vendredi 30 août 2013

Une seconde !



Si vous restiez 80 ans devant cette animation, vous la verriez flasher 2.522.880.000 fois - et si le temps de vie à peu près moyen d'un individu sous nos latitudes (au-dessus du seuil de pauvreté) est donc de quelque 2,5 milliards de secondes, passez vite à autre chose ! - A cette occasion, une personne de ma connaissance se serait empressée de renchérir : Tu dois serrer ta vie !

Oui, l'irréversibilité du temps : l'impossibilité de revenir en arrière, de défaire nos erreurs, de rajeunir lorsque nous vieillissons, de lutter contre la mort inéluctable. Nous sommes des êtres temporaires, impermanents. Et pourtant nous nous comportons souvent comme si nous étions immortels, comme si nous étions là pour toujours, comme si nous pouvions encore faire toutes ces choses importantes que nous nous sommes promis de faire avant de...

Non, un jour, bientôt, plus vite que nous ne pensons, nous ne serons plus là, et quelque temps après notre disparition, plus personne ne saura que nous avons un jour existé, jeté un regard très personnel sur ce monde, que nous avons aimé, détesté, souffert, et que par moments nous avons été heureux, plus personne ne le saura puisque nos amis, nos proches aussi ne seront plus là.

Est-ce possible de vivre avec ce sentiment, cette idée d'impermanence ? Est-ce possible d'agir à chaque fois comme si cet acte particulier était le dernier, le seul, le plus important ? Et si c'était possible, le monde ne s'en trouverait-il pas radicalement changé ? - Il serait peut-être temps de se poser la question !





Impermanence : 無常 (wú cháng) - calligraphie de Nonin Chowaney



En vérité, cette question se rattache à une autre interrogation : comment l'idée contraire, l'ídée de permanence, a-t-elle pu s'imposer dans la plupart des civilisations humaines sous la forme d'un système métaphysique qui connaît son apogée en Occident avec l'idéalisme transcendantal (Descartes, Leibniz, Kant etc.), mais qui est bien plus ancien puisqu'on le rencontre déjà dans le monde héllénique (Platon, Aristote) et surtout dans les trois monothéismes, dont le principe a été anticipé avec le culte d'Akhénaton dans l'Egypte ancienne  (Jan Assmann) ?



La question serait alors : N'est-ce pas cette idée de permanence qui justifie, en somme, jusqu'aux actes les plus délirants ? Les civilisations bâties sur un tel ordre transcendantal ne se comportent-elles pas - dans la barbarie qui, paradoxalement, y pointe invariablement son nez - comme si la mort n'existait pas ? Est-ce donc ce que l'on pourrait appeler le délire d'immortalité qui nous propulse sans cesse au bord du gouffre ?

Malgré la transcendance des idées postulée par Platon, que les théologiens ont ensuite largement réinterprétée voire mésinterprétée ou déformée, les anciens Grecs s'appelaient encore des mortels. Et leurs croyances s'apparentaient au polythéisme. Ce n'est sans doute pas un hasard.



  • Aucune conclusion. Ni d'ailleurs de volonté de convaincre qui que ce soit. Et de quoi d'ailleurs ? Chacun doit voir par et pour lui-même. Mais le changement viendra un jour. Obligatoirement. Avec ou contre nous. Avec ou sans nous. Cette planète existe depuis des milliards d'années. Et nous ? Depuis quand ? Jusqu'à quand ?

  • Il faut s'imaginer le changement comme une sorte de mutation. Il faut que l'Homme s'apaise. Bon gré ou malgré lui. Les massacres, les exterminations, le terrorisme économique sont intolérables. Quelles que soient les bonnes intentions, les rationalisations qui nous sont sans cesse servies comme on sert la soupe populaire. Vale !

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Commentaires

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Une note qui mérite amplement qu'on revienne creuser avec elle.
A très bientôt.
Cdlt

Écrit par : Pyroman | 31 août 2013 |
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Ce sont des idées - ici en vrac - qui m'obsèdent depuis longtemps, comme par exemple cette histoire de mutation de l'esprit humain, d'ailleurs pas forcément au sens évolutionniste, physiologique...

Nietzsche, grand lecteur de Darwin, avait parlé du "surhomme", concept charcuté par les nazis qui (avec l'aide de la soeur de Nietzsche) ont falsifiée son oeuvre, et notamment les fragments posthumes, Je suppose qu'il avait dans l'idée que si nous sommes les fruits de l'Evolution (et non de la Création), nous ne sommes peut-être pas encore "finis".

Mais à cette thèse, on peut opposer que certaines espèces n'évoluent plus depuis très longtemps, que l'évolution n'est donc pas un processus automatique, nécessaire...

A creuser, comme vous dites, ça et tout le reste !

A la proxima, SK

PS.: Pour les falsifications et tronquages de l'oeuvre posthume de Nietzsche, cet article est éloquent : fr.wikipedia.org/wiki/La_Volont%C3%A9_de_puissance
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