mercredi 14 mars 2012

Quelques mots sur la Syrie (un an après)

Carte de Syrie trouvée ici

Après les soulèvements populaires en Tunisie, Égypte et Libye, ce blog n'a suivi que les débuts de la révolte syrienne. Plusieurs raisons à cela, mais avant tout un certain "désenchantement" consécutif à ce qu'on se plaisait à appeler le "Printemps Arabe" avec notamment l'arrivée au pouvoir de mouvements religieux ; or, une démocratie véritable n'est possible qu'avec la séparation radicale des autorités théologique et politique, autrement dit : sur une base rigoureusement laïque.

Les pays de tradition musulmane n'ont pas (encore) fait ce pas qui implique que la foi religieuse, s'il convient bien sûr de la respecter, est une affaire personnelle et non une "chose publique". Ainsi, la Constitution d'un pays démocratique ne doit en principe comporter aucune mention d'ordre religieux, si ce n'est pour garantir l'égalité entre les différentes confessions qui peuvent exister dans le pays. Or, tel n'est (ou ne sera) pas le cas dans une Tunisie gouvernée par Ennahda ou dans une Égypte aux mains des Frères Musulmans. Avec les monarchies du Golfe et bien sûr l'Iran, la Libye, le Yémen, l'Irak, l'Afghanistan prennent également ce chemin que l'on peut qualifier de "théologico-politique", une voie pourtant inconciliable avec la libre expression des citoyens, la laïcisation de l'instruction, des mœurs et des pratiques sociales, sans lesquelles la vie démocratique est impossible.

Répétons ici encore que la Démocratie n'est pas la propriété privée de la culture occidentale. Elle est certainement perfectible et adaptable aux modes de vie orientaux. Mais la séparation entre l’Église et l’État, imposée par la Révolution de 1789, reste, avec des élections libres, équitables et transparentes, son principal fondement.

Terribles alternatives : FLN ou FIS, Talibans ou OTAN, Ben Ali ou Ennahda, Moubarak ou Frères Musulmans, Kadhafi ou guerre civile, Bachar al-Assad ou ...

Oui, Bachar al-Assad ou quoi ? - Comme Kadhafi, il n'hésite pas à massacrer son peuple. Son père Hafez lui avait montré le chemin à Hama en février 1982 où la répression d'un soulèvement sunnite avait fait entre 7000 et 35000 morts dans l'indifférence générale. Trente ans plus tard, le fils est devenu, lui aussi, un massacreur qui s'acharne depuis exactement un an, puisque la date du 15 mars 2011 marque le début du soulèvement syrien. 

En guise de rattrapage, voici la chronologie pour 2011 fournie par l'encyclopédie Wikipédia :
 Le 25 avril 2011, les 4e et 5e divisions mécanisées, commandées respectivement par Maher Al-Assad et Muhammad Saleh Al-Rifai, et le 132e bataillon, attaquent la ville rebelle de Deraa. Des sources encore insuffisantes pour avoir des certitudes font état de mutineries individuelles, voire d’unités entières, qui occasionneraient un arrêt de la progression de l’armée dans la ville. Pour rendre la défense de la ville plus difficile, l’eau, l’électricité et les communications téléphoniques ont été coupées. L’ampleur de la répression provoque la démission de plus de 230 membres du parti au pouvoir. De la même façon, les communications par téléphone satellite sont coupées.

Le 29 avril 2011, les forces de sécurité ouvrent le feu vendredi sur des milliers de personnes marchant sur la ville de Deraa, foyer de la contestation situé près de la frontière jordanienne. Des manifestations ont lieu dans tout le pays2. Au moins 48 civils sont tués lors des manifestations.

Six personnes périssent samedi 30 avril 2011 dans le pilonnage de l'armée et les tirs de francs-tireurs à Deraa, foyer de la contestation contre le régime en Syrie, où l'eau, la nourriture et les médicaments manquent depuis l'intervention des troupes lundi. Le même jour, près d'une centaine de personnes se rassemblent devant les locaux de la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazira, accusée de "mensonges" et d'"exagération" dans sa couverture du mouvement anti-régime débuté mi-mars. Les forces syriennes arrêtent deux personnalités de l'opposition, Hassan Abdel Azim et Omar Kachach.

Le 1er mai 2011, de nouvelles manifestations ont lieu à Deraa, Kameshli, Douma, Lattaquié.

Le soir du 4 mai 2011, 161 véhicules blindés commencent le siège de deux villes du centre du pays, Al-Rastan et Talbisseh. À Alep et Damas, des sit-in ont lieu dans les universités.

Le 5 mai 2011, l’armée se retire de Deraa. Le 6 mai, comme chaque vendredi, des manifestations ont lieu un peu partout en Syrie pour demander la fin du régime de Bachar al-Assad. Comme chaque vendredi, les forces de l'ordre ouvrent le feu sur les contestataires. Selon les militants des droits de l'Homme, il y aurait ainsi eu au moins 26 morts, la plupart à Homs, dans le centre du pays.

Riad Seif, l'un des leaders de l'opposition, est arrêté.

Le 7 mai 2011, six manifestantes tuées près de Banias.

Le 9 mai 2011, les manifestations continuent, des coups de tirs se multiplient, et les communications téléphoniques sont coupées. Selon Human Rights Watch, les bilans en morts, en blessés comme en arrestations sont invérifiables39. L’ONG Insan indique un bilan de 632 morts et 8000 arrestations entre le 15 mars et le 6 mai, mais en indiquant que les identités de 5000 personnes arrêtées n’ont pas encore pu être vérifiées.

Le 11 mai 2011, 21 personnes sont tuées dont deux soldats, un enfant et une infirmière.

Le 13 mai 2011, comme tous les vendredis, des manifestations pacifiques se déroulent dans tout le pays, notamment à Deraa, Homs, Hama, Bou Kamal, Lattaquié, Kameshli, Amouda et Alep. Au moins deux manifestants sont tués à Homs.

Le 14 mai 2011, au moins quatre personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées à Tall Kalakh, près de Homs, par des tirs des forces de l'ordre.

Le 20 mai 2011, des milliers de personnes manifestent. Ils répondent à l'appel de l'opposition pour la liberté et l'unité nationale. Damas, la capitale, et Alep, la deuxième ville pays, jusque-là globalement épargnées par les défilés, sont cette fois concernées.les forces de sécurité ont tiré à de nombreux endroits, notamment Homs, Sanamein ou Maaret al Noumane. Il y aurait au total au moins 44 morts.

Le 12 juin 2011, l'armée syrienne pénètre dans Jisr al Choughour pour « déloger les groupes armés » après avoir pilonné et tiré à la mitraillette au hasard sur les habitants depuis des hélicoptères.

Le 21 juin 2011, la coordination nationale des comités locaux de jeunes révolutionnaires publie son programme politique, Vision des comités locaux de coordination pour l'avenir politique de la Syrie, qui formule l'avenir de la Syrie sous forme de démocratie parlementaire. Cette réunion est suivie le 27 juin d'une réunion entre intellectuels de l'opposition dans un hôtel à Damas, alors que 400 étudiants d'Alep étaient jugés pour sabotage et insulte au président.

Le 15 juillet 2011, des centaines de milliers de Syriens manifestaient vendredi, notamment dans les villes de Deir Ezzor (350 000 personnes), Hama (150 000) et Damas (7 000), pour demander la libération des détenus et la chute du régime, plusieurs civils ont été tués à Damas et à Idleb, dans le nord-ouest du pays, par les forces de sécurité.

Le 17 juillet 2011, des affrontements entre partisans du régime et opposants à Homs (centre) ont fait au moins 30 morts au cours des dernières 24 heures.

Le 19 juillet 2011, treize civils ont été tués par des tirs de l'armée syrienne à Homs.

Le 31 juillet, 140 personnes sont tuées par l'armée.

Une escalade de la répression est constatée après la déclaration début août du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Fondé fin août et lancé les 1er et 2 octobre 2011 à Istanbul, en Turquie, le CNS (Conseil national syrien) a pour but de pour coordonner les opposants et mener des opérations contre le régime de Bachar el-Assad. Son analogue libyen, le CNT, est le premier à le reconnaitre comme unique représentant du peuple syrien. La France lui apporte son soutien le 10 octobre66.

Après une relative accalmie, des protestations reprennent le vendredi 14 octobre 2011, avec notamment des manifestations de soutien aux soldats ralliés à la contestation, et douze personnes sont tuées par les forces de l'ordre loyalistes.
 Voici encore quelques éléments pour le début de l'année 2012, toujours sur Wikipédia :
Les combats reprennent le mercredi 25 janvier 2012, selon l'opposition, l'armée syrienne a lancé une vaste offensive contre Hama, dans le centre du pays, un chrétien a été tué et on dénombre de nombreux blessés.

Le vendredi 3 février 2012 est la journée la plus meurtrière depuis le début de la révolte ; des massacres ont lieu à Homs où l'armée tire au char et au mortier sur les populations civiles. L'OSDH compte 260 morts dont de nombreuses femmes et enfants mais aussi des manifestants qui dénonçaient le Massacre de Hama qui avait eu lieu 30 ans plus tôt. L'ONG Human Rights Watch dénonce des cas de tortures sur enfants par l'armée alors que l'ONU est toujours paralysée par le véto de la Russie et de la Chine qui soutiennent le régime syrien.

Le jeudi 9 février 2012, plus de soixante civils ont été tués par les forces du régime du président Bachar al-Assad, la plupart dans la ville de Homs, 57 civils ont été tués dans de violents bombardements sur Homs, dont 35 dans le quartier de Baba Amr, et onze (…) dans le pilonnage de leurs maisons dans le quartier d’Inchaat.

Le 10 février 2012, après le veto russe et chinois à une résolution du conseil de sécurité de l’ONU contre le régime de Bachar el-Assad, l’opposition syrienne baptise sa journée de mobilisation au Liban « vendredi de la Russie qui tue nos enfants ».

Le mardi 14 février 2012, on découvre d'après l’Observatoire Syrien des Droits de l'Homme que l’armée tire deux roquettes par minute sur Homs dans le quartier meurtri de Baba Amr. 
[...]

Le mercredi 15 février 2012, à Homs, un oléoduc alimentant une raffinerie située à la périphérie du quartier de Baba Amr est détruit après avoir été bombardé par deux avions militaires, Damas affirme qu'il s'agit d'un acte de sabotage perpétré par des "groupes terroristes". La ville de Hama est prise d'assaut par les forces du régime syrien et plusieurs quartiers de la ville sont bombardés
.
Le 28 février 2012 le bilan de la répression en Syrie a été réévalué à plus de 7.500 morts civils. Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des affaires politiques annonce que « des informations crédibles font état d’un bilan désormais souvent supérieur à cent civils tués par jour, dont de nombreuses femmes et des enfants ».
Le 1er mars 2012, après avoir conquis le quartier rebelle de Baba Amr, à Homs, le pouvoir syrien continue son offensive contre les insurgés. D'autres villes de Syrie comme Deraaet Rastane sont maintenant la cible des bombardements de l'armée, de nombreux réfugiés fuient vers le Liban.

Le 4 mars 2012, des sources de l'ASL à Deraa affirment que les chars des forces du régime tirent des obus antiaériens sur les quartiers résidentiels et que des tireurs d'élite de l'armée syrienne ouvrent le feu sur tout ce qui bouge. Le quartier de Baba Amr qui connaît une grave crise humanitaire est toujours isolé et sans secours, malgré un convoi de sept camions chargés d'une aide d'urgence du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui attend depuis plus de trois jours l'autorisation du régime apporter son aide. Israël a proposé au CICR d'envoyer une aide humanitaire à la population, déclarant ne pas vouloir rester sans réagir quand des atrocités sont commises dans un pays voisin.

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