samedi 26 mars 2011

Cantonales ? Vous avez dit cantonales ?

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~ note commencée le mercredi 16 mars 2011 ~
(dernière actualisation, le samedi 26 mars)

Alors que le premier tour des élections cantonales a lieu dimanche prochain, l'intérêt des médiatiques est ailleurs : après le soulèvement du monde arabe et les postures diplomatiques qu'il a pu générer, la catastrophe au Japon accapare l'attention. - En ce qui concerne la politique française, on préfère ergoter sur la candidature "de plus en plus probable" de M. Strauss-Kahn et sur les sondages qui "consacrent" Mme Le Pen. C'est dire que l'on continue de préférer le virtuel au réel! - Et puis : "Le contexte national est toujours présent dans une élection mais j'ai toujours considéré les cantonales comme très locales" (François Fillon dans une interview au Maine Libre, ce mercredi).

Or, notre vie n'est-elle pas avant tout "locale" ? Et, dans un pays centralisé comme la France, ne serait-il pas opportun de réclamer davantage de démocratie à ce niveau-là, étant données les grandes différences qui existent entre les régions et les besoins, les attentes de ses populations ? Dans la phrase du Premier ministre, ce qualificatif de "local" sonne comme une dévalorisation. Le contexte dans lequel il la prononce est résumé par le Nouvel Observateur : De fait, la campagne des cantonales des 20 et 27 mars est marquée par un phénomène en expansion: de plus en plus de candidats, surtout de droite, masquent leur appartenance politique au profit d'un étiquetage local. - Mais cette attitude des "candidats masqués" est (implicitement) critiquée par le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, lors du seul "grand" meeting cantonal, à Marseille : "Une chose est de porter haut l'étendard quand tout va bien, une autre est de le porter avec la même vigueur quand les temps sont plus difficiles" (in Nouvel Observateur).

L'Express cite le ministre du Travail, Xavier Bertrand, qui a appelé les candidats UMP aux cantonales à être "fiers de leurs couleurs". S'il y a "davantage" de candidats préférant l'étiquette divers droite, "la majorité de nos candidats sont enregistrés comme étant du mouvement populaire", a-t-il précisé. "Les choix sont clairs dans des [les] départements, il y a une vraie différence entre les socialistes et nous : les socialistes aiment l'impôt - ils les ont augmentés massivement -, pas nous. C'est une différence de fond qui correspond d'ailleurs aux valeurs qui sont les nôtres", a fait valoir l'ancien secrétaire général de l'UMP, invité de l'émission "Questions d'Info" (LCP/France Info/AFP).

 ~ vendredi 18 mars 2011 ~

Avec les événements qui se précipitent en Libye et la menace nucléaire qui n'est toujours pas écartée au Japon, il est bien difficile de trouver quoi que ce soit sur les élections cantonales qui ont pourtant lieu après-demain. Voici ce qu'écrit Le Figaro aujourd'hui :

C'est l'un des scrutins les plus locaux de l'arsenal électoral français. Mais c'est aussi la dernière élection au suffrage universel avant les rendez-vous nationaux de 2012. Les cantonales, dont le premier tour se déroule dimanche dans la moitié des cantons de métropole et d'outre-mer, renseigneront bien sûr sur la perception qu'ont les Français de la gestion de leurs départements. Mais, à 400 jours du premier tour de la présidentielle, ce scrutin servira également de dernière photo, prise dans les urnes, de l'état des forces politiques en France.

Ces cantonales permettront ainsi de mesurer si les sondages qui donnent Nicolas Sarkozy au plus bas depuis plusieurs mois se concrétisent dans un vote-sanction à l'encontre des candidats de l'UMP. Si la défiance des Français envers l'action de l'exécutif se traduit par une même défiance envers les élus locaux de la majorité. Si la forte poussée de Marine Le Pen dans les études d'intentions de vote pour la présidentielle se répercute dans les territoires. Si Europe Écologie confirme sa progression des régionales de 2010 et profite de la polémique sur le nucléaire. Si, enfin, le Front de gauche parvient à fédérer la gauche du Parti socialiste.

 ~ dimanche 20 mars 2011 ~

Vers 13 heures, la participation à ces cantonales tournait autour de 15% selon France 24, qui remarque que ces "élections n'intéressent pas beaucoup les Français". - On se demande pourquoi !


A 17 heures, L'Express fait un point plus détaillé : Comme attendu, la participation est extrêmement faible. Le taux de participation au premier tour des élections cantonales s'élevait dimanche à 17 heures à 36,38%, en recul par rapport au 1er tour des cantonales de 2004 à la même heure (20,39% en métropole et outre-mer), selon le ministère de l'Intérieur.  - Au fur et à mesure de la journée, l'écart s'est creusé entre les chiffres de 2004 et 2011. A 12h00, le taux de participation s'élevait à 15,70% contre environ 20% il y a sept ans dans la même série de cantons. A l'époque, les cantonales étaient couplées avec des régionales.  - Dans certains départements la participation à 17h00 affichait un recul de quelque 20 points, voire plus par rapport à 2004. Exemple: dans les Deux-Sèvres, 38,54% des électeurs s'étaient rendus aux urnes contre 62,60% à 17H00 en 2004.  - En Seine-Saint-Denis, un des départements les plus peuplés du pays, 26,98% des inscrits avaient voté à 17H00, contre 40,84% en 2004.  

Un peu après 20 heures, ce communiqué laconique sur la page citée de L'Express : BFM annonce un score national de l'UMP inférieur à 20%. Le PS serait aux alentours de 30%. - Pendant ce temps le journal de France 2 fait le tour de ses correspondants internationaux pour recueillir les réactions sur la situation libyenne dans les différentes capitales du monde. On imagine les personnalités politiques françaises faire les cent pas dans les couloirs en attendant que leurs avis sur les cantonales soient réclamés à l'antenne. - Puis c'est le Japon où l'on "parle désormais de 20.000 morts". - Un café, une cigarette...

[20:10] L'hebdomadaire cité rapporte la position de l'UMP : Jean-François Copé demande aux candidats UMP de se maintenir, même arrivés en troisième position. Le secrétaire général a rappelé qu'il n'y aurait pas d'alliance de l'UMP avec le FN "car nous n'avons pas les mêmes valeurs".  - Mais il n'y aura pas non plus de Front républicain, car "il nourrit un sentiment de connivence entre adversaires politiques". Copé a conclu: "Nous laissons nos électeurs libres de leur choix, sachant que nous ne voterons pas Front national et qu'il n'y aura pas de Front républicain".  

[20:20] Selon les estimations du ministère de l'Intérieur, le PS obtiendrait 25% des voix, l'UMP 16% et le FN 14%. - Et,  pour l'anecdote,  L'Express relève deux lapsus de Martine Aubry : Après avoir [parlé du] projet "vague", et non vaste du PS, la première secrétaire du PS évoque sur TF1 les élections régionales... de "la semaine dernière", alors qu'elles ont eu lieu en 2010. 

[20:40] Déclarations et débats sur la chaîne publique. Il y aura des duels FN - PS, FN - UMP, et "très peu de triangulaires" au second tour dimanche prochain, 27 mars 2011. Et on passe déjà aux sports, alors que sur TF1, c'est l'heure de la pub ! - Selon le ministère de l'Intérieur, 95 PS et 55 UMP [sur 2026 sièges à renouveler] ont été élus au 1er tour.  

[21:00] L'Express annonce la réaction du FN :  pour Marine Le Pen, l'UMP est "la principale victime du changement de mode de scrutin" et enregistre "une très lourde défaite". Le FN obtient, selon sa présidente, "des résultats historiques". "Le FN fera probablement 18% des voix dans les quelque 1500 cantons où il est présent. C'est à comparer aux 8% de 2008 et aux 12% là où il était présent en 2004", anticipe-t-elle

Et voici la position du PS défendue par François Hollande :



 ~ lundi 21 mars 2011 ~

Il est très difficile, ce matin, d'avoir un rapport concis sur les résultats de ces élections "boudées" par les Français et une analyse pertinente de cette abstention massive (55%), la plus forte de la Ve République, si l'on excepte les référendums.

A gauche, le bilan est plus facile à faire. Voici celui du Monde :  selon les totaux partiels du ministère de l'Intérieur, le PS recueille 25,11 % des voix, les radicaux de gauche 1,49 %. De son côté, Europe Écologie-Les Verts (EELV), avec 8,30 %, confirme la bonne dynamique démarrée lors des régionales et s'impose comme un partenaire obligé du PS.  Enfin, le Front de gauche obtient aux environs de 9% et reste dans l'étiage de son score des régionales. Il faut ajouter les "divers gauche", nombre d'entre eux étant soutenus par le PS, qui obtiennent 4,84%. - En additionnant ces chiffres, on obtient 48,79%

A droite, le bilan est plus compliqué, étant donné la présence des "candidats masqués" signalés plus haut. Le Monde écrit :  Les candidats identifiés comme membres du parti recueillent 16 %, ceux qui avaient choisi l'étiquette "majorité présidentielle" obtiennent 5,91 % des voix. Enfin, les "divers droite", dont certains sont en fait UMP, parviennent à 10,98 %. - Ce qui donne 32,89% auxquels il faut ajouter les 15,26% du FN, même s'il n'y a aura probablement jamais d'accord électoral avec l'UMP. Car, s'il faut choisir, les électeurs du FN préfèreront toujours le candidat de la droite à celui de la gauche parlementaire.

Et voici les résultats présentés ce matin par Le Figaro : Sur près de 99% des bulletins dépouillés, le PS est en tête avec 25,04% des voix. Sanctionnée, l'UMP arrive en deuxième position, loin derrière, avec 17,07% des suffrages, juste devant le Front national, qui obtient 15,18% des voix au niveau national. [...] Le Front de gauche obtient plus de 9%. Un résultat proche de celui d'Europe Ecologie Les Verts (8,30%). Suivent les divers gauche (4,84%), les radicaux de gauche (1,49%). Enfin, le MoDem (1,24%) ne décolle pas après l'échec des régionales, bien qu'il ne soit présent que dans peu de cantons. Les candidats étiquetés majorité présidentielle reçoivent 5,45% des suffrages, les candidats divers droite 9,34%.

Exercice : Remettez dans l'ordre, additionnez et faites le point sur la situation politique en France (vous avez 400 jours). 
 ~ mardi 22 mars 2011 ~

Un article du Monde analyse aujourd'hui les résultats du premier tour. Voici les chiffres :

- L'abstention atteint le "record" de 55,68 % (contre 36,09 % en 2004 et 35,12 % en 2008), i. e. 9.364.451  électeurs français (sur 21.296.034 inscrits) sont allés voter (9.160.686 exprimés).

- Le PS recueille 24,94 % des suffrages, ou  2.284.000 de voix (contre 26,25 % en 2004 et 3.226.000 de voix, étant donnée l'abstention bien plus faible). - Europe Écologie-Les Verts (EELV) est crédité de 8,22 %, soit 753.097 voix (contre 4,18 % et 558.612 voix en 2008, un score similaire à celui de 2004). - Le Front de Gauche a obtenu 8,92 % des suffrages au total, soit 917.303 voix. - Le journal additionne ensuite les scores des Verts, du PS, du PRG, des divers gauche et du PCF ou Front de gauche pour obtenir 48,97 % (contre un peu plus de 45% en 2004 et 2008).

- Dans le camp de la "droite républicaine",  l'UMP a obtenu 16,97 %, soit 1.554.726 voix (contre 20,95 % ou 2,5 millions de voix en 2004 et 23,57 % ou 3,14 millions de voix en 2008).  A quoi il  faut ajouter les voix pour la "Majorité présidentielle", soit 500.031 ou  5,46 %, et celles pour les "Divers droite", soit 853.906 ou 9,32 %. L'addition du journal donne 2.908.000 de voix et un score de 31,75 % pour ce camp (contre 37 % des suffrages, soit 4,55 millions de voix en 2004 et 38,68 %, soit 5,15 millions de voix en 2008). Mentionnons encore le score très faible du MoDem : 111.888 de voix (1,22 %).

- Reste le grand vainqueur de ce premier tour et de la vague d'abstentions : le Front national, avec 1.379.933 de suffrages, soit 15,06 % (contre 12,13 % des suffrages exprimés ou 1,49 million de voix en 2004 et seulement 4,83 % ou 644.239 bulletins en 2008, où le FN avait investi "nettement moins de candidats").

 ~ jeudi 24 mars 2011 ~

Aujourd'hui, alors que l'actualité libyenne continue de nous tenir en haleine, on ne trouve pratiquement aucune information, pas la moindre petite déclaration sur le second tour, pourtant décisif, des cantonales qui a lieu dans trois jours seulement. Alors que la jeunesse arabe paye de son sang la (possible) conquête de la démocratie, nous nous désintéressons de la nôtre. Il y a un côté blasé dans cette attitude qui, à la lumière des luttes tunisiennes, égyptiennes, libyennes, syriennes, yéménites, est tout simplement lamentable. La question se pose : Qu'est-ce qui pu dégoûter à ce point les Français (et plus généralement les Européens) de la politique ?

 ~ samedi 26 mars 2011 ~

On apprend ce matin qu'un candidat du FN est suspendu pour s'être affiché en pratiquant le salut hitlérien. Le Parisien écrit : Alexandre Gabriac, 20 ans, conseiller régional FN Rhône-Alpes et candidat aux cantonales, a été suspendu par son parti vendredi. Comme l'UMP la semaine dernière, qui avait pris une décision similaire à l'égard d'une candidate qui avait tenu des propos racistes sur Facebook, le Front national a rapidement réagi à la publication sur internet d'une photo de l'élu faisant le salut hitlérien. - Il «ne représente pas le FN au second tour des cantonales», a souligné le secrétaire général du FN, Steeve Briois.

lundi 21 mars 2011

[Libye 2011] La guerre de Tripoli n'aura pas lieu


~ note commencée le 20, actualisée le 21 mars 2011 ~

Flux d'actualité : [Al Jazeera] [Le Monde] [Guardian] [Spiegel] [France 24]

Même si le mot continue d'être évité, nous sommes bien en guerre avec la Libye depuis samedi après-midi, 19 mars 2011. - Les attaques aériennes de la Coalition internationale sur les bases kadhafistes ont cessé vers 1:30 du matin. - 110 missiles ont déjà été envoyés sur une vingtaine de cibles différentes (non précisées).

Sur le plan diplomatique, la Chine s'est jointe à ceux qui, comme la Russie, "regrettent" l'intervention militaire. L'Union Africaine demande, quant à elle, la "cessation immédiate" des hostilités. Alors que la Turquie fait un volte-face spectaculaire en proposant son aide pour imposer la zone de non-vol en Libye, l'Algérie défend une position quelque peu ambiguë avec ce communiqué résumé cette nuit par Le Monde : L'Algérie a déclaré "prendre acte" de l'adoption de la résolution 1973, et "partager pleinement l'objectif de cessation immédiate des violences fratricides" en Libye. - "Partie prenante aux efforts de la Ligue des États arabes et de l'Union africaine, l'Algérie apportera sa contribution à tout effort de règlement visant à favoriser une réponse aux aspirations du peuple libyen frère dans le cadre du respect de sa souveraineté et de son unité et de la préservation de l'intégrité territoriale de son pays".- "L'Algérie, selon le document, réaffirme, à cet égard, qu'il revient au peuple libyen de décider par la voie du dialogue national de son devenir" et "se tient, dans ces moments difficiles, aux côtés du peuple libyen frère et continuera à lui témoigner sa solidarité".

Dans la nuit, Le Monde relaye également ce communiqué officiel : "La Libye demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU après l'agression franco-américano-britannique contre la Libye, un Etat indépendant et membre des Nations unies", a indiqué le ministère des Affaires étrangères de la Libye dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche. - Les frappes militaires occidentales ont "visé plusieurs régions de l'ouest du pays, faisant des victimes parmi les civils et des dégâts dans des installations civiles, dont des routes, aéroports et hôpitaux", selon le ministère. - Le régime considère désormais comme "nulle la résolution 1973 instaurant une zone d'exclusion aérienne" et qu'il a par conséquent "le droit d'utiliser son aviation civile et militaire pour se défendre après que la France ait violé la zone d'exclusion aérienne", toujours selon ce texte.

Ce matin le Spiegel titre : Opération Aube de l'Odyssée - Guerre sans stratégie

[09:30] L'agence de presse italienne Ansa vient d'indiquer que l'équipage d'un navire italien était retenu à Tripoli par des hommes armés. Il s'agit d'un remorqueur de haute-mer italien, son équipage est composé de huit Italiens, deux Indiens et un Ukrainien, selon Ansa. (via Le Monde)

[09:45] Selon des journalistes de l'AFP présents sur place, les bombardements menés par la coalition internationale contre les objectifs militaires du colonel Mouammar Kadhafi ont cessé ce matin dans Tripoli et Benghazi. (in Le Monde)

[10:00] Un journaliste de Reuters annonce que des véhicules de rebelles équipés de mitrailleuses retournent actuellement vers Ajdabiya, à 160 kilomètres au sud de Benghazi. - Plusieurs dizaines de véhicules militaires calcinés jonchaient ce matin la route stratégique reliant Benghazi et Ajdabiya, dans l'est de la Libye, à la suite de frappes occidentales, a constaté un journaliste de Reuters sur place. - Au moins cinq cadavres se trouvaient à proximité. - Certains de ces véhicules étaient tellement endommagés qu'il était difficile d'en déterminer le type. Certaines carcasses avaient l'apparence de camions équipés de lance-roquettes multiples. - "Un char a été si violemment touché que la tourelle s'est détachée", a déclaré Mohamed Abbas, de Reuters. "Un porte-char, un char et un véhicule de transport de troupes sont encore fumants." - "C'est la France tout ça (...) Aujourd'hui, nous sommes venus et nous avons constaté que la route était libre", a dit un combattant rebelle, Tahir Sassi. - D'autres rebelles ont dit que ces carcasses de véhicules étaient aussi le fruit de combats au sol entre les forces de Mouammar Kadhafi et les insurgés. (via Le Monde)

samedi 19 mars 2011

[Libye 2011] ✈ Une zone d'exclusion aérienne dans le ciel de Libye ✈


~ note commencée le 18, actualisée le 19 mars 2011 ~  
(derniers développements à la fin de l'article)

Flux d'actualité : [Al Jazeera] [France 24] [Le Monde] [Guardian] [Spiegel]

[00:00] Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté voici 25 minutes à New York. Avec 10 voix pour et 5 abstentions (Chine, Russie, Allemagne, Inde, Brésil),  la résolution n°1973 imposant une zone d'exclusion aérienne sur le territoire libyen et d'autres mesures nécessaires pour protéger la population civile, à l'exception d'une intervention terrestre,  vient donc d'être adoptée. [PDF anglais] [version française]

Selon un certain nombre de déclarations, la zone de non-vol pourrait être en place dans quelques heures. On devine que les militaires sont en état d'alerte maximale. Il s'agit maintenant de s'accorder, de mettre au point les derniers ajustements qui ne seront certainement pas criés sur les toits.

On peut craindre que le colonel K. prenne en otage les journalistes "invités" à Tripoli. Mais aussi qu'il prenne des mesures de rétorsion extrêmes, dont lui seul a le secret. Il a menacé de transformer la Libye en nouveau Vietnam. La situation afghane n'est pas non plus pour rassurer sur l'issue de cette confrontation, qui peut sembler "jouée d'avance". Or, aucune guerre ne l'est. Et il s'agit bien d'une déclaration de guerre (certes implicite) que les Nations Unies viennent de lancer au colonel K.

Une autre possibilité, déjà évoquée il y a quelque temps, est l'élimination pure et simple du colonel K. par son entourage. A l'image de l'empereur Néron, démis par le Sénat romain et poussé au suicide. Ce fut alors une opération de "salut public". Aujourd'hui, il suffirait de mettre le colonel aux arrêts et d'attendre la suite. Un possible massacre serait évité, et l'honneur des militaires libyens sauf.

[00:45] Une conférence de presse tenue par le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khalid Kaim, vient de s'achever : Après avoir pris connaissance de la résolution de l'ONU, le régime semble disposé à collaborer avec les instances internationales pour "venir en aide" à la population civile et se dit prêt à réagir "positivement" à la décision prise par le Conseil de Sécurité. Ce n'est pas  vraiment le même son de cloche que tout à l'heure (voir, au bas de la page, l'intervention du colonel K.). - L'AFP résume d'autres propos du vice-ministre : la Libye est prête pour un cessez-le-feu contre l'insurrection, mais demande de discuter auparavant des détails de sa mise en œuvre. Il  [le vice-ministre] juge que la résolution de l'ONU menace l'unité du pays et constitue un "appel aux Libyens à s'entretuer".

[01:10] En bras de chemise, la foule exaltée dans le dos, Tony Birtley d'Al Jazeera est à bout de souffle dans la liesse  nocturne de Benghazi. Probablement est-il lui aussi content d'avoir échappé au coup de force annoncé, et désormais impossible. Personne ne le blâmera. Mais on peut s'inquiéter pour Anita McNaught, à présent à l'antenne sur la chaîne qatarie, en direct de Tripoli, où une escalade est toujours possible. - Au même moment, le Wall Street Journal, cité par libyafeb17, annonce que l'Égypte, qui a pourtant déclaré qu'elle ne participerait pas à une opération militaire, est en train de fournir en armes légères (fusils d'assaut, munitions) les combattants de l'insurrection.

 "Visage du front libyen" (al jazeera)

✈ [Verbatim] L'intervention de Nicolas Sarkozy

Voici le texte de l'allocution du président français après la réunion au sommet de forces de la coalition sur la situation en Libye, ce 19 mars 2011 (via L'Elysée) :


Déclaration de M. le Président lors du Sommet de Paris de soutien pour le peuple libyen 

Palais de l'Élysée -- Samedi 19 mars 2011

Mesdames et Messieurs, 

Aujourd'hui se sont réunis à Paris, sous la présidence conjointe de la France et du Secrétaire Général des Nations Unies, les dirigeants de la Ligue des États Arabes et de l'Union Européenne ainsi que les représentants des États Unis et du Canada. Ensemble, nous avons décidé d'assurer l'application de la résolution du Conseil de Sécurité exigeant un cessez le feu immédiat et l'arrêt des violences contre les populations civiles en Libye. 

Les participants sont convenus de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires, en particulier militaires, pour faire respecter les décisions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. 

C'est pourquoi, en accord avec nos partenaires, nos forces aériennes s'opposeront à toute agression des avions du Colonel Khadafi contre la population de Benghazi. D'ores et déjà, nos avions empêchent les attaques aériennes sur la ville. D'ores et déjà d'autres avions français sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés. 

Dès hier, la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et les pays arabes ont adressé au colonel Kadhafi et aux forces qu'il emploie, l'avertissement suivant : en l'absence d'un cessez le feu immédiat et d'un retrait des forces qui ont attaqué les populations civiles au cours des dernières semaines, nos pays auront recours à des moyens militaires. Cet avertissement a été repris par tous les participants au Sommet qui vient de s'achever. 

Le Colonel Kadhafi a méprisé cet avertissement. Au cours des dernières heures, ses forces ont intensifié leurs offensives meurtrières. 

Des peuples arabes ont choisi de se libérer de la servitude dans laquelle ils se sentaient depuis trop longtemps enfermés. Ces révolutions ont fait naître une immense espérance dans le cœur de tous ceux qui partagent les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme. Mais elles ne sont pas sans risque. L'avenir de ces peuples arabes leur appartient. Au milieu des difficultés et des épreuves de toutes sortes qu'ils ont à affronter, ces peuples arabes ont besoin de notre aide et de notre soutien. C'est notre devoir. 

En Libye, une population civile pacifique qui ne réclame rien d'autre que le droit de choisir elle-même son destin, se trouve en danger de mort. Nous avons le devoir de répondre à son appel angoissé. L'avenir de la Libye appartient aux Libyens. Nous ne voulons pas décider à leur place. Le combat qu'ils mènent pour leur liberté est le leur. Si nous intervenons aux côtés des pays arabes ce n'est pas au nom d'une finalité que nous chercherions à imposer au peuple libyen mais au nom de la conscience universelle qui ne peut tolérer de tels crimes. 

Aujourd'hui, nous intervenons en Libye, sur mandat du Conseil de sécurité de l'ONU, avec nos partenaires, et notamment nos partenaires arabes. Nous le faisons pour protéger la population civile de la folie meurtrière d'un régime qui, en assassinant son propre peuple, a perdu toute légitimité. 

Nous intervenons pour permettre au peuple libyen de choisir lui-même son destin.


Il ne saurait être privé de ses droits par la violence et par la terreur. 

Il est encore temps pour le Colonel Kadhafi d'éviter le pire en se conformant sans délai et sans réserve à toutes les exigences de la communauté internationale. La porte de la diplomatie se rouvrira au moment où les agressions cesseront. 

Notre détermination est totale. 

Je le dis avec solennité. Chacun se trouve désormais placé devant ses responsabilités. C'est une décision grave que nous avons été amenés à prendre. Au côté de ses partenaires arabes, européens, nord américains, la France est décidée à assumer son rôle, son rôle devant l'Histoire. 

Je vous remercie.

jeudi 17 mars 2011

[Libye 2011] Kadhafi avance sur Benghazi


~ note commencée le 14, actualisée les 15, 16 et 17 mars 2011 ~

 (image : al jazeera)

~  lundi 14 mars 2011 ~
Fils d'actualité : [Al Jazeera] [Le Monde]

Ce matin, les flux d'information et les live blogs restent focalisés sur le Japon aux prises avec une possible catastrophe nucléaire après le tremblement de terre et le tsunami de vendredi, qui risquent à présent d'entraîner une récession économique.

Si les insurgés déclarent avoir repris ce matin la ville de Brega, dont ils avaient été chassés dimanche par les troupes kadhafistes, celles-ci auraient bombardé Ajdabiya, située plus à l'Est, qui est un point stratégique pour la conquête de Benghazi. En effet, la route côtière mène ensuite à cette deuxième ville du pays, tenue par les insurgés, et une autoroute conduit également à Tobruk, dont la prise permettrait aux forces loyalistes d'encercler le fief de l'insurrection. Voici la carte routière de l'Est libyen [original] :


Il était également question, ces derniers jours, de forces kadhafistes "dormantes", prêtes à s'activer dans les villes encore contrôlées par les insurgés. - Tout semble maintenant indiquer que les forces loyalistes s'acheminent vers une victoire, tout au moins provisoire, si tant est que les puissances internationales continuent d'hésiter pour mettre en place une zone d'exclusion aérienne. Mais même sans son aviation, le colonel K. dispose de forces terrestres supérieures, et il lui reste également l'option (déjà utilisée) d'un pilonnage des villes insurgées depuis ses navires de guerre. Un débarquement de troupes par cette voie est également envisageable.

Le combat autour de Benghazi risque de faire un grand nombre de victimes, puisque 700.000 personnes vivent dans cette ville. Si les populations civiles étaient exposées massivement aux opérations militaires, une intervention internationale pourrait cependant venir à leur secours et empêcher par la même occasion la défaite complète de l'insurrection ...

À midi, Al Jazeera annonce que Khalifa Belqasim Haftar, ancien commandant de l'armée libyenne, notamment dans la guerre contre le Tchad, serait rentré au pays pour soutenir l'insurrection. - De son côté la TV publique de Libye envoie un message aux déserteurs : ils seront "pardonnés" s'ils se rendent. - Et Le Monde relaye l'information de Reuters : Les forces de Kadhafi attaquent en ce moment même la ville de Zouahara, dans l'ouest du pays ...

[14:45] Le quotidien revient sur la situation à Zouahara. Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont attaqué lundi cette ville contrôlée par la rébellion et située à 120 km à l'ouest de Tripoli. - "Il y a des poches de résistance à Zouara. Les forces armées vont purger la ville", a indiqué à l'AFP une source proche des autorités libyennes sous couvert de l'anonymat. - Cette source a minimisé les combats. "Il y a quelques éléments saboteurs qui résistent. Mais rien de grave", a-t-elle ajouté, sans élaborer. - Une source de l'opposition a indiqué de son côté qu'"un bataillon de Sabratha (70 km à l'ouest de Tripoli) composé notamment d'une dizaine de chars et des 4x4 équipées de mitraillettes est en train d'attaquer la ville du côté de l'ouest".

Dans l'après-midi, les attaques aériennes sur des "positions rebelles" aux environs d'Ajdabiyha sont confirmées par Reuters.

Sur le front diplomatique, David Cameron et le Premier ministre, puis le président turcs se sont exprimés, l'un pour, les deux autres contre une intervention en Libye. Ce soir, on attend des précisions sur les réunions entre les ministres des Affaires étrangères du G-8 et les entretiens de Catherine Ashton avec des envoyés du Conseil libyen de transition ...

[19:30] Reuters relaye une information donnée par un habitant de Zouara (ou Zouahara) : les combats auraient pris fin et la ville serait maintenant sous contrôle kadhafiste.

[20:00] Les journaux télévisés et les reportages des chaînes d'information continue sont en grande partie consacrés au Japon où le risque d'une catastrophe nucléaire existe toujours. - La Libye paraît abandonnée de tous ...

On ne saura rien du G8 ce soir : conférence de presse après la réunion de demain matin. - Toutes les connections avec la Libye sont interrompues cette nuit ....

dimanche 13 mars 2011

[Libye 2011] Grandes manoeuvres diplomatiques



~ note commencée le jeudi 10, actualisée les 11, 12 et 13 mars 2011 ~
 (derniers développements à la fin de l'article)

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24]

Dès hier (9-03-2011), les grandes offensives diplomatiques ont commencé : trois avions du régime kadhafiste sont partis au Caire, à Lisbonne et à Bruxelles (cette dernière destination reste à confirmer). Dans Le Monde, on peut lire : Kadhafi serait d'accord pour des contacts avec le Conseil national de transition, selon le quotidien portugais Publico jeudi, qui cite une source diplomatique, au lendemain de la rencontre du premier ministre portugais, Luis Amado [il s'agit en  fait du ministre des Affaires étrangères] , avec l'émissaire du Guide libyen, à Lisbonne. Selon cette même source, il est un peu tôt pour prendre réellement au sérieux cette proposition. Ceci étant, Luis Amado vient également de déclarer que le régime de Kadhafi est fini (Al Jazeera) - De son côté, le Conseil national de transition, sis à Benghazi, a lui aussi envoyé des émissaires en Europe, deux d'entre eux ayant été reçus pendant une heure à l'Élysée ce matin. Résultat : Paris reconnaît le Conseil national de transition comme seul  "représentant légitime" du peuple libyen, annonce l'Élysée. La France enverra un ambassadeur à Benghazi auprès du Conseil national de transition, annonce également la présidence française. (in Le Monde)

Deux pays résolument opposés à toute intervention en Libye :  La Syrie rejetant "toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires libyennes qui constitue une violation de la souveraineté de la Libye, de son indépendance et de l'intégrité de son territoire... La Syrie suit avec une extrême inquiétude les développements tragiques en Libye" (source : ministère des Affaires étrangères, in Le Monde). Et la Russie :  Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde jeudi les puissances étrangères contre toute ingérence dans les affaires de la Libye ou d'autres pays africains, réaffirmant que toute intervention militaire serait "inacceptable". - Lavrov a également jugé prématuré de débattre de la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, ajoutant que de telles propositions n'avaient pas encore été présentées devant le Conseil de sécurité de l'ONU. - Cela laisse présager que la Russie fera valoir son droit de véto lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur une zone d'exclusion aérienne en Libye.

Pendant ce temps, les combats font toujours rage. France 24 fait le point sur la situation à Zintan :


Une attaque de grande envergure est menée sur Ras Lanouf par les forces loyalistes. Ce matin,  l'AFP a signalé "une série de raids sur les positions rebelles" à l'Est de la ville. Vers midi, l'agence rapporte que "deux obus sont tombés sur le centre de la cité pétrolière libyenne tenue par la rébellion".  Puis, à 13h, c'est une attaque à l'artillerie contre un hôpital du centre-ville, qui a dû être évacué. À 13.45, l'AFP nous apprend que les "rebelles fuient Ras Lanouf, cible d'une attaque aux roquettes". (France 24 & Le Monde)

Al Jazeera signale également des bombardements sur Brega. Et dans la ville martyre de Zaouia, la situation reste "confuse" : les insurgés ont annoncé mercredi soir avoir repris le contrôle du centre-ville, tandis que la BBC indique jeudi matin que les forces de Kadhafi contrôlent de nouveau le quartier. (in Le Monde) 

mercredi 9 mars 2011

[Libye 2011] Le massacre du printemps

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~ page commencée le dimanche 6, actualisée les 7, 8 et 9 mars 2011 ~

 (image : al jazeera)

~ dimanche 6 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

Quelques titres à la mi-journée : La crainte d'une longue guerre civile augmente (Reuters) - Les troupes de Kadhafi contre-attaquent (Spiegel) - Coups de feu à Tripoli et rumeurs de positions rebelles reprises par les forces de Kadhafi (Guardian) - La France "salue la création du Conseil national libyen" (L'Express)

Les nouvelles en provenance de Libye font clairement apparaître ce que la presse nomme une "contre-offensive" du régime : après le siège et l'attaque de Zaouia, des combats violents se déroulent à Misrata et un raid aérien a été mené sur Ras Lanouf. De nouveaux affrontements ont lieu dans la petite localité de Ben Jaouad sur la route de Syrte et des avions de combat font feu sur les insurgés qui se dirigent vers l'Ouest. 

Pendant ce temps, le colonel K. poursuit sa campagne de propagande "en exclusivité mondiale" dans le JDD (accroche du journal) où il continue de rabâcher ses poncifs : Al Qaida, drogues hallucinogènes, pas de fortune ni de pouvoir personnels, aucune exaction contre la population civile etc.

Une question légitime : Quelle sera l'issue de la Révolution libyenne du 17 Février ? - Les réponses possibles varient de jour en  jour. Hier, la percée des insurgés était porteuse d'espoir. Aujourd'hui, la contre-offensive du régime est foudroyante. - Les Occidentaux interviendront-ils ? Le blocus maritime commence déjà à se mettre en place. Le bouclage de l'espace aérien serait l'affaire de quelques jours. - Mais ce serait une opération commandée par l'Otan, non par l'ONU, en raison du probable véto de la Russie. - Aujourd'hui plus qu'hier, une chose paraît acquise : sauf surprise, le colonel K. n'abandonnera pas le pouvoir sans la défaite complète de ses forces. Comme l'opposition non plus ne lâchera rien, cela signifie : une bataille "terrestre" acharnée avec d'énormes "pertes civiles". Mais aussi matérielles : la reconstruction du pays pourrait prendre des années. Et cette lutte fratricide sèmerait l'inimité, l'injustice, la vengeance parmi la population. La question n'est donc pas tant de savoir si l'insurrection finira par l'emporter, mais à quel prix ? - L'analyse du New York Times d'hier va dans le sens d'une "longue guerre" civile. C'est, hélas, une possibilité ...

Ce soir, la situation est résumée comme ceci par le live blog du Monde : La contre-offensive de Kadhafi semble être un semi-échec sur le terrain : la principale bataille, celle pour Misrata, a tourné à l'avantage des insurgés. L'autre ville d'importance que les troupes de Kadhafi ont essayée de reprendre ce week-end, Zaouïa, résiste également. Les rebelles ont en revanche été stoppés dans leur progression vers l'ouest, et ont même dû abandonner le bourg de Ben Jawad.

Le Conseil national temporaire a[urait] installé un fil Twitter @LibyanTNC - [actualisation 7-03-2011, 21:45] Selon  (Libyan Youth Movement) : "Nous avons parlé à un membre du Conseil libyen, ils ont dit qu'ils n'ont pas de compte Twitter et aucune intention d'en créer un" (We have spoken to a member of the Libyan council, they said they do not have a twitter account and no plans to create one). - À surveiller ...

Voici un reportage de France 24 tourné le 4 mars du côté de Brega, au cœur du combat : 



mardi 8 mars 2011

La démocratie virtuelle consacre Marine Le Pen

Légende du Parisien : Sondage exclusif Louis Harris Interactive réalisé en ligne du 28 février au 3 mars 2011 auprès d’un échantillon de 1618 individus inscrits sur les listes électorales, issus d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas.

Ce sondage "consacre" Mme Le Pen, créditée de 23% des intentions de vote (si les présidentielles "avaient lieu demain"), soit près d'un quart de l'électorat. - Dans cette "photographie" du paysage politique francais, elle devance à la fois Mme Aubry et M. Sarkozy, tous deux estimés à 21% (en l'absence de DSK). Avec les 8% de M. Bayrou et les 7% de M. de Villepin, ainsi que le petit pour-cent accordé à MM. Morin et Dupont-Aignan, la "nouvelle" (toute virtuelle) devrait réjouir le camp de droite, puisqu'il remporterait cette présidentielle haut la main en totalisant le score surprenant de 23+21+8+7+1+1=61% ! - Ce résultat, qui ne laisserait que 39% à la gauche, rivalise avec cet autre sondage du 18 février 2011 qui inverse la donne : 61% pour M. Strauss-Kahn contre 39% au président sortant.

Voilà donc de quel bois se chauffe la "politique virtuelle". Alors que nous assistons à l'un des plus grands bouleversements de la scène internationale depuis la chute du Mur : la Révolution arabe qui est sans doute un effet tardif de la fin de la Guerre Froide, comme je l'ai remarqué ailleurs.

Or, même avec 30% des voix, Mme Le Pen n'arriverait pas au pouvoir en France. Ni avec 40%. - Tout cela est donc - à côté de l'exercice (très insidieux) de la "démocratie virtuelle" - une affaire de "postures", dont ces sondages sont la "matière volatile", donnant lieu aux commentaires des politologues, aux déclarations des responsables politiques et aux "analyses" de ces déclarations.

samedi 5 mars 2011

[Libye 2011] Bombes et grands discours

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~ page commencée le 2, actualisée les 3, 4 et 5 mars 2011 ~

[Traduction] Muhammad min Libya : Préservons la révolution populaire libyenne

 (image : spiegel -. reuters)

~ mercredi 2 mars 2011 ~ 

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel]

Trois nouveaux faits (ou informations) marquent la journée :

- Le régime contre-attaque : des villes sont bombardées, on reconquiert ou tente d'investir quelques places fortes, des opposants et Libyens de l'Est sont arrêtés à Tripoli.

-  Pendant ce temps, le colonel K. tient un discours fleuve (~2h30) à l'occasion du 34e anniversaire de la Jamahiriya (1977). Il dit quelque chose qui est sans doute vrai : toute intervention de l'Otan ou de l'Onu occasionnerait un massacre, une situation comparable au Vietnam ou à l'Afghanistan. De leur côté, les USA  redoutent que la Libye s'enfonce "dans le chaos" pour devenir une "Somalie géante" (AFP) .

- Enfin, le chiffre énorme de 6000 morts depuis le 17 février est maintenant avancé (par la Ligue libyenne des droits de l'Homme).

Ce soir, France 24 donne d'autres chiffres : Plus de 180.000 personnes ont quitté la Libye, a déclaré Melissa Fleming, porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU. Elle précise que 77 320 personnes ont franchi la frontière libyo-égyptienne, parmi lesquelles une grande majorité d'Égyptiens. Un nombre similaire de réfugiés aurait quitté le pays pour la Tunisie ; un passage devant lequel 30.000 personnes seraient toujours retenues. (Source AP)


Voici quelques extraits conséquents du discours, de la "performance" du colonel K., dans sa langue natale avec un voice-over anglais, devant un parterre de caciques acquis à sa cause, ponctuée de manifestations d'une claque excitée et d'ambienceurs déchaînés, assaisonnée de quelques commentaires de la BBC. - On reconnaîtra également des correspondants étrangers dans l'assistance. - C'est une playlist de 5 vidéos.


Je ne peux pas m'empêcher de penser au 40e anniversaire de la RDA, le 7 octobre 1989. Les célébrations furent menées en grande pompe, les manifestations réprimées durement, le régime mettait en scène sa dernière apparition sur la scène de l'Histoire. Un mois plus tard, le 9 novembre au soir, les postes frontières de Berlin ont laissé passer le peuple de l'Est. La nuit la plus folle que la ville n'ait vécue. Et le régime de la Stasi disparut tel un mauvais rêve, comme les assassins de la SS et de la GeStaPo ont disparu du jour au lendemain, le 8 mai 1945, du paysage allemand en ruines. - C'est pourquoi je reste raisonnablement optimiste, convaincu que, vingt ans plus tard, la Guerre Froide est en train de s'achever, enfin, au Sud de la Méditerranée. L'Histoire a ceci de particulier que l'on ne peut pas revenir en arrière. Si l'on rate sa marche, on se fait broyer ! Voilà pourquoi je reste raisonnablement optimiste, et que je ne vois dans se discours, assorti de bombardements, qu'une posture anachronique (et chancelante) d''un vieux révolutionnaire qui a raté sa marche !

Berlin-Est, 7-10-1989. Parade militaire en présence de M. Gorbatchev !

~ jeudi 3 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [Der Spiegel]

Contre-offensive du régime et résistance des rebelles à Brega et Aldabiya (reportage d'Al Jazeera publié aujourd'hui, commentaires en anglais)



À propos de ces attaques sur la résistance libyenne, Le Monde rapporte ce matin :  De nouvelles frappes aériennes ont visé jeudi la ville de Brega, dans l'est de la Libye, selon un témoin, cité par Reuters. La ville a fait l'objet d'une lutte violente mercredi entre les rebelles et les forces fidèles à Mouammar Kadhafi mais semble être restée sous contrôlé insurgé. Elle abrite l'un des deux grands terminaux pétroliers du pays.  - Et : Armés de lance-roquettes et de missiles antichars et antiaériens, les opposants libyens se préparent à de nouvelles offensives pour défendre la ville d'Ajdabiya, située à 160 km au sud de Benghazi, qui abrite une base militaire et un dépôt d'armes, indique Reuters. Les insurgés montrent plus d'enthousiasme que d'expérience dans leur utilisation des armes mais sont déterminés à tenir la ville, affirme l'agence. Les partisans de Kadhafi ont bombardé la ville mercredi tandis que des forces terrestres ont attaqué en vain Brega, à 75 km à l'ouest.

Sur le plan diplomatique, Hugo Chavez, le président du Vénézuela, autre grand pays producteur de pétrole, a proposé une médiation entre le régime libyen et les opposants, qui a été acceptée par colonel K et la Ligue Arabe. Mais la répression massive des manifestations pacifiques par un régime dictatorial et suranné a contraint l'opposition libyenne à la résistance armée pour obtenir la chute du tyran et de son clan. Dès lors, toute offre de négociation se heurte à un rejet massif dans l'Est libyen. Et la France, par la voix du nouvel arrivant au Quai d'Orsay, Alain Juppé, a également rejeté cette proposition : "Toute médiation permettant au colonel Kadhafi de se succéder à lui-même n'est évidemment pas la bienvenue" (Le Monde). - Ce soir,  le président Obama abonde dans ce sens : "La violence doit cesser. Kadhafi a perdu la légitimité de gouverner, il doit partir." (Al Jazeera)

L'interdiction de survol du territoire libyen est toujours une "option" en discussion : Se joignant à son homologue britannique David Cameron, Alain Juppé... vient d'affirmer que la France et la Grande-Bretagne étaient prêtes à agir pour planifier une zone d'exclusion aérienne si la force était utilisée contre les civils (Le Monde). - Si la sécurisation du ciel de Libye par l'aviation occidentale est largement approuvée par la population, l'idée d'une intervention terrestre est tout aussi massivement rejetée. L'article du blogueur Muhammad min Libya, qui est à Tripoli, explique pourquoi.

mardi 1 mars 2011

Préservons la révolution populaire libyenne

 [Nota Bene : Je ne connais pas Muhammad. Son profil au Guardian indique seulement que ce nom est le pseudonyme d'un blogueur à Tripoli. - C'est son texte qui m'a paru authentique. Au point d'avoir envie de le traduire pour le partager avec vous. Le lien sur la version anglaise se trouve au bas de la page. - Cordialement, SK. - بشكل ودي]

Muhammad min Libya
La Libye est unie dans la révolution populaire – s'il vous plaît, n'intervenez pas (*)

Nous approuvons une zone d'exclusion aérienne, mais le sang des morts libyens sera versé pour rien
si l'Occident dénature notre soulèvement avec une intervention ratée

"Embrasse ma mère pour moi, et dis-lui que son fils est mort en héros", a dit mon ami Ahmed, 26 ans, à la première personne qui s'est précipitée vers lui lorsqu'il a été abattu dans une rue de Tripoli.

Deux jours plus tard, mon ami est mort à l'hôpital. Comme ça.

Ce beau jeune homme, grand, drôle, plein d'esprit, n'est plus. Il ne répondra plus à mes coups de fil. Son compte Facebook restera figé pour toujours.

Une heure avant qu'on ne lui tire dessus, j'ai appelé Ahmed. Il avait l'air en pleine forme. Il m'a dit qu'il se trouvait place Verte, au cœur de Tripoli, et que nous étions libres. Puis les mauvaises liaisons téléphoniques ont fait que je n'ai pas pu le joindre pendant deux jours.

Ensuite, j'ai appelé le meilleur ami d'Ahmed qui m'a rapporté la terrible nouvelle. Ils étaient en train de l'enterrer. Alors je me suis précipité au cimetière, et j'y suis arrivé à la fin des funérailles. J'ai rencontré quelques-uns de nos amis. Ils ont désigné un endroit par terre en me disant que le corps d'Ahmed se trouvait là. On s'est embrassés et on a pleuré de tous nos cœurs.

C'est ce genre d'histoires que vous entendez à Tripoli, ces jours-ci. Des centaines, des milliers peut-être. Des histoires que vous auriez du mal à imaginer dans la vie de tous les jours.

Comme quand vous entendez qu'un bébé de six mois a été assassiné, vous espérez de tout cœur que les déclarations de Saif al-Islam Kadhafi soient vraies, qu'il y a très peu de violence par ici, qu'Al-Jazeera a inventé toute cette histoire. Vous espérez que l'enfant est en train de dormir paisiblement dans les bras de sa mère, en ce moment-même. Comme quand vous entendez qu'une personne de Tajura, qui avait une balle dans la tête pendant deux jours avant de mourir, laisse une épouse en deuil et un enfant. Vous priez Dieu pour que ce père puisse être en train de jouer avec son enfant. Mais les photos, les vidéos vous montrent la vérité crue. Les hurlements n'ont pas besoin de traduction. Des êtres chers fauchés par la mort : tous les Hommes comprennent ce cri.

Voilà la vie à Tripoli depuis quelque temps déjà. Voilà pourquoi la ville est surnommée la "Cité des Fantômes" par ses habitants, désespérés à la vue des protestataires fuyant les gaz lacrymogènes. La ville est à l'arrêt, la grande majorité des boutiques sont fermées, comme les écoles et les universités. Quelques rares magasins, qui vendent les produits de base, restent ouverts, quelques heures par jour seulement.

Mais malgré ce tableau sinistre de Tripoli, les gens ont de grands espoirs et la conviction que nous assistons aux dernières heures du régime Kadhafi. Cet homme ne gouverne plus la  Libye ; ce n'est plus qu'un homme avec un fusil braqué sur le peuple.

Ses deux discours, et celui de son fils auparavant, n'étaient que menaces –  et ils se sont retournés contre eux, pour le bien de la révolution libyenne. De l'Est à l'Ouest de la Libye, les tribus sont sorties pour affirmer l'unité nationale.

À l'étranger, son bilan n'est pas meilleur. Kadhafi voulait faire peur au monde occidental avec la menace présumée d'un émirat islamique. La communauté internationale lui a répondu en lui barrant la route de l'exil, en gelant ses avoirs et en portant les crimes de son régime devant la Cour internationale de Justice, avec une unanimité sans précédent, ou presque.

Tous les Libyens, même les minorités pro-Kadhafi, sont convaincus que ce n'est qu'une question de temps avant que la Libye ne retrouve sa liberté. Mais une question terrifiante demeure : Combien de martyrs devront tomber avant la chute de Kadhafi ? Combien d'âmes prendra-t-il avant que cette calamité ne cesse ?

Mais la fin heureuse, que nous entrevoyons, est troublée par une crainte que partagent tous les Libyens : celle d'une possible intervention militaire des puissances occidentales pour mettre fin à la crise.

Comprenez-moi bien. Comme tous les Libyens, je suis persuadé  qu'une zone d'exclusion aérienne serait une bonne chose pour infliger un coup fatal au régime à bien des niveaux ; elle couperait la route aux convois de mercenaires, recrutés en Afrique, empêcherait Kadhafi de se livrer au trafic d'argent et d'autres biens, et le plus important : elle empêcherait le régime de bombarder des arsenaux qui, comme l'affirment beaucoup de témoins, recèlent des armes chimiques ; cela entraînerait une catastrophe inimaginable, sans oublier que les avions de Kadhafi pourraient eux-mêmes transporter de telles armes.

Il n'empêche que quelque chose semble avoir réuni les Libyens de tous horizons ;  toute  intervention militaire terrestre, par quelque puissance étrangère que ce soit, donnerait lieu  - comme Mustafa Abud Al Jeleil, l'ex-ministre de la Justice et chef du gouvernement intérimaire d'opposition, l'a dit  – à des combats beaucoup plus acharnés que ceux qui ont été provoqués par les mercenaires.

Je ne suis pas non plus pour l'option de frappes aériennes limitées à des cibles spécifiques. C'est une révolution pleinement populaire, dont l'essence est le sang du peuple libyen, qui a combattu seul lorsque les pays occidentaux ont ignoré sa révolution naissante, craignant pour leurs intérêts en Libye. C'est pourquoi j'aimerais que la révolution soit accomplie par ceux qui l'ont commencée : le peuple libyen.

Alors que les appels pour une intervention étrangère se multiplient, je voudrais envoyer un message aux dirigeants occidentaux : Obama, Cameron, Sarkozy. C'est une opportunité sans commune mesure qui vous est tombée du ciel, l'occasion d'améliorer votre image aux yeux des Arabes et des musulmans. Ne la gâchez pas. Jusqu'à présent, tous vos programmes visant à rapprocher l'Occident et l'Orient ont échoué, et certains n'ont fait qu'empirer les choses. Ne commencez donc pas une action que vous ne pourriez terminer, ne transformez pas la pureté d'une révolution populaire en une calamité qui frapperait tout le monde. Ne gâchez pas le sang que mon ami Ahmed a versé pour moi.

Vivons simplement en voisins sur la même planète. Qui sait, un jour peut-être, le voisin que je suis se tiendra sur le pas de votre porte et vous serrera la main avec un sourire.

~ Traduit de l'anglais par SK. ~

(*) La version originale est parue le 1er mars 2011 dans la section Comment Is Free du Guardian

(photo : al jazeera)

[Lybie 2011] Le "délire" de Kadhafi


[Traduction] Muhammad min Libya : Préservons la révolution populaire libyenne 

~  mardi 1er mars 2011 ~

Fils d'actualité de la journée [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24] [Der Spiegel] 

As-salâm ’aleïkoum | السلام .عليكم

Voici les premières nouvelles de la matinée .

- Dans le Guardian on apprend que les forces du régime "ont lancé des contre-offensives sur les territoires contrôlés par l'opposition. Des jets de l'armée ont bombardé Ajdabiya, à 160 km au Sud de Benghazi, et des témoins ont dit à l'AP que, dans la nuit, des troupes pro-Kadhafi accompagnés de chars ont essayé de reprendre Zaouia" (50 km à l'Ouest de la capitale) "sans y parvenir." [une dépêche d'AP parle d'un affrontement de six heures !] - "Al-Arabiya rapporte que des forces loyales au leader libyen se positionnent près de la frontière tunisienne." - Le quotidien britannique rappelle également que les États-Unis ont déployé leur flotte près des côtes libyennes tandis que le Premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron, étudie l'option d'une zone d'exclusion aérienne dans le ciel de Libye.

- Le live blog du Monde fait état des "derniers soutiens de Kadhafi" :  Au Conseil de sécurité des Nations unies, le Brésil et la Colombie ont voté les sanctions contre la Libye, adoptées à l’unanimité. La plupart des pays d’Amérique latine ont condamné la répression des troupes du colonel Mouammar Kadhafi. Trois exceptions : Cuba, Venezuela et Nicaragua. - Comme possibles "refuges", on peut également penser à deux ou trois pays africains, et notamment au Zimbabwe. - Le journal cite également le président vénézuélien Hugo Chavez qui a fait part lundi [28-02-2011] de son souhait de créer une médiation internationale pour résoudre la crise en Libye et [qui] a accusé les États-Unis et ses alliés de l'OTAN de vouloir utiliser la force. 

- Pour ce qui est des "points de chute", le live ticker du Spiegel rapporte ceci :  "Le chef d'État Kadhafi et sa famille préparent peut-être une fuite en Biélorussie ; c'est ce que semblent indiquer, selon le Sipri, l'Institut de recherche sur la Paix de Stockholm, au moins deux atterrissages de l'avion privé de Kadhafi sur un aéroport biélorusse au cours de la dernière semaine. Le chef d'État biélorusse, Alexander Loukachenko, passe pour être le dernier dictateur européen. Il est également prouvé [toujours selon le Sipri] que son pays a livré 40 tonnes d'armes à la Libye ces dernières semaines. Comme moyen de payement, Kadhafi a sans doute acheminé des diamants en Biélorussie avec son jet privé."   

Et voici un extrait plus conséquent (toujours en anglais) de l'interview du colonel K., datant d'hier :


[10:10] Dans l'Ouest de la Libye, des témoins rapportent le rassemblement de soldats fidèles au régime : les résidents craignent une attaque sur la ville de Nalout [ou Nalut] à environ 60 kilomètres de la frontière tunisienne. Le secteur serait déjà sous le contrôle des opposants. (in Spiegel)


[10:25] Le situation est inquiétante à Zaouia. Les forces du régime, qui l'encerclent, bloquent le ravitaillement du centre-ville aux mains de l'opposition (in Guardian). - Depuis hier, le colonel K. cherche donc par tous les moyens (négociations, bombardements, actions de commando, coups de force, asphyxie) à regagner du terrain. Sans succès pour l'instant. ...

[11:10] Le Monde rapporte un "déploiement de force des partisans de Kadhafi" : L'armée libyenne renforce sa présence à Dehiba, poste-frontière avec la Tunisie, dans l'ouest de la Libye. Des véhicules militaires et des soldats armés de kalachnikovs se sont déployés à ce poste-frontière, qu'ils ont orné de drapeaux verts de la Libye. Lundi, il n'y avait aucune présence militaire à Dehiba, situé à une soixantaine de kilomètres de Nalout. L'armée libyenne a aussi déployé des renforts à Nalout pour ne pas voir la ville tomber aux mains des insurgés qui acculent le régime de Mouammar Kadhafi dans l'ouest du pays.