Certaines lectures sur notre plate-forme de L'OBS et ailleurs m'inspirent une réaction que je ne voudrais ni personnelle ni inutilement polémique. D'où cette nouvelle note sur l'Allemagne.
Ce n'est pas un secret que mon métier m'a amené à vivre dans ce pays, dont je connais parfaitement la langue et, dans une moindre mesure, l'histoire, la culture et les gens qui y vivent. Un savoir tout de même suffisant pour remarquer la persistance des images d'Épinal de ce côté-ci du Rhin, qui sont parfois encore - du moins entre les pixels - empreintes d'un esprit revanchard étrangement anachronique. Peu importe. Chacun assume ses dires et ses délires. S'il peut exister, se rassurer avec des demi-vérités, des approximations, si la dénonciation de coupables, de responsables lointains lui permet de fermer les yeux sur ce qui se passe autour de lui, il y a peu de chances qu'il ôte ses œillères ou ses vieilles lunettes, d'autant moins qu'elles lui rendent encore de fiers services.
Je note trop souvent l'ignorance partielle ou complète du fonctionnement de la démocratie allemande, puisque le pouvoir d'un chancelier est régulièrement confondu avec celui du président français : méconnaissance donc de l'importance du parlement fédéral (Bundestag), des négociations et des coalitions qu'un tel régime parlementaire impose ; à cela s'ajoute le pouvoir des gouvernements régionaux au sein des Länder, qui interviennent également au niveau "fédéral" - lire "national" en français - à travers la chambre haute du Bundesrat. - Avec ces erreurs d'appréciation, dues certainement aussi à un manque d'intérêt pour ce qui se passe chez les voisins, je remarque une nouvelle forme d'instrumentalisation de la période "national-socialiste", qui marque en effet une apogée de l'horreur humaine. Alors que les responsables de l’Allemagne contemporaine font tout ce qui est en leur pouvoir - au niveau constitutionnel, institutionnel, éducatif etc. - pour que cela ne puisse plus jamais se reproduire.