lundi 30 juin 2014

Mondial 2014 | France/Allemagne : Replay




30 juin 2014 au soir


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Le match Nigeria/France était attendu. Beaucoup d'occasions de part et d'autre, mais pas de but  : quelques longueurs, puis la délivrance tricolore avec la tête de Pogba à la 79e minute. Sous la pression de Griezmann, le capitaine des Super Eagles marque contre son camp dans les arrêts de jeu, et le score de 2:0 est parfait. Les Bleus passent en quart [images de la rencontre].

C'est au tour des Allemands et des Algériens d'entrer dans l'arène. La première demi-heure appartient clairement aux Fennecs avec un sauvetage in extremis du portier Manuel Neuer, obligé de quitter plusieurs fois sa surface, un but refusé pour hors-jeu et d'autres occasions en or. Les Nord-Africains sentent que, prise par le doute, la Mannschaft pourrait être à leur portée. En fin de mi-temps, celle-ci se ressaisit et génère quelques situations explosives dans la surface algérienne. - Repos. Tous - fans, joueurs et staff - peuvent souffler quelques minutes !

L'entame de la seconde moitié est visiblement allemande, mais les contres algériens restent dangereux. - Rien à dire : un match de haute qualité, vivace et plein de suspense, entre deux équipes qui, avec des styles divers, ne présentent pas pour autant une importante différence de niveau. - Dernier quart d'heure : la Mannschaft continue de dominer, et Rais Mbolhi bloque un ballon impossible sur sa ligne de but. La pression allemande augmente, les Fennecs résistent. "On se dirige vers les prolongations, ici à Porto Alegre", dit le commentateur.

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30 minutes supplémentaires donc. Et sans attendre, André Schürrle inscrit du talon le premier but allemand. On sent les Fennecs un peu émoussés après cette ouverture du score, mais une énorme chance d'égalisation leur redonne du mordant. - Changement de côté. Les Algériens se battent, le match s'emballe à nouveau, les supporteurs des deux camps angoissent. Les cinq dernières minutes. Même le vaillant entraîneur Vahid Halilhodžić, ancien joueur de Nantes, renvoie le ballon sur le terrain pour gagner du temps. Mais à la 119e minute, Mesut Özil met tout le monde d'accord : l'Allemagne mène 2:0. - Dans les arrêts de jeu, Abdelmoumène Djabou inscrit encore un but pour l'Algérie, faisant brièvement scintiller une lueur d'espoir, mais le tour est joué : les cousins franco-germains se retrouveront au Maracanã de Rio ce 4 juillet à 18 heures [images de la rencontre].

Excursus
(1er juillet 2014)


Comme nous l'apprend la presse ce matin [ici par exemple], il n'y a eu que très peu de "débordements" en France après la défaite algérienne. - Dommage, risquent de dire les jeteurs d'huile sur le feu, à court d'arguments pour cuire leur soupe immonde. En effet, ce que j'ai pu lire ici et là relève de la diffamation idéologique et du dénigrement systématique d'un peuple qui a été bafoué par les ancêtres de ces mêmes aboyeurs professionnels : que la troisième génération, née en France, victime du chômage et du délit de sale gueule, puisse en avoir marre d'être traitée en chien galeux dans une ambiance où le travail objectif d'analyse du passé laisse à désirer - c'est également le cas pour la période de l'occupation : d'où le terme de b0che toujours à la mode dans certains milieux, puisqu'il masque si bien la réalité de la collaboration française - que ces jeunes, donc, puissent réagir comme ils le font : personne ne va prendre la peine de chercher à le comprendre en profondeur et avec un brin d'empathie ou de bienveillance que les anciens, en principe, doivent à la jeunesse. Non, on fourre tout dans une marmite et on attend que ça cuise : c'est exactement la même attitude que celle qui a consisté à parquer leurs parents et grands-parents dans des cités dortoirs - si ce n'étaient pas des camps d'internement -  à leur arrivée en "métropole" à l'issue des "événements". - On s'éloigne du football ? - Ah bon ! Et ce n'est pas bien ?

 




jeudi 19 juin 2014

En vrac (encore)





À l'heure où nous écrivons ici – dans un environnement relativement pacifié – les affrontements en Irak (et en Syrie) frisent l'horreur absolue. Les exécutions sommaires me font penser à la progression des troupes nazies vers l'Est, du côté de l'Ukraine. Décidément, l'horreur est humaine : Horror humanum est !

Pendant ce temps, la fête du football bat son plein. Joue à fond son rôle de divertissement planétaire. Au Brésil même, où les « couches populaires » tirent le diable par la queue. Dans les pays dits « riches », où l'on est quotidiennement abreuvé d'atrocités aux heures des repas. Et du reste oppressé par le terrorisme économique. Dans les pays dits « pauvres » également. Pour oublier la misère noire, le temps d'un Mundial.
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Les interventions sous la note précédente consolident l'hypothèse qu'un match simule une bataille. La balle serait alors le projectile que l'on essaye de caser dans la « maison » adverse, les deux équipes figurant les armées qui s'affrontent, en principe sans se toucher, car il faut jouer le ballon et non l'homme : le combat mis en scène ici n'est donc plus ad hominem, mais déjà « médiatisé » par le projectile. Avant d'être médiatisé tout court.

C'est certainement sa diffusion planétaire – sa « mondialisation » au sens littéral – sponsorisée par les « global players », le merchandising et boosté par le « star system » qui fait de ce sport – naguère simplement « populaire » – une superproduction quasi-galactique, enclenchant cette spirale rétroactive bien connue des magnats du show business : chacun s'intéresse à ce qui est censé intéresser « tout le monde ».

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Du coup, c'est également la « socialisation » par le football qui importe : on regarde les matchs en petit ou grand comité, dans un bar, sur écran géant ou au stade, on soutient l'équipe de son pays, on commente et on critique. Ce sont ces discours, tous plus ou moins experts et tous plus ou moins vides, qui permettent de ne pas parler de l'essentiel : de la difficulté d'exister, de la solitude, de la mort.

Mais revenons un instant à notre bataille stylisée : contrairement à un combat réel, le terrain des affrontements est plat, sans aspérités, un rectangle rigoureux qui n'autorise aucun débordement. Et le temps est limité, créant ce suspense des dernières minutes où tout doit se décider, où tout semble encore possible. De plus, ce conflit symbolique partage une caractéristique essentielle avec le rêve : il ne porte pas à conséquence, si l'on excepte ce fameux « manque à gagner » en cas de défaite qui ne devrait pas être trop lourd à porter pour les bourses des joueurs professionnels. Et quelques larmes de supporters, cette perte de liquide corporel rapidement compensée par la tournée suivante.
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Il se pourrait donc que le football sublime notre instinct guerrier, notre condition d'êtres territoriaux et temporels, symbolisée par les limites du terrain et la mesure du temps : les deux prérequis de l'existence humaine, ces créatures que les anciens Grecs appelaient encore si justement les mortels. J'ajouterais : conscients de l'être. - L'origine du divertissement.



vendredi 13 juin 2014

Le peuple ? - En v'là du peuple !

Je regarde le match Espagne – Pays-Bas. 1:0 sur penalty de Xabi Alonso pour l'instant. Deux des meilleures équipes de la planète, l'une championne en titre qui a battu l'autre sur le score de 1:0 après prolongation lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud. - Un parfum de revanche, dit le commentateur.

Égalisation juste avant la mi-temps sur une magnifique tête lobée de Van Persie.

À l'adresse de tous les idéologues du monde qui nous rebattent les oreilles avec cette grande inconnue quasi métaphysique qu'est le « peuple » : il paraît que le football est un sport « populaire » ; alors si vous n'appréciez pas ce qui se passe sur le terrain, regardez donc les gens sur les gradins : ce sera, par écran interposé, une petite rencontre avec ce « peuple » que vous dites connaître et dont vous vous réclamez sans cesse.





- Il n'y a pas de Français ! 

- Dimanche soir, il y en aura...

- Ce sont des riches qui ont pu se payer le billet !

- Je crois au contraire que bon nombre ont économisé toute une année pour aller au Brésil.




Dialogue de sourds ? - En tout cas, si vous acceptez que les gradins des stades sont peuplés de gens du « peuple », vous verrez aussi, pour autant que vous ne soyez pas aveugles, que tous les peuples dans l'arène se ressemblent : ils sont fous de joie quand leur équipe gagne, tristes à mourir lorsqu'elle perd, et ils s’ennuient quand le match est nul. C'est aussi simple que ça.


Tandis que ce diable de Robben marque le deuxième but des Néerlandais. Et que la pluie fait son apparition. Peu après, De Vrij tue le match avec la complicité de l'arbitre. Puis cette faute monumentale du grand Iker Casillas et la revanche de 2010 est parfaite : 4:1 pour les Oranje ! Pourtant, avec un numéro extraordinaire devant le but espagnol, Arjen Robben n'est pas homme à se reposer sur ses lauriers. Score final : 5:1 voor Nederland !



Il paraît que le football abrutit les masses. Il paraît que le football est pourri par l'argent. Oui, mais... croyez-vous vraiment les gens bêtes au point de se laisser abrutir depuis au moins quatre générations ? - D'ailleurs - Salut à lui, chaque fois, Que chante le coq gaulois la coupe du monde est une création française sur initiative de Jules Rimet, alors président de la FIFA : première édition en Uruguay (1930), gagnée par le pays organisateur...


Je n'ai pas pour l'instant lu une réflexion en profondeur sur ce sport bien particulier et la fascination qu'il exerce depuis si longtemps sur les foules, adultes et gamins, européens, latino-américains, africains...


Je vous rassure : vous ne trouverez pas non plus un début de théorie ici, mais je pense que ça vaudrait le coup d'y réfléchir, histoire de ne pas balayer d'un revers de la main ce bon milliard de personnes qui suivent la compétition actuelle.


jeudi 5 juin 2014

Dans la tourmente

En vrac



On parle d'une Europe politique à construire. Il faut sans doute, n'en déplaise aux nationalistes, commencer par déconstruire les nations européennes, ou plutôt : renforcer le pouvoir des régions, les échanges inter-régionaux par delà les frontières nationales, supprimer certains ministères nationaux comme les coûteuses Affaires Étrangères qui entretiennent 28 ambassades européennes dans chaque capitale du monde - et 27 représentations des États membres dans chaque pays d'Europe ! - sans compter un nombre plus important encore de consulats et de résidences diplomatiques...


Pendant ce temps, le gouvernement français réduit le nombre des régions. Va-t-il également réduire le centralisme dont le couronnement est ce régime présidentiel où un seul homme gouverne tout un pays ? - Paris et le désert français  : la longue litanie des Parisiens de Province, des Provinciaux de Paris, comme dirait le poète.


Paris ne revendique-t-il pas le rang de capitale mondiale des Arts, alors que la ville est devenue un haut-lieu du tourisme et de la muséalisation (*) ? Or, si on veut de la créativité, il faudrait des ateliers, des logements à prix modique pour les artistes en devenir, en lieu et place des appartements de vacances !


Soit redit en passant : l'Europe doit parler une seule et même langue. Concession à la Grande Nation : je répète ma préférence pour le français, l'allemand n'étant pas assez parlé, l'anglais et l'espagnol déjà pris, et puis ce candidat n'a-t-il pas une longue expérience, philosophique, diplomatique, olympique et même postale ?


***


Je sais, tout cela est un peu décousu, mais je suis dans la tourmente : peut-être que je prends mon cas pour une généralité mais j'ai l'impression que le monde entier est dans la tourmente. Comme pour se venger de ce que l'on ait proclamé sa fin, l'Histoire ne cesse de se rappeler à nos plus mauvais souvenirs !


Ce n'est pas seulement la « crise » qui frise la quarantaine. Les religions, les querelles théologico-politiques qui ont empoisonné ces deux derniers millénaires, reviennent au galop : trois monothéismes se disputent la faveur d'un seul Dieu, et même les athéistes sont sommés de choisir leur camp !


Je crois que la démilitarisation du globe est définitivement programmée pour la fin du monde. Avec la collaboration lucrative de l'industrie de l'armement, la planète est un stand de tir permanent. Et on se dispute les richesses naturelles, on détruit au passage des biotopes entiers, des espèces animales et végétales disparaissent irrémédiablement tous les jours. L'hégémonie de la version « civilisée » de l'espèce humaine commence à être ingérable pour la planète, mais bon : qu'est donc le pouvoir d'une pauvre petite planète bleue face au génie humain autoproclamé « maître et possesseur de la Nature » (Descartes 1637) ?


J'ai lu un jour : « Il ne faut croire au pire que lorsque le pire est arrivé. » C'est ce que je suggère d'inscrire sur la sépulture de l'Homme si tant est que ses improbables successeurs sachent encore lire et écrire.



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(*) Le mot existe bel et bien : « muséaliser » les choses, c'est les enfermer dans un musée. La tendance de notre époque à la « muséalisation » sert d'argument dans la théorie de la fin de l'histoire.