mardi 1 avril 2014

Détendons-nous un peu avec Uli Hoeneß



Vous ne savez pas qui c'est ? - C'est vrai qu'il faut un peu connaître le foot, et en particulier le Bayern, pour savoir que c'est un ancien joueur devenu manager du prestigieux club de Munich. D'ailleurs il ne l'est plus, manager, puisqu'il va intégrer la prison bavaroise de Landsberg dans les prochaines semaines afin d'y effectuer une partie conséquente de sa peine de trois ans et demi. Pour fraude fiscale.


Comme ne manquent pas de nous le rappeler les milieux bien informés, cette prison est célèbre pour le séjour d'un certain caporal de Bohème, selon l'appellation méprisante de ce vieil épouvantail de Hindenburg, qui y rédigea en 1923 son bréviaire de la haine après une condamnation pour un putsch manqué dans la capitale bavaroise, également connue pour son énorme consommation de bière et de cocaïne, sans oublier les studios Bavaria où fut tournée la série Derrick, vous savez cet inspecteur aux yeux globuleux qui vous hypnotise à l'heure de la sieste.




Et ce lundi, la prison de Landsberg organise donc un point presse, événement plutôt rare dans la branche, avec autorisation de photographier et de filmer les cellules, ce qui est encore plus inhabituel. En fin de programme, la prison répond même à toutes les questions des médiatiques, seuls invités de cette séance spéciale.


Mais la condamnation et cette peine en apparence sévère n'étaient pas jouées d'avance : il y avait un match au tribunal bavarois de Munich. Uli Hoeneß a fait ce que ses conseils lui ont suggéré en déposant une « plainte contre lui-même » : Selbstanzeige, comme on dit au pays du ballon rond et de la grosse cylindrée. Mais il l'avait déposée un peu tard, ce qui passait encore. Le problème, c'était le montant de la fraude déclarée : le minimum syndical, comparé aux 27 ou 28 millions que la contrôleuse fiscale a finalement découverts au cours de l'instruction, décidant M. le juge à déclarer nulle et non advenue cette Selbstanzeige qui, selon une nouvelle loi allemande, aurait évité la prison ferme à Uli.




Faut dire qu'Uli, c'est un sacré numéro au pays de la bière et du jarret de porc : le FC Bayern et lui, c'était l'union sacrée : divorce impossible ! Et pourtant, il a fallu. Alors maintenant, vous pensez, l'entrée en taule de Herr Hoeneß, qui d'ailleurs n'a pas fait appel de sa condamnation, acceptant avec une certaine dignité le verdict : c'est du médiatique pur jus !


Mais on ne va pas non plus mitrailler Uli à fond les pixels quand il arrivera la queue entre les jambes pour purger sa peine : on va donc faire des stock-shots comme on dit chez les paysagistes et, avec les réponses de la com pénitentaire, le scribouilleur du cru pourra pondre un papier à ras l'actu, s'il est agrémenté, cerise sur le gâteau, d'un petit instantané le jour J pour immortaliser le moment « historique », comme se plaisent à dire les pros de la retape.




Bon, je suppose que tout ça ne vous intéresse pas vraiment, et je vous avoue que je m'en balance également un peu les castagnettes, mais peut-être vous posez-vous tout de même la question à cent sous : Comment Uli a-t-il pu mettre la main sur autant d'oseille ? Car les 28 millions ne représentent que les impôts dus : il est question d'une somme de 150 millions qui aurait transité sur le compte suisse du manager déchu. Comme vous probablement, je me suis dit que c'était encore une histoire de caisse noire du foot, comme celle qui, à l'époque, avait coupé les ailes à la fabuleuse équipe des « Verts ». - Ben non, paraît-il : à ce qu'on dit, Uli était habité par le démon du jeu.


Un joueur donc. Chapeau l'artiste ! Et tandis que, dubitatif, je continue de chercher le fin mot de cette histoire, l'inspecteur Derrick, qui effectue un bref retour de l'au-delà pour la circonstance, me glisse à l'oreille d'une voix forcément caverneuse : « Te fatigue pas, coco, ton public roupille déjà ! »




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Commentaires

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 non, pas dormi bien que rien compris, mais j'ai fait un zoom arrière en Bavière qui est douce jusqu'à ce qu'on arrive à Munich, cette place bondée de touristes en baskets, j'en fus une et subitement prise du goût de l'aventure plus, entrer dans une patisserie pour la curiosité de la densité crêmeuse du chocolat et des gâteaux, vu l'ambiance hostile à cette intrusion, la mienne, j'ai fait marche arrière, il y eut ensuite la fuite par cette avenue à l'architecture kolossale....les voyages organisés ont leurs impasses! Munich en est une pour moi et je n'aimais pas Derrick, et depuis, la bière c'est moyen, comment font ils?

merci pour ce voyage en remake, les stéréotypes sont affaire de mémoire, que Munich me pardonne

Écrit par : PARKER | 01 avril 2014

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Si vous n'avez rien compris et pas dormi quand même, j'ai fait un peu mieux que Derrick !

Comme je ne me sens pas en droit d'accuser ce pauvre Uli, je me contente d'allusions... Certains journalistes allemands (et suisses) ne se sont d'ailleurs pas privés d'être plus concrets en suggérant qu'il subsiste des "zones d'ombre" dans cette affaire. Et le fait que Hoeneß n'aille pas en révision semble montrer que l'on préfère en rester là...

Écrit par : sk | 02 avril 2014

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