dimanche 16 avril 2017

À propos du système électoral français

Dès la "catastrophe" de 2002, le système électoral français aurait dû être sérieusement amendé : il n'est pas possible qu'une bonne partie de l'électorat d'un grand pays démocratique soit exclu du vote capital qui désigne le chef de l'État pour les 5 ans à venir, compte tenu de l'immense pouvoir politique que lui accorde la Constitution de la 5e République, où l'on peut s'interroger sur l'utilité du Parlement qui, faute de proportionnelle, ne représente absolument pas l'opinion publique. Dès avant le second tour de 2002, les épisodes de "cohabitation" avaient déjà montré les limites de ce régime, et le fait d'avoir fait coïncider les élections présidentielle et législative n'ont arrangé les choses que pour la forme.

On peut être sérieusement inquiet pour la démocratie française, où la menace d'un second tour des extrêmes (et donc de l'exclusion de la majorité que constitue l'électorat "modéré") se profile. Et quand bien même elle ne se réalise pas, la présence annoncée de l'extrême-droite au second tour suffit à fausser complètement le jeu démocratique. - D'ailleurs : quel a été l'effet d'exclure les extrêmes du parlement, sinon de favoriser à la fois le "vote sanction", le succès des bonimenteurs et le mépris croissant de la politique ?
 
Le système électoral allemand a été conçu pour que la catastrophe de 1932 ne puisse pas se reproduire : on élit le parlement et chaque électeur dispose de deux voix, l'une pour le député de sa circonscription et l'autre, plus importante, pour le parti de son choix. Pour qu'un parti puisse entrer au parlement, il doit réaliser au moins 5% des suffrages exprimés. Une fois le décompte des sièges fait (députés élus directement et députés mandatés grâce aux "secondes voix"), le parti arrivé en tête propose un chef de gouvernement qui, si son parti n'a pas la majorité absolue, doit négocier un contrat de coalition avec un ou plusieurs autres partis, ce qui en principe exclut les extrêmes ou en tout cas ceux qui ne veulent négocier avec personne. - Si, et c'est le point capital, le chef de gouvernement n'a plus, pour une raison ou une autre, la confiance de sa majorité, un vote de défiance peut le destituer, et provoquer soit l'élection d'un successeur soit la dissolution du parlement et de nouvelles élections législatives. - Or, cela n'arrive pratiquement jamais, mais cette simple possibilité fait que le chef de gouvernement se "tient à carreau". Ce serait trop long à développer ici, mais le seul fait que dans l'actuel Bundestag, une alliance rouge-rouge-vert (Die Linke/SPD/Les Verts) posséderait une courte majorité d'un siège explique certaines mesures "sociales" de Mme Merkel.

Il ne s'agit pas pour la France d'adopter le système électoral allemand (où les Länder ont également leur mot à dire), mais il faut absolument se creuser la tête pour arrêter le massacre actuel à une époque où les populismes triomphent un peu partout et où les citoyens sont de plus en plus dégoûtés par la politique.

Parmi les quatre candidats qui ont apparemment une chance d'accéder au second tour, il n'y a aucun social-démocrate, le candidat de droite a une moralité extrêmement douteuse et un sens des privilèges assez prononcé (alors qu'il demande des "efforts" aux plus "modestes") tandis que le candidat du centre n'est absolument pas crédible ni pour les électeurs de gauche ni pour ceux de droite, sa seule chance est de réunir suffisamment de "votes utiles", étant donnée la menace des extrêmes, le caractère douteux du candidat de droite et l'échec prévisible (en tout cas prévu par les sondages) du social-démocrate. Dans cette constellation désastreuse (aucun candidat "modéré" qui aurait une certaine crédibilité, qui serait suffisamment honnête et un brin charismatique), les deux extrémistes ont en effet toutes leurs chances ...

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