lundi 8 décembre 2014

Un ministre-président du Parti de Gauche en Allemagne ?

~ UNE CHRONIQUE ~
(16 octobre - 6 décembre 2014)



La spécialité de Thuringe :
viande en sauce, chou rouge cuit et boulette de pommes de terre


~ 16 octobre 2014 ~


Aux dernières nouvelles (Der Spiegel), le Land - officiellement : "l'État libre" - de Thuringe pourrait être gouverné par un ministre-président d'extrême-gauche dans le cadre d'une coalition "rouge-rouge-verte" (Die Linke/SPD/Les Verts). Ce serait une première en Allemagne fédérale. - "Historique", s'exclame-t-on déjà. Mais ce ne sont plus vraiment les mêmes qui avaient abusé de cette formule pour célébrer le "triomphe de Mme Merkel" aux dernières élections fédérales en septembre 2013.


La nouvelle peut paraître anodine, surtout en France où les références politiques d'outre-Rhin se limitent souvent à "Berlin" et "Merkel". Or, il faut tout de même dire ceci : si Bodo Ramelow (Die Linke) accède au poste de ministre-président en Thuringe, la coalition qui le soutient n'aura certes qu'un seul siège d'avance, mais - et c'est un mais de taille - l'actuel Bundestag présente exactement la même composition : une coalition rouge-rouge-verte y serait également majoritaire (avec 320 sur 631 sièges) ! - Si, donc, ce partenariat se passe bien en Thuringe, cela pourrait avoir un effet sur les élections fédérales de 2017 (1).


Ce vendredi, les trois partis se réunissent pour une dernière "consultation", mais le Spiegel affirme que l'on se dirige bien vers un accord de coalition et un gouvernement dirigé par Bodo Ramelow, dont la formation politique dépasse de loin le score de ses deux partenaires (2). Si une telle coalition était ensuite envisagée au niveau fédéral et que les trois alliés se rapprochent au Bundestag, Angela Merkel serait dans une position très inconfortable. Bien qu'un tel cas de figure extrême soit plutôt improbable avant l'échéance de 2017, la marge de manœuvre pour mener une politique ultra-libérale en Allemagne se rétrécit sensiblement, ce que l'introduction d'un salaire minimum dès janvier 2015 confirme déjà.


~ 17 octobre 2014 ~


Le SPD - également en pourparlers avec la CDU : une "grande coalition" ne disposant elle aussi que d'un seul siège d'avance en Thuringe ! - se prononcera lundi sur recommandation de sa direction fédérale : il semble qu'en cas d'avis favorable, le projet de coalition avec Die Linke et les Verts sera soumis au vote des militants sociaux-démocrates qui, dit-on, entérineront probablement le projet. Puisqu'une telle coalition à trois, jugée pendant longtemps impraticable au niveau fédéral, n'est plus taboue pour l'après 2017, on estime que le SPD risque fort de l'approuver en Thuringe pour tester cette configuration inédite. - Les Verts feront quant à eux connaître leur décision le 23 octobre.


Si tout le monde tombe d'accord pour passer de la phase "exploratoire" (Sondierung) à la rédaction d'un contrat de coalition, des négociations plus concrètes auront lieu entre les trois partis, qui déboucheraient, en cas de signature, sur la prise de fonctions de Bodo Ramelow et d'un gouvernement rouge-rouge-vert avant Noël.


~ 20 octobre 2014 ~


Les choses se précisent. Selon l'agence de presse dpa, la direction du SPD en Thuringe a donné son feu vert pour une coalition rouge-rouge-verte. Elle s'est donc décidée contre l'alliance sortante avec la CDU. Dès demain, elle soumet le projet au vote des militants sociaux-démocrates : si la coalition est actée, Bodo Ramelow (Die Linke) serait le premier ministre-président d'un gouvernement régional (Landtag) issu du Parti de Gauche. Du jamais vu dans la désormais légendaire "Allemagne de Mme Merkel" !


~ 24 octobre 2014 ~


La direction des Verts en Thuringe vient également d'approuver le projet de coalition avec Die Linke. - Le résultat du vote postal des militants du SPD, qui doivent approuver la décision de la direction du parti social-démocrate, sera connu début novembre et devrait, pense-t-on, avaliser l'alliance à gauche. - Le FAZ, grand quotidien d'information du centre droit, commence à dessiner le diable sur les murs (ici et ), montrant ainsi que l'on prend très au sérieux la réalité - même régionale - d'une coalition rouge-rouge-verte. Les deux arguments centraux développés par ce journal lié au monde des affaires touchent à une certaine "impopularité" de Bodo Ramelow chez les députés de gauche, qui pourrait remettre en question son élection au poste de ministre-président, et à la fébrilité chez les tenants du pouvoir économique en Thuringe, dont les moyens pour empêcher cette élection sont - à mon avis - plus occultes mais non moins puissants.


Spiegel Online, d'orientation centre gauche, s'y met également (ici) en titrant que "la majorité des Allemands refuse [un gouvernement] rouge-rouge-vert au niveau fédéral" selon un sondage commandé par la deuxième chaîne publique allemande (ZDF). Indépendamment du fait qu'il est difficile de comprendre comment on arrive à ce genre de conclusion en interrogeant "par téléphone 1.268 électeurs choisis au hasard entre le 21 et le 23 octobre", il faut se demander pourquoi ce sondage est prescrit et rendu public à ce moment précis. Une partie de la réponse a déjà été donnée : comme en Thuringe, une coalition SPD/Die Linke/Les Verts disposerait actuellement d'une courte majorité au Bundestag !


~ 4 novembre 2014 ~


Plus grand chose ne paraît s'opposer à l'élection d'un ministre-président issu du Parti de Gauche dans le Land de Thuringe : les militants du SPD viennent en effet d'approuver à 69,3% (participation : 78%) le projet de coalition rouge-rouge-vert ("r2v"), et les Verts ont également donné leur accord de principe. Dans les prochaines semaines, un contrat de coalition sera donc négocié entre les trois partis.


La forte probabilité que cette coalition aboutisse fait l'objet de discussions passionnées en Allemagne. Le Parti de Gauche, anciennement PDS, est à l'origine (1990) issu du parti unique - SED - de RDA. Même si, en 25 ans, il s'est transformé en un parti démocratique, qui, au niveau des régions, a déjà participé à des coalitions gouvernementales sous la présidence du SPD (3), une certaine partie de la population - notamment ceux qui ont connu ou subi la répression en RDA - redoute un retour du "régime communiste" avec l'élection de Bodo Ramelow en Thuringe. - Le débat récent sur la nécessité de définir la RDA comme un État de non-droit ("Unrechtsstaat"), mais aussi les réserves quant à cette possible gouvernance de Die Linke en Thuringe émises voici quelques jours par l'actuel président d'Allemagne donnent à penser qu'il ne s'agit pas là d'un événement anodin, au moment où l'on s'apprête à célébrer le 25e anniversaire de la chute du mur.


 ~ 7 novembre 2014 ~


Lors de la cérémonie de commémoration de la chute du mur, Wolf Biermann est invité au Bundestag pour chanter l'une de ses chansons : Ermutigung (Encouragement, à 6'50" ci-dessous). - L'ancien dissident, empêché par les autorités de RDA de regagner son domicile à Berlin-Est - et donc expatrié - après un concert mémorable à Cologne (RFA) en 1976 (> ici), profite de son passage au parlement fédéral pour critiquer sévèrement le Parti de Gauche - et implicitement la possible élection d'un ministre-président de Die Linke en Thuringe - en le taxant - comme cela commence à s'entendre un peu partout - d'héritier de la dictature communiste : il interpelle les députés du Parti de Gauche en disant qu'ils ne sont "pas de gauche, mais réactionnaires, que ceux qui sont assis là [il les désigne de la main] sont le misérable résidu de ce qui a fort heureusement été vaincu" (5'01"- 5'15"). - Le caractère particulièrement insultant - et non mesuré - de cette intervention d'un homme public plutôt apprécié en Allemagne risque de faire des vagues : est-ce le but recherché par un poète en perte de vitesse et en manque d'inspiration, qui a composé ses plus belles chansons lorsqu'il habitait en RDA (> Chausseestraße 131) ?





~ 19 novembre 2014 ~


Comme le rapporte le quotidien taz (je traduis) : "la première coalition rouge-rouge-verte en République Fédérale sous la direction du Parti de Gauche (Linkspartei) est chose faite. Deux bons mois après l'élection régionale (Landtagswahl), le Parti de Gauche, le SPD et les Verts ont achevé leurs négociations de coalition, comme le signale la tête de liste du Parti de Gauche, Bodo Ramelow, ce mercredi sur [...] Twitter."

 
En français, cela donne : "Le contrat est confirmé à l'unanimité et les négociations de coalition pour #r2g [rouge-rouge-vert] se sont terminées avec succès ! Maintenant, on passe à la consultation de la base !"


En effet, après ceux du SPD, les militants de Die Linke et des Verts doivent encore valider ce contrat, mais cela ne devrait être qu'une formalité. Ensuite, sans doute le 5 décembre prochain, le parlement du Land de Thuringe élira son nouveau ministre-président.


~ 20 novembre 2014 ~


Ce jeudi, le contrat de coalition a été présenté par les partenaires à Erfurt, capitale du Land de Thuringe. Le préambule indique clairement que "la RDA était une dictature, et non un État de droit". Les trois partis reconnaissent la nécessité d'un travail sur l'histoire dans les lieux de mémoire, les écoles, les comités scientifiques, et entendent se rapprocher des victimes du SED. De même Die Linke insiste pour que figure dans ce préambule "la lutte contre les anciens et les nouveaux nazis, contre le racisme et l'antisémitisme". Le contrat prévoit également un programme contre le chômage et un plan d'aide sociale, l'approvisionnement énergétique de la région à 100% par des énergies renouvelables à l'horizon 2040, une réforme ambitieuse du cursus scolaire et l'embauche de 500 enseignants par an, ainsi qu'un budget sans nouvel endettement (FAZ).


L'hebdomadaire Die Zeit présente les 110 pages du contrat sous le titre : "Aucune trace de socialisme", l'article arguant qu'un certain nombre de ces mesures avaient également été actées au cours des négociations entre la CDU et le SPD en vue d'une éventuelle reconduction de l'alliance sortante. Selon le rédacteur, les sociaux-démocrates seraient les grands gagnants de cette coalition à trois, alors qu'ils ont remporté à peine la moitié des voix de Die Linke. De même, Les Verts, loin derrière ses deux partenaires, devraient tout de même obtenir deux ministères (sur neuf). - Ceci étant, la coalition rouge-rouge-vert risque également d'avoir des ambitions fédérales (lire "nationales" en français) avec une première revendication : le retour de l'impôt sur la fortune !


Ce 20 novembre, l'info vient plus ou moins de traverser le Rhin [euronews] : je passe donc la main (4) ! - Rendez-vous le 5 décembre pour l'élection du nouveau ministre-président de Thuringe.


~ 5 décembre 2014 ~


L'élection du ministre-président - chef du gouvernement régional - a eu lieu ce matin même : pour les deux premiers tours (sur trois), Bodo Ramelow du parti de gauche est le seul candidat en lice, mais il a besoin d'une majorité de 46 voix (sur 91) pour être élu. Après avoir échoué au premier tour (avec 45 voix et une abstention), il l'obtient au second tour et devient donc le premier ministre-président issu du Parti de gauche en Allemagne fédérale. Étant donné qu'une telle coalition "rouge-rouge-verte" disposerait également d'une majorité (avec 320 sièges sur 631) au parlement fédéral (Bundestag), il sera très intéressant de suivre son évolution dans cette région "historique" de Thuringe.




Bodo Ramelow, photo de profil sur Twitter


Je ne m'étonnais pas vraiment du peu d'écho que la perspective de cette élection avait en France, où l'image libérale d'une "Allemagne de Mme Merkel" semble posséder certaines vertus, que de telles informations ne pourraient que ternir. Mais en cette fin de journée du 5 décembre, je suis tout de même surpris que la prise de fonctions de Bodo Ramelow ne soit pas jugée suffisamment importante pour concurrencer l'indécrottable rubrique des faits divers ou les sempiternelles polémiques franco-françaises. Peut-être les commentateurs politiques ne se rendent-ils pas compte de la portée de cet événement, pensant qu'il s'agit d'une simple élection régionale. Ils oublient alors que l'Allemagne est une république fédérale, où les Länder - via la Chambre Haute du Bundesrat - ont plus de pouvoir que les régions françaises placées sous la tutelle d'une nation centralisée. Et s'il était de bon ton de mettre en exergue le caractère "historique" du "triomphe de Mme Merkel" en 2013, on avait déjà passé sous silence que le Bundestag issu de cette élection fédérale recelait, comme en Thuringe aujourd'hui, une courte majorité pour une coalition entre le SPD, les Verts et Die Linke. À mon sens, cela valait bien un commentaire en première page. Mais s'il n'est jamais trop tard pour bien faire, il est tout aussi difficile de rallumer les feux de l'actualité que de vendre le journal de la veille !


En Allemagne et chez les voisins germanophones -  on s'en doute - cette élection n'a pas manqué de faire les gros titres :


- Journée mémorable à Erfurt (Frankfurter Allgemeine Zeitung, centre droit)
- Ramelow obtient un changement de pouvoir malgré un bémol électoral (Die Welt, droite)
- Ramelow élu en Thuringe : paternalisme rouge-rouge-vert (Neue Zürcher Zeitung, Suisse)
- Ramelow, premier ministre-président du parti de gauche - historique ! (Focus, centre droit)
- Ramelow demande pardon aux victimes de la Stasi (Der Standard, Autriche)
- Le dangereux retour au pouvoir des héritiers du SED (Bild, populiste)
- Ramelow, ministre-président de Thuringe : c'est dans la poche ! (Der Spiegel, centre gauche)
- Réactions à rouge-rouge-vert : des félicitations et, pour la Stasi, des reproches (taz, gauche)
- Ramelow, premier ministre-président de gauche - grand geste d'un objet de haine (Süddeutsche Zeitung, centre gauche)






~ 6 décembre 2014 ~


Pour être complet : il y a certes eu des articles en France rendant compte de cette élection, mais il fallait déjà être au courant pour les trouver ! - On peut donc dire que cette information est "passée à l'as" et que l'image fatidique de "l'Allemagne de Mme Merkel" est restée intacte, alors que sur 16 Länder, 9 sont dirigés par le SPD, 1 par Les Verts (!) et à présent 1 par Die Linke (soit 11 sur 16), que dans le cadre de la "Grande Coalition" gouvernementale entre la CDU et le SPD un salaire minimum sera introduit dès le 1er janvier 2015 et que l'État annonce un investissement de dix milliards dans le secteur public. - Comme l'extase sur la "victoire" de Mme Merkel en 2013 n'a apparemment pas permis de préciser qu'une coalition rouge-rouge-verte eût disposé d'une courte majorité au Bundestag, il est évident que l'alliance en Thuringe ne peut être interprétée que comme le résultat d'un scrutin régional sans importance. Or, il s'agit également d'un test en vue des élections fédérales de 2017 !


Notes


(1) En Allemagne, les prochaines élections fédérales sont en effet prévues la même année qu'en France : à l'automne 2017. - Il est utile de rappeler ceci : Puisque la fraction CDU/CSU soutenant Mme Merkel n'a pas obtenu la majorité absolue en septembre 2013 et que son partenaire de coalition libéral (FDP) n'a pas franchi la barre des 5% nécessaires pour entrer au parlement, la chancelière gouverne dans le cadre d'une coalition avec les sociaux-démocrates. Dès lors, si le SPD se tourne vers ses partenaires de gauche, la fraction soutenant Mme Merkel serait en théorie minoritaire, mais en théorie seulement car le SPD a signé un contrat de coalition qu'il ne serait pas si facile de remettre en cause avant 2017.


(2) Voici la liste des cinq partis entrant au parlement de Thuringe (ayant obtenu plus de 5% des suffrages exprimés) et le nombre de sièges qui leur sont respectivement attribués (sur 91 en tout) :


CDU - 34
Die Linke - 28
SPD - 12
AfD ("Alternative für Deutschland", eurosceptique) - 11
Les Verts - 6


(3) Il y a eu des coalitions SPD/Die Linke dans les Länder de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale ("Meck-Pom"), de Berlin, et de Brandebourg, où une telle coalition "rouge-rouge" vient d'ailleurs d'être reconduite.


(4) Ce qui peut tout de même étonner, c'est que cette information - comme d'ailleurs celle de l'introduction du salaire minimum dès le 1er janvier 2015 - n'est pas vraiment relayée et commentée en France : faut-il garder intacte l'image ultra-libérale de la redoutable "Allemagne de Mme Merkel" ?






Commentaires





A. 17-18 octobre 2014


Dans l'hypothèse où le SPD et Die Linke s’alliaient au niveau fédéral, quel en serait l'incidence au plan de la politique économique ? Die kaiserin Merkel peut-elle gouverner en solo et conserver sa ligne politique économique, malgré sa minorité ?


Écrit par : Marc | 17 octobre 2014 |






Si les trois - car il faut les Verts aussi pour constituer cette majorité d'une voix au B. - se rapprochent au niveau fédéral, et je crois que pour 2017 en tout cas, ce n'est plus du tout exclu, les choses deviennent très compliquées : AM n'aurait plus la majorité et devrait sans doute poser la "question de confiance" (Vertrauensfrage) au Bundestag, et si la majorité absolue (>50%) ne lui accorde plus cette confiance, on se dirige vers une dissolution et de nouvelles élections.

Il faut préciser, mais tu le sais sans doute, qu'il n'y a qu'une seule élection fédérale déterminante en Allemagne (je ne compte pas l'élection du Président fédéral, poste plus ou moins honorifique, qui a une fonction "représentative" et n'intervient pas dans le débat politique) : c'est la Bundestagswahl, et une cohabitation à la française serait donc impossible (comme une "grande coalition" droite/gauche à l'allemande serait impossible dans le cadre du régime présidentiel de la 5e). Ceci dit, la chancelière est déjà minoritaire et ne peut donc plus mener sa politique d'avant 2013. D'ailleurs, je ne sais pas si ce constat est vraiment arrivé en France !

La question serait de savoir si le SPD peut sortir du "contrat de coalition" avant 2017. Je n'ai pas trouvé de réponse pour l'instant, mais j'ai l'impression que ces accords ne comportent pas de clause temporelle (l'ensemble de la législature par exemple). La seconde question serait de savoir si les sociaux-démocrates allemands ont intérêt à sortir de la coalition pour le moment, vu la situation économique actuelle et les difficultés des camarades français à changer la donne.
Écrit par : sk | 17 octobre 2014






@ Ce ne serait le premier cas de gouvernement minoritaire. Si l'écart est petit , elle [peut] compter comme en France sur quelques individualités de l'aile droite du SPD.
Sauf si bien entendu, mais je ne connais pas la constitution allemande, l'opposition peut demander que le gouvernement engage sa responsabilité devant le parlement. Je vois mal dans ce cas même à titre individuel des parlementaires du SPD voter la confiance.


Écrit par : Benoît | 17 octobre 2014






@ SK

Le dernier commentaire est parti alors que le votre n'était pas encore en ligne.
En Belgique, il est arrivé rarement qu'un parti en quittant la coalition provoque un nouveau scrutin mais chaque fois il l'a payé cher.
Écrit par : Benoît | 17 octobre 2014






Ce serait sans doute également le cas en RFA. - Ceci dit, le SPD paye déjà très cher sa coalition fédérale avec la CDU, son résultat en Thuringe l'atteste : une partie de son électorat traditionnel a préféré voter Die Linke.

Le rapprochement actuel entre les deux partis traditionnels de la gauche allemande est en effet "historique", en considérant l'antagonisme KPD/SPD qui a traversé les époques. De même, le ralliement forcé du SPD au SED en RDA n'avait jamais vraiment été pardonné. - Il y a beaucoup de discussions de ce côté-là à l'approche du 25e anniversaire de la chute du mur : La RDA était-elle un État de non-droit (Unrechtsstaat) ? - Gregor Gysi (l'une des personnalités les plus influentes de "Die Linke", mais qui n'a plus de responsabilités au sein du parti) répondit récemment par la négative, Bodo Ramelow dit au contraire que la RDA était en effet un État de non-droit, ce qui a beaucoup contribué au rapprochement avec le SPD et les Verts en Thuringe.

Mais la coalition n'est pas encore actée. Gageons que si elle l'est, cela fera également du bruit en France (et en Belgique).
Écrit par : sk | 17 octobre 2014 |






OSKAR LAFONTAINE peut il rever de devenir un chancelier ?


Écrit par : olivier | 17 octobre 2014






Bonjour Olivier ! - Non, Oskar Lafontaine s'est retiré dans son fief de la Sarre. Et il faudrait encore que "Die Linke" soit la fraction majoritaire à gauche (comme c'est le cas en Thuringe) pour qu'un candidat issu de cette formation puisse prétendre au poste de ministre-président au niveau régional et surtout de chancelier au niveau fédéral, où le leadership du SPD à gauche n'est pas remis en question. - Si 2017 amène un changement, Sigmar Gabriel, l'actuel vice-chancelier, ou Frank-Walter Steinmeier pourraient accéder à la chancellerie. - Il me semble avoir lu que Mutti Merkel ne se représentera pas, ce qui se répercuterait sur les votes à droite motivés par le côté "rassurant" de la chancelière. Mais une rapide recherche me montre que sa retraite politique en 2017 est loin d'être à l'ordre du jour : on dira que la question est actuellement entourée d'un certain "flou artistique" (je vous épargne l'incertitude heisenbergienne).

Mais puisque je vous tiens : Einstein, qui pratiquait le violon, voulait absolument donner un aperçu de ses capacités musicales au compositeur Schönberg. Lorsqu'il avait fini sa prestation, il s'enquit :
- Alors, ça vous a plu ?
- Tout est relatif !
Écrit par : sk | 17 octobre 2014






SK

Intrigué par ce qui se passe en Belgique actuellement et est quand même assez hallucinant mais aussi en France, une question : où en est l'extrême droite en Allemagne ?
Écrit par : Benoît | 18 octobre 2014






Difficile question. On assiste actuellement à la montée des eurosceptiques de l'Alternative für Deutschland (AfD) que l'on ne peut pas raisonnablement assimiler à l'extrême-droite mais où se retrouvent cependant un certain nombre de courants souverainistes. - Traditionnellement, c'est le NPD qui fédère l'extrême-droite en Allemagne : ce parti ne passe jamais la barre des 5% au niveau fédéral (1,3% en 2013), mais a pu accéder aux parlements régionaux de Saxe en 2004 et du Mecklembourg (Vorpommern) en 2006. On note également une présence au niveau communal. De plus, comme un peu partout en Europe, il y a une scène radicale "alternative" qui fait parfois parler d'elle. Il y a notamment l'affaire des assassins du NSU dont le procès se prolonge actuellement > http://fr.wikipedia.org/wiki/Beate_Zsch%C3%A4pe


Écrit par : sk | 18 octobre 2014






En France, ce pourrait être Ségolène Royal, dans deux ans, qui jouerait "the bridge" entre le PS et Les Verts..parce qu'elle est "verte" très naturellement et socialiste "très naturellement"..contre toute attente..hubertoustra (sauf si elle se casse avant).


Écrit par : hubert41 | 18 octobre 2014




B. 20-28 octobre 2014


Cela expliquerait-il le récent accord entre l'Allemagne et la France pour un plan d'investissement et semble-t-il les fleurs qui devraient être faits à la France par Bruxelles?


Écrit par : Benoît | 20 octobre 2014






cette coalition est considérée comme un test pour l'après-2017


Écrit par : sk | 20 octobre 2014






Donc, l'équivalence numérique entre "gauche & droite" dont vous étiez pratiquement le seul à parler lors de la réélection de Mme Merkel — a fini par percer dans un lander au moins. Juste le temps de s'en rendre compte, peut-être, et de lentement transformer l'évidence acquise que l'Allemagne est carrément à droite et que la chancelière eut été brillamment réélue.

Ça fait penser au débat économique actuel à fronts renversés: la Relance et l'Austérité semble se bousculer, se superposer ou se cacher l'une l'autre dans un même crâne.
Nos inusables experts qqchose_"libéraux" avaient pris l'habitude de montrer les US comme l'exemple vivant à suivre. Manque de bol, l'administration Obama joue la relance désormais, et critique les fustigations que l'Europe s'inflige au nom d'une rigueur à contre-temps (de crise).
Alors ce n'est plus l'Amérique, mais le voisin allemand qu'il fallait admirer, avec sa hantise (peu justifiée) de l'inflation et sa ceinture budgétaire des 3% contre vents et marrés:
. « (Laurent,) Serrez ma haire avec ma discipline,
. Et priez que toujours le Ciel vous illumine. » (Tartuffe)

Patatra, voilà que la Thuringe même ne peut plus servir de modèle !
Mais où va-t-on, je vous le demande.
Écrit par : Leterrier | 21 octobre 2014






Salut Leterrier et merci de m'avoir concédé cette petite exclu qui, malheureusement, n'intéresse pas grand monde. D'ailleurs, en Thuringe, la bière reste au même prix pour les passeurs d'infos (et la viande en sauce est toujours aussi salée) !


Écrit par : sk | 24 octobre 2014






Bonjour, SK

Je vous remercie de vos initiations à l'Allemagne et ses évolutions très peu connues et comprises en France. Je viens de lire un article qui reprend les prévisions de quatre économistes alemands assez décoiffants :

http://www.challenges.fr/economie/20141013.CHA8862/pourquoi-la-france-va-depasser-l-allemagne-d-ici-10-ans.html?utm_source=outbrain&utm_medium=widget&utm_campaign=obclick&obref=obinsource

Sans aller à faire Cocorico (kirikiki en allemand) ces économistes aux limités (déjà dépassées) du modèle allemand, miné de l'intérieur par les mesures du Hartz IV (et ses paupérisations accélérées) et limité par les effets conjugués de la mondialisation et de la crise mondiale généralisée.

Le plus inquiétannt semble être la baisse de la démographie a priori peu traitée par l'Allemagne. Quid de la politique familiale allemande ? Les trois K (enfants, cuisine, église) sont-ils-ils toujours d'actualité ?
Écrit par : Marc | 22 octobre 2014






Les aides familiales sont plutôt natalistes : 184€/mois/enfant pour 1 à 3 enfants et 215€/mois pour chaque enfant supplémentaire, congés paternité/maternité assez largement accordés... plus difficile de trouver une crèche (KiTa), et l'école se termine en principe vers 13:30 : plus difficile donc de concilier le job et les enfants... pour les 3 K, il semble en effet que les Allemandes sont moins branchées vie professionnelle que les Françaises...

Si ça vous intéresse, je me renseignerai mieux...
Écrit par : sk | 24 octobre 2014






Bonjour ! - Le tour n'est pas complètement joué, et on joue tout-de-même serré ! - Le militants SPD de Thuringe doivent encore se prononcer, mais on pense qu'ils voteront "rouge-rouge-vert". Et les Verts doivent également donner leur réponse, en principe demain 23 octobre : on suppose qu'ils donneront leur feu vert ! - Si tout le monde est d'accord, on élabore le contrat, où les trois partis doivent faire des concessions, et si tout se passe bien, Bodo Ramelow se ramènera un peu avant Noel avec une barbe blanche, sa tunique rouge et une belle hotte pour faire la distribution !

Votre envoyé spécial à Iéna-Auerstedt
Écrit par : sk | 22 octobre 2014






Rouge-rose-vert, dirait-on ici

Concernant les 3 K évoqués par Marc, je pense que c'est obsolète depuis quelques décennies, la preuve, il y a une chancelière sans enfant et qui ne fait de cuisine qu'électorale.
Écrit par : nolats | 23 octobre 2014






Nolats, je ose la question des 3 K parce que je ne suis pas si sur de la réponse ... Berlin n'est pas représentatif de l'Allemagne.

Donc question toujours ouverte.
Écrit par : Marc | 23 octobre 2014






CHER MONSIEUR SK
il serait peut être intéressant d évaluer l 'émigration non européenne en Allemagne ( par exemple de Turquie et moyen orient ) , la réponse des divers milieux ( urbains , industriels , ruraux etc ) et son pouvoir d assimilation etc
merci pour tous vos bons "tuyaux"


Écrit par : olivier | 24 octobre 2014






Selon les statistiques officielles (Statistisches Bundesamt), 7,6 millions d'étrangers vivaient sur le sol allemand au 31 décembre 2013 (sur un total de 80,8 millions d'habitants à la même date, soit 10,63%). Au cours de l'année 2013, on a noté une augmentation de 518.753 personnes (arrivées moins départs), sensiblement plus que l'année précédente (394.923 en 2012).

La politique d'intégration est différente en Allemagne, en ce sens que l'on recherche peut-être davantage l'évitement - l'apaisement - des conflits qu'en France. Il faut ajouter que la France a été un pays colonial qui, à la fin de cette période, a vu arriver un grand nombre de populations de ses ex-colonies. Sans aucun jugement personnel : ces populations ont subi un traitement très ambigu (ambivalent) et le "débriefing" de la période coloniale n'a pas été fait comme il aurait dû l'être, puisque, aujourd'hui encore, on confond "mea culpa" (jugement moral) et rétablissement de la vérité historique (faits/analyse). À l'horizon de cette ambiguïté, l’intégration me paraît plus difficile. Il faut également dire que les horreurs nazies ont tout-de-même marqué la conscience collective outre-Rhin, qui me semble faire preuve d'une certaine modération quand il s'agit d'analyser les problèmes d'intégration (ce qui n'empêche nullement d'aller vers leur résolution).

En Allemagne, parmi les communauté dites "étrangères", les personnes d'origine turque prédominent. Beaucoup y sont nés et sont donc des citoyens allemands comme les autres. Mais, avec la montée du radicalisme religieux dans un système basé sur la désorientation (retour d'archaïsmes comme structures d'orientation) et de la criminalité avec un État social à la dérive face à la pérennité de la "crise", certains désignent du doigt - comme en France - une immigration excessive ("Überfremdung"). - Il faut ajouter que beaucoup de citoyens des ex-pays de l'Est affluent également en Allemagne (Ex-Yougoslavie, Ex-URSS, Bulgarie, Roumanie, Pologne).

J'ajouterais qu'en parlant de "non-Européens", l'Allemagne fait actuellement beaucoup d'efforts pour accueillir des réfugiés des différentes zones de crise (notamment Syrie/Irak)...
Écrit par : sk | 24 octobre 2014






SK, selon les chiffres que vous donnez, le pourcentage me semble être 9,4% plutôt que 10,6%. Mais avec un solde d'un demi million par an, cela devrait augmenter considérablement?
Lorsque vous écrivez à propos des personnes d'origine turque en Allemagne "beaucoup y sont nés et sont donc des citoyens allemands comme les autres", cela signifie-t-il que désormais le droit du sol soit instauré?
Existe-t-il comme en France le spectre du "remplacement démographique" dans les milieux de droite?


Écrit par : nolats | 25 octobre 2014






Les chiffres sont officiels, j'ai moi-même calculé le pourcentage et donc fait une erreur, il s'agit bien de 9,4% d'étrangers. Merci pour la vérif. - L'acquisition de la nationalité allemande est un peu compliquée et a été réformée au 1/1/2000. Dans les faits, si vous êtes né en Allemagne de parents étrangers après cette date et que l'un des parents y vivait régulièrement depuis plus de 8 ans, vous êtes automatiquement naturalisé. - Mais je pensais plutôt à ceux qui vivent en Allemagne depuis bien plus longtemps, qui y sont allés à l'école, y ont fait leur vie : si ceux-là ont demandé la nationalité allemande à l'âge adulte, elle ne leur aura pas été refusée, ils sont donc (devenus) des citoyens comme les autres.

Je ne sais pas répondre à votre dernière question. Je suppose qu'il y a des gens qui pensent ça, mais après tout ce qui s'est passé en Allemagne et les efforts qui ont été faits pour expliquer et comprendre, je ne crois pas qu'un débat public aussi haineux (et honteux) qu'en France puisse y avoir lieu. Ceci dit, la polémique autour des thèses de l'ancien politicien SPD Thilo Sarrazin (2010ssq.) est un cas spécial, qui peut être considéré comme une version soft du débat actuel en France > http://fr.wikipedia.org/wiki/Thilo_Sarrazin . Il faut certes également analyser la montée des souverainistes de l'AfD.
Écrit par : sk | 25 octobre 2014






Merci, sk, pour ces précisions. C'est assez récemment que cette théorie de la substitution de population a pris une telle ampleur. Elle est basée sur des statistiques indirectes, et des procès d'intention. Par exemple je me souviens que le regroupement familial avait à l'origine été introduit non pas pour raisons démographiques ou philanthropiques, mais pour que le salaire gagné en France soit consommé sur place plutôt qu'envoyer vers le pays d'origine (je ne connais pas les statistiques sur les effets dans ce domaine, or certains commentateurs de droite y voient une intention d'attirer une population qui votera à gauche si ce n'est que c'est la droite qui avait instauré la mesure il y a quarante ans).


Écrit par : nolats | 28 octobre 2014 |



C. - 7 novembre 2014





Sk,

Je vous lis attentivement dans vos billets très documentés sur la RDA, mais suis incompétente pour les commenter.
J'ai regardé la vidéo, dommage que je ne comprenne pas l'allemand. Mais, non, contre Aragon (et Jean Ferrat), je ne souscris pas sans quelque réserve à ceci : "Le poète a toujours raison..."
Écrit par : plumeplume | 07 novembre 2014






Merci pour vos encouragements, plumeplume, car je constate un vrai manque d'intérêt ou d'envie d'approfondir la connaissance de l'histoire contemporaine (RDA/RFA) et de l'actualité outre-Rhin. Malgré cela, je continuerai à donner quelques informations qui, si on voulait bien en prendre connaissance, nuanceraient quelque peu l'image d'un voisin ultra-libéral (et hostile) qui circule en France. Dommage, car en Allemagne, la France jouit toujours d'une excellente réputation et j'entends souvent des gens dire qu'ils adorent la sonorité du français tout en regrettant de ne pas le comprendre !


Écrit par : sk | 07 novembre 2014






Oups, pardon ! J'aurais bien sûr dû écrire RFA, car c'est elle que je voulais nommer (vous avez dû vous en rendre compte). J'ai toujours été nulle en sigles, si vous saviez...Sauf que là, vous en avez une terrible preuve sous les yeux !

Oui, ne vous découragez pas et surtout continuez à nous informer sur l'actualité d'Outre-Rhin. Je reste très marquée parce que vous avez pu nous dire sur le travail (j'ai oublié le terme allemand) de déconstruction idéologique opéré par les Allemands sur leur passé, et qui manque précisément en France par exemple à propos de sa longue période coloniale.

Oui, c'est important quand bien même la doxa préfère s'exciter sur le dernier scoop, la dernière miette que les médias lâchent pour distraire les consommateurs d'infos de l'essentiel, des questions de l'essentiel...
Écrit par : plumeplume | 07 novembre 2014






Le mot est "Vergangenheitsbewältigung", composé de Bewältigung = maîtrise, dépassement et Vergangenheit = passé. - En traduction, ce mot pose problème car il n'y a pas de véritable équivalent en français (ce qui excède le simple embarras lexical). Dans les dicos spécialisés on trouve les approximations suivantes : travail sur le passé - gestion du passé - confrontation du (ou au) passé - travail de mémoire. - C'est vrai que ce travail a été énorme, surtout auprès des générations nées après la guerre (actuellement < 69 ans !) à qui l'on ne peut pas reprocher grand-chose et qui peuvent légitimement éprouver une certaine saturation d'être confrontés de façon essentialiste aux horreurs perpétrés par leurs parents, grands-parents, arrière-grands-parents. - Mais comme si cela ne suffisait pas, une seconde "Vergangenheitsbewältigung" a dû être entreprise dès 1990, et loin d'être terminée, elle s'enflamme actuellement de plus belle avec la possible (probable) ministre-présidence de Die Linke en Thuringe (située sur le territoire de l'ex-RDA, comme d'ailleurs le Brandebourg, Berlin et Meck-Pom où d'autres coalitions avec Die Linke ont été conclues sous la présidence du SPD).

En France, de ce point de vue, deux phases historiques auraient dû être mieux confrontées, et d'abord celle de l'occupation allemande : en effet, puisque sur insistance de Churchill, la France fait partie des vainqueurs de la Seconde guerre mondiale, le chapitre de la collaboration (tout de même : quatre ans sur six !) a pu être balayé sous le tapis. Je sais que cette question reste très sensible, qu'une part de travail a bien sûr été fait en France et que la RFA de Konrad Adenauer et successeurs n'a pas non plus été exemplaire, loin s'en faut. Mais la légende d'une France résistante est tout de même un peu fort de café, la majorité ayant été - comme toujours - suiviste, comme d'ailleurs la majorité du peuple allemand. - Ensuite bien sûr le colonialisme. Il y a des gens, ici et ailleurs, qui l'approuvent sans le dire explicitement. Je rappelle simplement que le terme "musulman" avait à l'époque un sens très péjoratif, désignant des citoyens de second ordre qui, de facto, étaient dans une large mesure privés de droits. Que ce terme resurgisse dans le débat actuel sans qu'une mise en perspective historique ne soit faite me parait tout de même assez inquiétant. - Mais je dois interrompre ici.
Écrit par : sk | 07 novembre 2014






Le nombrilisme français n'est pas nouveau. On le voit notamment à propos des révélations à propos du Luxembourg comme paradis fiscal. Personne ne s'interroge pour savoir ce qui se passe ailleurs, notamment en Allemagne sur ce sujet.
L'introduction d'un smic devrait par ailleurs faire réfléchir les français quand on connaît l'insistance des institutions financières à considérer le smic comme un frein à l'emploi.
Pour ce qui est du musulman, la manière dont on réduit tout musulman à son appartenance à une religion est une manière d'en faire un citoyen de seconde zone voire un "impuissant" en citoyenneté.


Écrit par : Benoît | 07 novembre 2014



D. - 5 & 6 décembre 2014





Bonjour sk. Votre précédent billet a pris la tangente avant que je ne vous remercie. Une question tant que je vous ai. Le Bundestag a-t-il les mêmes pouvoirs que l'ancien Reichstag? Je ne comprends pas grand-chose au fonctionnement des parlements allemand et italien, et dans quelle mesure les lantags se démarquent du parlement fédéral. Cordialement


Écrit par : Leperse | 05/12/2014 |






Question compliquée. Le Reichstag était le parlement de l'Empire (1871-1918) puis de la République de Weimar (1918-1933). Le parlement a siégé dans le bâtiment du même nom depuis 1894 jusqu'à son incendie en 1933. Le Bundestag est l'équivalent de l'Assemblée Nationale en France. Il siège depuis 1999 dans ce même bâtiment rénové du Reichstag à Berlin (d'où la confusion). - L'Allemagne est une république fédérale qui se compose de 16 Länder, chaque Land ayant son propre gouvernement dirigé par un ministre-président élu par le parlement régional (Landtag). Il y a un certain nombre de compétences régionales, comme la culture, l'éducation, la police régionale, l'environnement, le social. Et chaque Land envoie des députés à la Chambre Haute, le Bundesrat, qui a une compétence législative pour les lois fédérales (lire "nationales") concernant les Länder.

Malgré ces compétences des régions, c'est tout de même le Bundestag qui a le pouvoir en Allemagne. Il élit un(e) chancelier(e) qui nomme un gouvernement. Actuellement, et c'est ça qui est marrant, il y a une majorité d'un siège pour une hypothétique coalition SPD/Les Verts/Die Linke, comme en Thuringe. Or, en septembre 2013, le SPD a préféré s'allier à la CDU de Mme Merkel dans le cadre d'une "Grande Coalition". Et il a sans doute approuvé la coalition "rouge-rouge-verte" en Thuringe pour tester cette configuration inédite dans la perspective des élections de 2017.

Voilà en vrac, cher Leperse. - À bientôt
Écrit par : sk | 05/12/2014 |






vous imaginez une victoire de cette coalition de gauche en 2017 en même temps que la réélection de Hollande ? Aïe, je rêve !...


Écrit par : BL | 05/12/2014 |






Je pense que cela n'arrivera pas. Mais surtout : il n'y a aucune véritable communication - sur la place publique en tout cas - entre sociaux-démocrates allemands et français. Le président Hollande et ses ministres auraient dû ouvertement soutenir le candidat du SPD (Peer Steinbrück) aux élections fédérales de 2013. Peut-être l'ont-ils fait, mais cela m'a échappé. Sans doute la relation avec Mme Merkel, qui avait pourtant soutenu Nicolas Sarkozy en 2012, était-elle plus importante. Et aujourd'hui, dans le cadre de la "Grande Coalition" CDU/SPD, l'interlocuteur privilégié du gouvernement français devrait être le vice-chancelier Sigmar Gabriel (SPD). Or...


Écrit par : sk | 05/12/2014 |






Merci sk et à plus


Écrit par : Leperse | 05/12/2014 |





Pour ma part , je m'y suis bien sur intéressé à cette élection et suis curieux de savoir ce que ça va donner , effectivement les médias en France laissent à désirer , je ne suis pas loin de donner raison à Bruno Masure dans sa critique du journal télévisé de France 2 ! mais il y a tant de nouvelles qui sont occultées ,
une que j'ai aussi bien aimé et dont personne n'a causé c'est le départ de José Mujica en Uruguay , bon ce n'est pas la porte à coté mais le bonhomme est admirable

http://actualites.sympatico.ca/nouvelles/blogue/les-adieux-de-jose-mujica-president-pauvre-monde
Écrit par : kulturam | 06/12/2014 |






merci pour cette info sur José Mujica : on est toujours à critiquer la corruption des politiques, mais on oublie de mentionner les quelques politiciens intègres... pourquoi ? aurait-on peur que leur exemple soit suivi ? voudrait-on présenter la corruption comme l'état normal (tout en le déplorant bien sûr) ?


Écrit par : sk | 06/12/2014 |






SK, je n'ai pas non plus entendu parler de cette élection de Thuringe autrement que par votre blog (vous l'aviez déjà évoquée), et c'est une totale carence de nos média. Les infos télévisées sont effectivement tournées vers les faits divers, le tour des marchés et des caves inondées, un peu de politique politicienne, et très peu de politique étrangère. Mêmes les chaines d'info comme BFM TV et i Télé s'y mettent. Exemple caricatural: il y a quelques semaines TOUTES les chaines nous ont bourré le mou sur un fauve échappé, aperçu près d'un parking, reportages à la clé, lieutenant de louveterie se pavanant devant les micros ...et tout compte fait il se serait agit d'un gros chat (mais on n'a pas eu la confirmation).

Donc, observons ce qui se passera en Thuringe, quoique la marge de souveraineté soit forcément limitée au niveau économique et social.

PS: la France vient de prendre une "grande mesure" protectionniste :-) l'interdiction d'achat de cigarettes via internet ...mais pas de restriction pour la libre circulation frontalière qui approvisionne les trafiquants...
Voilà un exemple de l'incongruité de l'UE: une harmonisation des taxes sur le tabac et les carburants aurait du être faite ...depuis les années soixante!
Écrit par : nolats | 06/12/2014 |






Hello nolats ! - Ci-contre vous avez le lien sur toute la chronique de cette élection au pays du chou rouge, de la viande en sauce et des boulettes de pommes de terre, en accès libre et sans pub ; vous y trouverez également d'autres articles publiés ici (53), mais je me rends compte un peu tardivement que les articles de blog - comme d'ailleurs la plupart des articles de presse - n'ont qu'une durée de vie limitée et une valeur anecdotique : une fois les feux de l'actualité éteints, ils n'intéressent plus personne.


Écrit par : sk | 07/12/2014 |





Bonjour SK,
Je suis content de savoir que des personnes éclairées fassent profiter le quidam de leurs infos. Je découvre et j'apprécie. Donc, si j'ai bien tout compris, l'Allemagne serait un pays politiquement situé à gauche. Voilà une information rassurante. Tout n'est pas perdu, en Europe.


Écrit par : Sherman | 08/12/2014 |






Salut Sherman ! - C'est loin d'être aussi tranché, d'ailleurs l'Allemagne, davantage que la France, mise plutôt sur le compromis, comme on peut le voir avec l'actuelle Grande Coalition CDU/SPD. Et l'État social est inscrit dans la Constitution de la RFA, ce qui met en principe l'ultra-libéralisme hors course. Mais c'est vrai qu'on oublie souvent que l'Allemagne a toujours eu une gauche assez puissante, depuis Marx et Liebknecht, en passant par la social-démocratie et les communistes de la République de Weimar, jusqu'aux fondateurs de la RDA, et Willy Brandt ou Helmut Schmidt à l'Ouest. De même, la droite - qui s'est sacrément modérée avec Mme Merkel ! - a toujours été très forte....

Ce sont les images unilatérales, simplistes, qui sont gênantes, comme si, par exemple, la France pouvait se résumer à MM. Hollande et Sarkozy...

Bonne musique !

http://vimeo.com/46320635

Écrit par : sk | 08/12/2014 |






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