Quand j’ai entendu cette expression, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait de chasse à l'homme ! Puis j’ai vu l’émission. Chapeau :
Les îles Andaman abritent des tribus vieilles de 65 000 ans, restées à l’abri du reste du monde jusqu’à il y a une cinquantaine d’années. Aujourd’hui, les survivants des tribus Jarawas, Sentinelles, Grands Andamanais, sont censés être protégés par des réserves. – Mais bien que l’accès y soit interdit, des agences de voyage locales organisent des « safaris humains » et promettent aux touristes d’apercevoir des Jarawas. Récemment, une vidéo amateur a fait scandale dans le monde entier : on y voyait des Jarawas danser quasi nus à la demande d’un homme qui les filmait avec son téléphone portable. Corruption, guerre de territoire entre colons et tribus ancestrales, batailles politiques autour de ces peuples en voie de disparition, le sort des tribus primitives des Andaman est devenu un enjeu mondial et un sujet qui dérange…
Le reportage diffusé par le magazine Thalassa (France 3, 11 mai 2012) donnait également la parole aux généticiens qui ont mis en évidence ceci : Avec les autres tribus encore présentes sur cette île au Sud de la Birmanie, aujourd’hui sous administration indienne, les Jarawas seraient parmi les premiers hommes modernes partis d’Afrique pour coloniser la Terre entière. Vivant apparemment en autarcie depuis quelque 65.000 ans jusqu’à l’arrivée des Britanniques en 1791, leur génome présenterait certaines mutations qui leur confèrent une singularité, une unicité vis-à-vis de la masse globalisée des autoproclamés Sapiens Sapiens. Or, si la population des seuls Jarawas était estimée à quelque 8.000 personnes avant la colonisation de l’île, la tribu ne compterait plus que 50 membres (300 selon Wikipédia) à l’heure actuelle.
Il s’agit bien d’un génocide. Dans l’ordre de celui qui a frappé les premiers habitants d’Amérique du Nord. Mais apparemment sans violence : à coup d’alcool ou de nourriture jetée d’un bus afin d’amener les Jarawas devant l’objectif des touristes qui traversent leur territoire. A 80 euros le safari humain.
Il y a une hypothèse qui me turlupine depuis longtemps. Le désastre qui se produit sur les îles Andaman consolide l’argument : Et si l’Homme était par essence un exterminateur ? Espèces végétales, animales, humaines : rien ne résiste à cette entreprise globale et massive consistant à éradiquer toute différence. Et d’abord : qu’est-il advenu des autres branches d’Homo comme Habilis, Erectus ou Néandertal ? Leur extinction est-elle « naturelle » ? Où sont passées toutes ces tribus qui vivaient à l’écart de notre civilisation moderne ? Quel est cet ordre des choses qui préside à leur disparition programmée ? Et qu’en est-il de la faune, de la flore sauvage, dont les espèces sont rayées de la planète les unes après les autres ? En conséquence, l’espèce à laquelle nous appartenons, qui prolifère d’une façon démesurée en déréglant l’équilibre naturel partout où elle apparaît, ne doit-elle pas – elle – être qualifiée de nuisible ?
Le pire dans cette histoire : La plupart des gens sont parfaitement conscients de ce massacre, mais cette conscience ne change rien à l’affaire. Il semble que l’être humain ne supporte pas la différence. Il s’est inventé – a posteriori – une Histoire universelle, devenue la mesure de toute chose. Or, si l’on aime à citer Léonard, Mozart ou Einstein pour illustrer le génie humain, on oublie presque toujours le revers de la médaille : notre histoire collective faite de guerres, de dévastations, d’exterminations. Elle reste encore à écrire !
[vimeo 61816259]
On évoque les Jarawas vers la fin de ce film sur un "paradis tropical".
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Commentaires
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Je me pose la même question que vous sk..l'instinct exterminateur de l'homme..prédateur en puissance
dès que sa vie devient survie..seul espoir : est ce que ce penchant à exterminer tout ce qu'il croit ne pas lui ressembler n'est pas le fruit d'un malentendu originel ? la controverse de Valladolid en fut un bel exemple..Rousseau, bien plus tard, a bien tenté de susciter d'autres réflexes en nous tendant un miroir mais..la route est longue et le sang sèche si vite !!
Écrit par : hubert41 | 04 décembre 2013
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Cette question, beaucoup se la posent comme nous, je crois... Problème : les différentes "identités" nationales, voire raciales - pour fictives qu'elle soient au niveau neurophysiologique et génétique - bloquent toute discussion et toute recherche sur ce possible "point commun" insensé entre tous les soi-disant "sapiens sapiens". Et les différentes quantifications, hiérarchisations des entreprises d'extermination n'arrangent pas l'affaire. Si encore il ne s'agissait que de massacres entre différents peuples : or, toute la nature, toutes les différences sont concernées...
J'espère une seule chose : que cette discussion commence à prendre de l'ampleur, que les physiologistes, anthropologues, historiens, biologistes s'y mettent. Tout le reste, c'est de la gnognotte !
Écrit par : sk | 04 décembre 2013 |
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il ne faudrait jamais oublier que notre espèce aussi un jour va disparaitre , déjà la surpopulation de la planète va devenir invivable , c'est aussi pour ça qu'on assiste à des invasions dans les zones jusqu'alors préservées , il semble bien que la terre et les peuplades indigènes doivent subir tous les sacrilèges
Heureusement, il y a des ONG qui s'occupent de ce problème comme Survival International , je donne le lien ci- dessous de la représentation française
survivalfrance.org/peuples/jarawa
Écrit par : kulturam | 04 décembre 2013
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Oui, fort probable !
Le lien que vous donnez figure également sur le forum de Thalassa (cf. "Chapeau" dans la note).
Mais j'ignore si la discussion sur cet (hypothétique) "exterminateur humain" - dans le cadre, p. ex., d'une "anthropologie critique" - a véritablement commencé.
"Aucun intérêt", sans doute !
Écrit par : sk | 04 décembre 2013
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Toute espèce a normalement un prédateur qui donne un équilibre. Vous enlevez le prédateur, et l’équilibre est rompu, l’espèce envahit alors puis détruit son territoire. L’homo sape a été assez intelligent pour éliminer ou éviter ses prédateurs naturels, puis s’arranger avec son prédateur le plus efficace : lui-même. Voilà le résultat. Mais peut-on être contre les guerres et se plaindre de la surpopulation du monde ? C’est pas très logique.
Ce peuple n’aurait de contact avec le monde extérieur que depuis 1998 nous dit-on. Mais ils ne disent pas quand a eu lieu le premier contact avec les "scientifiques" qui ont prélevé leur ADN pour analyse et si ce n’est pas eux qui leur ont transmis par contact les maladies dont ils meurent. Maintenant vous trouvez par hasard (en Amazonie c’est encore possible) aujourd’hui un peuple comme celui-ci. Du fait de votre contact purement hasardeux d’un jour, vous leur transmettez un microbe que guérit sans peine la pénicilline. Que faites-vous : vous vous retirez sans bruit, faite un cordon sanitaire autour d’eux pour repousser tout contact avec notre "civilisation" à l’intérieur duquel ils vont mourir de la maladie transmise, ou vous envoyez une équipe médicale avec des seringues et de la pénicilline ? et le reste suit forcément (pinard et autres…)
Et quand ce peuple retourne à ses guerres ancestrales entre tribus (aujourd’hui on dit ethnies ou religions), que faisons-nous ? puisque c’est leur tradition de s’entre-tuer (sinon se manger).
Alors après avoir constaté cela, on peut toujours philosopher, mais la vraie et bonne question : comment endiguer la surpopulation de la terre ? Pourquoi sauver les centrafricains puisque qu’on n’a pas de quoi les nourrir ?
Écrit par : j.michel | 05 décembre 2013
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