dimanche 13 janvier 2013

[Aparté] Le nationalisme des médias

Une étude comparative de la presse et de la télévision en France et en Allemagne, qu'il serait d'ailleurs utile d'étendre à d'autres pays européens, montrerait sans doute comment, sciemment ou involontairement, certains des rédacteurs et concepteurs des plus en vue sacrifient au provincialisme le plus stupide, en s'adressant de préférence aux "gens bien de chez nous", que l'on suppose solidement ancrés dans une "tradition" par ailleurs inventée de toutes pièces ou cousue de fil blanc. Sont mis en exergue les éternels faits divers qui "bouleversent (et divertissent) la nation", le sport présumé "national" - foot, rugby, cyclisme, drague - et les diverses célébrités dont la gloire "nationale" ne franchit jamais les frontières du pays, mais... ça fait si longtemps qu'ils sont là... Et puis il y a les inévitables feuilletons soi-disant enracinés dans la "culture populaire" que l'on n'hésite pas, depuis le grand art populaire des années 1920/30 ou même 1950/60, à niveler vers le bas avec un sans-gêne inouï qui n'a d'égal que la bêtise sans nom que l'on produit. Enfin ce sont les talk-shows, les nouveaux télé-crochets ou télé-réalités qui, s'ils sont désormais conçus sur le même moule dans le monde entier, ne cessent pourtant de lorgner sur les divers terroirs et types nationaux, ou plutôt leurs caricatures : oui, par-delà les modes internationales - punk, pop, rap, tatoo, techno, disco... - on reconnaît au premier rang le bon petit gars du cru et la brave fille du pays, sélectionnés dans d'impitoyables castings.


Il y en aurait à dire, en France et en Allemagne, sur ces pratiques et performances médiatiques qui abrutissent les (potentiels) citoyens européens en les maintenant dans leurs particularités nationales et, donc, en exacerbant les différences entre les gens, au lieu de mettre leurs points communs en valeur et de réunir ces (futurs) citoyens autour d'une "culture européenne commune", de préférence nivelée vers le haut ...

Mais le pire dans ces abrutissements nationaux, qui se constatent très certainement dans chacun des 27 pays de l'Union, ce sont encore ces médiatiques politiciens qui, à chaque élection, s'adressent à leurs "chers compatriotes" : Français ! Allemands ! - Ne se rendent-ils donc pas compte de l'exclusion qu'ils pratiquent à l'égard de tous les autres citoyens qui les écoutent, qui ne sont peut-être pas (encore) de la même nationalité, mais qui vivent (déjà) sur le même continent, qui sont également "chez eux" ici et là ? - Non, ils ne s'en rendent toujours pas compte, sinon ils arrêteraient de parler (et de raisonner) de cette manière rétrograde et totalement contre-productive, si tant est que nous sommes appelés à devenir ce que, par ailleurs, nous sommes déjà : Européens !

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