mardi 8 mai 2012

Présidentielle 2012 : Le débriefing

Le 6 mai 2012, François Hollande a été élu Président de la République Française avec 51,635 % des suffrages exprimés, soit 18.000.668 voix sur 34.861.353 et un avantage de 1.139.983 bulletins favorables sur Nicolas Sarkozy, qui en obtient 16.860.685 ; pour ce second tour de la Présidentielle, 46.066.307 électeurs français étaient inscrits sur les listes, 9.049.998 d'entre eux ne se sont pas rendus aux urnes et 2.154.956 citoyens ont voté blanc ou nul, selon les chiffres publiés le 10 mai 2012 par le Conseil Constitutionnel qui proclame "M. François HOLLANDE Président de la République française à compter de la cessation des fonctions de M. Nicolas SARKOZY, laquelle, en vertu de l'article 6 de la Constitution, aura lieu, au plus tard, le 15 mai 2012 à 24 heures".

Il semble que le président battu mette fin à sa carrière politique, comme c'est d'ailleurs la règle un peu partout dans le monde. Ainsi, l'ère Sarkozy montrera bien vite son vrai visage : celui d'un fantôme ou d'un mirage qui, par-delà quelques actions spectaculaires, aura accentué la division du pays et la déchéance de l’État social. Avec l'une, le Président sortant aura contribué à regonfler la baudruche frontiste et avec l'autre, il aura aidé à réaliser l'un des principaux objectifs du libéralisme globalisé.

Rétrospectivement, on peut dire que cette campagne présidentielle 2012 a été lancée à la mi-janvier 2011 avec le congrès de Tours où, succédant à son père, Marine Le Pen devient la nouvelle présidente du Front National. Les observateurs croient alors déceler une tendance à la "dédiabolisation" du parti d'extrême-droite, certains se laissant aller à dire que les frontistes deviennent "fréquentables".

Quelques jours plus tard, c'est au tour de Jean-Luc Mélenchon de se déclarer candidat pour le Front de Gauche. Ainsi, les affrontements commencent très tôt entre les deux extrêmes de l'échiquier politique français. Et il faut bien reconnaître que ces campagnes précoces ont été couronnées de succès. Dans ce contexte, un sondage Louis Harris Interactive publié début mars 2011 donne résolument dans le surréalisme : Marine Le Pen était alors créditée de 23% et Jean-Luc Mélenchon de 5%. Le nouveau Président de la République, qui s'était porté candidat aux primaires socialistes début avril 2011, n'y figurait pas encore : Martine Aubry était créditée de 21%, à égalité avec Nicolas Sarkozy, et Eva Joly pesait tout-de-même 7%.

Puis, le 18 mars 2011, un événement majeur allait détourner l'attention de la campagne française : Aux côtés des États-Unis et du Royaume Uni,  la France intervenait en Libye. Deux mois plus tard, le grand favori de la Présidentielle allait sombrer au Sofitel de New York : le 14 mai 2011, le directeur social-démocrate du Fonds Monétaire International, Dominique Strauss-Kahn, se fit arrêter pour agression sexuelle.

Et, on l'aurait presque oublié : les 20 et 27 mars les électeurs furent appelés aux urnes pour des Cantonales partielles, où la gauche allait prendre l'avantage sur la droite.

Ensuite, les électeurs assistèrent à l'exercice désormais habituel des primaires : mi-juin Eva Joly remporta celles d'Europe Écologie Les Verts et, mi-octobre, François Hollande triompha au Parti Socialiste.

Or, entre-temps, une autre élection - indirecte - eut lieu : la Sénatoriale partielle du 25 septembre 2011 changea - pour la première fois sous le régime de la 5e République - le rapport de force au sein de la chambre haute du Parlement : 178 sièges pour la gauche contre 170 pour la droite. En conséquence, le socialiste Jean-Pierre Bel fut élu président du Sénat le 1er octobre.

On n'insistera jamais assez sur la faible médiatisation de ces élections réelles - cantonale et sénatoriale - au profit des estimations assénés à intervalles réguliers par les instituts de sondage qui, en consacrant ce qu'il faut appeler la "démocratie virtuelle", ont un effet rétroactif sur l'opinion publique avec les commentaires qui, sans cesse, les accompagnent, exerçant de fait une influence non négligeable sur le vote final des citoyens.

Début décembre 2011, c'est au tour du centriste François Bayrou d'officialiser sa candidature. Mais il faudra attendre la mi-février 2012 pour que le Président Sarkozy se déclare.

Un mois plus tard, on pouvait craindre le pire avec la médiatisation d'un fait divers qui réorienta le débat sur les sempiternels problèmes d'insécurité et d'immigration :  le 19 mars 2012, après l'assassinat d'un militaire à Toulouse et de deux autres à Montauban, une attaque contre une école juive fut perpétrée par le même auteur à Toulouse, ce qui occasionna une étonnante suspension de la campagne présidentielle.

Et le 22 avril 2012, soit un mois exactement après le dénouement de l'affaire Merah, le verdict des urnes reflète la "droitisation" de la campagne avec 18,01% des suffrages exprimés pour le Front National auxquels il faut ajouter les 1,8% accordés à N. Dupont-Aignan, soit 19,81% pour l'extrême-droite. Le sortant recueille quant à lui 27,08% et le centriste Bayrou divise son résultat surprenant de 2007 par deux en n'obtenant que 9,11%. Au premier tour, l'ensemble des voix de gauche (PS, FG, EELV, NPA, LO) s'élève à quelque 44% des suffrages exprimés : tout le monde s'adonne alors aux calculs électoraux.

Désarçonné, le Président sortant met le cap à droite toute, tandis que la gauche se rassemble sans conditions autour de la candidature de François Hollande. Trois dates marquent l'entre-deux-tours :
  • Le Premier Mai, où Nicolas Sarkozy organise une sorte de contre-manifestation à Paris (Trocadéro) au nom du "vrai travail" - une formule malheureuse qu'il retirera très vite - avec pour effet de s'attirer les foudres des syndicats ; et, lors du traditionnel rassemblement frontiste à l'Opéra, Marine Le Pen déclare qu'elle votera blanc.
  • Le débat télévisé du 2 mai 2012 entre les deux finalistes : Le Président sortant mise son va-tout sur cet affrontement tant souhaité, mais il se montre incapable de faire la différence face à un adversaire combattif, sûr de lui et favori des sondages.
  • Le coup de grâce de François Bayrou qui déclare le 3 mai qu'il votera Hollande au second tour.
Le verdict est implacable : Ne recueillant que 48,36% des suffrages exprimés, Nicolas Sarkozy doit quitter l’Élysée le 15 mai 2012, lors de la passation du pouvoir, et céder la place à François Hollande, élu Président de la République Française pour ces cinq prochaines années. Mais, pour pleinement exercer les pouvoirs qui lui sont conférés, il doit encore obtenir une majorité à l'Assemblée Nationale à l'occasion des Législatives prévues les 10 et 17 juin 2012.

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