« Je ne me mêle pas... »
Je n'interviens pas dans un « différend » ?
Je ne m'occupe pas de « ce qui ne me regarde pas » ?
Je ne me mélange pas aux gens « différents » ?
Je ne conclus pas de « mariage mixte » ?
Je ne m'occupe pas de « ce qui ne me regarde pas » ?
Je ne me mélange pas aux gens « différents » ?
Je ne conclus pas de « mariage mixte » ?
Qui sont donc ceux qui n'interviennent que lorsque tout le monde est d'accord, ne s'intéressent qu'à ce qui les regarde, ne fréquentent que leurs semblables et ne concluent que des mariages non-mixtes - si si : l'expression existe bel et bien ! - ?
En attendant, ceux qui ne veulent pas se mélanger sont de plus en plus nombreux. Ils insistent sur leur « origine », leur religion, leur nationalité. Ils sont carrément devenus militants : les intégristes de la non-mixité ! - On en trouve aux quatre coins du globe, toutes origines, religions, nationalités confondues. Ça doit être un vieux truc d'humain. Un peu comme la violence : apparemment inexpugnable !
Alors faut-il faire avec ? Faut-il être « humain, trop humain » ? - Mais si la violence, la pensée de clan sont inscrites « à l'origine », est-ce une raison admissible pour bâtir les fondements d'une « civilisation » - ou plus modestement d'une « culture » - sur ces « paramètres naturels » ? Car j'avais cru comprendre que la « civilisation » sublimait au contraire nos instincts « primitifs ». Mais peut-être sont-ils simplement refoulés, pour ressurgir à tout moment sous le masque hideux de la « barbarie » ?
Le problème, c'est que nous évoluons désormais, à ce qu'il semble, sur un plan mondial, « globalisé », où le mélange se fait par la force des choses. Or, les « gardiens du passé » font valoir une opposition féroce à cette évolution : le retour en force des cultes de l'origine, des monothéismes, des nationalismes militants en témoigne.
Je n'ai pas la solution, mais je sais que ce qui se passe actuellement est inéluctable. Le système économique mondial tend à effacer les frontières tout en les conservant. Au début du 19e Siècle, le philosophe Hegel avait déjà forgé un concept pour décrire ce phénomène : l'intraduisible « Aufhebung ». - À côté de la migration massive de populations fuyant la misère et la guerre, cette dialectique infernale est également à l’œuvre au sein même de l'Europe : dans le cas contraire, l'union politique, sociale, fiscale serait faite depuis longtemps !
Je n'ai pas la solution. Mais le territorialisme de notre espèce est tout de même une sacrée tare, qui remonte également à nos origines animales. Et comme la sédentarisation des chasseurs-cueilleurs est considérée comme le point de départ des civilisations humaines, la persécution des nomades, des errants, des « sans-terre » a toujours été monnaie courante. Aujourd'hui, avec les ghettos et les camps de réfugiés, l'auto-mitrailleuse d'un rideau de fer ordinaire illustre à sa façon le sens technique du mot « frontière ».
J'ai apprécié votre note. Juste "un détail" : L'homme ne me semble pas seulement avoir des "origines animales" mais l'être à part entière, hier, aujourd'hui et demain.
C'est précisément, je pense, en s'affirmant contre les autres vivants, que les animaux humains se sont engagés dans le pire.
En pensée philosophique (occidentale), nous sortons tout juste de telle préhistoire, c'est-à-dire, de celle qui nous a fait croire que parce que nous pouvions dominé (à quel prix ?) le monde des autres vivants à cause de notre raison, nous étions supérieurs, maîtres de la nature, voire carrément son dieu.
C'est sans doute la conscience nouvelle de la finitude de notre vie sur terre, - accélérée parce que l'homme en épuise les ressources -, qui encourage certains penseurs enfin, mais timidement encore hélas, de penser l'humain dans sa connexion ontologique avec le reste du monde des vivants ; animaux humains enfin perçus pieds et poings liés aux autres vivants.
Je ne sais si on me comprendra, mais au moins pour moi, c'est important d'essayer de montrer du doigt, et de loin encore, un paradigme radicalement nouveau qui n'influe à l'heure actuelle que timidement la pensée humaine en Occident.