lundi 26 novembre 2012

Les Pirates coulent...

Texte et dessin © Goscinny / Uderzo

Eh oui, en Allemagne, il y a le Parti des Pirates. Et son aventure politique n'avait pas si mal commencé, au grand dam des partis de gauche - Les Verts, le SPD, Die Linke - qui se voyaient dépouillés d'un certain nombre de suffrages et de sympathisants. Lors des élections législatives locales de 2011 à Berlin par exemple, les Pirates réunirent 8,9% des voix, ce qui est considérable. Au dépens des sociaux-démocrates et de l'extrême-gauche, comme tout semble l'indiquer, sabordant du même coup la coalition rose-rouge (SPD-Die Linke) qui avait gouverné la ville lors de la législature précédente (2006-2011). Les élections régionales de 2012 confirmèrent ce résultat surprenant : 7,8% en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, 7,4% dans la Sarre et 8,2% dans le Schleswig-Holstein. 

Or, puisque les citoyens-électeurs ont tout de même du mal à discerner leur programme politique - par delà la revendication d'un Internet libre et gratuit - les Pirates commencent sérieusement à chuter dans les sondages, quand il ne s'agit plus d'élire un parlement régional (Landtag), mais une assemblée nationale. En effet, ils ne sont plus crédités des fameux 5% qui leur ouvriraient pour la première fois les portes du Bundestag, mais perdent un précieux point pour tourner autour de 4% (selon un sondage Emnid pour Bild). 

Et c'est ainsi qu'une spirale descendante se dessine : l'électeur se dit que si le parti ne franchit pas la barre des 5%, sa voix ne comptera pas. Et il votera pour un autre parti. - Cependant, il reste encore onze mois aux Pirates, qui viennent de tenir leur congrès à Bochum, pour retourner la situation en élaborant un programme politique consistant. Et en pratiquant ce réalisme, auquel ils se refusent jusqu'à présent, qui consiste à conclure des alliances avec les partis "établis".

 Johannes Ponader, actuel chef des Pirates
(photo @ wikipédia)

samedi 10 novembre 2012

Allez les Verts !

Selon le titre du Spiegel, "les Verts montrent leur vrai visage" en élisant lors de primaires leurs deux champions pour la course au Bundestag 2013 : Katrin Göring-Eckardt et Jürgen Trittin, ou plutôt en n'élisant pas une autre candidate, à la fois attendue et "historique" : Claudia Roth...

Pour comprendre, il faut considérer les trois phases du mouvement écologiste allemand Die Grünen / Bündnis 90, qu'évoque Christoph Schwennicke du Spiegel :

- D'abord la phase fondatrice de ce courant politique, alors considéré comme "alternatif", dans les années 1960/70, émergeant des révoltes étudiantes de 1966/67, baignant dans la scène pop et militante, "squattant" dans le quartier de Berlin-Kreuzberg en écoutant la musique de Ton Steine Scherben, le groupe enragé de Rio Reiser, dont Claudia Roth fut d'ailleurs un temps la productrice...

- Puis la phase "gouvernementale" avec l'ancien "soixante-huitard" Joschka Fischer aux Affaires Etrangères (1998-2005), sous le contrôle du chancelier Gerhard Schröder dans le cadre d'une coalition SPD / Les Verts...

- Et, selon le rédacteur de l'hebdomadaire allemand, la troisième phase a commencé ce week-end avec la transformation des Verts "gauchistes" en Verts "bourgeois"...

De facon plus générale, et notamment depuis l'élection de Winfried Kretschmann comme premier Ministre-Président écologiste (le 10 mai 2012, dans le land allemand de Bade-Wurttemberg), il est bien évident que les Verts visent à nouveau une alliance avec les sociaux-démocrates pour 2013. D'ailleurs, le SPD n'est-il pas lui aussi stigmatisé comme "parti bourgeois" par l'extrême-gauche (Die Linke) ?

 J. Trittin & K. Göring-Eckardt, photo @ Der Spiegel / Getty

vendredi 9 novembre 2012

Peer Steinbrück (SPD) vs. Angela Merkel (CDU)

De la Troika social-démocrate - Sigmar Gabriel, Frank-Walter Steinmeier et Peer Steinbrück - ce sera donc ce dernier qui affrontera la chancelière sortante Angela Merkel dans la campagne électorale pour l'élection du Bundestag, dont la date définitive n'est toujours pas arrêtée : les Allemands voteront entre le mercredi 28 août et le dimanche 27 octobre 2013. 

 Mais la campagne s'annonce déjà rude : actuellement, l'économiste Peer Steinbrück défraye la chronique parce qu'il a touché quelque 1,25 millions d'euros d'honoraires bruts pour un certain nombre de conférences données entre 2009 et 2012 (rémunérées en moyenne 15.000 euros chacune). Ses commanditaires étaient des banques, des compagnies d'assurance, des entreprises municipales (chiffres in Die Zeit, 30/10/2012) ...

 Pour l'opinion, ce genre d'activités "parallèles" ne pose pas seulement problème à cause des honoraires (le record étant de 25.000 euros pour une seule conférence) quand une bonne partie de la population connaît des fins de mois difficiles, mais surtout en regard de la possible compromission d'un social-démocrate avec le milieu des affaires et de l'industrie, dont le crédo néo-libéral est de notoriété publique. 

Or - et c'est le point crucial - cette affaire, qui fermente donc depuis 2009, n'a été "sortie", ou pris de l'ampleur dans les médias allemands, qu'après la désignation officielle - le 29 septembre 2012 - de Peer Steinbrück comme champion du SPD pour 2013. - On imagine le scénario en France, si DSK avait été investi par le PS !

 Ministre fédéral des Finances de 2005 à 2009, Peer Steinbrück (au premier rang, 3e en partant de la gauche) participait, à côté de Christine Lagarde, à une réunion du U.S. Treasury Department à Washington le 11 avril 2008. On reconnaît également le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn (photo @ wikipédia)