jeudi 8 mars 2012

Choix

Une partie de l'électorat français ne semble pas s'en rendre compte, et je m'excuse pour ce ton professoral :

1) nous sommes en Europe : il s'agit là d'une réalité économique ; les candidat(e)s qui prônent - promettent - la "sortie de l'euro" ne sont pas crédibles, même s'ils se disent animés des meilleures intentions ; de même, il est absurde - anachronique - de mettre en concurrence les différents pays membres qui doivent au contraire travailler ensemble pour parvenir enfin à la constitution d'une Europe politique ;

2) ainsi, nous n'avons qu'une seule alternative, c'est-à-dire le choix entre :
a) le néolibéralisme qui brade le bien public et travaille à la suppression progressive de l’État au profit de la finance et des grands groupes internationaux ;
b) la social-démocratie qui essaye, tant bien que mal, de préserver un État social protégeant les plus démunis, assurant un revenu minimum, une couverture sociale et médicale, une retraite décente, une scolarité et une formation pour tous etc.


Il faut bien comprendre que la "social-démocratie" n'équivaut pas au "socialisme" et encore moins au "communisme" d'antan ; il s'agit tout simplement du maintien d'un État social et démocratique, dont la préoccupation principale est le bien commun et dont les dirigeants sont élus (et révoqués) dans un processus électoral équitable et transparent.

En effet, personne n'élit les financiers et les dirigeants des grands groupes (industriels, informatiques, agro-alimentaires, pharmaceutiques, pétroliers etc. etc.) qui tiennent le monde entier en leur pouvoir : l’État social et démocratique, sans cesse menacé par ce pouvoir, figure le dernier rempart, le dernier contre-pouvoir face à l'ogre de la mondialisation néolibérale ("hypercapitaliste") qui engendre à terme la destruction de la nature et l'appauvrissement général des populations au profit d'une machinerie déshumanisée - "automatisée" - que les hommes ne semblent déjà plus à même de contrôler.

En Allemagne, la libérale Mme Merkel ne peut pas (encore) viser l'abolition de l’État social parce que, dans ce pays, c'est le parlement qui désigne le chef de l’État : d'une part, ce n'est donc pas une affaire de personnes et de "pouvoir personnel" comme en France où le dirigeant suprême est élu au suffrage direct et avant l'élection du parlement qui, dès lors, fait figure de scrutin "secondaire" ; d'autre part, la majorité qui doit obligatoirement porter la chancelière est fragile : la coalition social-démocrate / écologiste est entrée en force au Bundesrat (Conseil fédéral), l'autre Chambre de la République Fédérale, qui représente les Länder (régions) au niveau national, sans l'aval de laquelle aucun changement radical de cap n'est possible ; et les choses ne s'annoncent pas non plus faciles pour les élections du Bundestag (législatives) à la rentrée 2013 où la coalition SPD / Les Verts a des chances de l'emporter.

Cessons donc de nous la jouer "perso" en France (*) et de pointer la personnalité de l'un ou de l'autre, comme s'il fallait élire le meilleur comédien dans l'une de ces cérémonies dont les médias (et l'industrie du divertissement) nous abreuvent : il ne s'agit ni de personnes ni même de partis ; il s'agit de savoir si nous voulons conserver un État qui puisse nous protéger lorsque nous n'avons plus rien ou si peu, ou bien si nous voulons travailler (contre notre propre intérêt) à l'abolition de ce dernier rempart contre la misère du monde. Car, à moyen terme, seule une Europe social-démocrate (dans le sens pointé ci-dessus) pourra nous préserver du pire.

Et d'ailleurs, à l'attention de ceux qui croient tout avoir :  ce ne sont pas seulement les "revers de fortune" qui font que l'on peut se retrouver sans rien du jour au lendemain ; ce sont aussi les situations où les pauvres sont devenus tellement pauvres, la situation tellement catastrophique, la société tellement brutale, que les masses s'empareront des richesses, qui leur sont refusées, par simple instinct de survie. Ce ne sont donc pas seulement "les plus démunis", mais également les plus "nantis" qui ont intérêt à ce qu'une telle situation soit évitée en acceptant un certain partage des richesses.

(*) On peut étudier l'évolution de cette "personnalisation" dans la vie politique française en consultant les débats du second tour des présidentielles.

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