Fin de régime
Ce tableau publié par le site américain journalism.org montre l'impact extraordinaire que les événements égyptiens ont eu sur les médias aux États-Unis. C'est "le sujet international le plus important de ces quatre dernières années - dépassant tous les comptes-rendus sur la guerre en Irak, le tremblement de terre en Haïti et le conflit en Afghanistan." - Dès lors, on peut parler d'un véritable "overkill médiatique" : une surenchère et un matraquage, qui ne sont pas sans conséquences sur les événements eux-mêmes. Car "le monde entier regarde l'Égypte" : toute information qui concerne le pays est aussitôt analysée, "décryptée", commentée. Et c'est ce "regard du monde" qui donne au soulèvement du peuple égyptien contre la dictature une dimension "mondiale" qu'il n'aurait sans doute pas eue sans sa "projection" médiatique, qui représente également un danger important. Car si le "monde entier" a tendance à projeter ses propres attentes et ses peurs, on risque de manquer à la fois ce qui se passe réellement en Égypte et les véritables aspirations de la population égyptienne. En effet, les diverses projections, qu'elles viennent d'Occident ou des groupes islamistes par exemple, "doublent" le soulèvement populaire dans une polyphonie bruyante de commentaires et d'interprétations, dont le brouhaha peut finir par rendre inaudibles les voix de l'opposition égyptienne elle-même, pourtant indispensables à l'avènement de la démocratie sur les bords du Nil.
Le problème est qu'il s'agit sans doute de la première révolution populaire "couverte en direct et en continu" par les médias internationaux et relayée à une échelle gigantesque par Internet. "Tout le monde" veut donc être au premier rang, quitte à noyer et à priver d'audience les voix égyptiennes, qui doivent lutter contre l'énorme "visibilité" de telle déclaration d'un secrétaire d'État américain ou de telle autre d'un leader islamiste, qui doivent se faire entendre dans le bruit engendré par les commentaires de telle annonce du vice-président Suleiman ou de telle autre du porte-parole de la Confrérie musulmane. Difficile dans ces conditions d'instaurer un débat démocratique à l'échelle nationale, où toutes les voix égyptiennes auraient le même poids, le même "temps d'antenne", comme on disait naguère.
On est en droit de se demander : quel est le but des "médiatiques" dont les voix s'élèvent sur la scène de l'information globalisée ? S'agit-il d'une "auto-promotion", d'une mise en valeur de leur propre personne ou de l'organe auquel ils appartiennent ? S'agit-il d'influencer les événements et les acteurs égyptiens ? S'agit-il de profiter de cette plate-forme événementielle pour délivrer un tout autre message ? - On serait tenté de répondre par l'affirmative à ces trois questions :
1) Les commentateurs indépendants (et je ne m'exclus pas) cherchent bien sûr le "buzz". Pour nous, il n'y a aucun danger à lâcher notre fiel (ce que je ne fais pas). La sécurité ne risque pas de frapper à notre porte, en pleine nuit, ou de nous enlever en pleine rue, pour un interrogatoire musclé et un séjour au cachot. En Égypte, cette partie est loin d'être gagnée. Les journalistes "officiels" en savent quelque chose. - Quant à Al Jazeera, dont la "couverture" en continu a été utile au mouvement populaire, elle est depuis la guerre en Irak (2003) privée de diffusion sur le réseau câblé des États-Unis : elle profite aujourd'hui de ses comptes-rendus en effet importants pour demander son intégration, qui lui sera sans doute accordée. - Google a eu droit à deux publicités gratuites : D'abord le géant américain a mis au point avec Twitter (et SayNow) un dispositif permettant aux Égyptiens de tweeter par téléphone, que le groupe n'a pas manqué de "dédier au peuple égyptien" ; ensuite la récente gloire de Wael Ghonim, invariablement présenté comme un Google executive et online activist, rejaillit évidemment sur la compagnie californienne...
2) Les tentatives d'influencer les événements égyptiens et ses acteurs sont nombreuses. Les craintes occidentales concernent d'abord la stabilité politique au Proche-Orient qui, si l'on y regarde de plus près, ressemble davantage à une poudrière menaçant d'exploser au moindre faux-pas. Elles concernent ensuite la stabilité économique en cette période de faillites et de chômage, de crashs financiers à répétition. Une petite goutte d'eau du Nil pourrait ici aussi faire déborder le vase. Elles concernent enfin le fameux "choc des civilisations", prôné conjointement par les idéologues de George W. Bush et d'Osama Ben Laden, et repris ces jours-ci, d'une façon très insidieuse, par les intellectuels français Alexandre Adler, Bernard-Henri Lévy et Alain Finkielkraut à travers leur peur quasi obsessionnelle de l'islamisme (cf. l'analyse de Pascal Boniface). Ces craintes occidentales, auxquelles on peut ajouter celles des régimes autocratiques du monde arabe et bien sûr du gouvernement israélien actuel, donnent lieu à différentes tentatives de récupération et de désinformation souvent contradictoires ...
3) Les politiciens de tous les pays profitent évidemment de ces événements pour faire passer leurs propres messages et contrer leurs adversaires. En France, la polémique autour de la ministre des Affaires étrangères, Alliot-Marie (à laquelle viennent aujourd'hui s'ajouter les vacances égyptiennes du Premier ministre Fillon) est symptomatique pour l'utilisation "franco-française" du soulèvement égyptien (perceptible également dans les déclarations de MM. Adler, Lévy et Finkielkraut). - D'autres messages peuvent également être délivrés, et notamment la publicité pour nos sociétés libérales de consommation qui, à tout prendre, ne sont pas aussi mauvaises que l'on pourrait le croire en étudiant les chiffres du chômage, le nombre de familles qui vivent aux confins du seuil de pauvreté, de celles qui sont surendettées, qui subsistent avec les minimas sociaux ...
Le problème est qu'il s'agit sans doute de la première révolution populaire "couverte en direct et en continu" par les médias internationaux et relayée à une échelle gigantesque par Internet. "Tout le monde" veut donc être au premier rang, quitte à noyer et à priver d'audience les voix égyptiennes, qui doivent lutter contre l'énorme "visibilité" de telle déclaration d'un secrétaire d'État américain ou de telle autre d'un leader islamiste, qui doivent se faire entendre dans le bruit engendré par les commentaires de telle annonce du vice-président Suleiman ou de telle autre du porte-parole de la Confrérie musulmane. Difficile dans ces conditions d'instaurer un débat démocratique à l'échelle nationale, où toutes les voix égyptiennes auraient le même poids, le même "temps d'antenne", comme on disait naguère.
On est en droit de se demander : quel est le but des "médiatiques" dont les voix s'élèvent sur la scène de l'information globalisée ? S'agit-il d'une "auto-promotion", d'une mise en valeur de leur propre personne ou de l'organe auquel ils appartiennent ? S'agit-il d'influencer les événements et les acteurs égyptiens ? S'agit-il de profiter de cette plate-forme événementielle pour délivrer un tout autre message ? - On serait tenté de répondre par l'affirmative à ces trois questions :
1) Les commentateurs indépendants (et je ne m'exclus pas) cherchent bien sûr le "buzz". Pour nous, il n'y a aucun danger à lâcher notre fiel (ce que je ne fais pas). La sécurité ne risque pas de frapper à notre porte, en pleine nuit, ou de nous enlever en pleine rue, pour un interrogatoire musclé et un séjour au cachot. En Égypte, cette partie est loin d'être gagnée. Les journalistes "officiels" en savent quelque chose. - Quant à Al Jazeera, dont la "couverture" en continu a été utile au mouvement populaire, elle est depuis la guerre en Irak (2003) privée de diffusion sur le réseau câblé des États-Unis : elle profite aujourd'hui de ses comptes-rendus en effet importants pour demander son intégration, qui lui sera sans doute accordée. - Google a eu droit à deux publicités gratuites : D'abord le géant américain a mis au point avec Twitter (et SayNow) un dispositif permettant aux Égyptiens de tweeter par téléphone, que le groupe n'a pas manqué de "dédier au peuple égyptien" ; ensuite la récente gloire de Wael Ghonim, invariablement présenté comme un Google executive et online activist, rejaillit évidemment sur la compagnie californienne...
2) Les tentatives d'influencer les événements égyptiens et ses acteurs sont nombreuses. Les craintes occidentales concernent d'abord la stabilité politique au Proche-Orient qui, si l'on y regarde de plus près, ressemble davantage à une poudrière menaçant d'exploser au moindre faux-pas. Elles concernent ensuite la stabilité économique en cette période de faillites et de chômage, de crashs financiers à répétition. Une petite goutte d'eau du Nil pourrait ici aussi faire déborder le vase. Elles concernent enfin le fameux "choc des civilisations", prôné conjointement par les idéologues de George W. Bush et d'Osama Ben Laden, et repris ces jours-ci, d'une façon très insidieuse, par les intellectuels français Alexandre Adler, Bernard-Henri Lévy et Alain Finkielkraut à travers leur peur quasi obsessionnelle de l'islamisme (cf. l'analyse de Pascal Boniface). Ces craintes occidentales, auxquelles on peut ajouter celles des régimes autocratiques du monde arabe et bien sûr du gouvernement israélien actuel, donnent lieu à différentes tentatives de récupération et de désinformation souvent contradictoires ...
3) Les politiciens de tous les pays profitent évidemment de ces événements pour faire passer leurs propres messages et contrer leurs adversaires. En France, la polémique autour de la ministre des Affaires étrangères, Alliot-Marie (à laquelle viennent aujourd'hui s'ajouter les vacances égyptiennes du Premier ministre Fillon) est symptomatique pour l'utilisation "franco-française" du soulèvement égyptien (perceptible également dans les déclarations de MM. Adler, Lévy et Finkielkraut). - D'autres messages peuvent également être délivrés, et notamment la publicité pour nos sociétés libérales de consommation qui, à tout prendre, ne sont pas aussi mauvaises que l'on pourrait le croire en étudiant les chiffres du chômage, le nombre de familles qui vivent aux confins du seuil de pauvreté, de celles qui sont surendettées, qui subsistent avec les minimas sociaux ...
[17:00](*) Voici un résumé des informations sur la seizième journée de protestations qui ont filtré sur Al Jazeera :
- Dans la nuit et au petit matin, des affrontements ont eu lieu dans le gouvernorat d'Al-Wadi al-Jadid, qui englobe le quart sud-ouest désertique du pays. Selon le journal égyptien Youm7, les protestataires ont incendié au moins un véhicule de police, qui a ouvert le feu sur eux. Au moins 8 personnes seraient gravement blessées, d'autres seraient mortes, sans que cette nouvelle ait pu être confirmée. - Actualisations : Deux morts et des douzaines de blessés dans la province d'Al-Wadi al-Jadid, qui comprend cinq groupes épars d'oasis. Selon l'AFP, il y aurait même 3 morts et une centaine de blessés dans les affrontements qui durent depuis deux jours : "La foule furieuse a répondu en incendiant sept bâtiments officiels, dont deux commissariats et un baraquement de police, une tribunal et le QG local du Parti National Démocrate de Hosni Moubarak." - Ce soir, le bilan s'élève à cinq tués, qui ont succombé aux tirs de la police dans la foule.
- Les trois syndicats indépendants d'Égypte ont appelé à manifester à 11h du matin. - De nouvelles grèves ont lieu à Mahalla et Suez. Quelque 10.000 travailleurs dans différentes usines et villes se sont mis en grève au cours de ces dernières 24 heures. La plupart réclament une augmentation et de meilleures conditions de travail, mais ils renforcent le mouvement en faveur de la démocratie. - Actualisation : 6.000 ouvriers seraient en grève dans la seule ville du Caire, selon une correspondante d'Al Jazeera, qui précise que les syndicats ne réclament pas la démission de Moubarak, mais qu'ils profitent de l'occasion pour faire entendre leurs revendications salariales et leur mécontentement du gouvernement. Al Masry Al Youm rapporte que 3.000 cheminots se sont mis en grève aujourd'hui, certains s'asseyant sur les rails pour empêcher les trains de passer. La mobilisation des conducteurs de bus est prévue pour demain.
- Le ministre égyptien de la Santé continue de contester le nombre des victimes des violences avancé par Human Rights Watch, qui parle maintenant de 302 morts au moins. Le ministère entend publier ses propres statistiques d'ici quelques jours.
- Les propos d'Omar Suleiman de mardi dernier sont vivement critiqués. Les protestataires craignent notamment un coup de force. Selon Abdul-Rahman Samir, un porte-parole des cinq grands mouvements de jeunesse présents place Tahrir, "il menace d'imposer la loi martiale, ce qui veut dire que tout le monde, place Tahrir, sera écrasé... mais que fera-t-il des 70 millions d'Égyptiens restants, qui viendront après nous ?" Il est en train de concocter un "scénario désastreux... Nous sommes en grève, nous protesterons et nous ne négocierons pas jusqu'à ce que Moubarak démissionne. Si quelqu'un veut nous menacer, qu'il le fasse..." - Avec la place centrale du Caire, les manifestants ont également pris possession des abords du parlement, où ils se sont installés pour un "temps indéfini". - L'armée a renforcé sa présence, à l'extérieur et à l'intérieur du bâtiment, mais il n'y a pour l'heure aucun signe d'hostilité envers les manifestants.
- L'un des problèmes soulevés par un commentateur d'Al Jazeera est celui-ci : Les manifestants demandent la démission du président. Si celui-ci s'en va réellement, le pouvoir sera transféré, non au vice-président, mais au président du parlement, qui devra organiser des élections sous soixante jours sans être à même de changer la Constitution. Or, celle-ci est favorable au Parti National Démocrate. En effet, 90% du parlement est constitué de députés membres du PND. Et un tiers du parlement au moins doit donner son aval à toute nouvelle candidature aux fonctions suprêmes de l'État. Un véritable dilemme !
.
Le Guardian rapporte l'avis du journaliste et blogueur Hossam El-Hamalawy sur l'entrée en scène des travailleurs : "L'Histoire nous a montré que la classe ouvrière industrielle est la dernière classe sociale à rejoindre une révolte, et leur intervention est en fait la plus cruciale. Nous l'avons vu en Iran, et en Tunisie : quand la classe ouvrière entre dans l'arène avec des grèves massives, c'est la fin du régime. Aujourd'hui, la classe ouvrière a officiellement rejoint la bataille. Au cours des dernières semaines, depuis le début du soulèvement, les travailleurs ont certes pris part aux protestations, mais simplement comme manifestants, non comme partie intégrante d'un mouvement ouvrier organisé. Ils se sont engagés dans des actions indépendantes. Mais à présent les grèves massives commencent, et nous voyons des travailleurs qui ne formulent pas seulement des demandes en relation avec leurs droits économiques, mais également des exigences ouvertement politiques, et ça change tout."
[19:15] Al Jazeera rapporte que la situation semble s'être durcie à Ismailiya (au Nord-Est du pays, entre Suez et Port Saïd) où des protestataires ont pris d'assaut un bâtiment gouvernemental et incendié la voiture du gouverneur. L'AFP précise que les protestataires, furieux parce que leurs demandes de meilleurs logements avaient été ignorées, sont arrivés de "bidonvilles environnants" où ils ont vécu "dans des abris de fortune depuis 15 ans". La police, note l'agence, a "largement disparu" de la ville depuis le début des protestations...
Ahram) Ce soir, de nombreux manifestants y sont encore rassemblés, et un sit-in est organisé devant le parlement, dont on demande la dissolution. (Al Jazeera & Guardian)
- Les propos d'Omar Suleiman de mardi dernier sont vivement critiqués. Les protestataires craignent notamment un coup de force. Selon Abdul-Rahman Samir, un porte-parole des cinq grands mouvements de jeunesse présents place Tahrir, "il menace d'imposer la loi martiale, ce qui veut dire que tout le monde, place Tahrir, sera écrasé... mais que fera-t-il des 70 millions d'Égyptiens restants, qui viendront après nous ?" Il est en train de concocter un "scénario désastreux... Nous sommes en grève, nous protesterons et nous ne négocierons pas jusqu'à ce que Moubarak démissionne. Si quelqu'un veut nous menacer, qu'il le fasse..." - Avec la place centrale du Caire, les manifestants ont également pris possession des abords du parlement, où ils se sont installés pour un "temps indéfini". - L'armée a renforcé sa présence, à l'extérieur et à l'intérieur du bâtiment, mais il n'y a pour l'heure aucun signe d'hostilité envers les manifestants.
- L'un des problèmes soulevés par un commentateur d'Al Jazeera est celui-ci : Les manifestants demandent la démission du président. Si celui-ci s'en va réellement, le pouvoir sera transféré, non au vice-président, mais au président du parlement, qui devra organiser des élections sous soixante jours sans être à même de changer la Constitution. Or, celle-ci est favorable au Parti National Démocrate. En effet, 90% du parlement est constitué de députés membres du PND. Et un tiers du parlement au moins doit donner son aval à toute nouvelle candidature aux fonctions suprêmes de l'État. Un véritable dilemme !
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Le Guardian rapporte l'avis du journaliste et blogueur Hossam El-Hamalawy sur l'entrée en scène des travailleurs : "L'Histoire nous a montré que la classe ouvrière industrielle est la dernière classe sociale à rejoindre une révolte, et leur intervention est en fait la plus cruciale. Nous l'avons vu en Iran, et en Tunisie : quand la classe ouvrière entre dans l'arène avec des grèves massives, c'est la fin du régime. Aujourd'hui, la classe ouvrière a officiellement rejoint la bataille. Au cours des dernières semaines, depuis le début du soulèvement, les travailleurs ont certes pris part aux protestations, mais simplement comme manifestants, non comme partie intégrante d'un mouvement ouvrier organisé. Ils se sont engagés dans des actions indépendantes. Mais à présent les grèves massives commencent, et nous voyons des travailleurs qui ne formulent pas seulement des demandes en relation avec leurs droits économiques, mais également des exigences ouvertement politiques, et ça change tout."
[19:15] Al Jazeera rapporte que la situation semble s'être durcie à Ismailiya (au Nord-Est du pays, entre Suez et Port Saïd) où des protestataires ont pris d'assaut un bâtiment gouvernemental et incendié la voiture du gouverneur. L'AFP précise que les protestataires, furieux parce que leurs demandes de meilleurs logements avaient été ignorées, sont arrivés de "bidonvilles environnants" où ils ont vécu "dans des abris de fortune depuis 15 ans". La police, note l'agence, a "largement disparu" de la ville depuis le début des protestations...
Ahram) Ce soir, de nombreux manifestants y sont encore rassemblés, et un sit-in est organisé devant le parlement, dont on demande la dissolution. (Al Jazeera & Guardian)
(image : al jazeera)
[12:00](*) Ce matin du dix-septième jour de protestations, le Guardian rapporte que l'armée a secrètement détenu des centaines, peut-être des milliers d'opposants au régime, certains d'entre eux ayant été torturés, parfois à l'électricité, d'après des témoignages recueillis par le quotidien britannique. - Selon des militants des droits de l'Homme, l'armée ne serait plus neutre et participerait à des enlèvements et des actes de tortures, des exactions que les Égyptiens avaient toujours attribuées à la sécurité d'État et non aux militaires. - Al Jazeera signale que le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Abul Gheit, menace que l'armée, une force majoritairement neutre jusqu'à présent, allait intervenir en cas d'escalade : "Si le chaos devait régner, les forces armées interviendraient pour contrôler le pays, un pas... qui entraînerait une situation très dangereuse." (source : agence de presse égyptienne MENA) - La chaîne qatarie nous apprend également que le nouveau ministre de la Culture, Gaber Asfour, a démissionné. D'après sa famille, il l'a fait pour des raisons de santé, mais selon le quotidien égyptien al-Ahram Asfour, qui est également écrivain, a été critiqué par ses collègues littérateurs pour avoir accepté le poste. Il était le seul nouveau visage dans ce gouvernement remanié. .
La petite phrase du vice-président sur la chaîne américaine ABC, mardi soir : Omar Suleiman a déclaré vouloir la démocratie. "Mais quand allons-nous l'instaurer ? Quand les gens d'ici auront la culture de la démocratie." Dixit. - Il avait également déclaré à la TV américaine qu'il ne veut ni prendre les fonctions de chef de l'État à la place du président Moubarak ni être candidat aux élections de septembre 2011. Raison invoquée : je vieillis ! (Né en 1936, il aura 75 ans en juillet, Hosni Moubarak en a 8 de plus !)
[13:15] Quelque 3.000 avocats ont défilé depuis leurs bureaux syndicaux au centre du Caire jusqu'au palais Abedeen, un bâtiment historique qui est l'une des résidences officielles du président. Ils se dirigent à présent vers la place Tahrir pour y rejoindre les protestataires..
[13:40] Une délégation d'un millier de médecins en blouse blanche est arrivée place Tahrir sous les applaudissements de la foule.
[14:00] Sur Al Jazeera, on apprend que le chef de la sécurité de la ville de Wadi al-Jadid (gouvernorat de la Nouvelle Vallée) a été limogé et que le capitaine de police qui a donné l'ordre de tirer sur les manifestants a été arrêté et devra rendre des comptes à la justice : au moins cinq personnes avaient été tuées et des douzaines blessées lors des trois jours d'affrontements entre la police et les citoyens. - Le tribunal correctionnel a interdit à trois ex-ministres de quitter le pays et leurs avoirs ont été gelés par le gouvernement. - Le Premier ministre déclare former un comité pour rassembler des preuves sur les "pratiques illégitimes" qui ont jalonné les événements de ces dernières semaines. Le comité prendra en compte des informations fournies par les citoyens et les organisations de la société civile pour ensuite présenter un rapport au procureur d'État.
[15:00] Voici quelques nouvelles publiées par le Guardian : À Port-Saïd, des centaines de protestataires, qui réclament une baisse des loyers, ont incendié un commissariat et au moins dix véhicules de la sécurité. Actualisation : Les choses semblent se calmer dans cette ville à l'embouchure méditerranéenne du canal de Suez. - Au Caire, des milliers de personnes manifestent à nouveau place Tahrir. Pendant ce temps, des travailleurs et des syndicalistes organisent des grèves et des sit-ins dans une série d'entreprises et d'agences de l'État. Les activistes des mouvements de jeunesse espèrent que les protestations prévues demain égaleront celles de mardi et vendredi derniers. - En Alexandrie et dans les villes de Sohag et Assiut au Sud du pays, des grèves et des sit-ins ont également lieu, selon certaines sources.- Un parti d'opposition agréé par l'État, Tagammu, s'est retiré des discussions sur les réformes avec le gouvernement, en déclarant que l'administration Moubarak n'a pas intégré le "niveau minimal des revendications populaires".
[15:45] Hoda Abdel-Hamid (Al Jazeera) signale que les Cairotes reçoivent des SMS de la part de Mahmoud Wagdy, le nouveau ministre de l'Intérieur, qui écrit : "La police est de retour dans les rues et se met au service de la population." La journaliste se demande s'il ne s'agit pas d'une "campagne de relations publiques, étant donné que les forces de sécurité et le ministère de l'Intérieur sont détestés, même de ceux qui ne soutiennent pas les protestations."
[17:00] Place Tahrir, Hoda Abdel-Hamid rapporte que les organisations de jeunesse se sont mises d'accord avec les autres mouvements d'opposition, Confrérie musulmane comprise, pour demander la démission des hommes du régime et la dissolution du parlement, la formation d'un nouveau gouvernement de transition, comprenant un représentant de l'armée, un juge et sans doute des représentants de la vie civile, ainsi que l'application d'une constitution provisoire, élaborée par des experts, afin de pouvoir organiser des élections législatives et présidentielles d'ici un an. - La correspondante d'Al Jazeera signale également des textos en circulation, qui appellent à la mobilisation de 20 millions de personnes pour ce week-end qui débute demain vendredi.
[17:15] La nouvelle traverse les rédactions du monde : Le président Moubarak pourrait démissionner ce soir ! Voici le communiqué de la BBC : Un membre du parti au pouvoir en Égypte a déclaré à la BBC qu'il "espèrait" que le président Hosni Moubarak allait transférer le pouvoir au vice-président Omar Suleiman. Hossan Badrawi, le secrétaire général du Parti National Démocrate (PND), a dit que M. Moubarak allait "probablement" s'adresser à la nation ce soir. Ce commentaires a suivi les propos du Premier ministre, Ahmed Shafiq, tenus sur BBC Arabic : selon ce dernier, le scénario de la démission du président Moubarak faisait l'objet de discussions. (in Guardian)
La petite phrase du vice-président sur la chaîne américaine ABC, mardi soir : Omar Suleiman a déclaré vouloir la démocratie. "Mais quand allons-nous l'instaurer ? Quand les gens d'ici auront la culture de la démocratie." Dixit. - Il avait également déclaré à la TV américaine qu'il ne veut ni prendre les fonctions de chef de l'État à la place du président Moubarak ni être candidat aux élections de septembre 2011. Raison invoquée : je vieillis ! (Né en 1936, il aura 75 ans en juillet, Hosni Moubarak en a 8 de plus !)
[13:15] Quelque 3.000 avocats ont défilé depuis leurs bureaux syndicaux au centre du Caire jusqu'au palais Abedeen, un bâtiment historique qui est l'une des résidences officielles du président. Ils se dirigent à présent vers la place Tahrir pour y rejoindre les protestataires..
[13:40] Une délégation d'un millier de médecins en blouse blanche est arrivée place Tahrir sous les applaudissements de la foule.
[14:00] Sur Al Jazeera, on apprend que le chef de la sécurité de la ville de Wadi al-Jadid (gouvernorat de la Nouvelle Vallée) a été limogé et que le capitaine de police qui a donné l'ordre de tirer sur les manifestants a été arrêté et devra rendre des comptes à la justice : au moins cinq personnes avaient été tuées et des douzaines blessées lors des trois jours d'affrontements entre la police et les citoyens. - Le tribunal correctionnel a interdit à trois ex-ministres de quitter le pays et leurs avoirs ont été gelés par le gouvernement. - Le Premier ministre déclare former un comité pour rassembler des preuves sur les "pratiques illégitimes" qui ont jalonné les événements de ces dernières semaines. Le comité prendra en compte des informations fournies par les citoyens et les organisations de la société civile pour ensuite présenter un rapport au procureur d'État.
[15:00] Voici quelques nouvelles publiées par le Guardian : À Port-Saïd, des centaines de protestataires, qui réclament une baisse des loyers, ont incendié un commissariat et au moins dix véhicules de la sécurité. Actualisation : Les choses semblent se calmer dans cette ville à l'embouchure méditerranéenne du canal de Suez. - Au Caire, des milliers de personnes manifestent à nouveau place Tahrir. Pendant ce temps, des travailleurs et des syndicalistes organisent des grèves et des sit-ins dans une série d'entreprises et d'agences de l'État. Les activistes des mouvements de jeunesse espèrent que les protestations prévues demain égaleront celles de mardi et vendredi derniers. - En Alexandrie et dans les villes de Sohag et Assiut au Sud du pays, des grèves et des sit-ins ont également lieu, selon certaines sources.- Un parti d'opposition agréé par l'État, Tagammu, s'est retiré des discussions sur les réformes avec le gouvernement, en déclarant que l'administration Moubarak n'a pas intégré le "niveau minimal des revendications populaires".
[15:45] Hoda Abdel-Hamid (Al Jazeera) signale que les Cairotes reçoivent des SMS de la part de Mahmoud Wagdy, le nouveau ministre de l'Intérieur, qui écrit : "La police est de retour dans les rues et se met au service de la population." La journaliste se demande s'il ne s'agit pas d'une "campagne de relations publiques, étant donné que les forces de sécurité et le ministère de l'Intérieur sont détestés, même de ceux qui ne soutiennent pas les protestations."
[17:00] Place Tahrir, Hoda Abdel-Hamid rapporte que les organisations de jeunesse se sont mises d'accord avec les autres mouvements d'opposition, Confrérie musulmane comprise, pour demander la démission des hommes du régime et la dissolution du parlement, la formation d'un nouveau gouvernement de transition, comprenant un représentant de l'armée, un juge et sans doute des représentants de la vie civile, ainsi que l'application d'une constitution provisoire, élaborée par des experts, afin de pouvoir organiser des élections législatives et présidentielles d'ici un an. - La correspondante d'Al Jazeera signale également des textos en circulation, qui appellent à la mobilisation de 20 millions de personnes pour ce week-end qui débute demain vendredi.
[17:15] La nouvelle traverse les rédactions du monde : Le président Moubarak pourrait démissionner ce soir ! Voici le communiqué de la BBC : Un membre du parti au pouvoir en Égypte a déclaré à la BBC qu'il "espèrait" que le président Hosni Moubarak allait transférer le pouvoir au vice-président Omar Suleiman. Hossan Badrawi, le secrétaire général du Parti National Démocrate (PND), a dit que M. Moubarak allait "probablement" s'adresser à la nation ce soir. Ce commentaires a suivi les propos du Premier ministre, Ahmed Shafiq, tenus sur BBC Arabic : selon ce dernier, le scénario de la démission du président Moubarak faisait l'objet de discussions. (in Guardian)
[17:30] Al Jazeera parle d'une déclaration "ambiguë" de l'armée (à l'instant sur la TV d'État) confirmant "son engagement et sa responsabilité pour la protection de la population et la sauvegarde des intérêts de la Nation, ainsi que son devoir de protéger les richesses et les biens de la population et de l'Égypte". Le porte-parole de l'armée a mentionné que les demandes des gens étaient "légaux et légitimes". Selon le rédacteur du live blog, le Conseil militaire pourrait s'être réuni sans le président Moubarak, qui est pourtant le commandant en chef des armées. Cette information significative semble se confirmer un peu plus tard.
[18:00] Les live blogs citent un responsable de la CIA qui affirme que la démission de Hosni Moubarak est "très vraisemblable" (Guardian, Al Jazeera).
[18:15] Toujours en direct de la place Tahrir, Hoda Abdel-Hamid a l'impression que les manifestations massives prévues pour demain viennent déjà de commencer : en effet, les images montrent une foule impressionnante sur la place centrale du Caire, qui s'agite et chante dans la lumière des réverbères et des projecteurs.
[18:30] Le Guardian cite à présent les propos du Premier ministre, Ahmed Shafiq : "Tout est normal. [!] Tout est toujours aux mains du président. Le Guide suprême [Moubarak] est tenu informé de tout ce qui se passe au sein du Conseil suprême des armées."
[19:00] Selon la TV d'État, le président Moubarak fera une déclaration ce soir. - Les journaux - comme Le Monde et Der Spiegel - qui avaient interrompu leurs fils d'actualités ces derniers jours les ont remis en ligne depuis une heure ou deux. D'autres les imitent.
[20:00] Dans l'incertitude où ils sont placés, les commentateurs meublent l'attente avec prudence : personne ne veut se tromper, mais tout le monde veut être aux premières loges pour annoncer, analyser, commenter le retrait attendu du président Moubarak et prendre la température place Tahrir.
[18:00] Les live blogs citent un responsable de la CIA qui affirme que la démission de Hosni Moubarak est "très vraisemblable" (Guardian, Al Jazeera).
[18:15] Toujours en direct de la place Tahrir, Hoda Abdel-Hamid a l'impression que les manifestations massives prévues pour demain viennent déjà de commencer : en effet, les images montrent une foule impressionnante sur la place centrale du Caire, qui s'agite et chante dans la lumière des réverbères et des projecteurs.
[18:30] Le Guardian cite à présent les propos du Premier ministre, Ahmed Shafiq : "Tout est normal. [!] Tout est toujours aux mains du président. Le Guide suprême [Moubarak] est tenu informé de tout ce qui se passe au sein du Conseil suprême des armées."
[19:00] Selon la TV d'État, le président Moubarak fera une déclaration ce soir. - Les journaux - comme Le Monde et Der Spiegel - qui avaient interrompu leurs fils d'actualités ces derniers jours les ont remis en ligne depuis une heure ou deux. D'autres les imitent.
[20:00] Dans l'incertitude où ils sont placés, les commentateurs meublent l'attente avec prudence : personne ne veut se tromper, mais tout le monde veut être aux premières loges pour annoncer, analyser, commenter le retrait attendu du président Moubarak et prendre la température place Tahrir.
[20:15] Le Guardian répercute (avec Associated Press) un communiqué du ministère de l'Information selon lequel Moubarak ne démissionnera pas (source : TV d'État).
[20:40] À l'occasion d'une rencontre avec des étudiants, le président Obama évoque brièvement l'Égypte : "Il est parfaitement clair que nous sommes en train d'assister à la marche de l'Histoire... C'est un moment de transformation car le peuple égyptien appelle au changement... Une population de tous âges et milieux... Mais la jeunesse est aux avant-postes... Une nouvelle génération, votre génération... et nous voulons que cette jeunesse sache que les États-Unis d'Amérique soutiendront une [hésitation] transition dans les règles vers la démocratie."
[20:45] Nouveau fil d'actualité du Guardian. - L'adresse à la Nation du président Moubarak est attendue à 22:00(*).
[21:10] Selon Al Arabiya, Hosni Moubarak annoncerait de nouvelles procédures constitutionnelles avant de transmettre ses pouvoirs au vice-président Omar Suleiman (source : correspondance de la chaîne).
[22:00] La place Tahrir, où des centaines de milliers de manifestants sont réunis, l'ensemble de l'Égypte branchée sur la télévision d'État et le monde entier rivé sur Al Jazeera s'impatientent. La déclaration présidentielle est imminente... Tandis que le ministre de l'Information, Anas el Fekky, le répète à l'agence Reuters : "Il est certain que le président ne démissionnera pas" (definitely not going to step down).
[22:15] Le Guardian rappelle que la dernière intervention du président était également programmée à 22:00, mais n'avait eu lieu qu'à minuit...
[22:40] Selon les informations d'Al Arabiya citées par Reuters, le président annoncera des amendements de la Constitution et la suppression d'un article, peut-être également la fin de l'état d'urgence ; il s'excusera pour les victimes de la violence mais ne démissionnera pas...
[22:45] Le discours télévisé, que le président Moubarak lit sur un prompteur, commence. Quelques fragments notés en passant (repris ensuite) : Il s'adresse à la jeunesse de la place Tahrir ... avec un discours qui vient du cœur... comme un père s'adresse à ses enfants [!]... Il présente ses condoléances aux familles des victimes... Il veut tenir toutes ses promesses... Les revendications de la population sont justes et légitimes... Il ne veut pas se faire dicter ses actions par des forces extérieures ... Il veut garantir la Constitution et rester en poste jusqu'à la désignation d'un nouveau président en septembre 2011 par la voie d'élections libres et équitables... Il rappelle qu'il ne s'y représentera pas... Il veut garantir une transition pacifique du pouvoir... Il diligente une investigation sur les violences... Six articles de la Constitution seront amendés... Il transfère une partie [non précisée] du pouvoir au vice-président Suleiman... Sa priorité est de rétablir la confiance des Égyptiens .. La situation présente ne peut plus durer... Cette situation n'a rien à voir avec lui... avec Hosni Moubarak [!]... Il appelle au dialogue national... au rétablissement de la confiance dans l'économie... Il recommence à mettre en valeur sa carrière politico-militaire... Il se dit peiné par les propos de certains de ses compatriotes... Il entend placer l'intérêt de la Nation au-dessus de tout... La patrie se remettra sur pieds... Il en appelle à la fierté de l'Égypte... il se perd dans des digressions propres à suggérer l'unité nationale... Il ne quittera pas le sol égyptien avant d'y être enterré... [Amen !]
[23:00] Place Tahrir, la foule est d'autant plus furieuse qu'elle s'était réjouie d'obtenir enfin satisfaction ce soir... Les gens brandissent leurs chaussures en guise d'insulte à Moubarak... Dès qu'il fut acquis que le président ne démissionnerait pas, les gens ont cessé d'écouter le discours retransmis sur la place et commencé à crier : "Pars ! Va-t-en !"
Il est fort possible que ce discours ait mis de l'huile sur le feu étant donnés les effets d'annonce et les (fausses) joies qui l'ont précédé. Une nouvelle fois, la réalité a pris la révolution à contre-pied... mais l'Histoire n'a jamais dit son dernier mot !
[23:35] C'est à présent Omar Suleiman qui prend la parole sur la TV d'État. Voici quelques bribes saisies au vol (complétées ensuite) : Il en appelle au peuple égyptien... Il rappelle que le dialogue est ouvert... que le calendrier a été fixé... il parle de la transition pacifique... Il dit vouloir implémenter tous les processus qu'il a promis... Il appelle tous les citoyens à se tourner vers le futur... Il dit que "nous" en ferons un futur radieux ... Il évoque la démocratie et la liberté... Il dit que l'on ne peut pas tolérer le chaos... qu'il faut se prendre par la main... que la patrie est la plus grande priorité... Il demande à la jeunesse de rentrer chez elle... de retourner au travail... de ne pas écouter les chaînes satellite [i. e. Al Jazeera]... de n'écouter que sa conscience... Il dit que nous nous en remettons à Dieu, aux institutions et aux forces armées... Il appelle à la marche en avant... au travail en équipe... Il déclare travailler de toutes ses forces pour cette patrie...
[23:45] Les commentateurs parlent de la colère des gens, après ces deux discours qui n'apportent rien de nouveau...
[00:00] Sur Al Jazeera, un militaire, major en retraite, qualifie au téléphone ces interventions de grave erreur. Il diagnostique une maladie mentale chez le président et parle d'une insulte au peuple. Il attend la seconde déclaration du Conseil suprême des armées en espérant que le président sera démis de ses fonctions. - Edward Beck, ex-ambassadeur des États-Unis en Égypte, arrive lui aussi à la conclusion que les militaires pourraient prendre les choses en main, tout en redoutant une grande "tourmente" (turmoil) dans les prochains jours.
[00:30] Le Guardian cite une interview (sur CNN) de l'ambassadeur égyptien aux USA, Sameh Shoukry, qui affirme que Hosni Mubarak a transféré tous ses pouvoirs au vice-président Omar Suleiman. M. Shoukry a dit que M. Moubarak était "le président de jure" et que M. Suleiman était à présent "le président de facto", puis il a précisé : "Je tiens cela [cette information] du vice-président". Et d'ajouter : "Il [O. Suleiman] a maintenant la charge de l'entière autorité de la présidence en regard de la Constitution".
[9:25] Dix-huitième journée de protestations. - Selon Al Jazeera, qui reprend un communiqué de l'agence égyptienne MENA, les hauts responsables de l'armée ont tenu une réunion "importante" et feront une déclaration à la population. Le commandant en chef et ministre de la Défense, Hussein Tantawi, a présidé cette réunion du Conseil suprême des forces armées.
[9:50] Un officier qui a rejoint les protestataires place Tahrir dit que 15 autres officiers de rang moyen sont passés du côté des manifestants. "Le mouvement de solidarité des forces armées avec le peuple a commencé", déclare le major Ahmed Ali Shouman à Reuters (in Al Jazeera).
[11:50] La déclaration de l'armée vient de tomber . il sera mis fin à l'état d'urgence lorsque la situation actuelle sera réglée ; la transition vers la démocratie, des élections présidentielles libres et équitables, des modifications de la Constitution et la protection de la nation seront garanties. Il n'a été fait aucune mention de MM. Moubarak et Suleiman. Pendant ce temps, la place Tahrir se remplit, alors que la prière du vendredi se prépare...
[12:00] Les commentateurs estiment que cette déclaration reste vague et ne correspond pas aux attentes de la population. L'armée semble également plaider pour l'évacuation de la rue et un retour à la normale (qui permettrait de mettre fin à l'état d'urgence).
[13:30] Après la prière du vendredi, les gens continuent d'affluer sur la vaste place centrale du Caire où, semble-t-il, l'espace commence sérieusement à manquer.
Un petit moment de détente dans cette situation stressante :
[20:40] À l'occasion d'une rencontre avec des étudiants, le président Obama évoque brièvement l'Égypte : "Il est parfaitement clair que nous sommes en train d'assister à la marche de l'Histoire... C'est un moment de transformation car le peuple égyptien appelle au changement... Une population de tous âges et milieux... Mais la jeunesse est aux avant-postes... Une nouvelle génération, votre génération... et nous voulons que cette jeunesse sache que les États-Unis d'Amérique soutiendront une [hésitation] transition dans les règles vers la démocratie."
[20:45] Nouveau fil d'actualité du Guardian. - L'adresse à la Nation du président Moubarak est attendue à 22:00(*).
[21:10] Selon Al Arabiya, Hosni Moubarak annoncerait de nouvelles procédures constitutionnelles avant de transmettre ses pouvoirs au vice-président Omar Suleiman (source : correspondance de la chaîne).
[22:00] La place Tahrir, où des centaines de milliers de manifestants sont réunis, l'ensemble de l'Égypte branchée sur la télévision d'État et le monde entier rivé sur Al Jazeera s'impatientent. La déclaration présidentielle est imminente... Tandis que le ministre de l'Information, Anas el Fekky, le répète à l'agence Reuters : "Il est certain que le président ne démissionnera pas" (definitely not going to step down).
[22:15] Le Guardian rappelle que la dernière intervention du président était également programmée à 22:00, mais n'avait eu lieu qu'à minuit...
[22:40] Selon les informations d'Al Arabiya citées par Reuters, le président annoncera des amendements de la Constitution et la suppression d'un article, peut-être également la fin de l'état d'urgence ; il s'excusera pour les victimes de la violence mais ne démissionnera pas...
[22:45] Le discours télévisé, que le président Moubarak lit sur un prompteur, commence. Quelques fragments notés en passant (repris ensuite) : Il s'adresse à la jeunesse de la place Tahrir ... avec un discours qui vient du cœur... comme un père s'adresse à ses enfants [!]... Il présente ses condoléances aux familles des victimes... Il veut tenir toutes ses promesses... Les revendications de la population sont justes et légitimes... Il ne veut pas se faire dicter ses actions par des forces extérieures ... Il veut garantir la Constitution et rester en poste jusqu'à la désignation d'un nouveau président en septembre 2011 par la voie d'élections libres et équitables... Il rappelle qu'il ne s'y représentera pas... Il veut garantir une transition pacifique du pouvoir... Il diligente une investigation sur les violences... Six articles de la Constitution seront amendés... Il transfère une partie [non précisée] du pouvoir au vice-président Suleiman... Sa priorité est de rétablir la confiance des Égyptiens .. La situation présente ne peut plus durer... Cette situation n'a rien à voir avec lui... avec Hosni Moubarak [!]... Il appelle au dialogue national... au rétablissement de la confiance dans l'économie... Il recommence à mettre en valeur sa carrière politico-militaire... Il se dit peiné par les propos de certains de ses compatriotes... Il entend placer l'intérêt de la Nation au-dessus de tout... La patrie se remettra sur pieds... Il en appelle à la fierté de l'Égypte... il se perd dans des digressions propres à suggérer l'unité nationale... Il ne quittera pas le sol égyptien avant d'y être enterré... [Amen !]
[23:00] Place Tahrir, la foule est d'autant plus furieuse qu'elle s'était réjouie d'obtenir enfin satisfaction ce soir... Les gens brandissent leurs chaussures en guise d'insulte à Moubarak... Dès qu'il fut acquis que le président ne démissionnerait pas, les gens ont cessé d'écouter le discours retransmis sur la place et commencé à crier : "Pars ! Va-t-en !"
image : al jazeera
Il est fort possible que ce discours ait mis de l'huile sur le feu étant donnés les effets d'annonce et les (fausses) joies qui l'ont précédé. Une nouvelle fois, la réalité a pris la révolution à contre-pied... mais l'Histoire n'a jamais dit son dernier mot !
[23:35] C'est à présent Omar Suleiman qui prend la parole sur la TV d'État. Voici quelques bribes saisies au vol (complétées ensuite) : Il en appelle au peuple égyptien... Il rappelle que le dialogue est ouvert... que le calendrier a été fixé... il parle de la transition pacifique... Il dit vouloir implémenter tous les processus qu'il a promis... Il appelle tous les citoyens à se tourner vers le futur... Il dit que "nous" en ferons un futur radieux ... Il évoque la démocratie et la liberté... Il dit que l'on ne peut pas tolérer le chaos... qu'il faut se prendre par la main... que la patrie est la plus grande priorité... Il demande à la jeunesse de rentrer chez elle... de retourner au travail... de ne pas écouter les chaînes satellite [i. e. Al Jazeera]... de n'écouter que sa conscience... Il dit que nous nous en remettons à Dieu, aux institutions et aux forces armées... Il appelle à la marche en avant... au travail en équipe... Il déclare travailler de toutes ses forces pour cette patrie...
[23:45] Les commentateurs parlent de la colère des gens, après ces deux discours qui n'apportent rien de nouveau...
[00:00] Sur Al Jazeera, un militaire, major en retraite, qualifie au téléphone ces interventions de grave erreur. Il diagnostique une maladie mentale chez le président et parle d'une insulte au peuple. Il attend la seconde déclaration du Conseil suprême des armées en espérant que le président sera démis de ses fonctions. - Edward Beck, ex-ambassadeur des États-Unis en Égypte, arrive lui aussi à la conclusion que les militaires pourraient prendre les choses en main, tout en redoutant une grande "tourmente" (turmoil) dans les prochains jours.
[00:30] Le Guardian cite une interview (sur CNN) de l'ambassadeur égyptien aux USA, Sameh Shoukry, qui affirme que Hosni Mubarak a transféré tous ses pouvoirs au vice-président Omar Suleiman. M. Shoukry a dit que M. Moubarak était "le président de jure" et que M. Suleiman était à présent "le président de facto", puis il a précisé : "Je tiens cela [cette information] du vice-président". Et d'ajouter : "Il [O. Suleiman] a maintenant la charge de l'entière autorité de la présidence en regard de la Constitution".
[9:25] Dix-huitième journée de protestations. - Selon Al Jazeera, qui reprend un communiqué de l'agence égyptienne MENA, les hauts responsables de l'armée ont tenu une réunion "importante" et feront une déclaration à la population. Le commandant en chef et ministre de la Défense, Hussein Tantawi, a présidé cette réunion du Conseil suprême des forces armées.
[9:50] Un officier qui a rejoint les protestataires place Tahrir dit que 15 autres officiers de rang moyen sont passés du côté des manifestants. "Le mouvement de solidarité des forces armées avec le peuple a commencé", déclare le major Ahmed Ali Shouman à Reuters (in Al Jazeera).
[11:50] La déclaration de l'armée vient de tomber . il sera mis fin à l'état d'urgence lorsque la situation actuelle sera réglée ; la transition vers la démocratie, des élections présidentielles libres et équitables, des modifications de la Constitution et la protection de la nation seront garanties. Il n'a été fait aucune mention de MM. Moubarak et Suleiman. Pendant ce temps, la place Tahrir se remplit, alors que la prière du vendredi se prépare...
[12:00] Les commentateurs estiment que cette déclaration reste vague et ne correspond pas aux attentes de la population. L'armée semble également plaider pour l'évacuation de la rue et un retour à la normale (qui permettrait de mettre fin à l'état d'urgence).
[13:30] Après la prière du vendredi, les gens continuent d'affluer sur la vaste place centrale du Caire où, semble-t-il, l'espace commence sérieusement à manquer.
image : al jazeera
[14:00] Le Conseil suprême des forces armées est à nouveau en réunion : on attend la déclaration n°3. - Dans la ville d'Alexandrie, la foule a également pris possession de la rue. - Selon al-Arabiya TV, les protestataires auraient pris le contrôle d'institutions gouvernementales à Suez. - Sur Twitter, on rapporte que la police aéroportuaire aurait rejoint les ouvriers en grève (in Guardian). - Sur Al Jazeera, on apprend que des milliers de protestataires sont descendus dans la rue à Mahala, Tanta, Ismailia et Suez en scandant "Moubarak doit partir". - Selon le Guardian, un mot d'ordre circule place Tahrir : "La place est pleine, rendez-vous au palais présidentiel".
[14:40] Le blogueur égyptien Zeinobia dit que la mobilisation toucherait à présent les villes suivantes : Le Caire, Alexandrie, Mansoura, Damnhur, Tanta, Mahalla, Asuit, Sohag, Bani Sawfi, Suez, Port-Saïd, Damietta (in Guardian).
[14:40] Le blogueur égyptien Zeinobia dit que la mobilisation toucherait à présent les villes suivantes : Le Caire, Alexandrie, Mansoura, Damnhur, Tanta, Mahalla, Asuit, Sohag, Bani Sawfi, Suez, Port-Saïd, Damietta (in Guardian).
Un petit moment de détente dans cette situation stressante :
Al Jazeera propose une traduction anglaise de quelques-unes des paroles (je retraduis) : Je suis descendu et j'ai dit que je ne reviendrai pas - J'ai écrit sur tous les murs que je ne reviendrai pas - Toutes les barrières se sont effondrées, notre arme était notre rêve, le futur est d'une clarté cristalline pour nous - Nous avons attendu longtemps, nous cherchons toujours notre place, nous cherchons encore une place qui nous appartienne, dans tous les coins du pays. - L'air de la liberté appelle, à chaque coin de rue de notre pays, l'air de la liberté retentit. - Nous réécrivons l'Histoire, si tu es l'un de nous, rejoins-nous et ne nous empêche pas d'accomplir notre rêve. - L'air de la liberté appelle...
[16:00] Le Premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen est le premier dirigeant européen à demander publiquement le retrait du président Moubarak : "Moubarak appartient à l'histoire. Moubarak doit démissionner." (in Guardian) - Selon le parti gouvernemental, le président a quitté la capitale avec sa famille pour Charm el-Cheikh, où il vient d'arriver... (in Spiegel) - C'est l'organe de presse d'État, le journal Al Ahram qui le signale : Des dizaines de milliers de protestataires ont entouré dix bâtiments gouvernementaux à Suez, clamant qu'ils resteraient jusqu'à la démission de Moubarak.
[16:20] Selon un correspondant d'Al Jazeera, des dizaines voire des centaines de milliers de protestataires marchent sur le palais Ras el-Tin, une autre résidence officielle du président, en Alexandrie.- Le Spiegel rapporte que tout le quartier cairote d'Héliopolis, où se trouve le palais présidentiel, est verrouillé. L'armée a amené l'artillerie lourde pour empêcher l'assaut du palais. La police militaire contrôle les gens et en arrête certains temporairement. Mais les protestataires restent pacifiques, et la foule continue d'affluer vers le palais..."
[16:40] Une nouveauté : La TV d'État retransmet des images en direct des manifestations (reprises par Al Jazeera), tandis que la foule se rassemble devant ses locaux. - Al Jazeera rapporte que les manifestants quittent la place Tahrir pour rejoindre d'autres points clefs du Caire...
[17:00] Deux communiqués importants sont attendus : l'un émanant de la présidence, l'autre des forces armées. Les commentateurs s'impatientent et se perdent en conjectures...
Nouveau fil d'actualité du Guardian
[18:03](*) Omar Suleiman vient de l'annoncer : Le président Hosni Moubarak a démissionné ! - La République a été confiée à l'armée.
Voici le verbatim de ce bref communiqué du vice-président sur la TV d'État : Dans ces circonstances difficiles que traverse le pays, le président Mohammed Hosni Mubarak a decidé de quitter ses fonctions à la présidence. Il a chargé le Conseil des forces armées de diriger les affaires de l'État.
[16:20] Selon un correspondant d'Al Jazeera, des dizaines voire des centaines de milliers de protestataires marchent sur le palais Ras el-Tin, une autre résidence officielle du président, en Alexandrie.- Le Spiegel rapporte que tout le quartier cairote d'Héliopolis, où se trouve le palais présidentiel, est verrouillé. L'armée a amené l'artillerie lourde pour empêcher l'assaut du palais. La police militaire contrôle les gens et en arrête certains temporairement. Mais les protestataires restent pacifiques, et la foule continue d'affluer vers le palais..."
[16:40] Une nouveauté : La TV d'État retransmet des images en direct des manifestations (reprises par Al Jazeera), tandis que la foule se rassemble devant ses locaux. - Al Jazeera rapporte que les manifestants quittent la place Tahrir pour rejoindre d'autres points clefs du Caire...
[17:00] Deux communiqués importants sont attendus : l'un émanant de la présidence, l'autre des forces armées. Les commentateurs s'impatientent et se perdent en conjectures...
Nouveau fil d'actualité du Guardian
[18:03](*) Omar Suleiman vient de l'annoncer : Le président Hosni Moubarak a démissionné ! - La République a été confiée à l'armée.
Voici le verbatim de ce bref communiqué du vice-président sur la TV d'État : Dans ces circonstances difficiles que traverse le pays, le président Mohammed Hosni Mubarak a decidé de quitter ses fonctions à la présidence. Il a chargé le Conseil des forces armées de diriger les affaires de l'État.
Et voici les images :
- Fin de cette chronique du soulèvement populaire en Égypte -
Appel à la prudence : cette histoire n'est pas terminée - les prochains jours, semaines et mois montreront si l'armée, qui est maintenant aux affaires, tiendra ses promesses d'une transition pacifique vers la démocratie en permettant l'organisation d'élections libres et équitables dans un délai raisonnable, en rétablissant la liberté de la presse et la diversité de l'opinion publique et en veillant à un meilleur partage des richesses...
(*) Heure du Caire [+1]
(*) Heure du Caire [+1]
As-salâm ’aleïkoum | السلام .عليكم
Je dédie ces pages aux résistants de la ميدان التحرير. - Qu'ils puissent lire ces lignes au grand air de la liberté.
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