samedi 12 février 2011

[Algérie] La répression en marche

Suite : La journée du [19 février 2011]

caricature de Dilem sur La Liberté (Algérie)

Après la chute, hier, du président égyptien Moubarak, les commentateurs se demandent : à qui le tour ? - Ce ne sera pas, pour l'heure, le tour du président algérien Bouteflika qui, après avoir occupé des postes ministériels depuis l'indépendance du pays en 1962, remplit les plus hautes fonctions de l'État depuis 1999. - La dernière marche, organisée le 22 janvier 2011 par le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), avait déjà été empêchée par un important dispositif policier ayant quadrillé Alger et interdit les accès de la ville à ceux qui venaient de l'extérieur. 

Ce matin du 12 février 2011, la situation n'a pas évolué, comme le rapporte El Watan (listé dans la colonne de droite) : Alger est sous un quadrillage policier. Les principaux boulevards et carrefours de la capitale étaient, hier, sous haute surveillance policière en prévision de la marche populaire d’aujourd’hui, à laquelle a appelé le Coordination nationale pour le changement et la démocratie en Algérie (CNCD). - C’est un véritable déploiement de la terreur. La ville était déserte, laissant les rues aux seuls camions à canon arroseur, fourgons cellulaires, Nissan et policiers armés de kalachnikovs. - Dès la matinée d’hier, des régiments de l’unité républicaine de la sécurité ont pris position à la place du 1er Mai, alors que d’autres engins de la police sont stationnés à l’entrée de la maison de la presse Tahar Djaout. - A quelques mètres, au boulevard Hassiba Ben Bouali, c’est un impressionnant dispositif de sécurité qui a été mis en place. Ainsi, tous les accès à la place du 1er Mai sont sous le contrôle des forces de l’ordre, dans la perspective d’empêcher les manifestants d’y accéder. Le spectacle est le même au niveau de la Grande-Poste où camions et fourgons de police ont pris position sur l’esplanade. En contre-bas, le jardin Sofia est réquisitionné par la police. Le déploiement sécuritaire est encore plus visible au niveau du siège de la wilaya d’Alger, aux alentours du Conseil de la nation. Il est d’autant plus considérable au square Port-Saïd et à la place des Martyrs à tel point que les citoyens se sentent sous l’état d’exception. «On dirait que nous sommes en guerre», a tonné un passant. En effet, c’est une «guerre» contre des Algériens qui ne veulent qu’exprimer pacifiquement leurs opinions sur une situation politique et sociale de plus en plus intenable. Sinon, comment expliquer cet étalage de la force. Même la rue Didouche Mourad, habituellement épargnée par ce genre de démonstration, était, hier, «bleue» par la forte présence policière. - Du Sacré-Cœur jusqu’ à la place Audin, des policiers à pied et en voiture font les allers-retours en scrutant toutes les ruelles. Sur les hauteurs de la capitale, la présence policière est également plus visible, notamment à El Biar, pas loin des bureaux du parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et en bas de la rue Souidani Boudjemaâ, non loin du siège du parti du Front des forces socialistes, où trois fourgons de la police contrôlent le carrefours menant vers El Mouradia. - Le même dispositif est déployé aussi à l’entrée est de la capitale. Tout au long de l’autoroute est d’Alger, les barrages de la police sont renforcés. A El Hamiz, Bab Ezzouar et au Ruisseau, les postes de contrôle procèdent déjà au filtrage des véhicules en provenance des wilayas de l’est du pays. Au niveau du barrage «les Bananiers», un policier avec une caméra filme carrément les véhicules. L’on parle de plus de 25 000 policiers qui ont été mobilisés pour réprimer la marche à laquelle prendront part des partis d’opposition, des syndicats et autres organisations de la société civile.

[11:00] Le journal rapporte également des arrestations et des brutalités policières qui matraquent les manifestants. L'accès à son site est actuellement difficile voire impossible. - Le Monde écrit : Peu avant le rassemblement prévu à 11 heures, des échauffourées étaient signalés aux abords de la place de la Concorde (plus connue sous son ancien nom de place du 1er-Mai). Plusieurs manifestants scandant "Bouteflika dehors" ont en effet été interpellés par les forces de l'ordre. Vendredi, les policiers étaient intervenus avec force contre des manifestants saluant la chute du président égyptien Hosni Moubarak. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti d'opposition de 19 députés, ayant appelé à manifester) a fait état "de blessés et au moins une dizaine d'interpellations".

[11:10]  Des centaines d'étudiants rejoignent les manifestants à la place du 1er Mai à Alger. A chaque fois que les manifestants tentent de forcer le cordon de sécurité, ils sont bastonnés et repoussés. Les pro bouteflika continuent leurs provocations envers les manifestants. La police les laisse faire  (El Watan).

[11:20]  Les voyous rameutés pour la contre marche ont agressé Amazigh Kateb (El Watan).

[12:00] À présent, le site d'El Watan est complètement bloqué. Le Monde a mis en ligne un fil d'actualité. Voici les dernières informations de ce flux : Ali Belhadj, un des chefs du Front islamiste du salut (FIS), organisation dissoute par les autorités algériennes, participe à la marche. -  Parmi les personnes arrêtées figurent Fodil Boumala, l'un des fondateurs de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), et Othmane Maazouz, un député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). - Un correspondant d'Al Jazeera souligne que la chaîne aura du mal à couvrir les manifestations en Algérie car elle n'est pas la bienvenue sur le territoire algérien.  - Selon le site des Dernières Nouvelles d'Algérie, près de 10 000 personnes seraient sur la place du 1er mai à Alger. Les policiers sont en train de charger la foule en tirant des gaz lacrymogènes. - Selon le fil Twitter du correspondant de France24 sur place, ont également été arrêtés les députés du RCD Mohsen Belabes, Aider Arezki, Tahar Besbes. - Le site est difficilement accessible en effet. C'est probablement dû à un trafic trop important [?] 

[12:30] Sur le site des Dernières Nouvelles d'Algérie on peut lire : Quatorze personnes interpellées, samedi lors de la tentative de marche, non-autorisée par la wilaya d'Alger, ont été « immédiatement » relâchées, indique un communiqué du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Le ministère de l'Intérieur évalue le chiffre des manifestants à 250 personnes [!]

[13:00] Algérie-Soir rapporte que les réseaux sociaux sont en train d'être bloqués progressivement en Algérie [!!]. Sur le site des DNA, on lit : Des milliers de personnes manifestent à la place du 1er mai à Alger pour demander le départ du système. Malgré l'appel à la dispersion lancé par Mustapha Bouchachi, porte-parole du CNCD, les manifestants continuent de scander des slogan hostiles au pouvoir.

[13:15] Les manifestants sont toujours sur la place du 1er-Mai à Alger, entourés par un important dispositif policier. Ils scandent des slogans hostiles au pouvoir. (Le Monde) - Sur Twitter, le hashtag est #12FEV - Fil d'actualité également sur le site de Rue89.

[13:20] Le Monde donne l'information suivante : Nous signalons qu'au Yémen, quelque 4 000 jeunes ont manifesté dans le centre de Sanaa, appelant au départ du président Ali Abdallah Saleh. "Après Moubarak, c'est le tour d'Ali", scandaient les protestataires. Les manifestants ont défilé de l'université de Sanaa vers le centre de la capitale avant d'être dispersés par des partisans du parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CGP).   

algeria-watch.org publie le communiqué suivant : Selon certaines informations à 13h près de 500 personnes seraient en état d'arrestation à Alger et environ 30 à Oran. Mme Fatiha Briki, universitaire-syndicaliste de l'université de Blida a été arrêtée ce matin par la police à la place du 1er mai à Alger lors de la manifestation organisée par la CNDC (Coordination nationale pour le changement et la démocratie). M Ouafi Saha, universitaire-syndicaliste à l'ENSET d'Oran, a été arrêté par la police ce matin à Oran lors de la manifestation organisée par la CNDC. M Chouicha Kaddour, universitaire-syndicaliste à l'USTO d'Oran a été arrêté par la police ce matin à Oran lors de la manifestation organisée par la CNDC. M Abboura Abdelhalim, universitaire-syndicaliste à l'Université de Mascara a été arrêté par la police ce matin à Oran lors de la manifestation organisée par la CNDC. - 9h 15 :Arrestation du syndicaliste Yacine Zaïd et une cinquantaine de personnes à la place du 1er mai d’Alger. Ils ont été emmenés au commissariat du 8e arrondissement d’Alger, près de l’hôpital Mustapha. - 12h 10 : Arrestation d’Ali Benhadj et de son fils.

[13:45] Selon Tahar Hani, envoyé spécial de France 24 à Alger : "Le rassemblement grossit à la place du 1er Mai. Des jeunes arrivent de partout. Les leaders politiques invisibles". 

[14:00] Sur le site des DNA :  Le député du RCD, Arezki Aider, évoque plus de 1000 arrestations effectuées à Alger en marge de la manifestation. " J'ai été arrêté 5 fois depuis la matinée du samedi 12, explique-t-il à DNA. A chaque arrestation, je subis un passage à tabac. Même dans les commissariats, les manifestants sont roués de coup. Les commissariats sont pleins et ils ne savent pas où mettre les personnes interpellées." - Un groupe de personnes ont organisé une manifestation hostile au régime sur la Place des Martyrs, dans le quartier populaire de la Casbah d'Alger. Un important dispositif de police y a été installé. - La ligue algérienne des droits de l'homme évoque plusieurs cas d'arrestations lors de manifestations hostiles au pouvoir. 40 personnes ont été interpellées à Oran et  20 à Annaba, à l'Est d'Algérie. Les personnes arrêtées à Oran ont été relâchées dans la journée après audition sur PV. - El Watan est à nouveau accessible : Plus de 2000 manifestants sont actuellement rassemblés à la place du 1er Mai. Ils occupent tout l'espace autour du jet d'eau. Les policiers bloquent la rue Hassiba. Certains manifestants proposent de passer la nuit sur la place du 1er Mai d'Alger. - Actualisation sans précision de l'heure : La police tente de chasser les manifestants dont le nombre ne cesse d'augmenter, mais c'était sans compter sur la détermination de ces jeunes, qui ont réussi à reprendre le terrain. Les policiers et les manifestants jouent au chat et à la souris. Les groupes de manifestants bougent beaucoup pour ne pas être pris en tenaille par la police.

[15:45] La conclusion d'El WatanLa police a réussi à disperser les manifestants de la place du 1er Mai. Une dizaine de jeunes ont été arrêtés. Ainsi se termine cette journée de manifestation de la coordination pour le changement. Le mur de la peur a sauté et de nombreux jeunes ont montré leur volonté de faire avancer les choses.

[16:15] Résumé du Monde au terme de son fil d'actualité :

  • Environ 2000 personnes ont manifesté aujourd'hui à Alger suite à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD)
  • Des rassemblements de moindre ampleur, également contrôlés par les forces de l'ordre, ont également eu lieu à Oran, Constantine, Annaba, Tizi Ouzou et Bejaia selon des internautes.
  • Les forces de l'ordre ont procédé à de nombreuses interpellations de courte durée et dispersé les manifestants, sans actes de violence caractérisés.
  • Une réunion devrait avoir lieu dimanche entre les organisateurs pour décider de la suite des évènements.

image : le monde

[updates] L'un des membres du mouvement d'opposition algérien Coordination nationale pour le changement et la démocratie, Me Moustepha Bouchachi, a annoncé dimanche à l'AFP une nouvelle marche le 19 février à Alger (source : L'Orient-Le Jour).

 Au lendemain de la marche du 12 février, Berbère Télévision diffuse cette émission de débat très intéressante, intitulée : La soif de démocratie gagne l'Algérie

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