jeudi 28 avril 2011

[Libye 2011] Vers une guerre civile sans fin ? (5)


~  note commencée le lundi 25, actualisée les mardi 26, mercredi 27 et jeudi 28 avril 2011 ~


Flux d'actualité [Al Jazeera] [Guardian] [libyafeb17] [Almanara Media]




TRIPOLI. - Peu après minuit, deux missiles au moins ont frappé deux immeubles situés dans le complexe du colonel K. de Bab al-Aziziya, comme le rapporte la correspondante du Guardian. L'un d'eux, un bâtiment à plusieurs étages qui abrite également une bibliothèque où le colonel, paraît-il, aimait à lire, s'est effondré. L'autre, destiné à recevoir les délégations étrangères, est sévèrement endommagé. La correspondante ajoute que le nombre des blessés légers varie de 0 à 45 et que l'on ignore le lieu où se trouvait le colonel K. - Le régime parle quant à lui de 45 blessés, dont 15 graves, et estime que l'attaque visait à tuer le leader. De son côté, Saif al-Islam Kadhafi déclare : "Le bombardement qui a visé les bureaux de Mouammar Kadhafi aujourd'hui... n'effrayera que les enfants. C'est impossible qu'il puisse nous faire peur ou nous pousser à abandonner et hisser le drapeau blanc. Vous, l'OTAN, menez une bataille perdue parce que vous êtes soutenus par des traitres et des espions. L'Histoire a prouvé qu'aucun État ne peut s'en remettre à eux pour vaincre." En fin d'après-midi, un porte-parole du régime déclare à Reuters que trois personnes ont été tuées par le raid de l'OTAN, mais que le colonel K. était "en sécurité" et "de bonne humeur". (sources via Guardian)



MISRATA. - Le retrait de l'armée libyenne annoncé par le gouvernement, qui avait déclaré que les tribus prendraient le relais, n'a été qu'un leurre. Ces dernières douze heures 30 morts et 60 blessés ont été comptés par Ahmed al-Qadi, qui travaille dans une radio "pirate" de Misrata. Il parle d'un pilonnage intensif de zones résidentielles et dit que des corps carbonisés ont été amenés à l'hôpital. Se trouvant actuellement en Libye, la correspondante du Sunday Times, Hala Jabar, a mis en ligne la photo insoutenable d'un de ces corps en précisant que "tout le monde doit la voir". Ayant pris le parti de ne pas montrer de telles images dans ces pages, je me contente d'en donner le lien [ici]. Voici encore quelques tweets de Hala Jabar, qui témoignent de l'horreur vécue par les habitants [@] : "Rapport de médecin : 'famille arrivée -- bébés carbonisés, mère, père. Ils étaient dans leur voiture'." - "Les gens endormis chez eux quand les FK [forces de Kadhafi] ont lancé des attaques au mortier sans discrimination. Les Chababs [jeunes combattants] incapables d'emmener les morts qui brûlent encore." - "La tête d'un bébé amenée sans son torse. Une famille carbonisée, brûlée à tel point qu'elle a dû être placée dans le même sac." (sources via Guardian)



SYRIE. - Alors que les nouvelles du pays sont toujours aussi ténues et difficiles à vérifier puisque les reporters étrangers ne sont pas autorisés à y travailler, on apprend que les frontières avec la Jordanie sont à présent fermées et que les téléphones sont coupés à Deraa depuis minuit. Des rapports émanant de cette ville du Sud, et de Douma en banlieue de Damas, parlent d'une vague d'arrestations et de coups de force du régime, qui utilise des tanks à Deraa, où entre 9 et 18 morts sont signalés, et des snipers à Douma pour terroriser la population. Dans cette dernière ville, un commandant de l'armée aurait pris le parti des habitants qu'il entendait protéger des snipers, une initiative qui se serait soldée par son arrestation. D'autres défections dans les rangs des militaires ont été rapportés, mais une observatrice du Guardian à Damas, Katherine Marsh, estime que l'armée restera fidèle au président al-Assad puisque ses membres sont recrutés de préférence dans sa "secte des Alaouites", une branche du chiisme. - On dénombre également treize morts à Jableh près de Banias depuis hier. (sources via Guardian) - Dans l'après-midi, le Nouvel Observateur relaye une dépêche de l'AFP rapportant les propos d'un militant des droits humains au téléphone [sans doute avec une carte SIM jordanienne], qui parle de la situation catastrophique à Deraa [ici] : "au moins 25 martyrs sont tombés, tués par les tirs et le pilonnage à l'artillerie lourde", après l'entrée avant l'aube de l'armée et des forces de sécurité dans la ville, appuyées par des chars et des blindés. - Il a ajouté que des corps étaient "toujours dans la rue". - Le militant a précisé que la ville était soumise dans l'après-midi "à un pilonnage intensif à l'artillerie lourde et aux mitrailleuses... - Des snipers ont pris position sur les toits et les chars sont dans le centre-ville", a-t-il ajouté. - D'autres sources de l'AFP parlent de 3000 hommes des forces de sécurité qui ont déferlé sur la ville. - L'hebdomadaire français rapporte également une réaction de l'ONU : La Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a demandé lundi "l'arrêt immédiat des tueries en Syrie", jugeant "inacceptable" la "réaction erratique et violente" du gouvernement syrien face à "des manifestants pacifiques".



Les événements syriens prennent à présent un tour aussi brutal et sanglant qu'en Libye. Après quelques annonces apparemment rhétoriques, comme la levée de l'état d'urgence et des lois d'exception en vigueur depuis 1963, le régime montre son visage barbare à ceux qui pouvaient encore douter de sa vraie nature en envoyant son armée, ses "forces de sécurité" et sa police "secrète" assassiner la population et arrêter les opposants, dont on peut imaginer le sort dans les geôles d'un État totalitaire. - Et dans cette histoire, il ne faudra pas s'attendre à une résolution de l'ONU autorisant une intervention pour arrêter le massacre. Avec le droit de véto de la Chine et de la Russie, on se demande d'ailleurs comment la résolution 1973 sur la Libye a pu passer au Conseil de sécurité. Hormis la réticence de ces deux grandes puissances à toute "politique d'ingérence", d'autres raisons peuvent être invoquées : Bien sûr, dira-t-on avec une pointe de cynisme, les réserves pétrolières de Syrie constituent une "quantité négligeable" sur le marché mondial. Il y a aussi la proximité de l'Iran et d'Israël qui font d'une intervention militaire conduite par l'Occident une opération à haut risque. Et on entend évidemment préserver cette fameuse "stabilité" de la région qui recèle les plus importants gisements de pétrole au monde, même si la Syrie n'en détient qu'une part très modeste. Enfin, on peut penser aux opérations en cours qui ne sont pas, loin s'en faut, couronnés de succès : En Afghanistan et en Irak, on "gère le chaos" comme on peut, et en Libye, on se dirige également vers une situation bloquée, si l'on n'y est pas déjà. Il faut ajouter que les opérations militaires engloutissent des sommes énormes, alors que les dettes de la plupart des pays "développés" se comptent  désormais en billions (mille milliards) d'euros.



TUNISIE. - A l'heure où la France, par la bouche du conseiller spécial du président Sarkozy, Henri Guaino, plaide pour une modification de "l'espace Schengen" pour maîtriser le flux migratoire en provenance de Tunisie, ce pays affronte l'affluence des réfugiés en provenance des montagnes de l'Ouest, pilonnée sans relâche par l'armée libyenne. Libyafeb17 relaye ce soir une dépêche de Reuters qui estime à 30.000 le nombre de Libyens qui fuient le massacre orchestré par leur propre gouvernement. Ils viennent s'ajouter à la première vague de réfugiés qui n'ont pas encore été évacués ou qui ne savent pas où aller. Si l'on considère que le gouvernement tunisien n'a pour l'heure formulé aucune plainte et semble considérer comme normal d'aider les gens en détresse, l'attitude du gouvernement français, si prompt à déclarer la guerre pour "protéger les civils", est à proprement parler lamentable. Car s'y reflète cette ambiguïté occidentale qui, jadis, fit dire aux premiers habitants d'Amérique, dépités par les promesses non tenues, que "les visages pâles ont la langue fourchue".



YEMEN. - Alors que l'on annonce de nouveaux morts et blessés dans les manifestations à Taïz, Ibb et dans la région d'al-Baïda, la transition du pouvoir semble en bonne voie ce soir puisque l'opposition  emboîte le pas au président Saleh en donnant lui aussi son "accord au plan de sortie de crise proposé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG)", comme l'écrit Le Monde [ici] qui rappelle que ce plan "prévoit un transfert du pouvoir en trois mois. Les six États membres du CCG, alliance régionale militaire et politique, demandent au président Saleh de remettre les rênes du pays à son vice-président dans le délai d'un mois après la signature d'un accord. Un responsable de l'opposition devrait prendre la tête d'un gouvernement intérimaire chargé de préparer l'élection présidentielle deux mois plus tard. - Le projet accorde l'immunité à M. Saleh, à sa famille et à ses conseillers, qui ne pourraient pas faire l'objet de poursuites judiciaires comme le réclament leurs adversaires."




mardi 26 avril 2011 ~

Flux d'actualité [Al Jazeera] [Guardian] [libyafeb17] [Almanara Media] [Libya Alhurra]




ITALIE. - Conférence de presse de S. Berlusconi et N. Sarkozy à Rome. - Le président français évoque une "clause de sauvegarde" de Schengen. Il annonce une "lettre commune" de S. Berlusconi et lui-même au président Barroso. On restera dans le flou pour ce qui est du contenu et de ce que N. Sarkozy entend par "renforcement de l'espace Schengen". - La question d'une journaliste de RFI demande des précisions. - N.S. : "La lettre pourrait être publiée dans quelques minutes", mais la politesse veut qu'elle soit d'abord envoyée au destinataire. "Ce n'est pas un secret", ajoute-t-il : "Nous demandons un renforcement du travail en commun". Et de poser cette question : "Qui gère Schengen ?" Pour inférer : "Il faut mener une réflexion sur la clause de sauvegarde...  Nous croyons à libre circulation des personnes... mais aussi au respect de l'État de droit ". Une autre question porte sur la Syrie. Le président français affirme qu'il faut une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour une éventuelle intervention. Et de déclarer : "Je maintiens que la situation [en Syrie]  n'est pas acceptable... Nous sommes aux cotés des peuples arabes dans leur lutte pour la démocratie et la liberté". Puis de conclure qu'on "ne peut pas intervenir partout". - A propos de la Libye, N. Sarkozy confesse : "Personne n'aime la guerre... C'est des dizaines de milliers de morts qui ont été évitées..." Un peu plus tard, il ajoute : "Nous sommes optimistes... Ceux qui veulent la liberté finissent toujours par gagner, mais [?] c'est une grande leçon de l'Histoire". - Comme les autres journalistes présents, l'AFP a finalement eu connaissance de cette fameuse lettre puisqu'elle a été distribuée à l'issue de la conférence. Le  Nouvel Observateur écrit [ici] : Paris et Rome ont demandé à Bruxelles d'"examiner la possibilité de rétablir temporairement le contrôle aux frontières intérieures" des États-membres, dans une lettre adressée mardi 26 avril à la Commission européenne et au Conseil européen. ... La lettre... précise que ce rétablissement doit être envisagé "en cas de difficultés exceptionnelles dans la gestion des frontières extérieures communes, dans des conditions à définir". - Après avoir constaté que "les pressions aux frontières communes entraînent des conséquences pour l'ensemble des États membres", Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi estiment que "le conseil européen de juin doit donner l'impulsion politique permettant de dépasser les obstacles pour prendre des décisions concrètes en réponse aux difficultés actuelles". - L'Élysée vient de diffuser une déclaration conjointe des deux chefs d'État [ici], où rien n'est dit sur Schengen. - Le lendemain, cet "oubli" est réparé avec la lettre à MM. Barroso et Van Rompuy [ici].



J'avais relevé hier la "langue fourchue" des dirigeants occidentaux. S'ajoute aujourd'hui l'art de "noyer le poisson". La France veut rétablir le contrôle à ses frontières, comme le voulait dès vendredi une rumeur de l'Élysée. Cette décision, à présent emballée dans une lettre aux dirigeants européens et cosignée par S. Berlusconi, relève d'abord, tout le monde le sait, d'une "stratégie" de politique intérieure. Or, si cette "fermeture provisoire" des frontières françaises eu égard à une "situation exceptionnelle" est une concession à l'électorat de la droite nationaliste, N. Sarkozy doit également soigner son image d'Européen convaincu. Il joue donc "sur les deux tableaux" ou, comme diraient certaines mauvaises langues, il a "le cul entre deux chaises". Cette schizophrénie forcée explique bien des choses dans la volonté de réviser l'accord de Schengen. Et lorsqu'on compare à cette position française l'attitude profondément altruiste des Tunisiens envers les réfugiés libyens, déjà signalée, l'égocentrisme de M. Sarkozy, qui n'est que l'incarnation d'un certain type d'homme occidental pour l'heure majoritaire en Europe, laisse sans voix. Heureusement que les habitants d'Aubervilliers viennent nourrir les migrants que l'on a pu voir massés près du périphérique parisien dans un reportage de France 2 pour sauver un tant soit peu la réputation de la France comme terre d'asile. C'est ici que devraient intervenir les "initiatives citoyennes" dont les dirigeants politiques aiment tant à discourir.



TRIPOLI. - Diffusé par la chaîne publique anglaise Channel 4 et mis en ligne le 24 avril, voici un reportage sur l'impossibilité de faire un reportage, puisque les journalistes étrangers logés à l'hôtel Rixos ne peuvent faire un pas sans chaperons gouvernementaux, s'ils ne sont pas emmenés en visite guidée par le régime qui ne montre que ce qui peut servir sa propagande.




NEWS. - On n'a pas besoin d'être à Tripoli pour trouver que les nouvelles en provenance de Libye restent très succinctes. Depuis plusieurs semaines, les médias internationaux sont relativement avares d'informations sur les différentes zones de conflit, ayant pourtant des correspondants dans d'autres villes libyennes, notamment à Misrata et Benghazi (Ajdabiya). Est-ce le public (occidental) qui se lasse ? S'est-on accordé sur une situation bloquée qui, en n'apportant rien de "nouveau", ne mérite plus de faire la Une ? - L'expression "guerre de l'information", qui navigue entre surexposition, propagande (désinformation) et black-out, ne me semble pas inappropriée pour décrire ce voile de brume qui masque le réel terrifiant des affrontements sur le "terrain". Ce mot même de "terrain", prisé des journalistes, masque ce qu'il est censé "recouvrir". D'ailleurs ne parle-t-on pas de "couvrir" un événement que l'on est censé "découvrir" ?


MISRATA. - Voici l'une des premières informations factuelles de la journée. Le Monde la relaye [ici] : Les forces pro-Kadhafi ont attaqué mardi 26 avril le port de Misrata, tandis que la rébellion a assuré que le dirigeant libyen s'engageait dans "une bataille perdue". - Vers 13 h 30 (heure de Tripoli), plusieurs roquettes Grad ont touché le port à 12 km à l'est de Misrata, seul lien avec le monde extérieur pour cette grande ville côtière à 200 km à l'est de la capitale, à laquelle les forces pro-Kadhafi ont coupé tous les accès routiers. - Un bateau de l'organisation internationale pour les migrations (OIM), venu poursuivre l'évacuation des milliers d'Africains bloqués dans la ville, a dû s'éloigner à 2 km au large par mesure de sécurité. Selon des rebelles, il a quitté le port à la demande de l'OTAN. Lundi, Washington avait estimé que 2.000 migrants africains attendaient encore sur le port. - "Plusieurs réfugiés ont été blessés par le bombardement. Il y a peut-être des morts, nous n'avons pas de précisions pour le moment", a déclaré le Dr Khalid Abou Falra, médecin dans le principal hôpital de la ville. - Des avions de l'OTAN survolaient la ville, où des explosions espacées étaient également audibles, après une accalmie de vingt-quatre heures. Selon des témoins, ils ont effectué au moins une frappe.



SYRIE. - Al Jazeera rapporte [ici] que Deraa vit sa deuxième journée de terreur orchestrée par le régime avec des chars et des snipers qui ont fait leur entrée en ville lundi matin. Aux 3.000 (voire 5.000) éléments de l'armée et de la police se sont ajoutés des renforts aujourd'hui, selon les déclarations à l'AFP d'Abdullah Abazid, un militant démocrate : les troupes visent des civils, la mosquée Abu Bakr Assidiq, des écoles et des entrepôts. L'homme dit également que des magasins sont pillés et que la résidence du Moufti Rizk Abdulrahman Abazid, qui a démissionné de ses fonctions pour protester contre le coup de force, est assiégée. L'Internet et la téléphonie, mais aussi l'eau et l'électricité sont toujours coupés. Un grand nombre d'opposants et de "cyber-activistes" sont arrêtés.



mercredi 27 avril 2011 ~


L'APPEL DE BENGHAZI. - La déclaration suivante datant du 12 avril et publiée aujourd'hui sur le site de Bernard-Henri Lévy [ici] aurait été signée par les représentants de 61 tribus libyennes. Le décalage de quinze jours s'explique sans doute par le fait qu'elle a d'abord dû circuler dans le pays pour que tous les signataires en prennent connaissance, comme l'écrit Al Jazeera.



Nous, chefs ou représentants des tribus de Libye, nous sommes réunis ce jour, à Benghazi, autour du Docteur Daihoum, membre du Conseil national de transition. Face aux menaces qui pèsent sur l’unité de notre pays, face aux manœuvres et à la propagande du dictateur et de sa famille, nous déclarons solennellement ceci. - Rien ne saurait nous diviser. - Nous partageons le même idéal d’une Libye libre, démocratique et unie. - Chaque Libyen a, certes, ses origines dans telle ou telle tribu. Mais il a toute liberté de créer des liens de famille, d’amitié, de voisinage ou de fraternité avec n’importe quel membre de n’importe quelle autre tribu. - Nous formons, nous, Libyens, une seule et même tribu : la tribu des Libyens libres, en lutte contre l’oppression et le mauvais esprit de la division. - C’est le dictateur qui, tentant de jouer les tribus de Libye les unes contre les autres, divisait le pays pour mieux régner. Rien n’est vrai dans ce mythe, qu’il a nourri, d’une opposition ancestrale et, aujourd’hui, d’une fracture entre tribus du Fezzan, de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine. - La Libye de demain, une fois le dictateur parti, sera une Libye unie, dont la capitale sera Tripoli et où nous serons enfin libres de former une société civile selon nos vœux. - Nous profitons de ce message, confié à un philosophe français, pour remercier la France et, à travers la France, l’Europe : ce sont elles qui ont empêché le carnage que nous avait promis Kadhafi ; c’est grâce à elles, avec elles, que nous construirons la Libye libre, et une, de demain.



MISRATA. - Alors que l'on constatait une accalmie dans la ville assiégée, où il semble que l'insurrection a fait reculer les troupes loyalistes vers l'extérieur de la ville, un nouveau bateau humanitaire a pu accoster pour délivrer sa cargaison d'aide et embarquer huit cents réfugiés bloqués à Misrata depuis le début du conflit. Un autre navire avait dû repartir précipitamment hier à cause des bombardements sans pouvoir emmener tous les passagers prévus pour l'embarquement. - La trêve n'aura été que de courte durée puisque de nouveaux missiles Grad ont frappé une zone à 10 km au Nord de la ville (sources : Reuters, New York Times).



PALESTINE. - On a appris que les deux factions rivales, le Hamas (islamiste) et le Fatah (laïque), sont parvenus à un accord par l'intermédiaire de l'Égypte, qui prévoit un gouvernement de transition pour organiser des élections présidentielles et législatives dans huit mois, comme l'écrit l'Express [ici]. Israël a immédiatement réagi en condamnant cette "réconciliation" avec le Hamas, considéré comme une organisation terroriste, qui compromettrait le processus de paix.



YÉMEN. - Neuf personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées dans une manifestation anti-gouvernementale réunissant 100.000 personnes à Sanaa. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles et des snipers étaient postés sur les toits. Cette répression sanglante intervient alors que l'opposition annonce un mouvement de désobéissance civile dans dix-huit villes jusqu'au départ du président Saleh. En principe, un accord avait pourtant été trouvé pour former un gouvernement de transition sous l'autorité du vice-président (in Guardian).



jeudi 28 avril 2011 ~


Flux d'actualité [Al Jazeera] [Guardian] [libyafeb17] [Libya Alhurra]



MISRATA. - Le New York Times écrit [ici] qu'un raid aérien de l'OTAN a tué 12 insurgés et blessé cinq autres dans la journée d'hier. Les combattants avaient investi une usine à sel mardi et communiqué leur position à l'Alliance. Le lendemain, au moins deux missiles ont frappé l'immeuble alors que la première position loyaliste se trouvait à un ou deux kilomètres de là. Les insurgés ont d'abord caché cet incident meurtrier par crainte de voir les raids de l'OTAN diminuer.



ENFANTS SOLDATS. - Le Guardian écrit que Mouammar Kadhafi arme des jeunes gens de 17 ans pour construire un "front patriotique" contre l'intervention militaire de l'OTAN et pour parer à l'éventualité que les insurgés de l'Est atteignent des villes sous son contrôle. Le gouvernement a fait un premier pas vers la constitution d'une armée civile (officieuse) en distribuant des milliers de fusils d'assaut AK-47 et en organisant des cours sur le maniement de cette arme.



ONU. -  Le Conseil de sécurité n'a pu se mettre d'accord sur une déclaration condamnant la violence en Syrie. La Russie a fait savoir que des éléments des forces de sécurité avaient également été tués et que les actions ne menaçaient la paix internationale [!]. La Chine et l'Inde appellent au dialogue politique et à une résolution pacifique de la crise, sans pour autant condamner le coup de force du régime. (source : Guardian)



MONTAGNES DE L'OUEST. - Reuters rapporte [ici] que les forces de Kadhafi ont lancé une offensive sur le poste frontière entre Dehiba en Tuisie et Wazin en Libye, forçant les rebelles à se réfugier du côté tunisien, où des combats se sont également déroulés. Selon un photographe, les loyalistes contrôleraient á nouveau le passage qui avait permis à des milliers de civils de fuir les pilonnages incessants de leurs villes et villages. - L'agence signale également que la ville âprement disputée de Zintan avait essuyé de nouveaux tirs de missiles Grad, considérés comme extrêmement dangereux dans des zones d'habitation à cause de leur manque de précision. 80 de ces engins meurtriers de fabrication soviétique ont été comptés dans cette ville aux mains de l'insurrection.



MARRAKECH. - Le Figaro écrit [ici] : Un kamikaze s'est fait exploser dans un café situé sur la très touristique place Jemaa el Fna, faisant au moins 15 morts dont six Français, selon la télévision marocaine. L'Élysée confirme que des Français font partie des victimes. ... - Le kamikaze aurait commandé un jus d'orange dans le café avant de se faire exploser quelques minutes plus tard, selon un témoin. Mais un autre homme affirme que l'auteur de l'attentat aurait déposé une valise dans le café avant de quitter les lieux. Cette dernière version infirmerait la thèse du kamikaze mise en avant par la préfecture de Marrakech. - Seule certitude pour les autorités, l'explosion est un attentat. D'abord avancée par le porte-parole du gouvernement sur France 24, cette thèse a été confirmée par le ministère marocain de l'Intérieur. Le roi Mohammed VI a ordonné une enquête rapide et transparente. - «Il s'agit d'un acte terroriste, un acte criminel délibéré», a affirmé le ministre marocain de la Communication, Khalid Naciri. «Le Maroc est confronté aux mêmes menaces qu'en mai 2003 et il y fera face avec la diligence et volontarisme». Les attentats de Casablanca menés par des extrémistes islamistes, le 16 mai 2003, avaient fait 45 morts, dont 12 kamikazes.



BAHREÏN. - Une cour militaire a condamné à mort quatre protestataires accusés d'avoir tué deux policiers lors des récents soulèvements. Pour trois autres prévenus, la sentence a été la prison à perpétuité. (source : Guardian)



EXPULSIONS. - Sur le site d'Europe 1 [ici], on peut lire :  Ils sont plusieurs dizaines d’immigrés maghrébins, en majorité tunisiens, à avoir été arrêtés mardi en Seine-Saint-Denis, mercredi à Paris et à Marseille et jeudi à Paris. Motif : "infraction à la législation sur le séjour ». Ils ont été placés en garde à vue et beaucoup se sont vus notifier une obligation de quitter le territoire français. - Selon la préfecture de police de Paris, l'objectif est de "contrôler toutes ces personnes arrivées en masse", "d'établir un diagnostic de la situation de chacun", et de traiter "au cas par cas" leur situation. - Car théoriquement, ces immigrés sont en situation légale. Ils sont arrivés en Europe via l’Italie, qui leur a délivré une autorisation de séjour de six mois, leur permettant de circuler librement dans l’espace Schengen. Or la France ajoute comme condition le fait qu'ils aient des ressources suffisantes et un billet retour. - Lamentable et tout simplement inhumaine, cette attitude d'un gouvernement français qui proposait voici quelques mois seulement son assistance sécuritaire au régime de Ben Ali !

[Fin de la surveillance médiatique]

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