lundi 30 avril 2012

[Note] Fin de Partie

La dernière semaine de la campagne présidentielle 2012 commence. Dans l'attente de la Fête du Travail à Paris, où les adorateurs de Jeanne d'Arc, les syndicalistes et un rassemblement organisé par le sortant sous la bannière déjà obsolète du Vrai Travail semblent s'engager dans une lutte acharnée, mais aussi dans la perspective médiatique du traditionnel débat télévisé entre les deux finalistes programmé le lendemain sur tous les canaux, on assiste à un lancer de boules puantes plutôt contre-productif pour autant qu'une élection comme celle-ci ne saurait se jouer sur des accusations sorties d'une boîte de Pandore à la veille du scrutin.

D'abord la vraie fausse interview de Dominique Strauss-Kahn parue le 27 avril 2012 en "exclusivité" dans le Guardian, un quotidien britannique d'orientation centre gauche : En fait, il s'agirait du montage d'un entretien accordé au journaliste américain d'investigation Edward Jay Epstein le 13 avril 2012 pour son livre Three Days in May (Trois jours en mai) qui reprend l'affaire du Sofitel de New York en défendant la thèse que le scandale aurait été orchestré par les services français dans le but de nuire au présidentiable Strauss-Kahn.

Et le lendemain (28 avril 2012), la "révélation" du site Médiapart (€) dirigé par Edwy Plenel, qui produit un document daté du 10 décembre 2006, signé par Moussa Koussa, le chef démissionnaire du service libyen des renseignements extérieurs, et adressé à Bachir Saleh, ancien trésorier de Mouammar Kadhafi, portant sur le financement à hauteur de 50 millions d'euros de la campagne électorale 2007 de Nicolas Sarkozy. Les deux intéressés libyens ont déjà démenti en contestant l'authenticité de ce document et le président sortant a déclaré qu'il porterait plainte contre le site d'investigation. Fait troublant cependant : Ce dimanche 29 avril 2012, le corps sans vie de Choukri Ghanem, ministre libyen du Pétrole à l'époque (de mars 2006 à mai 2011), qui a lui aussi fait défection lors du soulèvement populaire contre Kadhafi, est découvert à Vienne, flottant dans le Danube. L'autopsie n'a pas encore été pratiquée, mais on n'a constaté aucune trace apparente de violence sur le cadavre. Il pourrait donc s'agir d'une simple coïncidence.

De façon bien plus pressante, l'économie s'invite elle aussi dans cette fin de campagne : Après avoir, le 26 avril 2012, abaissé de deux crans la note de solvabilité financière de l'Espagne - de "A" à "BBB+" -, l'agence de notation américaine Standard and Poor's achève ce lundi 30 avril 2012 le travail en "dégradant" neuf banques espagnoles alors que le pays entre à nouveau en récession. Si les agences de notation avaient déclaré ne pas intervenir dans la campagne française en publiant d'éventuels bilans négatifs avant le scrutin du 6 mai, elles le font tout-de-même de façon indirecte avec cette attaque frontale contre l'Espagne.

Et puis il y a l'éternelle Mme Merkel qui, en vérité, est également soumise à la loi temporelle de la Démocratie puisque des élections fédérales auront lieu en Allemagne à la rentrée 2013. Or, le résultat n'est absolument pas acquis, d'autant que le dangereux Monsieur Hollande (The Economist) a des chances d'être le prochain président français, risquant alors de galvaniser l'élan social-démocrate (SPD) outre-Rhin. C'est peut-être l'une des raisons qui poussent la Dame d'Acier à faire certaines concessions dès aujourd'hui en prescrivant, à côté du régime amincissant qu'elle impose à la population allemande, une cure de croissance pour l'Europe, comme on peut le lire dans une interview récente traduite ici-même. D'ailleurs, après la surprenante demande d'un salaire minimal en Europe, Bruxelles semble lui emboîter le pas avec un possible plan de croissance soutenu par la Banque Centrale Européenne.

Pendant ce temps-là, l'équipe de campagne du sortant, dont l'époustouflante Nathalie Kosciusko-Morizet, s'offusquent de la présence de l'érotomane DSK à l'anniversaire de Julien Dray (PS). Et même le "président-candidat" pense qu'une enquête s'imposerait pour connaître les noms de tous les camarades qui ont assisté à la fête : "Quand on voit la comédie à laquelle donne lieu le dîner d'anniversaire de Monsieur Dray, avec Monsieur Strauss-Kahn - rue Saint-Denis, ça ne s'invente pas -, on se demande si parfois les socialistes réfléchissent", s'est-il laissé aller à dire ce matin sur I>Télé. - Le débat de fond est lancé !

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