans la dispersion par les forces de sécurité de protestations antigouvernementales qui se poursuivaient mardi, selon l'opposition et une source officielle. - Ces manifestations, notamment dans les villages chiites, ont commencé lundi à l'initiative d'internautes qui ont appelé sur Facebook à manifester pour réclamer des réformes politiques et sociales, dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Égypte.