jeudi 11 décembre 2014
Je veux garder mon Allemagne de Mme Merkel
lundi 8 décembre 2014
Un ministre-président du Parti de Gauche en Allemagne ?
(16 octobre - 6 décembre 2014)
viande en sauce, chou rouge cuit et boulette de pommes de terre
dimanche 16 novembre 2014
Il est interdit d'interdire
Bien sûr, la formule n'a pu atteindre un tel degré de popularité qu'avec sa réception enthousiaste : écrite sur les murs ou scandée dans les défilés, elle a fait le tour du monde, portée par le vent de révolte qui animait les mouvements de jeunesse en cette fin des années 1960.
Ce n'est donc pas son caractère paradoxal qui permettra de démontrer l'incohérence des revendications d'alors. Car, même sans connaître son auteur ou la parodie à l'origine de la formule, ceux qui l'utilisaient – et notamment les étudiants – ne pouvaient pas ne pas voir la contradiction logique qu'elle recelait, illustrée par ce Crétois légendaire qui affirmait que tous les Crétois sont des menteurs.
« Il est interdit d'interdire » figure une histoire sans fin puisque la formule implique avec la même logique paradoxale qu'il est « interdit d'interdire d'interdire ». C'est l'histoire sans fin d'une jeunesse qui ne cesse de rappeler aux anciens en bravant leurs interdits que chacun doit faire ses propres expériences avant de comprendre qu'il n'avait rien compris.
lundi 10 novembre 2014
La Chute du Mur. Et après ?
Depuis ce 9 novembre 1989, on continue de célébrer la chute du mur, la fin de la dictature communiste, de l'État policier, le début de la liberté de circulation, de presse et d'opinion, le retour de la propriété privée et de la libre entreprise. On célèbre cette nuit et les jours suivants, où les citoyens de RDA sont allés admirer les vitrines de l'ennemi de classe, ont un peu plus tard empoché leur "argent de bienvenue" (Begrüßungsgeld) - 100 D-Mark - et fait leurs premières emplettes, pris par un embarras du choix inconnu devant ces étals débordant de biens de consommation.
samedi 8 novembre 2014
Un certain 9 novembre
lundi 3 novembre 2014
Un billet pour rien
dimanche 2 novembre 2014
La paix sociale
Le recensement de 1925 ayant dénombré 62.411.000 habitants en Allemagne, on ne compte encore que 1,5 millions de chômeurs deux ans plus tard (en 1927). Et, lors des élections du Reichstag de 1928, le NSDAP réalise un score plutôt dérisoire - et peut-être surprenant pour les non-spécialistes - avec seulement 2,6% des suffrages exprimés (contre 29,8% au SPD) !
Mais alors : qu'est-ce qui a bien pu se produire en quatre ans, entre mai 1928 et juillet 1932, pour que le NSDAP passe de 2,6% à 37,1% (1) ?
Une communauté nationale est par principe composée de groupes hétérogènes, aux origines diverses et aux intérêts divergents, comme ceux des ouvriers et des patrons par exemple, "prolétaires" et "bourgeois" dans le jargon de l'époque. Et, lorsque l'on considère les pays de langue allemande des années 1900 à 1930, on ne peut que remarquer la diversité des mouvements artistiques et intellectuels : nul besoin de faire un inventaire des noms, mais on peut affirmer qu'il s'agissait d'une culture extrêmement riche, "absolument moderne", selon le vœu du poète, que ce soit dans les domaines de la littérature, du cinéma, de la peinture ou des sciences, toutes disciplines confondues. - Inconcevable à l'époque qu'une telle polyphonie culturelle puisse, du jour au lendemain, être extirpée de la conscience collective d'une nation (2).
mardi 28 octobre 2014
"Hooligans contre Salafistes"
Dimanche 26 octobre 2014, du côté de la place de Breslau et de la gare centrale de Cologne (*) : une foule de quelque 3000 personnes (**), composée de néo-nazis, de hooligans adeptes de la violence dans les stades de football et de rockers, qui en Allemagne sont connus pour se financer en "bandes organisées" avec les recettes de la prostitution, du racket et du deal, est venue - sous prétexte de manifester contre le soi-disant "État Islamique" - affronter la police, surprise par le nombre et la violence de la foule ayant suivi l'appel du groupe "Hooligans contre Salafistes" (HoGeSa). Surprises, les forces de l'ordre ont surtout été débordées. Résultat : 44 fonctionnaires blessés, selon le protocole de la police.
dimanche 26 octobre 2014
Comme ça vient...
mercredi 15 octobre 2014
My Taylor is Fitch !
Il n'y a pas grand-chose à commenter : c'est une agence de notation qui va déterminer la politique économique de la France ces deux prochains mois. On prévoit une embellie dans le textile, et notamment dans le taillage de costumes !
On se demande tout de même quel pourrait être le contre-poids à un tel pouvoir, qui peut remettre en question certaines décisions démocratiquement prises, comme une politique sociale conséquente par exemple et, finalement, un État fondé sur le bien public.
Or, la "réforme structurelle" est une jolie expression de la bienpensance économique - peu vannée mais très répandue - qui autorise, par exemple, la Commission Européenne de recommander à la France (en 2013) :
Ainsi, ces deux prochains mois et sans doute pendant un temps indéfini, les sociaux-démocrates français doivent cesser de l'être, démocrates et sociaux, la nomination d'un banquier à l'Économie, fût-il "socialiste", ayant certainement déjà permis à Fitch de "constater une amélioration" : ne reste plus qu'à mettre en œuvre les "réformes structurelles" mentionnées, et le costard de la gauche française sera taillé pour longtemps. Mais qu'elle se rassure : après blairification et schröderisation, ceux des camarades européens sont encore vachement tendance !
samedi 11 octobre 2014
Obsession
samedi 4 octobre 2014
L'argument de la bienpensance
Il ne faudrait pas surestimer notre plate-forme. Je ne pense pas qu'elle soit le reflet de l'opinion publique qui me paraît de plus en plus le résultat d'une manipulation savante sur laquelle je ne m'étendrai pas, mais dont nous sommes tous les victimes, à des degrés divers. Ceux qui s'expriment ici se convainquent peut-être à leurs moments perdus qu'ils peuvent avoir une influence quelconque sur l'opinion des autres ou, pour les plus hardis, sur l'opinion publique en général. Ce que je constate au contraire, un peu comme tout le monde, c'est qu'à de rares exceptions et tentatives de dialogue près, il n'y a que deux réactions patentes : l'assentiment sans réserve et le désaccord le plus profond.
Cette constellation binaire donne lieu à des positions caricaturales, en supposant à l'autre - considéré comme "ennemi à combattre" - une certaine "pensée" inaltérable, toujours identique à elle-même, à l'image de cette fameuse "bienpensance" (*), invariablement attribuée aux gens dits de "gauche" en utilisant, comme une massue, ce signifiant sociologisant qu'est le "bobo", dont on ne sait plus très bien quel genre de personnes il désigne au juste, puisque de toute évidence il ne s'agit plus du "bourgeois bohème", ni d'ailleurs du bourgeois en général, ce qui est plutôt significatif, car on se souviendra peut-être d'une autre expression coup de poing, apparemment passée de mode aujourd'hui : la fameuse "pensée bourgeoise", dont la plupart des "ironiseurs" de la bienpensance conservent de beaux restes.
Dans la sphère où nous exerçons, l'un des problèmes à mon sens peu évoqué est celui-ci : lorsque vous caricaturez la pensée de l'autre pour asseoir la vôtre en contre-point, vous devenez vous-même une caricature ! - Car en assignant à l'autre, dans sa "différence" présumée essentielle, un caractère immuable, statique, vous ne lui interdisez pas seulement d'évoluer et - pourquoi pas ? - d'adhérer à votre point de vue, mais vous focalisez, vous arrêtez votre propre pensée sur le différend postulé, ce qui vous oblige vous aussi à endosser une identité rigide et vous condamne finalement à la stagnation.
Avec les fabricants du consensus, on assiste parallèlement à un nouvel essor des créateurs de dissension et en cela, notre plate-forme est en effet dans l'air du temps : paradoxalement, avec les principes d'identité et de non-contradiction, hérités de la logique formelle, il faut aujourd'hui être en désaccord permanent avec l'autre - camp, parti, clan etc. - que l'on a pris soin de réduire à sa "plus simple expression", dont on guette les moments où il ne serait pas en phase avec ses "principes", déclarés ou supputés, avec l'identité qu'on lui assigne ou qu'il s'octroie lui-même.
Il ne faut pas croire : les consensus sont bien plus larges qu'il n'y paraît. Pour ne prendre que ces exemples : faute de choix, nous avons tous plus ou moins accepté un système basé sur l'argent et les rapports marchands qu'il implique, nous utilisons pratiquement tous les "moyens de communication modernes" et nous consommons sans trop manifester notre désapprobation de la publicité à tous les étages. Toute critique semble ici vouée à l'échec : elle serait d'une trivialité consternante, n'est-ce pas ?
De même : certaines dissensions sont manifestement fictives puisque peu d'entre nous souhaitent, par exemple, que les massacres, qui enflamment à nouveau le monde, se poursuivent éternellement. Et pourtant, nous trouvons le moyen d'utiliser l'horreur ambiante pour nous invectiver copieusement. - De même : la grande majorité de gens trouve que les politiciens au pouvoir se valent par leur incapacité à résoudre la crise de l'hyper-capitalisme, qui frise actuellement la quarantaine, mais il faut continuer à marquer le "camp opposé" à la culotte alors que, dans le contexte présent, un consensus a minima serait requis. Or, puisque tout accord semble condamné d'avance, le maintien du status quo est assuré, et le tour est joué !
Petite conclusion personnelle : en essayant de prendre une part active à cet espace d'expression depuis l'été 2013, j'avais espéré des discussions à bâtons rompus sur ce qui s'appelle les "choses mêmes" car je reste convaincu que la pensée est une affaire collective. Mais j'ai assez vite compris ma douleur. On vous somme de vous engager, c'est-à-dire de choisir un camp, de vous ranger vous-même dans un tiroir qui servira ensuite à vous cataloguer, à vous "calculer", à jouer la carte maîtresse de la personnalisation. Les "choses mêmes" n'ayant alors plus guère d'importance, les polémiques ajoutent rapidement au chaos doxologique actuel où les mots n'ont qu'une fonction rhétorique ou pragmatique. - Et puis : lorsque vous essayez de préserver une certaine rigueur intellectuelle dans vos contributions, vous risquez d'être taxé - ouvertement ou plus sournoisement - de prétentieux, de "professoral", ou je ne sais quoi encore. Ce qui veut dire qu'il vous est fortement suggéré de niveler vers le bas, de renoncer à envisager les êtres, les choses, le monde, dans leur complexité, leur nature paradoxale, et finalement de "bétonner", de "fermer toutes les portes", comme diraient les criminalistes. - Enfin : publiant sur Internet depuis plus de dix ans, je savais qu'en venant ici, il ne fallait donner qu'un minimum d'informations personnelles pour ne pas risquer leur détournement abusif. Or, si j'avais parlé de mes origines, des expériences de mes parents et grands-parents, de ma propre vie, présente et passée, cela aurait peut-être clarifié certaines choses, levé quelques ambiguïtés, mais je ne crois pas que cela aurait permis de transformer un solide ressentiment en un début de bienveillance. Et quand bien même : peu importe le corps, l'incarnation, l'expérience que nous voudrions faire valoir dans ce cadre, nous y mènerons toujours une existence résolument cérébrale. - Indéfiniment !
L'homme n'est qu'un roseau le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser. Une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue ; parce qu'il sait qu'il meurt ; et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. - Ainsi toute notre dignité consiste dans la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever, non de l'espace et de la durée. Travaillons donc à bien penser. Voilà le principe de la morale. [Blaise Pascal, Pensées, 3e édition, Paris 1671, XXIII, Grandeur de l'Homme, pp. 171 ssq.]
samedi 27 septembre 2014
Brèves considérations sur la situation présente
Avec le 11 septembre 2001 le terrorisme s'est globalisé, en ce sens qu'il est apparu en direct et simultanément sur tous les écrans du monde, donnant à voir une action qui dépassait de loin toutes celles qui, jusqu'alors, pouvaient être qualifiées de « spectaculaires ».
Les initiateurs des attentats new-yorkais connaissaient parfaitement le fonctionnement des chaînes d'infos en continu : dix-huit minutes, la durée séparant les deux impacts, suffiraient aux télévisions pour braquer leurs caméras sur la Tour Nord et saisir « en direct » l'instant où le second avion percuterait la Tour Sud.
Ce qui se passe à présent est « différent » : si la prétention à la mondialisation de la terreur est intacte, ces exécutions de personnes innocentes sont destinées à être visionnées non seulement « en différé » mais également et surtout en cachette. On a certes tendance à penser que peu de gens vont s'infliger ce « spectacle », qui n'est pas repris par les canaux habituels : or, caché quelque part dans les souterrains de la Toile, il est néanmoins disponible à tout moment pour être « consommé » par les « amateurs » ou les apprentis de l'horreur. Et, devenu « viral », il résistera à toute tentative de retrait.
C'est ce dernier point qui est véritablement « nouveau » : tant qu'Internet existera, personne ne pourra rien y effacer définitivement, toutes les informations, tous les écrits, tous les documents audio-visuels y circuleront virtuellement jusqu'au bout de notre aventure cybernétique (1). Ainsi, ces vidéos continueront indéfiniment de tourner en boucle et, surtout, de représenter une sorte de « défi » pour les monstruosités à venir, qui voudront paraître plus « spectaculaires » encore que les précédentes. Il faut ajouter que ces documents de la terreur, frappés d'interdit, vont immanquablement attirer le très jeune public, qui est pour ainsi dire préparé - et maintenu dans un état constant de déréalisation - par l'industrie du divertissement (2).
***
lundi 22 septembre 2014
Qui bien ou mal y pense
Ce qui, pour l'instant du moins, semble encore fasciner le public dans ces débats menés sous les feux éphémères de l'actualité, c'est cette espèce de joute verbale entre différents « camps », dont les représentants appartiennent pourtant aux mêmes milieux, sortent des mêmes écoles, où jamais personne ne convaincra personne, où aucun intervenant n'a le temps de finir son raisonnement, où en somme tout le monde parle en même temps sans jamais écouter les arguments des autres, où l'on opère une sélection des « faits » et des « chiffres » à des fins résolument pragmatiques : ces débats publics sont devenus des « spectacles » de la même dignité que les « reality soaps », où ce qui est dit n'a plus aucune importance et n'est pas censé intégrer une quelconque mémoire, où seules comptent les énormités proférées, les capacités de poseurs des uns et des autres.
Si naguère l'écrivain, le philosophe ou le professeur étaient des personnages respectés, on constate aujourd'hui un ressentiment croissant envers les intellectuels, savamment entretenu par les « fabricants du consentement » qui, dans le cadre présent, sont en même temps des « créateurs de dissensions », de sorte que l'on se demande si ces deux activités ne sont pas désormais indissociables. Bien sûr, les intellectuels eux-mêmes ont une part de responsabilité dans cette affaire puisque leur refus de participer au cirque médiatique laisse la place libre aux « demi-savants » qui occupent actuellement le devant de la scène. Mais une telle désertion s'explique surtout par la mainmise des commerciaux et des publicitaires sur l'espace-temps médiatique, générant un « contexte », un environnement quasi-transcendantal, où toute pensée critique ou bien quelque peu avant-gardiste est hachée menue pour être intégrée (« embedded ») dans un magma, une bouillie indigeste faite de tape-à-l’œil, de vulgarité et de déjà-vu : en effet, le culte de la « nouveauté » sans cesse prêché par les marchands de vent et de pacotille s'accompagne paradoxalement d'un ruminement continuel et d'un « mix » aléatoire d'éléments pris dans le grand réservoir culturel de l'humanité où tout semble avoir déjà été dit et redit, vu et revu.
lundi 15 septembre 2014
Le voyeurisme de l'extrême
vendredi 12 septembre 2014
"I'll be back!"
dimanche 7 septembre 2014
Lamento
samedi 6 septembre 2014
Poubellisation
dimanche 31 août 2014
Prérequis de débat
Tout ça pour dire qu'on ne cesse d'apprendre, mais pour cela il me semble qu'il y ait plusieurs prérequis:
- Il faut s'intéresser aux choses elles-mêmes et non en faire des "prétextes" pour défendre je ne sais quelle théorie globale ou systématique qui serait la mesure de tout. Au contraire : l'étude spécifique des phénomènes doit pouvoir exercer une influence déterminante sur notre système de pensée - cette abstraction généraliste avec laquelle nous nous orientons dans le monde - qui, de ce fait, ne me semble possible que comme "système ouvert".
- La discussion devrait donc tourner autour de son "objet" dans le but avoué de parfaire sa connaissance : que cela en passe nécessairement par des "sujets", des expériences ou perspectives "subjectives", cela ne fait aucun doute et c'est cette contradiction - pour ne pas dire "dialectique" - qui fait évoluer le débat, lui confère tout son intérêt. - C'est ici que l'on conviendra peut-être que les théories, les interprétations, les hypothèses ne peuvent jamais que nous approcher un tant soit peu de ce qui est réellement le cas.
- Je ne vais pas ici m'appesantir sur le respect. S'il n'y en a pas, il suffit de se diriger vers la sortie puisque fort heureusement nous ne vivons pas (encore) dans un monde clos. Ce qui me fatigue, c'est à la fois cette bannière idéologique souvent agitée et la classification des débatteurs dans des cases qu'ils ont certes parfois eux-mêmes désignées : cela donne un univers où personne n'évolue jamais, le principe de non contradiction régnant en maître absolu pour pétrifier les êtres vivants que nous sommes.
Ajout. - Je me rends compte que, dans un nombre croissant de domaines, les discours se font de plus en plus pragmatiques : on cherche à produire un effet chez l'interlocuteur - le "destinataire" du "message" - qui doit voter pour tel parti, acheter telle marchandise, adhérer à telle organisation etc. etc. Tout, n'importe quel argumentaire est alors bon pour influer sur les conduites. Autant dire que la "vérité" n'y a plus qu'un statut rhétorique et ne devrait à terme plus intéresser personne avec ces appels incessants à l'émotion, au désir, au ressentiment, à la croyance : après le règne de l'objectivité radicale, voici venir le triomphe de la subjectivité absolue !
Commentaires des blogueurs/gueses de l'Obs
Lu, approuvé et signé.
Écrit par : Pyroman | 31 août 2014
vous avez une manie, puis je vous le dire, vous vous repliez dans votre blog et développez des griefs (le mot est mal choisi) à l'encontre de on ne sait qui et faites leçon, c'est dommage, j'aime bien vos écrits, j'apprends, mais certains de mes profs bien aimés ne me donnaient pas l'impression d'être une gourde.......
si je cite Bourdieux ce n'est pas pour faire "genre" comme on dit vulgairement, je m'en suis expliquée ensuite, n'ayant pas de blog etant fusillée sans cesse par la modé, eh oui , je n'ai pas le style de la faculté,mais ensuite vous fuyez et on parle dans le vide, enfin chez Vlad je sais qu'il ne manquera pas de répondre point par point et souvent c'est en harmonie de ce que je pourrais développer plus avant et je reste prudente à ne aps trop torchonner son blog, je n'ai pas le niveau! figurez vous que peu me chaut
excusez moi, au bout d'un moment il faut se parler franchement
Écrit par : PARKER | 01 septembre 2014
Vous m'avez plutôt bien cerné, sauf peut-être pour le côté "donneur de leçons", mais si mes élucubrations présentes vous donnent cette impression, il doit y avoir un truc...
J'aime en effet discuter sérieusement des choses, et c'est ce que je dis ici en me repliant, comme vous le dites si bien, sur mon propre blog...
Vous avez également compris que j'ai écrit ces lignes à la suite de ce qui s'est dit chez Vlad :
Comme vous le savez, la sociologie est née avec Émile Durkheim et Max Weber, deux hommes qui n'avaient rien de "dangereux gauchistes" mais qui au contraire ont investi avec leur grande culture de nouveaux domaines d'études et de réflexion : j'ai un peu regardé la liste des éminents sociologues, certains peu connus en France comme Ferdinand Tönnies ou plus récemment Niklas Luhmann, et il y a tout de même du monde, que l'on ne devrait pas balayer du revers de la main en parlant de vaches laitières ou de légumes.
Bien sûr que vous n'avez pas cité Bourdieu pour "faire genre", à aucun moment je n'ai pu penser cela, la preuve : j'ai pris au sérieux votre remarque en "l'annotant", comme je l'ai dit...
Portez-vous bien PARKER !
PS. - J'en profite aussi pour saluer Mr. Pyroman & Mr. Hub
Écrit par : sk | 01 septembre 2014 |
j'approuve et contresigne également. Le tout étant surtout de ne pas oublier ces prérequis à l'avenir tant
notre tentation à délimiter les objets et à les enrober de subjectif est grande par confort de l'esprit..
Enfin, le respect devrait constituer le préalable implicite, le sésame sinon rien..mais le rappel est utile..
Écrit par : hubert41 | 01 septembre 2014
Bonjour SK
... D'autant plus que la sociologie ne saurait se réduire à du comptage aussi complexe soit-il. On ne peut imaginer démontrer un théorème en répétant à l'infini toutes sortes de comptages interminables. Je n'entends rien à ces questions, mais je crois savoir que comme dans toute science, le but est de révéler des déterminismes à l’œuvre pour tenter de s'en affranchir, des lois. Les lois régissant des groupes humains ne sont pas que directement corrélées à leurs simples sommes arithmétiques et il me semble qu'un des objectifs de la sociologie est de les mettre en évidence. Je vais d'ailleurs déposer ce commentaire chez Vlad.
Pour revenir à "notre" blogosphère et concernant les échanges, je vais prendre un exemple : j'apprécie, comme d'autres ici, l'intelligence et la culture de Vlad ainsi que certaines de ses compétences liées à son statut, je crois d'ancien officier. Dans le même moment j'apprécie aussi l'intelligence et l'humanisme manifestés par la blogueuse "Anna", tout comme d'autres. Ce sont là deux exemples pour le moins très opposés ! Mais j'ai précisément envie de prendre cette liberté de sortir du manichéisme par trop clivant et de ne pas rejeter ce que l'une et l'autre peuvent proposer en termes d'apports, tout comme vous l'avez fait dans l'exemple que vous avez rapporté.
J'ai particulièrement en aversion qu'on m'accule à choisir un camp, tout comme je suis à priori contre des excès entraînant des dommages irréversibles.
Cdlt
;-)
Écrit par : Pyroman | 01 septembre 2014
Accord parfait !
Écrit par : sk | 02 septembre 2014
Bonjour SK,
J'ai apprécié votre note. J'ajouterais, à propos du respect, celui de l'objet même qui est discuté. Et cela signifie qu'au minimum on se documente un brin sérieusement sur lui. Si l'on parle de Bourdieu par exemple, eh bien, cela supposerait que l'on prenne connaissance des grands lignes de son oeuvre, et que l'on fasse un minimum d'effort intellectuel pour les comprendre.
C'est un préalable avant tout débat d'idées. Sans quoi, on n'émet que des jugements de valeur ou des procès d'intention ("idéologique") ; et c'est lassant à la longue, je puis vous le confirmer !
Écrit par : plumeplume | 01 septembre 2014
je ne suis que la voix de l'échantillon cible qui ira grossir le gros du troupeau , convaincu "qu'on est le fils à son père", ton post est d'une violence incommensurable, et tu le sais, et c'est prémédité, que cherches tu à prouver?
excusez moi sk, je réagis au nom de ces enfants multicolores sur la fameuse photo qui n'auront peut être pas d'enseignants bienveillants pour les aider "à se taper tout Bourdieu" pour les éclairer
les mots sont des armes
Écrit par : PARKER | 01 septembre 2014
???
Parker, est-ce à moi que votre commentaire s'adresse ? Si tel est le cas, je ne le comprends pas, alors pas du tout.
Sauf si moi je me dis que vous vous êtes imaginé que je vous visais dans mon ajout au(x) préalable(s) au débat initié(s) par SK dans sa note. Ce n'est strictement pas le cas. Je n'ai pas une seconde songé à vous en partageant cette modeste réflexion à SK, et à lui adressée en priorité.
Il y aurait donc un autre préalable à suggérer pour qu'il y ait authentique débat : Que l'on cesse les projections agressives et que l'on se mette à interroger directement (en questions ouvertes) un tel ou une telle sur ce qu'il a écrit si ce qu'il écrit nous pose problème.
Je n'en prendrai pas ombrage, mais j'ai dû tout de même vous lire : "ton post est d'une violence incommensurable, et tu le sais, et c'est prémédité, que cherches tu à prouver ?"
Écrit par : plumeplume | 01 septembre 2014
Personnellement j'évite au possible le fameux "name dropping" dans les discussions (c'est un peu en contradiction avec ma remarque plus haut, mais j'assume)...
je ne sais pas à qui la réaction de Parker s'adresse réellement, mais je suppose qu'elle est inspirée par un vécu où une certaine arrogance - éternel complexe de supériorité - intellectuelle a joué un rôle..
je la comprends, mais c'est vrai qu'il faudrait éviter au possible la personnalisation, ça brouille le message et c'est très contre-productif...
je vous salue toutes les deux
Écrit par : sk | 02 septembre 2014
La subjectivité absolue (si elle est ressentie comme essence) sera toujours bien plus intéressante que toute radicalité objective, qui n'est jamais qu'un trompe-l'oeil à destination de gogos de la pensée
Écrit par : abou | 01 septembre 2014 |
merci de comprendre sk et veuillez m'excuser de cette....intrusion contraire à la nétiquette!
Écrit par : PARKER | 02 septembre 2014
Le point le plus difficile concernant ces prérequis est sans doute "s"en tenir au sujet proposé". Pour deux raisons au moins :
La première : comment essayer de penser sans faire -malgré soi souvent sinon toujours - des connections, des parallèles, des oppositions avec d'autres sujets.
La seconde : il suffit que l'un des commentateurs - même sans la moindre intention maligne - "dévie" quelque peu pour qu'on le suive surtout si la digression nous touche oui nous intéresse.
S'ajoute à cela le type de sujet proposé : l'affaire Willy Brandt par exemple peut être aujourd'hui traitée "à froid" et même l'expression d'une opinion personnelle peut être perçue comme une demande d'informations. Ce devrait être possible également pour des sujets d'actualité comme le conflit I/P. Mais dans la pratique, on assiste souvent à des renvois vers des liens informatique sans même s'interroger sur la source.
Reste quelque chose de précieux : la rencontre. Personnellement j'en ai fait quelques unes sur les blogs que je ne regrette pas. Et malgré ma lassitude des blogs, je me dit que cela en vaut la peine. Bien sûr, vient la tentation ou de se taire, ou de se retirer (une sorte d'home sweet home de la pensée mais qui est rarement sweet).
Écrit par : Benoît | 11 septembre 2014
dimanche 24 août 2014
De la nécessité d'une langue commune
Si l'on considère maintenant l'Europe contemporaine, force est de constater que toute cohésion, tout sentiment d'appartenance en sont absents : une monnaie commune, qui n'est même pas adoptée par tous les États membres, ne suffit certainement pas à constituer une quelconque "unité".
Or, ce problème d'une langue commune, ou plutôt de son absence, ne préoccupe pas outre mesure les tenants actuels du pouvoir en Europe. L'anglais s'impose subrepticement, à la façon d'un Pidgin English, dont on s’accommode faute de langue commune décidée par et pour tous les Européens.
Pour ne pas m'attirer les foudres d'un intervenant, je ne défendrai pas ici le français, la langue traditionnelle de la diplomatie, écrite et parlée par les savants européens des 17e/18e Siècles et par les rédacteurs des droits humains, qui a pris la succession du latin, langue européenne par excellence.
Mais peu importe la langue choisie : c'est le problème d'une langue commune qui doit être résolu, non pas tant pour se reconnaître dans une tradition commune que pour s'exprimer et se comprendre à un niveau plus subtil, nuancé, complexe dans la perspective de construire un avenir commun qui ne soit pas purement économique.
L'euro fut mis en circulation le premier janvier 2002. Si on avait pensé à introduire en même temps une langue commune, apprise en cours intensif dès la maternelle par tous les petits Européens, ceux-ci seraient aujourd'hui proches de la majorité, et nous aurions surtout douze ans d'avance sur la résolution d'un problème qui, au fil du temps, va en s'aggravant : l'incommunication, faute d'expression relevée et de compréhension profonde.
samedi 23 août 2014
Apocalypso
samedi 12 juillet 2014
Mea Culpa
Je plaide coupable : pendant un mois, j'ai fatigué mes bienveillants lecteurs avec des notes sur le football, car une fois lancé j'ai ressenti le besoin de continuer moi aussi jusqu'en finale, stimulé par la beauté de certains matchs et la grande classe d'équipes comme les Black Stars et les Fennecs, Los Ticos et El Tricolor, les Diables Rouges et Oranje (0).
Mais je réclame également des circonstances atténuantes, car tout était parti d'une réflexion sur ce sport et sa "popularité". Or, il est évident qu'une analyse pertinente, et a fortiori une charge critique, réclament une connaissance intime de l'objet d'investigation : ainsi, je ne puis me satisfaire d'idées généralistes comme la "pourriture par le fric" ou la "commercialisation à outrance", qui s'appliquent un peu à tous les domaines constitutifs de nos sociétés ultramodernes.
Il s'agit donc d'abord de considérer les spécificités du football qui, avant de devenir l'actuel divertissement planétaire, a connu une grande popularité en Europe, en Amérique Latine et en Afrique, au plus tard depuis la première Coupe du Monde initiée par Jules Rimet en 1930.
Par ailleurs, il apparaît que le football simule une bataille, ce qu'il partage certes avec d'autres sports d'équipe (1), mais il importe cependant d'observer la manière dont l'affrontement est conduit : en principe sans toucher l'adversaire (2), en exécutant certains mouvements d'acrobate, voire de danse, qui constituent un moment très individuel, quasi artistique, au sein d'un jeu collectif relevant à la fois d'un ballet improvisé et d'une stratégie concertée.
Mais cela n'explique pas encore la popularité de ce sport, qui ne concernait d'abord que certaines régions du globe, ce mot de "popularité" étant ici à prendre au sens premier : en effet, il y avait - et il y a sans doute toujours - un véritable culte du football dans les milieux ouvriers et urbains, notamment en Angleterre, sa terre de naissance, où les générations partageaient ses histoires, mythes et légendes, tandis que les classes supérieures pratiquaient le cricket ou le polo. Car, comme le formule dès 1831 un élève de la très noble institution anglaise d'Eton dans ses mémoires :
« I cannot consider the game of football as being gentlemany; after all, the Yorkshire common people play it » (3). - Traduction proposée par Wikipédia : « Je ne peux pas considérer le football comme un sport de gentlemen ; après tout, le petit peuple du Yorkshire y joue. »
Un autre aspect est la simplicité des règles et l'absence d'accessoires : il suffit d'avoir un ballon, ou un objet de substitution, et quelques poteaux pour marquer les buts. C'est sans doute le plus puissant moteur de "popularisation" : tout le monde peut jouer au foot, et ce dans les endroits les plus improbables. - Chez les gamins, le côté acrobatique, le jonglage, le "beau geste" priment évidemment sur le jeu collectif, plus fondamental, auquel ils doivent s'astreindre en intégrant un club.
lundi 7 juillet 2014
Assez (encore) !
lundi 30 juin 2014
Mondial 2014 | France/Allemagne : Replay
30 juin 2014 au soir
Le match Nigeria/France était attendu. Beaucoup d'occasions de part et d'autre, mais pas de but : quelques longueurs, puis la délivrance tricolore avec la tête de Pogba à la 79e minute. Sous la pression de Griezmann, le capitaine des Super Eagles marque contre son camp dans les arrêts de jeu, et le score de 2:0 est parfait. Les Bleus passent en quart [images de la rencontre].
C'est au tour des Allemands et des Algériens d'entrer dans l'arène. La première demi-heure appartient clairement aux Fennecs avec un sauvetage in extremis du portier Manuel Neuer, obligé de quitter plusieurs fois sa surface, un but refusé pour hors-jeu et d'autres occasions en or. Les Nord-Africains sentent que, prise par le doute, la Mannschaft pourrait être à leur portée. En fin de mi-temps, celle-ci se ressaisit et génère quelques situations explosives dans la surface algérienne. - Repos. Tous - fans, joueurs et staff - peuvent souffler quelques minutes !
L'entame de la seconde moitié est visiblement allemande, mais les contres algériens restent dangereux. - Rien à dire : un match de haute qualité, vivace et plein de suspense, entre deux équipes qui, avec des styles divers, ne présentent pas pour autant une importante différence de niveau. - Dernier quart d'heure : la Mannschaft continue de dominer, et Rais Mbolhi bloque un ballon impossible sur sa ligne de but. La pression allemande augmente, les Fennecs résistent. "On se dirige vers les prolongations, ici à Porto Alegre", dit le commentateur.
30 minutes supplémentaires donc. Et sans attendre, André Schürrle inscrit du talon le premier but allemand. On sent les Fennecs un peu émoussés après cette ouverture du score, mais une énorme chance d'égalisation leur redonne du mordant. - Changement de côté. Les Algériens se battent, le match s'emballe à nouveau, les supporteurs des deux camps angoissent. Les cinq dernières minutes. Même le vaillant entraîneur Vahid Halilhodžić, ancien joueur de Nantes, renvoie le ballon sur le terrain pour gagner du temps. Mais à la 119e minute, Mesut Özil met tout le monde d'accord : l'Allemagne mène 2:0. - Dans les arrêts de jeu, Abdelmoumène Djabou inscrit encore un but pour l'Algérie, faisant brièvement scintiller une lueur d'espoir, mais le tour est joué : les cousins franco-germains se retrouveront au Maracanã de Rio ce 4 juillet à 18 heures [images de la rencontre].
Excursus
(1er juillet 2014)
Comme nous l'apprend la presse ce matin [ici par exemple], il n'y a eu que très peu de "débordements" en France après la défaite algérienne. - Dommage, risquent de dire les jeteurs d'huile sur le feu, à court d'arguments pour cuire leur soupe immonde. En effet, ce que j'ai pu lire ici et là relève de la diffamation idéologique et du dénigrement systématique d'un peuple qui a été bafoué par les ancêtres de ces mêmes aboyeurs professionnels : que la troisième génération, née en France, victime du chômage et du délit de sale gueule, puisse en avoir marre d'être traitée en chien galeux dans une ambiance où le travail objectif d'analyse du passé laisse à désirer - c'est également le cas pour la période de l'occupation : d'où le terme de b0che toujours à la mode dans certains milieux, puisqu'il masque si bien la réalité de la collaboration française - que ces jeunes, donc, puissent réagir comme ils le font : personne ne va prendre la peine de chercher à le comprendre en profondeur et avec un brin d'empathie ou de bienveillance que les anciens, en principe, doivent à la jeunesse. Non, on fourre tout dans une marmite et on attend que ça cuise : c'est exactement la même attitude que celle qui a consisté à parquer leurs parents et grands-parents dans des cités dortoirs - si ce n'étaient pas des camps d'internement - à leur arrivée en "métropole" à l'issue des "événements". - On s'éloigne du football ? - Ah bon ! Et ce n'est pas bien ?
jeudi 19 juin 2014
En vrac (encore)
À l'heure où nous écrivons ici – dans un environnement relativement pacifié – les affrontements en Irak (et en Syrie) frisent l'horreur absolue. Les exécutions sommaires me font penser à la progression des troupes nazies vers l'Est, du côté de l'Ukraine. Décidément, l'horreur est humaine : Horror humanum est !
Pendant ce temps, la fête du football bat son plein. Joue à fond son rôle de divertissement planétaire. Au Brésil même, où les « couches populaires » tirent le diable par la queue. Dans les pays dits « riches », où l'on est quotidiennement abreuvé d'atrocités aux heures des repas. Et du reste oppressé par le terrorisme économique. Dans les pays dits « pauvres » également. Pour oublier la misère noire, le temps d'un Mundial.
Les interventions sous la note précédente consolident l'hypothèse qu'un match simule une bataille. La balle serait alors le projectile que l'on essaye de caser dans la « maison » adverse, les deux équipes figurant les armées qui s'affrontent, en principe sans se toucher, car il faut jouer le ballon et non l'homme : le combat mis en scène ici n'est donc plus ad hominem, mais déjà « médiatisé » par le projectile. Avant d'être médiatisé tout court.
C'est certainement sa diffusion planétaire – sa « mondialisation » au sens littéral – sponsorisée par les « global players », le merchandising et boosté par le « star system » qui fait de ce sport – naguère simplement « populaire » – une superproduction quasi-galactique, enclenchant cette spirale rétroactive bien connue des magnats du show business : chacun s'intéresse à ce qui est censé intéresser « tout le monde ».
Du coup, c'est également la « socialisation » par le football qui importe : on regarde les matchs en petit ou grand comité, dans un bar, sur écran géant ou au stade, on soutient l'équipe de son pays, on commente et on critique. Ce sont ces discours, tous plus ou moins experts et tous plus ou moins vides, qui permettent de ne pas parler de l'essentiel : de la difficulté d'exister, de la solitude, de la mort.
Mais revenons un instant à notre bataille stylisée : contrairement à un combat réel, le terrain des affrontements est plat, sans aspérités, un rectangle rigoureux qui n'autorise aucun débordement. Et le temps est limité, créant ce suspense des dernières minutes où tout doit se décider, où tout semble encore possible. De plus, ce conflit symbolique partage une caractéristique essentielle avec le rêve : il ne porte pas à conséquence, si l'on excepte ce fameux « manque à gagner » en cas de défaite qui ne devrait pas être trop lourd à porter pour les bourses des joueurs professionnels. Et quelques larmes de supporters, cette perte de liquide corporel rapidement compensée par la tournée suivante.
Il se pourrait donc que le football sublime notre instinct guerrier, notre condition d'êtres territoriaux et temporels, symbolisée par les limites du terrain et la mesure du temps : les deux prérequis de l'existence humaine, ces créatures que les anciens Grecs appelaient encore si justement les mortels. J'ajouterais : conscients de l'être. - L'origine du divertissement.