samedi 29 décembre 2012
[Brève] Le feuilleton Steinbrück
vendredi 14 décembre 2012
[Aparté] Trève des confiseurs
En Allemagne - paradis de la consommation - Noël, c'est ce qu'il y a de plus sacro-saint, de plus intouchable: partout, des arbres de Noël, des pères Noël, des décorations de Noël, des marchés de Noël et surtout des cadeaux de Noël dans les vitrines pleines à craquer : objets plus ou moins inutiles, pacotille ou high tech, chocolats, gâteaux, jouets... jouez !
Dans cette ambiance festive, on discute d'une nouvelle interdiction du NPD ("Nationaldemokratische Partei Deutschlands"), la précédente ayant échoué en 2003. Fondé en 1964, ce parti défend, comme le Front National en France, les valeurs d'extrême-droite, et il est actuellement présent dans les parlements régionaux des Länder du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale et de la Saxe, où il a franchi la barre des 5%, indispensable pour accéder au Landtag.
Selon le Wikipedia allemand (je traduis) : "Le 5 décembre 2012 les ministres de l'Intérieur des Länder se sont prononcé à l'unanimité pour une nouvelle procédure d'interdiction lors d'une rencontre à Rostock-Warnemünde. Un jour plus tard, la conférence des ministres-présidents [à savoir les chefs des Länder, n-d-t] ont suivi, également à l'unanimité, le vote des ministres de l'Intérieur. Le gouvernement fédéral a annoncé qu'il déciderait dans le courant du premier trimestre 2013 s'il allait demander, en accord avec les Länder, une interdiction du NPD, parti d'extrême droite. - Ce projet d'une procédure d'interdiction est en relation avec l'éclaircissement des assassinats perpétrés par l'Untergrund national-socialiste (NSU) [neuf assassinats de personnes d'origine étrangère - huit Turcs et un Grec - entre 2000 et 2006, un attentat à la bombe en 2004, et le meurtre d'une policière en 2007, n-d-t]. Les liens entre le NSU et le NPD ont été débattus dans l'espace public et sont souvent vus comme motif pour entamer une nouvelle procédure d'interdiction du NPD."
Et ce 14 décembre 2012, à Berlin, le parlement des Länder - le Bundesrat - décide avec une majorité significative de demander l'interdiction du NPD auprès du Tribunal constitutionnel d'Allemagne...
Cependant, le titre et le chapeau d'un article de l'hebdomadaire Die Zeit relativisent cette annonce (je traduis) : "Une goutte [d'eau] sur la pierre brune [brûlante]. - Une motion d'interdiction - et vlan, adieu le NPD ? Ce n'est pas si simple. Les néonazis ne siègent pas seulement dans les parlements régionaux et les conseils municipaux, mais comme citoyens dans les associations de parents d'élèves et les bistrots. Le travail pour la culture démocratique a besoin d'un bras plus long que celui qui va jusqu'à Karlsruhe [sc.: le siège du Tribunal constitutionnel fédéral, n-d-t]. La motion d'interdiction ne peut venir qu'en complément."
dimanche 9 décembre 2012
Monsieur 93,5 Pourcent
Photo DPA @ Tagesspiegel
Voilà qui a dû inspirer ce titre de l'hebdomadaire Die Zeit : Enfin un véritable social-démocrate - où l'allusion à Gerhard Schröder, grand détricoteur de l'Etat social, n'est que trop évidente...
Et le rédacteur de conclure son compte-rendu de ce congrès dominical qui culmine dans le couronnement du champion : "A quatre heures de l'après-midi tout est fini, des visages satisfaits partout. Le SPD et le candidat se sont convaincus eux-mêmes, alors que ces derniers mois rien n'était moins sûr. A présent, il [ne] manque [que] le reste du pays."
vendredi 7 décembre 2012
Madame 98 Pourcent
Cependant, Angela Merkel a un sacré avantage : elle est populaire, sans doute bien davantage que son challenger Peer Steinbrück (SPD) qui continue de traîner sa casserole de conférencier superbement rémunéré. Et si, au pays du "champion du monde de l'export", le travailleur allemand a tout de même du mal à joindre les deux bouts, il le doit en grande partie à la dérégulation du marché du travail, parachevé entre autres par le social-démocrate Gerhard Schröder qui, à l'image de son collègue britannique Tony Blair, n'a pas vraiment mené la politique sociale que l'on attend traditionnellement de la gauche...
Ainsi, les frontières s'effacent, les fronts molissent et, pendant ce temps, le marché et la finance continuent de régenter un monde soi-disant globalisé, tandis que ce qu'il est convenu d'appeler "la démocratie" semble de plus en plus vouée à n'être qu'une agitation de façade ou, au choix, une idéologie pour tromper les gens sur la réalité du pouvoir...
@wikipedia
Institut | Date | CDU/CSU | SPD | B'90/Verts | FDP | LINKE | PIRATEN | Divers |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Emnid | 02.12.2012 | 38 % | 28 % | 14 % | 4 % | 8 % | 4 % | 4 % |
twittprognosis | 28.11.2012 | 35 % | 28,5 % | 11,5 % | 5 % | 9 % | 6,5 % | 4,5 % |
FG Wahlen | 28.11.2012 | 38 % | 29 % | 15 % | 4 % | 7 % | 4 % | 4 % |
Forsa | 28.11.2012 | 37 % | 26 % | 16 % | 4 % | 8 % | 4 % | 5 % |
Emnid | 25.11.2012 | 38 % | 29 % | 15 % | 4 % | 7 % | 4 % | 3 % |
Infratest | 23.11.2012 | 39 % | 29 % | 15 % | 4 % | 6 % | 4 % | 3 % |
GMS | 22.11.2012 | 37 % | 26 % | 16 % | 4 % | 8 % | 4 % | 5 % |
Forsa | 21.11.2012 | 36 % | 26 % | 16 % | 4 % | 8 % | 5 % | 5 % |
Allensbach | 21.11.2012 | 37,5 % | 31,0 % | 12,5 % | 4,0 % | 6,5 % | 4,0 % | 4,5 % |
Emnid | 18.11.2012 | 39 % | 28 % | 13 % | 4 % | 7 % | 5 % | 4 % |
FG Wahlen | 16.11.2012 | 39 % | 30 % | 13 % | 4 % | 6 % | 4 % | 4 % |
lundi 26 novembre 2012
Les Pirates coulent...
Eh oui, en Allemagne, il y a le Parti des Pirates. Et son aventure politique n'avait pas si mal commencé, au grand dam des partis de gauche - Les Verts, le SPD, Die Linke - qui se voyaient dépouillés d'un certain nombre de suffrages et de sympathisants. Lors des élections législatives locales de 2011 à Berlin par exemple, les Pirates réunirent 8,9% des voix, ce qui est considérable. Au dépens des sociaux-démocrates et de l'extrême-gauche, comme tout semble l'indiquer, sabordant du même coup la coalition rose-rouge (SPD-Die Linke) qui avait gouverné la ville lors de la législature précédente (2006-2011). Les élections régionales de 2012 confirmèrent ce résultat surprenant : 7,8% en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, 7,4% dans la Sarre et 8,2% dans le Schleswig-Holstein.
(photo @ wikipédia)
samedi 10 novembre 2012
Allez les Verts !
Pour comprendre, il faut considérer les trois phases du mouvement écologiste allemand Die Grünen / Bündnis 90, qu'évoque Christoph Schwennicke du Spiegel :
- D'abord la phase fondatrice de ce courant politique, alors considéré comme "alternatif", dans les années 1960/70, émergeant des révoltes étudiantes de 1966/67, baignant dans la scène pop et militante, "squattant" dans le quartier de Berlin-Kreuzberg en écoutant la musique de Ton Steine Scherben, le groupe enragé de Rio Reiser, dont Claudia Roth fut d'ailleurs un temps la productrice...
- Puis la phase "gouvernementale" avec l'ancien "soixante-huitard" Joschka Fischer aux Affaires Etrangères (1998-2005), sous le contrôle du chancelier Gerhard Schröder dans le cadre d'une coalition SPD / Les Verts...
- Et, selon le rédacteur de l'hebdomadaire allemand, la troisième phase a commencé ce week-end avec la transformation des Verts "gauchistes" en Verts "bourgeois"...
De facon plus générale, et notamment depuis l'élection de Winfried Kretschmann comme premier Ministre-Président écologiste (le 10 mai 2012, dans le land allemand de Bade-Wurttemberg), il est bien évident que les Verts visent à nouveau une alliance avec les sociaux-démocrates pour 2013. D'ailleurs, le SPD n'est-il pas lui aussi stigmatisé comme "parti bourgeois" par l'extrême-gauche (Die Linke) ?
vendredi 9 novembre 2012
Peer Steinbrück (SPD) vs. Angela Merkel (CDU)
Ministre fédéral des Finances de 2005 à 2009, Peer Steinbrück (au premier rang, 3e en partant de la gauche) participait, à côté de Christine Lagarde, à une réunion du U.S. Treasury Department à Washington le 11 avril 2008. On reconnaît également le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn (photo @ wikipédia)
mardi 9 octobre 2012
Sept chanceliers pour une chancelière (1949-2013)
Titulaire | Mandat | Parti | Note | ||
---|---|---|---|---|---|
Konrad Adenauer 1876-1967 | Du 15/09/1949 au 16/10/1963 | CDU | Père fondateur de la République fédérale et partisan d’une orientation conservatrice et pro-occidentale. | ||
Ludwig Erhard 1897-1977 | Du 16/10/1963 au 01/12/1966 | CDU | Artisan du « miracle économique allemand » avant ses trois années à la chancellerie. | ||
Kurt Georg Kiesinger 1904-1988 | Du 01/12/1966 au 21/10/1969 | CDU | À la tête de la première grande coalition de la République fédérale. | ||
Willy Brandt 1913-1992 | Du 21/10/1969 au 07/05/1974* | SPD | Premier chancelier social-démocrate depuis 1930, à la tête d’une coalition sociale-libérale. | ||
Helmut Schmidt 1918- | Du 16/05/1974* au 01/10/1982 | SPD | Successeur de Brandt à la tête de la coalition sociale-libérale jusqu’au retour à droite du FDP. | ||
Helmut Kohl 1930- | Du 01/10/1982 au 27/10/1998 | CDU | Plus long mandat depuis Bismarck, artisan de la Réunification en 1990. | ||
Gerhard Schröder 1944- | Du 27/10/1998 au 22/10/2005 | SPD | Premier baby-boomer à prendre la tête du gouvernement, marquant l’arrivée au pouvoir de la « génération de 68 » avec la coalition rouge-verte. | ||
Angela Merkel 1954- | 22/11/2005-28/10 2009 depuis le 28/10 2009 | CDU | Première femme et première personnalité de l’ancienne Allemagne de l’Est à cette fonction, à la tête d’une grande coalition de 2005 à 2009 puis d'une coalition CDU-CSU-FDP depuis 2009. | ||
* Intérim du vice-chancelier Walter Scheel (FDP) du 07/05/1974 au 16/05/1974 |
mardi 15 mai 2012
Safari humain
Quand j’ai entendu cette expression, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait de chasse à l'homme ! Puis j’ai vu l’émission. Chapeau :
Les îles Andaman abritent des tribus vieilles de 65 000 ans, restées à l’abri du reste du monde jusqu’à il y a une cinquantaine d’années. Aujourd’hui, les survivants des tribus Jarawas, Sentinelles, Grands Andamanais, sont censés être protégés par des réserves. – Mais bien que l’accès y soit interdit, des agences de voyage locales organisent des « safaris humains » et promettent aux touristes d’apercevoir des Jarawas. Récemment, une vidéo amateur a fait scandale dans le monde entier : on y voyait des Jarawas danser quasi nus à la demande d’un homme qui les filmait avec son téléphone portable. Corruption, guerre de territoire entre colons et tribus ancestrales, batailles politiques autour de ces peuples en voie de disparition, le sort des tribus primitives des Andaman est devenu un enjeu mondial et un sujet qui dérange…
mardi 8 mai 2012
Présidentielle 2012 : Le débriefing
Il semble que le président battu mette fin à sa carrière politique, comme c'est d'ailleurs la règle un peu partout dans le monde. Ainsi, l'ère Sarkozy montrera bien vite son vrai visage : celui d'un fantôme ou d'un mirage qui, par-delà quelques actions spectaculaires, aura accentué la division du pays et la déchéance de l’État social. Avec l'une, le Président sortant aura contribué à regonfler la baudruche frontiste et avec l'autre, il aura aidé à réaliser l'un des principaux objectifs du libéralisme globalisé.
Rétrospectivement, on peut dire que cette campagne présidentielle 2012 a été lancée à la mi-janvier 2011 avec le congrès de Tours où, succédant à son père, Marine Le Pen devient la nouvelle présidente du Front National. Les observateurs croient alors déceler une tendance à la "dédiabolisation" du parti d'extrême-droite, certains se laissant aller à dire que les frontistes deviennent "fréquentables".
Quelques jours plus tard, c'est au tour de Jean-Luc Mélenchon de se déclarer candidat pour le Front de Gauche. Ainsi, les affrontements commencent très tôt entre les deux extrêmes de l'échiquier politique français. Et il faut bien reconnaître que ces campagnes précoces ont été couronnées de succès. Dans ce contexte, un sondage Louis Harris Interactive publié début mars 2011 donne résolument dans le surréalisme : Marine Le Pen était alors créditée de 23% et Jean-Luc Mélenchon de 5%. Le nouveau Président de la République, qui s'était porté candidat aux primaires socialistes début avril 2011, n'y figurait pas encore : Martine Aubry était créditée de 21%, à égalité avec Nicolas Sarkozy, et Eva Joly pesait tout-de-même 7%.
Puis, le 18 mars 2011, un événement majeur allait détourner l'attention de la campagne française : Aux côtés des États-Unis et du Royaume Uni, la France intervenait en Libye. Deux mois plus tard, le grand favori de la Présidentielle allait sombrer au Sofitel de New York : le 14 mai 2011, le directeur social-démocrate du Fonds Monétaire International, Dominique Strauss-Kahn, se fit arrêter pour agression sexuelle.
Et, on l'aurait presque oublié : les 20 et 27 mars les électeurs furent appelés aux urnes pour des Cantonales partielles, où la gauche allait prendre l'avantage sur la droite.
Ensuite, les électeurs assistèrent à l'exercice désormais habituel des primaires : mi-juin Eva Joly remporta celles d'Europe Écologie Les Verts et, mi-octobre, François Hollande triompha au Parti Socialiste.
Or, entre-temps, une autre élection - indirecte - eut lieu : la Sénatoriale partielle du 25 septembre 2011 changea - pour la première fois sous le régime de la 5e République - le rapport de force au sein de la chambre haute du Parlement : 178 sièges pour la gauche contre 170 pour la droite. En conséquence, le socialiste Jean-Pierre Bel fut élu président du Sénat le 1er octobre.
On n'insistera jamais assez sur la faible médiatisation de ces élections réelles - cantonale et sénatoriale - au profit des estimations assénés à intervalles réguliers par les instituts de sondage qui, en consacrant ce qu'il faut appeler la "démocratie virtuelle", ont un effet rétroactif sur l'opinion publique avec les commentaires qui, sans cesse, les accompagnent, exerçant de fait une influence non négligeable sur le vote final des citoyens.
Début décembre 2011, c'est au tour du centriste François Bayrou d'officialiser sa candidature. Mais il faudra attendre la mi-février 2012 pour que le Président Sarkozy se déclare.
Un mois plus tard, on pouvait craindre le pire avec la médiatisation d'un fait divers qui réorienta le débat sur les sempiternels problèmes d'insécurité et d'immigration : le 19 mars 2012, après l'assassinat d'un militaire à Toulouse et de deux autres à Montauban, une attaque contre une école juive fut perpétrée par le même auteur à Toulouse, ce qui occasionna une étonnante suspension de la campagne présidentielle.
Et le 22 avril 2012, soit un mois exactement après le dénouement de l'affaire Merah, le verdict des urnes reflète la "droitisation" de la campagne avec 18,01% des suffrages exprimés pour le Front National auxquels il faut ajouter les 1,8% accordés à N. Dupont-Aignan, soit 19,81% pour l'extrême-droite. Le sortant recueille quant à lui 27,08% et le centriste Bayrou divise son résultat surprenant de 2007 par deux en n'obtenant que 9,11%. Au premier tour, l'ensemble des voix de gauche (PS, FG, EELV, NPA, LO) s'élève à quelque 44% des suffrages exprimés : tout le monde s'adonne alors aux calculs électoraux.
Désarçonné, le Président sortant met le cap à droite toute, tandis que la gauche se rassemble sans conditions autour de la candidature de François Hollande. Trois dates marquent l'entre-deux-tours :
- Le Premier Mai, où Nicolas Sarkozy organise une sorte de contre-manifestation à Paris (Trocadéro) au nom du "vrai travail" - une formule malheureuse qu'il retirera très vite - avec pour effet de s'attirer les foudres des syndicats ; et, lors du traditionnel rassemblement frontiste à l'Opéra, Marine Le Pen déclare qu'elle votera blanc.
- Le débat télévisé du 2 mai 2012 entre les deux finalistes : Le Président sortant mise son va-tout sur cet affrontement tant souhaité, mais il se montre incapable de faire la différence face à un adversaire combattif, sûr de lui et favori des sondages.
- Le coup de grâce de François Bayrou qui déclare le 3 mai qu'il votera Hollande au second tour.
lundi 7 mai 2012
[Note] La France se lève du pied gauche
On commence à parler de l'État social. Encore un petit effort, et on discutera de l'Europe sociale. Ce n'est pas un État-Providence, mais la matérialisation des acquis politiques, économiques et sociaux obtenus après bientôt deux siècles de luttes : suffrage universel, égalité homme-femme, sécurité sociale et retraite, éducation et formation pour tous, réglementation et droit du travail, assurance chômage et minima sociaux...
Ce n'est pas une exigence idéaliste d'appeler à la constitution d'une Europe sociale où salaires, taxes et impôts, assurances et assistances sociales seraient harmonisés. Non pas nivelés vers le bas, mais élaborés dans la perspective d'une existence décente à laquelle tous les Européens aspirent légitimement.
On y oppose l'endettement des pays européens au cours des dernières décennies. Or cette dette est le reflet de toutes les aides qui ont été apportées aux populations pour les préserver du pire : pour assurer une éducation aux enfants au lieu de les tuer au travail, comme ce fut encore le cas au 19e Siècle en Occident, comme c'est toujours le cas dans certains pays dits pauvres, à la merci des excès de la mondialisation libérale ; pour soigner les gens au lieu de les laisser mourir ; pour permettre aux anciens de se reposer après une vie de labeur ; pour aider la foule croissante des chômeurs, des sans domicile, de ceux qui, même dans nos pays dits riches, vivent en-dessous du seuil de pauvreté ; bref, pour assurer un service public convenable, équitable.
Il s'agirait de savoir si les financiers, les spéculateurs, les désertificateurs, les exploiteurs, les va-t-en-guerre n'ont pas, eux aussi, une dette à régler, qui s'annonce bien plus importante que celle de l’État social. Si la réponse est oui, il faudrait réfléchir aux moyens de faire payer ceux qui se distinguent par un autisme antisocial (pléonasme) et une inconscience croissante, résumés dans cette formule bien connue : Après moi, le déluge.
dimanche 6 mai 2012
Résultats de la Présidentielle 2012 en France
Et voici une première dépêche AFP (via Le Soir, 18h53, publiée ici à 20h précises, conformément à la législation française) :
Le socialiste François Hollande a été élu dimanche président de la République, recueillant entre 52 et 53,3% des suffrages au second tour de la présidentielle, d'après les estimations de quatre instituts de sondages. - Selon les instituts CSA, TNS Sofres et Ipsos, le candidat PS a obtenu 52% des voix contre 48% à son rival UMP, le président sortant Nicolas Sarkozy. Les estimations de Harris Interactive variaient entre 52,7 et 53,3% en faveur du candidat socialiste.Un peu après 19h, France 2 communique le chiffre de la participation : 79,90% prévu par Ipsos (82% pour CSA, selon Le Monde). Au second tour de la Présidentielle 2007, 83,97% des inscrits étaient allés voter. Selon le ministère de l'Intérieur, la participation était de 71,96% ce 6 mai 2012 à 17 heures (contre 70,59% le 22 avril à la même heure).
A 19h34, le Live du Monde ne laisse plus beaucoup de place au suspense :
TULLE : Un à deux milliers de partisans de François Hollande sont réunis sur la place de la cathédrale à Tulle dans l'attente du discours de leur favori, dont ils anticipent la victoire. - "François, président !" et "On a gagné ! On a gagné !", lançaient quelques militants massés devant l'estrade montée pour l'occasion où doit s'exprimer le député de Corrèze après l'annonce des résultats à 20 heures. - Les partisans du socialiste avaient commencé à se regrouper en fin d'après-midi à Tulle, ville dont François Hollande a longtemps été maire, pour fêter la victoire espérée de leur favori. François Hollande devait les rejoindre pour une courte allocution avant de rejoindre l'aéroport de Brive, pour s'envoler vers Paris et rejoindre la Bastille, le lieu où il espère fêter, avec ses amis socialistes et ses partisans, sa victoire.
A 20h précises, Le Monde et France 2 donnent François Hollande gagnant avec 51,9% des voix (estimation Ipsos). Le visage du nouveau Président de la République Française apparaît sur l'écran de la chaîne publique.
Peu après, le président sortant fait ses adieux à la Mutualité de Paris.
Une heure plus tard, le nouveau président prononce son premier discours à Tulle.
VU DE RUSSIE - Joint par Courrier international, Andreï Gratchev, politologue russe, en France depuis vingt ans, ancien porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev et correspondant pour différents médias russes : "C'est un commentaire autant personnel que politique que j'ai envie de faire, car en 1981 je me trouvais rue de Solferino lors de la victoire de François Mitterrand. Certes la situation, la France, l'Europe et le monde sont différents. Les Français ont choisi l'espoir, l'espoir du changement, qui se traduira par un président plus digne et plus en harmonie avec la société française pour aborder les prochaines épreuves liées à la crise. Nicolas Sarkozy a été victime de la crise, mais aussi de son propre manque de constance et de concentration. Il fut un gestionnaire plus qu'un porteur de projet. Il en a payé le prix. C'est plus contre lui que pour François Hollande que les Français ont voté."
22h40 - Après avoir annoncé 51,1%, France 2 remonte le score de François Hollande à 51,26%. Puis on s'accorde à nouveau sur 51,7%.
Vers 23h, l'AFP (via Le Point) attribue 51,56% au nouveau président. Et l'agence précise : La participation s'établirait autour de 81%, selon les instituts de sondages, taux inférieur au second tour de la présidentielle de 2007 (83,9%) mais supérieur à celui du premier tour de 2012 (79,5%).
Après dépouillement, le chiffre officiel de 51,67% met tout le monde d'accord. On le compare aux 51,76% de François Mitterrand en 1981. Demain, la France se lèvera du pied gauche.
Enfin, à minuit passé de vingt minutes, François Hollande arrive à la Bastille :
vendredi 4 mai 2012
[Billet] Fin de Campagne (4 mai 2012)
Pour l'heure, on tergiverse encore. L'incertitude continue de régner. Les discours s'entrechoquent. Et les manipulateurs de l'opinion publique tirent leurs dernières cartouches.
On dit que le duel télévisé a été rude, âpre. Il paraît qu'il n'aura pas d'effet majeur sur le scrutin. Chacun aurait vu son champion triompher. Et les indécis ne se seraient toujours pas décidés.
Que retiendra-t-on de tous ces discours, de toutes ces discussions ? Lundi, la vie reprendra son cours. Les chômeurs chômeront, les travailleurs travailleront. Et les spéculateurs spéculeront.
Ce dimanche, on vote également en Grèce et dans le Land allemand du Schleswig-Holstein. Au Royaume-Uni, les travaillistes viennent de battre les conservateurs aux municipales. L'Europe politique reste à construire. Et les spéculateurs continuent de spéculer.
Dans les autres pays européens, le scrutin français est perçu comme une élection régionale. Pour l'heure, chacun voit midi à sa porte. L'Europe politique n'est encore qu'un rêve. Et le libéralisme forcené fait toujours des ravages.
Le silence est propice à la méditation. A force d'être répétées, les mots perdent de leur sens. La volonté de convaincre à tout prix produit bien souvent un effet pervers. Et les indécis finissent par s'abstenir.
Que retiendra-t-on de cette campagne présidentielle 2012 ? Comme les autres, elle intègrera la partie anecdotique de l'histoire. Seul, le nom du nouveau président français restera. Et la réalité de son action politique.
jeudi 3 mai 2012
[Débat] Le débriefing de Hollande (3 mai 2012)
[Débat] Le débriefing de Sarkozy (3 mai 2012)
[Vidéo] Hollande-Sarkozy : Le Débat (2 mai 2012)
mardi 1 mai 2012
[Billet] Premier Mai
Günter Grass : "Ce qu’il faut dire" (2012)
Préambule (Note du traducteur)
Je voudrais proposer, dans le cadre de ce blog, ma traduction du "poème" de l'écrivain allemand Günter Grass, qui lorsqu'il fut publié par la Süddeutsche Zeitung le 4 avril 2012 avait soulevé un tollé dans l'opinion publique allemande (et bien au-delà) : en effet, on avait vite fait de rappeler l'appartenance de Grass à la Waffen-SS (volontaire comme sous-marinier à 17 ans, il a été refusé par ce corps d'armée et affecté - de l'automne 1944 au printemps 1945 - à la Waffen-SS, pour laquelle il ne s'était donc pas porté candidat) : le prix Nobel de littérature (1999) n'a rendu public cet épisode que très tardivement (en 2006 dans son autobiographie Beim Häuten der Zwiebel). Or, dans la RFA de l'après-guerre, Grass tenait le rôle de l'intellectuel engagé (très lié à Willy Brandt pour qui il écrivait certains discours), résolument anti-fasciste, ce qui lui valait à l'occasion le surnom de "Moralapostel" (apôtre moralisateur). - Dans ce "poème" (auquel le chanteur et poète Wolf Biermann, très attaché à Israël, dénie cette qualité en invoquant un "péché littéraire capital"), Grass s'élève contre le fait que l'Allemagne livre à Israël un sous-marin capable de lancer des missiles nucléaires. Comme il le dit lui-même, cet écrit et son auteur risquent d'être taxés d'antisémites, ce qui ne correspond nullement à la vérité, mais une telle accusation aura tout de même été formulée. D'autre part, certains participants à l'intense débat public ont fait de l'auteur du Tambour un défenseur de l'Iran d'Ahmadinejad et par voie de conséquence un ennemi d'Israël. - Il convient alors de préciser que je ne suis qu'un traducteur dans cette histoire : ayant retrouvé ce petit travail dans mes papiers, je l'ai revu et, sans être entièrement satisfait, j'ai eu envie, malgré tout, de le partager ici et - pourquoi pas ? - le soumettre à discussion (sans haine et sans crainte). - Voici donc le texte :
lundi 30 avril 2012
[Note] Fin de Partie
De façon bien plus pressante, l'économie s'invite elle aussi dans cette fin de campagne : Après avoir, le 26 avril 2012, abaissé de deux crans la note de solvabilité financière de l'Espagne - de "A" à "BBB+" -, l'agence de notation américaine Standard and Poor's achève ce lundi 30 avril 2012 le travail en "dégradant" neuf banques espagnoles alors que le pays entre à nouveau en récession. Si les agences de notation avaient déclaré ne pas intervenir dans la campagne française en publiant d'éventuels bilans négatifs avant le scrutin du 6 mai, elles le font tout-de-même de façon indirecte avec cette attaque frontale contre l'Espagne.
Et puis il y a l'éternelle Mme Merkel qui, en vérité, est également soumise à la loi temporelle de la Démocratie puisque des élections fédérales auront lieu en Allemagne à la rentrée 2013. Or, le résultat n'est absolument pas acquis, d'autant que le dangereux Monsieur Hollande (The Economist) a des chances d'être le prochain président français, risquant alors de galvaniser l'élan social-démocrate (SPD) outre-Rhin. C'est peut-être l'une des raisons qui poussent la Dame d'Acier à faire certaines concessions dès aujourd'hui en prescrivant, à côté du régime amincissant qu'elle impose à la population allemande, une cure de croissance pour l'Europe, comme on peut le lire dans une interview récente traduite ici-même. D'ailleurs, après la surprenante demande d'un salaire minimal en Europe, Bruxelles semble lui emboîter le pas avec un possible plan de croissance soutenu par la Banque Centrale Européenne.
Pendant ce temps-là, l'équipe de campagne du sortant, dont l'époustouflante Nathalie Kosciusko-Morizet, s'offusquent de la présence de l'érotomane DSK à l'anniversaire de Julien Dray (PS). Et même le "président-candidat" pense qu'une enquête s'imposerait pour connaître les noms de tous les camarades qui ont assisté à la fête : "Quand on voit la comédie à laquelle donne lieu le dîner d'anniversaire de Monsieur Dray, avec Monsieur Strauss-Kahn - rue Saint-Denis, ça ne s'invente pas -, on se demande si parfois les socialistes réfléchissent", s'est-il laissé aller à dire ce matin sur I>Télé. - Le débat de fond est lancé !
dimanche 29 avril 2012
Hollande à Bercy (29 avril 2012)
Sarkozy à Toulouse (29 avril 2012)
samedi 28 avril 2012
[Traduction] Merkel à propos de la France et de l'Europe (27 avril 2012)
A. M. - Ce qui importe pour le moment, c'est qu'il y a, avec le président et son challenger, deux pro-européens dans le tour décisif du 6 mai, dont il faut attendre le résultat. Nicolas Sarkozy et moi-même appartenons à la même famille politique et collaborons très étroitement. Pour la maîtrise de la crise, nous avons initié certaines décisions importantes en Europe. Ceci dit, le président français et le chef du gouvernement allemand arrivent toujours à bien travailler ensemble. C'est une affaire de responsabilité politique, que portent les chefs de gouvernements, en particulier ceux de nos deux pays.
Q. - Peut-il y avoir, comme le veut Hollande, des réajustements pour relancer la croissance dans le cadre du pacte fiscal européen ?
A. M. - Il n'y aura pas de renégociation du pacte fiscal. 25 chefs de gouvernement l'ont signé. Au Portugal et en Grèce, il est déjà ratifié ; en Irlande, il fera l'objet d'un referendum fin mai. Dans beaucoup d’États membres, comme en Allemagne, le pacte fiscal est actuellement soumis aux parlements.
Q. - Donc pas de relance supplémentaire de la croissance ?
A. M. - Elle est déjà à l'ordre du jour dans l'UE depuis l'année dernière. Plusieurs conseils européens s'y sont déjà penchés très concrètement ; pour le conseil de juin, nous préparons un agenda de croissance. Dès à présent les pays peuvent, par exemple, utiliser les fonds structurels de manière plus flexible afin de venir en aide aux moyennes entreprises. Notre politique pour surmonter la crise de la dette publique repose sur deux piliers : d'un côté, une politique financière solide, sans laquelle aucun dépassement de la crise de la dette ne sera possible, mais qui à elle seule n'est pas suffisante ; voilà pourquoi, de l'autre côté, il faut une politique qui encourage la croissance et l'emploi, qui rend à nouveau concurrentiels les États, mais sans une nouvelle croissance à crédit. De nouveaux programmes publics conjoncturels n'aideraient pas l'Europe. Ce dont nous avons besoin, ce sont des réformes structurelles. Nous devons lever les obstacles à un bon développement économique ; en Allemagne, nous avons nous-mêmes expérimenté l'efficacité de réformes en profondeur du marché du travail pour une croissance véritable et durable. J'imagine également que nous allons encore renforcer les capacités de la banque européenne d'investissement.
La lettre de M. Bayrou et les réponses de MM. Hollande et Sarkozy
Le premier élément crucial pour eux et pour moi aura été la vérité sur la situation du pays, la prise en compte de la réalité des faits.
Je ne crois nullement que la crise financière soit derrière nous. Je pense au contraire que la crise est devant nous, et qu’elle sera très dure. Je pense que les déficits, commerciaux et budgétaires, qui s’accumulent pour notre pays menacent à court terme notre modèle social et que la multiplication des promesses non financées aggravera encore ce risque.
Et parce que nous allons vivre ces moments difficiles, l’attitude personnelle des gouvernants comptera beaucoup. C’est une question de valeurs, personnelles autant que politiques. Depuis des années, c’est la violence des attitudes et des mots, la guerre d’un camp contre l’autre, la complaisance à l’égard des extrêmes qui caractérisent notre pays. Le refus de la violence perpétuelle dans la vie politique, les valeurs de respect des sensibilités différentes, la reconnaissance du pluralisme, la recherche de l’équilibre, sont la condition nécessaire à l’esprit d’unité nationale dont nous aurons besoin face à la crise.
C’est ainsi, et seulement ainsi, par la vérité et l’unité que la France pourra regarder en face les conditions de son redressement. Et d’abord de son redressement financier. Or la recherche de l’équilibre des finances publiques n’est obtenue dans vos deux projets que par l’affichage d’une croissance impossible à court terme. Je vous demande instamment de réfléchir à ce péril et d’envisager des mesures crédibles pour l’écarter s’il est encore temps.
Pour moi, la décision constitutionnelle, inscrite dans le traité européen, de renoncer pour l’avenir aux facilités du déficit, du moins en période de croissance, la « règle d’or », doit s’imposer à tous les pays qui ont l’euro en partage. Non pas pour faire plaisir aux « marchés », ou à « Bruxelles », mais parce que c’est le seul moyen d’éviter pour la France et les Français, particulièrement pour les plus fragiles, la catastrophe sociale qui s’annonce.
La France s’est construite depuis la guerre autour du modèle social né du Conseil National de la Résistance. Nous y tenons, non pas comme à une tradition, mais comme à notre principale aspiration nationale. Nous le regardons non pas comme notre passé, mais comme notre avenir. Nous savons qu’il devra se réformer, mais dans la justice et la solidarité. Or c’est dans le concret de la vie de tous les jours que justice et solidarité risquent d’être menacées.
La sauvegarde de notre modèle social et de services publics impose de restaurer et de développer fortement notre appareil de production. La France est, Grande-Bretagne exceptée, le seul des grands pays européens qui connaisse l’effondrement de son commerce extérieur. Ce n’est pas viable. Pourtant, nous avons d’immenses marges de progression, et donc de création d’emplois durables, de ressources pour les familles.
C’est là que va se gagner ou se perdre le combat de notre avenir national, en particulier dans la recherche de stratégies nationales de production, filière par filière. Une évolution de la démocratie sociale dans l’entreprise est aussi un élément crucial de ce redressement. La représentation des salariés, avec droit de vote, au conseil d’administration des grandes entreprises, sera un signe déterminant en ce sens.
La crise de l’éducation en France est un enjeu du même ordre. La situation de l’école, notamment à l’école primaire et au collège, ne peut être acceptée. Des centaines de milliers d’enfants voient leur avenir barré faute de se voir garantir les acquis nécessaires, maîtrise de l’écrit, du chiffre, de la langue. Faute de consacrer à ces fondamentaux le temps scolaire indispensable, les inégalités sociales se perpétuent et s’aggravent dans cet échec. Ce combat national oblige à un nouveau contrat entre l’école et la nation, qui touchera à la question des pratiques, de l’organisation, du développement de l'alternance et de l’apprentissage, aussi bien que des moyens.
La moralisation de la vie publique, le changement des pratiques du monde politique représentent une attente des citoyens dont vous ne pouvez ignorer la gravité. L’interdiction du cumul des mandats pour les députés, la diminution du nombre des parlementaires, le renforcement de la parité hommes femmes, le changement de loi électorale pour assurer la représentation des grands courants d’opinion, en tout cas de ceux qui atteignent 5 % des suffrages, à l’Assemblée nationale, au sens le plus large la garantie du pluralisme, la consécration de l’indépendance de la justice, le renforcement de l’indépendance des médias, l’assainissement du financement de la vie politique, la lutte contre la corruption et la prise illégale d’intérêts, tout cela est urgent. Les deux partis que vous représentez ont souvent pris des engagements, mais jamais ils ne sont allés plus loin. Je crois que cette moralisation est vitale pour que la confiance revienne entre citoyens et élus. Seule la voie référendaire permettra de les imposer à un monde politique qui n’a guère envie de voir changer les règles d’un jeu qui lui convient.
L’Europe a été durement attaquée pendant cette campagne. On lui a fait porter tour à tour la responsabilité de l’immigration et celle de l’absence de croissance. Je veux vous dire que pour nous, il est impossible d’envisager notre avenir national sans projet européen. L’Europe n’est pas seulement notre horizon : le jour où elle existera vraiment, elle sera notre seule arme politique et économique efficace dans la tourmente mondiale. L’Europe souffre aujourd’hui d’absence de gouvernance, de transparence et de lisibilité. Ce n’est pas avec moins d’Europe que la France s’en sortira ! C’est avec une Europe plus forte, plus solidaire, plus lisible, donc plus communautaire. Dans cette perspective, les renforcements de la zone euro, comme de l'espace Schengen, sont une étape prioritaire.
Des millions de Français partagent ces valeurs et ces préoccupations. Ils seront, je n’en doute pas, attentifs aux orientations qui seront les vôtres sur ces questions durant la campagne du deuxième tour.
Je vous prie de croire à l’assurance de mes sentiments cordiaux."
vendredi 27 avril 2012
[Billet] Grimassensuppe
mercredi 25 avril 2012
[Note] L'effet FN et les calculs électoraux
L'autre événement présumé "historique" était l'accession du père fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, au second tour de la Présidentielle 2002. Voyons à nouveau les chiffres :
Voici dix ans exactement, le corps électoral français comptait 41.194.689 personnes. 11.698.956 d'entre eux ont boudé les urnes, 29.495.733 seulement sont allés voter et 28.498.471 ont choisi l'un(e) des 16 candidat(e)s en lice. Le Front National de Jean-Marie Le Pen a réuni 4.804.713 voix au premier tour soit 16,68% des suffrages exprimés. Au second tour, il a totalisé 5.525.032 votes, soit 17,79% sur 31.062.988 suffrages exprimés (2.564.517 de plus qu'au premier tour) : il n'aura donc pris que 720.319 voix supplémentaires qui correspondent en gros aux 667.026 suffrages accordés au dissident frontiste Bruno Mégret au premier tour. Ainsi, sur les quelque 2 millions et demi de nouveaux suffrages exprimés au second tour de 2002, pratiquement personne n'a voté pour le Front National, ce qui autorise la conclusion que le parti d'extrême-droite n'a aucune réserve de voix parmi les abstentionnistes et que son score peut donc être calculé sur le nombre des inscrits : Au premier tour de 2002, Jean-Marie Le Pen réunissait quelque 11,7% des inscrits et au second environ 13,4%, un chiffre qui s'approche des 14% de sa fille le 22 avril 2012.
Pas grand-chose d'historique donc : un(e) inscrit(e) sur sept vote FN et 86% du corps électoral français ne le votent pas. - Dès lors, pourquoi tout ce remue-ménage médiatico-politique autour des quelque 6 millions et demi de votants favorables à Marine Le Pen sur 46 millions d'inscrit(e)s ?
En revanche, ce qui est "historique" pour avoir durablement marqué la Démocratie française, c'est le sabordage du suffrage universel en 2002 où un homme a pu, avec à peine 12% des électrices et électeurs inscrits sur les listes, effacer en un clin d’œil 12.218.585 voix pour les candidat(e)s de gauche, soit quelque 30% des inscrits. A titre de comparaison, les candidat(e)s de droite hors Le Pen et Mégret totalisaient 10.808.717 suffrages au premier tour de la Présidentielle 2002, soit un peu plus de 26% du corps électoral français, les deux candidats d'extrême-droite réunissant 13,3%, les abstentions, blancs et nuls se montant à plus de 30% des inscrits en ce dimanche funeste du 21 avril 2002.
Or les Français auront retenu la leçon : Marine Le Pen n'est pas au second tour de cette Présidentielle. C'est en cela, et en cela seulement, qu'elle appartient déjà à l'histoire : à la petite histoire de la campagne 2012.
mardi 24 avril 2012
[Note] L'entre-deux-tours
Alors, on me dit : Mais qu’est-ce que c’est le vrai travail ? Je vais vous expliquer ce que c’est que le vrai travail. C’est celui qui a construit toute sa vie sans demander rien à personne. Il s’est levé très tôt le matin, couché très tard le soir, qui ne demande aucune félicitation, aucune décoration, rien. C’est celui qui a commencé tout en bas, qui s’est hissé le plus haut possible et qui se dit je veux que mes enfants puissent vivre mieux que moi et commencer plus haut que moi. Le vrai travail, c’est celui qui se dit, oh, je n’ai pas un gros patrimoine, mais le patrimoine que j’ai, j’y tiens, parce qu’il représente tellement de sueurs, tellement de milliers, de milliers d’heures de mon travail, tellement de peines, tellement de sacrifices, tellement de souffrances ! Ce patrimoine-là, on ne me le volera pas parce que c’est le mien ! C’est celui de ma famille ! J’ai trimé pour ce patrimoine-là et je n’ai pas l’intention de m’excuser d’avoir construit cette vie ! C’est ça le vrai travail ! - Le vrai travail, c’est celui qui dit, toute ma vie, j’ai travaillé, j’ai payé mes cotisations, j’ai payé mes impôts, je n’ai pas fraudé, au moment de mourir, je veux laisser tout ce que j’ai construit à mes enfants, sans que l’Etat vienne se servir en mes lieu et place ! Le vrai travail, c’est celui de cet homme ou de cette femme qui a sacrifié tant de fois ses week-ends, tant de fois ses vacances, simplement parce qu’il avait un souci, simplement parce qu’il voulait faire le mieux possible ce qu’il avait à faire. Le vrai travail, c’est celui qui a mis un genou à terre, qui a connu des problèmes, qui a connu l’échec et qui, quand on a connu des problèmes et connu l’échec, s’est dit, c’est d’abord moi qui vais m’en sortir, je vais m’en sortir par mon effort, par mon mérite. Parce qu’au fond, ma souffrance, j’ai trop de fierté pour l’étaler devant les autres. Le vrai travail, c’est celui qui est exposé à la concurrence, c’est celui qui, s’il ne va pas à son travail, il n’aura rien, s’il ne se donne pas du mal, il n’aura rien, s’il n’y va pas lui-même, il n’aura rien. C’est celui qui connaît la crise, parce que quand il y a la crise, il est pénalisé, par le chômage partiel, par le carnet de commandes qui diminue. Le vrai travail, c’est celui qui, malheureusement, n’est pas protégé de toutes les crises, de toutes les difficultés. J’ai envie que cette France qui travaille se rassemble à Paris le 1er mai et j’ai envie de lui parler de notre conception du travail !
lundi 23 avril 2012
Résultats définitifs du 1er tour de la Présidentielle 2012
François Hollande (PS) : 28,63 % - Nicolas Sarkozy (UMP) 27,08 % -
Marine Le Pen (FN) : 18,01 % - Jean-Luc Mélenchon (FdG) : 11,13 % -
François Bayrou (MD) : 9,11 % - Eva Joly (EELV) : 2,28 % -
Nicolas Dupont-Aignan (DlR) 1,8 % - Philippe Poutou (NPA) : 1,15 % -
Nathalie Arthaud (LO) 0,57 % - Jacques Cheminade (SeP) : 0,25 %
Taux d'abstention : 19,84 %
Taux d'abstention : 20,53 %
François Hollande 28,63 % - Nicolas Sarkozy 27,18 % - Marine Le Pen 17,9 % -
Jean-Luc Mélenchon 11,11 % - François Bayrou 9,13 % - Eva Joly 2,31 % -
Nicolas Dupont-Aignan 1,79 % - Philippe Poutou 1,15 % - Nathalie Arthaud 0,56 %
Jacques Cheminade 0,25 %
Suffrages exprimés : 35 883 209 - Majorité absolue : 17 941 605
M. François Hollande : 10 272 705 - M. Nicolas Sarkozy : 9 753 629
Mme Marine Le Pen : 6 421 426 - M. Jean-Luc Mélenchon : 3 984 822
M. Nicolas Dupont-Aignan : 643 907 - M. Philippe Poutou : 411 160
Mme Nathalie Arthaud : 202 548 - M. Jacques Cheminade : 89 545