lundi 20 avril 2015

La montagne ou la mer ?

Si j'étais un éditorialiste professionnel, je commencerais mon papier comme ceci : « Certains voyagent en avion, d'autres en bateau... »

Je reviendrais sur l'accident de l'A320 et la folie criminelle du co-pilote. J'insisterais sur le tapage médiatique ad nauseam qui a tout balayé sur son passage, la compassion presque obscène de millions de voyeurs pour ces victimes innocentes et inconnues qui ont trouvé la mort dans le massif de l’Estrop, le tourisme morbide de trois chefs d'État qui n'avaient visiblement rien de mieux à faire que de s'offrir une séance de pose sur les lieux du drame devant les caméras du monde entier...

Puis, après avoir bien montré la surenchère d'images et de discours, j'en viendrais à la noyade d'au moins sept cents personnes en Méditerranée dans la nuit du 18 au 19 avril 2015 entre la côte libyenne et l'île de Lampedusa  : pas de chefs d'État, pas de caméras, pas de boîte noire, mais 200 femmes et 40 ou 50 enfants à bord...

Il faut que les hommes soient désespérés pour s'embarquer avec femmes et enfants sur de méchants rafiots. Pour se saigner aux quatre veines afin de trouver les sommes prodigieuses réclamés par des passeurs mafieux, sans même savoir s'ils atteindront un jour les côtes européennes, cet illusoire objet de tous leurs désirs. Pour se faire ainsi mener en bateau...

Mais je ne suis qu'un scribouillard des blogs de l'Obs, incapable de mener une telle comparaison à bon port, exposé aux commentaires de certains de mes honorables collègues que j'imagine déjà (même si par cet acte d'anticipation j'y échapperai peut-être) : trop d'immigration, humanisme mal placé, pleureuse gauchiste ...

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