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dimanche 24 avril 2011

[Libye 2011] Vers une guerre civile sans fin ? (4)


note commencée le jeudi 21, actualisée les vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24 avril 2011 ~

Flux d'actualité [Al Jazeera] [Guardian] [libyafeb17] [Almanara Media]

Chris Hondros : Insurgé à Ajdabiya (photo : getty via guardian)

FRONTIÈRE TUNISIENNE. - Alors qu'un grand nombre de personnes continuent de fuir les zones de combat dans les montagnes de l'Ouest pour la Tunisie, Al Jazeera rapporte que les insurgés ont pris le contrôle du poste frontière de Wazin, à 200 km au Sud du passage principal de Ras Jedir près de la côte. - Un peu plus tard, le Guardian reprend un communiqué de l'agence TAP (via Reuters) qui annonce que treize soldats et officiers, dont un général, des forces loyalistes se sont rendus à l'armée tunisienne après des affrontements avec les combattants insurgés. Un correspondant d'Al Jazeera Arabic avait auparavant parlé d'une centaine d'éléments kadhafistes à s'être constitués prisonniers de l'autre côté de la frontière. - Puis l'AFP rapporte (via libyafeb17) que quelque 150 à 200 soldats de Kadhafi ont abandonné leurs armes et se sont enfuis en Tunisie.

ENLISEMENT. - De plus en plus d'observateurs considèrent que la guerre ne peut être gagnée par l'insurrection. Cantonnés à Ajdabiya face aux kadhafistes enterrés à Brega, les insurgés ont  peu de chances de faire bouger le front de l'Est de façon significative. S'ils paraissent mieux organisés qu'au début des combats, ils ne disposent pas de l'armement adéquat qui leur permettrait d'avancer sur Syrte ou Misrata. Et si la couverture aérienne de l'OTAN peut empêcher la progression des loyalistes vers Benghazi, elle n'est pas à même de les déloger des villes. - La seule option qui pourrait débloquer la situation militaire est une intervention terrestre de la Coalition. Or, les dirigeants occidentaux ne cessent de répéter qu'elle est exclue, si l'on excepte les quelques éléments des forces spéciales qui opèrent sur le terrain, les trois dizaines de conseillers militaires envoyés à Benghazi et peut-être telle ou telle unité armée appelée à protéger les convois humanitaires à Misrata, qui ne serait cependant pas autorisée à engager les combats.

APRÈS LE DRAPEAU, LE ROI ? - Exilé depuis 1988 à Londres, Mohammed al-Sanussi [ou El Senoussi], le prétendant au trône de Libye âgé de 48 ans, se déclare prêt à aider son pays. Le blog bruxellois du Wall Street Journal cite ses propos [ici] : "Que le peuple veuille la monarchie constitutionnelle ou la république, je ferai de mon mieux".  Le rédacteur, John W. Miller, résume le sens de cette déclaration : "En d'autres termes, si on lui demandait d'être roi, il dirait oui". Le fait que l'insurrection ait choisi comme emblème l'ancien drapeau de la monarchie lui donne peut-être des idées ? - M. al-Sanussi ajoute toutefois qu'il aiderait l'opposition à organiser “des élections libres et équitables", sa "tâche étant de servir le peuple".

 Idris Ier, roi de Libye (1951-1969), et son petit-neveu Mohammed, prétendant au trône

CHRIS HONDOS. - Dans cette vidéo, le photographe de guerre, qui a succombé hier à ses blessures dans la ville de Misrata, commente son travail et explique les raisons qui l'ont conduit à persévérer dans sa voie  :


vendredi 25 février 2011

[Libye 2011] Black-out & Overkill

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~ Page commencée le mercredi 23, actualisée le jeudi 24 et vendredi 25 février 2011 ~ 

Voici les rares informations qui ont filtré dans la matinée : "Seules les villes de Tripoli et de Syrte seraient encore aux mains des partisans de Kadhafi", rapporte un correspondant du Spiegel, qui se base sur les affirmations de réfugiés tunisiens et égyptiens. "Mais il y a des déclarations contradictoires,  un patron de restaurant de Zouara [à 60 km de la frontière tunisienne] nous a dit qu'à l'Ouest de Tripoli, tout le monde était encore pour Kadhafi."

Dans une conversation téléphonique avec la chaîne Al-Arabiya, le ministre libyen de l'Intérieur [démissionnaire] Abdel Fattah Younes évoque un possible destin de Mouammar Kadhafi : Le "Guide de la Révolution" préfèrerait le suicide à l'exil. "Le régime de Kadhafi est fini", ajoute le général-major (in Spiegel).

Comme beaucoup d'autres médias, Le Monde annonce que : L'est de la Libye est sous contrôle des insurgés. Les grandes villes de Tobrouk, Ajdabiya et Benghazi, dans la province du Cyrénaïque, retiennent leur souffle en attendant la répression promise par Mouammar Kadhafi. Selon un armateur, tous les ports et terminaux du pays sont fermés.

D'autres nouvelles du Guardian : "Il y a eu des tirs nourris à Tripoli ce matin, lorsque des forces loyales à Mouammar Kadhafi ont ouvert le feu dans les rues. C'est la conséquence de l'appel de Kadhafi à ses supporters de se soulever contre les rebelles" (hier). "Le ministre italien des Affaires étrangères a dit que, selon lui, mille personnes environ auraient trouvé la mort jusqu'ici." - "Les protestataires auraient, selon certaines sources, pris le contrôle de Misurata – si c'est vrai, ce serait la première ville dans l'Ouest du pays à tomber aux mains des manifestants, dont la base de sympathisants se trouve en majeure partie à l'Est. Reuters rapporte que les petites villes à l'Est seraient calmes avec peu de signes de présence policière et militaire ou de tension." - "Les protestataires soutenus par des unités de l'armée ralliées à leur cause revendiquent le contrôle de presque toute la moitié est de la côte méditerranéenne de Libye, longue de 1.600 kilomètres."

Le Monde publie ce témoignage à la fois optimiste et inquiétant :  Mouammar Kadhafi est "pire" que l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein, affirme le représentant démissionnaire de la Libye auprès de la Ligue arabe. "Je crois que c'est une question de quelques jours, pas plus. Malheureusement, je pense en même temps que ça coûtera cher à la Libye et aux Libyens, car cet homme est capable de tout", a affirmé Abdel Moneim al-Honi dans une interview au quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al Hayat. "Je pense que des massacres horribles se produiront", a-t-il ajouté, écartant l'éventualité d'une guerre civile dans le pays. Selon cet ex-membre du Conseil du commandement de la révolution libyenne, le colonel Kadhafi a tranché : "soit il tue, soit il est tué". - Et celui-ci : Un médecin français cité par Libération et qui vient de fuir Benghazi affirme que la répression dans cette ville a fait "plus de 2000 morts" la semaine dernière. Puis ce récit de l'envoyée spéciale du journal, qui vient d'arriver dans le pays :  Tout le long de la route côtière qui conduit à Tobrouk, à une centaine de kilomètres à l’ouest de la frontière, la sécurité est désormais assurée par des civils en armes, revêtus de tenues disparates prises aux militaires. Les journalistes étrangers sont pris en charge par des taxis qui refusent le moindre dédommagement. Les forces de l’ordre officielles ont disparu, y compris des sites de bataille de la Deuxième Guerre mondiale réputés dangereux compte tenu des munitions que l’on peut encore y trouver. - Les symboles du régime ont été systématiquement détruits. Les portraits du colonel Kadhafi ont été piétinés ou affublés de moustaches ou de bandeaux de pirate. Des monuments à la gloire du Livre vert, bible de la révolution libyenne, ont été détruits au marteau. Tous les drapeaux officiels libyens, un rectangle uni de couleur verte, ont été remplacés par des oriflammes comportant trois bandes horizontales, rouge, noir et vert : le drapeau de l’indépendance de 1951.

Terrible contraste : D'un côté, l'image d'un pays libéré d'où les journalistes occidentaux envoient maintenant leurs reportages, et de l'autre l'absence totale d'informations, le noir et le flou, à part les récits de rapatriés et les vidéos invérifiables sur YouTube. On peut y ajouter les tweets par téléphone avec le nouveau système mis en place lorsque l'Internet égyptien a été coupé. Sur le "terrain", où la TV d'État diffuse encore les images d'une Libye heureuse sous le règne (désormais anachronique) du colonel K., le black-out est bien plus important qu'en Égypte, puisqu'aucun média n'est plus accessible : Rien ne rentre, rien ne sort (ou presque) ! Ce que l'on redoute à présent, c'est un nouveau coup de force, plus brutal et violent que les précédents, un véritable overkill de la population : un carnage, tandis que nous sommes, pour ainsi dire, calfeutrés dans notre impuissance !

[15:45] Martin Chulov du Guardian est le premier journaliste étranger à entrer dans Benghazi : "La deuxième ville de Libye paraît irrémédiablement hors du contrôle de Mouammar Kadhafi, avec l'armée locale qui défie son régime et des drapeaux de l'ère monarchique qui flottent sur les bâtiments gouvernementaux." Et le correspondant apporte cette précision : "Il est clairement avéré, maintenant, que le régime de Kadhafi a utilisé des mercenaires étrangers pour essayer de supprimer la rébellion (...)  Un officier de l'armée de l'air, le  major Rajib Faytouni, dit qu'il a été le témoin de l'arrivée de quelque 4.000 mercenaires sur des avions de transport lybiens, chaque machine transportant 300 hommes en armes, sur une période de trois jours à partir du 14 février. Il ajoute: "Voilà pourquoi nous nous sommes opposés au gouvernement. Pour ça et parce que l'ordre a été donné d'utiliser des avions pour attaquer les gens." - Un (autre) geste héroïque rapporté par France 24  : Un avion militaire libyen s'est écrasé aux environs de Benghazi après le saut en parachute de son équipage qui a refusé d'exécuter l'ordre de bombarder la deuxième ville du pays, rapporte le journal libyen Kourina [Qurina] sur la foi d'une source militaire.

[16:30] Sur le fil du Monde : "Al-Qaïda a établi un émirat à Derna [capitale historique de la province de Cyrénaïque], dirigé par Abdelkarim Al-Hasadi, un ancien détenu de Guantanamo", a déclaré le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, affirmant qu'Al-Qaïda envisageait un scénario "à la taliban" en Libye. Il a précisé qu'Abdelkarim Al-Hasadi avait un "adjoint" établi à Al-Baïda, "membre aussi d'Al-Qaïda et qui s'appelle Kheirallah Barâassi". "Maintenant, ils disposent d'une radio FM et commencent à imposer la Burqa", a-t-il affirmé, ajoutant que ces islamistes avaient "exécuté des personnes parce qu'elles refusaient de coopérer". - Puis cette actualisation : Le journaliste de NBC Richard Engel est justement à Derna. Il indique sur Twitter que les manifestations s'y poursuivent. - Réaction sur Twitter rapportée par France 24 : AliTweel, un internaute qui tweete depuis Tripoli : Le ministère des Affaires étrangères libyen a affirme qu'Al Qaida aurait instauré un émirat dans l'Est du pays. Mes amis à Derna et Benghazi ont démenti et rigolé !! [message repris également par Le Monde un peu plus tard]


[16:45] Correspondance d'Associated Press : Des miliciens loyaux à Kadhafi ont déferlé dans la ville aujourd'hui, "les coups de feu retentissant dans les airs". L'armée s'est également déployée massivement dans la ville de Sabratha, à l'ouest de la capitale, pour tenter de faire battre en retraite les manifestants, qui se sont emparés des bâtiments des forces de sécurité et du gouvernement, selon un site d'information proche du gouvernement. Le discours de Kadhafi semble avoir mobilisé un grand nombre de partisans et de miliciens qui ont empêché la tenue de manifestations de masse dans la capitale mardi soir et mercredi. Au cours de la nuit, des coups de feu ont été entendus, selon une femme qui vit près du centre ville (de Tripoli). .- "Les mercenaires sont partout avec leurs armes. Impossible d'ouvrir la moindre porte ou fenêtre. Les tireurs embusqués traquent les gens", raconte-t-elle. "Nous sommes en état de siège, à la merci d'un homme qui n'est pas un (vrai) musulman." - Dans la journée de mercredi, d'autres coups de feu ont été entendus près de la résidence de Kadhafi, mais dans de nombreux endroits de la ville, qui compte 2 millions d'habitants, les gens se risquaient à sortir faire leurs courses, selon des témoins.  - Le gouvernements a envoyé des SMS pressant les gens de retourner au travail, tentant de montrer que les choses reprenaient leur cours normal. Les habitants parlaient sous couvert d'anonymat par peur des représailles. - A la frontière égyptienne, les gardes ont fui, et les chefs tribaux ont formé des comités locaux pour les remplacer. - Un comité de défense organisé par des habitants de la région gardait même l'une des bases anti-aérienne, autrefois top secrète, de Kadhafi à proximité de Tobrouk. (in Le Monde)

[17:00] À Benghazi, les tweets de Martin Chulov du Guardian : Les soins intensifs de Benghazi sont toujours pleines de victimes du coup de force du gouvernement ce week-end. - Une importante base militaire à Benghazi. Une boucherie. Des centaines sont morts ici. La base détruite. Le sang toujours dans les rues. - La maison de Kadhafi à Benghazi a été mise à sac par les pillards. Les hashtags sur Twitter sont #feb17 et  #libya

[17:10] Al Jazeera et Le Monde signalent que "la fille de Kadhafi serait dans un avion qui cherche à atterrir à Malte."

[18:00] Al Jazeera raconte qu'après des tergiversations, où le pilote a fini par révéler l'identité de la passagère,  le refus d'atterrir a été décrété, et l'avion est reparti pour Tripoli

[18:15] Le Monde rapporte : Un tweet du journaliste Nicholas Kristof, du New York Times, qui dit avoir reçu des informations sur la chute de Tajura, à une quinzaine de kilomètres de Tripoli. "Le drapeau rebelle flotte sur la ville", écrit-il. 

[18:30] France 24 nous dit : Outre Benghazi, les villes de Syrte, Tobrouk à l'est du pays et Misrata, Khoms, Tarhounah, Zenten, al-Zawiya, Zouara, proches de la capitale, sont aux mains des insurgés. 

[18:50] Selon BBC, il y aurait des indices selon lesquels des partisans du régime de Kadhafi  contrôlent  des axes routiers importants menant à la frontière libyo.tunisienne et à la capitale. Des habitants de  Tripoli disent que les milices de Kadhafi tirent au hasard dans les rues. D'après un témoignage, les rues seraient désertes et les blessés ne pourraient rejoindre les hôpitaux par crainte d'être abattus. (in Spiegel)  

[20:00] Dans un tweet Nicholas Kristof, du New York Times, décrit Tripoli comme une "ville fantôme"  avec des magasins fermés et très peu de trafic. (in Le Monde) - Une heure plus tôt (20:00 heure locale), Al Jazeera a cité une source du quartier de Janzour à Tripoli-Est  ayant vu des hommes en civil avec des épées à la main. Elle a dit que sa famille a barricadé sa  porte d'entrée avec des canapés et du mobilier pour tenter de les empêcher de rentrer. La source rapporte des "grands boums à proximité" et pense que ce sont des portes enfoncées dans d'autres maisons. - Une autre source en banlieue de Tripoli a vu nombre de tanks et de voitures remplis de supporters de Kadhafi brandissant des fusils dans le quartier de Tajura qui se dirigeaient vers le centre-ville. - Le Spiegel rapporte ceci : "De la Chine au Canada, beaucoup de pays travaillent sous haute pression pour rapatrier leurs ressortissants, qui parlent à leur retour d'une situation comparable à la guerre. Une enseignante britannique signale par exemple de "20 explosions au moins", des avions ne cessant de tourner au-dessus de Tripoli. "C'est terrible. Aux abords de l'aéroport des milliers de personnes attendent", dit un autre témoin."  Le journal parle également d'un bâtiment allemand transportant des hélicoptères en route pour la Libye, dans le but de rapatrier les ressortissants fédéraux sans passer par l'aéroport de Tripoli.