dimanche 13 mars 2011

[Libye 2011] Grandes manoeuvres diplomatiques



~ note commencée le jeudi 10, actualisée les 11, 12 et 13 mars 2011 ~
 (derniers développements à la fin de l'article)

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24]

Dès hier (9-03-2011), les grandes offensives diplomatiques ont commencé : trois avions du régime kadhafiste sont partis au Caire, à Lisbonne et à Bruxelles (cette dernière destination reste à confirmer). Dans Le Monde, on peut lire : Kadhafi serait d'accord pour des contacts avec le Conseil national de transition, selon le quotidien portugais Publico jeudi, qui cite une source diplomatique, au lendemain de la rencontre du premier ministre portugais, Luis Amado [il s'agit en  fait du ministre des Affaires étrangères] , avec l'émissaire du Guide libyen, à Lisbonne. Selon cette même source, il est un peu tôt pour prendre réellement au sérieux cette proposition. Ceci étant, Luis Amado vient également de déclarer que le régime de Kadhafi est fini (Al Jazeera) - De son côté, le Conseil national de transition, sis à Benghazi, a lui aussi envoyé des émissaires en Europe, deux d'entre eux ayant été reçus pendant une heure à l'Élysée ce matin. Résultat : Paris reconnaît le Conseil national de transition comme seul  "représentant légitime" du peuple libyen, annonce l'Élysée. La France enverra un ambassadeur à Benghazi auprès du Conseil national de transition, annonce également la présidence française. (in Le Monde)

Deux pays résolument opposés à toute intervention en Libye :  La Syrie rejetant "toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires libyennes qui constitue une violation de la souveraineté de la Libye, de son indépendance et de l'intégrité de son territoire... La Syrie suit avec une extrême inquiétude les développements tragiques en Libye" (source : ministère des Affaires étrangères, in Le Monde). Et la Russie :  Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde jeudi les puissances étrangères contre toute ingérence dans les affaires de la Libye ou d'autres pays africains, réaffirmant que toute intervention militaire serait "inacceptable". - Lavrov a également jugé prématuré de débattre de la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, ajoutant que de telles propositions n'avaient pas encore été présentées devant le Conseil de sécurité de l'ONU. - Cela laisse présager que la Russie fera valoir son droit de véto lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur une zone d'exclusion aérienne en Libye.

Pendant ce temps, les combats font toujours rage. France 24 fait le point sur la situation à Zintan :


Une attaque de grande envergure est menée sur Ras Lanouf par les forces loyalistes. Ce matin,  l'AFP a signalé "une série de raids sur les positions rebelles" à l'Est de la ville. Vers midi, l'agence rapporte que "deux obus sont tombés sur le centre de la cité pétrolière libyenne tenue par la rébellion".  Puis, à 13h, c'est une attaque à l'artillerie contre un hôpital du centre-ville, qui a dû être évacué. À 13.45, l'AFP nous apprend que les "rebelles fuient Ras Lanouf, cible d'une attaque aux roquettes". (France 24 & Le Monde)

Al Jazeera signale également des bombardements sur Brega. Et dans la ville martyre de Zaouia, la situation reste "confuse" : les insurgés ont annoncé mercredi soir avoir repris le contrôle du centre-ville, tandis que la BBC indique jeudi matin que les forces de Kadhafi contrôlent de nouveau le quartier. (in Le Monde) 



Une autre nouvelle d'importance est rapportée par Le Monde : Selon Al Jazera et Reuters, le régime libyen userait de vedettes armées pour attaquer les positions des rebelles dans l'est libyen [sans précision géographique]. Si cela se confirme, le blocus aérien ne suffirait plus pour empêcher les bombardements de la population civile. En 2005, la Marine libyenne était composée de : 2 frégates, Classe Koni de fabrication Est-allemande (1 opérationnelle),  2 corvettes, Classe Nanuchka de fabrication soviétique (2 opérationnelles), 9 navires d'attaque rapide, Classe Combattante II de fabrication allemande (7 opérationnels), 12 patrouilleurs, Classe Osade de fabrication soviétique (6 opérationnels),  9 dragueurs de mines, Classe Natya de fabrication soviétique (5 opérationnels) - À quoi il faut ajouter  : Environ 2000 tanks T-72, T-62 et T-55 dont la moitié sont opérationnels ainsi que 1000 BMP-1 [véhicules de combat d'infanterie soviétique] (Wikipedia). Or, en 2011, le nombre et la qualité des engins  militaires (terrestres et maritimes) à même de pilonner les villes insurgées doivent sans aucun doute être revus à la hausse.

Alors que le président français va proposer à l'UE des "frappes aériennes ciblées" en Libye (source proche du dossier citée par l'AFP) [sur France 24], Al Jazeera répercute cette annonce surprenante faite par la TV libyenne : "L'agence de presse de la Jamahiriya a appris un grave secret qui va provoquer la chute de Sarkozy." Selon Le Monde, il s'agirait du financement de sa campagne électorale. Par ailleurs, le régime libyen envisage de "rompre ses relations [diplomatiques] avec la France en raison d'informations circulant sur l'intervention dommageable de la France dans les affaires intérieures libyennes" (source : agence officielle Jana, in Le Monde).

Quand Bernard-Henri Lévy s'en mêle :


On peut lire dans le blog de Vincent Jauvert (Nouvel Observateur) : Sur les frappes ciblées, il [Nicolas Sarkozy] a dit qu’il allait, demain, demander aux Européens de mener une opération commune. Il a précisé que l’Allemagne était réticente. Il a dit qu’il était tout à fait hostile à une intervention sous pavillon de l’Otan (qu'autrement dit, il ne souhaite pas une participation des États-Unis). - Il a affirmé qu’en tout état de cause et si nécessaire la France effectuerait ces frappes elle-même. - C’est Bernard-Henry Lévy qui a facilité la rencontre. Il a téléphoné de Benghazi à Nicolas Sarkozy jeudi soir, alors qu’il se trouvait avec le patron du Conseil National de Transition et son porte-parole. Il a proposé au chef de l’État de rencontrer des représentants de cette opposition cette semaine, ce que Nicolas Sarkozy a accepté tout de suite. (information basée sur des sources du Nouvel Observateur)

Le commentaire que l'intervention de ce "philosophe" médiatique m'inspire est une transposition de la formule ironique que Nietzsche avait jadis adressée à la philosophie : Comment faire de la diplomatie au marteau !

Cette position pour le moins  "personnelle"  risque d'énerver du monde.  Déjà la reconnaissance quelque peu "prématurée" du Conseil de Benghazi "étonne" l'UE, comme l'écrit Le Monde  : La reconnaissance par Paris du Conseil national de transition comme étant le "représentant légitime" du peuple libyen a provoqué la stupeur de ses partenaires européens, rapporte l'AFP. La décision française a suscité des réactions "réservées voire négatives" de la part de nombreux ministres des Affaires étrangères, a ainsi indiqué le ministre belge Steven Vanackere.

Pendant ce temps Saif al-Islam Kadhafi donne une interview à Reuters (en anglais), où il dit que la Libye prépare  une action militaire de grande envergure pour mater la rébellion et ne se rendra pas, même si des puissances occidentales interviennent dans le conflit : "Il est temps pour la libération. Il est temps pour l'action.... Nous leur avons donné deux semaines (pour négocier)... Nous n'abandonnerons jamais... C'est notre pays. Nous  lutterons ici en Libye. Le peuple libyen et nous n'accueillerons jamais l'Otan, nous n'accueillerons jamais les Américains ici. La Libye n'est pas un gâteau." (in Guardian) [vidéo de Reuters] - Puis de haranguer les jeunes supporters du régime :  "J'adresse un message à nos fréres et amis de l'Est qui nous envoyent des appels quotidiens à l'aide et nous demandent de les sauver : Nous arrivons. -  La victoire est en vue.  La victoire est  proche. Je jure devant Dieu que nous gagnerons." (Al Jazeera)

Ce soir, Chris McGreal du Guardian donne des nouvelles de Ras Lanouf :  "Jeudi, les combattants rebelles ont dit qu'ils ne disposaient pas de l'armement lourd nécessaire pour resister aux chars, à l'artillerie et aux avions de combat de Kadhafi... La ville s'est largement vidée de ses 10.000 résidents. Les rebelles affirment qu'ils ont été frappés par des navires de guerre au large des côtes. Des témoins parlent de douzaines de rebelles tués. - D'abord quelques-uns des combattants moins expérimentés portant des armes récupérées sur les bases militaires ont rebroussé chemin et fui lors de l'attaque des forces de Kadhafi. Puis les combattants plus aguerris, certains étant des déserteurs de l'armée de Kadhafi, ont finalement été contraints à se retirer. Ils ont évacué Ras Lanouf en emportant des canons anti-aériens et des armes montées sur des camionnettes pickup, dans le but de construire de nouvelles lignes défensives." - Et voici le sujet de France 24, tourné dans la journée :



Dans la ville martyre de Zaouia, contrôlée à présent par les forces de Kadhafi, on nettoie le centre pour faire disparaître les traces d'une semaine de combats acharnés. Bill Neely d'ITV News se trouvait sur place aujourd'hui. Il raconte : "Les hommes de Kadhafi nettoient Zaouia, la ville qu'ils ont finalement conquise après l'avoir bombardée pendant une semaine. Ils ont amené des balayeuses pour évacuer les preuves de la pire bataille entre Libyens en un siècle. C'est certainement la dévastation la plus énorme d'un centre-ville que j'aie jamais vue. [...] Des douzaines ont été tués dans la bataille pour la place des Martyrs. Il y a beaucoup plus de "martyrs" qui y sont enterrés, à présent. J'ai compté plus de 20 nouvelles tombes. Les équipes de nettoyage ont frotté dur pour tenter de donner un aspect normal à la place. [...] Selon un habitant, les troupes vont de maison en maison, arrêtant des douzaines de suspects. Nous avons parlé à un homme qui disait : 'Ils arrêtent les gens sans aucune raison, des gens qui sont restés chez eux pendant les sept jours de combat. Vous ne pouvez pas imaginer ce qui se passe ici.' - Il estime le nombre de morts à environ 150." Et Bill Neely conclut son article ainsi :  "Le nombre de morts à Zaouia ne sera jamais connu. Mais Kadhafi va s'adjuger une grande victoire. En effet, il contrôle à présent toute la Libye occidentale. Seule la frontière entre l'Est et l'Ouest sera encore sujette à contestations. Mais Zaouia pourrait ne pas être la victoire qu'imagine Kadhafi. Les survivants ont une histoire à raconter, les médecins sont conscients de ce qu'ils ont vu et des blessures qu'ils ont soignées. C'est évident. Zaouia pourrait bien être une victoire à la Pyrrhus pour le Guide suprême." (Guardian)

Avant les importantes réunions de vendredi (11 mars), voici un dernier point sur la zone d'exclusion aérienne :


~ vendredi 11 mars 2011 ~

Flux d'information : [Al Jazeera] [Guardian] [Le Monde] [France 24]

Ce matin, alors qu'un séisme de magnitude 8.9 au large du Japon provoque un violent tsunami,  Le Monde écrit : Le projet de déclaration finale de la réunion à Bruxelles se montre prudent. Le texte, encore susceptible d'être modifié, affirme que le colonel Kadhafi, qui dirige le pays sans partage depuis quatre décennies, "doit quitter le pouvoir immédiatement". Sur le plan militaire, il reprend à son compte la position attentiste de l'OTAN, dont les ministres de la défense achèvent en parallèle vendredi une réunion de deux jours à Bruxelles. - La déclaration souligne le soutien des Vingt-Sept "à la poursuite des préparatifs des alliés de l'OTAN et d'autres partenaires en vue d'être prêts à fournir une assistance", y compris via "une zone d'exclusion aérienne". Enfin, l'Union européenne s'y dit "prête à parler aux nouvelles autorités libyennes" pour aider à la reconstruction du pays. - Ce texte, fruit de longues tractations, dissimule mal des divergences de plus en plus visibles entre Européens sur l'opportunité de reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen, et sur celle de lancer une action militaire, ne serait-ce que la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne.

La ville pétrolière de Ras Lanouf est à présent sous le contrôle des troupes kadhafistes. Le docteur Salem Langhi à Brega déclare à l'AFP : "Les insurgés nous ont dit qu'il restait des poches de résistance à Ras Lanouf, et qu'il y avait toujours quelques combats, mais à l'heure actuelle, l'armée contrôle la zone... Leur suprématie est totale. Ils ont tiré depuis des bateaux, et ils contrôlent les airs", a-t-il expliqué, confirmant les informations de l'opposition à Benghazi selon lesquelles le régime de Tripoli a lancé une offensive d'envergure contre l'insurrection. (in Le Monde)

France 24 rapporte que la production libyenne de pétrole, qui se montait à quelque 1,4 millions de barils par jour au début du soulèvement, est tombée à "200.000 ou 300.000 barils par jour",  selon une déclaration du PDG de Total, Christophe de Margerie.

[12:30] La chaîne d'information française publie ces deux déclarations, la première du colonel K., la seconde du voisin algérien : Si "l'Europe n'appuie pas et ignore le rôle actif de la Libye dans la lutte contre l'immigration et comme garant de stabilité en Afrique du Nord et dans toute l'Afrique, la Libye sera obligée (...) de se retirer des efforts de lutte contre le terrorisme et de changer complètement sa politique envers Al-Qaïda", a menacé le colonel Kadhafi dans un message transmis par l'agence [non précisée, sans doute Jana, l'agence officielle de Libye]. - Le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a indiqué vendredi que l'Algérie était "contre une intervention étrangère" en Libye, qui nourrirait le terrorisme, mais qu'une "médiation" entre le régime du colonel Kadhafi et l'opposition armée était "souhaitable". 

[12:50] Les États arabes du Golfe, dominés par l'Arabie saoudite, ont renouvelé leur soutien au principe d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, mais insisté sur la nécessité pour la Ligue arabe d'apporter sa caution à une telle opération. Réunis jeudi soir à Riyad, les six pays du conseil de Coopération du Golfe ont considéré que le régime de Kadhafi était "illégitime" et ont exhorté leurs pairs arabes, qui se retrouvent samedi au Caire, à "prendre leurs responsabilités pour arrêter le bain de sang" (France 24)

[13:10] Selon les informations de France Inter, le président Sarkozy aurait modéré ses propos à la réunion des 27 dirigeants européens sur la situation libyenne, qui se déroule actuellement à Bruxelles.  Les "frappes aériennes cibles" seraient menées si le régime utilisait des "armes chimiques" ou bombardait la population civile. Auparavant une lettre "conjointe", signée Nicolas Sarkozy et David Cameron, avait été adressée à Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. Extrait : Nous condamnons l'usage de la force contre les civils par le régime de Kadhafi et appelons à son arrêt immédiat. Nous soutenons la poursuite de planifications afin d'être prêts à apporter un soutien dans toutes les éventualités, en fonction de l'évolution de la situation, sur la base d'une nécessité avérée, d'une base légale claire et d'un soutien régional ferme. Ceci pourrait inclure une zone d'exclusion aérienne ou d'autres options pour empêcher les attaques aériennes, et nous y travaillons avec nos alliés et nos partenaires, en particulier ceux de la région. Nos deux pays travaillent ensemble sur les éléments d'une résolution du Conseil de sécurité. (source : Élysée)


[13:45] Le Monde fait le point sur une situation très difficile pour l'insurrection : Les forces fidèles à Kadhafi ont poursuivi leur avancée vendredi vers l'est du golfe de Syrte et annoncent une victoire prochaine sur les rebelles, que l'Union européenne semble ne pas savoir comment soutenir. Sur la route côtière reliant les principales villes de Libye, l'aviation loyaliste continue de pilonner les positions rebelles. Des soldats de Kadhafi arrivent par air, mer et terre et, après trois semaines d'un conflit indécis, font rapidement reculer les insurgés, à la puissance de feu bien inférieure. - L'armée régulière a réussi à pénétrer dans le centre de Ras Lanouf, ont annoncé les rebelles qui tenaient fermement ce port pétrolier du golfe de Syrte depuis quelques jours. Le premier point de contrôle rebelle a été repoussé à une vingtaine de kilomètres à l'est de Ras Lanouf. Des bombardements ont été rapportés sur Al-Ouqaïla et Brega, à l'est de ce barrage. Ces informations semblent confirmer l'offensive de grande ampleur annoncée la veille au soir par Saïf Al-Islam, un des fils de Mouammar Kadhafi. Les possesseurs de téléphones portables libyens ont été prévenus par le régime que "la libération" des villes d'Ajdabiya et Benghazi, dans l'Est, était proche. - Dans l'Ouest, les rebelles semblent encore contrôler Misrata, troisième ville du pays. Une violente bataille se joue à Zaouïa, ville stratégique à l'ouest de Tripoli et théâtre d'un carnage, selon des témoignages d'habitants. Parallèlement, le régime tente d'empêcher de nouvelles manifestations en cette journée hebdomadaire de prière. La sécurité a été renforcée dans le quartier de Tajoura à Tripoli, épicentre de la contestation dans la capitale libyenne. "Il y a eu des arrestations la nuit dernière", a dit à Reuters un expatrié libyen ayant joint des proches à Tajoura. La télévision officielle a demandé aux habitants des villes tenues par les rebelles de ne pas se rassembler pour la prière dans les lieux publics, affirmant que "des mercenaires et des bandes criminelles" menaçaient leur sécurité. Dans le camp des rebelles, combattants et hommes politiques commencent à désespérer d'obtenir une aide étrangère.

[14:00] France 24 donne des nouvelles de Misrata qui était toujours aux mains des insurgés vendredi mais les militaires pro-Kadhafi encerclent la ville, a affirmé à l'AFP un réfugié soudanais tout juste arrivé en Tunisie, décrivant une situation "catastrophique".

[15:10] Le Monde rend compte de la situation à Ras Lanouf : Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont bombardé une raffinerie et des quartiers d'habitation du terminal pétrolier situé à l'est de la Libye dont l'armée et les insurgés se disputent encore le contrôle, rapporte Al Djazira. Les raids aériens sont intenses. Aucune confirmation n'a pu être obtenue de source indépendante. Les rebelles avaient auparavant fait état de combats dans la zone résidentielle de la ville.
  
[16:00] Puis deux informations de Reuters et d'Al Jazeera : Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi se sont retirées des quartiers d'habitation dans le centre du port pétrolier de Ras Lanouf, à la suite de violents combats, ont déclaré des insurgés à Reuters. "Il y a eu d'intenses combats avec les forces de Kadhafi. Elles se sont retirées du quartier d'habitation et sont parties en direction de l'ouest. Nous passons le secteur au peigne fin", selon le combattant insurgé Mohamed Aboul Hassan. Al-Jazira avait rapporté un peu plus tôt que les forces du colonel Kadhafi avaient bombardé une raffinerie et des zones d'habitation de Ras Lanouf. Les raids aériens y sont intenses, soulignait la chaîne. (in Le Monde)

En début d'après-midi de violents combats ont été signalés par des habitants à Reuters. À présent, on apprend de source "officielle" (Choukri Ghanem, directeur de la Compagnie nationale libyenne pour le pétrole) que la principale raffinerie de la ville, arrêtée en  raison des combats (bombardements), a été remise en service. (Le Monde & France 24)

[16:15] Le Guardian rapporte des nouvelles du quartier tripolitain de Tadjoura : "Les hommes de la milice ont tiré des grenades lacrymogènes et des coups en l'air pour intimider" les gens. "Il y avait énormément de gaz lacrymogène. Tout le monde s'est sauvé en courant. Ils ont essayé de prévenir les protestations et ils ont réussi leur coup." (source : un correspondant à Reuters)

[16:50] Et encore Ras Lanouf, nouvelle ville martyre : Des médecins volontaires, soignant des blessés à la fois insurgés et pro-Kadhafi dans l'est du pays, ont appelé la Croix-Rouge internationale à l'aide. A quelques kilomètres à l'est de la ville pétrolière de Ras Lanouf, au milieu du bruit des raids aériens et des tirs d'obus, le docteur Awad el-Ghweiry craint que son hôpital de fortune soit incapable de faire face à ce qu'il appelle "une guerre civile". - "Nous avons vu beaucoup de gens morts derrière la ligne de front, mais à cause des combats, nous ne pouvons pas les ramener. Si la Croix-Rouge était ici, nous pourrions faire quelque chose", a-t-il dit.  (in Le Monde)

[17:40] La "réunion des 27", plutôt décevante, fait apparaître un seul point de consensus : le départ  de Kadhafi. Si le président Sarkozy et le Premier ministre Cameron ont réclamé une action militaire en amont de la rencontre, la chancelière Merkel se dit "sceptique" pour ce qui est d'une intervention armée à l'heure actuelle. Et son ministre des Affaires étrangères Westerwelle se demande si le Conseil transitoire, que la France est pour l'instant seule à reconnaître sur un plan diplomatique et officiel, représente bien l'ensemble du peuple libyen.

Voici un court aperçu de la position du président français (il s'agit sans doute de la conférence de presse consécutive à la réunion au sommet) :


[18:20] Selon Reuters, le centre-ville de Zaouia est à nouveau passé sous le contrôle du régime. Un peu plus tard, l'agence ajoute : Si les forces loyales à Kadhafi contrôlent le centre de Zaouïah, le reste de la ville,  qui a subi d'importants dégâts, a été déserté (France 24). Puis Al Jazeera signale que "le gouvernement libyen a amené la presse étrangère en visite guidée (escortée) à Zaouia... Quelque cent journalistes étrangers ont été les témoins d'une manifestation pro-Kadhafi sur la place centrale où les supporters criaient  I love Gaddafi, I love Gaddafi en anglais. Si le fils Kadhafi a appelé le Conseil de Benghazi un "Conseil Petit Mickey" (Mickey Mouse Council, dans l'interview accordée à Reuters citée plus haut), on peut parler ici d'un excursion touristique au Parc d'attraction Kadhafiland (où tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes) !

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a mandaté l'ex-ministre jordanien des Affaires étrangères de Jordanie, Abdel Ilah al-Khatib, pour conduire une mission à Tripoli au début de la semaine, dans un but d'abord humanitaire, mais sans doute aussi diplomatique pour "faire cesser les violences" : Violence must stop, a dit et répété Ban Ki-Moon (Al Jazeera).

La conférence de presse de MM. Van Rompuy et Barroso à l'issue du sommet des 27 peut être visionnée sur le site de la Commission Européenne (l'original est en anglais mais une traduction française peut être sélectionnée sur le lecteur, il y a également deux questions en français auxquelles ces messieurs répondent dans notre langue).

Herman Van Rompuy dit : "Tout ce processus... doit être mené par... le peuple libyen. On va pas tomber dans le piège que nous devons déterminer l'avenir du peuple libyen et de la Libye. C'est leur responsabilité. On fera tout pour aider ceux qui veulent rétablir la démocratie. On fera tout [pour aider] par les sanctions... par l'embargo, par l'exclusion du régime... de la communauté internationale. Donc on met tout le paquet de pressions politiques et extra-politiques... Mais.... si c'est démontré qu'on attaque la population civile d'une façon tout à fait injuste, alors on est prêts à examiner toutes les options nécessaires pour aider cette population. Voilà notre position par rapport au régime actuel." Jose Manuel Barroso exprime quant à lui  le "souhait" d'un sommet, "dans les plus brefs délais", entre l'Union Européenne, la Ligue Arabe et l'Union Africaine "pour discuter de la question de la Libye". Exit UE !

[21:15] France 24 et Al Jazeera l'annoncent : La Libye de Kadhafi vient de rompre ses relations diplomatiques avec la France.

~ samedi 12 mars 2011 ~

Fil d'actualité : [Al Jazeera]

Ce matin, les informations en provenance de Libye sont quasi inexistantes. La presse et les agences sont toujours accaparées par le tremblement de terre et le violent tsunami au Japon, où une explosion dans  la centrale nucléaire de Fukushima vient d'être signalées.

Vendredi soir, les raids aériens de l'aviation kadhafiste se sont poursuivis sur Ras Lanouf et Brega (Al Jazeera & Reuters). Et la réunion au sommet des 27 n'a pas permis de concrétiser la fameuse "option" d'une zone de "non-vol" dans le ciel de Libye. Le colonel K. est donc libre de continuer ses bombardements, de détruire son pays, hommes et matériel, pendant que la communauté internationale se contente d'aboyer.

Faut-il intervenir ? Et le peut-on ? Avec le véto prévisible de la Chine et de la Russie, l'aval de l'ONU pour une zone d'exclusion aérienne en Libye est très improbable. Et, depuis l'invasion de l'Irak en 2003, l'OTAN est très mal vu dans le monde arabe. Soucieuse d'améliorer cette image désastreuse, la nouvelle administration américaine n'interviendra que si elle a le soutien de la communauté internationale, notamment de la Ligue Arabe et de l'Union Africaine. Quant à l'Europe, elle vient une nouvelle fois de faire la démonstration des dissensions qui lui interdisent de "parler d'une seule voix". - Alors, même s'il est souhaitable d'empêcher les bombardements et le massacre qu'ils génèrent, une intervention occidentale paraît pour l'heure fortement compromise.

Avec la catastrophe au Japon, le black-out qui frappe la Libye est à présent "bilatéral" : à part Al Jazeera, qui actualise très irrégulièrement son live blog, aucun des flux d'information utilisés ici n'est consacré à la Libye aujourd'hui à 13 heures. Après le contrôle de la ville et du port de Ras Lanouf par les kadhafistes, confirmé par les insurgés ce samedi (AP), la dernière nouvelle qui a filtré sur Al Jazeera est la prise de Brega par les troupes loyalistes qui avanceraient maintenant sur Ajdabiyah (information non confirmée). Et, après la chute de Zaouia, les habitants de Misrata, encerclée par les forces du régime, redoutent un assaut sur la ville (Reuters). Pendant ce temps, la Ligue Arabe se réunit au Caire pour débattre de la zone d'exclusion aérienne.

[15:00] Avec la déclaration liminaire du ministre des Affaires étrangères d'Oman, Youssef bin Alawi bin Abdullah (Al Jazeera), et l'avis favorable d'Amr Moussa, son président. la Ligue Arabe pourrait décider une intervention en Libye. - Il semble bien que les principaux médias aient renoncé à leurs live blogs sur la Libye aujourd'hui.

[15:40] Les forces loyalistes ont lancé une attaque sur Misrata, seule ville de l'Ouest encore aux mains des insurgés. Les habitants estiment que les kadhafistes sont à 5 ou 10 km du centre. "Nous n'avons plus d'autre choix que le combat", dit un "rebelle" à Reuters (Al Jazeera).

[16:10] Al Jazeera annonce que le Yémen, où la situation est également "extrêmement tendue" (Amr Moussa), est opposé à une interdiction de survol de la Libye. Pendant ce temps, deux bâtiments US-américains, le sous-marin nucléaire USS Providence et le destroyer USS Mason, sont signalés dans le canal de Suez en direction de la Méditerranée.

L'Égypte, et sans doute aussi la Tunisie, sont des appuis importants de la nouvelle Révolution libyenne. Si ces deux pays étaient encore aux mains de leurs ex-présidents Moubarak et Ben Ali, les insurgés seraient isolés et n'auraient probablement aucune chance face au coup de force kadhafiste. Or, ils sont pris dans la mouvance du réveil démocratique qui bouleverse le monde arabe depuis janvier 2011. Ce n'est donc pas seulement une affaire "libyo-libyenne", mais une évolution qui concerne l'ensemble des pays arabes. En effet, Amr Moussa vient de le dire : "ce n'est que le début... La région [du Proche-Orient] est sur le point de changer radicalement en très peu de temps. Ce que nous vivons, c'est la découverte par le monde arabe de la vraie démocratie... c'est une chance unique". (AFP & France 24)

[17:10] L'annonce très attendue vient de tomber : La Ligue Arabe a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer une zone d'exclusion aérienne en Libye et veut ouvrir des "canaux de communication" avec le Conseil national de transition basé à Benghazi, en passe d'être reconnu comme l'interlocuteur privilégié du pays insurgé. (TV publique d'Égypte & Al Jazeera). Dans Le Monde on peut lire : "La décision de la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne a été acceptée par les ministres arabes à l'exception de ceux d'Algérie et de Syrie" (source : un diplomate participant à la réunion de la Ligue, sous couvert d'anonymat). Cet article rappelle également qu'une mission humanitaire des Nations unies était attendue samedi dans le pays pour "évaluer les besoins humanitaires". "Cette mission doit visiter les hôpitaux et se faire une idée de nos stocks de produits alimentaires et de médicaments", a indiqué vendredi le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khalid Kaim. "Les stocks de nourriture et médicaments sont suffisants pour six mois", a-t-il précisé.

[18:00] Une heure plus tard, le démenti tombe ! Je cite et traduis : "Al Jazeera entend des rapports selon lesquels, contrairement à des rumeurs antérieures, la Ligue Arabe ne demandera pas une zone d'exclusion aérienne, mais soumettra ce point à la discussion au Conseil de sécurité des Nations Unies. - Selon des comptes-rendus, la Ligue n'a pas réussi à obtenir le vote à l'unanimité requis par l'article six de sa Constitution stipulant que si un pays membre se voit menacé par une proposition de la Ligue, le vote doit être unanime." - Or l'Algérie et la Syrie ont voté contre cette résolution, selon le diplomate anonyme ciré plus haut. - Resterait à exclure la Libye kadhafiste de la Ligue Arabe ! Mais ne l'est-elle pas déjà (temporairement) ? De plus, l'insurrection n'est nullement "menacée", mais au contraire protégée par une zone de "non-vol" dans le ciel de Libye. - Restons donc prudents et attendons la déclaration officielle ! Pour l'heure, la presse internationale continue de relayer l'information précédemment donnée

[18:40] Il semble que cette fois, c'est officiel : La Ligue Arabe demande au Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer une zone d'exclusion aérienne en Libye ! (Al Jazeera & AP) - Or, étant données les positions russe et chinoise, la réalisation de cette demande est loin d'être acquise.

[18:45] D'autres déclarations filtrent : La Ligue rejette une intervention "militaire étrangère" contre le peuple libyen [!? - il s'agit sans doute d'une intervention terrestre]. - Et elle estime que le régime libyen a perdu toute légitimité en  raison de ses crimes. (Al Jazeera)

[18:50] La déclaration est maintenant officielle. À l'issue de la réunion, le Secrétaire général Amr Moussa  rend public que :  "La Ligue Arabe adresse au Conseil de sécurité de l'ONU la requête d'imposer une zone d'exclusion aérienne contre toute action militaire envers le peuple libyen". Et, contrairement à l'information donnée précédemment, Youssef Bin Alawi Abdullah, le ministre des Affaires étrangères d'Oman dit que la résolution a été adoptée "à l'unanimité". (Al Jazeera)

[19:10] Il semble également que la Ligue ait reconnu le Conseil libyen transitoire comme le représentant du peuple libyen. (Al Jazeera) - Mais il ne s'agit pas encore d'une reconnaissance officielle, que seule la France a pour l'instant rendue publique.

[19:35] On a demandé à Amr Moussa comment il serait possible d'imposer une zone de non-vol sans "action militaire". Réponse : On pourrait commencer par brouiller les signaux militaires libyens mais, si d'autres mesures s'avéraient nécessaires, ce serait au Conseil de sécurité de l'ONU d'en décider. Youssef Bin Alawi Abdullah (d'Oman) a ajouté que, si une opération militaire étrangère devait avoir lieu, celle-ci ferait alors l'objet d'un débat au sein de la Ligue Arabe et une nouvelle déclaration interviendrait ensuite. (Al Jazeera)

[20:35] La chaîne d'information qatarie annonce que l'un de ses cameramen, Ali Hassan Al-Jaber, a été tué dans une embuscade près de Benghazi (vers 16:30, heure locale), sans doute par des forces kadhafistes.

~ dimanche 13 mars 2011 ~

 (image : al jazeera)

Fil d'actualité : [Al Jazeera]

Ce matin, alors que la presse reste accaparée par le Japon sous alerte nucléaire, les nouvelles en provenance de Libye sont encore très parcellaires. Les troupes kadhafistes continuent leur progression vers l'Est. Voici les rares informations de "terrain" données par Al Jazeera : Nick Clark rapporte que le front se situe à 30 km de Brega et que certains comptes-rendus non confirmés indiquent qu'Ajdabiya aurait fait l'objet de "menaces aériennes". Le reporter de la chaîne qatarie se trouve à Tobruk où la situation est également "très incertaine". - Sur le front diplomatique, Hillary Clinton rencontrera lundi à Paris Mahmoud Jibril, l'un des dirigeants de l'opposition libyenne chargé des Affaires étrangères, selon l'ambassadeur libyen aux Nations Unies qui a démissionné. Dans une conférence à Washington aux côtés d'Ali Aujali, l'ambassadeur  libyen aux USA, également démissionnaire, M. Jibril déclare : "Nous ne sommes pas des diplomates à présent, nous sommes des combattants de la liberté." À la question de savoir quelle aide l'opposition demande,  M. Aujali répond :  "Tout sauf une présence physique sur notre sol... Notre priorité majeure est la zone d'exclusion aérienne". (Al Jazzera)

L'agence Reuters rapporte que 32 soldats, dont un général, ont changé de camp pour rejoindre les insurgés de Misrata lors de la tentative avortée de reconquérir la ville dans la journée de samedi.

Le Monde précise ce matin que : Les troupes loyalistes se trouvent désormais à 240 kilomètres de Benghazi, fief l'insurrection. - Après la chute de Zaouiah, mercredi, les villes aux mains des insurgés tombent les unes après les autres. Ainsi, des dizaines de rebelles libyens se sont retirés, dimanche 13 mars, de Brega après de violents bombardements des forces du régime du colonel Kadhafi aux portes de cette ville de l'Est de Libye, selon un correspondant de l'AFP. Les insurgés qui étaient postés aux portes de Brega ont pris la fuite à bord de véhicules en direction de la ville d'Ajdabiya, sur la route côtière. La veille, les insurgés avaient fui Al-Uqaila, tombée aux mains des pro-Kadhafi. - Par ailleurs, toutes les communications des téléphones portables étaient coupées dimanche à Benghazi...

Cet après-midi, la presse internationale est unanime : les troupes kadhafistes avancent irrémédiablement vers l'Est et Benghazi. Après de "lourds bombardements" (Guardian), la chute de Brega est à présent officielle. Misrata est désormais la seule place forte à résister à l'Ouest. - Le Monde titre : Les insurgés en déroute. Et l'article (actualisé, référencé au paragraphe précédent) décrit une situation minée par le sentiment de défaite : Dans la ville voisine d'Ajdabiah, les insurgés semblent démoralisés. "Dans une demi-heure, peut-être, leurs roquettes peuvent nous tomber dessus", se lamente un combattant rebelle, Massoud Bouissir, à l'entrée ouest de la ville. "Le soulèvement, c'est fini...", dit un autre, Nabil Tidjouri, qui a perdu son fusil-mitrailleur dans les combats. "Hier ils étaient à Ras Lanouf, aujourd'hui ils sont à Brega, après-demain ils seront à Benghazi." - Un officier rebelle ne cache pas sa colère. "Tout part dans tous les sens ! Il n'y a personne aux commandes, tout cela me rend fou", dit-il. "Le peuple libyen a besoin d'aide. Nous sommes en danger. Tout l'est du pays est en danger", affirme Abdel Hadi Omar, un volontaire d'Ajdabiah. "Le peuple ne peut pas affronter les armes de Kadhafi. Nous avons du monde mais pas de moyens." De nombreux habitants de Brega ont fui la ville à l'annonce de la progression des forces gouvernementales. - Dans les faubourgs, des groupes rebelles avaient tenté d'organiser la résistance autour des terminaux pétroliers, dans cette zone désertique propice aux interventions de l'aviation contre tout regroupement suspect. Peu de forces rebelles étaient visibles sur la route côtière qui mène à Benghazi, capitale de la rétive Cyrénaïque, deuxième ville du pays et fief des insurgés. Dans la boutique d'un coiffeur de Brega, une affiche célébrant le soulèvement contre Kadhafi a été vite remplacée par un poster représentant le "Guide".

Sans une intervention étrangère - zone de non-vol, livraisons d'armes et soutien logistique aux insurgés - il est à présent fort probable que le colonel K. sortira vainqueur de cette lutte fratricide, non sans faire des milliers d'autres victimes dans l'assaut (prévisible et redouté) sur Benghazi. - Si les puissances occidentales, qui disposent maintenant du soutien de la Ligue Arabe, se décident à imposer une interdiction de survol du territoire libyen, il ne leur reste plus beaucoup de temps. - Mais peut-être la décision est-elle déjà prise à l'OTAN, qui attend encore l'appui du Conseil de sécurité des Nations Unies. - En effet, une telle décision ne sera sans doute pas criée sur les toits. Selon les stratèges, la mise en place d'une zone de non-vol sera rapide. Il faudra cependant qu'elle soit officiellement communiquée au régime kadhafiste. Or, certains généraux (US) affirment que cette opération doit s'accompagner de la destruction de l'aviation libyenne. Dans ce cas, l'intervention devra créer un effet de surprise, incompatible avec une annonce publique. Une forme de dilemme, donc !

  [situation cet après-midi, 13 mars 2011 - carte interactive sur le site du Guardian]

Vers 16:30, l'AFP reprend la déclaration d'Alain Juppé qui salue la décision de la Ligue Arabe pour une interdiction de survol de la Libye : "Afin de remplir ces objectifs, la France va accélérer, au cours des prochaines heures, ses efforts, en concertation avec ses partenaires de l'UE, de la Ligue des États arabes, du Conseil de sécurité des Nations unies et du Conseil national libyen de transition", a-t-il assuré, précisant que la question serait au cœur des débats du G8 à Paris, qui auront lieu lundi et mardi. - L'agence rappelle que : Le ministre américain de la Défense, Robert Gates, a déclaré samedi que les États-Unis et leurs alliés avaient la capacité d'imposer cette zone mais que la question était "de savoir s'il est sage de le faire, et la discussion est en cours au niveau politique". - Côté russe, la position n'est guère plus définie. Tout en s'opposant à toute ingérence étrangère, Moscou, qui a fini par voter fin février une résolution de l'ONU imposant des sanctions au régime du colonel Kadhafi, s'est dit prêt à examiner les plans visant à imposer une zone d'exclusion aérienne. - Mais cette réunion se fera sans la Chine, qui dispose également d'un droit de véto à l'ONU.

Ce soir, plus aucune nouvelle ne nous parvient de Libye ...


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