lundi 31 août 2015

Politiques politiciennes

Après l'irresponsabilité des uns, voici celle des autres : voici des politiciens sociaux-démocrates et écologistes qui s'entre-déchirent, non seulement au sein de leurs propres formations avec ce qu'il est convenu d'appeler les « frondeurs » au PS (pour les Verts le qualificatif manque encore) mais également en vue d'une éventuelle alliance des deux partis pour les Régionales. – Nicolas Sarkozy se frotterait les mains si le même scénario ne menaçait pas son propre camp. Tandis que l'extrême-droite, en quête de « respectabilité », va jusqu'à (essayer de) virer son père fondateur et président d'honneur.


C'est tout de même curieux, cette façon que la majorité des politiciens ont de considérer la politique. D'une part, ils sont convaincus d'être les propriétaires à vie des voix que les électeurs leur ont un jour accordé. D'autre part, ils semblent totalement oublier que dans un régime démocratique un bon politicien ne se distingue pas uniquement par son charisme ou plus modestement par sa maîtrise de la rhétorique, mais en premier lieu par l'art du compromis.


Apparemment, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ne se posent pas cette question. On peut éventuellement en conclure qu'ils ne comptent pas arriver au pouvoir par voie démocratique. Ou bien qu'ils estiment que cette voie est à bout de souffle, suffisamment molle ou corrompue pour pouvoir la détourner à leurs fins. Et ils ont cet avantage sur les autres qu'ils sont – ou paraissent – « cohérents » aux yeux de leurs électorats respectifs : en théorie, ils maintiennent en effet le cap contre vents et marées, aussi et surtout parce que l'une ne s'est jamais « sali les mains » en exerçant le pouvoir et que l'autre se radicalise toujours plus pour faire oublier ses deux années de ministre délégué à l'Enseignement professionnel dans le gouvernement de Lionel Jospin (2000-2002). - On peut y comparer le destin du charismatique Alexis Tsirpas.



Quant aux « modérés », ils donnent actuellement un spectacle lamentable : dans l'ensemble, ils visent le pouvoir et les honneurs, un poste d'influence –  si possible un portefeuille ministériel – avec les avantages matériels qui l'accompagnent. Alors que la tâche du politicien consisterait avant tout à gérer le bien commun au profit de tous les citoyens. Et c'est ici – ici seulement – que les différences entre les uns et les autres sont véritablement pertinentes : Veut-on conserver l'État social ou le démanteler tout à fait ? L'étendre à l'ensemble de l'Europe ou simplement gérer la situation actuelle ? L'écologie est-elle, ou non, compatible avec cette économie basée sur une croissance indéfinie ? La situation globale de la planète – guerres, misères, catastrophes climatiques – doit-elle nous concerner ou bien pouvons-nous nous « payer le luxe » de l'ignorer et de nous isoler  tout en continuant d'en jouir (ventes d'armes, inégalité des termes de l'échange, pollution exportée etc. etc.) ?


Ces questions essentielles ne peuvent plus se régler avec de grands discours, mais appellent à choisir entre deux attitudes bien distinctes, l'une consistant à maintenir coûte que coûte le status quo, l'autre à concrètement et rapidement faire face au désastre planétaire qui n'est plus aujourd'hui une menace future, mais bien un état de fait, un problème d'une telle importance que la survie de l'humanité dépend à terme de sa résolution. En effet, si nous ne faisons rien, si nous continuons dans les pays dits riches – riches parce qu'ils imposent les termes de l'échange au reste du monde – à surexploiter à l'échelle planétaire et notamment dans les pays dits pauvres – pauvres parce qu'ils subissent l'inégalité des termes de l'échange – les ressources naturelles et détruire progressivement ce que nous appelons en bons anthropocentristes notre « environnement », à sacrifier au dieu « croissance » avec des cycles de consommation de plus en plus brefs qui entraînent une destruction et une entropie immenses, à surarmer la planète et à exporter la guerre : si nous continuons ainsi, le destin de l'espèce humaine – soi-disant l'espèce la plus intelligente sur Terre, ce dont il est actuellement permis de douter – semble définitivement scellé.


Face à cette apocalypse promise et due – crises économiques à répétition, migrations de grande envergure, catastrophes hypocritement appelées « naturelles » – il est aussi absurde que stupide de continuer à se complaire dans des logiques binaires du style « droite vs. gauche ». Il faut commencer à s'entendre, à négocier, car les solutions doivent engager tout le monde, et notamment ceux qui, en misant toujours plus sur le court terme, profitent sans vergogne des « crises » ainsi générées. Des personnalités politiques à la hauteur de cette tâche sont requises à l'échelle mondiale, puisque nous sommes probablement confrontés au défi le plus important de l'histoire humaine. Pour l'heure, on ne voit que des gestionnaires du chaos et des aboyeurs professionnels qui s'accrochent à leur poste ou convoitent celui du voisin en cherchant à diviser les populations, selon une tradition décidément bien ancrée. Et des penseurs institutionnels qui font la leçon aux uns et aux autres du haut de leur chaire sécurisée. Pour l'heure.

août 2015

jeudi 27 août 2015

Aux vieux de la vieille

Je ne suis plus très jeune non plus, mais j'essaye de me convaincre qu'il n'y aura pas après moi le déluge. Ce qui peut-être me sauve du cynisme ambiant, ce sont les enfants. Un jour, ils en auront marre de jouer à Clash of Clans, d'y perdre leur temps, leur enfance. Pour l'instant, ce que l'industrie du divertissement – comprenez : de l'abrutissement – fait avec nos enfants est un véritable scandale : elle leur vole leur temps, leur enfance. Pourquoi ?


Avez-vous fait la guerre ? Je ne parle pas du grattage de couilles dans une quelconque planque à l'arrière, mais de batailles à mort comme la Première, la Seconde guerre mondiale, Verdun, Stalingrad. Moi, je ne les ai pas faites, mais elle m'ont été racontées, en long et en large, la Première, la Seconde, les tranchées, les camps de prisonniers où tous les jours on mourait de faim. Pourquoi ?

Aujourd'hui, le monde a changé et nous devons nous poser la question : que laisserons-nous aux enfants ? Car ce sont les enfants qui feront le monde de demain avec notre passé, comme à l'enfant que j'étais on a raconté la Première, la Seconde guerre mondiale, les persécutions, les barbelés. Et j'ai dû me débrouiller avec ça.

jeudi 20 août 2015

De quoi je me mêle ?


« Je ne me mêle pas... »

Je n'interviens pas dans un « différend » ?
Je ne m'occupe pas de « ce qui ne me regarde pas » ?
Je ne me mélange pas aux gens « différents » ?
Je ne conclus pas de « mariage mixte » ?

Qui sont donc ceux qui n'interviennent que lorsque tout le monde est d'accord, ne s'intéressent qu'à ce qui les regarde, ne fréquentent que leurs semblables et ne concluent que des mariages non-mixtes - si si : l'expression existe bel et bien ! - ?

En attendant, ceux qui ne veulent pas se mélanger sont de plus en plus nombreux. Ils insistent sur leur « origine », leur religion, leur nationalité. Ils sont carrément devenus militants : les intégristes de la non-mixité ! - On en trouve  aux quatre coins du globe, toutes origines, religions, nationalités confondues. Ça doit être un vieux truc d'humain. Un peu comme la violence : apparemment inexpugnable !

Alors faut-il faire avec ? Faut-il être « humain, trop humain » ? - Mais si la violence, la pensée de clan sont inscrites « à l'origine », est-ce une raison admissible pour bâtir les fondements d'une « civilisation » - ou plus modestement d'une « culture » - sur ces « paramètres naturels » ? Car j'avais cru comprendre que la « civilisation » sublimait au contraire nos instincts « primitifs ». Mais peut-être sont-ils simplement refoulés, pour ressurgir à tout moment sous le masque hideux de la « barbarie » ?