lundi 13 juillet 2015

Εχουμε ομόφωνη συμφωνία

13 juillet 2015 (soir)

Il ne faudrait pas que la vindicte populiste s'acharne outre-mesure sur l'Allemagne au motif de l'intransigeance de ses dirigeants actuels. Le pays a changé, plusieurs fois déjà depuis 1945. Les comparaisons historisantes, la résurrection d'un vocabulaire haineux tout particulièrement dans cette France qui n'a pas vraiment fait la peau à Vichy ne sont que la conséquence d'un demi-siècle de Traité de l'Élysée jamais suivi par la population française, les responsables politiques et culturels, professeurs etc. qui, en parlant d'Allemagne, continuaient de privilégier l'analyse du nazisme aux dépens des évolutions contemporaines des deux côtés du mur, tout en réservant le devant de la scène à un Jünger ou un Heidegger et en traitant la période de l'occupation dans des films comme "La 7e compagnie", championne de la rediff., à l'usage du petit peuple. - Pendant ce temps, les Français et la belle France ont toujours eu une excellente réputation à l'Ouest et à l'Est de l'Allemagne. Un amour non partagé, comme qui dirait...

jeudi 9 juillet 2015

Jacques Bouveresse : Les Intellectuels et les médias



 « Les Intellectuels et les médias » est la suite de « Le Besoin de croyance et le besoin de vérité », entretiens avec Jacques Bouveresse filmés par Gilles L'Hôte, A la source du savoir, Paris, 2008.


Présentation du diffuseur


Les politiques, publicitaires, experts, journalistes, philosophes et autres nous racontent des histoires à propos desquelles il est légitime de se demander si on doit les croire. Doit-on croire que de passer de l’opposition à la majorité n’est qu’une mise à disposition des compétences ? Que la berline qui roule en silence sur une petite route d’Écosse n’a qu’à être désirée ? Qu’il faut boire deux litres d’eau minérale par jour ? Que le marché du travail n’existe que pour permettre aux gens de se réaliser ? Que l’Amour gouverne le monde ? Qu’il y a une vie après la mort ? Que réduire l’impôt des riches va relancer la croissance ? Où est la vérité et quel poids lui reste-t-il ? Mais tenons-nous vraiment à la connaître ? Le faux et l’erreur ne seraient-ils pas plus importants pour nous que la vérité, à laquelle nous sommes censés tenir passionnément ? Nietzsche a même dit que la naissance d’une illusion a été une exigence de la vie. Cependant… les dangers de l’illusion sont bien réels. Ces questions et bien d’autres du même genre sont traitées dans ces deux films par Jacques Bouveresse.


Influencé par Wittgenstein, le Cercle de Vienne et la philosophie analytique, Jacques Bouveresse plaide pour une forme de rationalisme que l’on pourrait appeler « satirique ». Il a étudié aussi bien les œuvres d’écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus que celles de la philosophie de la logique et du langage, de la philosophie mathématiques et de la philosophie des sciences. Il est aussi connu pour des ouvrages critiques sur les impostures issues d’une partie de la philosophie française des années 1970-1990 et sur celles de la presse, en particulier du journalisme philosophique à sensation. Il est aujourd’hui Professeur au Collège de France, où il occupe la chaire de Philosophie du langage et de la connaissance, succédant à un de ses maîtres et amis, Jules Vuillemin.


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Le philosophe, les médias et les intellectuels
Entretien avec Jacques Bouveresse


J’ai toujours eu du mal à comprendre la façon dont, à l’époque que l’on peut appeler celle du « Tout est politique », la politique a pu être acceptée et fonctionner, pour une bonne partie du monde intellectuel, comme une sorte de théologie de remplacement. Il est particulièrement difficile, pour un intellectuel qui croit à l’importance de vertus comme l’honnêteté intellectuelle et une certaine sensibilité à la vérité, et qui est épris de clarté et de précision, de prendre réellement au sérieux la politique, tellement le langage politique et la pratique politique donnent à première vue l’impression de représenter en permanence à peu près le contraire exact de cela : l’équivoque, la duplicité, le mensonge, l’approximation, le vague, la rhétorique creuse et, dans bien des cas, le non-sens pur et simple.

Entretien réalisé en juillet et août 2009 par Thierry Discepolo .

Jacques Bouveresse, « Le philosophe, les médias et les intellectuels », revue Agone, 41-42 | 2009 (voir le lien ci-dessous, note 4)



Références

1) Les écrits d'Alan Sokal - dont son fameux canular de 1996 - sont sur sa page personnelle. En français, on y trouvera par exemple Les mystifications philosophiques du professeur Latoure (1997) ou la "Réponse à Jacques Derrida et Max Dorra", coécrit avec Jean Bricmont (*) et publié dans Le Monde du 12 décembre 1997. On pourra également y lire le papier sur "l'Affaire Sokal" de Jean-François Revel paru dans Le Point du 11 octobre 1997. Un grand nombre d'autres articles autour de la polémique sont disponibles en français sur le site de Patrick Peccate.


(2) Jacques Bouveresse cite une publication de Karl Kraus (1874-1936) dans sa revue Die Fackel (N° 293, 11e année, Vienne, fin décembre 1909) sur le Procès Friedjung que l'on peut consulter dans le texte. - Quant au canular de l'ingénieur Schütz suite au tremblement de terre de 1911 (l'histoire du "Grubenhund"), Karl Kraus en réfère dans un texte intitulé "Après le séisme" > "Nach dem Erdbeben" (1911). 
(3) Signalons aussi cet échange entre Pierre Vidal-Naquet (1930-2006) et Bernard-Henri Lévy (Nouvel Observateur, 18/25 juin 1979) autour du Testament de Dieu de BHL remis en ligne par les amis de l'historien.
 
(4) L'article de Jacques Bouveresse dans le Monde Diplomatique (mai 2006) a été importé ici-même > On_en_est_la.pdf. - Citons enfin son texte intitulé « Le philosophe, les médias et les intellectuels » (revue Agone, 41 -42 | 2009)
(*) Je tiens à préciser, si besoin est, que je ne cautionne nullement certaines positions ultérieures prises par physicien Bricmont, qui démontre ainsi que l'inverse est également vrai : lorsqu'un scientifique s'aventure
sur le terrain de la philosophie, de l'analyse historique, sociale, politique, il n'est jamais à l'abri de la vulgarité et du ridicule...

lundi 6 juillet 2015

Ziggi Gabriel - Qui veut faire l'ange fait la bête !




Le chef du SPD, vice-chancelier et ministre de l'Économie allemand Sigmar Gabriel, dit Ziggi, a perdu une occasion de se taire ou, au choix, gagné sa carte d'adhérent à la CDU d'Angela Merkel. Après la nette victoire du NON en Grèce, il a pleuré comme ceci dans les colonnes du Tagesspiegel berlinois (je traduis) : "Tsipras et son gouvernement conduisent le peuple grec sur une voie faite d'âpre renoncement et de désespérance."
Conscient de ne pas avoir rendu justice au lyrisme de Ziggi dans la précipitation, je me demande toutefois quel est le sens caché d'une telle tumescence rhétorique...


Selon le soi-disant social-démocrate, Alexis Tsipras aurait fait croire à son peuple que la base de négociation de la Grèce se trouverait renforcée par un 'non'. Mais, en fait, le chef du gouvernement grec aurait "coupé les derniers ponts sur lesquels l'Europe et la Grèce pouvaient aller vers un compromis". - Et d'ajouter : "Avec le refus des règles du jeu de la zone euro, qui ressort du non majoritaire, les négociations sur des programmes pesant des milliards ne sont guère envisageables".

Quand je pense que les sociaux-démocrates allemands se sont illustrés par des figures comme August Bebel, Friedrich Ebert, Kurt Schumacher, Willy Brandt ou même Helmut Schmidt - le dernier survivant d'une génération perdue qui, à 96 ans passés, fume toujours clope sur clope à la TV allemande où il continue de faire preuve d'une faculté d'analyse plutôt exceptionnelle (ici) - je reste sans voix devant le conformisme, le manque de courage et de charisme des dirigeants actuels. - Parce que l'Europe sociale, Mesdames et Messieurs, c'est maintenant (ou jamais) !

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Conférence de presse de Sigmar Gabriel ce 6/7/2015 sur > Phoenix

samedi 4 juillet 2015

Mauvais temps pour l'Europe

άσχημη περίοδος για την Ευρώπη

La « crise de la dette » actuelle a ceci de particulier que son issue est devenue totalement imprévisible, non seulement pour la Grèce, mais pour l'Europe entière et « globalisation » oblige pour l'ensemble du système économique mondial via les marchés financiers.

Il existe pourtant un large consensus sur l'erreur consistant à introduire une monnaie commune sans un début d'harmonisation fiscale et « sociale » des différents pays appelés à l'adopter. Depuis Maastricht jusqu’à Lisbonne, cette erreur a été perpétuée avec une foi inaliénable dans la puissance quasi « surhumaine » pour ne pas dire divine émanant de ces nouveaux temples que sont les établissements financiers. En effet, à côté du silence religieux qui règne habituellement dans ces lieux véritablement « cultes », un billet de banque ne vaut que si tout le monde partout et en même temps - « croit » en sa valeur.

Dans cet esprit, les responsables européens du moment cherchent encore et toujours à « sauver » l'euro, sans rectifier l'erreur initiale : ainsi, la réalisation pourtant indispensable d'une « Europe sociale » est sans cesse renvoyée aux calendes grecques !

Il est donc impossible que les parties engagées dans la négociation actuelle puissent s'entendre car les uns parlent « chiffres rouges » et « austérité » quand les autres cherchent à obtenir un peu de justice sociale, à commencer par un taux raisonnable de l'impôt le plus injuste, qui touche riches et pauvres de la même manière : la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).