dimanche 15 mai 2011

DSK arrêté pour agression sexuelle

Le Wall Street Journal [here] nous apprend que "M. Strauss-Kahn a été arrêté samedi à New York pour une agression sexuelle présumée sur une femme de chambre dans un hôtel de Manhattan, selon les autorités. D'après un officiel de la Justice, M. Strauss-Kahn aurait forcé une femme de ménage dans son lit et l'aurait agressée sexuellement vers 13 heures samedi [heure locale] dans sa chambre de l'hôtel Sofitel près de Times Square."

Associated Press [here] donne d'autres détails (je traduis) : "Dominique Strauss-Kahn a été extrait d'un vol Air France à l'aéroport international John F. Kennedy par des officiers des autorités [aéro]portuaires de New York et New Jersey et il a été remis à la police pour une audition samedi après-midi, a déclaré Paul J. Browne,  porte-parole du New York Police Department [NYPD]. - Strauss-Kahn a été placé en détention dimanche à 2h15 du matin [heure locale], inculpé d'un acte sexuel criminel [sic], de tentative de viol et de séquestration illégale [sic], en attendant son audition préliminaire [par un juge], a ajouté la police. - Son avocat, Benjamin Brafman, n'a pas pour l'instant répondu au téléphone ou aux e-mails envoyés par Associated Press pour solliciter ses commentaires. - La femme de 32 ans a déclaré aux autorités qu'elle est entrée vers 13 heures, heure locale, dans la suite de Strauss-Kahn... et qu'il l'a assaillie, a dit Browne. Elle affirme qu'on lui a demandé de faire le ménage dans la vaste suite à 3000 dollars la nuit, dont on a affirmé qu'elle serait vide. - Selon la déposition de la femme à la police, Strauss-Kahn, nu, a émergé de la salle de bains, l'a poursuivie dans le couloir et l'a entraînée dans une chambre à coucher, où il a commencé à l'assaillir sexuellement. Elle a ajouté qu'elle a réussi à se défaire, puis il l'a entraînée dans la salle de bains, où il l'a forcée à pratiquer un rapport oral, tout en essayant de lui ôter ses sous-vêtements. La femme a réussi à se libérer une fois de plus, s'est enfuie de la suite et a dit au personnel de l'hôtel ce qui s'était passé, selon les autorités. On a alors appelé la police. Quant les détectives de la police de New York City sont arrivés sur place quelque temps après, Strauss-Kahn avait déjà quitté l'hôtel, en oubliant son téléphone, a dit Browne : 'Il semble qu'il est parti dans la précipitation', a-t-il ajouté. - Le NYPD a découvert qu'il se trouvait à l'aéroport et a contacté les autorités [aéro] portuaires, qui ont extrait [Strauss-]Kahn de la première classe du vol Air France dont le départ était prévu à 16h40 [heure locale] et qui se préparait à quitter la porte d'embarquement. - La femme de chambre a été emmenée à l'hôpital où elle a été traitée pour des blessures mineures. John Sheehan, un porte-parole de l'hôtel, a déclaré que son personnel collaborait à l'enquête."

Si cette accusation s'avérait fondée, ce n'est pas seulement la crédibilité de DSK comme directeur du FMI, mais également sa participation aux primaires socialistes qui seraient fortement compromises. Une liaison du politicien avec une collaboratrice du Fonds Monétaire International avait déjà entaché sa réputation et donné lieu à une enquête pour "abus de pouvoir" en octobre 2008. - Très récemment, les accusations plutôt anecdotiques de porter des costumes à 30.000 dollars et de profiter de la Porsche d'un ami ont fait réagir l'intéressé, qui a porté plainte contre France-Soir, le journal ayant diffusé ces informations.

Interrogé par Europe 1 ce dimanche,  l'ancien conseiller de François Mitterrand, Jacques Attali, s'est risqué au pronostic suivant : "La situation politique internationale va changer. Le Fonds monétaire international va devoir au moins avoir un directeur général intérimaire et je ne pense pas, sauf manipulation dans cette affaire, que DSK soit candidat à la présidentielle" [ici].

Manipulation ? - Vous avez dit manipulation ?

***
Ce qui se présente comme une (nouvelle) "Affaire DSK" n'a pas manqué de faire les choux gras de la presse nationale et internationale en ce dimanche, habituellement consacré au repos et aux déjeuners en famille. On imagine, comme l'affirme la femme de chambre qui déclare avoir été agressée sexuellement par l'homme politique, Dominique Strauss-Kahn surgissant tout nu de la salle de bains pour se jeter sur cette pauvre fille venue faire le ménage dans cette suite à 3000 dollars la nuit, comme s'empresse de le préciser AP : tout en haut de la pyramide de notre belle civilisation occidentale, cet homme serait donc aux prises avec une pulsion sexuelle animale, bestiale, incapable de contrôler ses instincts à la manière d'un satyre en rut.

Les commentaires n'ont cessé de pleuvoir depuis l'annonce en début de matinée de l'arrestation du présumé violeur par la police new-yorkaise. - Par la bouche de son avocat joint par l'AFP [ici], on apprend en début d'après-midi que l 'intéressé nie les faits et plaidera "non-coupable" lors de sa présentation à un juge dans la journée. Le site de France 2 propose un choix de réactions qualifiées de "prudentes" [ici] : - Martine Aubry s'est dite "stupéfaite" par ce "coup de tonnerre", et la première secrétaire du PS en appelle à la "présomption d'innocence". - Pour le député UMP Bernard Debré, DSK est un "homme peu recommandable" : "C'est humilier la France que d'avoir un homme qui soit comme lui, qui se vautre dans le sexe, et ça se sait depuis fort longtemps" - Marine Le Pen : "Les faits qui sont reprochés à Dominique Strauss-Kahn, s'ils sont avérés, sont d'une très grande gravité. Il est définitivement discrédité comme candidat à la plus haute fonction de l'État". François Bayrou : "Tout cela est confondant, navrant et infiniment troublant". - Pierre Moscovici, proche de DSK : "Je pense qu'il faut faire preuve de retenue ... Attendons la version des faits de DSK. Je le connais depuis 30 ans, cela ne ressemble pas à ce que je connais de lui".

Il y a fort à parier que ce feuilleton médiatique risque de s'étaler pendant un temps indéfini sur les Unes de nos quotidiens. Les théories fuseront : Voulait-on "abattre" DSK ? Qui a intérêt à faire une chose pareille ("suivez mon regard") ? Il est certain que, pour l'heure, la procédure judiciaire qui s'annonce n'est basée que sur les dires de la femme de chambre du Sofitel new-yorkais : c'est donc la parole de l'une contre celle de l'autre. Le combat s'annonce inégal, étant donné l'avantage en termes d'assistance juridique que possède à priori un directeur du FMI sur une petite femme de ménage. Mais d'aucuns se proposeront sans doute de pallier à ce déséquilibre ...

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