Les événements récents en Tunisie ont provoqué une sorte d'union nationale sur la scène politico-médiatique en France. Elle sera de courte durée. Car, malgré "l'année utile" décrétée par le Président et son Premier ministre, les équipes commencent à se mettre en place pour la campagne de 2012.
À la droite du pouvoir actuel, Marine Le Pen vient d'être propulsée à la tête du Front National, prête à défendre, selon la formule désormais consacrée, la "marque Le Pen" aux prochaines présidentielles. La question des débatteurs professionnels est invariablement celle-ci : La fille est-elle plus dangereuse que le père ? Sans doute, entend-on répondre, parce que "Le Pen light" (autre formule à la mode) est plus insidieux et pourrait même conduire à une alliance avec la droite parlementaire.
Sauf incident majeur, le président en exercice sera le candidat de l'UMP en 2012. C'est ce qui ressort des déclarations de Jean-François Copé (12-01-2011). Qui d'autre pourrait lui ravir cette place ? Le Premier ministre sans doute, en cas de force majeure ou d'un écœurement soudain de l'Élysée, car on ne voit pas une éventuelle candidature de François Fillon se maintenir à côté de celle de Nicolas Sarkozy
Il y aura certes des "dissidents" à droite, comme celles, probables, de deux anciens de l'UMP, MM. Dupont-Aignan et de Villepin. - Et peut-être la candidature d'un centriste comme Hervé Morin ou Jean-Louis Borloo, qui affaibliraient certainement celle, prévisible, de François Bayrou.
Au Parti Socialiste, les choses sont moins claires. Les candidats déjà déclarés aux primaires, qui auront lieu les 9 et 16 octobre 2011, sont Manuel Valls, Ségolène Royal et Arnaud Montebourg. La grande incertitude concerne la candidature de Dominique Strauss-Kahn, le directeur actuel du Fonds Monétaire International. Les autres responsables qui concourront peut-être sont Martine Aubry, l'actuelle Première secrétaire du PS, et François Hollande, son prédeccesseur à ce poste.
Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts, vient de confirmer son soutien à la candidature d'Éva Joly (interrogée par Olivier Mazerolle sur BFM TV, ce soir même). Mais d'autres candidatures pourraient émerger, notamment celle de Nicolas Hulot, qui rendront nécessaires des "primaires" au sein du mouvement écologiste. - Plus à gauche, on note la montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon, et le discours militant de Jean-Pierre Chevènement, deux anciens du PS et possibles candidats. - On peut également imaginer l'émergence des candidatures de José Bové ou d'Olivier Besancenot, qui ont participé aux présidentielles de 2007.
Ni à droite ni à gauche, les choses ne paraissent simples. D'un côté, l'UMP sera forcément coincée entre un FN "modernisé" par Mme Le Pen et une tentation social-démocrate au centre, esquissée par M. Bayrou en 2007. De l'autre, l'année 2011 s'annonce conflictuelle à gauche, avec des invectives qui commencent déjà à fuser entre (ex-)camarades et l'incertitude qui plane sur les primaires du PS. - Cette année sera certes utile. Toutes les années le sont, par temps de paix. Mais, sauf incident majeur, elle sera aussi polémique. Très polémique. Car, si elles ne sont pas encore rangées en ordre de bataille pour 2012, les armées se chercheront à coup sûr !
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