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jeudi 28 avril 2011

[Libye 2011] Vers une guerre civile sans fin ? (5)


~  note commencée le lundi 25, actualisée les mardi 26, mercredi 27 et jeudi 28 avril 2011 ~


Flux d'actualité [Al Jazeera] [Guardian] [libyafeb17] [Almanara Media]




TRIPOLI. - Peu après minuit, deux missiles au moins ont frappé deux immeubles situés dans le complexe du colonel K. de Bab al-Aziziya, comme le rapporte la correspondante du Guardian. L'un d'eux, un bâtiment à plusieurs étages qui abrite également une bibliothèque où le colonel, paraît-il, aimait à lire, s'est effondré. L'autre, destiné à recevoir les délégations étrangères, est sévèrement endommagé. La correspondante ajoute que le nombre des blessés légers varie de 0 à 45 et que l'on ignore le lieu où se trouvait le colonel K. - Le régime parle quant à lui de 45 blessés, dont 15 graves, et estime que l'attaque visait à tuer le leader. De son côté, Saif al-Islam Kadhafi déclare : "Le bombardement qui a visé les bureaux de Mouammar Kadhafi aujourd'hui... n'effrayera que les enfants. C'est impossible qu'il puisse nous faire peur ou nous pousser à abandonner et hisser le drapeau blanc. Vous, l'OTAN, menez une bataille perdue parce que vous êtes soutenus par des traitres et des espions. L'Histoire a prouvé qu'aucun État ne peut s'en remettre à eux pour vaincre." En fin d'après-midi, un porte-parole du régime déclare à Reuters que trois personnes ont été tuées par le raid de l'OTAN, mais que le colonel K. était "en sécurité" et "de bonne humeur". (sources via Guardian)



MISRATA. - Le retrait de l'armée libyenne annoncé par le gouvernement, qui avait déclaré que les tribus prendraient le relais, n'a été qu'un leurre. Ces dernières douze heures 30 morts et 60 blessés ont été comptés par Ahmed al-Qadi, qui travaille dans une radio "pirate" de Misrata. Il parle d'un pilonnage intensif de zones résidentielles et dit que des corps carbonisés ont été amenés à l'hôpital. Se trouvant actuellement en Libye, la correspondante du Sunday Times, Hala Jabar, a mis en ligne la photo insoutenable d'un de ces corps en précisant que "tout le monde doit la voir". Ayant pris le parti de ne pas montrer de telles images dans ces pages, je me contente d'en donner le lien [ici]. Voici encore quelques tweets de Hala Jabar, qui témoignent de l'horreur vécue par les habitants [@] : "Rapport de médecin : 'famille arrivée -- bébés carbonisés, mère, père. Ils étaient dans leur voiture'." - "Les gens endormis chez eux quand les FK [forces de Kadhafi] ont lancé des attaques au mortier sans discrimination. Les Chababs [jeunes combattants] incapables d'emmener les morts qui brûlent encore." - "La tête d'un bébé amenée sans son torse. Une famille carbonisée, brûlée à tel point qu'elle a dû être placée dans le même sac." (sources via Guardian)



SYRIE. - Alors que les nouvelles du pays sont toujours aussi ténues et difficiles à vérifier puisque les reporters étrangers ne sont pas autorisés à y travailler, on apprend que les frontières avec la Jordanie sont à présent fermées et que les téléphones sont coupés à Deraa depuis minuit. Des rapports émanant de cette ville du Sud, et de Douma en banlieue de Damas, parlent d'une vague d'arrestations et de coups de force du régime, qui utilise des tanks à Deraa, où entre 9 et 18 morts sont signalés, et des snipers à Douma pour terroriser la population. Dans cette dernière ville, un commandant de l'armée aurait pris le parti des habitants qu'il entendait protéger des snipers, une initiative qui se serait soldée par son arrestation. D'autres défections dans les rangs des militaires ont été rapportés, mais une observatrice du Guardian à Damas, Katherine Marsh, estime que l'armée restera fidèle au président al-Assad puisque ses membres sont recrutés de préférence dans sa "secte des Alaouites", une branche du chiisme. - On dénombre également treize morts à Jableh près de Banias depuis hier. (sources via Guardian) - Dans l'après-midi, le Nouvel Observateur relaye une dépêche de l'AFP rapportant les propos d'un militant des droits humains au téléphone [sans doute avec une carte SIM jordanienne], qui parle de la situation catastrophique à Deraa [ici] : "au moins 25 martyrs sont tombés, tués par les tirs et le pilonnage à l'artillerie lourde", après l'entrée avant l'aube de l'armée et des forces de sécurité dans la ville, appuyées par des chars et des blindés. - Il a ajouté que des corps étaient "toujours dans la rue". - Le militant a précisé que la ville était soumise dans l'après-midi "à un pilonnage intensif à l'artillerie lourde et aux mitrailleuses... - Des snipers ont pris position sur les toits et les chars sont dans le centre-ville", a-t-il ajouté. - D'autres sources de l'AFP parlent de 3000 hommes des forces de sécurité qui ont déferlé sur la ville. - L'hebdomadaire français rapporte également une réaction de l'ONU : La Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a demandé lundi "l'arrêt immédiat des tueries en Syrie", jugeant "inacceptable" la "réaction erratique et violente" du gouvernement syrien face à "des manifestants pacifiques".



Les événements syriens prennent à présent un tour aussi brutal et sanglant qu'en Libye. Après quelques annonces apparemment rhétoriques, comme la levée de l'état d'urgence et des lois d'exception en vigueur depuis 1963, le régime montre son visage barbare à ceux qui pouvaient encore douter de sa vraie nature en envoyant son armée, ses "forces de sécurité" et sa police "secrète" assassiner la population et arrêter les opposants, dont on peut imaginer le sort dans les geôles d'un État totalitaire. - Et dans cette histoire, il ne faudra pas s'attendre à une résolution de l'ONU autorisant une intervention pour arrêter le massacre. Avec le droit de véto de la Chine et de la Russie, on se demande d'ailleurs comment la résolution 1973 sur la Libye a pu passer au Conseil de sécurité. Hormis la réticence de ces deux grandes puissances à toute "politique d'ingérence", d'autres raisons peuvent être invoquées : Bien sûr, dira-t-on avec une pointe de cynisme, les réserves pétrolières de Syrie constituent une "quantité négligeable" sur le marché mondial. Il y a aussi la proximité de l'Iran et d'Israël qui font d'une intervention militaire conduite par l'Occident une opération à haut risque. Et on entend évidemment préserver cette fameuse "stabilité" de la région qui recèle les plus importants gisements de pétrole au monde, même si la Syrie n'en détient qu'une part très modeste. Enfin, on peut penser aux opérations en cours qui ne sont pas, loin s'en faut, couronnés de succès : En Afghanistan et en Irak, on "gère le chaos" comme on peut, et en Libye, on se dirige également vers une situation bloquée, si l'on n'y est pas déjà. Il faut ajouter que les opérations militaires engloutissent des sommes énormes, alors que les dettes de la plupart des pays "développés" se comptent  désormais en billions (mille milliards) d'euros.



TUNISIE. - A l'heure où la France, par la bouche du conseiller spécial du président Sarkozy, Henri Guaino, plaide pour une modification de "l'espace Schengen" pour maîtriser le flux migratoire en provenance de Tunisie, ce pays affronte l'affluence des réfugiés en provenance des montagnes de l'Ouest, pilonnée sans relâche par l'armée libyenne. Libyafeb17 relaye ce soir une dépêche de Reuters qui estime à 30.000 le nombre de Libyens qui fuient le massacre orchestré par leur propre gouvernement. Ils viennent s'ajouter à la première vague de réfugiés qui n'ont pas encore été évacués ou qui ne savent pas où aller. Si l'on considère que le gouvernement tunisien n'a pour l'heure formulé aucune plainte et semble considérer comme normal d'aider les gens en détresse, l'attitude du gouvernement français, si prompt à déclarer la guerre pour "protéger les civils", est à proprement parler lamentable. Car s'y reflète cette ambiguïté occidentale qui, jadis, fit dire aux premiers habitants d'Amérique, dépités par les promesses non tenues, que "les visages pâles ont la langue fourchue".



YEMEN. - Alors que l'on annonce de nouveaux morts et blessés dans les manifestations à Taïz, Ibb et dans la région d'al-Baïda, la transition du pouvoir semble en bonne voie ce soir puisque l'opposition  emboîte le pas au président Saleh en donnant lui aussi son "accord au plan de sortie de crise proposé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG)", comme l'écrit Le Monde [ici] qui rappelle que ce plan "prévoit un transfert du pouvoir en trois mois. Les six États membres du CCG, alliance régionale militaire et politique, demandent au président Saleh de remettre les rênes du pays à son vice-président dans le délai d'un mois après la signature d'un accord. Un responsable de l'opposition devrait prendre la tête d'un gouvernement intérimaire chargé de préparer l'élection présidentielle deux mois plus tard. - Le projet accorde l'immunité à M. Saleh, à sa famille et à ses conseillers, qui ne pourraient pas faire l'objet de poursuites judiciaires comme le réclament leurs adversaires."

dimanche 24 avril 2011

[Libye 2011] Vers une guerre civile sans fin ? (4)


note commencée le jeudi 21, actualisée les vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24 avril 2011 ~

Flux d'actualité [Al Jazeera] [Guardian] [libyafeb17] [Almanara Media]

Chris Hondros : Insurgé à Ajdabiya (photo : getty via guardian)

FRONTIÈRE TUNISIENNE. - Alors qu'un grand nombre de personnes continuent de fuir les zones de combat dans les montagnes de l'Ouest pour la Tunisie, Al Jazeera rapporte que les insurgés ont pris le contrôle du poste frontière de Wazin, à 200 km au Sud du passage principal de Ras Jedir près de la côte. - Un peu plus tard, le Guardian reprend un communiqué de l'agence TAP (via Reuters) qui annonce que treize soldats et officiers, dont un général, des forces loyalistes se sont rendus à l'armée tunisienne après des affrontements avec les combattants insurgés. Un correspondant d'Al Jazeera Arabic avait auparavant parlé d'une centaine d'éléments kadhafistes à s'être constitués prisonniers de l'autre côté de la frontière. - Puis l'AFP rapporte (via libyafeb17) que quelque 150 à 200 soldats de Kadhafi ont abandonné leurs armes et se sont enfuis en Tunisie.

ENLISEMENT. - De plus en plus d'observateurs considèrent que la guerre ne peut être gagnée par l'insurrection. Cantonnés à Ajdabiya face aux kadhafistes enterrés à Brega, les insurgés ont  peu de chances de faire bouger le front de l'Est de façon significative. S'ils paraissent mieux organisés qu'au début des combats, ils ne disposent pas de l'armement adéquat qui leur permettrait d'avancer sur Syrte ou Misrata. Et si la couverture aérienne de l'OTAN peut empêcher la progression des loyalistes vers Benghazi, elle n'est pas à même de les déloger des villes. - La seule option qui pourrait débloquer la situation militaire est une intervention terrestre de la Coalition. Or, les dirigeants occidentaux ne cessent de répéter qu'elle est exclue, si l'on excepte les quelques éléments des forces spéciales qui opèrent sur le terrain, les trois dizaines de conseillers militaires envoyés à Benghazi et peut-être telle ou telle unité armée appelée à protéger les convois humanitaires à Misrata, qui ne serait cependant pas autorisée à engager les combats.

APRÈS LE DRAPEAU, LE ROI ? - Exilé depuis 1988 à Londres, Mohammed al-Sanussi [ou El Senoussi], le prétendant au trône de Libye âgé de 48 ans, se déclare prêt à aider son pays. Le blog bruxellois du Wall Street Journal cite ses propos [ici] : "Que le peuple veuille la monarchie constitutionnelle ou la république, je ferai de mon mieux".  Le rédacteur, John W. Miller, résume le sens de cette déclaration : "En d'autres termes, si on lui demandait d'être roi, il dirait oui". Le fait que l'insurrection ait choisi comme emblème l'ancien drapeau de la monarchie lui donne peut-être des idées ? - M. al-Sanussi ajoute toutefois qu'il aiderait l'opposition à organiser “des élections libres et équitables", sa "tâche étant de servir le peuple".

 Idris Ier, roi de Libye (1951-1969), et son petit-neveu Mohammed, prétendant au trône

CHRIS HONDOS. - Dans cette vidéo, le photographe de guerre, qui a succombé hier à ses blessures dans la ville de Misrata, commente son travail et explique les raisons qui l'ont conduit à persévérer dans sa voie  :


samedi 19 février 2011

[Algérie, Libye, Yémen] Étouffement et répression

Avec le Nigeria,  l'Algérie et la Libye sont les plus grands producteurs de pétrole d'Afrique (loin devant l'Égypte, qui précède encore le Yémen, et le Soudan). Contrairement à la Tunisie et l'Égypte (ou le Maroc), ces pays ne vivent pas du tourisme. Ils n'ont donc pas à soigner leur image aux yeux des vacanciers occidentaux, venus chercher le calme, le "luxe", la "volupté".  Et la manne pétrolière leur permet d'entretenir (et de surpayer) des "forces de l'ordre" impressionnantes au vrai sens du terme, mais aussi de "contenir" le peuple en intervenant sur les prix des produits de première nécessité pour prévenir des émeutes de la misère. Ce sont là les deux  (principales) raisons qui semblent à première vue interdire dans ces deux pays une révolution démocratique et sociale sur le modèle égyptien et tunisien.

ALGÉRIE

Après "l'empêchement" des deux dernières marches du 22 janvier et du 12 février 2011, les choses ne s'annoncent pas sous les meilleurs auspices pour ce nouveau rassemblement à l'appel de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie (CNCD). Le quotidien El Watan précise que : Les autorités, ont encore une fois déployé un dispositif policier impressionnant dès les premières heures de cette matinée du samedi 19 février sur toutes les rues de la capitale du pays, Alger. - Les gares ferroviaires ont, une nouvelle fois, été fermées et aucun train n'a quitté les quais. Les barrages routiers ont été multipliés notamment sur l'autoroute qui relie Tizi-Ouzou, Boumerdes et Béjaia à Alger. Certains policiers n'ont même pas hésité à refouler des citoyens dont le seul tort est d'être originaire de Kabylie !  - Les Dernières Nouvelles d'Algérie (DNA) ont également mis en ligne un fil d'actualité.


[10:35] La police fonce sur les marcheurs et réprime les manifestants. Les coups de matraque n'épargnent personne. Les premiers blessés sont enregistrés. - Les manifestants improvisent une marche dans l'autre sens, vers Belcourt. (El Watan)

[11:00] La marche à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie prévue à 11 heures est pour l'heure empêchée par un impressionnant dispositif de sécurité. Sans doute encore plus important que celui déployé à Alger samedi 12 février. - Munis de matraques et de boucliers, les policiers dispersent la foule en usant, cette-fois ci, de brutalités. (DNA) - Rachid Malaoui, du SNAPAP a été blessé et évacué vers l'hôpital Mustapha. Les premières arrestations sont effectués par la police. - Des jeunes adolescents sont placés sur les trottoirs avec des portraits de Bouteflika, pour provoquer les manifestants. des provocations qui risquent de déraper à tout moment. (El Watan)

[11:30] Le face à face, policiers manifestants continuent à Belouizdad [ex-Belcourt], Alger. Environ 300 marcheurs sont encerclés par des centaines de policiers au niveau des arcades du boulevard Belouizdad, un peu plus loin que le ministère de la Jeunesse. Toute tentative des marcheurs de rejoindre la place du 1er mai est réprimée brutalement. - Affrontements directs entre les manifestants et les jeunes "pro Bouteflika", mobilisés pour provoquer les marcheurs. - De l'autre coté, des jeunes venus de Belcourt scandant "Ouyahia Serak" [(Le Premier ministre) Ouyahia (est un) voleur] rejoignent la marche. (El Watan) - La Place du 1er mai est littéralement envahie par des policiers en uniforme en en civil. La circulation est maintenant coupée. Les policiers repoussent les groupes de manifestants vers les ruelles menant au quartier de Belcourt. On redoute que cette tactique ne vise à livrer les manifestants à des nervis du quartier et pousser à l'affrontement. - Le président du RCD, Said Sadi, en voyage en France [il était l'invité, hier, de l'émission La semaine critique sur France 2], n'est pas encore arrivé à la Place du 1er mai. Sur place, des rumeurs laissent croire que Sadi aurait perdu son passeport en France, information démentie par le chargé de communication du RCD. - La technique mise au point par les responsables de la police pour casser la marche de la Coordination est celle-ci  : dés qu'un groupe de manifestants se forme, des policiers ainsi que des pro-Bouteflika sont envoyés en renfort pour les chahuter, les étouffer. - Les petits groupes de nervis, certains munis de couteux, scandent "Echaab YOurid Et Zetla batel" (le peuple veut la drogue gratis ). Des manifestants se demandent pourquoi ceux que le régime a rendu milliardaires ne viennent pas défendre le président au lieu de charger de cette besogne de jeunes désœuvrés d'Alger (DNA).

[11:40] Le nombre de manifestants a sensiblement augmenté avec l'arrivée de dizaines de jeunes de Belcourt au cris de "Belcourt Echouhada" (Belcourt martyr). Ils sont plus d'un millier à manifester devant des policiers chargés de bloquer toutes les issues vers la place du 1er Mai. (El Watan)

[12:00] Des policiers brutalisent des manifestants devant le siège de l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens), non loin de la Place du 1er mai, a constaté un journaliste de DNA. "J'ai vu des policiers isoler un groupe de manifestants avant de les rouer de coup avec des matraques et des coups de pieds. Devant moi, deux jeunes sont roués de coup, dont un se trouvait par terre", témoigne notre journaliste. (DNA) - La police encercle des groupes de manifestants et les redirigent en dehors de la place du 1er mai. Un groupe a été orienté vers la maison de la presse, sous escorte policière. Ils sont menés vers les ateliers de l'ETUSA. (El Watan)

[12:30] La manifestation de la CNCD est quasiment terminée. Les marcheurs rassemblés sur le boulevard Belouizdad se sont dispersés et la situiation est redevenue normale à la place du 1er Mai. La police occupe toutes les ruelles autour de la place du 1er Mai. L'hélicoptère de la police continue à tournoyer dans le ciel d'Alger. - Un groupe d'islamistes a tenté de se rassembler à la station de bus de l'ETUSA, mais ils sont rapidement encerclés par la police qui les disperse.  - Au niveau des arcades du boulevard Belouizdad, des escarmouches sont signalées de temps en temps entre marcheurs et policiers ou entre marcheurs et les jeunes "pro-Bouteflika". (El Watan)

[12:40] Des jeunes de Belcourt tentent de se rassembler à la station de bus, mais ils sont vite pris en tenaille par les policiers, qui les dispersent. (El Watan)

[12:50] Le député du RCD, Besbas Tahar, a été violemment agressé par des policiers. "Il a reçu des coups de matraques au visage et au thorax, confie à DNA son collègue Mohcine Bellabes. Il a perdu connaissance et à l'heure où je vous parle nous n'avons pas pu l'évacuer vers l'hôpital parce que l'ambulance est bloquée Place du 1er Mai." (DNA) - Le journal donne ensuite un bref résumé des événements : Un dispositif policier impressionnant a été mis en place autour de la Place du 1er Mai et dans Alger. Des organisateurs de la marche pour le changement et la démocratie évoquent le chiffre de 40 000 policiers. - Les manifestants qui entendaient marcher de la Place du 1er Mai vers la Place des Martyrs sont bloqués par un cordon sécuritaire. - Contrairement à la marche du samedi 12 février, les autorités ont donné des consignes aux policiers : éviter les arrestations brutales qui risquent de nuire à l'image du régime sur le plan international. - Des petits groupes formés de jeunes du quartier de Belcourt chahutent les manifestants en brandissant un portrait de Bouteflika. 

[13:00] Le député du RCD, Tahar Besabess, agressé par des policiers, n’a pas encore repris connaissance plus de 40 minutes après avoir reçu des coups à la tête et au thorax. Évacué au service des urgences de l’hôpital Mustapha Bacha, le député est encore allongé sur un brancard en attendant d’être pris en charge par un neurologue. - Le groupe de jeunes pro-Bouteflika ont fini par rejoindre le cortège des manifestants contre le régime massés sur la rue qui mène vers Belcourt, a constaté un journaliste de DNA sur place. Alors qu'au début de la matinée, ils chahutaient le rassemblement contre le régime, ils ont décidé de rallier le mouvement de contestation en scandant "Ouyahia Seraq" (Ouyahia, le Premier ministre, voleur). (DNA)

[13:15] Âgé de 82 ans, Ali Yahia Abdenour est le président d’honneur de la CNCD. Malmené par des policiers, blessé à la main, l’avocat et militant des droits de l’homme a fait une déclaration aux journalistes présents à la Place du 1er Mai et appelle les Algériens au soulèvement : « On veut le changement du système mais pas un changement dans le système. Nous sommes des citoyens qui veulent libérer la liberté. Personne ne peut arrêter l’accélération de l’histoire. Personne ne peut empêcher la rue de se révolter. On demande aux Algériens de se soulever...» (DNA)

[13:40] Le député RCD Tahar Besbes a été tabassé par la Police et se trouve actuellement aux urgences de l'hôpital Mustapha Bacha. Selon le RCD, Tahar Besbes aurait eu un traumatisme crânien, suite à une chute provoquée par des coups portés par des policiers. En tombant, sa tête a heurté le bord du trottoir. Il est actuellement dans un état jugé assez grave à Mustapha. (El Watan)

[14:10] Échanges de propos vifs entre un député du RCD et le principal de la police chargé de réprimer la manifestation à la place du 1er mai, à Alger. - Le député : "D'où avez vous ramené ces 40 000 policiers pour nous réprimer?" - Le responsable de la police : "Et vous, d'où avez-vous ramené tout ce peuple?" (DNA)

[14:30] Une équipe de journalistes de la chaîne française M6 qui a filmé l'agression ainsi que l'évacuation à l'hôpital du député Tahar Besbas a été prise à partie par des agents de la sécurité de l'hopital décidés à leurs confisquer leur matériel dans l'enceinte de l'hôpital. - Les journalistes ont réussi à échapper à leur emprise et à sauvegarder l'enregistrement. (DNA)

[15:15] Une centaine de personnes continuent de manifester contre le pouvoir sur l'avenue Belouizded, prés de la Place du 1er Mai à Alger. La police tente de les disperser (DNA).


[15:25] Le député du RCD, Tahar Besbess, violemment agressé par des policiers, a retrouvé ses esprits et se porte légèrement mieux, a appris DNA de son entourage. Admis l'hôpital Mustapha Bacha, M. Besbas a été ausculté par un neurochirurgien avant d'être transféré au service de traumatologie. Ces faits sont ensuite niés par les officiels : La direction de la protection civile d'Alger a affirmé aujourd'hui que le député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbas, n'avait « absolument rien ». Il s'est inscrit en faux contre le témoignage notamment d'un médecin qui l'a vu à l'hôpital blessé et brièvement plongé dans le coma. - Cette version "officielle" est á son tour contestée par un médecin réanimateur présent sur place, le Dr Rafik Hassan. (DNA)

Voici encore le témoignage de Bourbakeur Denguini (RCD)  mis en ligne le lendemain (20-02-2011) par Euronews :



Et, en fin d'après-midi, le résumé officiel de la journée tombe :  L'intervention des services de police pour procéder à la dispersion d'un attroupement de manifestants, samedi au niveau de la place du 1er-Mai et de la rue Mohamed-Belouizdad, s'est déroulée « sans incident », a indiqué un communiqué de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). - Le communiqué évoque la présence de pas plus que « 150 manifestants qui ont tenté de braver la mesure d'interdiction d'une manifestation ». - Au cours de cette opération, les policiers « ont agi dans le strict respect des lois en procédant à l'évacuation de la voie publique, sans avoir recours à l'emploi des moyens conventionnels utilisés en pareille circonstance (gaz lacrymogène, bâtons, etc....) ». - L'intervention « s'est déroulée sans incident et a permis l'évacuation de l'espace public indûment occupé afin de faciliter la circulation des personnes et des véhicules et de prévenir tout acte susceptible de porter atteinte à l'ordre et à la sécurité publics », a ajouté le communiqué. (DNA)
 
[19:55] M6 vient de diffuser son sujet algérois. Sur les images, on voit tout de même un grand nombre der participants à la manifestation : certains disent que des jeunes ont été payés 200 dinars (2 euros) pour s'infiltrer, provoquer, insulter les protestataires pacifiques. On voit également des contre-manifestants brandir des posters du président Bouteflika. Le reporter conclut en se faisant, à ce qu'il semble, le porte-parole de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie : De nouvelles marches seront organisées tous les samedis jusqu'à la chute du régime.

LIBYE

Ce matin le site de LCI titre : Silence, on réprime. - Coupure de l'image et du son : internet bloqué, signal brouillé pour les télévisions satellitaires comme Al Jazira, la Libye continue à nier la révolte qui a gagné l'est du pays, où les protestataires font face aux forces spéciales loyales à Kadhafi. Les troubles ont fait des dizaines de morts. Et la chaîne d'information du groupe TF1 précise : Les informations sont parcellaires et sortent difficilement de Libye ; et les seules images sont celles postées sur internet par des opposants ayant filmé la répression. Ce que l'on sait est que le bilan des émeutes est de plusieurs dizaines de morts, les affrontements touchant surtout l'Est du pays, et notamment Benghazi. Mais pour couper un peu plus les manifestants du reste du monde, la Libye a bloqué tout accès à l'internet ; cette fermeture des vannes du web - et donc de l'accès aux images de la répression - a été annoncée tôt samedi par une société spécialisée dans la surveillance du trafic internet et basée aux Etats-Unis, Arbor Networks. La chaîne de télévision qatarie Al-Jariza a aussi annoncé vendredi que son signal était brouillé. - L'ONG internationale Human Rights Watch [listé dans la colonne de droite], basée à New York, a fait état samedi d'au moins 84 morts ces dernières 72 heures quand Amnesty International [également listé dans la colonne de droite] parle de 46 tués par balles par les forces de sécurité. Selon Amnesty, qui cite des sources hospitalières à Benghazi, les blessures les plus couramment constatées sont des tirs de balle dans la tête, la poitrine et le cou. "Cette hausse alarmante du bilan et la nature des blessures des victimes suggèrent clairement que les forces de sécurité autorisent l'usage de la force contre des manifestants désarmés réclamant un changement politique", note l'ONG. Toute nouvelle procession funéraire pourrait donner lieu à de nouveaux rassemblements de manifestants, enhardis par les soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte qui ont eu raison des dirigeants au pouvoir depuis plusieurs décennies. "Les forces spéciales qui sont loyales à Kadhafi se battent toujours désespérément pour prendre le contrôle et pour gagner du terrain et les gens se battent contre elles rue après rue", a raconté un habitant de Benghazi, la deuxième ville du pays, à la BBC. Selon lui, l'électricité est coupée dans plusieurs parties de la ville et des véhicules militaires stationnent devant le palais de justice. Plus d'un millier de prisonniers se sont par ailleurs évadés vendredi après une mutinerie dans une prison de la ville, selon le journal Quryna, proche du réformateur Seif Al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi, et 150 auraient ensuite été arrêtés.  - Mais les troubles ne se limitent pas à Benghazi, qui avait déjà connu il y a quelques années une répression féroce. Selon le journal libyen Oéa, également proche de Seif Al-Islam, deux policiers qui tentaient de disperser une manifestation à Al-Baïda, à 200 km de Benghazi, ont été capturés par des manifestants avant d'être pendus. En revanche à Tripoli, la capitale, ce sont des partisans du régime qui sont descendus vendredi dans la rue, sillonnant la ville en voiture, brandissant des portraits du colonel Kadhafi et des drapeaux. 

Dans l'après-midi, le site du Point rapporte ceci : Samedi [à Benghazi], après les obsèques de plusieurs victimes, une foule de manifestants s'est retrouvée face à face avec les forces de l'ordre, qui ont tiré en l'air pour la disperser, a déclaré à Reuters un habitant de cette ville située à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli. - "Les manifestants ont voulu attaquer les forces de sécurité mais quand ils ont entendu les tirs de semonce, ils se sont enfuis", a-t-il ajouté. - Un dignitaire religieux de Benghazi, Abellah al Warfali, a déclaré à la chaîne de télévision Al Djazira avoir la liste de seize victimes inhumées ce samedi, la plupart touchées par balles à la tête et à la poitrine. - "J'ai vu de mes propres yeux un blindé écraser une voiture dans laquelle se trouvaient deux personnes", a-t-il dit. "Ces gens-là ne faisaient de mal à personne."

Ce soir, Al Jazeera rapporte que les forces de sécurité libyennes ont ouvert le feu lors de funérailles à Benghazi, tuant au moins15 personnes...Les victimes de ce samedi défilaient en mémoire de protestataires qui ont été tuées lors des manifestations anti-gouvernementales de la semaine dernière, selon les dires de témoins... Un médecin de la ville a déclaré à Al Jazeera que l'hôpital Al Jalah où il travaille a reçu 15 corps et a soigné un grand nombre de personnes après les coups de feu sur les marches funéraires. Il ajoute que l'hôpital a compté 44 morts sur trois jours et que l'établissement éprouve du mal à soigner tous les blessés. "Ce n'est pas un hôpital très bien équipé et les blessés arrivaient par vagues. Rien que des blessures très sérieuses, comprenant la tête, la poitrine et l'abdomen. Des blessures par balles en provenance de fusils à haute vélocité. Tous sont des civils âgés entre 13 et 35 ans, pas de blessés de la police ou de l'armée" dit-il, en précisant que les blessures ne pouvaient être faites par personne d'autre que les forces de sécurité : "On a tiré pour tuer." - Selon d'autres informations de la chaîne qatarie, les émeutes, après s'être concentrées à l'Est du pays (Benghazi, Al Bayda et Tobruk), commencent également.à toucher l'Ouest.de la Libye.(sans précisions). Selon l'observateur humanitaire Mohamed Abdulmalek (Libya Watch), si Tripoli n'est pas pour l'instant touchée (en raison de fortes présences des forces de l'ordre), "il ne fait aucun doute que l'Est et l'Ouest vont s'unir" [dans la capitale].


YÉMEN

Le Nouvel Observateur publie cette dépêche d'AP : La police a ouvert le feu samedi (19-02-2011) contre les manifestants qui défilaient, par milliers, dans les rues de la capitale Sanaa pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh. Selon un responsable médical qui a requis l'anonymat, un homme a été tué d'une balle dans le cou et cinq autres ont été blessés. - Les manifestants avaient défilé de l'Université au ministère de la Justice, en scandant "le peuple veut la chute du régime". Des policiers des unités anti-émeutes, appuyés par des éléments en civil, ont ensuite attaqué les manifestants. - A Aden, des habitants ont déclaré que les forces de sécurité, après 10 jours de manifestations, ont déserté les rues de la ville portuaire. Des groupes d'hommes ont attaqué, pillé et brûlé des bâtiments officiels, sans intervention de la police ou de l'armée, selon des témoins.

Voici une vidéo d'Euronews, mise en ligne hier, qui résume la situation dans le pays :


Ce soir, le site du Nouvel Observateur donne ces informations (avec l'AP) : Au dixième jour de manifestations au Yémen, la police a ouvert le feu samedi pour disperser des protestataires qui défilaient, par milliers, dans les rues de la capitale Sanaa pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Un protestataire a été tué et cinq autres blessés, selon une source médicale. [...] Selon un responsable médical, qui a requis l'anonymat, un homme est mort après avoir reçu une balle dans la nuque. - Au total, sept personnes ont été tuées dans le pays depuis le début des manifestations. [...]  Parallèlement, des habitants de la ville portuaire d'Aden, où des émeutes ont fait au moins quatre morts, ont affirmé que des militaires, circulant dans des véhicules blindés, avaient été déployés dans les principales rues, à l'entrée de certains quartiers, et devant des bâtiments stratégiques comme le bureau du gouverneur. - Beaucoup de policiers ont toutefois déserté les rues de la ville portuaire, apparemment pour éviter des confrontations avec des manifestants toujo
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urs rassemblés dans certains endroits. - Le vice-président Abd Rabou Mansour a rencontré des dirigeants de la municipalité et a décidé de boucler la ville pendant douze heures, jusqu'à 6h dimanche matin, pour empêcher des gens vivant à l'extérieur d'Aden de se joindre aux manifestations, selon un responsable de la sécurité. - Un peu plus tôt, des groupes d'hommes avaient attaqué, pillé et brûlé des bâtiments officiels, sans intervention de la police ou de l'armée, selon des témoins. (AP)


Et BAHREÏN

Au moins une nouvelle, aujourd'hui, qui ne soit pas tragique : Après le départ des militaires et les offres de dialogue du Prince héritier, des milliers de manifestants en liesse, criant victoire, ont réinvesti le rond-point de la Perle, la place centrale de Manama.

vendredi 18 février 2011

[Libye, Yémen, Bahreïn] La logique des affrontements

Deux nouvelles d'abord : Selon une déclaration du Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis dix-neuf ans (1992) en Algérie, devrait intervenir à la fin de ce mois de février 2011. - On apprend également que le président tunisien déchu  Ben Ali aurait subi une attaque et se trouverait dans le coma à l'hôpital de Djeddah (Arabie Saoudite). Mais cette information doit encore être confirmée [elle l'est à présent].

LIBYE

Ce jeudi 17 février 2011, une "Journée de la colère" est annoncée en Libye (en particulier sur Facebook). Le Nouvel Observateur rapporte (avec AP) : La Libye semble à son tour gagnée par le vent de contestation arabe. Tôt mercredi matin, la deuxième ville du pays, Benghazi, a été le théâtre de heurts entre les forces de sécurité et plusieurs centaines de manifestants dénonçant le régime de Mouammar Kadhafi. [...] A Zentan, dans le sud du pays (120km au sud de Tripoli), des centaines de personnes ont défilé dans les rues et incendié le siège des forces de sécurité ainsi qu'un commissariat, selon des témoins cités par Fatih al-Warfali. Ils ont ensuite installé un campement au cœur de la ville en scandant "le peuple veut le renversement du régime".

Selon Al Jazeera, "au moins deux personnes ont été tuées au cours d'affrontements entre les forces de sécurité libyennes et des manifestants dans la ville de Bayda, à l'Est de Benghazi [...] Les noms des victimes sont Khaled El Naji Khanfar et Ahmad Shoushaniya." [live blog]

Il semble - pour l'instant [16:00, heure locale] - que la Journée de la colère n'a pas (encore) démarré, alors que les médias occidentaux l'ont annoncée avec de gros titres, qui se font actuellement plus discrets [à 15:12 , BFM annonce encore une "journée cruciale en Libye"]. - En effet, cette journée a été lancée sur Facebook. Mais comme nous l'apprend Le Monde, si le pays est "très adepte de la téléphonie mobile", le "taux de pénétration" de l'Internet fixe  n'est que "de 5,5%" [lien sur les statistiques africaines]. De plus, les accès publics (Internet cafés) sont très surveillés. Citant l'Open Net Initiative, le journal écrit que "le filtrage d'Internet est sélectif, concentré sur les quelques sites Web d'opposition politique". - Les hashtags sur Twitter sont #benghazi, #17feb, #libya, #dayofanger.

Sur le live blog d'Al Jazeera, on apprend que "14 manifestants au moins ont été tués dans des affrontements avec des groupes pro-gouvernementaux depuis mercredi" (source : AP). - L'AFP rapporte que six personnes ont été tuées dans des heurts entre protestataires et forces de sécurité dans la ville côtière de Benghazi (source : sites Web d'opposition). - "Abdullah, un témoin à Benghazi, a déclaré à Al Jazeera qu'il a vu six protestataires non armés tués par les balles de la police. Il a également affirmé que le gouvernement a relâché 30 prisonniers, qui ont été payés et armés pour combattre les gens dans la rue."

Ce soir le journal d'Arte précise qu'aucun journaliste occidental n'est présent sur le territoire libyen : black-out ! On apprend également que le colonel Kadhafi a libéré une centaine d'islamistes emprisonnés, et qu'il a fait baisser le prix des produits de première nécessité. Comme l'Algérie, la Libye peut compter sur ses grandes richesses pétrolières pour contrôler les prix.

Le lendemain (vendredi, 18-02-2011), le bilan de cette Journée de la colère donné par Al Jazeera est lourd : au moins 24 personnes ont été tuées ! (source : Human Rights Watch). - Selon Hassan El Amin, de Libya Al Mostaqbal, il y aurait eu 75 morts et des centaines de blessés au cours des récentes violences contre les protestataires libyens ! - Voici une vidéo postée ce vendredi par Euronews :


[Actualisation] Informations contradictoires ce soir (18-02-2011) dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit, qui s'appuie sur un compte-rendu du quotidien britannique The Guardian : Les protestataires auraient pris le contrôle de plusieurs localités dans l'Est libyen, dont Al Bayda, la troisième ville du pays, que l'armée aurait évacuée. Al Jazeera, par contre, rapporte que les militaires auraient repris le combat.  Selon l'agence Reuters, les manifestants auraient reçu l'aide de la police locale. Dans cette ville d'Al Bayda, des témoins rapportent la mort d'au moins 30 protestataires depuis hier (jeudi 17-02-2011). - Sans me souvenir du lieu, j'ai également entendu aujourd'hui que deux policiers se seraient faits lyncher par la foule [le lieu est Al Bayda] ! - Aux dernières nouvelles données par Al Jazeera [lien sur le live blog ci-dessus], 20.000 personnes camperaient aux abords d'un tribunal de Benghazi, où une station de radio a été incendiée. La vidéo ci-dessous y montre(rait) la foule après la prière du vendredi :



Suite : [19 février 2011]

YÉMEN

Le Point résume la situation au Yémen :  De violents heurts ont opposé, mercredi, [16-02-2011] des manifestants contre le régime et des policiers dans le sud du Yémen, faisant deux morts, au moment où des centaines de protestataires ont été dispersés à coups de gourdin dans la capitale Sanaa par des partisans du président Ali Abdallah Saleh. La journée a été sanglante à Aden, la principale ville du Sud. Deux manifestants y ont été tués et deux blessés lors d'affrontements entre les forces de sécurité et des centaines de manifestants réclamant le départ de Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans dans ce pays pauvre et instable de la péninsule arabique et un allié-clé de Washington dans sa lutte contre al-Qaida. [...] Entre-temps à Sanaa, des centaines d'étudiants ont tenté, pour la quatrième journée consécutive, de marcher sur le palais présidentiel sur la place Sabiine, avant d'être sauvagement pourchassés par des partisans d'Ali Abdallah Saleh, armés de gourdins, de poignards et de pierres. Ces derniers se sont acharnés sur les étudiants dès qu'ils sont sortis de l'université en scandant "Le peuple veut faire la chute du régime", selon un correspondant de l'AFP sur place. Les manifestants ont riposté en lançant des pierres sur leurs agresseurs, qui les ont ensuite poursuivis jusque sur le campus, où la police a tiré des coups de feu en l'air pour disperser les deux camps. Au moins dix étudiants ont été blessés, selon le chef de l'Union des étudiants de l'université, Radwan Massoud.

De nouveaux affrontements sont signalés à Sanaa et à Aden (source : BFM). - Voici le résumé de RFI : De violents heurts ont éclaté jeudi 17 février 2011 à Sanaa et à Aden lors de manifestations contre le régime du président Ali Abdallah Saleh faisant au moins un mort dans la capitale, et au moins quatre morts à Aden. A Sanaa, la capitale, au 7e jour de la contestation estudiantine contre le président quelque 2 000 manifestants ont été attaqués dès leur sortie du campus de l'Université par des partisans du parti présidentiel. La tension restait vive dans la soirée où des tirs ont été entendus dans plusieurs quartiers.


Contrairement à la Libye, le Yémen est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique avec un PIB de 2.500 dollars par habitant (contre 14.200 $ / hab. en Libye !). Le pouvoir n'a pas le recours à la manne pétrolière pour apaiser la misère des gens.


[actualisation] Le Point résume la situation ce vendredi soir (18-02-2011) : Des accrochages ont opposé vendredi au Yémen les forces de sécurité à des foules de manifestants qui exigeaient dans plusieurs villes la fin du régime du président Ali Abdallah Saleh. - Quatre personnes au moins ont été tuées et des dizaines d'autres blessées. - Selon la chaîne de télévision panarabe Al Djazira, trois protestataires ont été tués et des dizaines d'autres blessés au cours d'une fusillade à Aden, dans le sud du pays, où l'opposition à Saleh est très forte. - Des milliers de contestataires se sont rassemblés dans divers quartiers d'Aden après la mort de six personnes en début de semaine. Ils scandaient des slogans hostiles au président tels que "Ecoute, Ali, les gens veulent que tu partes". - Le dirigeant yéménite, âgé de 68 ans et installé au pouvoir depuis 32 ans, a promis de ne pas se représenter à l'expiration de son mandat actuel, en 2013, et de ne pas chercher non plus à transmettre le pouvoir à son fils. - Des dizaines de milliers d'opposants se sont aussi rassemblés dans la ville de Taïz, à 200 km au sud de la capitale, Sanaa. Un homme y a été tué et sept autres personnes ont été blessées par une grenade lancée d'une voiture contre un rassemblement de l'opposition, ont rapporté des témoins. - "A bas le dictateur, à bas l'oppression", scandaient les manifestants massés depuis des jours sur la place Hourria (Liberté), à l'exemple de ceux qui sont restés deux semaines sur la place Tahrir du Caire avant d'obtenir le départ du président Hosni Moubarak.

On signale également des émeutes dans la ville de Djibiouti (source : TV5)

BAHREÏN

L'Express fait le point sur les événements à Bahreïn :  Un millier de manifestants chiites s'inspirant des soulèvements en Tunisie et en Égypte se sont réunis mercredi dans le centre de Manama, la capitale de Bahreïn, pour rendre un dernier hommage à l'un des leurs mort lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Fadel Matrouk a été tué mardi dans des incidents qui ont marqué les funérailles d'une précédente victime des troubles, un jeune homme de 22 ans tué lundi. [...]  Plusieurs milliers de manifestants ont passé la nuit dans un campement improvisé sur la place de la Perle, dont ils tentent de faire le symbole de leur mouvement à l'image de la place Tahrir au Caire. La police s'est tenue à distance. - Dans une allocution télévisée, le roi Hamad ben Isa al Khalifa a présenté mardi ses condoléances aux familles des deux victimes - "deux de nos fils précieux", a-t-il dit - et promis qu'une commission ferait le jour sur les circonstances de leur décès. - Les États-Unis ont exprimé leur vive inquiétude face aux violences qui secouent ce petit royaume du Golfe, où est basée la Cinquième Flotte de l'US Navy. Le Bahreïn est aussi un important centre bancaire dans la région. - "Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et à s'abstenir de toute violence", a dit le porte-parole du département d'Etat, P.J. Crowley. [...]  Vendredi, tentant d'éviter une radicalisation du mouvement le roi avait annoncé le versement d'une allocation de 1.000 dinars (2.000 euros environ) à chaque famille. - Au contraire des pétromonarchies du Golfe, Bahreïn, dont la moitié des 1,3 million d'habitants est composée d'expatriés, n'a pas des ressources financières illimitées. - De grandes manifestations dans cette île-État du Golfe pourraient avoir un effet d'entraînement sur la communauté chiite d'Arabie saoudite voisine, elle aussi marginalisée, jugent des analystes.

 Manama, ce mercredi soir (image : al jazeera)


Dans la nuit de mercredi à jeudi, ces manifestants qui campaient pacifiquement sur la place de la Perle (Pearl roundabout) à Manama ont été attaqués sans sommation par les forces de police à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc [vers 3:30, heure locale](*). Deux protestataires au moins ont été tués (l'un avait 23 ans, l'autre 55 ans), et il y a eu de nombreux blessés. (source : Al Jazeera) - Le hashtag sur Twitter est #bahrain - Aux dernières nouvelles, il y aurait une centaine de blessés au moins après ces brutalités policières.

Le Point résume la situation ce matin (avec l'AFP) : Deux manifestants bahreïnis sont décédés jeudi matin des suites de leurs blessures, portant à quatre morts le bilan de l'assaut durant la nuit des forces de sécurité contre les protestataires à Manama, selon l'opposition. Les forces antiémeute ont dispersé dans la nuit de mercredi à jeudi des manifestants qui campaient dans le centre de Manama pour réclamer des réformes, faisant deux morts, selon un premier bilan. "Hussein Zaid, blessé à la poitrine par une balle à fragmentation, est décédé ce matin à l'hôpital", a déclaré à l'AFP Ali al-Aswad, un député du mouvement chiite al-Wefaq. Il a également fait état du décès d'Issa Abdel Hassan, 60 ans, "touché à la tête". Selon lui, 95 personnes ont été blessées, dont "quatre ou cinq grièvement".

Selon Al Jazeera, le ministre de la Santé aurait démissionné en guise de protestation contre l'assaut policier, mais son ministère a démenti la nouvelle. - Une série de véhicules blindés se dirigent vers le centre de Manama où les grands axes sont bloqués par les forces de sécurité. [live blog]

[Actualisation] Ce vendredi soir, les forces de l'ordre ont a nouveau tiré sur les manifestants à Manama après la tombée de la nuit, faisant au moins 66 blessés selon Al Jazeera.



(*) heure française +2

mardi 15 février 2011

Les manifestations au Proche et Moyen-Orient

Le journal britannique Guardian continue de publier un fil d'actualité sur les soulèvements et les manifestations au Proche et Moyen-Orient (Middle-East) : [february 13] [february 14] [february 15] [february 16] - Une note de l'AFP d'hier (14-02-2011) nous apprend que Des manifestations ont eu lieu au Yémen, en Iran, à Bahreïn et en Irak. - Au Yémen, plusieurs personnes ont été blessées lors de la mobilisation. - Dans la capitale Sanaa, des milliers d'étudiants et d'avocats ont scandé "Après Moubarak, Ali", en référence au président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. - Les protestataires ont tenté de marcher sur la place Tahrir (Libération) --qui porte le même nom que celle du Caire-- mais les forces de sécurité ont installé des barbelés pour les en empêcher. - Des centaines de partisans du Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir) ont alors attaqué les manifestants à coups de bâton et de pierres, selon un correspondant de l'AFP. [...] A Taëz, au sud de la capitale, plusieurs milliers de personnes ont également réclamé un changement de régime, et huit personnes ont été blessées lorsque la police a dispersé cette manifestation, selon des témoins. - En Iran, une personne a été tuée et plusieurs ont été blessées par des tirs lundi à Téhéran lors de la première manifestation anti-gouvernementale organisée depuis un an par l'opposition réformatrice.[...]  Des incidents ont éclaté en plusieurs endroits de Téhéran entre des milliers de manifestants et les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. - "Plusieurs centaines de personnes" auraient été arrêtées, selon le site kaleme.com de M. Moussavi, qui cite des "témoignages non confirmés". - A Bahreïn, malgré l'interdiction, quelques centaines de personnes ont manifesté dans plusieurs villages chiites, où des heurts ont fait au moins un blessé, selon le ministère de l'Intérieur et des témoins. [...] En Irak, la manifestation se voulait romantique, à l'occasion de la Saint-Valentin: quelques centaines de jeunes se sont rassemblées, avec des roses et des ballons rouges, dans le centre de Bagdad, pour exprimer "l'amour de leur pays" et critiquer la cupidité des dirigeants. - Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a affirmé que les demandes des manifestants étaient "légitimes" et qu'il fallait que les ministres agissent pour les satisfaire. - Des appels à manifester jeudi contre la corruption et le népotisme en Libye ont par ailleurs été lancés depuis quelques semaines sur Facebook. - En Algérie, où une marche de l'opposition, interdite, s'était heurtée le 12 février à un dispositif de sécurité très renforcé, une nouvelle manifestation est prévue samedi prochain.

Le Monde apporte ces précisions sur l'Iran : Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, et les députés de la majorité conservatrice ont lancé, mardi 15 février, de violentes attaques contre les chefs de l'opposition au lendemain de manifestations qui ont fait, selon un nouveau bilan communiqué par un parlementaire [le député Kazem Jalali], deux morts et neuf blessés. Les députés ont crié "mort à l'Amérique !", "mort à Israël !", mais aussi "mort à Moussavi, Karoubi et Khatami !" (l'ancien président réformateur) lors de la session parlementaire.

Libération donne ces informations sur Bahreïn : Deux manifestants chiites ont été tués à Bahreïn dans la dispersion par les forces de sécurité de protestations antigouvernementales qui se poursuivaient mardi, selon l'opposition et une source officielle. - Ces manifestations, notamment dans les villages chiites, ont commencé lundi à l'initiative d'internautes qui ont appelé sur Facebook à manifester pour réclamer des réformes politiques et sociales, dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Égypte.

jeudi 27 janvier 2011

Et maintenant le Yémen ?

Voici une vidéo de la chaîne d'information Al Jazira (commentaire anglais) sur les manifestations qui ont eu lieu aujourd'hui (27-01-2011) au Yémen : "Des milliers de Yéménites, inspirés par la Tunisie et l'Egypte, ont manifesté jeudi à Sanaa à l'appel de l'opposition pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans", écrit l'AFP [ici]. Et : " - "Nous nous rassemblons aujourd'hui pour demander le départ du président Saleh et de son gouvernement corrompu", a lancé à l'adresse de la foule un député du parti islamiste Al-Islah, Abdelmalik al-Qasuss. - L'opposition a organisé quatre manifestations distinctes dans la capitale pour "disperser les forces de police", selon l'un des organisateurs. - Les forces anti-émeutes se tenaient à distance des manifestants, mais elles ont renforcé les mesures de sécurité autour du ministère de l'Intérieur et de la Banque centrale. - Le Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir), a organisé quatre contre-manifestations qui ont réuni des milliers de personnes dans la capitale. - "Ne faites pas tomber la démocratie et la Constitution", pouvait-on lire sur l'une des banderoles brandies par des manifestants pro-gouvernementaux. - Les manifestations se sont multipliées ces derniers jours au Yémen, un pays rongé par la pauvreté et le chômage. [...] En outre, des milliers de partisans du Mouvement sudiste, un groupe séparatiste, ont manifesté dans plusieurs villes du Sud du Yémen, dont Daleh, Habilayn, Loder et Ezzan, scandant des slogans séparatistes. "Révolution, Révolution dans le Sud", "Plutôt mourir libres que d'accepter l'occupation", répétait la foule, selon des participants. - Au pouvoir depuis 1978, M. Saleh a été élu pour la première fois en 1999 au suffrage universel direct pour un mandat de sept ans. Il a été réélu pour la deuxième fois en 2006 pour un mandat qui arrive à expiration en 2013. - Un projet d'amendement de la Constitution, en discussion au Parlement malgré le refus de l'opposition, pourrait ouvrir la voie à une présidence à vie pour l'actuel chef de l'Etat. - L'opposition accuse en outre le président Saleh, 68 ans, de vouloir transmettre la présidence à son fils aîné Ahmad, chef de la garde républicaine, unité d'élite de l'armée. - Mais le chef de l'Etat s'est défendu dans un discours télévisé dimanche soir de vouloir transmettre le pouvoir à son fils. "Nous sommes une république, et je suis contre la transmission du pouvoir", a-t-il dit."