Nicolas Sarkozy, 27/3/2015 (France 3, extrait audio)
Je vous repasse cet extrait de l'intervention de Nicolas Sarkozy ce 27 mars sur France 3
parce que l'ancien président y fait référence à l'affaire de pédophilie
en cours à l’Éducation Nationale : si j'ai bien entendu, il commence
par reprocher implicitement à l'actuel gouvernement le maintien de
l'enseignant déjà condamné "pour recel d'images pédopornographiques".
Or, cette condamnation a été prononcée en 2008 ! Sans doute M. Sarkozy
a-t-il réfléchi au cours de sa diatribe car il finit sur un assez
exceptionnel "j'ai été président de la République, je ne dis pas que
c'est la faute - bien sûr - de ceux qui nous gouvernent".
Je
ne sais pas si cet évident faux pas a été ou va être relevé. Mais ce
qui l'amplifie, c'est qu'il s'effectue dans le contexte d'un reproche de
médiatisation extrême de M. Valls, synonyme d'inaction pour M. Sarkozy.
Or, la médiatisation à outrance fut une spécialité de l'ancien
président. D'ailleurs, le tandem Matausch/Dumoret de France 3 se permet ici des interruptions et des rappels à l'ordre inconcevables entre 2007 et 2012.
Dans
la deuxième partie de cet extrait (à 2:10), l'ancien président tente
tout de même une mise en garde à peine voilée : "Madame [Matausch],
d'abord je pense que les Français se détournent de toute parole
publique, y compris de celle de la classe journalistique." - Cette
généralisation peut surprendre, puisqu'elle semble mettre politiques et médiatiques de tous bords dans le même sac. Et, rhétorique oblige, on se demande aussi sec pourquoi les Français
se détourneraient d'une parole politico-médiatique qu'au demeurant ils
n'ont jamais vraiment prise pour argent comptant. - "Parce qu'il y a
beaucoup de souffrance, parce que les problèmes sont de plus en plus
complexes et il devient de plus en plus difficile d'avoir des résultats
rapidement", répond M. Sarkozy à la question qu'il a implicitement
posée. Et de passer sans transition au Front National ! - Si les
problèmes sont complexes et devant l'importance de la souffrance, les
réponses de l'ancien président sont d'une simplicité lumineuse : "Moi,
je [ne] veux pas donner des leçons de morale. S'il est immoral de voter
pour le Front National, pourquoi il est autorisé ?" - En vous souhaitant un bon dimanche électoral, je rends l'antenne. À vous, Cognacq-Jay !