jeudi 7 novembre 2013

Europe

T'es Allemand ou Français ? - Une question à cent balles... dans la peau, il fut un temps ! - Alors on pourrait se prendre à regretter l'époque de Charlemagne, dont une succession prudente eût peut-être évité 1618, 1870, 1914, 1940 et j'en oublie.


T'es Basque ou Breton ? Écossais ou Gallois ?  - Voilà une question plus intéressante, à quoi le Belge Flamand Wallon Arno répondrait misschien :



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Mais le régionalisme basé sur des "origines" bien souvent lointaines ne me semble pas une solution pratiquable pour l'Europe politique que l'on aimerait voir se construire : en pays d'Oc, par exemple, ces offices du tourisme qui font revivre feu les Cathares à l'intention d'estrangers en mal de curiosités locales me font penser aux organisateurs de ces danses traditionnelles que les pauvres "Indiens" massacrés à coup d'eau de feu et de Winchester exécutent devant les Quakers à oreilles de Mickey. - Tout ce délire de l'origine - et je ne parlerai pas de la renaissance bien artificielle des trois monothéismes qui masque des intérêts géopolitiques et économiques bien réels - me paraît hautement suspect, mais c'est là une autre paire de manches...


Quelle Europe ?


 

Dans ce que j'entends de l'Europe actuelle, il n'y a rien de bon : politique économique trop libérale, directives peu adaptées aux régions et aux spécificités, suffrages décalés, non harmonisés au niveau européen, concurrence déloyale en raison des aides, salaires et taxes non uniformisés dans les différents États membres...


Si, par exemple, une législation sociale sur le travail était adoptée au niveau de l'Union, obligeant tous les membres à l'appliquer en tenant compte des spécificités régionales ou locales, et si une fiscalité homogène était mise en place partout, on pourrait enfin commencer à s'entendre.


Ceci posé, il y a peut-être une autre Europe, une Europe des jeunes gens qui s'installent dans un autre pays puisqu'ils sont partout chez eux, y rencontrent d'autres jeunes gens, y fondent peut-être une famille ou vivent une vie d'artiste, travailleront sur la route ou rentreront chez eux, emplis d'étranger. Cet avenir est aléatoire, mais possible : une seule génération spontanée de jeunes Européens, et tout le passé des nations, cette histoire si lourde à porter et ces rancunes tenaces se volatiliseraient comme un cauchemar au petit matin.


 


Europe des Régions ou des Nations ?


 


On peut se demander si l'on n'est pas face à un problème insoluble. - C'est un fait que les nations coûtent cher : Imaginez vingt-sept ministères des Affaires étrangères, autant d'ambassades dans chaque capitale du monde, sans parler des consulats, des résidences et de tout ce faste dont les diplomates ont le secret. - Et : Vingt-sept ministères de la Défense, autant d'armées, alors qu'une seule armée et gendarmerie européennes réduiraient elles aussi les coûts tout en augmentant l'efficacité sur le plan continental. - On peut en dire autant des ministères de l'Economie et des Finances, pour peu que l'Europe veuille enfin "harmoniser" les choses de ce côté-là. - En revanche, une Éducation Nationale centralisée comme en France, avec des Instructions Officielles rédigées par quelques pédagogues basés à Paris, qu'il faut scrupuleusement respecter jusqu'au fin fond des campagnes françaises, n'est pas forcément une bonne solution. D'ailleurs, comment se fait-il que la majorité des profs de langues étrangères enseignent un idiome qui n'est pas le leur, alors qu'un échange conséquent entre les différents pays ne serait que profitable aux élèves qui bénéficieraient alors de cours dispensés par des locuteurs natifs et informés de près sur les particularismes culturels de leurs pays d'origine.



Un autre facteur doit être considéré : même si elles sont plus ou moins "jeunes", les nations européennes ont donné naissance, non seulement à une langue mais également à une "unité" nationales, que l'on ne peut abolir par simple décret. Faut-il donc considérer les différents États membres de l'Union comme des "super-régions" ? - Mais que deviennent alors ces régions qui pourraient éventuellement vouloir aspirer à une relative autonomie au sein de l'Europe : Wallonie, Flandre, Bretagne, Pays Basque, Corse, Catalogne, Écosse, Bavière, Alsace et bien d'autres ?



Le français comme langue de l'Union ?


 


Dans la constitution des États, les "langues nationales" ont supplanté les idiomes régionaux, qui ont été appelés en retour des "dialectes" ou des "patois" afin de faire ressortir un soi-disant caractère d'infériorité. - Les linguistes le savent et l'esperanto le prouve : il est impossible de fabriquer une langue de toutes pièces. La formation et le développement d'une langue ressemble à un processus quasi naturel que l'on retrouve également dans la constitution des symboliques, ou des grandes religions. - L'Église catholique a cherché à maintenir le latin à travers l'époque médiévale, qui n'en demeurait pas moins une langue "morte" ou, si l'on veut, la langue des élites, comme le sanskrit en Inde. Conscients de cela, Montaigne et La Boétie, Descartes et Pascal ont commencé à écrire dans ce français moderne en pleine expansion, à une époque où l'Académie Française constituait un progrès quand elle empêche aujourd'hui la langue de Molière de s'ouvrir pour embrasser le monde contemporain.  - Dans cette quête d'une langue commune de l'Union, qui me semble absolument indispensable, il serait illusoire de "ranimer" le latin, même si ce projet pourrait être examiné plus en détail. - Je choisirais personnellement le français pour plusieurs raisons et à une condition : que les Français "offrent" leur langue à l'Europe. Cela veut dire qu'ils permettent aux autres Européens de faire évoluer cette belle langue dans leurs propres univers culturels sans qu'une quelconque Académie Française vienne leur taper sur les doigts en leur prescrivant comment il faut ou ne faut pas s'exprimer. Cela veut dire que les locuteurs français renoncent à leur "monopole", qu'ils assistent avec bienveillance à l'indispensable "créolisation" du français si tant est que l'Europe tout entière et les peuples au-delà puissent s'y raconter à leur manière. - Les raisons pour ce choix sont évidentes : l'anglais et l'espagnol sont pour ainsi dire déjà "pris", et le français a, quant à lui, un passé de langue "internationale" dans l'Europe aristocratique et dans les sphères de la diplomatie. Que l'on ne s'y méprenne pas : je ne veux nullement faire revivre les cours royales ou les pirouettes des diplomates professionnels ! Je dis que, comme l'anglais et l'espagnol, le français a prouvé sa capacité à faire parler des cultures différentes. Samuel Beckett, Emil Cioran, Tahar Ben Jelloun et d'autres en témoignent encore aujourd'hui.


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Commentaires


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Bien que n'étant plus si jeune que les jeunes auxquels vous faites référence, je vis comme ça, "bien partout où je vais" et justement parce que je change de coin; parce que je cosmo-politise, que je veux ignorer les frontières qui, p..., me rattappent. Rien que des CDD et rien que des tampons sur le passeport, avec un pays d'origine qui est fin fou (si si, et ce n'est donc pas la France) et dont j'ai reçu en double héritage le goût de la diaspora et la hantise du ghetto.
Même si beaucoup de ceux qui y vivent ne s'en souviennent pas.
Pour ce qui est de l'Europe, hors les institutions et la bancocratie, c'est un territoire merveilleux à parcourir; les régionalismes, comme autrefois les états des féodaux , sont , en France au moins, à fort risque communautariste, attention! C'est d'ailleurs ce que vous dites. Ailleurs, dans les pays sans tradition jacobine ou bonapartiste, on a moins le sentiment d'une telle propension au repli (enfin ça dépend... l'Italie de la Ligue lombarde ou la Catalogne haïssant la Castille (et réciproquement), c'est assez dramatique... la Belgique et ses relents ultras, pas triste non plus...)
Oui, vous avez raison, sk, la grande promenade et les échanges libres, voilà le plan de perspective... enfin, il faut ne pas "avoir d'attaches" pour ça. Notamment pas d'enfants à nourrir. Un vrai choix de jeunesse.
Sauf pour les cinquantenaires comme moi. Pas un exemple.


Bis bald, Wanderer (gaffe, je n'ai pas écrit "Wandervogel", je sais à quoi ça a mené...)

Écrit par : talweg | 07 novembre 2013

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Quand on aura des vrais passeports européens, vous en demanderez un, je suis sûr qu'on vous l'accordera sans vous prendre l'autre, ça économisera de l'encre à tampons !

Pour les enfants, c'est autre chose : ça peut encore vous tomber dessus !

Bonne Gratwanderung !

Écrit par : sk | 07 novembre 2013

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