mardi 17 novembre 2015

Deutschland vs. Niederlage !

I


J'écoute les infos du soir sur l'annulation du match Allemagne / Pays-Bas à Hanovre. Conférence de presse attendue du ministre de l'intérieur De Mazière. Un commentateur meuble. « Les journalistes commencent à entrer dans la salle ». C'est une information capitale. Je suis content de la connaître. Un autre envoyé spécial raconte l'évacuation du stade : schnell et bien ordonnée. Le public évidement surpris : « C'était soudain ? demande un journaliste. - Oui soudain ! » répond un ancien sous son bonnet de laine. Son calme rassure l'Allemagne rivée au poste. L'émission se termine sur un lapsus entre Niederlande (Pays-Bas) et Niederlage (défaite), lâché d'un air catastrophé par la présentatrice qui reprend en conclusion (et en attendant la conférence de presse) le titre principal du flash : l'annulation du match Deutschland vs. Niederlage ! - Ben ouais, c'est vrai qu'elle n'a cessée de se battre contre la défaite, l'Allemagne. Mais ce soir, heureusement, c'est annulé ! 

 
 II


Conf de presse en direct. De Maizière fait une longue introduction sur l'importance symbolique du match. La difficile et douloureuse décision de l'annuler. Aucune information concrète sur la véritable raison de cette mesure. Dans le doute. Pour la sécurité. Etc. - Boris Pistorius, premier flic de Basse-Saxe, insiste. Remerciements aux forces de sécurité. Puis la formule qui tue : « La situation est ce qu'elle est. » - Enfin un manager de foot parle des fans de foot, qui se faisaient une joie, de la solidarité avec Paris, rappelle que « notre équipe » subit ce genre de situation pour la deuxième fois en quatre jours. - La foule des journalistes, dont nous avons tout à l'heure suivi en direct l'entrée dans la salle de presse, n'aura droit qu'à quelques rares questions. Thomas de Maizière justifie sa volonté de ne pas donner d'informations concrètes. Action en cours. Mise en danger de la source. Panique de la population. Mais pour l'heure, ajoute son homologue bas-saxon, aucun explosif n'a été trouvé, aucune arrestation n'a été effectuée. Le direct finit sur cette info, et je ne peux m'empêcher de penser que ça sent un peu le bide, tout de même.

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dimanche 15 novembre 2015

Paris, nuit du 13 au 14 novembre 2015

Après avoir suivi une grande partie de la nuit la boucle médiatique sur les attentats terroristes du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, je me retrouve vidé, sans aucune émotion, au petit matin : étrange vacuité pour laquelle je n'ai d'autre explication que le matraquage, la surenchère, l'instrumentalisation, servis en continu aux consommateurs moyens que nous sommes, à chaque fois qu'un drame de cette envergure se produit sous nos latitudes. Tandis que, du côté obscur, les massacres se poursuivent inlassablement. Et que dans cette ombre générée par nos spotlights aveuglants, la souffrance demeure : invisible, muette, atroce.

En effet, nous sommes en guerre. D'ailleurs on a l'impression que l'humanité n'a jamais cessé de l'être, qu'elle trouve toujours de nouveaux modes d'affrontement, de plus en plus sophistiqués, imprévisibles, déshumanisés. Or, nous n'avons peut-être pas encore pris la mesure de cette guerre-ci, et en particulier des déséquilibres économiques qui lui servent de catalyseur. Par une loi de compensation, qui semble entièrement nous échapper, cette abondance de marchandises, caractérisant encore et toujours nos modes de vie, crée une misère, une pauvreté indicibles ailleurs, là où nous ne voyons et n'entendons rien. Ailleurs et toujours plus près de nous.

Nous, qui tenons aujourd'hui le rôle de victimes, continuons de profiter d'une aisance relative, générée en particulier par nos industries, dont celle de l'armement. Pourtant, nous sommes encore à nous étonner que les armes que nous fabriquons et vendons aux quatre coins du globe, puissent à l'occasion se retourner contre nous. Et les politiciens pacifistes, qui nous servent de voyageurs de commerce, de fustiger la barbarie de ceux qui ont l'outrecuidance de s'en servir sur le sol même des fabricants.

mardi 10 novembre 2015

Helmut Schmidt, un homme du 20e Siècle

Si l'événement inaugural, mais aussi la « catastrophe originaire » du siècle passé fut incontestablement la Première guerre mondiale, le social-démocrate Helmut Schmidt, né le 23 décembre 1918 à Hambourg, est certainement un homme du 20e Siècle. Il aurait fêté ses 97 ans dans quelques semaines.

Les Allemands se souviendront du chancelier émérite fumant clope sur clope à la télévision et commentant les faits marquants de l'actualité avec sa culture politique et sa connaissance de l'histoire contemporaine.

Les Français se souviendront du tandem européen qu'il formait avec Valéry Giscard d'Estaing entre 1974 et 1981, remplaçant à la chancellerie de RFA le mythique Willy Brandt, parti pour une sombre affaire d’espionnage, tandis que son partenaire français venait d'aménager à l'Élysée. Fin décembre 1982, Helmut Schmidt fit à son tour place au chrétien-démocrate Helmut Kohl qui formera avec François Mitterand une paire plus inégale. L'histoire de ces binômes franco-allemands depuis De Gaulle/Adenauer jusqu'à Merkel/Hollande serait d’ailleurs un sujet d'étude intéressant qui, à ma connaissance, n'a pas eu l'attention qu'il mérite.