vendredi 2 juin 2017

Bien-pensance (correct thinking)




Il y a quelque chose dans cette expression qui la rend éminemment suspecte quand on considère la sanction qui fut appliquée aux écrivains indésirables sous le régime nazi : il arrivait quelquefois qu’on les laisse vivre, mais on les frappait alors de « Schreibverbot », littéralement : d’« interdiction d’écrire ». Or, il s’agissait bien d’une mise à l’index et donc d’une interdiction de publier. En effet, personne ne peut raisonnablement empêcher un écrivain d’écrire : sans papier, encre et plume, il continuera d’écrire dans sa tête. Il en va de même pour la « bien-pensance » : en fait, il s’agit de « correct talking », de « parler correctement ». En principe, ce ne sont donc pas les « pensées » mais bien leurs expressions publiques, leurs publications qui sont mis en cause. Mais alors, les adversaires déclarés de la « bien-pensance » pensent-ils sérieusement que le « discours correct » des uns et des autres exprime le « fond » de leur pensée ? Ou bien veulent-ils réellement frapper de Denkverbot, d’« interdiction de penser » les cibles de leur vindicte ?