L'hebdomadaire britannique The Economist vient de faire sa Une sur le titre France in Denial ("La France dans le déni"). Sous-titre : The West's most frivolous election ("L'élection la plus frivole de l'Occident"). L'illustration est un modèle du genre :
Sur la mention de copyright en bas à droite ne figure pas le peintre Édouard Manet (Le déjeuner sur l'herbe). Normal : il est dans le domaine public, isn't he ?
Or, ce détournement plutôt sympathique montre involontairement de quoi il pourrait également s'agir : de l'appropriation du bien public à des fins commerciales.
Non, sérieusement : Une fraction du pourcentage que cette image peut rapporter ne devrait-elle pas être reversée aux peintres vivants en difficultés ? Les vieux poètes ne pourraient-ils pas profiter un peu de l'utilisation de Baudelaire pour vanter le "luxe inouï" d'une nourriture pour chats ? Et ces musiciens réputés pauvres des commercialisations innombrables de Wolfgang Amadeus pendant que les majors crient au scandale parce que le piratage tuerait la musique ? Non, rien à voir ?
Revenons donc à l'image. Les concepteurs de The Economist ont choisi le tableau de Manet pour illustrer la frivolité française de la Fin de Siècle. Ce choix serait un peu moins judicieux en conservant les visages masculins. Or, leur gommage au profit des deux candidats incarnant respectivement les deux principaux courants politiques du monde démocratique - libéralisme et social-démocratie - peut suggérer que le temps s'est arrêté à la Belle Époque, pourtant déjà traversée par une ambivalence fondamentale que l'on retrouve dans l’œuvre. La voici :
Mais, of course, l'article de The Economist concerne un domaine moins frivole que l'interprétation d'une œuvre d'art puisque le photomontage veut faire ressortir le déni de la situation économique du pays dans cette campagne française de 2012.
L'une des phrases clé est celle-ci : Part of the problem is that French voters are notorious for their belief in the state’s benevolence and the market’s heartless cruelty. Je traduis : Une partie du problème concerne les électeurs français qui sont réputés pour leur foi dans la bienveillance de l’État et la cruauté impitoyable des marchés.
Sorry, mais quel est le sens de ce caractère problématique de l'électorat français ? Est-il stupide ? Faut-il stopper le processus démocratique pour raison de "crise économique", dont les principaux responsables occupent des postes clé dans la finance et le commerce international qu'il s'agit de sauver à tout prix ? - Et à quel prix, au juste ? Jusqu'à quel âge faudra-t-il travailler et pour quel salaire de misère, combien d'élèves faudra-t-il dans une salle de classe pour rembourser la "dette" de l’État social ? Ceux qui désertifient la nature, délocalisent et ferment les entreprises, exploitent le travail des enfants comme au temps du capitalisme industriel n'ont-ils donc aucune "dette" vis-à-vis de l'humanité ? Pas le plus petit sentiment de culpabilité ?
Allez, citoyens, n'en déplaise aux forcenés de la livre sterling, votez donc comme bon vous semble !
Revenons donc à l'image. Les concepteurs de The Economist ont choisi le tableau de Manet pour illustrer la frivolité française de la Fin de Siècle. Ce choix serait un peu moins judicieux en conservant les visages masculins. Or, leur gommage au profit des deux candidats incarnant respectivement les deux principaux courants politiques du monde démocratique - libéralisme et social-démocratie - peut suggérer que le temps s'est arrêté à la Belle Époque, pourtant déjà traversée par une ambivalence fondamentale que l'on retrouve dans l’œuvre. La voici :
Mais, of course, l'article de The Economist concerne un domaine moins frivole que l'interprétation d'une œuvre d'art puisque le photomontage veut faire ressortir le déni de la situation économique du pays dans cette campagne française de 2012.
L'une des phrases clé est celle-ci : Part of the problem is that French voters are notorious for their belief in the state’s benevolence and the market’s heartless cruelty. Je traduis : Une partie du problème concerne les électeurs français qui sont réputés pour leur foi dans la bienveillance de l’État et la cruauté impitoyable des marchés.
Sorry, mais quel est le sens de ce caractère problématique de l'électorat français ? Est-il stupide ? Faut-il stopper le processus démocratique pour raison de "crise économique", dont les principaux responsables occupent des postes clé dans la finance et le commerce international qu'il s'agit de sauver à tout prix ? - Et à quel prix, au juste ? Jusqu'à quel âge faudra-t-il travailler et pour quel salaire de misère, combien d'élèves faudra-t-il dans une salle de classe pour rembourser la "dette" de l’État social ? Ceux qui désertifient la nature, délocalisent et ferment les entreprises, exploitent le travail des enfants comme au temps du capitalisme industriel n'ont-ils donc aucune "dette" vis-à-vis de l'humanité ? Pas le plus petit sentiment de culpabilité ?
Allez, citoyens, n'en déplaise aux forcenés de la livre sterling, votez donc comme bon vous semble !
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