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mercredi 25 avril 2012

[Note] L'effet FN et les calculs électoraux

Le score de 17,9% pour Marine Le Pen (FN) à la Présidentielle 2012 a été aussitôt qualifié d'historique par la grande majorité des commentateurs. Un petit calcul s'impose. Voici les chiffres :

Selon le Conseil Constitutionnel (25 avril 2012), 46.028.542 électrices et électeurs français ont été appelés aux urnes ce 22 avril 2012. 9.444.143 d'entre eux ne s'y sont pas rendus, 36.584.399 ont voté et 35.883.209 se sont exprimés pour l'un(e) des dix candidat(e)s. Le Front National de Marine Le Pen a réuni 6.421.426 voix, soit 17,9% des suffrages exprimés (non blancs ou nuls) ou encore quelque 14% sur la totalité des inscrits.

L'autre événement présumé "historique" était l'accession du père fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, au second tour de la Présidentielle 2002. Voyons à nouveau les chiffres :

Voici dix ans exactement, le corps électoral français comptait 41.194.689 personnes. 11.698.956 d'entre eux ont boudé les urnes, 29.495.733 seulement sont allés voter et 28.498.471 ont choisi l'un(e) des 16 candidat(e)s en lice. Le Front National de Jean-Marie Le Pen a réuni 4.804.713 voix au premier tour soit 16,68% des suffrages exprimés. Au second tour, il a totalisé 5.525.032 votes, soit 17,79% sur 31.062.988 suffrages exprimés (2.564.517 de plus qu'au premier tour) : il n'aura donc pris que 720.319 voix supplémentaires qui correspondent en gros aux 667.026 suffrages accordés au dissident frontiste Bruno Mégret au premier tour. Ainsi, sur les quelque 2 millions et demi de nouveaux suffrages exprimés au second tour de 2002, pratiquement personne n'a voté pour le Front National, ce qui autorise la conclusion que le parti d'extrême-droite n'a aucune réserve de voix parmi les abstentionnistes et que son score peut donc être calculé sur le nombre des inscrits : Au premier tour de 2002, Jean-Marie Le Pen réunissait quelque 11,7% des inscrits et au second environ 13,4%, un chiffre qui s'approche des 14% de sa fille le 22 avril 2012.

Pas grand-chose d'historique donc : un(e) inscrit(e) sur sept vote FN et 86% du corps électoral français ne le votent pas. - Dès lors, pourquoi tout ce remue-ménage médiatico-politique autour des quelque 6 millions et demi de votants favorables à Marine Le Pen sur 46 millions d'inscrit(e)s ?

En revanche, ce qui est "historique" pour avoir durablement marqué la Démocratie française, c'est le sabordage du suffrage universel en 2002 où un homme a pu, avec à peine 12% des électrices et électeurs inscrits sur les listes, effacer en un clin d’œil 12.218.585 voix pour les candidat(e)s de gauche, soit quelque 30% des inscrits. A titre de comparaison, les candidat(e)s de droite hors Le Pen et Mégret totalisaient 10.808.717 suffrages au premier tour de la Présidentielle 2002, soit un peu plus de 26% du corps électoral français, les deux candidats d'extrême-droite réunissant 13,3%, les abstentions, blancs et nuls se montant à plus de 30% des inscrits en ce dimanche funeste du 21 avril 2002.

Or les Français auront retenu la leçon : Marine Le Pen n'est pas au second tour de cette Présidentielle. C'est en cela, et en cela seulement, qu'elle appartient déjà à l'histoire : à la petite histoire de la campagne 2012.