samedi 4 octobre 2014

L'argument de la bienpensance

J'ai laissé aujourd'hui un commentaire chez une voisine dont j'apprécie par ailleurs les notes qui touchent à l'art, mais puisque la chose a également été reprise par une autre sympathique voisine dans un contexte différent, je voudrais développer un peu mon argument :

Il ne faudrait pas surestimer notre plate-forme. Je ne pense pas qu'elle soit le reflet de l'opinion publique qui me paraît de plus en plus le résultat d'une manipulation savante sur laquelle je ne m'étendrai pas, mais dont nous sommes tous les victimes, à des degrés divers. Ceux qui s'expriment ici se convainquent peut-être à leurs moments perdus qu'ils peuvent avoir une influence quelconque sur l'opinion des autres ou, pour les plus hardis, sur l'opinion publique en général. Ce que je constate au contraire, un peu comme tout le monde, c'est qu'à de rares exceptions et tentatives de dialogue près, il n'y a que deux réactions patentes : l'assentiment sans réserve et le désaccord le plus profond.

Cette constellation binaire donne lieu à des positions caricaturales, en supposant à l'autre - considéré comme "ennemi à combattre" - une certaine "pensée" inaltérable, toujours identique à elle-même, à l'image de cette fameuse "bienpensance" (*), invariablement attribuée aux gens dits de "gauche" en utilisant, comme une massue, ce signifiant sociologisant qu'est le "bobo", dont on ne sait plus très bien quel genre de personnes il désigne au juste, puisque de toute évidence il ne s'agit plus du "bourgeois bohème", ni d'ailleurs du bourgeois en général, ce qui est plutôt significatif, car on se souviendra peut-être d'une autre expression coup de poing, apparemment passée de mode aujourd'hui : la fameuse "pensée bourgeoise", dont la plupart des "ironiseurs" de la bienpensance conservent de beaux restes.

Dans la sphère où nous exerçons, l'un des problèmes à mon sens peu évoqué est celui-ci : lorsque vous caricaturez la pensée de l'autre pour asseoir la vôtre en contre-point, vous devenez vous-même une caricature ! - Car en assignant à l'autre, dans sa "différence" présumée essentielle, un caractère immuable, statique, vous ne lui interdisez pas seulement d'évoluer et - pourquoi pas ? - d'adhérer à votre point de vue, mais vous focalisez, vous arrêtez votre propre pensée sur le différend postulé, ce qui vous oblige vous aussi à endosser une identité rigide et vous condamne finalement à la stagnation.

Avec les fabricants du consensus, on assiste parallèlement à un nouvel essor des créateurs de dissension et en cela, notre plate-forme est en effet dans l'air du temps : paradoxalement, avec les principes d'identité et de non-contradiction, hérités de la logique formelle, il faut aujourd'hui être en désaccord permanent avec l'autre - camp, parti, clan etc. - que l'on a pris soin de réduire à sa "plus simple expression", dont on guette les moments où il ne serait pas en phase avec ses "principes", déclarés ou supputés, avec l'identité qu'on lui assigne ou qu'il s'octroie lui-même.

Il ne faut pas croire : les consensus sont bien plus larges qu'il n'y paraît. Pour ne prendre que ces exemples : faute de choix, nous avons tous plus ou moins accepté un système basé sur l'argent et les rapports marchands qu'il implique, nous utilisons pratiquement tous les "moyens de communication modernes" et nous consommons sans trop manifester notre désapprobation de la publicité à tous les étages. Toute critique semble ici vouée à l'échec : elle serait d'une trivialité consternante, n'est-ce pas ?

De même : certaines dissensions sont manifestement fictives puisque peu d'entre nous souhaitent, par exemple, que les massacres, qui enflamment à nouveau le monde, se poursuivent éternellement. Et pourtant, nous trouvons le moyen d'utiliser l'horreur ambiante pour nous invectiver copieusement. - De même : la grande majorité de gens trouve que les politiciens au pouvoir se valent par leur incapacité à résoudre la crise de l'hyper-capitalisme, qui frise actuellement la quarantaine, mais il faut continuer à marquer le "camp opposé" à la culotte alors que, dans le contexte présent, un consensus a minima serait requis. Or, puisque tout accord semble condamné d'avance, le maintien du status quo est assuré, et le tour est joué !
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Petite conclusion personnelle : en essayant de prendre une part active à cet espace d'expression depuis l'été 2013, j'avais espéré des discussions à bâtons rompus sur ce qui s'appelle les "choses mêmes" car je reste convaincu que la pensée est une affaire collective. Mais j'ai assez vite compris ma douleur. On vous somme de vous engager, c'est-à-dire de choisir un camp, de vous ranger vous-même dans un tiroir qui servira ensuite à vous cataloguer, à vous "calculer", à jouer la carte maîtresse de la personnalisation. Les "choses mêmes" n'ayant alors plus guère d'importance, les polémiques ajoutent rapidement au chaos doxologique actuel où les mots n'ont qu'une fonction rhétorique ou pragmatique. - Et puis : lorsque vous essayez de préserver une certaine rigueur intellectuelle dans vos contributions, vous risquez d'être taxé - ouvertement ou plus sournoisement - de prétentieux, de "professoral", ou je ne sais quoi encore. Ce qui veut dire qu'il vous est fortement suggéré de niveler vers le bas, de renoncer à envisager les êtres, les choses, le monde, dans leur complexité, leur nature paradoxale, et finalement de "bétonner", de "fermer toutes les portes", comme diraient les criminalistes. - Enfin : publiant sur Internet depuis plus de dix ans, je savais qu'en venant ici, il ne fallait donner qu'un minimum d'informations personnelles pour ne pas risquer leur détournement abusif. Or, si j'avais parlé de mes origines, des expériences de mes parents et grands-parents, de ma propre vie, présente et passée, cela aurait peut-être clarifié certaines choses, levé quelques ambiguïtés, mais je ne crois pas que cela aurait permis de transformer un solide ressentiment en un début de bienveillance. Et quand bien même : peu importe le corps, l'incarnation, l'expérience que nous voudrions faire valoir dans ce cadre, nous y mènerons toujours une existence résolument cérébrale. - Indéfiniment !

L'homme n'est qu'un roseau le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser. Une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue ; parce qu'il sait qu'il meurt ; et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. - Ainsi toute notre dignité consiste dans la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever, non de l'espace et de la durée. Travaillons donc à bien penser. Voilà le principe de la morale.  [Blaise Pascal, Pensées, 3e édition, Paris 1671, XXIII, Grandeur de l'Homme, pp. 171 ssq.]



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Note

(*) Je dois avouer que je ne sais plus trop ce qu'est la "bienpensance", sinon qu'il s'agit d'un de ces concepts fourre-tout à caractère péjoratif qui, paraît-il, aurait été forgé dès les années 1970. Je crois qu'on peut le rapprocher de deux autres expressions : la redoutable "pensée unique" et le fameux "politiquement correct". - Il serait sans doute intéressant d'étudier les variations de sens de ces expressions dans le temps et la possible modification des groupes sociaux visés par les polémistes qui les utilisent à tour de bras. J'ajouterais que la notion de "pensée bourgeoise" devrait absolument faire partie du voyage !






Commentaires





Bonsoir sk, il y a des fois où je préfère ne pas commenter, tellement certaines positions m 'horripilent, même dans "mon camp " et comme je n'aime pas qu'on me dise ce que je dois penser...


Écrit par : anneza | 04 octobre 2014





la contribution la plus pertinente et sensée qu'il m'ait été donnée de lire depuis des années..parce que ce que vous exprimez précisément, je le ressentais confusément. Nous touchons enfin à la philosophie.
sk, vous m'épatez..vraiment.


Écrit par : hubert41 | 04 octobre 2014



hub et moi , on est deuch même coin, che normal qu'on pinse pareil ....( souvent)


Écrit par : anneza | 04 octobre 2014




synonymes de "bobo" (en plus de "bien pensant" dont la signification a connu un retournement dialectique): "nos zumanistes", "une certaine gauche", "les adulateurs du palindrome" (ça devient un peu ésotérique), "on" (là, ça devient franchement sibyllin)
... d' autres propositions?


Écrit par : nolats | 04 octobre 2014



sk et anneza, prenez le temps de lire cet article du Nobs d'aujourd'hui..J'ai parfaitement connu ça sans
pour autant l'appliquer..j'étais un pré-soixantehuitard..et my wife également..mais on a baigné là dedans avec des amis un peu plus jeunes..

http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20141003.OBS1110/ces-soixante-huitards-qui-voulaient-revolutionner-l-enfance-et-qui-ont-echoue.html

Dire si c'est un échec ?..je ne pense pas que ce fut une avancée décisive mais..à quoi bon clamer
"c'était mieux avant" ? les générations se suivent et s'inspirent les unes des autres ou au contraire
se réalisent dans des ruptures..parfois les deux..Ceux qui étaient "avant" doivent accepter de laisser
le manche à ceux qui suivent..c'est valable aussi en Politique..Faut être raisonnable !


Écrit par : hubert41 | 04 octobre 2014




Mouvement un peu marginal tout de même, en fait l'évolution post 68 a été plutôt progressive dans la société. Il y a eu certes quelques "avant-gardistes" sans beaucoup de lendemains. Les évolutions technologiques trente ans après (web, mobiles...) ont eu des effets de bien plus grande ampleur, y compris dans des pays qui n'ont absolument jamais entendu parlé de 68...


Écrit par : nolats | 04 octobre 2014



hub, j 'avais lu cet article mais un peu vite, je n'en ai tiré aucune conclusion...


Écrit par : anneza | 05 octobre 2014





« Or, si j'avais parlé de mes origines, des expériences de mes parents et grands-parents, de ma propre vie, présente et passée, cela aurait peut-être clarifié certaines choses, levé quelques ambiguïtés, »

Peut-être mais pas sûr effectivement.


Écrit par : lehcim.j el drannocien | 05 octobre 2014


Et c'est regrettable qu'on ne puisse pas le faire puisque c'est ça qui, avant tout, nourrit nos plumes...


Écrit par : sk | 09 octobre 2014



Quand on dit à quelqu'un, en trois ou quatre lignes, "quand vous écrivez ceci, ouais, j'aime, mais quand vous reprenez les bêtises de ceux qui ne partagent pas notre point de vue, et réduisent tout au simplisme alors là, vous me décevez ", espère-t-on "préserver une certaine rigueur intellectuelle dans (ses) contributions"?
Quand on prend le risque de marteler à longueur de temps ce qu'il faut faire, dire, penser, sans jamais retenir soi-même la moindre leçon de ce qui vous est rétorqué, peut-on s'étonner si"vous risquez d'être taxé - ouvertement ou plus sournoisement - de prétentieux, de "professoral"?

Vous vous plaignez de chercher à entrevoir les mille facettes d'une réalité ( oubliant sans doute qu'elle en a cent mille milliards, et bien davantage ) face à des gens qui vous cataloguent, vous rangent dans une case. Vous aimeriez pouvoir faire bénéficier vos interlocuteurs à l'esprit vierge de tout choix, de toute expérience, de toute identité personnelle, de vos méditations et des conclusions que vous en tirez. Mais tout le monde est conjoint, parent ou aïeul, tout le monde a vécu ou vit.

Ignorez-vous donc que nous sommes TOUS, oui, TOUS, dans ce cas là? Et que le blog, moyen nouveau de tisser un rapport SOCIAL, et non INTIME, n'a de sens que si l'on renonce à l'ambition d'y régner, ou d'y convaincre, ou d'y étonner?

Nous avons tous nos styles, nos qualités, nos perversions. L'intérêt qu'on trouve à mettre les gens dans des cases est nul, et c'est insulter ses semblables que de les réduire à la pratique de ce sport, quand bien même c'(est leur moyen d'entrer en contact.
Nous ne sommes pas là pour nous convaincre, ni bâtir un nouveau monde. Ni pour étaler ce que Wikipédia ne demande qu'à nous proposer, ni pour encarter dans un parti ou un autre.

Mis à part ceux qui croient connaître Dieu en manipulant des esprits à peine nés, pour les envoyer à la mort, et conquérir le monde grâce à ces exploits, nul ne vient ici pour dire: je suis à droite ou à gauche. Même s'il passe son temps à le montrer et se l'entendre dire.

Personnellement, j'y viens parce que, grand lecteur de Vigny autant que de Pascal, je ne crois qu'aux bouteilles qu'on jette à la mer. Un jour, peut-être, quelques mots trouveront un peu de silence dans le ressac alentour, et diront un dérisoire quelque chose. Sans doute jamais. Mais mettre un message à la mer ou pisser dans un violon, faut pas trop se prendre pour Bossuet ou Mozart. Encore moins pour un critique musical.


Écrit par : mirage | 05 octobre 2014




Voici des extraits d'un texte que je ne publierai pas. Ne vous étonnez donc pas que je vous parle à la troisième personne :

1. -"Quand on prend le risque de marteler à longueur de temps ce qu'il faut faire, dire, penser, sans jamais retenir soi-même la moindre leçon de ce qui vous est rétorqué, peut-on s'étonner si « vous risquez d'être taxé - ouvertement ou plus sournoisement - de prétentieux, de "professoral" » ?"

J'ai du mal avec ce passage pour plusieurs raisons. Je n'ai pas l'impression de passer mon temps à donner des conseils à des personnes adultes et vaccinées, et surtout pas à leur imposer une quelconque pensée. Voilà pourquoi j'ai l'impression tenace que ce passage en révèle davantage sur celui qui l'a écrit que sur son destinataire. - J'ai également du mal avec ce passage à cause du « sans jamais retenir soi-même la moindre leçon de ce qui vous est rétorqué » : vu les usages en vigueur sur notre plate-forme, plus personne ne se risque vraiment à venir « rétorquer » dans « l'autre camp » - réel ou fantasmé - à l'exception peut-être de ce blogueur et de quelques sympathiques kamikazes. Du coup, je ne vois malheureusement pas – et je le déplore – de quelle leçon il pourrait bien s'agir ici. Sans doute de celle de mon contradicteur lui-même. Alors je lui ferais remarquer – « sans solution de continuité » - que, si vraiment il s'agit d'une leçon, sa pédagogie me paraît tout de même un peu rouillée. Et pour m'entendre « marteler à longueur de temps », il faudrait encore qu'il soit un habitué de mes balivernes : si c'était le cas, et devant une telle constance dans le rejet, je me demande en effet pourquoi il perd son temps précieux avec moi. - Enfin, pour le fameux « prétentieux, professoral » etc., je reconnais volontiers que je n'aurais pas dû faire figurer ces qualificatifs – dont, du reste, le choix ne m'a jamais paru très judicieux - dans la rubrique des doléances personnelles car il s'agit bien ici de « rigueur intellectuelle », que ce blogueur ne semble d'ailleurs pas très enclin à me concéder. Ici, la caricature du « professeur » - ou du «  maître » - qui dispense ex cathedra un peu de savoir à des esprits présumés vierges, ou peut.être même considérés comme arriérés, vient occulter – non seulement dans ce cas précis mais un peu partout – le véritable problème : car, depuis de nombreuses années maintenant, on constate - et cela se murmure jusque dans les plus hautes sphères - un prodigieux nivellement vers le bas, l'oubli des plus simples règles de la citation correcte et de l'honnêteté intellectuelle, le rejet ou l'ignorance de nouvelles directions dans la pensée contemporaine, qui n'est pratiquement pas représentée dans les médias de masse actuels, si l'on excepte quelques « bons clients » sur lesquels je ne m’appesantirai pas. C'était le thème d'une note précédente.

2. - "Vous vous plaignez de chercher à entrevoir les mille facettes d'une réalité ( oubliant sans doute qu'elle en a cent mille milliards, et bien davantage ) face à des gens qui vous cataloguent, vous rangent dans une case. Vous aimeriez pouvoir faire bénéficier vos interlocuteurs à l'esprit vierge de tout choix, de toute expérience, de toute identité personnelle, de vos méditations et des conclusions que vous en tirez. Mais tout le monde est conjoint, parent ou aïeul, tout le monde a vécu ou vit. - Ignorez-vous donc que nous sommes TOUS, oui, TOUS, dans ce cas là? Et que le blog, moyen nouveau de tisser un rapport SOCIAL, et non INTIME, n'a de sens que si l'on renonce à l'ambition d'y régner, ou d'y convaincre, ou d'y étonner?"

Je ne me plains pas. Jamais. Mais c'était sans doute une simple « façon de parler ». Et je ne crois pas non plus que les gens me cataloguent tant que ça. En fait je ne parlais pas de mon cas personnel, mais d'un phénomène général qui était d'ailleurs le point principal de mon commentaire chez la voisine : le fait de caricaturer – de « mettre en boîte » - la pensée de l'autre pour faire ressortir le subtil bien-fondé de la sienne propre, sans se rendre compte qu'on devient soi-même une caricature en opérant cette – oh shocking! - « réduction de complexité », qui ne concernait donc pas – dans ce contexte en tout cas – « les mille facettes d'une réalité »... - Quant à la deuxième partie du propos : pour peu que l'on s'intéresse un peu aux autres, on devrait savoir que l' « esprit vierge » n'est qu'un fantasme à la Pygmalion (pour rester poli). Et l'intention de paideia que ce blogueur me prête avec sa maestria habituelle se conjugue bien mal avec la capacité que je prête à mes lecteurs de penser par eux-mêmes, n'ayant du reste aucune idéologie à refourguer et ne croyant plus depuis longtemps à la propriété privée des idées. Or, une réponse emphatique en forme de question rhétorique vient régler le compte de cette obsession de l'esprit vierge apparue par la sainte magie du verbe : « Ignorez-vous donc que nous sommes TOUS, oui, TOUS, dans ce cas là  », à savoir que « tout le monde est conjoint, parent ou aïeul, tout le monde a vécu ou vit. » Totalité irréfutable qui, si elle n'engendre pas un sentiment carabiné de persécution, ne peut que laisser sans voix. - Dernier point, qui mériterait une véritable discussion, c'est le «  rapport SOCIAL, et non INTIME » qui se tisserait grâce à ce nouveau medium qu'est le blog. Or, si je suis le raisonnement, on ne peut donner du sens aux social media qu'en renonçant à y dominer : mais où donc ? sur son propre blog ? sur une « blogosphère » comme celle-ci ? ou sur Internet en général comme le font Google et Facebook  par exemple ? - Il faudrait ipso facto se plier à un sens général plutôt vague, dominé par la publicité et l'autopromo, ou encore à ce nouveau « sens commun » si bien partagé entre likes et hates. Pas de singularisation donc, qui pouvait naguère être considérée comme le sens propre de l'existence : condamnée à la « privatisation », elle ne trouverait à s'exprimer que dans l'intime. Ceci dit, le simple énoncé d'un principe général comme celui-ci exprime déjà une certaine volonté d'occuper le terrain sur notre petite scène. Et pour qui connaît un peu les productions de mon contradicteur, il est également difficile de croire qu'il ne veuille ni convaincre ni étonner. Mais il serait loin d'être le seul à ne pas s'astreindre aux règles qu'il édicte.


Écrit par : sk | 08 octobre 2014



Bonjour SK, votre post est intéressant et bien des choses y sont bien vues. Quelques commentaires suivent, eux aussi avec leur part de bon sens autant que de parti (malgré tout) pris.


Écrit par : BL | 05 octobre 2014



Bonjour SK,

Je découvre votre intéressante note ce matin seulement.
Il y a depuis que vous vous investissez sur cette (terrible !) blogosphère, deux "choses" (deux thèmes) qui m'interpellent positivement dans vos interventions (ici ou chez d'autres - je n'oublie surtout pas chez notre regrettée Aquatinte) : 1) la pensée des "choses mêmes" est affaire collective ; 2) la pensée est affaire de vivants, c'est-à-dire des être de chair et de sang plus ou moins déterminés, et qui donc évolue(nt) - autant la pensée des choses que les vivants qui tentent de les penser) -, et doit pouvoir revendiquer une telle nécessité strictement vitale pour son élaboration lente et difficile, car c'est son poumon.
Cela suppose le droit à l'erreur d'appréciation, cela suppose aussi le droit au brouillonnement.

L'écriture me passionne. Mais l'écriture même nourrit aussi des liens intimes avec la question de la mort. Pas uniquement la mort littérale mais avec son instinct, mortifère et meurtrier, ou, mais ce n'est qu'une variante, la logique infernale du ressentiment. La vie doit bénéficier d'une sorte d'oubli pour se régénérer (la question du don et du pardon n'est pas très loin), mais l'écriture archive, entretient la mémoire, et la mémoire est à la fois, elle aussi comme l'oubli, à la fois vitale et fatale. Au-delà du factuel, je pense que la récente affaire du "droit à l'oubli" sur Google, relève de tout cela.

Il va sans dire que je viens de brouillonner...

P.S. J'espère que c'est vous qui avez raison contre moi, ici quand vous écrivez : "Il ne faudrait pas surestimer notre plate-forme. Je ne pense pas qu'elle soit le reflet de l'opinion publique qui me paraît de plus en plus le résultat d'une manipulation savante sur laquelle je ne m'étendrai pas, mais dont nous sommes tous les victimes, à des degrés divers." (Oui, mais, quand je lis la seconde partie de votre phrase...)


Écrit par : plumeplume | 06 octobre 2014





Salut plumeplume, cette formule me vient en fait de Husserl et son "retour aux choses mêmes" (zurück zu den Sachen selbst), une sorte de "Neue Sachlichkeit" en philosophie (intraduisible tel quel, "Nouvelle Objectivité" en français). Mathématicien de formation (élève de Weierstrass), puis auditeur chez Franz Brentano à Vienne (en même temps que Freud !), il entendait débarrasser la discipline de son armure rhétorique-terminologique (héritée notamment de la 2e moitié du XIXe) qui l'éloignait, pensait-il, de "ce qui est le cas" (un peu plus tard, Wittgenstein écrira, laconique : "Le monde est tout ce qui est le cas").

Mais je dirais plutôt que la pensée tout court - celle qui s'exprime à travers l'histoire des idées - est une affaire collective : aucun philosophe n'a pensé seul pour autant qu'il ait fait l'objet d'une "réception" plus ou moins importante (avant tout par ses pairs), et pour autant qu'il ait perçu lui-même quelque chose d'essentiel dans son époque ou dans l'histoire de la pensée.

Le "retour aux choses mêmes" est une voie parmi d'autres... peut-être l'époque présente nous dit qu'elle n'est plus praticable. Dans ce cas il faudrait peut-être mettre la formule au futur : "l'avancée vers l'essentiel".

Pour ce qui est de la "pensée vivante", je ne crois pas que nous soyons au bon endroit ici : il faudrait en effet pouvoir se contredire, reconnaître ses erreurs sans que l'on vous vilipende pour ça, et surtout évoluer : Socrate n'a jamais écrit une seule ligne...

À bientôt !


Écrit par : sk | 08 octobre 2014




Salut sk,

Votre billet soulève bien des questions, bien davantage que la bien-pensance ou plutôt l'utilisation de ce terme devenu expression dénigrante, en fait qui l'a toujours été même si elle désigne aujourd'hui les héritiers de ceux qui l'ont sans doute créée pour caricaturer les tenants de la pensée dominante d'alors.

Donc avant d'en venir à la bien-pensance quelques mots sur d'autres éléments du billet.
Je ne sais pas si certains ou certaines ici écrivent pour convaincre. Si c'est le cas je les plains volontiers de ne pas pouvoir trouver de couvre-chef à la taille de leur grosse tête. Pour ma part si quelquse uns de mes billets, disons un peu sérieux, beaucoup n'étant que des manifestations de mauvaise humeur, pouvaient semer le doute dans certains esprits (fissurer le mur des certitudes attachées à la bien-pensance oserai-je dire!), j'en serais déjà satisfait. Mais je ne me fais guère d'illusions. Car vous avez raison, ici on débat fort peu, on approuve ou on rejette souvent de façon, comment dire, allons-y pour abrupte. Abrupt c'est quand par exemple, le monde est divisé par vos détracteurs entre les bien-pensants et les fachos, ou encore quand on vous signifie que vous n'avez rien à faire sur la plateforme d'un journal qui diffuse des opinions qui sont contraires aux vôtres. Ce deux traits montrent à l'évidence que pour certains ou certaines, c'est la communauté d'idées qui devrait être à la base d'une plateforme de blogs et que donc il n'y a aucun espoir de voir s'établir des échanges dignes de ce nom. C'est un peu dommage puisque l'entre-soi n'est sans doute pas la meilleure manière de faire fonctionner son cerveau. Mais après tout si certains ou certaines préfèrent la sclérose de l'esprit à l'échange d'idées, il faut faire avec. Ce sont eux qui fixent les règles finalement, pas les autres.

Mais revenons-en à la bien-pensance.
C'est sans doute un terme réducteur mais qui finalement me semble bien caractériser une position par rapport à un modèle dominant, de pensée, d'attitude, de mœurs…Il fut un temps pas si lointain où c'est le "bourgeois" attaché à un certain mode de vie, à certains conservatismes dont l'ordre, la famille, le travail,…, constituaient les piliers. Pour faire court, c'est ce modèle qui devait ou aurait dû être celui auquel devait aspirer un maximum de monde. Et puis ce modèle a été attaqué, notamment en mai 68, et finalement avec les années a fait place à une nouveau modèle de référence dit progressiste, j'y reviendrai peut-être, avec d'autres normes comme la tolérance à l'autre, l'accueil, le relativisme, la libération de mœurs, etc. Un modèle dominant a chassé l'autre et donc la bien-pensance a changé désormais de camp. De fait ceux qui sont qualifiés de bien-pensants devraient être satisfaits puisqu'il s'agit là finalement d'une consécration, de la reconnaissance du fait que leur modèle est devenu la référence. Le modèle est véhiculé par les médias, les politiques, même ceux qualifiés de conservateurs, l'ont adopté. Je vous donne un exemple. J'ai écouté la confrontation entre Juppé et la benjamine Le Pen dan l'émission de France 2 la semaine dernière. Et là on voit l'ancien secrétaire général du RPR à l'époque où ce parti déclarait que l'islam était incompatible avec notre démocratie se poser en défenseur de l'identité culturelle des immigrés, donc en gros 20 ans plus tard. Voyez le chemin parcouru et au passage le désarroi de gens qui sont restés à droite. Du coup il ne reste plus que les fachos, du moins c'est ainsi qu'on les nomme, et ces masses populaires pas assez éduquées pour être conscientes d'où se situent leurs intérêts pour oser combattre ce modèle.
En fait ce qu'on appelle la bien-pensance, c'est un truc qui enferme, qui empêche au moins symboliquement d'exprimer certaines opinions, qui oblige à infléchir ses convictions si on veut "réussir" (quoique l'opposition au modèle puise être à terme payante). La bien-pensance ce n'est pas l'opinion majoritaire (elle ne l'était pas davantage avec l'ancienne bien-pensance), c'est l'opinion dominante. Et là il y a nuance. Une nuance de poids d'ailleurs puisqu'elle signifie qu'à terme, quand les gens sortiront d'un certain mutisme imposé, ce modèle dominant sera remplacé par un autre. Et c'est cette transition que nous vivons actuellement. C'est déjà observable, hélas, dans les urnes. Je dis hélas parce que, et là je pense à la droite, il n'y a pas d'alternative sérieuse au FN qui dispose du monopole de parler des choses dont les autres refusent de parler sauf à l'évoquer pour en dire des contrevérités souvent, et pour évacuer ce qui pourrait porter de l'ombre à leur modèle. Mais les gens vivent la réalité et comprennent bien que ce discours n'est plus recevable…. Et donc se tournent vers ceux qui parlent de réalité sans pour autant s'attacher aux solutions préconisées.

Je vais tenter d'illustrer mon propos à partir justement de ce qui a provoqué votre billet.
La bien-pensance, c'est quand on appelle l'EIIL le daech parce qu'un i de la première anagramme correspond à islam. Dans la seconde c'est pareil mais comme c'est en arabe ça ne s'entend ni se lit. La bien-pensance c'est quand le ministre de l'intérieur et accessoirement des cultes déclare que ce que fait donc le daech n'a rien à voir avec l'islam. Quelle est donc sa compétence pour affirmer cela? Pour le croire, je veux pouvoir juger sur pièces et donc qu'on puisse au moins en débattre. Mais le débat est interdit car à priori stigmatisant. On peut être tenté de croitre que si c'est le cas, si c'est stigmatisant, on a au moins peur de la conclusion du débat, et même qu'on la connait. En fait cette évacuation d'un problème qui nous intéresse quand même, et pas juste pour je ne sais quel intellectualisme, ne fait que semer encore davantage de doutes et conforter dans leurs convictions ceux qui se méfient de l'islam.
Voilà ce qu'est la bien-pensance. Une injonction à ne pas débattre, à ne pas réfléchir, à éviter certains sujets, à admettre comme si c'était des faits ce qui n'est que des idées, fussent-elles généreuses. Mais par chance, malgré les pressions de média, des associations payées pour ça (elles ce sont les gendarmes de la bien-pensance), des politiques, ça fonctionne de moins en moins bien. Et par malheur le refus de sortir de ça, cette obstination à refuser d'observer la réalité, profite au pire.
La bien-pensance en cela n'est pas seulement un terme à connotation péjorative, c'est la désignation d'un danger.


Écrit par : Vlad | 06 octobre 2014



Salut Vlad ! - Il me semblait aussi que la cible de ce terme polémique avait complètement changé. Mais c'est quand même hallucinant : l'autre jour chez Ruquier ( http://www.youtube.com/watch?v=SV4IK7yC56Y ), Eric Zemmour vient défendre la thèse selon laquelle ce que nous vivons serait imputable aux intellectuels des années 1970 (« déconstruire les déconstructeurs », dit-il le plus sérieusement du monde). - D'une part, pour ceux qui aiment ce pays, la pensée incroyablement diverse et fertile, attaquée par ce polémiste, est respectée, commentée, enseignée dans le monde entier et devrait donc être un objet de fierté pour la France. Non, il faut absolument cracher dans la soupe et permettre à un pignouf de balayer une telle réussite collective du revers de la main, comme s'il s'agissait d'une vulgaire propagande politique. - D'autre part, je crois que les raisons de la crise actuelle – mondiale – doivent être cherchées ailleurs que dans les productions – géniales ou pas – d'une vingtaine d'intellectuels que peu de gens ont effectivement lus. À l'Éducation Nationale, on peut entendre, lorsqu'il est question du chahut incessant et du manque de respect des élèves : tout ça c'est la faute à 68. Et les gamins qui ont perdu tout repère dans une société basée sur la désorientation, rongée par le chômage, le déclin de la famille, où les parents divorcent pour un oui ou un non, où les anciens sont parqués dans les maisons de retraite : c'est la faute à 68 ! - Je respecte tout à fait vos opinions, Vlad, et je ne dis pas ça pour vous, mais à un moment il faudrait peut-être arrêter de se voiler la face (sans mauvais jeux de mots) : la famille occidentale (« bourgeoise ») décline depuis longtemps, je crois même – mais je peux me tromper – que, quoi que l'on puisse penser de lui par ailleurs, Freud a été l'un des premiers à diagnostiquer que quelque chose ne « tournait plus rond » ; l'absence de respect pour les parents, les « maîtres », l'ancienne génération vient aussi – et je dirais : surtout – de l'absence de perspectives tout à fait matérielles dont la jeunesse nous rend responsables. Quant au « spirituel », l'industrie du divertissement, les techno-jouets, Internet ont depuis longtemps pris le relais. Autour de mai 68, le "divertissement" c'était la Nouvelle Vague, le cinéma italien de Fellini ou Pasolini, Fassbinder en Allemagne ; et les gens lisaient Kerouac ou Carlos Castaneda, ce genre de choses ; écoutaient le "rock progressif" de King Crimson, Magma, Gong ou les chansons de Brassens, Brel, Ferré, allaient beaucoup au concert, au théâtre, souvent ce n'était pas cher. Croyez bien que ce temps-là a vécu ! - Pour finir, je crois que nous pourrions tomber d'accord sur un point : un vieil historien – vous savez le genre qui passe sa vie à rechercher des détails en compulsant des sources que personne ne lit jamais – m'a dit – je devrais dire : m'a appris – qu'il ne faut pas porter de jugement moral sur les événements historiques, il faut rapporter les faits et les analyser. Dans cette perspective, Mai 68, la Commune de Paris, le Front Populaire, la Déclaration Universelle font autant partie de l'Histoire de France que la Révolution de 1789, Louis XIV, le colonialisme ou les deux Napoléon. - Voilà, Vlad, toujours sous le coup de l'urgence (traduction), je ne vous ai répondu que sur un seul point, un peu « à la bonne franquette », ne m'en tenez pas rigueur.


Écrit par : sk | 08 octobre 2014




Salut à tous ! - Devant vos contributions si variées et polyphoniques, je suis un peu confus : coincé entre des obligations domestiques et une traduction urgente, je n'ai guère le loisir de prendre une part active à la discussion. - Pour le moment, je ne peux donc que vous remercier sincèrement de venir ici pour exposer des approches et des aspects du problème si divers qu'ils ne peuvent que montrer les limites, les lacunes de ma propre contribution. Et confirmer que la pensée est une affaire collective...


Écrit par : sk | 06 octobre 2014




Bonjour SK

" la pensée des "choses mêmes" est affaire collective "

Je pense à un propos de Pascal Quignard tenu récemment alors qu'il était interrogé à propos de son dernier livre où il dit sa méfiance envers le dialogue (qui porte en soi l'idée de contradiction de l'autre).

Je m'exprimerais autrement et préférerais l’expression "parler à deux", voire à plusieurs. On ne peut pas vraiment penser tout seul. Parler à deux des choses mêmes, c'est plutôt se relayer, questionner ce qui vient d'être dit avec ce que cela suppose d'approfondissement et d'explicitation et avancer vers ce qu'on n'avait peut-être pas encore pensé (ne l'avait-on pas pensé parce que c'était impensable ou était-ce impensable parce que pas encore pensé ?).

Aux expressions que vous avez relevées, je voudrais ajouter la suivante, qui fait actuellement fureur sur les blogs : “le déni de réalité” qui peut se décliner de plusieurs manières, par exemple : “les aveugles qui ne veulent pas voir”. Cela s’accompagne souvent d’un appel poujadiste à “l’évidence” ou encore un appel tout aussi poujadiste au “bon sens”, voir à l’évidence du bon sens.
Puisque l’évidence est par définition évidente, pourquoi continuer à discuter ? D’autant plus que le seul bon sens devrait suffire à saisir la compexité (?) de ce qui nous est évident.

Parvenir à faire son deuil du pouvoir totalisant (donc totalitaire) d’un discours sur le réel, sur les “choses mêmes”, alors que nous ne pouvons qu’en parler.

Parler à deux ou à plusieurs.


Écrit par : Benoît | 06 octobre 2014





Oui, Benoît, c'est plus juste ce "parler à deux, voire à plusieurs".
J'aime infiniment ce petit dialogue signé Maurice Blanchot, et ta remarque m'y ramène :

"- Je le sais. Il faut que nous soyons deux.
- Mais pourquoi deux ? Pourquoi deux paroles pour dire une même chose ?
- C'est que celui qui la dit, c'est toujours l'autre."


Écrit par : plumeplume | 07 octobre 2014




Salut Benoît ! - Je crois qu'une idée doit faire son chemin, elle n'est pas liée à la personne qui, peut-être, l'écrit pour la première fois : elle n'existe que parce que d'autres l'ont précédée et parce qu'elle est prolongée par d'autres. C'est ce que je voulais dire avec ce mot de "collectif". - Les choses mêmes, ce sont pour Husserl les phénomènes tels qu'ils apparaissent. Je ne sais pas - vous soulevez un point intéressant - s'il faut les assimiler à ce qui s'appelle le "réel". Husserl entendait pratiquer l'EPOKHÈ (suspension de jugement) comme mise hors circuit de toute position apriorique d'une "réalité". Il pensait pouvoir étudier les phénomènes tels qu'ils apparaissent à la conscience, définie comme intentionnelle. Les "choses mêmes" se comprendraient alors plutôt comme un retour aux sources de la pensée. - Mais ce n'est pas parce que je cite cette référence que l'on ne peut pas, comme vous le faites, parler d'un "retour vers le réel" qui est tout de même autre (!) qu'une réalité, concept qui me pose toujours un peu problème, déformation husserlienne sans doute...

Votre évocation du totalitarisme dans ce contexte me fait penser à ce que dit Godard dans une vidéo récente adressée au directeur du festival de Cannes pour expliquer sa non-venue, je l'avais déjà mise en ligne ici > http://www.festival-cannes.fr/fr/mediaPlayer/14236.html

PS. - Dans certaines réponses faites ici, je me perds un peu en citations de références : je me rends compte à présent que cela ne clarifie en rien les choses ou les problèmes posés, et d'ailleurs j'évite ce procédé au possible dans mes notes, où je m'astreins à n'utiliser des noms propres que si cela me paraît inévitable. En même temps, l'absence de sources ne permet pas au lecteur de prolonger de son côté et de vérifier ce qui est affirmé. Je n'ai pas trouvé pour l'instant de solution à ce dilemme qui a trait à la différence entre un travail universitaire et un essai libre.

PS 2. - Je viens de lire votre post en off et j'étais déjà allé voir votre nouveau blog : je serai certainement un de vos lecteurs assidus !


Écrit par : sk | 08 octobre 2014



SK,

Votre commentaire sur les "choses mêmes" me pousse un peu plus à mettre en ligne sur mon blog un texte vieux de deux ans mais que je dois retravailler sur quatre vers de Lucrèce : le temps en soit n'existe pas mais c'est des choses elles-mêmes ( ipsis ab rebus - la place du mot ipsis est importante) que nous vient la perception du passé, du présent etc..".
J'reeairerai de la mettre en ligne d'ici la fin de la semaine.
Mais pour le moment je reprends une discussion anormalement sereine sur un blog mais qui a malheureusement été interrompue. http://laveriteestenmarge.blogs.nouvelobs.com/


Écrit par : Benoît | 09 octobre 2014





Et ceux qui trouvent des vertus dans la première bien-pensance (d'avant 68) et des vertus dans la
nouvelle bien-pensance (la progressiste, la relativiste issue de 68), qu'est ce qu'on en fait ? on leur
demande de choisir leur camp de façon manichéenne ?..on les déclare comme indécis ou inconsistants
et juste bons pour l'orphelinat idéologique ? guerre picrocholine !! nous sommes tous des braves gens !
(les premiers bien-pensants désignent volontiers des responsables et les deuxièmes bien-pensants désignent comme responsables ceux qui désignent d'autres comme responsables !) Etonnant non ?

http://youtu.be/0LqZUl8Cqdk

hub


Écrit par : hubert41 | 06 octobre 2014


sk bonsoir, je vous prends en flag de bien pensance, il est en effet de mise de traiter Z de pignouf et de polémiste avant que de le lire de l'écouter et d'espérer comprendre ce qu'il dit et de pouvoir argumenter son désaccord et de se taire ou même d'abonder quand on le fait grimper dans la "charrette"

continuez à ne pas me répondre, j'aime bien, c'est aussi un signe de bien pensance


Écrit par : PARKER | 08 octobre 2014 |



Salut PARKER ! - J'espère que cette réponse ne paraîtra pas avant votre commentaire que j'ai pu lire en off. - Comme je le dis plus haut, je suis un peu pris ces temps-ci mais j'essaye de répondre au fur à mesure... Pour le renard, il existe vraiment et pas farouche la bête ! - Ma petite "pignouferie" n'est pas une allusion directe au débat actuel auquel j'évite pour l'instant et sans doute pour longtemps de prendre part, mais plutôt (le sujet aurait mérité une meilleure plume) l'exclusion par les hommes en général de la vie sauvage etc. etc. Mais je veux bien reconnaître que etc. etc.

Pour Z vous dites que j'aurais dû faire mon Bernardo ? - Je ne me base que sur sa performance chez R (lien ci-dessus) où il cite je crois Deleuze > http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/ - d'une façon à mes oreilles particulièrement méprisante. Et puisqu'il semble faire allusion à Derrida avec la "déconstruction" : c'est ce que les amateurs de raccourcis ont retenu de ce penseur et qui ne rend aucunement justice à son travail (ce n'est même pas de lui, mais de Heidegger, qui était plutôt nationaliste, je crois)...

À bientôt ?


Écrit par : sk | 08 octobre 2014



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